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La maison des enfants du sport et du bien être

Lettre de Shila : “Caricaturiste, un métier à haut risque”

Chers enfants,

Vous savez mon intérêt pour les dessins, ceux qui décorent vos murs, ceux de l’éléphante Ruby, ceux qui décorent les camions en Inde…

Il existe cependant des dessins, appelés caricatures, faits par des artistes dont le but est de faire rire tout en faisant réfléchir. Ils travaillent souvent pour des journaux, et parfois ces caricaturistes font l’objet de menaces.

Leur métier est dangereux, car :

La caricature n’est pas qu’un dessin rigolo, c’est aussi l’une des armes que redoutent le plus les puissants. Les tyrans, les fondamentalistes ne peuvent régner que si on a peur d’eux. Ils dominent par la peur. Si vous riez d’un tyran, vous n’en avez plus peur.”

Henri m’a raconté sa rencontre avec Mister Anoop Radhakrishnan, lors d’un événement familial, le mariage de son petit neveu au Rajasthan, en février 2020.

Anoop est (cartoonist) caricaturiste, et se retrouvant en famille pendant plusieurs jours (la durée d’un mariage au Rajasthan est d’une semaine), Anoop et Henri ont eu le temps de parler de ce métier.

Dès le début de la conservation, Anoop a abordé le drame de Charlie Hebdo, et de l’assassinat de douze personnes dont cinq brillants dessinateurs, le 7 janvier 2015. Ce qui nous interroge sur la liberté de la presse.

Anoop laissait entendre que même dans les pays où la liberté d’expression est reconnue, la menace pèse sur les dessinateurs de presse, pouvant aller jusqu’à leur assassinat, comme ç’a été le cas en France.

Nous ignorions à l’époque qu’un autre assassinat allait toucher la France, en la personne de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, ce valeureux professeur dont la mission était d’enseigner la liberté d’expression aux enfants.

Anoop est très engagé dans son métier de caricaturiste, il est secrétaire de la Kerala Cartoon Academy, et très reconnu par les siens.

Mais voilà qu’une de ses caricatures lui vaut des menaces. Une plainte a été déposée devant la haute cour de justice du Kerala, suite à son dessin sur un sommet médical imaginaire sur le Covid-19, montrant l’Inde représentée comme une “vache”, alors que l’Angleterre, la Chine et les États-Unis sont représentés comme des humains.

Anoop explique :

L’intrigue de la caricature était la suivante : en mars 2020, alors que les cas de covid augmentaient rapidement en Inde, la bouse de vache et l’urine de vache ont été largement proposées comme remède potentiel pour le Covid, ce qui était 100% non scientifique. Les dirigeants du pays proposaient également ce type de traitements médicaux superstitieux.

Je critiquais cette approche à travers mon dessin.”

La dessin d’Anoop a été honoré, cette année par un prix décerné par la Kerala Lalithakala Akademi, organisation autonome du gouvernement du Kerala, dont le but est de conserver et de promouvoir les arts.

Ce prix a entraîné une polémique, et a valu quelques menaces à son auteur.

Tout cela, chers enfants, me laisse trop triste, moi l’éléphante philosophe qui attache beaucoup d’importance au rire :

Comme le dit un avocat français, Richard Malka, défenseur de Charlie hebdo :

 “Eh bien, il faut continuer à rire et à sourire“,

Ou encore Mister Rusel, directeur du Cartoonists Rights Network International (CRNI), organisation établie à Washington qui défend la liberté d’expression des caricaturistes du monde entier :

Rire, ça semble simple, mais c’est la chose la plus puissante à faire.”

Mister Rusel poursuit :

« La caricature n’est pas qu’un dessin rigolo, rappelle-t-il, c’est aussi l’une des armes que redoutent le plus les puissants. « Les tyrans, les fondamentalistes ne peuvent régner que si on a peur d’eux. Ils dominent par la peur. Si vous riez d’un tyran, vous n’en avez plus peur. Et les caricatures, qui se moquent des riches et des puissants, font rire les gens. Et ça, c’est quelque chose que les tyrans ne supportent pas. »

Deux ennemis, moyennant quelques millions de dollars, peuvent s’affronter avec des chars d’assaut, des soldats, des fusils. Alors qu’un caricaturiste, avec seulement un crayon et une feuille de papier à trente sous, cause des dommages considérables… « En termes d’efficacité et de coût de revient, le caricaturiste assis à son bureau est un type d’ennemi dévastateur pour un tyran ! », dit M. Russel.

Et le dessin a une force de frappe plus importante que les mots, estime Robert Russel. « Lorsque vous lisez le journal et que vous allez à la page de l’éditorial, vos yeux sont attirés par la caricature. Même si vous lisez puis oubliez l’éditorial, vous allez vous souvenir de la caricature. Ces images restent collées dans notre esprit. »

Alors, oui, dit Robert Russel, il faut continuer à rire. « Il faut continuer à rire, continuer à vouloir voir ces dessins, continuer à défendre la liberté d’expression même si ça nous heurte, parfois. Avoir de l’imagination, une pensée, des opinions, c’est essentiel à la survie de l’humanité.”

En dessinant sur des thèmes aussi forts que la religion, l’économie, la finance, la politique, la guerre…

Les caricaturistes sont appelés justement “fantassins de la liberté”, par Stéphanie Valloatto en 2014.

Dans son film, elle les présente comme défenseurs de la démocratie et de la liberté d’expression, en s’amusant avec comme seule arme, un crayon, au risque de leurs vies.

 “Ils sont : français, tunisienne, russe, américain, burkinabé, chinois, algériens, ivoirien, vénézuélienne, israélien et palestinien” … (et aussi indien).

Ils testent en permanence le degré démocratique de leur pays et s’exposent en première ligne, ils sont bien les fantassins de la liberté.”

Oui, chers enfants, moi l’éléphante qui aime tant la liberté, j’ai entendu qu’un poète de chez vous, Paul Eluard a écrit un sublime poème, “Liberté, j’écris ton nom” :

« Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l’écho de mon enfance

J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur

Sur l’étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l’orage

Sur la pluie épaisse et fade

J’écris ton nom…

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attentives

Bien au-dessus du silence

J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J’écris ton nom

Sur l’absence sans désirs

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J’écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir

J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté »

(Paul Eluard, Poésie et Vérité, 1942)

Chers enfants, le mot “liberté” est, m’ont dit Emmanuel et Henri, écrit sur les frontons de vos mairies, avec “égalité et fraternité”. C’est très fort.

La liberté d’expression fait partie de cette liberté qui malheureusement est un combat difficile. Je lève ma trompe pour saluer tous les fantassins de la liberté, à commencer par les courageux caricaturistes.

Je vous fais de gros bisous,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “C’est quoi les zoonoses, ces maladies émergentes”

Chers enfants,

Le beau thème de votre année culturelle, l’arborescence, me fait rêver chaque nuit : je rêve de ces arbres centenaires qui nous apportent leur ombre quand il fait très chaud, qui nous servent d’abri en période de pluie, qui empêchent l’érosion du sol, grâce à leurs racines aussi grandes que l’arbre lui-même !!

Mais l’abattage en nombre des arbres, la déforestation, est l’une des causes de la transmission de nouvelles maladies, qui se transmettent de l’animal à l’homme.

Hélas, de temps à autre, je suis chargée de tirer leurs troncs, là où les JCB, ces fameux tractopelles ne peuvent aller, dans les pentes abruptes de nos collines. Cela me désole, comme je vous l’ai déjà dit.

Ce matin, mon cher Kuttan m’a paru très contrarié, en lisant deepika.

Il m’a dit que les nouvelles maladies, comme le Nipah, très mortel, au nord du Kerala, ou encore le Covid-19 qui touche le monde entier, sont appelées des zoonoses.

Les zoonoses sont des maladies transmissibles entre l’animal et l’homme.

Je vous en parlais récemment dans un lien d’une de mes dernières lettres :

Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article à ce sujet :

L’autre défi, ce sont les zoonoses, c’est-à-dire les maladies transmissibles entre l’homme et l’animal. Les animaux sauvages sont des réservoirs de pathogènes et de parasites. Même quand ils ne mordent pas, il suffit qu’ils laissent des excréments. Et ce n’est que le début d’une longue liste de menaces, qui résultent moins du caractère de la nature que des changements introduits par l’homme.”

Les zoonoses existent depuis des milliers d’années, mais depuis cinquante ans, la fréquence de ces maladies s’emballe pour plusieurs raisons.

La déforestation en est une, car elle augmente le risque de contact avec la faune sauvage, le Nipah est transmis par les chauve-souris qui se nourrissent des mangues. C’est pour cela que Kuttan dit qu’il ne faut pas manger une mangue déjà croquée !!!

Il en est de même avec ces affreux moustiques, qui transmettent, dans nos pays tropicaux, la dengue, le chikungunya ou le zika.

L’élevage industriel, le commerce des animaux sauvages et la mondialisation des échanges font aussi partie des causes de l’emballement de ces maladies émergentes, les zoonoses.

Le Covid-19 est la dernière arrivée, et celle-là n’a pas fini de nous embêter !!!

Henri me dit qu’il a lu un livre sur le sujet, et qu’il le conseille vivement : la fabrique des pandémies, de Marie Monique Robin.

Un article passionnant vous permet de tout comprendre sur les zoonoses :

https://www.inserm.fr/c-est-quoi/pense-bete-c-est-quoi-zoonoses-%F0%9F%A6%87%F0%9F%A6%A0/

Chers enfants, comment ne pas vous encourager à être attentifs à votre environnement, soigner le bien, protégez et plantez les arbres. Mais surtout faites bien attention à vous.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “En retrait du monde”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin, je m’amusais à barboter avec Kuttan dans la petite rivière proche de mon petit pré, il faut vous dire que les moussons ont grandi comme chaque année les cours d’eau, et que les enfants de mon petit village, surveillés par leur maman font des pirouettes pour plonger, nager, rigoler.

Alors avec Kuttan, on s’est dit que c’était trop chouette, et nous les avons rejoint.

Puis Kuttan m’a dit : « allons voir le puits ». Ah, je ne connais pas cet endroit, cela m’intéresse.

Kuttan et moi sommes allés à la lisière de mon petit pré, devant la ferme de Joy, et là se trouvait une sorte de trou immense regardant vers les profondeurs du sol.

Nous avons baissé nos têtes tous deux pour discerner ce qu’il pouvait bien s’y passer ; « L’eau a monté plus que d’habitude », me dit Kuttan : « C’est bien, tous les arbres pourront en profiter ».

Kuttan, qui a l’œil vif, s’est soudain écarté du puits, un peu effrayé mais surtout fasciné. Il me crie : « Regarde Shila, incroyable ! Des dragons tête-de-serpent ! ».

Saperlipopette chers enfants, je connais par cœur mon cher Kuttan mais là, je ne l’ai jamais connu aussi excité.

Hummm Kuttan, mon cornac, mon ami : qu’est-ce donc ?

Kuttan m’explique qu’il vient de voir pour la première fois de sa vie des créatures vivant sous notre sol et très peu connues jusqu’à il y a peu.

Waouuu chers enfants, des animaux incroyables qui vivaient sous mes pieds depuis des milliers d’années, et qui ressurgissent au fil des moussons de mon petit pays. Quel conte de fées 😊

Vous connaissez ma passion pour tout ce qui se trouve en-dessous de nous, y compris les bobards les plus invraisemblables :

Mais alors là, je suis bluffée…

Comment des poissons dragons tête-de-serpent ont pu barboter tous ces milliers d’années sous terre sans que nous en ayons connaissance ?

Mon cher voisin Henri, qui essayait ses nouvelles bottes en constatant les crues de notre petite rivière devenue immense et rigolote, me dit qu’à Boulogne, par chez vous, se trouvent des cousines de ma nouvelle copine de dessous mes pieds.

Henri, passionné par nous autres, les animaux, me raconte que les humains ont inventé un nom pour toutes les bestioles qui vivent dans le sol. Si j’ai bien compris, ce sont d’après vous « les fouisseurs ».

Grand marcheur devant l’éternel, Henri me raconte qu’il a durant ses randonnées en montagnes, par chez vous, abordé des endroits où s’endormaient pour tout l’Hiver quelques animaux.

Si j’ai bien compris chers enfants, ces animaux s’endorment pour mieux revenir à la vie aux beaux jours.

Emmanuel, qui téléphonait pour savoir si la mousson ne m’avait pas trop embêté cette année, me dit que chez les humains existe de longue date aussi cette vie sous la Terre.

Emmanuel me raconte un Monsieur qui a vécu des décennies dans une grotte et qui était considéré d’une grande sagesse. Si j’ai bien compris, vivre dans ces endroits cachés de tous permet ce que vous appelez « l’ascèse ». Hummm, ok, c’est un peu comme chez nous, en Inde : ce que nous appelons « Tapas ».

Mes chers enfants, loin de moi l’idée selon laquelle pour vivre heureux, il faudrait vivre caché : la vie est belle et les rencontres chaque jour formidables. Mais enfin de découvrir ce matin ce poisson sortant sa petite tête du fonds du puits de Joy m’inspire aussi la possibilité du bienfait d’être en retrait du monde de temps en temps pour mieux l’enrichir, chemin faisant.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila,

Lettre de Shila : “L’Inde aurait plus de filles pour la première fois”

Chers enfants,

Comme je vous l’ai dit avec passion, moi l’éléphante très attachée à ma famille matriarcale, où c’est la grand-mère qui commande la communauté pachydermique, où les éléphantes ont toutes leurs places, je n’arrête plus de battre des oreilles et de lever ma trompe de bonheur, depuis ce matin.

Kuttan m’a expliqué, son deepika sous le bras, que la grande nouvelle du jour, c’est que les filles indiennes sont plus nombreuses que les garçons, et ce pour la première fois depuis que les statistiques existent.

L’Inde compte plus de femmes que d’hommes pour la première fois de son histoire et ne connaît plus de boom démographique, selon une enquête gouvernementale qui indique des changements sociétaux importants dans le pays.

La cinquième enquête nationale sur la famille et la santé (NFHS) menée par le gouvernement entre 2019 et 2021 a révélé que l’Inde comptait désormais 1 020 femmes pour 1 000 hommes.”

Il faut dire que mon cher pays revient de loin :

1990, l’économiste indien Amartya Sen, lauréat du prix Nobel, a écrit pour la première fois sur les 37 millions de femmes disparues en Inde, où le rapport femmes/hommes était de 927 femmes pour 1 000 hommes, en raison des facteurs suivants :

L’Inde pendant des siècles a été un pays de « femmes disparues », se référant aux millions de filles tuées avant ou juste après la naissance en raison d’une stigmatisation sociétale de donner naissance à un la fille. Cela indique que des progrès sont réalisés dans la lutte contre les avortements sélectifs en fonction du sexe, le foeticide féminin et la négligence des filles et des femmes, qui ont un impact profond sur la population féminine.”

Les parents indiens ont historiquement favorisé les fils par rapport aux filles, qui sont souvent considérées comme lourdes et coûteuses en raison de la tradition des dots de mariage.

Je me réjouis d’autant plus que les observateurs, il y a trois ans, affirmaient que le déficit des filles s’accentuait malgré les tentatives pour l’enrayer.

Je ne sais pas si, chez vous, vous faites attention à la différence entre les filles et les garçons, mais chez moi, malheureusement les filles n’étaient pas les bienvenues, comme le dit ce reportage.

Bien sûr, les résultats de cette enquête, auprès de 650 000 ménages, publiée le 24 novembre 2021 par le ministère de la santé de l’Inde, sont très intéressants. Ils nous disent deux choses importantes : d’une part, il y a plus de femmes que d’hommes, et d’autre part, l’Inde pays de près d’1,4 milliard d’habitants a un taux moyen de fécondité de 2 (nombre moyen d’enfants par femme en Inde), ce qui signifie que le boom démographique se termine.

Ces résultats devraient être confirmés par le recensement qui devait être fait en 2021, mais qui est reporté en raison de la pandémie.

Cependant quelques voix se font entendre, venant de militants associatifs, remettant en cause les résultats de l’enquête gouvernementale :

“Mais les militants disent que les chiffres ne s’additionnent tout simplement pas et décrivent l’affirmation du gouvernement comme “absurde” et “presque impossible“. (…) Sur 100 ans, notre recensement a montré à plusieurs reprises qu’il y avait plus d’hommes que de femmes en Inde”, a déclaré le chercheur et militant Sabu George.”

Nos amis du petit journal de Chennai décrivaient en juillet dernier la condition parfois difficile des femmes de mon pays.

Vous connaissez, chers enfants, mon optimisme toujours aussi fort, aussi je tiens à partager avec vous cette grande et bonne nouvelle : pour la première fois depuis des siècles, les filles indiennes seraient plus nombreuses que les garçons : Youpiiiiiii 🙂

Je vous fais de gros gros bisous,

A demain,

Shila

Concours inter-Maisons de la plus belle décoration de Noël : la candidature de la Maison du Sport

Les Maisons lancent cette année la première édition d’un concours qui permettra aux enfants d’élire la Maison de l’association la mieux décorée pour Noël.

Une coupe, cédée gracieusement par Aurore, membre de l’équipe éducative de la Maison de la Danse à qui nous devons cette belle inspiration, sera remise à la Maison vainqueur : elle sera remise en jeu chaque année au moment des fêtes de Noël.

Découvrez la candidature de la Maison du Sport (photos de Sarah, membre de l’équipe éducative) :

Lettre de Shila : “Rencontre avec Dulari Devi, artiste peintre”

Chers enfants,

Je sais votre passion du dessin, Emmanuel m’a dit que vous décorez vos maisons avec vos dessins, vous dont les qualités artistiques s’expriment aussi par vos ateliers de musique, de danse, du cirque…

Je vous ai aussi parlé de mon admiration pour l’éléphante Ruby, qui était renommée pour ses peintures abstraites :

Quand vous viendrez visiter mon pays, vous serez très étonnés de voir la décoration des camions, comme celui des murs, où des artistes peintres font des chefs-d‘œuvre.

Emmanuel et Henri m’ont dit qu’à Boulogne, vous avez aussi des artistes peintres qui réalisent des fresques murales et font de Boulogne un musée de plein air.

Kuttan ce matin est arrivé très enjoué avec le deepika, il m’a dit qu’une artiste peintre, très loin de chez moi, à près de 3000 kilomètres, à la frontière avec le Népal, dans le nord de l’Inde, venait de recevoir la prestigieuse récompense du Padma Shri, pour sa contribution à l’art de la peinture.

Dulari Devi a connu une enfance très difficile, faisant partie des dalits, communauté victime de discrimination. Sa famille très pauvre vivait à Madhubani, région de Mithila, dans l’état du Bihar.

La chance de Dulari Devi a été d’apprendre la peinture et de devenir une grande artiste peintre.

Son premier contact avec la peinture Mithila est venu alors qu’elle travaillait comme domestique chez un peintre.

Dulari Devi ne s’est pas contentée de peindre les thèmes et les motifs des castes supérieures, représentant les dieux et les déesses.

L’une des premières peintures qu’elle a vendue représentait un village de pêcheurs, les gens de sa communauté étaient des bateliers.

Sa maîtrise de la peinture Mithila lui a permis une réelle émancipation :

L’art dalit a évolué en tant que mode de résistance et de protestation. Fait par une femme, il parle de la triple domination, discrimination et oppression à laquelle elle est confrontée, en raison de la pauvreté, du sexe et de la caste. Une de ces femmes dalits a récemment remporté un honneur national – Dulari Devi, une peintre Mithila du Bihar, a reçu le Padma Shri…

Il faut saluer aussi une autre femme qui a joué un rôle important dans l’encouragement apporté à la communauté dalit :

Le mérite de l’inclusion des Dalits dans les peintures de Mithila revient à une anthropologue allemande, Erika Moser, qui a inspiré et guidé les femmes Dalits dans les années 1970 à adopter l’art pour la reconnaissance sociale et l’indépendance économique.

Lorsqu’Erika Moser, également cinéaste et militante sociale, a commencé à persuader la communauté appauvrie des dalits de peindre. Les femmes, prises dans un dur travail physique, ont exprimé d’abord leur incapacité à le faire… puis elles ont ensuite accepté.”

Vous comprenez, chers enfants, ma joie de voir cette femme qui grâce à son art, est devenue un exemple pour la nation, elle a développé l’art populaire et perpétue la tradition artistique Mathila ou Madhubani.

En plus de ses tableaux, elle a réalisé de nombreuses peintures murales et enseigne les techniques de son art aux enfants. Dommage que l’Inde soit si loin, elle serait heureuse de vous transmettre sa passion.

Chers enfants, suivez l’exemple de Dulari Devi, en vous passionnant pour les activités culturelles que vous aimez, il viendra le jour où vous serez heureux de les transmettre.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

“Histoire d’un songe” : le film

La saison culturelle avait pour thème “En vérités” : tout au long de l’année les enfants et les jeunes de notre institution ont préparé dans le cadre de leurs ateliers bi-hebdomadaires le spectacle exprimant cette quête.

Ci-présentes les créations des enfants, mises en récit par Romuald Pierru et  filmées sur la scène “Le Phenix” d’Outreau la première semaine de juillet 2021 par l’équipe d’A bouts de films :

Rendez-vous le 7 juillet pour le spectacle interprétant Arborescence.

Lettre de Shila : “Souffle au coeur”

Bonjour les enfants, comment allez-vous ? Avec mon cher Kuttan, nous sommes allés hier après-midi rencontrer le Monsieur propriétaire de la petite entreprise qui entretient les forêts de mon petit pays, et pour lequel Kuttan et moi travaillons.

Ce Monsieur nous a expliqué qu’il se rapprochait du centre de recherches et de protection des forêts de mon petit pays pour améliorer la qualité de nos interventions.

Ce n’est pas que nous aurons moins de travail Kuttan et moi, nous explique notre patron, ce sera plutôt que nous participerons à une activité qui prendra plus soin des arbres ; s’interdire de couper ceux qui ont certes une grande valeur financière, mais une importance plus grande encore dans la capacité de mes forêts à régénérer les sols, à purifier les eaux des rivières… :

… A contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en jouant positivement sur les circulations d’air… :

… A celle des nuages :

Et à emmagasiner dans les sols le gaz carbonique et le méthane plus encore.

Il faut vous dire, chers enfants, que la gestion des forêts est dans mon pays une affaire très sensible ; si l’on n’y prend pas garde, beaucoup d’arbres abattus seraient non remplacés.

Mon cher voisin Henri, qui papotait avec nous de retour de cette réunion très importante, était très heureux d’apprendre cette décision de notre patron.

Henri nous raconte une histoire qui est arrivée voici très très longtemps dans votre petit pays, et que lui a narrée Monsieur Jean-Paul, grand archéologue qui réfléchit avec vous dans votre conseil scientifique. Si j’ai bien compris, vous pensez en raison d’une célèbre bande dessinée que, du temps des humains de chez vous appelés « les gaulois », existaient des forêts immenses.

En fait, nous dit Henri, ce n’était pas du tout le cas ; bien au contraire, les archéologues et historiens estiment que vos forêts actuelles sont bien plus importantes que celles d’Astérix et Obelix.

Hummm, qui eut cru que ce que l’on appelle la « déforestation », cette capacité des humains à peser sur la nature sylvestre au risque de l’étouffer, n’est pas forcément due à l’industrialisation, ou à la surpopulation mondiale ?

Cela m’intéresse, car beaucoup d’humains pensent aujourd’hui que l’asservissement de la nature est d’autant plus aisé que la relation à elle est devenue plus distendue, artificielle.

C’est vrai, chers enfants, que je vous écrivais une lettre à propos de la relativité de l’idée de « nature sauvage » ; moi l’éléphante philosophe pense que si elle est si populaire à la télé, au cinéma, dans les parcs d’attraction, l’idée de sauvage est paradoxalement devenue une fiction, une belle histoire que l’on aime à se raconter mais qui relève du bobard :

Emmanuel, qui téléphonait pour me passer le bonjour, me dit qu’hélas, existe encore sur notre planète une immense contrée vierge de toute intervention humaine, mais qui ne cesse d’être grignotée par les tronçonneuses, les bulldozers, les poisons chimiques rejetés dans les rivières.

Cette immensité appelée « Amazonie » est pourtant notre trésor ; on y découvre encore de nouvelles espèces vivantes (par exemple du côté de mes copines grenouilles).

Mes chers enfants, aidons les forêts à vivre ; s’y trouvent des arbres remarquables, avec des espérances de vie naturelles variées, comme une grande famille qui aurait de multiples ascendants et descendants :

Les forêts sont aussi le lieu de relations incroyablement riches et contribuent à l’aventure du vivant :

Chers enfants, que l’Amazonie soit sanctuarisée, protégée de toutes les convoitises d’humains ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez ; ceci est mon souhait.

Je vous embrasse très fort,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “Ma passion partagée avec Pennachou, Madame la vache”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin, Miss Pennachou, l’une des vaches de mon voisin Joy, a décidé de gambader sur le chemin ralliant mon petit pré. Je suis venue à sa rencontre et nous avons entamé conversation. Comme je vous le disais, chers enfants, dans mon petit pays, vaches, éléphants, faisons partie de ces animaux hautement vénérés par les humains :

Nous sommes donc ce matin entre personnes de qualité 😊

J’ai posé à Miss Pennachou une question qui me taraude depuis fort longtemps ; est-ce vrai que les vaches vouent une passion pour les trains ? Ce serait là un autre point commun que nous partageons :

Lady Pennachou m’a regardé avec ses yeux confondants de ravissement, et a meuglé pour me signifier combien ces immenses convois de fer passant au large de son petit pré sont pour elle un motif de félicité sans cesse renouvelé.

Il faut vous dire que mon pays est parmi ceux possédant le réseau le plus étendu du monde.

Miss Pennachou me dit qu’elle aime tellement regarder passer les trains qu’elle rêve souvent du plus long train du monde circulant à des milliers de kilomètres de chez moi, du côté de cet Océan Pacifique dont vous connaissez ma passion :

Mais, me dit Miss Pennachou, de toutes les vaches du monde, ce sont sans doute les vaches américaines les plus chanceuses car c’est dans ce pays qu’existe le plus de kilomètres de voies ferrées :

Lady Pennachou, passionnée par ce sujet, me raconte ensuite le plus haut train du monde, parcourant à plus de 4800 mètres d’altitude (soit pas loin du sommet de votre montagne la plus haute) les contrées péruviennes.

Ah, mes chers enfants, Pennachou et moi-même avons une petite demande à vous faire ; pour Noël, nous rêvons du même cadeau…

Seriez-vous prêts à vous cotiser pour nous l’envoyer ? Il s’agit du plus grand réseau de modélisme ferroviaire… Nous ne parlons pas très bien l’allemand, et comptons sur vous pour négocier avec son incroyable créateur :

Je vous embrasse très fort les enfants,

A demain,

Shila