Archives de catégorie : la bise de shila

Lettre de Shila : “Merci Stacy la pirate”

Chère Stacy la pirate et chers enfants,

Quelle joie de recevoir ta lettre, signée Stacy la menace, et ton invitation pour me rendre à Boulogne aux fêtes de la mer. Depuis que j’ai reçu ton superbe message avec dessins et ta photo de pirate, je n’arrête pas d’agiter ma trompe, mes oreilles et ma queue, c’est ma façon à moi de manifester ma joie.

Je te remercie, Stacy, de ta lettre, car ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas reçu de lettres des enfants, je me demandais si vous pensiez encore à moi, et je commençais à m’ennuyer.

Ton invitation aux fêtes de la mer à Boulogne me plaît beaucoup, mais je me demande comment je pourrai faire les 8000 kilomètres du Kerala à Boulogne sur mer !! Je n’ai jamais quitté l’Inde, et mes voyages se font soit à pied soit en camion.

Je n’ai jamais pris l’avion, et je me demande si je n’ai pas le mal de l’air.

J’ai cru comprendre qu’un billet a été réservé sur Air India, à partir de l’aéroport de Thiruvananthapuram (Tivandrum) à destination de l’aéroport d’Alprech, près de Boulogne, mais j’avoue que commence à me faire des soucis, car je n’ai pas trop confiance : comment peut on me faire entrer dans un avion, vus mon poids et ma corpulence ??!!

Je me pose aussi la question sur l’aéroport d’Alprech, est-il équipé pour accueillir un avion transportant un éléphant ??!!

J’ai vu que tu es une pirate féroce, peut être je ferais mieux de partir sur ton bateau de pirates, mais on m’a dit que les pirates sont très surveillés le long des côtes indiennes.

Il y a quelques années, cinquante pirates ont été arrêtés par la marine et les gardes côtes indiens, au large du Kerala, alors qu’ils avaient pris en otage des marins d’un navire battant pavillon grec.

Ils ont très vite compris qu’ils devaient se rendre en hissant le pavillon blanc, après des échanges de tirs brefs et décisifs.

Je pense donc que l’idée de ton  bateau pirate est à exclure, je ne voudrais pas être la cause de difficultés avec la marine et les gardes côtes indiens !!

Ta très belle lettre, Stacy, sous forme de parchemin et le superbe document, avec tes dessins et ta photo de fille pirate m’ont étonnée, car je croyais que les pirates étaient uniquement des garçons et des hommes.

C’est à partir de ma question que j’ai apprise par mon cher voisin Henri qu’il y a eu, de tout temps, des femmes pirates ou flibustières, célibataire ou mariées à des forbans. Certaines d’entre elles sont restées dans l’histoire, comme les françaises, Jeanne de Clisson, appelée la lionne de Bretagne, qui vivait au 14ème siècle, et Anne Dieu-le-veut, au 17ème siècle.

L’histoire de la piraterie est très ancienne, quand l’océan indien et la mer d’Arabie s’appelaient la mer Érythrée :

A partir du IIe siècle av. J.-C., des bateaux chargés de pierres précieuses, d’ivoire et d’aromates commencent à voguer de la côte de Malabar vers la mer Rouge en passant par le golfe d’Aden, suscitant la convoitise des populations locales. Une nouvelle activité se développe dans la région : la piraterie.”

Alexandre le grand qui a étendu son empire jusqu’en Inde, au quatrième siècle avant Jésus-Christ, avait sa flotte confiée à son compagnon Néarque, qui a exploré la Mer d’Arabie jusqu’à l‘Indus.

Une historienne indienne, Lakshmi Subrahmanyam raconte l’histoire de la piraterie dans l’océan indien de façon passionnante :

Quand j’ai commencé à penser à raconter une histoire de piraterie, deux images me sont presque immédiatement venues à l’esprit. La première est la célèbre histoire d’Alexandre le Grand qui aurait demandé une fois à un pirate qu’il avait fait prisonnier pourquoi il revendiquait la possession de la mer par des moyens hostiles. La réponse a été concise : “Qu’entendez-vous par saisir la terre entière? Parce que je le fais avec un petit navire, je suis appelé un voleur, tandis que vous qui le faites avec une grande flotte, vous êtes appelé empereur.” La deuxième image, un thème récurrent dans la bande dessinée “Astérix” illustrée par Albert Uderzo, est plus comique. Pensez à l’équipage hétéroclite d’hommes modestes qui dirigent un petit bateau pirate et essayent de saisir tout ce qu’ils rencontrent – mais ils s’en sortent généralement plus mal dans leurs combats. Ces deux images sont typiquement européennes, la Méditerranée et l’Atlantique émergeant comme le théâtre normal des actions de piraterie.”

C’est vrai que le pirate, prisonnier d’Alexandre, lui avait bien répondu, entre les pirates artisans et les empereurs envahissant terres et mers, où est la différence ??

Quant à Astérix et Obélix, pirates, cette histoire que je ne connaissais pas me fascine, je les adore :

Je te remercie mille fois, Stacy, pour ton invitation aux fêtes de la mer à Boulogne, on m’a dit qu’il y aura des bateaux pirates et également des pirates, j’ai hâte de te rencontrer, et je sais que même si tu es une fille pirate et parfois menaçante, je serai bienvenue et bien reçue.

Si la logistique ne le permet pas, ou si en raison de la pandémie je suis empêchée, je peux t’assurer que je suivrai avec le plus grand intérêt les journées de la mer, dont le programme est alléchant. Je sais aussi que la plupart des enfants de la Maison du Cirque, le Centre de jour, la Maison du Sport, la Maison de la Musique, la Maison de la Danse et la Maison des Découvreurs vont y participer, tout cela me fait un immense plaisir.

En l’honneur des filles et des femmes pirates, Stacy la menace, Jeanne de Clisson, la lionne de Bretagne, une jolie chanson bretonne va nous donner le ton en attendant les fêtes de la mer.

Chère Stacy, chers enfants, je vous fais de gros gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Un avenir en moyennes”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Mardi je vous parlais des informations alarmantes selon lesquelles mes cousines et cousins en Afrique sont en train de disparaître à vitesse accélérée. Le braconnage, la déforestation, sont des mauvais gestes des humains qui, s’ils y trouvent un intérêt pour eux-mêmes, ont de graves conséquences pour nous autres les animaux, et mes amis, les arbres et les plantes à leur pied, les sols qui nous font pousser :

Ma copine Jis parcourt les forêts, les montagnes de mon petit pays, pour surveiller tous ces dégâts et lancer l’alerte :

Mister Binu Kottayam essaye de soigner les arbres malades :

Moi, l’éléphante capable de compter, me demande comment font les humains pour dire 1+1+1+1+1+1=1+1+1+1+1+1, … éléphants disparus en raison du mauvais agissement des humains. Ou comment font les humains pour dire 1+1+1+1+1+1=1+1+1+1+1+1, … arbres disparus en raison du mauvais agissement des humains.

C’est vrai quoi, c’est un nombre immense. Comment le calculer pour dire à tout le monde avec beaucoup d’aplomb : « Stop ! Arrêtez de faire n’importe quoi sinon il n’y aura plus d’arbres, plus d’éléphants » ?

Mon cher Kuttan, voyant mes tourments, a appelé Henri et Emmanuel. La liaison téléphonique n’était pas top, mais grâce à mes grandes oreilles, je crois que j’ai bien compris l’histoire de Monsieur Adolphe Quetelet.

Si j’ai bien compris, Monsieur Quetelet fut pour les humains très important, comme Monsieur Darwin, mais du côté des mathématiques :

Monsieur Quetelet, natif d’un pays non loin de chez vous voici près d’un siècle et demi, a essayé de dire en calculant ce qui est normal, ce qui est anormal, où que nous vivions.

Henri m’a dit que le travail de Monsieur Quetelet a été très important pour prendre des décisions qui concernent des millions d’êtres vivants (animaux, humains, plantes), et qu’en Inde, mon pays peuplé de si grandes diversités, très tôt des chercheurs avaient repris le flambeau pour que tout le monde puisse s’y retrouver.

Emmanuel m’a dit que vous autres, les humains, avaient depuis très très très longtemps le désir de maîtriser l’avenir en fabriquant des machines qui calculent ce qui est normal, ce qui est anormal.

Ah, mes chers enfants, moi l’éléphante philosophe me dis que les mathématiques nous aident à saisir ce qui est vrai, ce qui est faux.

Une fois dit cela, je suppose qu’il est bel et bon de regarder tous ces calculs annonçant le cours de nos vies avec certes bienveillance, mais sans oublier curiosité, étonnement.

Les additions, les soustractions, les divisions, la volonté de maîtriser tout ce qu’il pourrait se passer, sont comme des continents mystérieux à découvrir ou redécouvrir chaque jour, y compris en reconnaissant qu’aussi importantes soient les mathématiques, elles peuvent nous tromper si l’on n’y prend pas garde.

Cela me fait penser à ce cuisinier rigolo, qui se trompe sur les temps de cuisson pourtant affirmés par son carnet de recettes :

Je vous embrasse et vous souhaite de belles vacances,

Au 26 avril,

Shila

Lettre de Shila : “Bestiaire fantastique”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin grâce à Henri, j’ai découvert les dessins des enfants de la classe non loin de chez moi, qu’ils ont inventés avec leur institutrice :

Hummm, que j’aime bien ces dessins. On y voit tous les animaux de la ferme, de la forêt, des brousses, et ça fait rêver.

Merci les enfants ; j’aime bien votre interprétation des vaches, des tortues, des oies, des dauphins, des girafes, des singes :

Mister Kuttan, mon cher cornac, m’a raconté que les indiens avaient eux-aussi beaucoup dessiné des créatures fantastiques.

Mon cher voisin Henri m’a dit que, par chez vous, des dessins racontaient aussi des bestioles d’un autre monde.

Ah, mes chers enfants, que je constate que l’âge de nos premiers moments a ses instants de fantaisie, quelles que soient les époques de l’histoire de l’humanité.

J’en suis heureuse, c’est si chouette de dessiner ce qui questionne, étonne, inspire.

Je crois savoir que vous vous intéressez ces derniers temps aux méduses, aux pies :

N’hésitez pas à me dessiner, telle que vous m’imaginez. Je pourrai poser sur le port de Boulogne-sur-mer devant vous en juillet :

Des crayons, des craies, des pulvérisateurs de couleurs, tout me va :

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Happy Holi, joyeuse fête des couleurs”.

Chers enfants,

Vous savez que j’adore les mots qui se terminent en “i”, je me demande vraiment pourquoi !!
En réfléchissant, moi l’éléphante très intelligente et sans prétention, je crois qu’il y a un lien avec la fête.

Je vous ai déjà souhaité, en novembre, happy Diwali, fête de la lumière, puis happy Lohri, Makar sankranti, en janvier, pour fêter le solstice d’hiver et le début des journées plus longues.
Aujourd’hui je vous souhaite un Happy Holi, une très belle fête de Holi, chers enfants, avec un léger retard puisque nous venons de la fêter il y a quelques jours, les 28 et 29 mars cette année 2021.

Holi est l’un des festivals les plus fêtés en Inde et est célébré dans toute l’Inde ou presque. Surtout connu sous le nom de “festival des couleurs”, il est de temps en temps appelé “festival de l’amour” parce que ce jour là, les gens se réunissent et oublient leurs mauvais sentiments les uns envers les autres. Le festival dure deux jours. Elle commence le soir de “Purnima”, qui correspond à la pleine lune du mois de Falgun. Le premier soir du festival est appelé Holi Dahan et le lendemain est le jour de Holi.

Holi, fête des couleurs, fête du printemps, fête de l’amour, quelle belle fête.

Holi en Inde : “on répand de la couleur, de la joie”.

Cette fête qui célèbre l’arrivée du. Printemps est de tradition millénaire, une fête très ancienne en Inde.
Le premier soir, des feux de joie sont allumés , symbolisant la victoire du bien sur le mal. Les Hindous, à l’origine, se couvrait le visage des cendres de ces feux. Aujourd’hui, ce sont les couleurs qui ont remplacé les cendres.

C’est aujourd’hui remplacé par une poudre colorée appelée gulal avec laquelle les Indiens s’aspergent le second jour. Chaque couleur a une signification : le rouge représente l’amour, le vert l’harmonie, le bleu la vitalité, l’orange l’optimisme et le jaune la foi. Le soir de Holi, les habitants rendent visite à leurs amis et à leur famille pour s’échanger des vœux et des cadeaux autour d’un repas traditionnel. C’est aussi le moment de l’année où chacun doit pardonner les erreurs du passé“.

J’adore toutes les fêtes, mais celle-ci est particulièrement amusante, on peut voir les gens tout colorés, sans distinction de classe ou de caste ou de genre ou d’âge !! Tous très joyeux de fêter ensemble !!

Il me faut, chers enfants, essayer de vous expliquer l’origine de la fête de Holi, dans la tradition hindoue :

Holi célèbre l’arrivée du printemps. Il y a plusieurs histoires associées à Holi.
Seigneur Krishna
Certains hindous pensent que l’origine du festival réside dans Seigneur Krishna. Dans les écrits hindous, il est décrit comme un jeune garçon très espiègle. Les histoires parlent même de jeter de l’eau colorée sur les femmes de chambre et de voler leurs vêtements pendant qu’elles se baignaient dans la rivière. On pense que les blagues pratiques et les combats de peinture, qui sont maintenant une caractéristique commune de Holi, proviennent de ces histoires.

Prahlad et Holika
L’histoire de Prahlad symbolise le bien qui surmonte le mal et c’est pourquoi les feux de joie sont traditionnellement allumés à Holi. Prahlad était un prince. Son père voulait que tout le monde dans le royaume l’adore, le roi, pas Dieu. Prahlad a refusé et adoré Dieu sous la forme de Seigneur Vishnu au lieu.

La sœur du roi, la princesse Holika, croyait que sa magie maléfique la rendait immunisée contre le feu. Elle a dupé Prahlad à s’asseoir sur ses genoux dans un feu de joie, afin de le détruire pour avoir défié le roi. Lord Vishnu a récompensé le dévouement de Prahlad en le sauvant. Prahlad est sorti du feu indemne, tandis que Holika a été brûlée.

Dans certaines célébrations, effigies de Holika sont brûlés sur le feu. Certains hindous pensent que les cendres des feux de joie de Holi portent chance.

En Inde en particulier, Holi est un festival coloré, avec des danses , des chants et des jets de peinture en poudre et d’eau colorée .

Holi est l’occasion pour certains hindous de réfléchir aux choses dont ils peuvent apprendre écriture et on leur rappelle l’importance de rester fidèles à leurs croyances, comme l’a fait le prince Prahlad“.

J’avoue que j’adore ces belles histoires, je ne croyais pas que le Seigneur Krishna était aussi espiègle !!

L’histoire de Prahlad est aussi merveilleuse, tenant tête à un père maléfique.

Vive Holi 🙂

Je vous souhaite une bonne fête de Holi et vous envoie plein de couleurs et de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Mes cousins, les éléphants d’Afrique menacés d’extinction”.

Chers enfants,

Il y a peu de temps, je vous donnais des nouvelles de ma famille pachydermique en ces temps de pandémie. Je me réjouissais du fait que dans plusieurs pays d’Afrique, en Zambie et au Kenya, la relation avec les humains était excellente et que de nombreux bébés éléphants étaient nés l’année dernière. Depuis quelques jours, les mauvaises nouvelles me rendent triste : on me dit que mes cousins, les éléphants d’Afrique sont menacés d’extinction.

“L’éléphant de forêt d’Afrique a été placé ce jeudi sur la liste rouge des espèces “en danger critique d’extinction”, par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).”

On compte environ quatre cents quinze mille éléphants d’Afrique aujourd’hui, contre trois à cinq millions au début du vingtième siècle. Parmi eux, deux catégories : l’éléphant de forêt d’Afrique et l’éléphant de savane d’Afrique, tous deux menacés d’extinction.” 

On m’a expliqué les deux principales causes qui mettent mes cousins en danger d’extinction : la première est la perte de leur habitat. 
Il ne leur reste plus que seize pour cent de leur habitat initial, ce qui engendre des conflits avec les agriculteurs qui n’hésitent pas à les abattre lorsqu’ils détruisent les cultures. Le braconnage reste la deuxième cause importante, car leurs défenses en ivoire sont vendues très cher, même si la loi en interdit le commerce. Depuis 2011, il y a une baisse dans l’activité du braconnage, mais ça reste encore trop important, vingt à trente mille éléphants sont tués chaque année par les braconniers. 

Ah, je vois que ce satané Veerappan ne sévit pas seulement en Inde, mais a hélas aussi des émules en Afrique.

Je ne comprends pas pourquoi l’éléphant, symbole de la sagesse, animal si intelligent , le plus grand mammifère terrestre soit l’objet de tant de malveillance. 
Ce qui me rassure un peu, c’est tout le bruit que font les humains pour en parler et pour, je l’espère, arrêter le massacre. 
Mon voisin Henri m’a dit que, chez vous, les journaux et les radios se mobilisent pour faire connaître ce drame. 

Je vous ai déjà parlé, chers enfants, de la différence entre les éléphantes en Afrique et celles de l’Inde et d’Asie, comme moi. Je n’ai pas de défenses, ces deux longues dents, les incisives, seulement les mâles éléphants asiatiques en sont pourvus. En Afrique, les éléphantes ont des défenses, comme les garçons !! Et c’est précisément la cause de leur malheur, les défenses en ivoire étant vendues très cher. 
Mais, au Mozambique, un pays d’Afrique, les chercheurs ont constaté que de nombreux éléphants n’ont plus de défenses. Ils expliquent que c’est une réaction étonnante, qui a entraîné une modification génétique chez les éléphants, qui ont vu quatre-vingts dix pour cent de leur famille massacrée pour l’ivoire. 

C’est incroyable de voir comment les éléphants sans défenses ont pu survivre et comment, pour se protéger, ils ont inconsciemment empêcher leurs incisives de se développer !! 
J’ai entendu parler de Babar, cet éléphant de fiction, héros des enfants, qui a perdu sa maman, victime d’un chasseur braconnier. Même si l’histoire de Babar est une fiction, je pleure chaque fois que j’entends l’histoire de son enfance

Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un bon article, qui fait le point sur ma famille d’éléphants, sur leur importance dans notre univers :

Un avenir sans population d’éléphants est inquiétant. Non seulement ils fournissent des services écosystémiques vitaux qui maintiennent la biodiversité, mais leur présence nous rappelle humblement la majesté de la nature.

La disparitions des éléphants représenterait un évènement tragique, mais malgré tous nos efforts, cela semble de plus en plus probable.”

J’aimerais tant, chers enfants, garder mon optimisme et vous enchanter avec mes contes, mais, vous m’excuserez, ces nouvelles d’Afrique m’attristent. 

Je vous envoie cette douce comptine pour tenter de consoler nos cœurs tristes :

Je vous fais de gros bisous et surtout prenez soin de vous,

A demain,

Shila 

Lettre de Shila : “Lettre en “i””

Bonjour chers enfants, comment-allez-vous ? Avez-vous bien dormi ?

Ce matin au réveil je constate que je suis atteinte d’une curieuse maladie.

Je finis toutes mes phrases par la lettre « i ».

Il faut vous dire qu’hier soir avec Kuttan, mon cher ami,

Nous avons lu un reportage passionnant sur les bactéries.

Et puis,

Quand j’ai regagné ma prairie,

Au-dessus de moi c’était la fête des chauves-souris.

Cela n’a pas fait un pli ;

Intriguée, j’en ai parlé à mon cher voisin Henri.

Si j’ai bien compris,

Ces drôles de bestioles adorent les maisons jolies.

Leur préférée est à Rovaniemi, en Laponie.

Humm pas mal, moi j’aime bien, pas loin de chez moi les maisons d’Angamaly.

Henri m’a dit que par chez vous, on parle le ch’ti :

Ouaaa quel embrouillamini,

J’espère qu’aux Fêtes de la mer, je pourrai vous réciter ce que j’ai appris.

Mon avion arrive du Jeudi.

Il fait Trivandrum international Airport / Alprech international Airport, en passant par Miami et Capri.

Je ne connais pas bien l’Italie.

Fan d’archéologie,

J’essaierai de profiter de l’étape pour voir la découverte faite à Pompéi.

Ah, mes chers enfants, par avance je m’en réjouis.

Je vous embrasse très fort et vous dis à Mardi,

Shila

Lettre de Shila : “La Kumbh Mela, pèlerinage hindou, le plus grand rassemblement humain de la planète”

Chers enfants,

Je sais que vous aimeriez tant voyager mais que le confinement vous limite à rester sur Boulogne. Je sais également que vous avez la chance d’habiter une belle région, et près de la côte d’Opale, qui est si belle.

Je vais vous emmener aujourd’hui dans l’état de l’Uttarakand, à Haridwar.

Haridwar se trouve à près de trois milles kilomètres de chez moi. C’est par contre tout près de Rishikesh, vous savez, cette ville où les Beatles ont séjourné dans un ashram.

Depuis le mois de janvier et jusqu’à la fin du mois d’avril, c’est la Kumbh Mela, une fête qui rassemble plus de cent millions de pèlerins et de touristes.

Cette fête de la Kumbh Mela a lieu tous les trois ans dans l’une des quatre villes dédiées. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article au sujet de ce rassemblement si important.

La Kumbh Mela est considérée comme “le plus grand rassemblement mondial de pèlerins” et a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Ce pèlerinage hindou est organisé quatre fois tous les douze ans et a lieu, à tour de rôle, dans les villes saintes de Prayagraj (anciennement Allahabad dans l’Uttar Pradesh), Haridwar (Uttarakhand), Ujjain (Madhya Pradesh) et Nashik (Maharashtra).

La Kumbh Mela a ses origines dans la mythologie hindoue :

La Kumbh Mela, le mythe de la cruche

Le mythe fondateur de la Kumbh Mela raconte comment les dieux et les démons se sont battus pour la cruche sacrée (le Kumbh) empli du nectar d’immortalité. Ce serait le Dieu Vishnou qui a réussi à reprendre la cruche sacrée des mains des démons et alors qu’il l’emmenait vers le ciel, des gouttes du précieux nectar sont tombées sur les quatre sites sacrés de Haridwar, Ujjain, Nashik et Prayagraj.

Les hindous croient qu’un plongeon festif à Haridwar nettoiera les péchés et aidera à apporter le salut.

Tôt le matin, des saints hommes (sadhus) – et quelques femmes – appartenant à divers ordres monastiques hindous y arrivent pour se baigner.

Portant des fanions, un arc, des flèches et des bannières, beaucoup dansent et battent des tambours. Certains  arrivent sur des chars aux décorations voyantes. D’autres arrivent à cheval. La plupart sont habillés de safran.

Les sadhus, dont beaucoup sont nus, coiffés de dreadlocks et enduits de cendres, courent vers la rivière au milieu d’une lourde sécurité.

Il y a aussi des milliers de familles pauvres vivant à ciel ouvert par temps froid ici sur le vaste terrain du festival dans la ville nordique de haridwar.”

En 2019, plus de cent millions de personnes ont visité Prayagraj (anciennement appelée Allahabad) pendant la Kumbh Mela.

Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un très beau reportage qui parle de ce pèlerinage hors norme.

Je pense, chers enfants, que ça être difficile de comprendre la complexité de ce festival qui a lieu tous les trois ans, à tour de rôle dans l’une des quatre villes citées plus haut.

Chaque ville reçoit donc les pèlerins tous les douze ans.

L’année 2021 a été choisie, plutôt que 2022, par les autorités, en fonction de l’alignement des astres, le soleil, la lune et Jupiter :

En 2021, la Kumbh Mela a lieu à Haridwar dans l’Uttarakhand, une année en avance, les autorités spirituelles ayant déterminé que les auspices étaient plus favorables cette année qu’en 2022. Les bains se feront dans le Gange.”

Les bains dans le Gange ont une importance capitale.

Les dates des bains, fixées d’avance, sont les suivantes : le 11 mars, les 12, 14 et 27 avril 2021.

Des millions de pèlerins vont se baigner dans le Gange ces jours là.

Un ordre est établi, commençant par les ascètes, les sadhus et les gourous qui sont suivis par les pèlerins dans un ordre plus ou moins établi.

Le bain commence très tôt le matin, vers 3 ou 4 heures !!

Ces pèlerins viennent de toute l’Inde, voilà comment en parlait l’écrivain Mircea Eliade :

« Tous les douze ans, l’Inde tout entière frémit ; les villages s’agitent, les monastères se vident, des grottes de l’Himalaya descendent des ermites nus barbouillés de cendres, de la côte de Malabar, du cap Comorin, du golfe du Bengale, des monts Vindhya, du désert du Thar convergent des charrettes de toutes sortes, des cortèges de moines, des bandes de chemineaux, des troupes de lépreux, des suites de rajahs, des coches bondés de femmes cachées par des rideaux blancs, des trains pleins de citadins, une foule prodigieuse assoiffée de sainteté : les pèlerins de la Kumbh-Mela. »

Chers enfants, je tenais absolument à vous présenter la Kumbh Mela, qui a lieu actuellement et qui est un évènement unique au monde, étant inscrit, comme je vous l’ai dit, au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

J’ai demandé à mon cher Kuttan d’aller à Haridwar pour me joindre aux festivités, mais il m’a fait comprendre que c’est un peu trop loin, et qu’en raison du virus, les autorités ont limité la participation.

Je vous fais de gros bisous et surtout prenez soin de vous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Le syndrome de Stendhal”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Ce matin, mon cher voisin Henri m’a proposée de faire une petite balade autour de mon petit pré pour me dégourdir les pattes. Nous sommes sortis de la propriété, et avons marché vers la rivière.

Je sais bien qu’avec mes trois tonnes, je ne peux marcher comme Henri sur le tronc d’arbre posé par les humains pour traverser le cours d’eau, aussi je me suis arrêtée, et Henri a magnifiquement (comme d’habitude) enjambé l’obstacle. De mon côté, je regardais les magnifiques arbres, puis – je ne sais pas comment vous l’expliquer–, mon regard s’est perdu contemplant tout et rien. Je pense que j’étais songeuse.

Une toute petite chose a retenu soudain mon attention ; ça sautait, ça s’arrêtait, ça s’alanguissait, c’était d’une belle couleur caramel parmi le vert des plantes magnifiques bordant le ruisseau. J’étais sidérée, complétement coite, à l’arrêt.

Henri qui me regardait m’a dit, après notre balade, qu’il ne m’a m’avait jamais vue aussi immobile. Même mes oreilles et ma trompe ne bougeaient plus !

Ah, mes chers enfants, que cette vision de cette petite chose si fragile, si délicate, dans un décor si beau, m’a surprise. Henri m’a expliqué que j’avais découvert une grenouille appelée la « grenouille danseuse » :

Quelle beauté.

Ce qui m’a faite ruminer au retour dans mon petit pré, c’est ma réaction devant ce décor : l’eau qui ruisselle, les arbres et les plantes magnifiques, Henri de l’autre côté de la rive, cette grenouille, et moi qui ne peut plus bouger d’un poil tellement je suis surprise, fascinée par tant de beauté.

Henri m’a expliqué qu’à ce moment-là, j’étais gagnée par ce que vous autres, les humains, appelez le « syndrome de Stendhal ». Si j’ai bien compris, c’est le fait d’être sublimée par tant de beautés sous nos yeux.

Drôle de nom ce truc qui empêche tout d’un coup de bouger tellement on est saisi par la grâce de la beauté du monde…

Henri m’a raconté que Monsieur Stendhal, natif de par chez vous, avait ressenti la même émotion que moi ce matin au bord de la rivière. Henri me dit que c’était un grand écrivain, reconnu par chez vous comme l’un des meilleurs pour exprimer le surnaturel dans la vie quotidienne.

Hummm, maintenant qu’Henri m’explique, je me dis rétrospectivement que j’ai été envoutée par ce syndrome de Stendhal à plusieurs reprises. Quand j’ai monté la plus haute montagne de mon petit pays… :

… Quand j’ai découvert le plus bel éléphant de mon petit pays :

… Quand je regarde les petites filles humaines de mon village si jolies quand elles fêtent le Jack :

… Quand Jis me montre les photos des orchidées, de retour de sa dernière expédition :

Henri me dit que, quand il est en France, il marche beaucoup. C’est quand il redécouvre un endroit que vous appelez le « Mont Saint-Michel » que le syndrome de Stendhal le saisit.

Henri me dit qu’il a la même émotion quand il retrouve chez nous le « Taj Mahal » :

Kuttan me dit que ce sont les magnifiques peintures sur les camions qui le fascinent :

Sollicité par Kuttan et Henri, Emmanuel a répondu au téléphone que son moment de sidération à lui fut quand il découvrit pour la première fois les charmes d’une boulangerie pâtisserie traiteur parisienne.

Ouais, bon, chacun son syndrome n’est-ce pas ?

Ah, mes chers enfants, que j’étais surprise ce matin par ce moment suspendu. La nature et la culture nous offrent parfois de si belles visions, on est comme hors de soi, la tête au pays des rêves éveillés. J’espère que vous vivez ces moments là tant ils sont précieux à vivre. Pourrez-vous me les raconter en juillet aux Fêtes de la mer ?

Je vous envoie cette rêverie sidérante pour continuer à être à l’affut dès demain du prochain syndrome de Stendhal :

Bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Des nomades du Rajasthan et de l’Inde aux Tziganes et aux Roms d’Europe”

Chers enfants,

J’ai entendu dire que vous avez une très belle roulotte et que vous fabriquez une charrette de l’ancien temps sous la responsabilité de Christophe et de deux artistes charrons, qui vont construire les roues à l’ancienne.

Je sais également que vous aimez le voyage, et que dans l’impossibilité actuelle de voyager, nos échanges vous permettent de découvrir l’Inde, qui est un pays aux multiples facettes où l’on peut voyager toute une vie en découvrant chaque jour de la beauté et de l’inattendu.

Je vous ai parlé de cette communauté semi nomade, les Rabari, qui coexiste avec les léopards, dans les collines Aravalli, dans le Rajasthan.

Il faut savoir que ces collines Aravalli sont très riches en minerai de fer, que les compagnies minières voudraient exploiter. C’est une histoire très ancienne qui se répète :

Le Rajasthan a probablement joué un rôle important dans la production de fer, car le minerai est facilement disponible dans les Aravalli et les régions avoisinantes. D’après les archives archéologiques, il est clair qu’à l’époque historique, le Rajasthan était sûrement un lieu de production de fer à grande échelle. La présence d’un objet en fer à Noh (Painted Gray Ware) et à Ahar, cependant, suggère une date antérieure au 1er millénaire avant Jésus-Christ pour le fer au Rajasthan ou en Inde.”

Les Gadulia Lohar vivent dans cette région, et le travail du fer est leur spécialité. Cette tribu nomade est capable de travailler et de fabriquer n’importe quel objet à partir de tout type de métal. Le sens littéraire de Gadulia est “charrette à bœufs” et Loha est “forgeron”.

Dommage qu’ils soient si loin, ils auraient pu donner un coup de main pour la charrette que vous fabriquez !!

Cette tribu nomade était très reconnue au temps du règne des maharadjas, ils fabriquaient les armures des rois hindous, les ornements en métal, les roues de charrette, les outils de travail, etc.

Ils ont gardé le savoir faire, mais se refusent à construire des armes.

Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article intéressant parle de cette tribu de forgerons artistes, qui vivent toujours dans leur charrette à bœufs aménagée.

Les nomades sont nombreux en Inde, 80 millions, plus que la population française, forgerons, bergers, graveurs, chanteurs, musiciens, danseurs, saltimbanques, charmeurs de serpents, acrobates, et j’en oublie.

Avec vos maisons, chers enfants, le Centre de Jour, la Maison du Cirque, la Maison de la Danse, la Maison de la Musique, la Maison du Sport, la Maison des Découvreurs, la Maison Vive.

Vous avez des points communs avec les nomades indiens, qui sont de véritables experts dans toutes ces disciplines. La tradition culturelle est riche et leur musique me met en joie.

Regardez le spectacle des gitans Dhoad, ça fait penser à votre spectacle de fin de saison culturelle, je vous admire.

Il en est de même pour la danse, je suis vraiment charmée par la danse gypsy et le chant de ces enfants dans leur campement au Rajasthan.

Je les jalouse un peu, car l’éléphante si agile que je suis, n’arrive pas à danser aussi bien !!

La vie de ces nomades n’est pas facile, ils sont déchirés entre leurs traditions séculaires et le monde moderne qui les dépouille de leur identité.

La colonisation britannique a été impitoyable avec eux :

En 1871, la législation coloniale de l’Inde britannique promulguait la “loi sur les tribus criminelles”. Abolie à l’indépendance de 1947, cette procédure visait les tribus que les Anglais ne parvenaient pas à soumettre et arrivaient à reconnaître coupables au niveau du groupe entier sans qu’il y ait procès”.

Même la loi coloniale de 1871, faisant d’eux des criminels, a été abolie à l’indépendance de l’Inde, il n’en reste pas moins que les femmes et les hommes restent hantés par cette loi qui faisait d’eux des “nés criminels“.

Cette loi a marqué les tribus indiennes, non seulement au Rajasthan mais partout en Inde , comme les Dombas, gitans indiens du Kerala et Tamil Nadu.

Henri m’a dit qu’un Monsieur qui fait des films de cinéma, Monsieur Tony Gatlif a fait un très beau film sur les nomades, prétendant que les noms différents de Roms, Gitans, Tziganes, Manouches, Bohémiens… désignent les multiples visages d’un peuple unique parti de l’Inde, il y a un millier d’années :

Le projet de Tony Gatlif est magnifique : donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Cette parole est, en l’occurrence, musique. Nous allons donc traverser le temps et l’espace, le long du chemin millénaire qui mena les Roms du nord de l’Inde jusqu’aux rivages de l’Atlantique. La musique nomade évolue, et les noms changent : rom, halab, tzigane, gitan ou bohémien désignent les multiples visages d’un peuple unique. Les étapes se succèdent : l’Inde originaire, l’Égypte, la Turquie puis, au-delà du Bosphore et de Sainte-Sophie, la Roumanie, la Slovaquie, Auschwitz aussi… Et encore l’Allemagne, la France des Saintes-Maries, puis l’Espagne profonde. Le fil d’Ariane de cette longue route reste la musique, toute la musique. Elle surgit au travers des fêtes ou de brefs moments de halte, sur la route. Le spectacle est magistral, et emballant. Latcho drom est un superbe film musical et un vrai road-movie ancestral. Un peu la version originale du genre : bien avant Kerouac et les beatniks, bien avant les pionniers du nouveau monde, il y a eu d’autres nomades, d’autres aventuriers forcés et ignorés. Et, en tout premier lieu, ceux-là qu’on nomme, par excellence, les gens du voyage.”

Kuttan et Henri m’ont expliqué que des nomades, les Roms ont quitté l’Inde pour l’Europe, il y a un millier d’années. Leur langue, le romanes ou romani est proche de la langue hindi, langue du Nord de l’Inde. L’origine du mot Rom viendrait du dieu hindou Rama, selon l’une des hypothèses.

Vous connaissez, chers enfants, l’éléphante pleine de compassion que je suis, et je ne vous étonnerez pas si je vous dis toute ma tristesse par rapport au traitement des Roms dans votre beau pays. Entre quinze et vingt milles Roms vivent en France, venant pour la plupart d’Europe de l’est, de Roumanie et Bulgarie.

J’ai su qu’ils vivent dans des conditions indignes et qu’ils sont souvent chassés de leurs campements.

Les bidonvilles Roms sont une exception française, l’accueil qui leur est réservé en Espagne, en Italie et en Allemagne est, m’a-t-on dit, beaucoup plus digne.

Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article très intéressant sur ce sujet.

Je souhaiterais tellement que dans mon pays comme dans le vôtre, l’attention soit portée sur ces populations dont la culture disparaît.

Vous connaissez, mes chers enfants, ma liberté de parole, et je sais que votre pays favorise la liberté d’expression, mais face à la situation des nomades, des Roms, de ces peuples errants, je n’ai que de l’incompréhension et des questions.

Je ne comprends pas comment des gouvernements peuvent décréter une loi comme celle promulguée en 1871 par le Raj britannique en Inde, criminal tribes act, désignant les tribus nomades comme criminelles !!

Je ne comprends pas comment un gouvernement nazi a pris la décision de d’exterminer les nomades chez vous pendant la seconde Guerre mondiale !!!

Je ne comprends pas comment des gouvernements aujourd’hui continuent à discriminer ces gens !!!

La question que je me pose est la suivante : comment est-ce possible de laisser disparaître la culture et les traditions de ces populations qui, comme vous et comme moi, n’ont pas choisi leur lieu de naissance ?

Maxime Le Forestier me console avec sa sublime chanson :

On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille

On choisit pas non plus les trottoirs de Manille

De Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher

Être né quelque part

Être né quelque part, pour celui qui est né

C’est toujours un hasard

(Nom’inqwando yes qxag iqwahasa)

(Nom’inqwando yes qxag iqwahasa)

Y a des oiseaux de basse cour et des oiseaux de passage

Ils savent où sont leur nids

Qu’ils rentrent de voyage ou qu’ils restent chez eux

Ils savent où sont leurs œufs

Être né quelque part

Être né quelque part, c’est partir quand on veut

Revenir quand on part

(Nom’inqwando yes qxag iqwahasa)

(Nom’inqwando yes qxag iqwahasa)

Est-ce que les gens naissent égaux en droits

À l’endroit où ils naissent

(Nom’inqwando yes qxag iqwahasa)

Est-ce que les gens naissent…

 Chers enfants, je vous fais de gros bisous.

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Sons des premiers âges”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Hier soir je regardais avec Kuttan un documentaire sur les bébés éléphants, c’était très attendrissant ce retour en enfance :

Oulala, je ne me rappelle pas ces premiers moments.

Que de difficultés j’ai dû affronter : ne voyant pas bien, les pattes vacillantes, le placenta attirant les prédateurs, la soif à assouvir, trouver la mamelle de la maman pour téter. Heureusement la tribu matriarcale a veillé sur moi :

Voyez-vous chers enfants, ce qui a retenu particulièrement mon attention hier soir, c’est le barrissement de l’éléphanteau :

C’est comme un son tout petit, qui annonce qu’il prendra sa place dans le monde.

Nous autres, les éléphants, avons plusieurs gammes de sons pour exprimer nos émotions et communiquer avec nos cousines, cousins, grand-mère, grand-père, mère, père, sœur, frère, fille, fils.

Emmanuel et Henri m’ont raconté que depuis très très longtemps, les humains avaient respecté notre son, et en avaient construit des instruments pour signifier des moments très importants.

Humm, j’espère que ces humains ont construit ces instruments avec des os de mes anciennes et anciens, morts de leur belle mort. C’est vrai quoi, les humains ont depuis des siècles tendance à nous faire la peau pour des commerces entre eux inacceptables au nom du droit des animaux à vivre.

Emmanuel me dit que le combat pour que les éléphants puissent vivre en harmonie avec les humains dès leur naissance est une histoire remontant à des milliers, milliers, milliers d’années. Il se trouve, me dit Emmanuel, que les humains depuis l’aube de votre humanité, ont associé l’enfantement de l’éléphant à l’enfantement de l’humain.

Humm, chers enfants, si je suis heureuse que nous soyons famille éléphants et famille humains dans cette communauté d’esprit pour célébrer l’acte d’enfanter, je me dis que votre désir de vivre ne doit pas être au détriment du mien.

Kuttan et Henri m’ont expliqué que les humains ont depuis leur naissance il y a bien longtemps voulu produire des expressions à partir d’autres qu’eux, et que si les éléphants ont beaucoup été sollicités dans cette longue histoire, des créatures marines furent sans doute les premières à y être associées.

Mes chers enfants, que la racine du temps a pu engendrer des coexistences parfois heureuses, parfois malheureuses. Moi l’éléphante philosophe me dis que l’important est de rétablir régulièrement les injustices génération après génération. Puissions-nous tous veiller à l’harmonie du Monde.

Je vous propose cette douce mélopée pour méditer cette grande question existentielle ; de qui sommes-nous ? :

Je vous embrasse très fort,

A lundi,

Bisous