La saison culturelle 2017-2018 avait pour thème Trait d’union : tout au long de l’année les enfants et les jeunes de notre institution ont préparé dans le cadre de leurs ateliers bi-hebdomadaires le spectacle exprimant de bien des façons les fondamentaux de nos rapports au monde.
Bernard Sultan a animé aux mois d’octobre et de novembre 2017 des ateliers d’écriture créative pour les enfants des Maisons, en quête d’une histoire à raconter sur scène le 6 juillet 2018 à propos du thème de notre saison : Trait d’union.
Bernard nous propose ce conte, nourri des contributions des enfants ; l’histoire sera débattue jeudi 18 janvier lors de la deuxième réunion trimestrielle avec François Roy, metteur en scène du spectacle, les professeurs des ateliers éducatifs et artistiques bi-hebdomadaires de notre association, les chefs de service et la direction.
Cliquez sur la fenêtre ci-dessous pour découvrir le conte inventé par Bernard Sultan :
“On dirait un “T”.
Fantaisie librement inspirée des ateliers d’écriture avec les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.”
Histoire d’Alan et Marion.
Ce sont deux jumeaux, un frère et une sœur, Alan et Marion. Ils ont toujours tout fait ensemble, vivant une enfance plutôt heureuse, malgré des parents souvent absents, le père voyageant beaucoup pour son travail, et la mère travaillant de nuit dans un hôpital.
Alan et Marion sont des enfants rêveurs, s’inventant des mondes et aimant à s’y perdre.
Ils sont tellement proches l’un de l’autre qu’ils sont capables de se comprendre sans parler. Ils ont développé entre eux une sorte de communication télépathique.
Il y a dans leur jardin une balançoire où, depuis tout petits, ils aiment venir s’amuser, se poussant tantôt l’un tantôt l’autre.
Ils aiment jouer au jeu de « A quoi ressemble le monde ? » : les yeux bandés, se balançant, ils inventent à voix haute la forme du mondes, ses couleurs, ses voyages, ses nuages…
Ils ont deux tourterelles en cage. Un jour, petits, ils ont ouvert la cage et lâché les tourterelles vers le vaste ciel. Tristes et joyeux d’avoir donné la liberté à leurs oiseaux. Mais, au bout de quelques jours, les tourterelles sont revenues d’elles-mêmes, et depuis, la cage est restée ouverte et les tourterelles vont et viennent à leur guise.
Quand ils se chamaillent, ce qui arrive souvent, car ils sont comme chien et chat, Marion dit à Alan : « N’oublie pas que je suis l’ainée. Je suis née une heure avant toi ! », et Alan fait semblant d’accepter, ravi de voir combien sa sœur est sage et vive, et belle, et drôle.
Ils s’aiment tellement tous les deux qu’ils voudraient ne jamais se quitter. (A huit ans, ils s’en sont fait le serment solennel).
Un jour, leurs parents ne sont pas revenus.
Ils les ont attendus plusieurs jours, un peu inquiets tout de même. On le serait à moins. Mais quelques temps plus tard, ils ont reçu une carte postale d’un pays lointain et ensoleillé :
« Chers enfants. Nous sommes partis sur un coup de tête, fatigués de ces vies stupides, usées à travailler, à ne pas se voir, à ne plus s’aimer. De toute façon nous étions déjà tellement absents que vous avez appris à vous débrouiller tout seuls. Ici, la vie est très belle, et nous sommes à nouveau très amoureux. Nous avons monté un numéro de clowns qui marche très bien et que nous jouons dans les villages, les écoles, les hôpitaux. Passez nous voir à l’occasion, et surtout, inventez vos vies, avec passion, avec plaisir, avec envie ! Vous serez toujours nos enfants chéris, signé : Maman et papa »
Des vraies tourterelles, ces deux-là ! se dirent Marion et Alan, mi- tristes, mi- gais.
Et ils méditèrent cette phrase : « Vivre avec envie… en- vie… envie… »
Un soir de balançoire, ils arrivaient vers leurs quinze ans, ils virent bien que quelque chose les tarabustait.
« Qu’est-ce qui te tarabuste ? », se dirent-ils par télépathie.
« Eh bien, c’est cette histoire de pacte, que nous avons passé il y a longtemps, de ne jamais nous séparer… »
« C’était un peu bête… »
« Nous étions petits… »
« Nous pensions qu’il suffisait d’imaginer le monde pour qu’il nous appartienne. »
« Mais le monde est bien plus vaste, et bien plus étonnant »
« Et bien plus beau… »
« Non, pas forcément. Le monde n’est pas toujours très beau. »
« Mais on peut toujours inventer de nouveaux chemins pour le parcourir… »
« Pour en retrouver la beauté cachée. »
« Gâchée ? »
« Cachée ! »
« Ce n’est qu’une question d’en- vie. »
Et ils décidèrent de partir, chacun de son côté, pour mieux se retrouver.
« Toi, par-là, moi, par-là (ou le contraire). De toute façon la terre est ronde, on se retrouvera. Et puis on reste ensemble par la pensée. C’est comme le mot “REVER”, on peut le lire dans un sens ou dans l’autre… »
Alors, prenant chacun un sac à dos, les deux ados, dos à dos, partirent chacun de son côté, solennels, comme pour un duel.
Histoire de Lana et Romain.
Ce sont deux jumeaux, eux aussi, frère et sœur. Leur mère a accouché sous X et ils ont été placés à la naissance dans deux familles différentes.
L’enfance de Romain a été chaotique, car il ne se sentait pas aimé par ses parents d’adoption. Dans la ferme où il a grandi, et où on l’a très jeune employé aux plus durs travaux, il avait une seule amie, Mila, l’amie Mila, une grosse chienne affectueuse. Ils ne se quittaient jamais et allaient courir dans tous les sens les chemins de la campagne.
« Moi aussi, un jour, on m’a mis là, Mila, sans me demander mon avis… »
Romain est devenu un petit sauvageon, un gamin un peu triste, ne vivant pas le monde comme un endroit bienveillant. Il s’était mis à faire des bêtises. Une graine de vaurien, disait-on, et lui aussi répétait : « Vaut-rien, vaut-rien, je ne vaux rien »
Quand l’amie Mila mourut de vieillesse, Romain, qui avait quinze ans, fugua de la ferme, et dès lors il dormit dehors, comme un précaire, et vécut d’expédients. Un jour, il trouva une guitare, cadeau du sort ou d’un vieux clochard, et se mis à en jouer.
Et il gardait sur lui un vrai trésor : un petit carnet et un bout de crayon, car bien qu’il n’ait jamais accroché à l’école, il adorait écrire et dessiner, des petits bouts de chansons et des croquis. Quand quelque chose lui tapait dans l’œil, il le dessinait aussi vite, clic-clac, qu’on appuie sur le bouton d’un appareil photo, ou il le décrivait en trois phrases saisissantes. Il appelait ça : son instinct de l’instant.
Lana eut plus de chance. Elle atterrit chez des parents aimants et attentifs qui l’élevèrent comme leur propre fille. Elle devint une jeune fille sage et un peu lisse, adorant le cheval, la danse et le piano.
Après le collège, elle partit en internat pour poursuivre ses études dans la grande ville. Dans sa vie bien rangée, elle qui ne manquait de rien, il lui manquait quelque chose, peut-être un petit grain de sable, un petit brin de folie, qui la ferait dérailler. Sans le savoir, elle était mûre pour accueillir le parfum de l’aventure.
Ah, j’oubliais ! A leur naissance, avant de les abandonner, leur mère biologique leur avait cousu un petit ruban brodé, ou plutôt deux demi-rubans, comme les deux pièces d’un puzzle, les deux morceaux d’un même ADN :
« Quand la vie vous réunira La vie qui va cahin-caha Les rubans se rajusteront Frère et sœur se retrouveront ! »
Et Lana et Romain gardaient toujours sur eux ce petit ruban, comme un talisman, un porte-(trait d’union)-bonheur.
Le tour du monde, on ne le fait pas en ligne droite, mais en zigzaguant et en tournicotant, et au bout de quelques jours Marion et Alan se mirent à errer à l’aventure.
Car il leur fallait se débrouiller pour gagner leurs vies, trouver où dormir, et puis ils faisaient des rencontres, se faisaient des amis, si bien qu’ils n’allèrent pas très loin. Ils se retrouvèrent même plusieurs fois dans les mêmes villes, mais le hasard fit qu’ils ne se rencontrèrent jamais, à une rue près, ou à un métro près, à un cheveu, quoi !
L’enfant du vent.
Croyez-y ou pas, c’est là qu’intervient un esprit malin, un esprit farceur, espiègle, qui s’est mis à veiller sur la destinée de nos quatre héros. Nous l’appellerons l’Enfant du Vent, ou simplement Le Joyeux Courant d’Air.
Vous l’avez sûrement rencontré plus d’une fois, protégé par son invisibilité, son imprévisibilité. C’est lui qui vous fait trébucher quand vous avez des paquets plein les bras, qui emporte votre chapeau tout neuf, ou encore fait claquer la fenêtre pour entendre le fracas d’une vitre qui se brise.
Eh bien c’est lui, l’Enfant du Vent, qui entre en scène ici, déguisé en jongleur, en ballon de baudruche, ou simplement en brise légère.
Et voilà qu’il souffle à Lana, la fille sage, d’aller se promener en ville, pour profiter des premiers rayons du printemps.
Robe légère et bonnet fleuri, un beau sourire aux lèvres, elle est jolie, Lana. Jolie comme un cœur.
Et voilà qu’un coup de (l’Enfant du) vent fait s’envoler son bonnet.
Qui le ramasse ?
Marion !
« Mademoiselle, ton bonnet ! »
« Merci ! Zut, il est tombé dans l’eau ! »
« C’est drôle, j’ai l’impression de te connaitre. »
« Moi aussi, et depuis toujours… »
« Faisons quelques pas »
« Tu ressembles à la sœur que je n’ai pas. Comme deux gouttes d’eau »
« C’est vrai. Et toi, tu ressembles à mon reflet. Trait pour trait. »
« Que fais-tu dans la vie ? »
« J’étudie. Et toi ? »
« Je cours le monde. Un pari… »
« Je t’offre un petit crème ? »
Ça y est, se dit l’Enfant du Vent. Elles ont fait connaissance. Et elles ont l’air de bien s’entendre. Voilà une bonne chose de faite. Passons aux deux autres.
Au voleur ! On m’a chipé mon portable (un coup de l’Enfant du Vent…) C’est lui ! C’est ce vaurien !
Et voilà, erreur judiciaire, Romain qui est conduit au poste.
Nom. Prénom Romain Romain comment ? Romain sans toit… Romain des bois… Tu te fiches de moi ? Oui. Appelez-moi Romain Romano, ou Romain Romarin, ou Romain le Vaurien… Monsieur est poète ? Oui. En tout cas, je n’ai pas volé ce portable. Pas mon genre. Je dérobe parfois une pomme ou un croissant, seulement quand j’ai faim. C’est bon pour cette fois. Passe ton chemin. Je ne veux plus te voir dans le coin. Merci. Tenez, je vous rends votre montre. Je suis un peu prestidigitateur… Fiche le camp !!
C’est en sortant du commissariat que Romain tomba sur Alan.
Il crut se voir dans une glace.
Tiens ! Je suis décoiffé, pensèrent-ils. Et ils passèrent leurs mains dans leurs tignasses.
Et qu’est-ce que c’est que ce blouson/manteau que j’ai sur le dos ? Pas à moi, ça ! Et ils se tournèrent pour se regarder dans leur reflet.
Et cette chemise moche/ce sweet-shirt trop classe ! (même jeu)
J’ai jamais eu de sac à dos/J’ai jamais joué de guitare (même jeu)
Usurpateur !
Faux-frère !
Ils en viennent aux mains.
Puis reprennent leurs esprits…
« Oh pardon ! Je t’avais pris pour moi ! »
« Moi aussi, c’est crétin ! »
« Je ne t’ai pas fait mal, au moins ? »
« Si »
« Moi pareil. Enchanté. Romain. »
« Alan. On fait un bout de chemin ? »
« J’ai un copain qui m’a invité à son cours de cannes françaises. Tu m’accompagnes ? »
Et voilà le travail, se dit l’Enfant du Vent en se frottant les mains et en gonflant de plaisir ses joues invisibles.
Communication télépathique entre Marion et Alan :
« Frérot, j’ai une copine ! »
« Frangine, j’ai un poteau ! »
« Où en es-tu de ton tour du monde ? »
« Quelque part entre Istanbul et Los Angeles. Et toi ? »
« Oh moi, à peu près entre Tokyo et Ouagadougou… »
« Super. Bonne chance ! »
Si je calcule bien, se dit l’Enfant du Vent, ils doivent être du côté de Boulogne sur mer… Organisons la suite des événements.
Lana et Marion se revirent souvent. Marion accompagnait Lana à ses cours de danse après le lycée. Marion s’imaginait faisant du trapèze volant, sorte de balançoire en grand.
Romain chantait dans la rue et faisait la manche, et Alan et lui faisaient des tours de jonglerie.
« Tu as de la chance d’avoir un frère, disait Lana à Marion. Moi je n’en ai pas… Enfin je crois. Pourtant parfois je rêve qu’il y a quelqu’un sur la terre qui pourrait être mon frère… »
« Tu veux dire, un amoureux ? »
« Non, c’est pas ça. C’est plus flou que ça. Comme si je voyais double, trouble. J’ai l’image d’un jeune homme qui est à la fois un frère et un amour. On ne peut pas être amoureux d’un frère, n’est-ce pas ? »
« Je ne crois pas. Mais on peut s’aimer très fort »
« La question ne se pose pas. Je suis fille unique. Mais je ressens un manque si fort ! Et qui me semble si près ! »
« C’est quoi, ce ruban que tu portes au cou ? »
« Ça ? Je le porte depuis toujours. Je suis née avec, je crois. »
« Allons voir une voyante ! »
« J’y crois pas, à ces conneries »
« Moi non plus. C’est juste pour rigoler. »
« J’ai rêvé, dit Romain. J’étais sur une île déserte, avec une jeune fille, deux naufragés seuls au monde. Une fois, je pars faire le tour de l’île à la recherche de fruits et de coquillages, et quand je reviens, à la tombée de la nuit, je la vois : Elle a préparé une belle table, avec des bougies, de la belle vaisselle. Elle m’offre de colliers de nacre.
« Bon anniversaire, petit frère ! »
« Tu es ma sœur !? »
« Oui. Et c’est mon anniversaire aussi. »
« D’où sors-tu tout ça ? Tu as trouvé un trésor ? »
« Juste de mon imagination, mon trésor ! Bijoux, bougies et vaisselle d’or ! »
« C’est trop beau pour être faux ! Et tu ne peux pas être ma sœur. Tu es trop belle… »
« Merci du compliment, frérot idiot ! »
« J’ai fait un rêve, dit Marion. Nous nous promenions, mon frère et moi dans la forêt, ou nous étions peut-être perdus. On trouve une maison. Je la reconnais. C’est la maison de nos parents. Dans le jardin il y a une balançoire qui se balance toute seule. (Pas toute seule, sourit l’Enfant du Vent…) Mes parents ne sont pas là. Mais il y a un beau jeune homme, habillé en magicien. Il sort une tourterelle de sa poche. Puis il m’invite à danser. La musique est très belle. Comme une idiote je dis : « Il n’y a qu’une tourterelle ? Je croyais qu’il y en avait deux. » A ce moment-là, mon frère disparait en disant : « Je vous laisse. Je continue de mon côté » Je suis un peu triste un peu gaie, et j’ai le vertige à force de danser. Et la musique dit :
« Regardez les deux amants L’amour leur donne des ailes Ils tournent éperdument Tout seuls au milieu du ciel. On dirait deux tourterelles Dansant dans le firmament. Qu’il est beau, qu’elle est belle ! Regardez les deux amants… »
Marion et Lana.
Qu’a dit la voyante, déjà ?
Elle a dit « On dirait un T »
Un T ?
Oui, la lettre T
Ça ne veut rien dire
Elle a dit : « Le T va remplacer le X »
Ça ne veut rien dire. C’est du pipeau.
Elle a dit : « Change l’ordre des cartes et tu trouveras les traces »
N’importe quoi ! Je suis vénère !
Qu’est-ce que tu as dit ?
J’ai dit : « N’importe quoi ! »
Et après ?
« Je suis VENERE ! » Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi !
Attends ! Change l’ordre des cartes ! C’est ça ! Change l’ordre des lettres : CARTES – TRACES ! … VENERE – ENERVE !
Et alors ?
« ON DIRAIT UN T », c’est ça la clé de l’énigme !
Cherchons…
L’Enfant du Vent sait changer l’ordre des lettres rien qu’en soufflant dessus. Bien sûr, c’était lui, la voyante !
Il sait aussi, au moyen de quelques tornades et crocs en jambes, jeter les gens dans les bras les uns des autres.
Et le voici à la Fête de la Gainée, où nos quatre jeunes gens se sont rendus
« GRAND BAL MASQUE DE LA GAINEE », proclame une banderole-farandole.
« Marion ? »
« Alan ? » (Dans les bras l’un de l’autre)
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas à l’Ile de Pâques ? »
« Il faut que je t’avoue… Mon tour du monde s’est arrêté ici… »
« Moi aussi ! »
« Viens que je te présente mon ami Romain. Il chante des chansons à lui »
« Il y a tout un attroupement. Il a du succès, ton ami ! »
« Oui, ça commence à bien marcher. »
« Alan ! »
« Quoi ? »
« Le ruban ! Il a un ruban à son cou ! »
« Eh ben quoi ? Il a le droit. »
« Vite ! Il faut que je retrouve Lana ! »
« Qui est Lana ? »
« C’est mon amie »
« Au milieu de cette foule, on va avoir du mal… »
« Je l’ai laissée près du chamboule-tout. Dis à Romain de venir avec nous »
« Il se passe un truc, là… »
« Oui ! Il se passe un truc ! »
Lana joue au chamboule-tout. Le stand s’appelle « ARMONI ». Sur chaque boîte de conserve il y a une lettre, et l’assistante les remet en place au hasard. Les boîtes empilées en ce moment forment le prénom « MARION ».
« Tiens ! C’est rigolo ! », pense Lana. Et elle relance la boule.
« Et maintenant, ça fait « ROMAIN », tiens, tiens ! »
« Oui, c’est moi. Qui m’appelle ? », dit Romain arrivant avec Alan et Marion
« Comme cette fille te ressemble ! dit Alan, c’est troublant… »
« Et regarde : le ruban ! Ils ont le même tous les deux ! »
Et c’est ainsi que les jumeaux se sont retrouvés. Ils vont avoir beaucoup de choses à se raconter…
Pas si vite, rigole l’Enfant du Vent. Je n’ai pas fini mon boulot. Et il suggère à l’orchestre de jouer un air endiablé. Les quatre jeunes gens, masqués, dansent un rigodon. Alan s’arrête. Il tient Lana dans ses bras. « Regardez ! ». Marion et Romain s’arrêtent à leur tour, enlacés. « Regardez là-haut ! Les deux avions qui se sont croisés : leurs traces dans le ciel, on dirait un T »
« Qu’est-ce que tu as dit, blêmissent Lana et Marion ? »
« Ah oui. On dirait un T. S’ils s’étaient croisés plus tôt, ça aurait fait un X », ajoute Romain
« Quoi !? hurlent Marion et Lana »
« Ben rien, y a pas de quoi en faire toute une histoire »
« Si !!! »
A ce moment entre une troupe de majorettes. Sur leurs tuniques sont écrites de grandes lettres qui forment la phrase : « ON DIRAIT UN T ».
Les serveurs des maisons, en tabliers rouges, distribuent chichis et boissons.
« On va boire un coup à une grande tablée ? dit un des quatre jeunes gens tendrement enlacés ? »
Ils ne voient pas que dans leur dos les majorettes ont changé de place et « ON DIRAIT UN T » est devenu « TRAIT D’UNION ».
Sur un petit nuage, l’Enfant du Vent écrit en lettres invisibles :
« ALAN aime LANA – MARION aime ROMAIN »
Ils vécurent heureux, etc. et leurs enfants s’appelèrent peut-être Irma et Rami, et Ismaël et Maëlis …
En raison de problème de connexion avec le lieu de résidence des enfants et de l’équipe éducative, nous n’avons reçu que récemment les lettres que Brandon a écrites ces dernières semaines pour raconter son Itinérance au Sénégal.
Voici les textes de Brandon :
“La jument :
Chez les peuhls de la famille d’Ibrahim nous étions presque arrivés quand… « hop bardaf » nous nous sommes enfoncés. Impossible de bouger la voiture.
Pendant deux jours, nous nous somme battus dans la boue et sous le soleil pour la débloquer. Tous le village était là. Moi je coupais des troncs afin de pouvoir décoincer la voiture.
Enfin, au bout de nos efforts, après de multiples tentatives, nous avons eu l’idée de prendre une corde, de l’attacher a l’arrière. Nous avons tiré comme des chevaux démoniaques, et la voiture est sortie de l’enfer !
Nous nous sommes installés au pied du plus grand arbre de la brousse. Le délire était que nous devions faire nos toilettes nous même et aussi notre douche. Il y avait trop de piquants, on se faisait mal aux pieds, il fallait faire très attention.
J’ai monté un chameau pour la première fois. Son « debout » m’a fait peur mais après ça a été. Je me suis débrouillé tout seul. Il trottait, galopait et faisait des « épaules en dans ».
Les chevaux du Sénégal sont chouettes sauf qu’ils ne savent rien faire niveau dressage et cso (saut d’obstacle) mais bon, j’ai valorisé un cheval en le faisant sauter soixante centimètres. Elle sautait pour la toute première fois la jument.
Maintenant je vais parler de Ibrahim, la personne qui nous accueille. C’est un peuhl qui a trois enfants. Il a aussi des dromadaires, des vaches, et énormément de chèvres.
Huit jours se sont écoulés, cela était bien à vrai dire. Nous sommes partis durant deux jours sur une dune avec deux dromadaire et un cheval afin de bivouaquer. Le lendemain nous sommes partis à Kaolack.
Brandon
Je suis parti chez des bambara, il sont chouettes ; j’ai été dans un village qui s’appelle Dagayoumdoum.
Le chef de village a quinze enfants. Il cultive de l’arachide qu’il bat ensuite avec des bouts de bois pour extraire les graines des gousses.
Le kilo de cacahuète coûte 210 francs et eux ils cultivent des tonnes de peanuts ! Ils mangent souvent du mafé, c’est du riz à la sauce aux cacahuètes.
Plus les jours passèrent et plus je me plaisais dans cette famille. J’ai été pris comme un enfant de la famille. Je me sentais aimé énormément par les autres enfants. En discutant sur les conditions de vie au village avec certains villageois, je me suis rendu compte que le centre hospitalier dirigé par un homme nommé Saliou, fonctionnait bien mais avait du matériel en très mauvais état.
J’ai décidé de prendre sur mon argent de poche pour financer l’achat de matériel de première nécessité. J’ai donné 40 mille francs pour racheter une table de consultations et une chaise.
Voilà ! Bonjour à toutes les personnes qui me manquent. La suite au prochain article.
En raison de problème de connexion avec le lieu de résidence des enfants et de l’équipe éducative, nous n’avons reçu que récemment les lettres que Laura a écrites ces dernières semaines pour raconter son Itinérance au Sénégal.
Voici les textes de Laura :
“Famille d’Ibrahim :
Nous quittons la maison fabuleuse et nous allons tous à la maison d’Ibrahim, à « ma première famille ».
Sur le chemin pour s’y rendre on s’est ensablé deux fois. La première fois c’était dans le sable il y avait rien de méchant, mais par contre la deuxième c’était pire. Il nous a fallu environ trois jours pour nous sortir de là, avec l’aide du village bien sûr.
Ensuite, nous nous sommes posés à proximité du village en dessous d’un arbre qui fait de l’ombre. On a posé nos bagages, on a construit un four, douche et des toilette, c’était reposant on était bien ici.
Steven, Brandon et moi on s’amusait. Steven a été puni pendant quatre jours parce qu’il avait fugué. Les repas, ils étaient grave bon ! D’ailleurs merci a Kadi, c’est les meilleurs d’Afrique !
Ensuite on est monté à un Baobab, c’est de très jolis arbres. A la dernière soirée que nous partageons dans la bonne humeur, ont est partis dans la colline à un kilomètre de notre camp de base. On a pris un transport diffèrent chacun, mais pas n’importe lesquels ! Il y avait un cheval, deux Chameaux et deux ânes qui tire la charrette. J’ai choisi le cheval avec Djeneba, Brandon sur le Chameau. Steven, lui, a était un peu sur le chameau sur le chemin du retour.
Moi, au retour, j’ai fait la balade a pied. Arrivée sur les dunes, la vue était vraiment magnifique !
Le soir on a fait un feu de camp, c’étais vraiment bien l’ambiance et le sable sous nos pieds, on rigolait bien, on a vu un troupeau de dromadaires c’était vraiment chouette.
Ensuite en passant la nuit, Brandon avait oublié sa couverture et la mienne, nous avons caillé toute la nuit et mal dormis. Du coup on et resté près du feu de camp le plus tard possible, donc enfin de compte ce n’était pas si grave que ça, on rigolait bien.
Ensuite pour le retour de cette aventure, avant de partir on a tous essayé le dromadaire, d’ailleurs j’ai failli partir en avant… Et j’ai fait le reste à pied pour revenir au point de départ. Bref, ensuite nous disions à bientôt à tout le monde, et on s’en va, sans laisser de trace.
C’était une magnifique expérience.
Laura
Le domaine des scorpions :
Nous partons tous pour Guelack, spécialement dans une ferme dont Baptiste et Kadi sont à la recherche, pour savoir comment ils font les fromages de chèvres qu’ils ont goûtés.
La visite était bien détaillée, mais moi je n’étais pas trop intéressée parce que je n’aime pas trop le fromage de chèvre…
Ensuite, Batiste a vu avec le directeur pour nous héberger , donc on s’installe dans des chambres d’hôtes. C’était très sale, les chambres n’étaient pas nettoyées, mais j’ai fait le maximum pour que tout soit niquel.
Je faisais des aller-retour parce que il y avait des araignées et j’aime pas les araignées…
Ensuite j’entendais bouger sur les tapis et en dessous, j’ai pensé que c’était des scarabées, mais non c’était au dessus de ma pensée et c’était des magnifique scorpions : des gros com’as ! j’appelais Baptiste pour venir les tuer par peur d’être piquée.
Et dans la chambre de Brandon et Steven ils en ont trouvé deux plus gros que nous. Et j’ai fini par appeler ça « Le domaine des scorpions ».
Ensuite on s’ennuyait, il y avait rien à faire et les deux jours suivants c’était pareil et nous finissons par partir, un peu déçu.
Nous allons à Tambacounda, je suis assez pressée de reprendre de nouvelles expérience.
Laura
La famille de Bä :
Nous sommes partis a Kaolack c’est une ville située au centre du Sénégal, pour se rassasier d’un sandwich avant de se poser dans le village qui s’appelle « Ndangare ».
Batiste, Kadi, Djeneba, Steven, Brandon et moi installons nos affaires devant un magnifique Baobab, nous restons environ deux jours et après c’est le recommencement des famille.
Donc le lendemain nous y allons tous un par un, et je suis partie dans la famille de Bä.
Le papa s’appelaient Harandé Bä, et sa femme Aissata et sa deuxième Woury et ses enfants « Matta, Sophie et le petit Pathé » ; ils m’ont accueilli là-bas chaleureusement, ils sont tous super sympas. Avec Harandé, je discutait de tout et de rien, je l’adore, j’ai même fini par l’appelai papa en Peul : c’est son langage d’origine.
Son village s’appelle « Sinthiou », tout les villageois sont adorables. Ils viennent me voir souvent tout les soirs quasiment.
Matta la petite de la famille de Bä, je l’adore ; elle voulait que je reste pour l’éternité avec elle. Ensuite Ibou, il me laisse monter à cheval tout les jours de 17H à 18H30, c’était une jument avec son poulain et le poulain s’amusait avec moi tout le temps, j’avais l’impression que c’était magique, c’était vraiment cool.
Tous les week-ends, l’enseignant qui venait, je rester tout mon temps avec lui. Il était bien et surtout avait beaucoup d’humour. Souleyman me faisait rattraper tout le temps que j’avais perdu à l’école. Je le remercie d’ailleurs !!
Ensuite Djeneba était venue me rejoindre pendant ces deux derniers jours, c’était enrichissant au cœur, on s’amusait avec tout les enfants du village.
Je suis repartie en enfance et ça m’a fait du bien, je me suis beaucoup attachée à eux, je les remercie du plus profond de mon cœur. Je les adore tous. Et je suis repartie avec le sourire et le village aussi d’ailleurs, en tout cas j’ai adoré cette expérience.
En raison de problème de connexion avec le lieu de résidence des enfants et de l’équipe éducative, nous n’avons reçu que récemment les lettres que Steven a écrites ces dernières semaines pour raconter son Itinérance au Sénégal.
Voici les textes de Steven :
“Dans la Brousse :
Après une semaine dans la famille de Pape nous sommes partis dans la brousse mais la voiture c’est ensablée deux fois. La première fois ça a duré au moins une heure à décoincer la voiture, la seconde fois il a fallu une journée ! On en pouvait plus.
Bref, nous nous sommes installés en plein milieux de rien. Il y avait que des arbres. On est resté 9 ou 10 jours, c’était trop bien !
Les gens parlaient peulh, je suis monté dans un grand arbre qui s’appel (Baobab). Ils n’y en a pas en France. On s’est fabriqué des douches et des toilettes.
Après, on a dormi une nuit dans les dunes, c’était trop magnifique. Le paysage avec le coucher de soleil c’était trop bien ! On a fait du cheval, du dromadaire et de l’âne.
Voila prochaine destination Guelak (Sénégal).
Steven
La Ferme de Guelak :
Après dans la famille à (Pape) et après la brousse, nous sommes partis dans une ferme d’élevages, à Guelak à 30 minutes de Saint-Louis , on s’est installé, moi et Brandon on avait une chambre pour nous deux et dans la chambre il y avait plein de cafards et de scorpions.
J’ai pleuré car j’ai eu peur de me faire piquer par un scorpion. C était nul, on a pas pu faire des activités comme traire les vaches, faire des fromages… on est resté deux jours.
On avait beau avoir des toilettes françaises ou d’avoir des lits à la place d’une tente j’étais pressé de quitter la ferme. C’est pourtant une ferme dans laquelle on élève des vaches et des brebis venant de plusieurs pays.
On y fabrique aussi du fromage et du jus de fruit et des confitures. ils font aussi de la pisciculture et on aussi des internats pour garçons qui apprennent aussi différents métier. Dans cette ferme appelée Guelak, des femmes apprennent aussi la couture, la teinture.
Mais l’accueil a été nul et les conditions pour dormir archi nulles aussi.
Steven
La Famille D’Abdoulaye :
Après la ferme à Guelak, nous sommes partis à Latmingué près de Kaolack. Moi je suis parti dans la famille d’Abdoulaye, c’était trop bien. J’ai appris à cultiver les arachides et le Bissap. J’ai aussi été au marché, c’est trop bien, il y avait un singe, il est trop rigolo !
On a joué au foot sur un terrain, sauf que le terrain n’est pas en gazon mais avec du sable. J’avais du mal à jouer mais bon on était une belle équipe ! Il y avait Moussa, Mamadou, Issa… : ils sont trop géniaux. Avec Moussa on a parlé de foot presque tout le temps, ils étaient trop géniaux.
Avec les femmes de la cours ( Rhady et Fanta), je partais au marché ; j’aimais bien leurs parler quand ça n’allait pas.
Abdoulaye était super de temps en temps je l’aidais à remettre les ânes à leurs enclos voila, il est trop gentil.
Le seul truc que j’aimais pas c’était les repas : l’après-midi, on mangeait du tièboudienne, c’est du riz au poisson et des légumes. Le soir, on mangeait du couscous… J’aime pas le couscous au Sénégal, c’est pas comme en France, je suis resté dix jours dans la famille franchement c’est trop bien mais j’ai pas arrêté de manger de l’arachide, c’est trop bien.
Depuis que tu es parti, on a fait la rencontre de Moe.
Il nous a fait la visite de sa ferme bio, il y avait des vaches, des dindes, des poules, des canards etc.
On a dormi chez lui on a mangé une tajine, ça m’a fait super super plaisir et content. Je me sentais très bien.
Ensuite on est reparti vers Agadir puis Tiznit ; on a visité un petit souk et la Medina, puis la plage d’Aglou où nous nous sommes baignés dans les grandes vagues. On s’est éclaté.
On a passé une semaine enrichissante. Je suis pressé d’appeler mon père car il me manque et ma famille aussi.
Nous sommes à Saint Louis depuis le 14 octobre 2017.
La première semaine nous sommes restés à Mouibay.
A Mouibay on a pêché des coques sur une pirogue. J’ai pêché du poisson… bon je ne vais pas vous mentir… que deux poissons. J’ai fais pas mal de rencontre.
Après, je suis parti en famille.
C’était chez Abdil. Il garde la maison d’une allemande. Une semaine a passé avec la famille. Abdil est père, et il a deux enfants. On devait aller pêcher en mer sur une pirogue mais au final j’avais trop la flemme, du coup je restais devant la télé.
Puis je me suis capté avec Laura, j’avais préparé du bisap et alors elle est venue on a parler et Tonton (Baptiste) est arrivé et alors il a demandé où est-ce qu’elle était, je lui ai dit je sais pas et alors il a cherché et ils se sont fait cramer.
Pfffff j’étais dégoûté mamene.
Puis ensuite, j’ai été avec Ndaga qui est un eco garde de l’Etat. Il fait visiter les touristes français(e)s et d’autres nationalités et il travaille au sein de le réserve naturelle de Gumble. Ses collègues étaient super. Le commandant et son équipe m’ont appris beaucoup de chose sur les animaux.
Ils m’ont dit qu’il y avait des tortues qui pourraient être mes grands parents. J’ai été les voir, elles étaient énormes ! Elles avaient 70 piges mamene !
Après j’ai vue des gazelles et des écureuils terrestres et pas mal d’oiseaux dont le balbuzard qui est un rapace qui se nourrit de poisson.
La semaine est passée tellement vite et j’ai revu ma famille de cœur, je les aime trop ma tata (Kadi), mon tonton (Baptiste), ma p’tite sœur (Djénéba), mon frangin (Steven) et ma bella (Laura).
Nous somme partis dans la première famille. Je me sentais pas bien, du coup j’ai fugué ; il y a une femme blanche qui m’a pris pour aller chez Baptiste mais il n’était pas là . Du coups j’ai mangé dans une famille qui était trop sympa. Après Baptiste est venu me chercher, j’ai réessayé dans la famille mais ça n’a pas marché.
Baptiste est revenu me chercher. Le lendemain, Baptiste m’a ramené dans une autre famille dans la brousse mais je pleurais tout le temps : ma mère me manquait.
Du coup Djénéba (la petite fille ) est restée avec moi dans la famille , deux jours après elle est partie.
J’ai assisté à un mariage sénégalais au soir.
Baptiste est venu me chercher car Laura, une jeune qui fait aussi se séjour de rupture, a été dans la famille où j’étais et moi, je suis parti dans autre famille.
C’était la famille où je suis allé manger et la : c’était trop génial. Pape, mon Tuteur, il était sympa ; on a été voir le président du Sénégal et on a bien rigolé toute la journée. Rhady, sa femme, elle était trop sympa ; on a rigolé, elle m’a fait un boubou (c’est un ensemble qu’ils mettent au Sénégal). Et avec Ismaëla, du même âge que moi, on jouait au foot tous les soirs, il est trop gentil.
J’ai vraiment vu comment vivaient les sénégalais. J’ai été aussi a l’école (CM2) pour voir ce qu’ils faisaient.
Après une semaine, Baptiste est revenu me chercher on a continué l’aventure .