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La maison des enfants du sport et du bien être

Lettre de Shila : “Ces racines qui nous régalent”

Chers enfants,

Je sais que vous adorez manger les frites, et que les carottes, les betteraves rouges, les radis et les oignons, tout comme les pommes de terre, … agrémentent vos repas à Boulogne.

Beaucoup des légumes racines que vous trouvez sur le marché de Boulogne, vous pouvez les trouver également sur le marché de Kurichithanam.

Les légumes racines sont cultivés pour leur parties souterraines comestibles : racines, tubercules, ryzomes ou bulbes.

Les oignons sont incontournables dans chaque cuisine indienne… S’ils viennent à manquer chez nous, c’est très difficile à vivre.

Je veux aujourd’hui vous parler des racines qui sont cultivés tout autour de chez moi, par Joy, mon voisin de Kudakkachira, ces racines qui sont toujours un véritable régal pour les convives, au moment du petit-déjeuner.

Le plus gros des légumes racines est l’igname pied d’éléphant, appelé “chena” en malayalam, la langue de chez moi. En anglais il est nommé “elephant foot yam”. Ce légume racine peut peser plus de trente kilos !! Pas très lourd pour un pied d’éléphant !!

Ses bienfaits sont nombreux, mon cher Henri m’a envoyé pour vous un article qui les énumèrent.

L’autre légume racine qui fait le bonheur des convives est le manioc, “kappa” en malayalam. Autant vous dire que c’est le petit déjeuner préféré de mon ami Henri : le “pacha kappa mulaku”, c’est-à-dire le manioc frais (bouilli à l’eau) avec du piment vert mixé à l’échalote et un peu d’huile de coco !! C’est un vrai bonheur, je vous joins la recette :

Joy cultive également deux autres plantes dont les racines sont utilisées pour la cuisine mais aussi pour la médecine ayurvédique : le curcuma et le gingembre. Leur feuillage est très vert, cela fait un très beau décor devant la maison de mes voisins.

Le curcuma,

മഞ്ഞളും      

maññaḷ, en malayalam, est très utilisé dans toutes les cuisines du Kerala. Cette racine jaune orangée a une cotte énorme, elle apporte la couleur aux plats, même si elle n’a pas de goût prononcé. On lui prête des vertus importantes, elle permet de lutter contre les maladies des articulations et d’avoir des vertus anticancéreuses.

Joy a le mérite de faire de la culture biologique, ce qui fait que les racines sont de qualité.

Un très bel article a été fait par le petit journal de Chennai, petit frère du journal de Bombay, avec qui nous avons le bonheur d’échanger dans un partenariat très amical. Annick Jourdaine présente le curcuma avec beaucoup de précision.

Le gingembre, inchi en malayalam, (ce qui signifie racine), comme le curcuma, est reconnu pour ses vertus culinaires et ses vertus médicinales. On lui prête également des vertus énergisantes, quoi qu’il en soit, il fait partie intégrale de la cuisine au Kerala et personne ne se plaint du goût et de la qualité de cette cuisine. On en redemande.

Chers enfants, voilà que je vous invite à cultiver votre jardin en pensant à toutes ces plantes dont les racines sont pleines de saveurs.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “La cité idéale”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Je suis heureuse chaque jour de retrouver Kuttan, je sais par mon cher voisin Henri que vous l’êtes tout autant chaque semaine avec Carine, Marine, Sylvie, Romuald, Manuel, Matthieu, Nicolas, Yann ; vos professeurs qui vous retrouvent dans vos ateliers hebdomadaires qui en Yoga, qui en Hip-hop, qui en Arts plastiques, qui en Cirque, qui en Théâtre, qui en Musique, qui en Savate française.

Henri me dit aussi que Christophe est là chaque mois pour construire avec vous la reproduction à l’identique d’une charrette ayant circulé voici bien bien longtemps dans votre petit pays :

Et puis, me dit Henri, vous allez construire un jardin dialoguant avec un site archéologique que vous avez déjà créé avec Monsieur Jean-Paul et Monsieur Maki :

Et puis, me dit Henri, vous parcourez les profondeurs sous-marines en quête de la couleur de l’eau avec Nicolas et les scientifiques de Wimereux :

Et puis, me dit Henri, vous allez jouer avec les mots avec Rémy :

Et puis, me dit Henri, créer avec Quentin au Fablab des œuvres après d’autres œuvres déjà réalisées par vos soins et qui sont exposées au Musée jusqu’à la mi-décembre :

Humm, c’est chouette d’accueillir à chaque instant dans son lieu de vie des personnes qui vous apprennent, jouent avec vous, vous emmènent vers des gestes dont vous ne pensiez pas être capables et qui valorisent le meilleur de vous-mêmes.

Henri m’explique que cela est possible car vous avez dans vos petites maisons les espaces de création juste aux côtés de vos chambres, de votre cuisine, de votre salle de bain. Hummm, mais oui, quelle belle idée ; faire rentrer l’envie de créer dans son petit chez soi.

Mais d’où vient cette idée folle un jour d’inventer une maison avec un atelier ?

Vous savez ma curiosité à ce sujet, je reste intriguée par la petite maison qu’Henri a construit à côté de sa petite maison, dans mon petit pré :

Jis, qui revenait de ses randonnées exploratrices à la recherche de la symbiose dans les forêts et montagnes de chez moi, m’a raconté que dans mon petit pays, le Kerala, avait été créé à Cochin un lieu où les filles et garçons vivaient aussi avec la possibilité de passer la porte de leur chambre, pour apprendre en arts, en lettres, en sciences.

Humm, quelle belle idée chers enfants, cela ressemble à la cité idéale.

Je me rappelle vous avoir envoyé une lettre ces dernier temps, où j’ai écrit le mot « utopie » pour essayer de comprendre ces humains fous qui dessinent devant moi les arbres en face de mon petit pré, et ne font rien qu’à choisir des lignes et des couleurs qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils voient :

Mais d’où vient cette idée d’installer dans nos lieux de vie des espaces de création pour que tout le monde puisse exprimer le meilleur de soi-même ?

Emmanuel, qui téléphonait comme chaque matin à mon cher Henri pour prendre de mes nouvelles ainsi que de mon petit village, nous a raconté l’histoire d’un petit lieu non loin de chez vous, à Guise, où Monsieur Godin, si j’ai bien compris grand inventeur des machines à se sentir bien chez soi, a pensé aussi qu’il était nécessaire aux humains construisant ces machines à chauffer les demeures, d’aller conduire chaque matin leurs enfants à l’Ecole, d’aller chaque semaine au théâtre, de pouvoir soigner leurs os douloureux par tant d’efforts à construire les machines, en piscine, en sauna, et avoir chez eux toutes commodités pour vivre une vie bonne.

Hummm, chers enfants, que ce soit en Inde, mon pays, ou par chez vous, je comprends que des humains ont pensé la nécessité de vivre bien chaque jour passant, quel que soit l’emploi du temps.

J’en suis ravie : le soin des idées est une si belle invention.

Je vous embrasse très fort, et suis impatiente de découvrir à nouveau vos créations issues la veille avec toutes les énergies qui convergent au nom du plaisir de vivre, façon symbiose :

Bisous,

Shila

Lettre de Shila : “Métabolismes”

Bonjour chers enfants, commet allez-vous ? Avez-vous fêté joyeux anniversaires de vos camarades ou de vous-mêmes ces derniers jours ?

Je vous en parle, car hier matin, j’ai eu 46 ans.

Hummm, je n’osais pas vous en parler, j’en suis forcée car ce matin Mister Kuttan m’a comme d’habitude apporté mes chères pousses de bambous au petit-déjeuner, mais aussi un délicieux Halva avec des bougies :

Henri était là, avec sa petite famille. Et puis les petites filles de l’école de mon petit village, et puis aussi Jis. Emmanuel qui téléphonait à Henri pour passer le bonjour, était suspendu au téléphone. Tout le monde m’a fait des gros bisous puis nous avons soufflé ensemble sur quarante-six drôles de petites choses avec des flammes au-dessus.

Evidemment, cher enfants, avec ma trompe, j’ai soufflé, soufflé ; les quarante-six petites choses et l’Halva sont parties de l’autre côté de mon petit pré, du côté de la rivière. Mes copines les grenouilles toutes éberluées par ce déluge de sucreries ont vite compris que je prenais un an de plus et ont croassé à l’unisson pour se joindre aux festivités.

Ah, merci Kuttan, merci Jis, merci Henri, merci la famille, merci Madame l’institutrice et les enfants de mon petit village, merci les grenouilles, merci Emmanuel ; vous m’avez bien eue.

Moi l’éléphante timide ne pensais pas à mon âge, mais un peu quand-même (c’est vrai que ça fait toujours plaisir de constater que des amis pensent à vous et vous fêtent, hein, les enfants ?).

Je dois avouer que j’espérais un peu que quelqu’un me signifie ce 4 octobre, jour de ma naissance, qu’il avait pensé à moi.

Hummm, je rougis et vacille ; cette émotion me tourneboule. Comme vous le savez, je n’ai pas connu ou si peu mes parents, je n’ai connu depuis ma tendre enfance que mon cher Kuttan, qui s’occupe de moi comme s’il était ma mère, mon père, mon frère, ma sœur :

Je suis ravie de cette festivité impromptue, mais bon, cela me rappelle le temps qui passe, l’âge qui grandit, les petits bobos aux pattes qui s’accélèrent, les troncs d’arbre que je déplace de la montagne moins facilement qu’autrefois car j’ai besoin de souffler.

Kuttan m’a offert pour cadeau un article très intéressant qui montre que pour vous, les humains, l’énergie à dépenser dans le corps pour grandir est d’abord au moment où vous êtes bébés. Kuttan me dit que les humains pensent qu’il en est de même pour les éléphants, car nous sommes vous comme moi des mammifères.

Hummm hummm, très intéressant. L’énergie de vie serait donc au tout début de notre existence, puis nous vivons sur ces acquis.

Mon cher Henri et sa gentille famille m’ont offert pour cadeau un article qui raconte le plus vieil animal à ce jour en vie sur notre belle planète, une maman requin qui vivrait dans les mers froides chères à mon cœur, comme vous le savez, du côté du Groenland :

Ah oui, quatre cents ans cette Madame…

Ça fait donc pour moi, l’éléphante passionnée de calculs de tout, huit vies de presque cinquante ans (mon presqu’âge) à vivre encore.

Jis et Emmanuel, connaissant ma passion pour les mers froides au haut de notre planète, se sont décarcassés pour m’offrir un coussin propice à mes plus beaux endormissements et rêveries :

Chers enfants, que mes nouvelles quarante-six années sont comme un commencement 😊 En fait, me-dis-je, peu importe l’âge : j’ai tous les âges.

Je vous embrasse chers enfants,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Que voyons-nous ?”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Hier matin, alors que je gambadais dans mon petit pré pour saluer mon cher Kuttan qui m’apportait mon petit-déjeuner, j’ai trébuché sur un tronc d’arbre posé la veille pour rallier la scierie de mon petit village.

Ouille ouille ouille, ma patte gauche n’a pas su éviter cet obstacle inattendu : je vous avoue que ce matin j’ai un peu mal à mon extrémité, côté dessous mon ventre en bas à gauche.

Mon cher Kuttan, toujours à mes côtés, mon soigneur, mon compagnon de tous les instants, a vu ma trompe aller et venir plus que de raison, mes oreilles se rétracter sur mes flancs (signe que je ne suis pas contente), et mes allées et venues dans le petit pré plus agitée qu’à l’accoutumée.

Kuttan aidé du médecin, m’a appliqué sur ma patte douloureuse des plantes médicinales :

Je me sens beaucoup mieux, merci Kuttan, merci Mister Doctor 😊

Par contre, je ne comprends toujours pas comme je n’ai pu voir ce tronc d’arbre contre lequel j’ai butté.  Saperlipopette ! Je connais par cœur mon petit pré, et là je n’ai rien vu arriver.

Grrr, Shila, tu ferais bien d’ouvrir grands tes yeux.

Excusez-moi les enfants pour cet incident ; je dois avouer qu’une fois brouté mon petit-déjeuner, me prennent des envies de m’assoupir sans doute parce que je digère doucement les mets succulents apportés par Kuttan.

Mon cher voisin Henri, qui lisait dans son patio les journaux du monde entier en fumant sa bidî, a vu que je trébuchais contre l’arbre et sursautais de douleur. Henri a rejoint aussitôt Kuttan et le médecin, pour voir si ce n’était pas grave.

Comme j’étais fâchée contre moi-même pour n’avoir pas vu l’obstacle dans mon petit pré, et avoir barri de douleurs moi qui n’aime pas embêter les voisins, Henri m’a expliqué que d’après les humains, nous autres les éléphants n’avons pas une très bonne vue.

Henri, Kuttan et le médecin me disent que si les éléphants ne voient pas beaucoup, les oreilles, la trompe, la bouche, sont nos meilleurs organes pour sentir et ressentir ce qui se trouve autour de nous.

Humm, d’accord chers enfants : moi l’éléphante n’y voit que pouic, mais sais entendre, renifler et goûter bien plus que d’autres animaux et que vous autres, les humains.

Ces nouvelles réconfortantes m’embarrassent un peu quand même ; comment vais-je faire pour mettre au dessin, à la peinture, avec des yeux si limités par nature ? Vous savez que je rumine l’espoir de me mettre à ces activités picturales, tant j’aime la couleur, et suis intriguée par les humains qui régulièrement dessinent devant moi :

Mais, nous, les animaux, voyons-nous bien les formes, les couleurs, les mouvements ? C’est vrai quoi, il faut un monde de couleurs, de mouvements, de formes, pour faire un monde.

L’ami médecin de Kuttan, qui était venu pour me soigner, m’a raconté que l’état des connaissances des humains à propos de ce que peuvent voir ou ne pas voir les animaux, est encore en développement.

Si j’ai bien compris, les grenouilles, les mouches, les oiseaux, les serpents sont les animaux qui discernent le mieux ce qu’il se passe autour d’eux. Pour la question de savoir quels animaux voient telle ou telle couleur, cela reste discuté.

Il y aurait des animaux qui voit telle couleur, d’autres animaux telle autre : c’est compliqué me dit mon médecin.

Hummm très intéressant chers enfants n’est-il pas ?

La question de savoir ce que nous voyons est alambiquée. Tantôt untel voit ceci avec précision, tantôt tel autre au même moment voit autre chose avec tout autant de précision ; tout est question de ce que nous pouvons voir…

Je demande de ce pas à Kuttan de me commander des lunettes, afin de pouvoir voir comme lui, Henri, mon médecin, et comme vous autres les humains.

A demain chers enfants,

Bisous,

Sila

Lettre de Shila : “Philharmonie du paysage”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous remarqué comme moi que le sol peut avoir un revêtement différent ? Quand vous marchez jusqu’à l’Ecole, ou allez avec vos chères éducatrices et éducateurs en fourgon pour vos rendez-vous, n’avez-vous pas remarqué que le sol est parfois lisse, parfois strié, parfois plat, parfois bossu, parfois moelleux sous la patte, parfois dur, caillouteux, jusqu’à occasionner des bobos au bout de vos pieds ?

Je ne me lasse pas de randonner avec Kuttan pour me rendre jusqu’à mes chères montagnes et y travailler avec lui à l’entretien des forêts. Moi l’éléphante observatrice et curieuse de tout, suis toujours interloquée de comparer la qualité des sols sous ma patte, et le contraste entre la dureté de ces minéraux parsemant le chemin que nous gravissons d’avec la fluidité des cours d’eau qui ruissellent à nos côtés.

Comment vous dire ? C’est comme si l’un avait besoin de l’autre, bien que si différent par nature.

Je ruminais ce dialogue permanent entre liquidités et solidités en me rendant ce matin, avec mon cher Kuttan, devant le petit pont de la rivière « Kurianad » qui traverse de part en part mon cher petit village. Je vous avais parlé des travaux en cours pour permettre à ce qu’éléphants, voitures, camions, bicyclettes, motos, triporteurs, puissent circuler sur son dos sans que le vieil arche au-dessus de l’eau ne vacille et mette en danger tout le monde :

Mon cher Henri me dit que par chez vous, un pont très important lui aussi est en train de retrouver une nouvelle jeunesse pour les mêmes raisons.

Humm les enfants, que ces pachydermes de fer et de béton sont imposants ; ils tracent des lignes essentielles permettant aux humains, aux animaux, aux choses d’aller d’une rive à une autre, et ainsi de participer à la bonne santé du petit pays.

Et la rivière “Kurianad” par chez moi, et le fleuve “La Liane”, par chez vous, passant dessous ces rocs construits par les humains, tels des voilages volatiles ; n’est-ce pas poétique cette alliance entre la force de l’architecture et la gracilité de la nature ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri qui appelait Henri pour me passer le bonjour, a partagé avec moi ces douces rêveries.

Emmanuel m’a cité une magnifique baie non loin de chez vous, la baie d’Authie, où les humains sont en train de poser une passerelle permettant aux marcheurs d’aller de part et d’autres de l’estuaire. Sans oublier le pont passerelle du Mont Saint-Michel, cher à mon cœur comme vous le savez :

Emmanuel m’a raconté qu’en ce moment, dans le ciel par chez vous, de drôles d’avions font aussi des sillages.

Si j’ai bien compris, ces aéronefs vont et viennent selon des trajectoires très très définies pour améliorer encore les cartes de votre petit pays, et permettre de solutionner des problèmes d’aménagement que les humains se posent de plus en plus.

Hummm, très intéressant… Ce ne sont pas seulement les surfaces de notre Terre qui sont à la fois striées, lisses : c’est aussi son atmosphère !

Ainsi l’air qui porte ces avions est comme l’eau qui coule sous les ponts : ces oiseaux de fer quadrillent le ciel, lequel est d’un mouvement tranquille, sans limites.

Ah mes chers enfants, que ces paysages où s’allient les contraires pour former une harmonie au profit de toutes et tous me ravissent.

Je vous souhaite de belles pensées entre terre et mer, entre ciel et horizon, entre rive droite et rive gauche.

Gros bisous,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “Le sommet des dieux”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Mon cher voisin Henri me dit que par chez vous se manifestent les premiers signes de l’entrée dans la saison d’Automne, avec des feuilles mortes qu’il faut commencer à ramasser de plus en plus souvent :

Humm, c’est vrai que cela doit être astreignant et en plus, bizarre de voir les arbres se déplumer de plus en plus, jusqu’à ne plus du tout avoir de feuillage sur leurs branches en novembre, décembre. Ça doit même être un peu triste, non ?

En même temps, cette période de décrépitude, me dit Henri, annonce par chez vous la venue prochaine de l’Hiver, avec les premières neiges sur vos belles montagnes des Alpes, des Pyrénées, d’Auvergne, du Jura, des Vosges. Comme vous en avez de la chance, chers enfants, votre beau pays bénéficie comme le mien de magnifiques montagnes – quel spectacle féérique chaque année 😊

Vous connaissez ma passion, ainsi que celle de ma copine Jis, pour les immenses montagnes au Nord de mon pays :

Hier soir, avec Kuttan, nous avons regardé à la télévision un extraordinaire dessin animé intitulé « Le sommet des dieux » :

Il raconte de manière incroyable une enquête policière à la recherche de l’appareil photo disparu en montagne par un alpiniste, l’explorateur anglais Sir George Mallory, si proche du sommet ultime, mais disparu mystérieusement.

Ce dessin animé a un charme fou, et je vous souhaite la chance de pouvoir le découvrir à votre tour.

Mon cher Kuttan m’a expliqué que l’auteur de cette œuvre passionnante, Jiro Taniguchi, fut considéré comme l’un des plus grands auteurs de manga tant son style pictural et narratif a pu passionner des millions de lectrices et de lecteurs, au Japon, et dans le monde entier.

J’ai fait part de mon emballement pour cet artiste à Emmanuel, qui me téléphonait pour me passer le bonjour. Emmanuel partage avec moi cette passion pour ce grand Monsieur. Emmanuel me dit que Monsieur Taniguchi fut particulièrement apprécié de vous autres, les français, tant il relançait l’art du dessin populaire aux côtés d’autres grands auteurs de votre pays, tels Messieurs Bilal, Moebius, Schuiten.

Chers enfants, que l’art du trait dessiné peut nous emmener loin au pays des idées, des visions, des morales que l’on aime à retenir en guise de boussole pour tendre vers une vie bonne, une vie belle.

Vivent les mangas, vive le dessin animé, vive la beauté des paysages à contempler et célébrer.

Je vous embrasse très fort les enfants,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “À la rencontre de l’artiste Paris Mohan Kumar, artiste peintre et écologiste”

Chers enfants,

Je connais tout votre intérêt pour les activités culturelles et sportives dont vous bénéficiez, entre la musique, la danse, le cirque et le théâtre, le sport et le bien-être. Emmanuel et Henri m’ont dit que chaque année vous accueillez des artistes en résidence. Quelle chance vous avez de pouvoir ainsi être en contact direct avec des écrivains, sculpteurs, charpentiers de marine…

Ma chère voisine, Jis, m’a parlé d’un artiste peintre du Kerala, Mister Paris Mohan Kumar, qui a longtemps vécu à Paris (24 ans) et qui a son domicile à Mahé au Kerala.

Je suis sûre que vous aimeriez l’avoir en résidence à Boulogne, tellement Jis m’a parlé de lui de façon passionnante. Elle l’a rencontré cet été à Cochin.

Jis m’a dit que Mister Paris Mohan Kumar est tout d’abord un grand peintre, reconnu par l’Unesco, désigné en 1988 comme l’un des quarante plus grands artistes du monde.

Sa notoriété ne s’arrête pas à son art. Mister Kumar est aussi un ardent défenseur des forêts et de l’environnement.

Il est très engagé auprès des adivasis de Wayanad, ces communautés tribales qui vivent pauvrement et dont la survie dépend de la forêt voisine et de la rivière Kabini.

Wayanad est un district montagneux à trois cents kilomètres de chez moi. Mes cousins, éléphants sauvages, y vivent dans les parties forestières.

L’article suivant parle de son engagement :

Son art maintenant, aussi effusif et évocateur qu’avant, comble sa quête sociale. Lui, avec des amis partageant les mêmes idées, travaille à la sauvegarde des forêts et avec les communautés qui s’y trouvent ; il prend une licence artistique pour propager un nouveau mode de vie aux habitants. « Nous devons humaniser l’homme pour le bien de la nature, pour la femme et les enfants », déclare Mohan Kumar.

Certains des changements qu’ils ont apportés sont la façon dont les habitants abordent la nature. Auparavant, les serpents étaient tués sans scrupule, mais plus maintenant. Dirigé par lui, son groupe fournit des céréales aux agriculteurs pour les terres forestières et rachète les produits. Ils le commercialisent également. Leurs efforts ont abouti à un système dans lequel une nourriture abondante et une rémunération pour les familles entrent en jeu. Le travail singulier de Mohan Kumar a consisté à encourager les femmes à préparer des cornichons et des collations indigènes qui sont commercialisés.”

Mister Kumar a ouvert une galerie d’art à Fort Kochi (Cochin), en 2017, où ses œuvres sont exposées. La galerie a également un espace où les adivasis peuvent exposer et vendre leurs produits fabriqués localement.

Son engagement auprès des communautés tribales de Wayanad se situe dans la durée, depuis quatre décennies. Il doit combattre contre une forme de mafia qui s’empare des terres et des forêts.

Je suis vraiment très admirative de l’art et de l’action de Mister Paris Mohan Kumar, et je remercie mille fois Jis de me l’avoir fait connaître, car en protégeant les forêts de Wayanad, c’est aussi mes chers cousins, les éléphants sauvages, qu’il protège.

Il me fait penser à Sunderlal Bahuguna, l’homme qui a appris à embrasser les arbres, et des Bishnoïs, dont je vous ai parlé récemment.

Il me fait aussi penser à un autre artiste dont je vous ai parlé, Mister Vipin K. Nair qui a peint les mangroves.

Voilà chers enfants une belle personne que vous pourriez inviter en résidence, mais je crois que ses activités le retiennent à Cochin et à Wayanad.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “« Fictio legis » (comment le rêve peut devenir réalité)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Avez-vous réalisé de beaux dessins ?

Mon cher voisin Henri m’a montré ce matin les magnifiques créations que vous faîtes à la poursuite de la couleur de l’eau :

Qu’ils sont beau ! Si j’ai bien compris, vous essayer de comprendre pourquoi, du côté de vos Maisons, la mer a cette couleur-là, à cet endroit-là, à ce moment de l’année. Humm, très belle enquête les enfants, moi aussi, comme vous le savez, je suis intriguée par la couleur bleue :

Et puis j’aime beaucoup contempler la mer quand mon cher Kuttan m’y emmène, je me dis que c’est un horizon qui nous parle, qui nous appelle :

Ce matin, des humains faisant de l’auto-stop non loin de mon petit pré, se sont assis sur le fossé donnant sur la route, et se sont mis à dessiner les arbres devant chez moi. J’étais très intéressée par le geste sur la page blanche. Je dois vous dire que depuis que j’ai découvert les talents de ma cousine Ruby, j’essayerais bien à mon tour de barbouiller avec le secret espoir que ce soit des peintures dignes de mes attentes :

Les humains n’en avaient que faire du motif devant leurs yeux ; ils dessinaient les arbres de l’autre côté de mon petit pré, mais je trouve que cela ne leur ressemblait pas.

Hummm, autant retourner à mes chères pousses de bambous de l’autre côté de mon petit pré.

Alors que je les broutais avec plaisir comme vous le savez si bien, je continuais cependant à observer les humains. Une fois finis leurs dessins, j’ai vu dans leur expression de visage une grande satisfaction.

Quoi ? Des dessins qui ne ressemblent pas à la réalité, et qui réjouissent cependant leurs auteurs ? Mais ils sont fous ces humains !

Non non non, moi l’éléphante cartésienne suis choquée par tant d’approximation : la réalité doit être la réalité. Ce que nous voyons, entendons, c’est ce que nous voyons, entendons : point barre.

Mon cher voisin Henri, qui voyait ma trompe se balancer plus qu’à l’accoutumée devant tant d’inconséquences, est venu pour me demander les raisons de mon agitation. J’ai expliqué à Henri que j’étais agacée par ces humains qui voient les arbres en face d’eux, disons à quinze mètres de distance, et les dessinent pas du tout comme ils sont.

Henri, avec sa douce voix que j’aime bien (les voix de Jis et Kuttan me plaisent aussi beaucoup, et aussi celle d’Emmanuel quand il téléphone pour prendre de mes nouvelles) me dit que parfois, l’imagination en dit plus sur notre monde que la réalité.

Ah bon ? Je ne comprends pas.

Henri me raconte cette histoire : depuis très très longtemps, les humains ont compris que pour prendre les meilleures décisions, il fallait imaginer tout ce qui peut être inconcevable car c’est pour mieux ensuite dire ce qui doit être.

Ainsi, me dit Henri, les humains ont longtemps considéré les animaux comme des choses, un peu comme vos commodes dans vos maisons, vos armoires, vos porte-manteaux. Ah bon ? Nous autre les animaux réduits à des objets ?

Ils sont fous les humains.

Henri me dit que ce n’est pas si simple : certes, les humains peuvent en apparence être considérés comme fous, pas raisonnables pour un sou, mais ont réfléchi à cette question au plus loin de leur pensée raisonnée.

Si j’ai bien compris, les humains étaient intrigués eux-mêmes ; ils ont inventé une fiction pour vouloir en avoir le cœur net, avec le sujet de réflexion suivant : “Et si l’animal était un meuble ?”.

Et les humains ont pu ainsi vérifier que ça ne collait pas à la réalité, et que nous avons bien, nous autres les animaux, des sentiments, que nous sommes bien vivants, et que nous devons donc être respectés en droit comme tout être vivant :

Hummm, d’accord, je comprends ; parfois il en faut passer par l’imagination pour mieux prendre des décisions très sérieuses au jour le jour.

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, qui appelait pour prendre de mes nouvelles comme chaque matin, a entendu les explications d’Henri que je trouvais bizarres. Emmanuel m’a expliqué que vous aviez, les humains, un mot pour dire combien l’imagination a un pouvoir très fort sur les décisions pour toutes choses jour après jour : l’utopie.

Chers enfants, même si je trouve que parfois vous-autres, les humains, vous cassez la tête pour pas grand-chose (c’est vrai quoi : la réalité est la réalité), je me dis que la capacité à se raconter des histoires inventées de toutes pièces est très importante pour mieux saisir ce qu’il se passe, et proposer à tout le monde des solutions auxquelles on n’avait pas pensées.

Vive la fiction quand elle nous fait réfléchir, vive la vie.

A demain,

Bisous,

Shila

Lettre de Shila : “”Grand-père avait un éléphant” (histoires d’héritages)”

Chers enfants,

J’espère que vous allez bien et que vous retrouvez un peu la vie d’avant la pandémie, avec des activités sportives et culturelles.

Ici, au Kerala, nous ne sommes pas sortis de cette diablesse de pandémie, les contaminations sont beaucoup plus nombreuses que dans les vingt-sept autres États de l’Inde. Il faut dire que, d’une part, les tests y sont beaucoup plus nombreux et que, d’autre part, les hôpitaux ont toujours réussi à faire face à l’accueil des malades.

Aujourd’hui je veux vous parler d’une expression qui me plaît beaucoup à moi, l’éléphante philosophe de Kurichithanam : ” Grand-père avait un éléphant“.

C’est une expression qui est fréquemment employée au Kerala.

L’éléphant est symbole de la richesse pour la famille propriétaire. C’est un peu comme si vous aviez une grosse et belle voiture, une Rolls-Royce par exemple !!!

Cette expression veut dire aussi que je descends d’une famille riche, même si je suis sur la paille !!

Bien sûr que je suis fière de cette expression, elle me plaît bien et me réjouit sur la place donnée à ma famille pachydermique.

Kuttan me dit que cette expression rappelle le livre de Vaikom Muhammad Basheer, “Grand-père avait un éléphant“.

Je vous ai déjà parlé de ce grand écrivain, fierté du Kerala, qui a l’art du conte et dont la vie est une histoire extraordinaire.

Basheer, âgé de 16 ans, a vu près de chez lui arriver Gandhi, pour soutenir la Vaikom Satyagraha, un mouvement non violent contre l’intouchabilité et la discrimination des castes.

Sans demander son reste, Basheer a décidé de quitter le Kerala pour s’engager dans la lutte pour l’indépendance de son pays :

Basheer abandonne le domicile familial à 16 ans pour s’engager dans la lutte pour l’indépendance. Il travaille comme journaliste et participe à la marche du sel en 1931. Après la répression britannique et un bref emprisonnement, Basheer abandonne le mouvement de la non-violence. Recherché par la police, il entre en clandestinité. Il voyage dans tout le pays et exerce divers métiers pour vivre. Vers 1937, il retourne au Kerala et commence à écrire des nouvelles pour gagner sa vie. Il parvient tout juste à vivre et ses écrits politiques sont interdits. Surveillé par la police, il est de nouveau incarcéré entre 1941 et 1944.

Après l’indépendance de l’Inde (1947), Basheer cesse de s’intéresser à la politique pour se consacrer à l’écriture. Il est cependant interné à deux reprises pour confusion mentale.

En 1982, il reçoit la Padma Shri.

La plupart des écrits de Basheer sont des romans et des nouvelles qui reprennent ses expériences vécues : la « prison, les relations amoureuses contrariées par les codes sociaux, les musulmans de la campagne keralaise ».”

J’adore cet homme, poursuivi en raison de son activisme politique, Basheer a fait de la prison. Il raconte son expérience dans un récit extraordinaire, « Les murs et autres histoires d’amour » paru aux éditions Zulma.

Avant d’être incarcéré, il a vécu de multiples vies, saltimbanques, sannyasi, voyageant partout en Inde, il est incroyable et il nous raconte ces histoires qui sont traduites du malayalam par Madame Dominique Vitalyos. Merci à Mme Dominique Vitalyos et à Madame Laure Leroyde nous permettre de lire Basheer.

Que raconte « Grand-avait un éléphant » ?

C’est une merveilleuse histoire : une femme, Kounnioupattouma, qui ne savait rien faire, qui n’avait pas été à l’école, mais avait pour seule qualité de se souvenir que son grand-père possédait un éléphant !!

Hélas, cette fille de notables musulmans, mariée à un riche prétendant, se trouve ruinée suite à un conflit d’héritage, dans la famille de son mari !!

L’humour et l’esprit d’ouverture de Basheer nous amènent à avoir une approche très originale de problèmes sous-jacents, tels que les héritages des biens et aussi des héritages culturels.

L’héritage de biens agricoles ou autres est un problème que l’on rencontre dans toutes les familles et dans tous les pays.

Je peux vous parler de l’héritage au Kerala. Souvent, sauf chez les Nairs, société matriarcale, où l’héritage passait traditionnellement par la mère (héritage matrilinéaire), ce sont les hommes qui héritent.

Pour l’ensemble de la société, les femmes reçoivent une dot, au moment du mariage. La dot, (interdite par la constitution mais toujours pratiquée) est sensée être la part de l’héritage.

La législation a évolué en Inde depuis l’indépendance en 1947 et depuis la constitution de 1950. L’égalité entre les femmes et les hommes y est affirmée. Les coutumes cependant persistent.

Mon voisin et ami Henri me dit que dans l’ouest de la France, la transmission des petites fermes était aussi injuste : la ferme était donnée en héritage à l’aîné des garçons ou aux deux frères aînés, si la ferme était plus grande. Son grand-père étant plus jeune s’est vu attribué un petit jardin et un minuscule toit pour loger sa famille. Il devenait journalier agricole. Les filles ne bénéficiaient pas non plus de l’héritage de la ferme.

Ceux qui ne se satisfaisaient pas du statut de journalier quittaient la Vendée pour trouver des fermes à louer en Charente ou en Dordogne, ils quittaient le “pays” !!

C’est un peu la même histoire qui se produisait au Kerala : lorsque le lopin de terre devenait trop petit pour faire vivre la famille, à force d’être divisé, certains le vendaient pour partir à quelques centaines de kilomètres, au nord du Kerala ou dans la montagne. Ils achetaient des terrains à défricher et y développaient leurs cultures et plantations.

Basheer, avec son art du conte, nous emmène délicatement dans cet univers, en arrière-plan. Il nous fait une description pleine de finesse et d’humour de la société kéralaise, avec ses multiples composantes et ses couleurs.

Pas de chance pour Kounnioupattouma, son mari a tout perdu. Les sœurs de celui-ci l’ont poursuivi en justice faisant appliquer la loi concernant le partage des biens familiaux. Les frais d’avocat et de justice en plus, voilà que Kounnioupattouma et son mari se retrouvent ruinés !!

Pas de chance pour Kounnioupattouma, l’héritage “culturel” familial, qui interdisait l’éducation aux filles est également remise en cause par les voisins. Une autre famille musulmane très attachée à l’éducation des filles, avec des enfants merveilleux, un fils qui plante des arbres, attaché à l’environnement…et une belle histoire d’amour qui va suivre…

Le regard de Basheer dépasse les histoires d’héritages pour nous faire regarder la vie autrement, avec des projets où l’éducation et l’amour sont mis en avant.

Chers enfants, je vous invite à découvrir cette belle histoire : lisez le livre “grand-père avait un éléphant.”

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila :”Les arbres de la vie”

Chers enfants,

Je suis très intéressée de savoir que vous allez bientôt avoir votre petite forêt à la ferme de Bertinghen et je voudrais tant vous aider comme je eu la chance de le faire pour Mister Abdul Kareem dans sa forêt de Kasaragod, à 400 kilomètres de chez moi. Je vous en parlais dans ma lettre hier.

Bien sûr, Kasaragod est un peu loin, il faut compter une très longue journée avec mon camion taxi, mais c’est réalisable, alors que pour les 8000 kms qui nous séparent, Kuttan ne l’imagine pas.

Depuis ma visite de la forêt de Mister Abdul Kareem, je ne cesse de me poser des questions sur les arbres qui m’entourent et qui en plus de faire mon bonheur me font aussi travailler tous les jours.

Ma chère voisine Jis, lorsque qu’elle était enfant, se posait la question sur le fait que, dans le village de Kudakkachira, à un kilomètre de chez moi, on enlevait des arbres :

J’appartiens à un village appelé Kudakkachira, dans le district de Kottayam au Kerala. J’ai grandi dans les rizières et lors de mes promenades nocturnes quotidiennes, j’ai développé un attachement aux arbres, aux champs et aux ruisseaux. Au cours d’une de ces promenades, la jeune Jis a remarqué que certains arbres disparaissaient. « J’avais l’habitude de m’inquiéter et de demander à mes parents – pourquoi est-ce qu’ils enlèvent ces arbres ? Cela ne nous sert à rien ?”

Suite à ce questionnement, Jis est devenue experte en écologie et travaille pour l’environnement.

Ses longues années de formation et de recherche l’ont conduite de son école prestigieuse de Deradun, dans le nord de l’Inde à la frontière entre l’Inde et la Chine, dans le nord-est du pays indien, puis à nouveau au Kerala.

Dans l’ensemble, Jis est optimiste quant au sort des forêts indiennes. « Lorsque j’ai visité la Chine en 2014, j’ai remarqué que les gens là-bas ne se soucient pas de leurs forêts. L’Inde est définitivement dans un meilleur endroit. Nous avons un très bon groupe de scientifiques, d’écologistes, de bonnes ressources et de bonnes politiques. Nous devrons peut-être resserrer les échappatoires, mais nous pouvons certainement nous améliorer. Il s’agit d’impliquer la communauté et de contrôler la population.

Je me suis séparé de Jis en me sentant exalté que si sa passion et son sérieux sont quelque chose à faire, l’écologie indienne est entre de bonnes mains.”

Vous connaissez, chers enfants, ma capacité d’observer et d’écouter. J’adore voir mon cher voisin Henri balayer devant sa maison à Kudakkachira et amasser un grand nombre de feuilles mortes, chaque mois de janvier. Sa maison est entourée d’arbres dont certains à feuilles caduques, un teck et un acajou. Les feuilles tombent en deux semaines et au cours des deux semaines suivantes, les nouvelles feuilles sont déjà présentes. Henri me dit que chez vous en France, la chute des feuilles et la pousse des nouvelles feuilles durent plusieurs mois, de novembre à avril !! C’est incroyable !!

Les autres arbres qui bordent la maison d’Henri sont un superbe jacquier, des caféiers qui fleurissent fin janvier début février et qui embaument l’atmosphère d’un parfum sublime. Le tout est complété par des muscadiers, cocotiers, goyaviers, manguiers et un pouteria campechania qui donne des fruits œufs (egg-fruit) ou canistel, le fruit a vraiment le goût et la consistante du jaune d’œuf !!

Il a une petite heure de travail chaque matin, ça le met en forme pour la journée.

Bien sûr, ces arbres ont de multiples fonctions, certains donnent des fruits d’autres, comme le teck et l’acajou sont cultivés par Joy, le beau-frère d’Henri, pour être vendus pour faire des meubles.

Ces arbres donnent cette ombre précieuse dans ce lieu tropical, ils servent de climatisation !!

La gestion des arbres au Kerala est faite par les agriculteurs, dont les plantations leur permettent d’en vivre. Dès qu’un arbre est abattu, un autre est planté.

Je vous ai déjà parlé des arbres à caoutchouc, les hévéas, qui ont permis à plusieurs générations d’agriculteurs de vivre mieux.

Il en est de même pour le jacquier, ce fameux arbre qui donne les plus gros fruits du monde, qui est devenu la nouvelle star, grâce à la valorisation du jaque, passé du mépris à la célébrité.

Voilà, chers enfants, mon ruminement sur les arbres qui m’entourent et qui nous permettent de vivre, grâce à tout ce qu’ils nous apportent.

Comme Jis, je me sens vraiment attachée à tous ces arbres, ces champs, ces ruisseaux qui m’entourent.

Jis nous invite à la suivre à Chinnar, à 160 kms de chez moi et d’admirer ce site exceptionnel avec sa cascade. Elle nous envoie une vidéo très sympa.

Chers enfants, je vous invite à partager notre passion des arbres, des champs et des ruisseaux, des cascades et tout simplement de la vie.

Je vous fais de gros bisous,

A lundi,

Shila