Archives de catégorie : Rencontres inter culturelles

De la part de Jis : “Au plaisir de vous retrouver”

Jis, scientifique indienne résidant au Kerala, l’un des états de l’Inde, correspond régulièrement par le personnage de Shila avec les enfants pour leur dire ce que vivent les éléphants, les humains, les plantes, l’écosystème de ces contrées.

Jis nous envoie ce message au terme d’une première saison de correspondances épistolaires. Merci chère Jis, au grand plaisir de vous rencontrer et partager avec vous le plaisir de ressentir la beauté du monde.

Je tiens à vous remercier de m’avoir fourni la merveilleuse occasion de communiquer avec de jeunes enfants dans une autre partie du monde. J’espère et je fais confiance à ces lettres pour les aider à grandir vers la nature et la beauté qu’elle offre. J’espère que nous pourrons bientôt faire de la Terre un bel endroit.

Jis

Lettre de Shila : “Vive la culture, vive le mahabharata”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Chers enfants,

Je suis un peu triste en pensant que cette année, vous n’allez pas faire votre fête de clôture de l’année culturelle, avec votre spectacle exceptionnel.

Je sais par Emmanuel et Henri, que ce spectacle, impliquant toutes les maisons et vos ateliers, est absolument extraordinaire. Vous dansez, vous faites du cirque, de la musique, de l’acrobatie, etc. ; vous faites un théâtre extraordinaire. Je suis très fière de vous et aimerais tant vous voir.
Je sais l’importance que vous donnez à la culture et cela me réjouis. Si vous m’invitez, je serai ravie de venir vous voir pour le spectacle en 2021.

Aujourd’hui je vais vous parler du Mahabharata.

C’est un livre très ancien ou plutôt un ensemble de 18 livres, écrits environ 5 siècles avant Jésus-Christ. Il y a 108000 vers, en sanskrit, la langue ancienne de l’Inde.

C’est l’histoire des êtres humains : “maha” signifiant grand et “Bharat” signifie l’Inde. L’histoire de la grande Inde !!

Monsieur Jean-Claude Carrière, grand spécialiste dans votre pays de ce texte important pour nous, le résume en quelques mots. Il parle très bien de Krishna, le héros du mahabharata . Monsieur Carrière a contribué, en tant que scénariste à la série télévisée de Peter Brook, qui a fait connaître le Mahabharata en Europe :

“Le Mahabharata (The Mahabharata) est une mini-série télévisée internationale en 6 épisodes de 55 minutes, réalisée par Peter Brook, diffusée en 1989, d’après sa mise en scène théâtrale, elle-même inspirée du texte hindou du Mahabharata. La mini-série a ensuite connu une version en film plus courte, d’une durée d’un peu moins de 3 heures.”
Jean Claude Carrière a compris que pour bien connaître la culture et la civilisation d’un peuple, il faut connaître ses livres anciens, sa mythologie… Il a écrit le dictionnaire amoureux de l’Inde”.

Concernant l’importance de la culture, je sais que la créatrice du théâtre du soleil, à la cartoucherie de Vincennes, Ariane Mnouchkine milite depuis très longtemps pour son développement dans les écoles et dans la société.

Elle a créé “une chambre en Inde”, superbe spectacle où sont joués des extraits du mahabharata. Cette Lady est vraiment exceptionnelle.

Vous allez me demander de vous résumer le mahabharata, c’est quasiment impossible de résumer 18 livres !!

Le Mahabharata relate l’histoire d’une guerre entre les Pandava, les fils du roi Pandu, et les Kaurava, les fils du roi Dhritarashtra, le frère aîné et aveugle de Pandu, tous de la caste des guerriers, les Kshatriya, dans la région de Delhi.
Mon cher voisin Henri m’a envoyée pour vous une bonne illustration de cette histoire fascinante.

Henri a eue la chance de voir jouer une partie du mahabharata à côté de chez moi, au temple de Kurichithanam. Ça dure toute la nuit devant le temple, où l’on avait installé un grand chapiteau. Les acteurs jouent avec une technique traditionnelle très ancienne du Kerala, le kathakali.

Les acteurs ne parlent pas mais ils expriment les sentiments par le mime et ils ont le visage peint de couleurs extraordinaires, et portent des habits exceptionnels. Les rôles de femmes sont joués par les hommes.

Nous y voyons des danses indiennes, c’est admirable.
Il y avait même un éléphant comme acteur, ici c’est la réalité.

Les spectateurs arrivent, partent et reviennent, ils sont très libres d’aller prendre une boisson ou un encas…
Je ne vous donne que ce petit exemple qui est chez moi, mais partout en Inde, le théâtre de rue, la culture sous toutes ses formes est présente dans tous les villages.

Le mahabharata est si important pour nous, il fait partie de notre culture et nous avons aussi un autre livre très ancien, le Ramayana, écrit six siècles avant Jésus-Christ.

Ces écrits fondent notre culture, je tenais à vous en parler aujourd’hui, en pensant vraiment à vous qui, en raison du Covid-19, ne pouvez pas exprimer vos talents d’acteurs et d’artistes cette année.
Je partage votre tristesse car c’est aussi la mienne, nous n’avons pas encore repris ces grands moments de bonheur partagé avec le théâtre et les différentes activités culturelles.

Je reste pleine d’espoir, car je sais que vous allez pouvoir reprendre vos activités artistiques et culturelles après les vacances.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

De la part de Luna et Maki : “Centre d’observation d’une fable de La Fontaine de Londres” (épisode 18)

Maki et Luna nous envoient cette dix-huitième photo du Centre d’observation des éléphants de Londres nouvellement créé par les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.

Merci chers observateurs, je ne connaissais pas cette fable intitulée “L’éléphant rose et les deux colombes”. Sa morale, à mon goût, pourrait conclure ainsi :

“Rien ne sert de se tromper, il faut savoir s’envoler à point”.

Shila

Lettre de Shila : “De qui sommes-nous ?”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour chers enfants,

Prêts pour la fête du 2 juillet, demain, dans vos Maisons ?

C’est une belle date, chaque année, car elle signifie, m’a expliqué mon cher voisin Henri, que tous : équipes, enfants, vous vous donnez-rendez-vous pour suivre le cours des vies de chacune, chacun, telles qu’elles vont et ce jusqu’au moins 2050 :

Cette fête m’inspire beaucoup, car elle pose la question de nos origines, et de nos devenirs. C’est une question, que moi l’éléphante philosophe, je me pose comme vous, puisque je ne connais pas trop mes parents, et que je ne sais pas de quoi demain sera fait (je pense que mon cornac a une idée plus précise à ce sujet).

Emmanuel, l’ami de mon voisin Henri, m’a signalé qu’il était possible de faire naître des éléphants sans qu’une maman et un papa ne se connaissent. Je ne sais pas si cela est bien ou si cela est mal, je me dis juste que l’important est que ce petit éléphanteau vive une belle vie. Je l’espère pour lui.

Chez vous, les humains, le premier bébé né selon les mêmes techniques que pour la naissance de l’éléphanteau fabriqué, a été conçu voici quarante ans. Elle s’appelle Miss Louise Brown et a un fils qui s’appelle Cameron.

En France, dans votre pays, le premier bébé fabriqué s’appelle Amandine, et a donné naissance à son tour son premier bébé en 2013.

Emmanuel m’a signalé cet article, très savant, qui compare les laboratoires en Inde, mon pays, et en France votre pays, destinés à fabriquer des êtres vivants sans que maman et papa ne se connaissent, ou ne se fassent des câlins pour enfanter.

Si j’ai un peu compris cet article, je crois que cela nous rappelle ce dont je vous parler à propos du singe et du caillou ; il faut en permanence s’assurer qu’une invention ne bascule pas dans le mal, et l’aider à rester dans le bien.

Plus important encore, c’est je pense de nous demander si animaux, humains, sommes aussi importants pour que tout le monde se dise que la vie est belle. Comme vous le savez, dans mon pays, il a été décidé il y a bien longtemps de mon caractère sacré, statut que je partage avec d’autres animaux.

Emmanuel m’a raconté qu’il y a bien longtemps chez vous, cela était aussi le cas. Les animaux étaient considérés comme des êtres capables de réfléchir, de ressentir, d’être responsables de soi, au point qu’ils avaient droit à des avocats quand des humains n’étaient pas contents contre eux au point de leur faire un procès.

Moi l’éléphante curieuse de tout, j’observe que chez vous les animaux sont de nouveau considérés par les juges quand il s’agit de défendre leurs droits à vivre, c’est une très bonne nouvelle.

Emmanuel m’a dit aussi que vous, petits d’hommes, étiez partis en 2017 en quête de Justinien, qui a beaucoup réfléchi à vos droits voici des siècles. Il avait alors décidé que tout enfant est digne d’être entendu pour changer le cours de sa vie – ce qui n’était pas évident à l’époque si j’ai bien compris.

J’en suis très heureuse, chers enfants, c’est la moindre des choses tant je vous sais réfléchir sur vous-mêmes jour après jour.

Voici ce que je me dis, et ces pensées je vous les envoie pour qu’elles arrivent demain, 2 juillet : plus on médite à propos de l’existence d’autres que soi, plus on peut s’y référer pour dire qui nous sommes, plus on se considère soi-même, et plus le cours de la vie s’annonce heureux.

Je vous souhaite un joyeux 2 juillet, chers enfants,

A demain,

Bisous,

Shila

Lettre de Shila : “Le monde à ma mesure”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour chers enfants,

Mon cher voisin Henri me dit que cette semaine de rentrée, vous patientez sagement devant le portail de l’Ecole avant d’entrer le matin sous l’autorisation de la directrice ou du directeur d’établissement tant il faut faire attention à ce que chaque classe soit bien installée pour que le virus ne se propage pas.

Henri me dit que pendant ces moments d’attente, vous aimez poser à vos éducatrices et éducateurs des questions arithmétiques. Compter le nombre de tours sur vous-mêmes que vous venez de faire en tournant comme dans un manège, ou combien de dodos avant de revoir Maman, Papa : ce sont là en effet des questions très importantes.

Et puis mon cher voisin Henri me dit aussi que le week-end, quand vous partez en randonnée, vous savez exactement le nombre de kilomètres parcourus pour en conclure que c’était une sacrée aventure.

Savez-vous combien de kilomètres moi, l’éléphante, je parcours quand je suis mon cornac pour aller entretenir la forêt ?  Quarante kilomètres maximum, me dit Henri. Il faut vous dire que souvent je suis véhiculée à bord d’un camion pour rallier le lieu de mon travail.

Ma copine Jis me dit que certaines de mes cousines et cousins sauvages, pourchassés par des personnes mal intentionnées, ont pu parcourir deux cents kilomètres en une journée.

Emmanuel, l’ami de mon voisin Henri, m’a dit que d’après les chercheurs qui, tout comme ma copine Jis, observent la vie sauvage, l’animal parcourant le plus grand nombre de kilomètres à l’année serait le loup gris de Mongolie : sept milles deux cents quarante sept kilomètres d’après leur relevé ! Ouille ouille ouille, j’en ai mal aux pattes rien que d’y penser.

Quand nous autres les pachydermes nous courrons, nous pouvons aller presqu’aussi vite que l’humain le plus rapide du monde, bien qu’étant bien plus lourds. Nous avons été chronométrés à quarante kilomètres / heure. Moi l’éléphante contemplative, je suis admirative de votre recordman du monde du cent mètres ; Mister Usain Bolt, a été chronométré à quarante-quatre kilomètres / heure lors de son record du monde :

Chez les animaux, l’animal le plus rapide est un oiseau : un faucon pèlerin qui a pu être chronométré à trois-cents quatre-vingts neufs kilomètres / heure en vol piqué ! Cette performance folle le place parmi les voitures d’humains les plus rapides du monde. L’animal le plus lent de tous est le paresseux : vous savez ? Sid, dans « l’âge de glace ». Il se déplace en moyenne à la vitesse de deux mètres par heure.

Emmanuel m’a expliqué qu’il avait été nommé “paresseux” car les humains s’exaspéraient de sa lenteur. Moi l’éléphante qui ait plusieurs rythmes selon ce que mon corps permet pense que la lenteur peut être une sagesse.

Et savez-vous combien mesure l’animal le plus grand du monde, et l’animal le plus petit du monde ? Quarante-cinq mètres, pour la baleine bleue, et sept, huit millimètres pour la grenouille Paedrophryne amauensis. Autant je ferais attention à ne pas marcher sur cette grenouille, autant je ferais attention à laisser passer la baleine s’il y a une priorité à droite au rond-point devant la plage.

Je me demande combien vous mesurez, selon les années. Pour moi, vous grandissez chacun à votre façon.

Mais tout cela, chers enfants, pose la question la plus intéressante de toutes : combien de kilomètres par jour pensez-vous que nous tous, vous les enfants, vous les humains, nous les animaux (mais aussi mes chères bananes ou noix de coco) parcourront dans l’univers quand la Terre tourne autour du Soleil en une année ?

Et bien c’est deux millions cinq cents soixante-treize milles deux cents cinquante-deux kilomètres. Oui oui, et à la vitesse incroyable de cent sept milles trois cents vingt kilomètres / heure.

Extraordinaire n’est-ce pas ?

Beaux déplacements chers enfants,

A demain,

Shila

De la part de Luna et Maki : “Centre d’observation d’une éléphante pêchée à Londres” (épisode 16)

Maki et Luna nous envoient cette seizième photo du Centre d’observation des éléphants de Londres nouvellement créé par les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.

Merci chers observateurs, me voilà accueillie par les marins-pêcheurs de Boulogne-sur-mer.

Shila

Lettre de Shila : “L’école chez moi”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Chers enfants et cher Brandon,

J’espère que la reprise de l’école se passe bien pour vous, quelques jours avant les vacances.
Ici, la nouvelle année scolaire commence normalement en Inde, en juin. Mais en raison du virus, l’école n’a pas repris, sauf pour les examens, dans les conditions de respect de la distance et sécurité des élèves.

Je vais cependant vous parler encore de l’école, en réponse à toi, Brandon, qui me demandais si j’avais des écoles autour de chez moi. J’ai répondu en partie à ta question en parlant des écoles dans mon village de Kurichithanam, mais j’ai encore beaucoup à expliquer sur l’école en Inde et au Kerala.

Mon pays est devenu indépendant le 15 août 1947, il y a seulement 73 ans, après 200 ans de colonisation britannique.

“Aujourd’hui, en Inde, une femme adulte sur deux est analphabète et un homme sur quatre, soit 65% en moyenne d’adultes alphabétisés. Il est vrai qu’ils n’étaient que 18% en 1947, ce qui souligne à la fois l’importance de « l’œuvre civilisatrice » de la Grande-Bretagne et le chemin parcouru depuis !
A compter du 1er avril 2010, l’école est devenue obligatoire, dans toute l’Inde, pour tous les enfants de 6 à 14 ans. Egalement gratuite, les millions d’enfants déscolarisés (entre 8 et 60 millions selon les sources !) devraient donc, en théorie, s’intégrer dans le système éducatif. Mais rien n’est moins sûr, même si l’école est gratuite y envoyer son enfant a un coût pour les parents (vêtements, fournitures, déplacements) sans compter que, pendant le temps scolaire, l’enfant ne participe pas à la survie économique de la famille.

Si les maharadjahs du Travancore (le Travancore est une partie de l’état du Kerala, créé en 1947) avaient l’ambition de développer l’éducation, les gouvernements des Etats du Sud, Tamil-Nadu et Kerala, ont conduit, depuis l’Indépendance, une politique particulièrement dynamique de scolarisation primaire, pour les filles comme pour les garçons. Au Tamil-Nadu les trois quart des adultes sont alphabétisés, au Kerala 91%, et tous les enfants scolarisés. Ces gouvernements ont poursuivi une politique de discrimination positive à l’égard des plus pauvres et des castes défavorisées. Les écoles publiques sont gérées par le gouvernement et l’Etat fournit gratuitement aux enfants l’uniforme, les livres de classe ainsi qu’un déjeuner quotidien, de la première à la douzième classe, soit du CP à la terminale. Aux Dalits, ou « Intouchables », le gouvernement offre également les cahiers et stylos. Tous les cours sont donnés dans la langue de l’Etat (tamil et, au Kerala, malayalam, une langue dérivée du tamoul au XIIIe siècle).”

L’école est obligatoire depuis seulement 10 ans en Inde !! Bien que la constitution de l’inde l’avait envisagée, en 1950, sans en donner les moyens.

“C’est donc logiquement que l’éducation gratuite et obligatoire est inscrite dans la Constitution. Celle-ci, dans son article 45, précise en effet que « l’Etat devra s’efforcer de mettre en place dans un délai de 10 ans à partir de la présente constitution une éducation gratuite et obligatoire pour tous les enfants jusqu’à 14 ans révolus ». Cependant, l’article 45 fait partie des Directive principles of state policy, il s’agit donc d’une incitation et non pas d’une obligation constitutionnelle.”

Chacun des 29 états de l’Inde a son ministre de l’éducation et son budget. L’état du Kerala est de loin celui qui a misé le plus sur l’éducation, avec des budgets importants et des écoles sur tout le territoire.

Mon voisin et ami Henri me rappelle son étonnement de voir l’université dans les villes moyennes du Kerala, déjà dans les années 1970 !! L’université s’était rapprochée de la population.

Non seulement les familles pauvres ne payaient pas la scolarité de leurs petits, mais les enfants rentraient à la maison avec de la nourriture, participant ainsi à la survie économique de la famille.

Un grand philosophe et économiste indien, Amartya Sen, prix Nobel d’économie, ne tarit pas d’éloges sur la façon dont le Kerala a su conduire sa politique :

“Les réalisations du Kerala dans le développement social et la qualité de vie sont, sans aucun doute, inspirant et encourageant. L’Etat a atteint un indice de développement humain comparable aux pays développés du monde. Le professeur Amartya Sen a attribué ces réalisations en grande partie à la priorité que l’Etat a accordé à l’alphabétisation élevé entre tous les Etats indiens et de l’ éducation depuis longtemps. La société attache tant d’ importance à l’ éducation que l’école dans le Kerala est vraiment le noyau du microcosme social. Une meilleure éducation attise les aspirations du peuple et la principale préoccupation est sur la façon d’améliorer la qualité de l’ éducation.”

Mon voisin KR Narayanan, dont nous sommes si fiers, faisait un discours à la nation indienne, en tant que président de la République, en 2000, où il invitaient les états indiens à prendre exemple sur le Kerala, pour favoriser l’éducation.

Si le Kerala est aujourd’hui un exemple en Inde et dans le monde, pour sa gestion du système de santé et de la crise du Covid-19, c’est bien en raison du niveau d’éducation des gens. Notre ministre de la santé est invitée à l’ONU, pour partager son expérience.

Voilà, chers enfants et cher Brandon, encore une fois la preuve de l’importance de l’école pour chaque enfant et pour un pays, car rien n’est joué d’avance, tout est à construire et vous ne devez rien lâcher, comme vous l’a dit Patrick, le parrain de votre association.

Pour moi, L’éléphante très observatrice, j’ai vraiment plaisir à avoir des humains bien éduqués autour de moi, attentifs au bien-être de tous ainsi que de la nature si belle qui nous entoure, ici au Kerala, comme chez vous à Boulogne.

Je vous fais de gros bisous et vous souhaite une bonne dernière semaine d’école avant vos vacances,

A demain,

Shila

De la part de Luna et Maki : “Centre d’observation d’une bande passante de Londres” (épisode 15)

Maki et Luna nous envoient cette quinzième photo du Centre d’observation des éléphants de Londres nouvellement créé par les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.

Merci chers observateurs, la visioconférence peut même flasher des éléphants de salon en excès de vitesse.

Shila

Lettre de Shila : “Le conflit croissant entre animaux et humains en Inde”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Salut les enfants,

J’espère que vous vous portez tous bien !

Je ne sais pas si vous avez entendu parler d’un incident qui est arrivé récemment dans mon état, le Kerala. C’est une histoire qui me rend très triste mais je ressens le besoin de la partager avec vous parce qu’elle est importante.

Dans le Nord du Kerala, une éléphante enceinte s’est promenée autour d’un village et a, par accident, consommé un ananas piégé pour tuer les sangliers qui endommagent les cultures des fermiers… Cet ananas était rempli d’explosifs et a explosé lorsqu’elle a croqué dedans.

Gravement blessée, elle est restée plusieurs jours dans la rivière pour essayer d’enlever les mouches qui venaient se poser sur ses plaies. Elle est morte après une semaine de souffrance ! Je ne peux pas imaginer la souffrance qu’elle a dû endurer… !

J’ai parlé de cet incident à ma voisine Jis. Elle m’a expliqué le conflit croissant entre les humains et les animaux en Inde. La destruction des forêts, le changement climatique, le manque de nourriture, l’âge vieillissant des animaux et surtout des éléphants les poussent à quitter les forêts et piller des fermes pour trouver facilement de la nourriture. Les agriculteurs tentent de protéger leurs cultures en effrayant ces animaux avec des pétards, tambours ou des lampes torche ultra puissantes. Le conflit a empiré ces dernières années et il est arrivé que des gens soient tués par mes cousins sauvages.

La chasse est une autre forme de conflit qui tue mes cousins.

Il existe différents mécanismes en place pour empêcher les éléphants sauvages d’entrer dans les fermes : des tranchées, des clôtures électriques solaires, des murs de défense, des clôtures en bois, des clôtures de protection des déchets, etc. Une tranchée est un long fossé étroit de deux mètres de large et trois mètres de profondeur. Les clôtures solaires fonctionnent grâce à l’énergie solaire et envoient des petites décharges aux éléphants qui les touchent. Un mur de défense est une clôture immense. Les clôtures en bois sont construites à l’aide de poteaux et de balustrades. Enfin, une clôture de protection des déchets se compose de déchets, de pneus, etc. Cependant, ces techniques ne fonctionnent pas bien.
En plus de ces mécanismes, les agents forestiers informent les fermiers lorsque des éléphants se rapprochent de leur terrain. Si quelqu’un est blessé ou même tué, le gouvernement apporte son soutien aux familles via des offres d’emploi ou de l’argent.

Parfois, des personnes installent des pièges pour les sangliers ou autres petits animaux. C’est illégal.
Les corbeaux, souris, rats et chauve-souris sont les quatre seuls animaux (aussi appelés nuisibles) pour lesquels le contrôle est autorisé. Il est arrivé que de grands animaux, comme les éléphants, tigres, léopards se fassent attraper dans de tels pièges. Selon Jis, si une personne est responsable d’un tel crime, elle est condamnée à une longue peine de prison. J’espère vraiment que cette pratique de capture illégale s’arrêtera bientôt.

Les rapports montrent, qu’au Kerala, au moins 17 personnes meurent chaque année dans les conflits impliquant les humains et les éléphants. Cela m’attriste…

Jis, en tant qu’écologue, m’a dit que de nouvelles stratégies ont été mises en place afin de réduire ce conflit. Une technique récente de clôture sous forme de ruche maintenue à distance égale des habitats des animaux et des habitations des humains semble avoir porté ses fruits en Afrique ainsi que dans d’autres endroits de l’Inde. Le bourdonnement des abeilles nous effraie beaucoup nous les éléphants ! Les agriculteurs obtiennent en même temps du miel et de bonnes cultures. Je souhaite qu’il n’y ait de dommage dans aucun des deux camps. C’est pourquoi j’espère tant qu’une coexistence arrive vite !

Je vous embrasse tous,

A lundi,

Shila

De la part de Luna et Maki : “Centre d’observation de l’éléphant géant de Londres” (épisode 14)

Maki et Luna nous envoient cette quatorzième photo du Centre d’observation des éléphants de Londres nouvellement créé par les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.

Merci chers observateurs, mon cousin capital s’apprête à occuper le bureau du dernier étage pour reprendre en mains les affaires du monde.

Shila