Compte-rendu de la réunion du 20 octobre 2017

Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association

« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Boulogne-sur-mer

20 octobre 2017

Présents :

Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Fleur Guy, docteure en géographie, chercheuse associée à l’UMR 5600 Environnement Ville et Société

Lucas Hivart, représentant des enfants et des jeunes de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Legros, président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Patrick Miquel, précédent directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais

Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil

Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, précédent coordinateur France Fondation SEED

Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Anick Traguardi-Menet, représentante du personnel de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Excusés :

Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie, Université Paris 1

Pierre Lemarquis, neurologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde

Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes

François Roy, comédien, metteur en scène

Ouverture de la quinzième séance du Conseil scientifique par son président, Eric Legros.

I. Renouvellement du collège extérieur du Conseil scientifique :

Emmanuel Paris informe les participants que Jean-Paul Delevoye, tenant compte de ses nouvelles obligations professionnelles, a proposé de démissionner du Conseil scientifique.

Emmanuel Paris propose à Eric Legros de présenter François Roy, qui remplace Jean-Paul Delevoye.

Eric Legros lit aux participants le texte qu’il a écrit pour retracer l’engagement de François Roy auprès de l’institution :

« François Roy, directeur de l’« Instant Théâtre » est un ami de notre association depuis maintenant une dizaine d’années.

Avant de nous rencontrer, et tout en poursuivant son parcours de comédien, de metteur en scène et d’auteur, il avait déjà fréquenté les écoles d’éducateurs, particulièrement la Fondation pour la Recherche en Action Sociale / IRTSRS de Montrouge, présidé par son ami Guy Raffi où, sous son impulsion, François y construisit en 1989 la Maison de l’Acteur : salle de 100 places, pionnière à l’époque et consacrée à la création dans l’esprit d’échanges et de confrontations « Théâtre et Social ». Ils concevaient déjà la Formation et ce métier dans sa qualité d’intervention culturelle : pour comprendre la cause des difficultés à traiter et proposer quelques réponses. Durant 14 ans, François anima ces ateliers de formations théâtrales pour les éducateurs. En 2002 il créa un spectacle avec des 25 jeunes autistes, fruit de 2 années de travail. Poursuivant son parcours artistique professionnel, il contribua aussi à la réflexion au sein de nombreux groupes pluridisciplinaires, ce qu’il continua à vivre naturellement avec nous.

D’abord dans le cadre de formations : stage transversal « Découvrir son clown » pour l’ensemble du personnel en 2008 je crois, puis les formations durant 3 ans avec Gérard Tonnelet et Philippe Richard, simultanément à la création des 6 spectacles avec les enfants depuis 2012. Nous avions aussi eu le plaisir de partager un stage musique et travail corporel au Burkina, avec Madou et le groupe Sitala du Burkina Faso, pour les jeunes d’Itinérances. Enfin faisant suite, le premier Atelier d’Ecriture itinérant avec les jeunes adultes : eux en voyage, lui à Paris, recueillant par échange internet un corpus impressionnant de paroles d’enfants.

François Roy partage volontiers sa passion pour les mythes et Paul Valéry à qui veut bien se laisser embarquer dans de si nombreux voyages : lors de sa première visite à la Ferme, ce sont eux qui guident son regard, l’inspirent pour échanger sur le parcours de certains jeunes, pour y entendre les tragédies qui se jouent en silence et en penser l’éventuel dépassement.

De par son travail de comédien, sa formation à l’Ecole Internationale Jacques Lecoq ou auprès de Peter Brook qu’il évoque souvent, il sait que le corps est langage, qu’il peut cristalliser des points d’arrêt dans les symptômes tout comme être mobilisé dans sa potentialité d’expressions, de rencontres, de témoignages, de communications et de résilience.

Nous partageons avec lui ceci : le théâtre de l‘institution, ses mises en scène et scénarii inventés au quotidien, sont la meilleure offre que nous pouvons proposer aux jeunes qui côtoient nos maisons. »

II. Retour sur la fin de saison 2016-2017 :

II.A. Proposition de la Fondation « Le Marchand de sable » :

Claire Beugnet informe les participants qu’à la suite de la venue le 17 mai 2017 aux Maisons de Madame et de M. Tuchbant à l’invitation de Madame Anne Bouvier, responsable des Fonds Individualisés et des Programmes Culture et Education de la Fondation de France, Madame et M. Tuchbant ont écrit pour informer de la création d’une première action culturelle sous l’égide de la fondation qu’ils viennent de créer : la Fondation « Le Marchand de sable ».

Madame et M. Tuchbant ont récemment crée cette fondation sous l’égide de la Fondation de France pour soutenir et développer des dispositifs permettant sur l’ensemble du territoire national de contribuer à l’amélioration des accueils d’enfants et de jeunes dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance.

Claire Beugnet explique que Madame et M. Tuchbant avaient été particulièrement intéressées lors de leur venue aux Maisons par un retour d’expérience à propos de l’organisation des séjours Itinérance. La Fondation « Le Marchand de sable » expérimentera cette année en partenariat avec Aria (« Association des Rencontres Internationales Artistiques », pôle de formation et d’éducation par la création théâtrale créé par Robin Renucci) « Entracte » ; séjours d’une dizaine de jours proposés aux enfants de 6 à 17 ans durant lesquels les enfants suivent jour après jour des ateliers théâtre avec l’objectif de présenter aux habitants du village de Stazzona, proche de Calvi, un spectacle.

On trouvera plus d’informations sur les stages d’ores et déjà proposés aux enfants par Aria ici.

Claire Beugnet informe les participants que Madame et M. Tuchbant ont proposé à l’association de bénéficier de ces séjours, et demandent aussi aux membres du Conseil scientifique la possibilité de bénéficier de leurs conseils et avis permettant tout développement ultérieur de ce dispositif.

Claire Beugnet a expliqué à Madame Tuchbant que pendant les vacances scolaires, à l’image de l’organisation de nos camps, les enfants pourraient être accompagnés de leurs éducateurs. En revanche, en dehors des temps scolaires, les services qui pourraient être partant n’auront pas forcément la possibilité de détacher des professionnels. Dans ce cas, Madame Tuchbant indique que la fondation peut alors recruter des éducateurs spécialisés pour encadrer les groupes de jeunes.

Claire Beugnet propose aux membres du Conseil scientifique de lui écrire par mail ; Claire Beugnet relaiera ces messages auprès de Madame et M. Tuchbant.

Les membres du Conseil scientifique agréent cette proposition.

Emmanuel Paris informe les participants que l’association souhaite expérimenter cette année, à l’occasion des vacances de Pâques 2018, un séjour artistique en partenariat avec le collectif francilien « La Briche ».

Plus d’informations sur ce collectif artiste ici.

Le scénario travaillé avec Vincent Croguennec, artiste plasticien membre de La Briche et résident de la résidence art / science 2017 qui a eu lieu aux Maisons de janvier à mars 2017, est qu’un  des camps extérieurs organisé comme chaque année pour sept enfants de l’association, encadrés par deux éducateurs, ait lieu non loin de Saint-Denis (93), permettant à ce groupe de réaliser jour après jour et pendant une semaine avec le collectif pluridisciplinaire de La Briche des œuvres qui seront exposées au terme de ce séjour, et possiblement mobilisées lors du spectacle de fin de saison.

II.B. Présentation des résultats statistiques du questionnaire proposé aux enfants et aux jeunes :

Emmanuel Paris présente les résultats du traitement statistique des réponses formulées par les enfants et les jeunes de l’association au questionnaire portant sur le programme culturel « L’aventure de la vie ».

Emmanuel Paris précise que ce questionnaire, proposé aux enfants et aux jeunes sur le mode du volontariat, est mis à disposition des équipes pour la troisième année consécutive au terme de la saison culturelle ; à la mi-juillet.

On trouvera le détail de ces résultats ici.

Emmanuel Paris souligne deux résultats marquant cette livrée 2017 : un taux de participation en hausse notable, une plus grande réflexivité des participants (signifiée par exemple par la hausse des taux de réponses intermédiaires pour la question 6 : « J’ai réussi à dépasser mes difficultés »).

S’agissant d’une comparaison des résultats sur les trois années, Emmanuel Paris signale la persistance de réponses systématiquement positives pour chaque item du questionnaire et le maintien de réponses mitigées quant à la capacité à partager son activité culturelle au-delà de l’espace associatif.

Claire Oger dit que les résultats de ce questionnaire sont une nouvelle fois remarquables par leur positivité. Claire Oger dit que certaines formulations de questions ne sont pas forcément encore d’une compréhension aisée pour les enfants. Claire Oger cite par exemple la question 3 : « Mon entourage s’est intéressé à ce que j’ai fait dans ce projet ». Claire Oger se demande si les enfants peuvent par exemple comprendre le sens du mot « entourage » ; si tel n’était pas le cas, les enfants peuvent avoir participé à une action culturelle du programme en présence de parents ou d’amis, mais ne pas l’avoir à l’esprit lorsqu’il répond au questionnaire, et opter pour une réponse intermédiaire voire négative.

Eric Parot formule le même constat à propos des termes « manifestation » et « projet », dans la question 8 (« Je suis allé(e) voir une manifestation de [discipline pratiquée] depuis le début du      projet ? »).

Emmanuel Paris propose que ces formulations de question particulièrement équivoques soient à nouveau retravaillées par l’instance réunissant les représentants élus des enfants et des jeunes de l’association ; le Conseil de la Vie Sociale.

Francis Rembotte dit que cet outil évaluatif est remarquable ; rares sont les institutions mobilisant un tel dispositif avec la volonté de s’en saisir systématiquement d’année en année. Francis Rembotte dit qu’une comparaison des résultats d’une année sur l’autre est cependant malaisée, car les promotions d’enfants et de jeunes se renouvellent régulièrement.

Francis Rembotte dit que les variations signalées pour chaque question d’une année sur l’autre sont peu informatives ; Francis Rembotte recommande plutôt de dire en conclusions intermédiaires (après chaque chapitre) et en conclusion finale (à la fin du traitement du questionnaire) ce en quoi les résultats correspondent ou ne correspondent pas aux objectifs du programme culturel. Francis Rembotte dit que cet exercice rédactionnel systématique pourra aider la communauté éducative à améliorer l’efficacité du programme.

Emmanuel Paris propose d’intégrer ces rédactionnels au bilan final de la saison 2017-2018, qui sera publiée en novembre.

Fleur Guy dit que les enfants expriment d’ores et déjà dans leurs réponses le fait que le programme ait des effets sur eux. Fleur Guy cite par exemple les taux nettement positifs des réponses 1. (« Je suis fier (fière) d’avoir participé aux différents projets culturels tout au long de l’année ») et 17. (« J’ai noué des liens avec des personnes de mon groupe »).

Patrick Miquel dit que ce questionnaire se caractérise notamment par une grande sincérité des enfants dans le choix des réponses qu’ils choisissent.

Eric Legros dit que les enfants et les jeunes manifestent dans leurs réponses une grande capacité à penser par eux-mêmes et pour eux-mêmes les bienfaits du programme. Eric Legros précise que les réponses indiquent souvent le plaisir vécu par l’enfant à pratiquer une activité culturelle, et cette conscientisation doublée d’une capacité à en faire part leur seront importants dans leur vie d’adulte. Eric Legros parle de cette capabilité en terme d’apprentissage de la réflexivité, et voit dans ces réponses au questionnaire de très bons résultats en terme de développement personnel des enfants et des jeunes, soit l’un des objectifs au fondement du programme éducatif et culturel de l’association.

Anick Traguardi-Menet informe les participants d’un phénomène constaté par les équipes signalant l’essor du programme culturel dans la vie de l’établissement. Les enfants nouvellement arrivés sont en effet désireux de participer rapidement aux activités programmées, par exemple en assistant aux spectacles proposés chaque mois dans l’espace scénique de l’association. Anick Traguardi-Menet précise que ce phénomène est notamment dû au rôle joué par les enfants plus anciennement confiés à l’association ; ceux-ci initient les nouveaux arrivés, se font porte-parole du programme culturel auprès d’eux. Anick Traguardi-Menet précise que la résidence art / science 2017 a particulièrement joué dans la popularisation du programme auprès des enfants.

Anick Traguardi-Menet signale un autre phénomène émergent, témoignant de la vitalité du programme et ses effets positifs dans le grandissement des enfants et des jeunes accueillis. Ceux-ci demandent de plus en plus à expérimenter d’autres pratiques culturelles que celles mises en œuvre dans les Maisons les accueillant, ces pratiques culturelles à découvrir étant proposées par d’autres Maisons de l’association.

Claire Beugnet décrit par exemple un jeune de la Maison de la Danse, particulièrement doué pour la composition de textes en slam, et qui a demandé au professeur d’atelier et au chef de service de la Maison de la Musique la possibilité de participer aussi aux ateliers de cette maison.

Eric Legros valorise la mobilisation des équipes pour faire vivre le programme culturel. Eric Legros dit que, ce faisant, l’association est devenue ipso facto établissement culturel du territoire, c’est-à-dire l’un des objectifs du programme « L’aventure de la vie ».

Eric Legros demande s’il serait possible de forger un outil analogue au questionnaire, celui-ci adressé aux équipes. Eric Legros dit que ce sera là un autre point d’appui permettant d’objectiver les effets du programme sur la communauté éducative.

Francis Rembotte demande s’il serait possible d’individualiser cette évaluation, permettant de la sorte d’établir enfant par enfant des spécifications des effets du programme sur son devenir.

Claire Beugnet propose que la réunion de direction, organisée le 23 octobre avec les chefs de service, réfléchisse à la formalisation de cet outil. Claire Beugnet explique que les Maisons vont en effet, comme chaque année, renseigner le « Document Individuel de Prise en Charge » (DIPC) de chacun de leur enfant en présence de leur référente et référente de l’ASE, des parents confirmés par le Juge des Enfants dans leurs droits parentaux, des services pédopsychiatriques parties prenantes du parcours de l’enfant. Claire Beugnet précise que l’un des items du DIPC porte sur la manière dont l’enfant s’est appropriée les 6 mois précédents les activités culturelles du programme. Cette opportunité calendaire, conclut Claire Beugnet, permet d’expérimenter ce nouvel outil évaluatif, qui sera confié à chaque éducatrice et éducateur des Maisons pour être articulé au DIPC de l’enfant.

III. Présentation de la saison culturelle 2017-2018 :

Emmanuel Paris distribue aux participants la note de rentrée diffusée auprès des équipes et présentant au mois de septembre « Trait d’union », thème de la nouvelle saison.

Emmanuel Paris distribue aussi le programme mois après mois de cette saison 2016-2017.

Parmi les actions culturelles organisant ce programme, Emmanuel Paris signale un cycle d’ateliers d’écriture proposé aux enfants, réalisé par le comédien et metteur en scène Bernard Sultan, intervention rendue possible par une subvention de la DRAC Hauts-de-France.

Emmanuel Paris informe par ailleurs les participants de la résidence art / science 2018 aux Maisons, celle-ci financée pour la deuxième année consécutive par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France, accueillera Vincent Lascour, archéologue et Marion Fillancq, artiste verrier, du 8 janvier au 12 mars 2018. On trouvera quelques informations sur leur travail ici.

Emmanuel Paris signale que la résidence art / science 2019 est d’ores et déjà en préparation ; outre la Fondation Daniel et Nina Carasso, la Fondation de France, via son programme « Les nouveaux commanditaires », soutient l’association pour qu’une œuvre artistique monumentale puisse être inaugurée le 2 juillet 2019 sur le site archéologique du « petit déjeuner sous l’herbe ».

On trouvera plus d’informations sur le programme « Nouveaux commanditaires » ici.

Emmanuel Paris explique qu’une réunion a été organisée en septembre, rassemblant Emmanuel Dehée, présidente de l’association « La Maisons des Enfants de la Marine » propriétaire du site, les chefs de service, la direction, un enfant représentant des enfants et des jeunes, et Jean-Paul Demoule, pour que le cabinet de médiation en art contemporain « Art connexion », mandé par la Fondation de France, puisse présenter le calendrier de travail.

Emmanuel Paris précise que le 22 novembre sera présenté au collectif par le cabinet « Art   connexion » les artistes auxquels il pense tenant compte du cahier des charges définis par l’association. Emmanuel Paris distribue ce cahier des charges ; l’artiste qui acceptera de collaborer à ce projet culturel viendra régulièrement dialoguer avec la communauté éducative pendant l’année 2018, ces venues seront financées par la Fondation de France.

Emmanuel Paris conclut sur le fait qu’à l’invitation de la Fondation de France, il participera le 8 décembre à une rencontre permettant de présenter à des financeurs intéressés des actions culturelles de l’association pour lesquelles une levée de fonds est souhaitée. Parmi ces actions, le financement de la réalisation de l’œuvre artistique monumentale sera explicité.

Eric Legros dit que ce projet culturel permettra à la communauté éducative de se ré-approprier la pensée de long terme conscientisée à l’époque de l’opération « le petit déjeuner sous l’herbe », en juillet 2010.

Claire Beugnet informe les participants qu’à ce jour, trois enfants présents dans les effectifs ont participé à cette action culturelle dont le calendrier s’échelonne jusqu’en juillet 2050.

IV. Lecture commentée des résultats de l’enquête menée par le Défenseur des Droits au sujet de l’appropriation de la Convention Internationale des droits de l’enfant par la société française :

IV.A. Enquête sur l’accès aux droits :

Emmanuel Paris distribue aux participants le communiqué de presse du Défenseur des Droits présentant fin mai 2017 l’enquête, et l’enquête intitulée « Enquête sur l’accès aux droits. Volume      4 ».

On trouvera les informations et les liens permettant le téléchargement des deux documents ici.

Eric Legros présente la méthodologie retenue pour cette enquête, en insistant sur le nombre de personnes ayant accepté de répondre au questionnaire (5000 personnes), soit un échantillon largement représentatif de la société française.

Eric Legros, parmi les phénomènes remarquables mis en visibilité par cette enquête, cite notamment les problématiques intrafamiliales comme factrices de frein à la socialisation des maltraitances sur les enfants en tant que phénomène déviant. Eric Legros précise que ces inhibitions génèrent deux types de censures ; soit les personnes ne parviennent pas à formuler par elles-mêmes le fait d’être maltraitées, soit leur maltraitance n’est pas reconnue ou n’est pas signalée aux autorités.

Eric Legros et Emmanuel Paris remarquent par ailleurs (p. 13 de l’enquête), que le « respect de l’intérêt supérieur de l’enfant » est peu cité par les répondants quand il s’agit de dire quels droits de l’enfant sont connus d’eux. Cette formule juridique est particulièrement portée par le Défenseur des Droits ; sa méconnaissance dans l’opinion française indique combien un travail pédagogique important reste à faire par cette instance pour populariser le concept d’intérêt supérieur.

Eric Legros explique que le travail du Défenseur des Droits est en effet de se saisir de cas de personnes dont il estime que les administrations publiques ont mésestimées les droits. Le Défenseur des Droits est par conséquent une instance reconnue par la convention de notre République comme au-dessus des magistères exercés par les services de l’Etat qui en justice, qui dans les préfectures, etc. Il est dès lors très important pour l’efficacité des interventions du Défenseur auprès de ces administrations, que tous citoyens comprennent précisément les motifs de ses saisines et auto-saisines.

Francis Rembotte dit que ces actions sont plus souvent inefficaces s’agissant des jeunes mineurs isolés étrangers que des autres enfants et jeunes de la République, et cite en exemple la persistance de nombreuses situations anormales suite au démantèlement des campements de migrants autour de Calais. La prise en charge des jeunes mineurs isolés étrangers par les services et associations désignés par l’Etat est loin d’être satisfaisante, malgré les interventions répétées du Défenseur des Droits à ce sujet.

Eric Legros dit plaider régulièrement auprès du collège des droits de l’enfant du Défenseur des Droits pour que, conformément à la loi qui donne les mêmes droits à tous les mineurs, étrangers ou pas, les Maisons d’Enfants à Caractère Social  soient habilitées à recevoir des mineurs isolés étrangers.

Emmanuel Paris informe les participants que, dans le cadre de l’axe de travail convenu lors de la réunion plénière du 6 juillet 2017 portant sur une analyse terminologique des termes employés par les institutions pour qualifier les enfants et les jeunes accueillis, l’enquête conclut page 29 et 30 sur le fait que la formule « droits de l’enfant » peut prêter à confusion et recommande de systématiser l’usage de la mention « droits des enfants et des adolescent.e.s ».

Patrick Miquel dit que le recours à la formule « droits des mineurs » ferait gagner en efficacité l’appropriation par la société française de ce corpus juridique.

IV.B. Dispositif « Educadroit » :

Emmanuel Paris distribue aux participants la charte des parties prenantes du dispositif « Educadroit », dont on trouvera le contenu ici.

Eric Legros explique que le Défenseur des Droits, soucieux des nécessités pédagogiques dont le Conseil scientifique vient de discuter à propos des enseignements de l’enquête sur l’accès aux droits, a inauguré dernièrement le dispositif « Educadroit » dont on trouvera le contenu ici.

Eric Legros dit que l’association, de par son activité quotidienne, la façon dont la parole de l’enfant est prise en compte pour toutes décisions le concernant, la manière dont l’enfant contribue au rayonnement du programme culturel, a toute sa place dans le collectif faisant vivre « Educadroit » et propose qu’une candidature officielle soit adressée à ce sujet à Geneviève Avenard, Défenseure des enfants et adjointe du Défenseur des Droits.

Eric Legros précise qu’en l’état, peu d’établissements sociaux et médico-sociaux se sont déclarés intéressés pour participer à l’animation de ce dispositif. Eric Legros dit que cet engagement pourrait permettre aux Maisons d’approfondir la réflexion sur la nature du droit, les raisons pour lesquelles le droit a été inventé par les humains dans le cadre de processus civilisationnels. Eric Legros observe qu’un des problèmes auquel se confronte cette réflexion tient trop souvent d’une pensée dialectique, qui ne parvient pas à dissocier les droits des enfants des devoirs que les adultes escomptent d’eux.

Claire Beugnet observe que cette articulation est aussi présente dans la charte du dispositif Educadroit : « Indispensable au fonctionnement et au maintien de notre contrat social, le droit remplit des fonctions essentielles : il structure et rend possible la vie en société, il fonde et encadre l’action des pouvoirs publics, il traduit et protège des valeurs collectives, il délimite les droits et les devoirs de chacun, il permet encore une résolution pacifique des conflits, au besoin par l’appel au juge » (nous soulignons).

Francis Rembotte cite Victor Hugo (in « Actes et paroles. III ») : « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Être libre, rien n’est plus grave ; la liberté est pesante, et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience ; dans la conscience, le droit se retourne et devient devoir. Prenons garde à ce que nous faisons ; nous vivons dans des temps exigeants. Nous répondons à la fois de ce qui fut et de ce qui sera. Nous avons derrière nous ce qu’ont fait nos pères et devant nous ce que feront nos enfants. Or à nos pères nous devons compte de leur tradition et à nos enfants de leur itinéraire. Nous devons être les continuateurs résolus des uns et les guides prudents des autres. Il serait puéril de se dissimuler qu’un profond travail se fait dans les institutions humaines et que des transformations sociales se préparent. Tâchons que ces transformations soient calmes et s’accomplissent, dans ce qu’on appelle (à tort, selon moi) le haut et le bas de la société, avec un fraternel sentiment d’acceptation réciproque. Remplaçons les commotions par les concessions. C’est ainsi que la civilisation avance. Le progrès n’est autre chose que la révolution faite à l’amiable. »

Patrick Miquel dit que ce qui est intéressant, c’est en effet de travailler avec les enfants cette philosophie du droit. Patrick Miquel cite par exemple la réflexion sur ce que signifie contractualiser quelque chose avec quelqu’un. Patrick Miquel formule quelques mises en perspectives particulièrement intéressantes à découvrir avec l’enfant ; le fait que la contractualisation manifeste la reconnaissance de l’autre partie prenante comme capable de faire ce que le contrat formule, le fait que cette forme de lien social inclue la possibilité d’un regard critique permettant l’amélioration de la chose à faire ensemble, etc.

Eric Legros dit que le dispositif « Educadroit » n’est pas très étayé quant au thème de la filiation, et propose que le Conseil scientifique y abonde.

Claire Oger dit que dans des communications publiques précédentes, le Défenseur des Droits avait utilisé la formule des « non publics » pour qualifier les personnes qui ne sont pas reconnues dans leurs droits. Claire Oger observe que cette formule problématique a été régulièrement discutée lors de réunions du Conseil scientifique, notamment dans un dialogue avec les partenaires muséaux de l’association.

Claire Oger dit qu’il serait intéressant que François Roy puisse restituer quelques textes antiques narrant la création des tribunaux, la naissance du droit.

Claire Oger dit qu’il est de même intéressant de montrer la place essentielle du tiers dans la fabrique du droit.

Anick Traguardi-Menet dit que les éducatrices et éducateurs peuvent souvent être pris dans leur travail quotidien par les contradictions du droit. Anick Traguardi-Menet cite par exemple le fait de devoir vacciner des enfants avec l’accord des parents, quand ceux-ci ne répondent pas aux requêtes à ce sujet de la part des équipes.

Claire Beugnet dit qu’il est du devoir des équipes de respecter le droit, y compris dans ses contradictions.

Claire Beugnet précise que, l’engagement dans le dispositif « Educadroit » engageant l’association, il appartient au conseil d’administration de valider cette participation à ce dispositif. Claire Beugnet dit qu’elle en fera la proposition lors du prochain Conseil d’administration, prévu en janvier 2018, et le cas échéant la charte sera alors signée par le Président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ».

Emmanuel Paris propose que, dans cette éventualité et pour la première année de participation au dispositif « Educadroit », un bilan qualitatif de l’existant aux Maisons soit proposé.

Claire Beugnet dit que, parallèlement, les fiches mises à disposition sur le site Internet d’ « Educadroit » pour sensibiliser au droit et aux droits des enfants, pourraient être aussi diffusées dans les Maisons.

V. Retour sur les discours de rentrée du Ministre de l’Education Nationale présentant les axes de travail de son mandat :

Emmanuel Paris distribue aux participants deux documents dont on trouvera le détail ici et ici.

Emmanuel Paris informe les participants que, parmi les différents axes de travail cités par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, dans le cadre de son mandat, le recours aux neurosciences pour améliorer les pratiques pédagogiques et l’approfondissement des actions en matière d’éducation artistique et culturelle pour socialiser mieux encore les enfants et les jeunes, correspondent à deux engagements de l’association, la première en gestation, la seconde plus aboutie.

S’agissant des neurosciences, explique Emmanuel Paris, la présence de Pierre Lemarquis au Conseil scientifique marque l’intérêt de l’association pour explorer les effets corporels des actions culturelles développées dans le cadre du programme « L’aventure de la Vie ».

Emmanuel Paris précise que, cette saison, un cycle de séminaires proposés par Pierre Lemarquis à l’attention des éducatrices et éducateurs intéressés sera organisé, et commencera le 19 janvier après-midi.

Emmanuel Paris informe les participants que des chefs de service et des éducatrices et éducateurs se sont dits intéressés pour participer à ce séminaire.

Emmanuel Paris cite par exemple ce passage dans le texte distribué, mentionnant un lien fort entre la zone cérébrale dédiée à la reconnaissance des visages et objets, qui par suite devient celle de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Emmanuel Paris dit que ette information est importante, car elle renforce ce geste du quotidien que toute équipe de l’association initie d’emblée avec l’enfant nouvellement arrivé ; se dire bonjour, en se serrant la main, en se regardant dans les yeux.

Claire Oger dit qu’il faudra faire attention à ne pas interpréter de manière erronée les savoirs issus des neurosciences.

Eric Legros dit que l’apport de ces éclairages pourra soutenir et encourager les éducatrices et éducateurs dans leurs intuitions éducatives.

Au sujet de l’éducation artistique et culturelle, Emmanuel Paris dit, sous réserve de confirmation, que le décret distribué, paru en mai 2017 sous le précédent gouvernement, devrait être confirmé dans ses grandes lignes par le ministère. Emmanuel Paris relève que le concept de « parcours d’éducation artistique et culturelle » y prend une place importante, encourageant la coordination des acteurs de la société civile et de l’Education nationale parties prenantes de l’emploi du temps journalier et hebdomadaire de l’enfant, pour que ses pratiques artistiques et culturelles gagnent en cohérence et en intensité.

Claire Oger et Anick Traguardi-Menet signalent la fragilité des actions en matière d’éducation artistique et culturelle dans les établissements scolaires.

Emmanuel Paris précise que l’association a la chance d’agir dans un territoire culturel où les « Contrat Locaux d’Education Artistique » (CLEA) sont cependant nombreux, fondant pour les enfants et les jeunes autant de point d’appuis pour continuer à créer en Maisons les créations initiées avec l’intervenant dans leur établissement scolaire.

Eric Legros précise que, par l’activité du Centre de Jour certifié par l’Education nationale, l’association est aussi, de fait, un établissement scolaire.

Claire Oger recommande de contacter Robin Renucci en sa qualité de membre du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle du Ministère de l’Education nationale pour lui proposer un retour d’expériences sur les actions développées par l’association en partenariat avec les établissements scolaires et les collectivités territoriales.

VI. Questions annexes :

Claire Beugnet distribue aux participants l’article de presse relatant les premiers enseignements de l’enquête ELAP (« Etude longitudinale sur l’autonomisation des jeunes après un placement »), au sujet de laquelle le Conseil scientifique avait consacré échanges et analyses lors de réunions précédentes.

Claire Beugnet observe que cette étude montre l’importance du maintien du dispositif « Contrat Jeune Majeur » pour accompagner les jeunes qui, de 17 à 21 ans, préparent leur devenir adulte une fois la mesure éducative légalement achevée.

Patrick Miquel rappelle que le « Contrat Jeune Majeur » est accessible, de droit, à tous jeunes de la République correspondant aux barèmes sociaux définis par la Loi. Patrick Miquel qu’il est possible de poser recours devant le tribunal administratif dans l’hypothèse où ce contrat n’est pas accordé à une demande pourtant fondée selon les critères définis.

Emmanuel Paris informe les participants que l’étude portant sur les sentiments d’appartenance au territoire des enfants et des jeunes de l’association, co-dirigée par Fleur Guy et Claire Oger, a été soutenue financièrement par l’institution, moyennant une convention avec le laboratoire universitaire de Claire Oger.

Emmanuel Paris dit que cela constitue une date importante pour l’association, devenant ainsi actrice de la recherche scientifique nationale, reconnue comme telle par les acteurs de ce champ.

Claire Oger propose que l’association soit créditée en conséquence en tant que partenaire sur le site Internet du CEDITEC (« Centre d’étude des discours, images, textes, écrits, communication ») de l’Université Paris Est Créteil.

Les membres du Conseil scientifique agréent cette proposition.

Claire Oger précise que la dotation accordée par l’association permettra la retranscription écrite des entretiens itinérants accordés par les enfants et les jeunes en juillet 2017. Claire Oger dit que les enfants et les jeunes concernés pourront ainsi relire ces retranscriptions en sa compagnie ainsi que de celle de Fleur Guy, pour validation, en janvier 2018.

Emmanuel Paris informe les participants qu’il finalise avec l’Université Paris Descartes la convention permettant le même soutien pour l’avancement de l’étude réalisée par Elsa Ramos et Olivier Martin auprès des anciennes et des anciens de l’institution.

Emmanuel Paris informe les participants que l’association collaborera à une seconde étude, proposée par Olivier Martin en coordination avec des chercheurs de l’INJEP (« Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire »), portant sur les usages des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) par les enfants et les jeunes de l’association. La problématique de cette étude, encore au stade de la préparation (d’autres institutions seront sollicitées prochainement) est la suivante : dans quelle mesure et selon quelles modalités (Internet, réseaux sociaux numériques, smartphones, etc.) l’extérieur pénètre-t-il dans les Maisons et, inversement, qu’est-ce qui sort des Maisons vers l’extérieur ?

Emmanuel Paris propose  qu’à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil scientifique soit notamment proposé une lecture commentée de la thèse de doctorat soutenue en 2013 par Benjamin Denecheau et intitulée « Étude comparative de l’accrochage scolaire des enfants placés en France et en Angleterre. La suppléance familiale à l’épreuve de la question scolaire ».

Emmanuel Paris précise que cette thèse lui a été recommandée par Claire Oger ; ce travail permet de réfléchir à la notion d’« alliance éducative », c’est-à-dire la constitution de groupes humains ad hoc par l’éducateur spécialisé, qui en France, qui en Grande-Bretagne, pour créer un écosystème dédié à l’épanouissement scolaire de l’enfant placé.

Les membres du Conseil scientifique agréent cette proposition.

On trouvera le texte de cette thèse ici.

Les membres du Conseil scientifique fixent les dates des prochaines réunions de l’instance : le 19 janvier 2018 et le 6 avril 2018, à chaque fois de 10h à 13h.

Eric Legros, président du Conseil, clôt la quinzième séance du Conseil scientifique.