Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 22 avril 2016

Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique
22 avril 2016

Présents :

Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Fleur Guy, docteure en géographie, Université d’Artois
Pierre Lemarquis, neurologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde
Patrick Miquel, précédent directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais
Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », coordinateur du Conseil scientifique
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED
Florian Sailly, représentant des enfants et des jeunes de l’association
Annick Traguardi-Menet, représentante du personnel de l’association

Excusés :

Jean-Paul Delevoye, précédent président du Conseil Economique Social et Environnemental
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie, Université Paris 1
Philippe Hazelart, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Legros, vice-président du Conseil scientifique
Danielle Maerten, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes
Noël Quéré, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Jean-François Rey, professeur honoraire en philosophie, Université d’Artois

En l’absence de M. Noël Quéré, la réunion est présidée par Madame Claire Beugnet.

Ouverture de la dixième séance du Conseil scientifique par Madame Claire Beugnet.

En raison de la longueur conséquente de ce compte-rendu, nous proposons une fiche résumé de cette réunion :

I. Renouvellement de la composition du Conseil scientifique :

Madame Claire Beugnet remercie Monsieur Patrick Miquel pour son acceptation de renouveler son engagement en qualité de membre du Conseil scientifique.

Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que Monsieur Jean-Paul Delevoye, parrain des éditions 2012, 2013, 2014 et 2015 du festival « Les Journées d’Enfance », président du Conseil Economique Sociale et Environnemental entre 2010 et 2015, a accepté d’intégrer le Conseil scientifique.

II. Point sur l’état d’avancement des projets culturels développés avec nos partenaires cette saison 2015-2016 :

Monsieur Emmanuel Paris informe les participants des actions culturelles réalisées depuis la précédente réunion du Conseil scientifique, le 8 janvier 2016.

Le 4 février 2016, dans le cadre de la « Conférence du jeudi », conférence organisée chaque premier jeudi du mois, de 11h à midi, dans le Café-théâtre Michel Lafond (équipement culturel de notre institution) à l’attention des jeunes du Centre de Jour, de la Maison Vive et des équipes éducatives de l’institution, Monsieur Patrick Bourdet, Président Directeur Général d’AREVA Med., est venu présenter aux auditeurs son parcours de vie, relaté dans l’ouvrage « Rien n’est joué d’avance » paru en 2014 aux Editions Fayard.

Monsieur Patrick Bourdet a tout au long de cette journée découvert la politique mise en œuvre par l’institution, et a accepté de devenir parrain du festival « Les Journées d’Enfance ». Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que le 11 mars 2016 à Paris, au siège de l’entreprise Areva, Madame Claire Beugnet et Monsieur Patrick Bourdet ont réalisé l’entretien filmé qui sera diffusé lors du colloque, le 8 juillet prochain. On trouvera la trame de cet entretien sur notre site Internet ici.

Le 22 mars 2016, Monsieur Eric Legros, vice-président de notre Conseil scientifique, a animé la journée d’études la journée honorant la vingtième année d’existence du CNAHES (Conservatoire National des Archives et de l’Histoire de l’Education Spécialisée et de l’action sociale). On trouvera le compte-rendu de cette journée sur notre site Internet ici.

Le 23 mars 2016, l’institution a animé le Musée de Boulogne-sur-mer pour la seconde année consécutive dans le cadre de la convention « Hors les murs ». Cette année, les enfants et les jeunes ont proposé aux spectateurs (120 personnes) des créations originales en arts de la scène et en arts plastiques autour de l’exposition temporaire du Musée : « Il était une fois… », constituée de contes, légendes, mythes et récits du monde entier et à travers les âges. On trouvera le compte-rendu de cette animation sur notre site Internet ici.

Les 30, 31 mars et 1 er avril 2016 à Montpellier, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) a organisé son trente-deuxième congrès. A cette occasion, le programme « L’aventure de la vie » de notre institution a été cité en exemple pour le développement des pratiques dans le champ de l’éducation spécialisée ; un film réalisé par des représentants de cette fédération a été à cette fin diffusé durant le congrès. On trouvera le contenu de ce film sur notre site Internet ici.

Les 4, 5 et 6 avril 2016, Madame Elsa Ramos, maître de Conférences en sociologie à l’Université Paris Descartes, a continué l’étude réalisée avec Monsieur Olivier Martin, membre de notre Conseil scientifique, étude portant sur les sentiments et les conditions pratiques de l’autonomie et de l’indépendance. Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que Madame Elsa Ramos et Monsieur Olivier Martin ont à ce jour rencontré en entretien 13 anciennes et anciens de l’institution, c’est-à-dire ayant vécu durant leur enfance soit au sein du Refuge Sainte-Anne devenu par suite Foyer Educatif de la Côte d’Opale, soit au sein de la Maison des Enfants de la Marine. Monsieur Emmanuel Paris donne quelques informations techniques complémentaires : Madame Elsa Ramos et Monsieur Olivier Martin tablent sur 25 entretiens à réaliser, les entretiens effectués jusqu’à présent durent entre 30 minutes et deux heures, une quasi parité hommes / femmes caractérise cette cohorte, la tranche d’âge va de 23 ans à 53 ans.

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Monsieur Emmanuel Paris propose à Madame Fleur Guy et Madame Claire Oger de présenter un point d’étape sur leur étude menée avec les enfants de l’institution, et qui porte sur les sentiments d’appartenance au territoire.

Madame Claire Oger informe les participants que sur les sept entretiens itinérants réalisés en juillet 2015, six ont été validés par les enfants concernés lors de rendez-vous destinés à relier ensemble les retranscriptions écrits. Le septième enfant n’a pu valider la retranscription de son entretien, car il a quitté les effectifs de l’institution à l’automne 2015, mais l’enfant a donné son accord pour que son entretien itinérant puisse faire partie du corpus de cette première phase de l’étude.

Mesdames Fleur Guy et Claire Oger informent les participants que des analyses et résultats issus de cette première phase seront présentés lors du colloque, en juillet prochain. Mesdames Fleur Guy et Claire Oger ont informé les enfants concernés que, dans cette perspective, leurs propos seront anonymés mais qu’il est possible que des personnels éducatifs de l’institution, connaissant particulièrement le parcours de vie des enfants, comprennent durant les présentations qu’il s’agit d’eux. Mesdames Fleur Guy et Claire Oger précisent que les enfants, informés de cette possibilité, ont donné leur accord pour que ces présentations soient faites lors du colloque.

Mesdames Fleur Guy et Claire Oger disent à propos de cette première phase que tous les enfants concernés leur ont exprimé la satisfaction d’avoir participé à cette démarche, un enfant proposant de renouveler l’exercice de l’entretien itinérant afin de les emmener sur des lieux qu’il n’avait pas retenus en juillet 2015.

Mesdames Fleur Guy et Claire Oger disent que les enfants concernés les ont emmenées systématiquement sur des lieux hors des Maisons de culture dans lesquelles ils vivent, et que la dominante des sentiments exprimés à leur propos est de l’ordre du « lieu positif ».

Mesdames Fleur Guy et Claire Oger proposent qu’une deuxième phase d’entretiens itinérants soit réalisée au mois de juillet 2016, après le festival « Les Journées d’Enfance ». Le protocole permettant la constitution de ce deuxième groupe d’enfants accordant un entretien itinérant reprendrait la méthodologie employée lors de la première phase, lors de la précédente saison culturelle.

Mesdames Fleur Guy et Madame Claire Oger demandent s’il est possible de privilégier les enfants ayant candidaté l’année dernière pour la première phase d’entretiens, et qui n’avaient pas été retenus par les chefs de service et la direction de l’institution. Madame Claire Beugnet agrée cette proposition.

Madame Claire Oger demande de notamment privilégier l’envoi postal aux parents et tuteurs légaux de ces enfants, permettant d’autoriser ceux-ci à présenter des lieux qui leur sont importants, y compris dans des espaces relevant de la biographie familiale. Monsieur Emmanuel Paris agrée cette proposition.

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Monsieur Emmanuel Paris propose aux participants de visionner un film réalisé le 2 juillet 2012 sur le site du « petit déjeuner sous l’herbe », à l’occasion de la première année du rassemblement partie prenante du festival « Les Journées d’Enfance ». Monsieur Emmanuel Paris explique que les personnes s’exprimant dans ce film sont des anciens de la Maison des Enfants de la Marine, ayant vécu enfants au sein de cette institution durant les années 1970. Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que l’une des personnes s’exprimant dans ce film a accepté de rencontrer Madame Elsa Ramos en entretien début avril 2016, dans le cadre de la troisième phase d’entretiens de l’étude portant sur les sentiments et conditions pratiques de l’autonomie et de l’indépendance.

Les participants visionnent ce film, d’une durée d’une durée de 25 minutes, que Monsieur Emmanuel Paris a transmis pour information à Madame Elsa Ramos et Monsieur Olivier Martin.

Mesdames Claire Beugnet et Annick Traguardi-Menet disent que ce témoignage filmé a valeur d’universalité, car il exprime des thèmes tels la séparation d’avec les parent et ses effets sur les enfants ; l’importance du lien avec les éducatrices et éducateurs ; le bienfait consolateur des gestes affectifs de leur part à l’attention des enfants placés.

Madame Claire Oger relève la précision de la mémoire des noms dans ces expressions testimoniales.

Madame Annick Traguardi-Menet dit que les professionnels, pris dans l’intensité du quotidien de travail, ne mesurent pas forcément l’importance qu’ils ont pour les enfants avec lesquels ils vivent et pensent et agissent. Madame Annick Traguardi-Menet relèvent que les mots employés dans ce film par les deux personnes caractérisent une période, et ne sont plus utilisés aujourd’hui : « orphelinat », « moniteur », « couple » (NDA : les deux personnes ayant vécu dans les années 1970 au sein de la Maison de la Marine ont connu une direction dont les deux représentants vivaient en couple).

Madame Claire Oger dit que ce lien spécifique pour des personnes exerçant au travail est aujourd’hui moins verbalisé en raison de la professionnalisation qui a profondément modifié le champ de la protection de l’enfance.

Monsieur Patrick Miquel dit que cette professionnalisation a notamment eu deux effets, l’un positif et l’autre négatif : la professionnalisation a permis d’écarter du champ des personnes n’ayant pas les compétences requises pour exercer les métiers de l’éducation spécialisée. La professionnalisation a aussi eu pour conséquence de légitimer une déshumanisation du lien avec l’enfant, celui-ci devenant en quelque sorte un simple « sujet d’étude » pour les professionnels.

Madame Claire Beugnet approuve cette observation, signalant que Monsieur Eric Legros s’était mobilisé tout au long de son mandat de directeur de l’institution pour ré-humaniser le lien à l’enfant, légitimer l’affectif dans le travail quotidien des personnels.

Madame Annick Traguardi-Menet approuve ces analyses, disant que l’affect était un tabou et nommant la formule pour dire les métiers de l’éducation spécialisée : « technicien de la relation ».

Monsieur Patrick Miquel précise que les écoles apprenant aux pré-diplômés les métiers de ce champ avaient pour intitulé « Institutions de formation des techniciens de l’enfance inadaptée ».

Monsieur Pierre Lemarquis relève une phrase dite à plusieurs reprises par l’une des deux personnes durant le film : « Ça m’a fait du bien de parler de ce que j’ai vécu ». Monsieur Pierre Lemarquis dit qu’il serait intéressant de demander à cette personne à partir de quand cette parole libérée lui a, de son point de vue, apporté un bienfait.

Madame Fleur Guy relève une autre phrase dite par les deux personnes durant ce film, phrase exprimant leur étonnement quant à l’ouverture spatiale manifestée par le site de la ferme de Bertinghen au moment où ce témoignage est filmé. Par comparaison, dit Madame Fleur Guy, les deux personnes insistent régulièrement dans ce film sur le caractère fermé de l’institution qu’ils ont connue enfants. C’est là, observe Madame Fleur Guy, un autre marqueur de l’évolution du champ professionnel, structurant les espaces de vie des enfants autour de l’idée d’ouverture sur le territoire.

Madame Claire Oger dit qu’il serait intéressant de voir quels sont les espaces de parole agréés par ces personnes pour accepter de témoigner sur leur parcours de vie.

Madame Claire Oger demande à Monsieur Florian Sailly ce qu’il a pensé du témoignage des deux personnes. Madame Claire Oger demande à Monsieur Florian Sailly s’il se reconnaît dans leur propos.

Monsieur Florian Sailly exprime un sentiment partagé ; c’est à la fois différent et semblable. Monsieur Florian Sailly explique aux participants que les conditions de vie décrites par les deux personnes dans ce film ne sont plus d’actualité. Monsieur Florian Sailly dit cependant la similitude des parcours de vie à propos des thèmes de la séparation d’avec les parents, du sentiment de culpabilité d’avoir été placé en institution, de la difficulté de convenir pour soi-même que cette mesure éducative n’est pas due à l’enfant, mais en raison d’une carence parentale. Monsieur Florian Sailly relève en particulier une phrase exprimée par ces personnes durant le film ; il est important d’entendre ces personnes dire qu’il ne faut jamais perdre espoir.

Madame Claire Beugnet approuve les observations faites par Monsieur Florian Sailly. Madame Claire Beugnet insiste par ailleurs sur cette phrase entendue durant le visionnage du film : « Quand on est enfant, on ne peut pas comprendre ce que nous disent les éducateurs pour penser ce que nous sommes en train de vivre ». Madame Claire Beugnet dit que cette phrase manifeste un problème souvent travaillé dans l’institution. Les messages que l’institution de faire passer aux enfants – s’ils ne sont pas entendus au moment où elle les formule, ne sont pas pour autant « perdus » pour les enfants. Madame Claire Beugnet observe à ce propos que les deux personnes s’exprimant dans le film disent avoir compris a posteriori, plusieurs années après la fin de la mesure éducative, ce que leurs éducateurs leur disaient pour comprendre la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Madame Claire Oger relève une autre phrase, dite à la fin du film. Les deux personnes disent qu’aujourd’hui encore, des membres de la famille leur reprochent le placement vécu à l’époque, leur imputant cette responsabilité alors que ce n’est pas le cas. Madame Claire Oger propose que ce film soit diffusé dans chaque maison de l’institution, afin que les enfants et les équipes puissent débattre autour des thèmes exprimés par ces témoignages.

Madame Claire Beugnet et Monsieur Emmanuel Paris agréent cette proposition.

Madame Claire Beugnet explique aux participants que l’ouvrage de Monsieur Patrick Bourdet : « Rien n’est joué d’avance », raconte un parcours de vie ayant des points communs avec ceux des deux personnes de de ce film, et que les équipes de l’institution ont lu et partagé avec grand intérêt cet écrit.

Madame Claire Beugnet dit qu’un des principes directeur de la politique d’établissement de l’institution – que les enfants et les jeunes se disent fiers d’avoir vécu aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale – peut par ailleurs encourager l’aptitude à prendre la parole pour dire son parcours de vie.

Monsieur Patrick Miquel, à propos de ces questions de se définir soi aux autres, relève une phrase dite durant le film : les personnes se disent « enfants de la Marine » et non pas « enfants de la DASS ». Monsieur Patrick Miquel relèvent que, souvent, les anciens d’institutions de l’éducation spécialisée se disant « enfants de la DASS » sont des personnes ayant vécu difficilement en famille d’accueil.

Monsieur Florian Sailly explique aux participants que le thème du sentiment d’appartenance à une communauté (NDA : une fois devenus adultes, se dire fier d’avoir vécu aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale), est un thème de discussion régulier entre enfants de la Maison de culture dans laquelle il vit. Monsieur Florian Sailly explique que ce sujet ne fait pas consensus : pour les uns, il est inconcevable de dire plus tard, par exemple à un employeur potentiel, sa vie vécue au sein d’une institution de protection de l’enfance ; pour les autres – dont se réclame Monsieur Florian Sailly, il est au contraire bienvenue de mentionner ce parcours de vie tant l’institution offre des activités et une organisation particulièrement bénéfiques.

Monsieur Eric Parot dit que ce film est intéressant, mais ne permet pas de découvrir dans le détail la dureté de la vie vécue au sein d’une institution et à une époque aujourd’hui heureusement révolue.

Madame Claire Oger dit que ces entretiens spontanés ne permettent que rarement d’accéder à des informations détaillées et précises. Madame Claire Oger ajoute que, pour y parvenir, des entretiens de deux heures ininterrompues sont nécessaires.

Monsieur Pierre Lemarquis dit que ce témoignage visionné lors cette réunion lui rappelle le film de cinéma « The Magdelene Sisters », sorti sur les écrans en 2002.

III. Point sur l’état d’avancement du soutien accordé par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France à notre programme éducatif et culturel « L’aventure de la vie » :

Monsieur Emmanuel Paris informe les participants qu’après la précédente réunion du Conseil scientifique, le 8 janvier 2016, la Fondation a reçu le programme d’actions demandé au titre de l’intronisation du programme « L’aventure de la vie » en tant que projet stratégique de la Fondation.

Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que ce document n’a pas été retenu en l’état par la Fondation ; la Fondation a en effet considéré que le programme d’actions proposé excédait son périmètre d’engagement, centré sur les contenus artistiques.

Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que la Fondation a demandé une nouvelle version de la proposition de programme d’actions trisannuel, élaboré autour de l’organisation de résidences artistiques ; cette nouvelle proposition, en cours de rédaction, sera examinée par le comité exécutif de la Fondation le 8 juillet 2016.

Monsieur Emmanuel Paris dit que le Conseil scientifique sera tenu informé des développements de cette seconde phase lors de la réunion organisée en octobre 2016.

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Monsieur Emmanuel Paris informe les participants que l’association a présenté depuis la précédente réunion du Conseil une réponse à l’appel à projets « Ensemble pour la jeunesse », organisé par la Fondation Auchan sous l’égide de la Fondation de France.

Monsieur Emmanuel Paris distribue aux participants les documents constitutifs de cette réponse à l’appel à projets de la Fondation Auchan.

Cette demande propose de financer le développement d’un nouvel espace éducatif dans les trois années à venir au sein de l’espace associatif. Il s’agit de faciliter la mise en place de nouvelles politiques pédagogiques et d’insertion professionnelle pour deux groupes d’enfants et de jeunes de l’institution : le groupe du « Centre de Jour » et le groupe des studios de la Maison des Découvreurs.

Monsieur Emmanuel Paris explique que le développement de nouvel espace éducatif répond à un diagnostic formulé à propos de ces deux groupes : une difficulté accrue pour ces enfants et ces jeunes à acquérir qualifications et ou diplômes dans le cadre de leur cursus scolaire.

D’après les sources officielles :
– en 2012 dans le boulonnais, 22,7 % de la population âgée de 15 ans et plus non scolarisée était sans diplôme (source : http://ostb.agglo-boulonnais.fr/chiffres-cles/).
– en 2011 au niveau national, ce taux était de 11.9% (source : http://www.education.gouv.fr/cid61581/sortants-sans-diplome-et-sortants-precoces.html).
L’écart est donc statistiquement significatif, et les enfants et les jeunes de notre institution sont particulièrement concernés par ce phénomène.

Monsieur Emmanuel Paris précise qu’il ne s’agit pas de se substituer à l’Education Nationale, mais de permettre à ces enfants et ces jeunes de bénéficier d’outils développés en interne, permettant de faciliter l’acquisition du socle commun des connaissances (enfants et jeunes du Centre de Jour) et la progression dans l’échelle des salaires une fois le premier contrat professionnel acquis (jeunes des studios de la Maisons des Découvreurs).

Il s’agirait pour les jeunes du Centre de Jour (dont la devise est « redonner le goût d’apprendre ») de suivre des ateliers avec une association locale : « Coding and bricks », dont la politique de médiation est plus amplement décrite ici.

Monsieur Emmanuel Paris dit que l’institution constate en effet que les enfants ont une capacité de concentration et une difficulté à s’engager dans des projets s’étalant sur plusieurs séances.

Il en va de même pour les apprentissages scolaires : compter, lire, calculer, lesquels sont particulièrement affectés par ces problèmes d’inattention, de retards cognitifs, ce qui nourrit une mésestime de soi pour ces enfants et ces jeunes aspirant à retrouver très vite les voies d’une normalisation par la re-scolarisation. M. Emmanuel Paris dit que les activités culturelles hebdomadaires d’ores et déjà existantes au Centre de Jour : l’atelier théâtre et l’atelier arts plastiques, les ateliers sport et techniques (jardinage et mécanique auto) gagneraient en homogénéité avec l’apport de la médiation portée par l’association « Coding and bricks ». Basée sur le jeu, celle-ci cultiverait et enrichirait en effet le fondement de ces différents ateliers et aurait prise avec les spécificités de chacun d’entre-eux : bien écrire, bien lire, bien compter, bien concevoir, bien observer, bien faire, bien dire.

S’agissant des jeunes des studios de la Maison des Découvreurs, Monsieur Emmanuel Paris informe les participants qu’il s’agirait par la création de ce nouvel espace éducatif et pour les jeunes qui, à partir de leur 17 ans, peuvent demander à intégrer les studios (lieux de vie individuels implantés au sein de notre espace associatif et dédiés à l’autonomisation), de travailler en ateliers les prérequis de l’insertion professionnelle pour des postes présentant une valeur ajoutée sur le marché du travail. L’institution constate en effet que les jeunes, concourant à l’obtention d’une allocation « Contrat Jeune Majeur » auprès du Conseil départemental, ont bien souvent de la difficulté à formuler un projet sur trois ans, et à s’y tenir une fois formulé.

L’institution observe par ailleurs que les disponibilités des tuteurs, dans le cadre par exemple des contrats d’apprentissage, sont susceptibles de ne pas leur permettre d’apprendre les prérequis pour accéder à des postes de conception et de décision lors de leur parcours professionnel. De fait, les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance dans les pays de l’OCDE trouvent non seulement plus difficilement un emploi que le reste de la jeunesse des pays étudiés, mais de surcroît les enquêtes indiquent que, quand ces jeunes ont un emploi, leur progression dans l’échelle des salaires est plus lente que la moyenne nationale. Plus d’informations sur ces enquêtes transnationales ici (particulièrement p. 12 du dossier).

L’institution souhaite, explique Monsieur Emmanuel Paris, créer un « Conseil de la culture d’entreprendre » constitué de managers, d’entrepreneurs et de décideurs pour y remédier. Cette instance siégerait comme notre Conseil scientifique, notre Conseil de la Vie Sociale et nos comités de pilotage à raison de quatre réunions par saison culturelle pour conseiller l’association dans son développement en matière d’éducation et de formation. Le « Conseil de la culture d’entreprendre » serait de la sorte un point d’appui particulièrement utile pour les jeunes des studios de la Maison des Découvreurs ; il leur permettrait d’apprendre ce qu’est une clientèle, un modèle économique, un investissement, un marché de niche, etc.

Ce « Conseil de la culture d’entreprendre » serait composé de représentants des enfants et des jeunes, de représentants du personnel, de représentants de la direction, et de managers, d’entrepreneurs et de décideurs locaux et nationaux. Le nouvel espace éducatif serait le lieu où, en ateliers, les jeunes des studios apprendraient les savoirs, savoir-faire et savoir être recommandés et détaillés par le Conseil de la culture d’entreprendre (capacité à concevoir et réaliser des projets, capacité à interpréter un cahier des charges, capacité à respecter les délais impartis, capacité à faire travailler ensemble un collectif, etc.).

Pour conclure, Monsieur Emmanuel distribue aux participants deux autres documents, le premier décrit les pédagogies alternatives proposées par l’association dunkerquoise « Coding and bricks », relevant du mouvement « makers » dont on trouvera plus de détails ici.

Un troisième document distribué, précise Monsieur Emmanuel Paris, signale que le territoire dans lequel vivent les Maisons de culture de l’association entreprend de mettre en place une politique d’aménagement favorisant ces nouveaux modes d’acquisition et de partage des connaissances et de réalisation des projets individuels et collectifs. Il est par conséquent possible d’envisager une mise en réseau du nouvel espace éducatif avec ces espaces émergents dans le territoire, et ainsi s’inscrire dans le deuxième axe directeur de la politique de l’institution « Faire connaître et reconnaître les enfants et les jeunes en tant qu’acteurs culturels du territoire ».

Monsieur Eric Parot approuve le projet présenté ; il reprend les modalités présentées au Conseil scientifique. Plus d’informations à ce sujet sont consultables sur notre site Internet, par exemple dans le point 4. « Point sur le projet de création d’un « Fab Lab MECOP » et l’organisation des « Conférences du jeudi » » de la réunion du 24 janvier 2014.

Monsieur Eric Parot signale cependant le risque du conformisme, inhérent au développement d’un FabLab au sein de l’institution. Les machines numériques composant ces espaces éducatifs peuvent ne pas être à la hauteur de l’objectif assigné (stimuler la créativité et l’ingéniosité des enfants et des jeunes), car elles fonctionnent à partir de quelques logiciels en téléchargement gratuit – lesquels sont par conséquent souvent les mêmes utilisés, quelle que soit l’implantation locale du FabLab.

Monsieur Emmanuel Paris approuve cette observation, et dit que le travail préparatoire proposé par l’association « Coding and bricks », avant d’accéder à la phase d’usage des machines numériques, travail basé sur le maniement de kits éducatifs non numérisés fournis par la Fondation partenaire de cette association : la Fondation Lego éducation, pourrait contourner cet écueil par la diversité des scénarii cognitifs que ces assemblages et agencements de cubes, briques, permettent à l’enfant et au jeune.

Madame Claire Oger dit que le « Conseil de la culture d’entreprendre », partie prenante de la création de ce nouvel espace éducatif, pourrait mettre en œuvre des « projets tutorés », dispositif ayant fait ses preuves à l’université dans les formations professionnalisantes (licences et master professionnels). Madame Claire Oger explique qu’un projet tutoré se caractérise par une relation éducative privilégiée entre le jeune apprenant et son tuteur, membre de l’équipe de la formation. Les attendus du projet professionnel à effectuer sont définis ensemble, et son évaluation ajustée dans un dialogue tripartite : jeune / tuteur / responsable de l’entreprise ou de la collectivité territoriale accueillant le jeune en stage pour la réalisation du projet.

Monsieur Eric Parot propose que les projets tutorés portés par les jeunes soient présentés devant un jury constitué du membre du « Conseil de la culture d’entreprendre », chaque fin de saison culturelle de l’institution.

Madame Claire Beugnet et Monsieur Patrick Miquel disent qu’il est très important que les enfants et les jeunes puissent intégrer le plus rapidement les contraintes et exigences de l’exercice d’un métier en entreprise ou dans le cadre d’une collectivité territoriale.

Madame Claire Beugnet observe qu’en l’état, seul le service de la Gainée, manifestation organisée par l’association partenaire « Les Cents cravates » (collectif de cent entrepreneurs locaux), permet aux enfants et aux jeunes de l’institution de s’éprouver à ces contraintes. Plus d’informations à ce sujet sont consultables sur notre site Internet ici.

IV. Préparation des Journées d’Enfance 2016 et Journées d’Enfance 2017 :

Monsieur Emmanuel Paris rappelle aux participants le calendrier des Journées d’Enfance 2016 :

– le mercredi 29 juin 2016 après-midi : pré-ouverture du Festival : inauguration de l’exposition « Chemin faisant II » dont les enfants et les jeunes sont les commissaires d’exposition, Fonds Régional d’Art Contemporain Nord Pas-de-Calais, site de Dunkerque (59). L’exposition sera ouverte au public du 29 juin au 28 août 2016 ;

– Le vendredi 1er juillet 2016, 18h-20h :
Ouverture officielle du Festival : réunion plénière du Conseil de la Vie Sociale.

– le samedi 2 juillet 2016, midi-15h :
o rassemblement annuel de la communauté éducative, des anciennes et des anciens de l’institution, sur le site du « Petit déjeuner sous l’herbe » (Saint-Martin Boulogne, 62) ;
o inauguration du four à sel gaulois, fac similé construit par les enfants les archéologues durant la saison (Saint-Martin Boulogne, 62) ;

– le dimanche 3 juillet 2016, 11h : diffusion dans le cinéma « Les stars » des « chroniques filmées de la saison culturelle » (Boulogne-sur-mer, 62) ;

– le mardi 5 juillet 2016, 18h : compétition nautique sur la Liane (Boulogne-sur-mer, 62) ;

– le jeudi 7 juillet 2016, 10h-12h : réunion plénière du Conseil scientifique (Saint-Martin Boulogne, 62) ;

– le vendredi 8 juillet 2016 :
o 9h-16h : colloque « Chemin faisant » (Boulogne-sur-mer, 62) ;
o 20h-22h : spectacle « Saisis ta chance », salle « Le phénix » (Outreau, 62).

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Monsieur Emmanuel Paris informe les participants des orateurs prenant la parole lors du colloque du 8 juillet 2016 :

Ouverture du colloque par Monsieur Philippe Hazelart, président de l’association
Entretien filmé accordé par Monsieur Patrick Bourdet, parrain du festival, à Madame Claire Beugnet
Puis, à raison de 25 à 30 minutes disponibles, les orateurs seront le matin et dans l’ordre : Jean-Paul Delevoye, Pierre Lemarquis, Jean-Paul Demoule, Christian Cardin (association Tourville).
L’après-midi, de 13h30 à 16h, les orateurs seront :
Gabrielle Erpicum et James Jaboureck (mouvement ATD Quart-Monde), Gérard-Henri Durand, Martin de la Soudière (Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain), Claire Oger, Fleur Guy.

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S’agissant des Journées d’Enfance 2017, le calendrier doit nécessairement être fixé en ce moment car l’envoi de demande de réservation de la salle de spectacle aux collectivités locales du boulonnais est à formuler un an et demi avant l’échéance. Les participants conviennent du calendrier suivant : colloque et spectacle le 7 juillet 2017. L’association enverra aux établissements scolaires, particulièrement des écoles primaires, une autorisation pour que les enfants concernés puissent participer aux répétitions les 4, 5 et 6 juillet 2017, soit avant la fin de l’année scolaire.

V. Questions annexes :

Monsieur Pierre Lemarquis informe les participants d’un article scientifique remarquable, tant il démontre avec acuité les effets bénéfiques de l’action artistique et culturelle sur les enfants souffrant de troubles émotionnels et de comportements.

On trouvera le contenu de cet article ici.

Monsieur Pierre Lemarquis informe les participants que les résultats présentés sont issues d’une étude quantitative longitudinale portant sur une cohorte de 10000 répondants au questionnaire ; enfants anglais ayant bénéficié depuis 2002 d’une salle d’expression artistique et culturelle intégrée dans leur établissement scolaire et systématiquement ouvert à tous les usages deux fois par semaine, et enseignants des établissements scolaires anglais suivant ces enfants.

Jamais jusque-là, dit Monsieur Pierre Lemarquis, une étude quantitative n’avait pu reposer sur un tel panel d’usagers ; les résultats présentés dans le tableau graphique page 38 de l’article sont donc difficilement contestables et devraient être systématiquement mentionnés dans le cadre d’argumentaires répondant à des appels à projets issus de Fondations ou autres institutions soutenant le thème « enfance et culture ».

Ces résultats impressionnants indiquent, précise Monsieur Pierre Lemarquis, que la possibilité donnée par la « Art room » de s’exprimer en danse, en musique, en littérature, etc. est reconnue par les enfants et les enseignants comme facilitant grandement la stabilisation de leurs émotions et comportements. Le dernier histogramme du tableau indique même un triplement des réponses relevant d’une socialisation pleine et réussie, rejoignant par là la courbe des déclarations faites par les enfants et les enseignants des établissements scolaires de la filière normale.

Monsieur Emmanuel Paris présente la date de la prochaine réunion du Conseil scientifique : le 7 juillet 2016, de 10h à 12h.

Madame Claire Beugnet clôt cette dixième réunion.