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La maison des enfants de la danse

Lettre de Shila : “La vitesse de la vie”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous fêté un anniversaire ces derniers jours ?

Je sais par Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, que ce moment calendaire est régulièrement honoré par les enfants de votre Maison, par vos chères éducatrices et éducateurs, comme ce fut le cas dernièrement pour Inaya et Yanis :

Joyeux anniversaires chers enfants, quelle joie de vous dire combien vous nous êtes importants.

Mardi dernier, alors que je broutais mes pousses de bambous, j’ai entendu des éclats de rire, et vu des enfants galoper autour de la maison d’Henri.

Comme vous me connaissez – éléphante curieuse que je suis -, je me suis rapprochée.

Kuttan était en train d’apporter un délicieux Halwa avec des choses bizarres dessus, on aurait dit des petites flammes très gentilles.

Henri sortait du patio, il avait l’air un peu chiffonné.

Je l’ai salué en levant ma trompe et Henri m’a soufflée au creux de l’oreille que c’était son anniversaire.

Joyeux anniversaire Henri 🎂 🎂 🎂

Mais pourquoi Henri es-tu si renfrogné ? C’est vrai quoi, c’est chouette de te fêter.

Henri m’a expliqué que si cette journée lui fait beaucoup plaisir car tant de personnes lui expriment leur attachement, il trouve que cette date lui rappelle le temps qui passe un peu trop vite à son goût.

Intriguée, j’en ai parlé à mon cher Kuttan, qui m’a élevé depuis toutes ces années. Kuttan me dit que, peut-être, comme je n’ai pas connu mes parents et ne sait donc pas bien ma date de naissance, ces états d’âme me passent un peu par-dessus la tête.

D’après Kuttan, j’aurais quarante-cinq, quarante-six ans, et j’aurais donc dépassé allégrement la moitié de l’espérance de vie de nous autres, les éléphants d’Asie.

Ouais, bon. Je me sens aussi gaillarde qu’aux premiers jours.

Ah, mon cher Henri, profite de la vie comme moi : si tu regrettes un peu de constater que le temps passe, dis-toi – conseil d’éléphante philosophe, que c’est là un signe d’heureuse santé : tu aimes pleinement chaque seconde, chaque moment. Et puis tout cela, ce sont des calculs en moyenne ; je pense que toi et moi ferons bien plus que ce qui est estimé, c’est dans notre tempérament

Dois-je te rappeler, cher voisin, cette lettre qui raconte combien le temps est relatif ? :

On croit que le temps qui passe est une machine à perdre, mais pas du tout. Vivre la vie, c’est toujours un nouveau commencement pour qui sait remarquer comme nous les petits bonheurs du quotidien.

Nous aimons nous réjouir chaque jour de l’âge de notre planète, de plus de cinq milliards d’années, de celui du plus vieil arbre du monde, estimé par vous autres les humains à cinq mille ans, et même de celui des mouches qui vivent aux côtés de ces satanés moustiques de ma mare… :

… Et qui ne seront plus au bout de trois semaines d’existence.

Emmanuel, qui me téléphonait pour me passer le bonjour et faire un gros bisou à Henri pour son anniversaire, m’a expliqué que vous autres, les humains, aviez beaucoup réfléchi à cette question de savoir ralentir le temps qui passe, et aviez même inventé un mot très compliqué pour caractériser ce moment où vous décidez que celui d’après est aussi important que celui d’avant.

Ce mot s’appelle, si j’ai bien compris le « pénultième ».

Hummm, je comprends que ce moment d’avant la date cruciale est au moins aussi chouette à vivre que la date elle-même, et dont on dit pourtant que c’est un moment essentiel. En fait, quand j’y réfléchis, c’est la même chose pour le moment d’après l’événement prétendument décisif ; il nous faut lui prêter tout autant attention :

Ah mes chers enfants, que le temps est vivant.

Henri, permets-moi de souffler avec ma trompe tes drôles de choses à petites flammes sur ton gâteau d’anniversaire. Prépare toi à retrouver ton Halwa de l’autre côté du pré 😊.

Fêter son anniversaire,

C’est comme regarder le décollage d’une fusée (après des décennies de préparation pour qu’elle décolle à l’heure H) … :

… Ou faire un barbecue au pied d’un volcan en éruption (après des semaines pour organiser l’expédition)… :

… Ou comme rencontrer des animaux (après des heures de répétition en espérant que ce moment imaginé par le réalisateur du clip ne s’arrête jamais) :

Quelles belles histoires annonçant ces événements, quelles belles situations au moment de les vivre, quelles belles énergies pour désirer ce qui vient ensuite.

A lundi chers enfants,

J’espère que vous m’enverrez plein d’annonces d’anniversaire pour vous faire encore plus de bisous.

Je vous embrasse très fort,

Shila

Lettre de Shila : “Le palais idéal (pour que rêve soit)”

Bonjour chefs enfants, comment allez-vous ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que vous aimez construire régulièrement des cabanes lors de vos promenades avec vos chères éducatrices et éducateurs, ou en douce, au fond du jardin de votre Maison.

Henri et Emmanuel m’expliquent que ces demeures éphémères sont pour vous des moyens de vous accorder une vie à vous, et d’y mener les plus belles aventures que peut proposer l’âge de l’enfance.

Humm, j’aime bien cette idée d’avoir un petit chez soi dans son grand chez soi.

Henri m’a racontée l’histoire incroyable d’un Monsieur de votre pays qui avait un drôle de nom : Monsieur Cheval.

C’est rigolo ça, c’est comme si Mister Kuttan s’appelait Mister Kuttan Elephant, et Henri, Mister Henri Bambous. Hu hu hu.

Et bien ce Monsieur Cheval, me dit Henri, a vraiment existé.

Et ce qui est extraordinaire, c’est qu’il a décidé de construire un immense chez soi dans son petit chez soi ; sa cabane à lui était un palais.

Oh Monsieur Cheval n’était pas du tout riche : ce palais, il l’a construit de ses mains jour après jour pendant des décennies, après une journée de travail à marcher des kilomètres et des kilomètres pour livrer les lettres aux habitants de son petit pays.

Quelle force de la nature ! Quelle volonté !

Mais pourquoi s’est-il lancé dans une si folle aventure ?

Henri m’a expliquée que Monsieur Cheval a décidé de construire ce palais, qu’il a nommé « Le Palais idéal », pour sa petite fille, hélas morte de maladie trop tôt dans sa vie.

Le plus dingue, c’est que sans formation d’architecte, de sculpteur, Monsieur Cheval a réussi une prouesse reconnue comme déterminante par les historiens de l’art. Il a réussi à interpréter dans son jardin les majestueux palais du Cambodge, d’Egypte, en regardant des cartes postales qu’il devait livrer chaque matin après des kilomètres de marche.

C’est lors d’une de ses journées de travail, buttant lors de sa randonnée sur une pierre à la forme bizarre, qu’il eut le déclic pour se lancer dans la construction du Palais idéal.

Et dans son palais, devinez quoi ? Monsieur Cheval a façonné de magnifiques éléphants.

Aujourd’hui, l’incroyable cabane de Monsieur Cheval est visitée par des admirateurs du monde entier.

Quelle revanche pour quelqu’un dont on a pu dire à l’époque qu’il n’était pas bien dans sa tête.

Henri m’a racontée que non loin de chez vous, à Senlis, existait une dame au parcours semblable à celui de Monsieur Cheval. Elle s’appelait Séraphine, était une femme de ménage, n’avait aucune formation en peinture, mais a été reconnue par les spécialistes comme une très grande peintre.

C’est en se promenant sur les chemins de campagne après son service que Séraphine, éblouie par mes amies les plantes, eut la révélation.

Comme Monsieur Cheval, Madame Séraphine a été suspectée de folie tellement son œuvre était considérable, sortant des sentiers battus, visionnaire.

Mes chers enfants, moi l’éléphante philosophe me dit que la puissance des rêves est la plus importante des énergies vitales. Je suis sûre qu’un jour ou l’autre, dans votre cabane, ou le soir, au moment de vous endormir, vous imaginez des histoires extraordinaires.

Que Madame Séraphine et Monsieur Cheval puissent vous convaincre combien vos inspirations méritent d’être réalisées :

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “À la rencontre de Narayan Nand Giri Maharaj et des sâdhus à la Kumbh Mela”

Chers enfants,

Je vous ai parlé de la Kumbh Mela qui est le plus grand pèlerinage du monde et qui a lieu actuellement à Haridwar dans l’état de l’Uttarakand, si loin de chez moi, à 2900 kilomètres.

Mon cher cornac m’a dit qu’il n’était pas possible de s’y rendre, j’aurais pourtant été ravie de recevoir la bénédiction de Narayan Nand Giri Maharaj, le plus petit des sâdhus du monde.

Narayan Nand Giri Maharaj est un naga sâdhu qui mesure 45 centimètres et pèse 18 kilos. “Naga sâdhu” signifie un “moine nu”.

Cela signifie qu’il renonce à tout, même aux vêtements, et cela par tous les temps, qu’il fasse très froid ou chaud. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article qui raconte bien cette incroyable histoire :

Narayan Nand Giri Maharaj, un saint naga de 55 ans, mesurant 18 pouces et pesant 18 kilos, est devenu un centre d’attraction à Haridwar Kumbh. Satnarayan Pathak de Jhansi a pris l’initiation du renoncement en tant que Naga Saint-Nand Giri au Kumbh 2010. Depuis, il suit la tradition Sannyas. Le disciple de Nand Giri, Rajpal, l’aide avec les prières et tous les rituels quotidiens. Avant de prendre l’initiation au renoncement, il a dû écouter beaucoup de railleries pour sa petite taille. C’est la raison pour laquelle son esprit s’est tourné vers le renoncement.”

Moqué autrefois en raison de sa petite taille, Nand Giri est aujourd’hui très sollicité pour bénir les pèlerins de la Kumbh Mela.

Cela me rappelle ma lettre :

J’évoquais la rencontre entre l’homme le plus grand du monde avec le plus petit :

Être différent des autres peut-être parfois très difficile à vivre, ces exemples nous montrent comment la différence a pu également changer le cours de leur vie.

Les sâdhus en Inde sont une proportion non négligeable de la population indienne. Pour les hindous, ils sont des représentants terrestres des dieux et à ce titre sont généralement adorés. Les sâdhus représentent environ 0,5% de la population indienne, ce qui correspond à plus de cinq millions d’individus. Environ 10% seulement des sâdhus sont des femmes.

Le mot sanskrit sādhu, qui signifie « saint », « excellent », et qui dérive peut-être de siddha, « celui qui détient un siddhi (pouvoir miraculeux) », sert à désigner les hindous qui font vœu de renoncer à la société. La classe des sādhus comprend des saints authentiques appartenant à différentes croyances, mais aussi des hommes (occasionnellement des femmes) qui ont abandonné leur famille pour se consacrer exclusivement à une discipline spirituelle et corporelle, des ermites, et même des magiciens et des diseurs de bonne aventure dont l’intention religieuse est parfois douteuse.

Les sādhus, qui dans l’Inde moderne se comptent par millions, peuvent vivre dans des communautés monastiques (matha) qui sont généralement la propriété d’un ordre particulier, errer seuls ou en petits groupes à travers le pays, ou s’isoler dans des grottes ou de petites cabanes. N’ayant plus d’identité légale, et portant un nom nouveau qu’ils ont reçu de leur guru ou choisi eux-mêmes, ils ne travaillent pas et font d’ordinaire vœu de pauvreté et de célibat ; beaucoup (les munis) font vœu de silence ; ils mendient leur nourriture, l’acceptent de n’importe qui. Leurs vêtements — certains sādhus, toutefois, sont nus — diffèrent selon la secte à laquelle ils appartiennent et consistent en général en une simple pièce d’étoffe, sans couture, de couleur safran (plus rarement blanche). Les sādhus ne se rasent plus, comme font les gens“.

Une belle explication de la vie des sâdhus est donnée dans l’article suivant :

J’aurais, chers enfants, tellement aimé rencontrer ces sâdhus, ces sannyassi et sannyassini qui se retrouvent à la Kumbh Mela, je suis émerveillée par leur façon de vivre, soit dans les forêts ou dans les grottes de l’Himalaya, en groupes ou seuls, ils me font un peu penser à mes cousins les éléphants qui organisent leur vie avec une grande sagesse. Par contre pour le renoncement, j’aurais beaucoup de mal à renoncer à mon sucre de canne non raffiné en grosses boules.

Je remercie mon cher cornac, Kuttan, de ne pas m’avoir emmenée à la Kumbh Mela, cette année, car c’est un peu de la folie ces rassemblements de millions de gens en période de pandémie. Il m’a dit que des chefs religieux sâdhus ont décidé de quitter le festival, en raison du non-respect de la distanciation sociale.

Des critiques se font beaucoup entendre, car ce n’est pas raisonnable de faire un tel festival en pleine pandémie. Des millions de personnes sont rassemblées pour le bain dans le Gange, à Haridwar, en ce mois d’avril 2021, avec le dernier grand bain le 27 avril.

Je m’inquiète vraiment pour la propagation de ce satané virus, qui touche des millions d’indiens.

Chers enfants, je vous demande de faire bien attention à vous, de bien vous protéger en respectant les consignes pour éviter d’être infectés par le virus.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “L’amie souris”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin alors que je broutais mes chères pousses de bambous, une toute petite bestiole a tournicoté aux pieds de mes pattes ; j’étais effrayée et me suis écriée : « Aargghhhh, une souris ! ». Cette petite chose allait remonter le long de ma trompe, c’est sûr.

Quelle horreur.

J’ai filé de mon petit pré et me suis réfugiée dans l’atelier d’Henri… :

… Je crois que j’ai cassé pas mal de choses en déboulant mais là, ah non, c’était trop que je ne puisse supporter (excuse-moi Henri, mais j’ai eu vraiment très peur).

Déjà que je ne peux pas trop bouger depuis un an et ce satané virus, voilà une souris qui fait rien qu’à vouloir me chasser de mon petit pré, tout ça pour des raisons qui m’échappent.

Mon cher Kuttan, voyant ma panique, a essayé de me calmer en me racontant les dernières enquêtes de vous autres, les humains, à propos des venues non prévues de petites bestioles :

Comme je courrais à droite et à gauche dans l’atelier d’Henri, je n’ai pas eu le temps de l’écouter malgré mes grandes oreilles.

Non mais Ho, Hé, Hein ? Bon !

Si ça continue, faudra que ça cesse, marre marre marre :

Les souris, c’est pas possible.

Faudrait qu’elles arrêtent de nos terroriser. J’en ai marre des souris. Je peux supporter le léopard, les sirènes, mais les souris : NON. Quand elles vous regardent avec leurs petits yeux perçants et commencent à galoper le long de la patte, et s’intéressent à l’entrée de la trompe… Brrrrrrrrrr, va-t’en, va-t’en, va-t’en la souris !

Kuttan est revenu vers 14h, alors que je m’étais cloîtrée dans l’atelier depuis le début de matinée. Avec sa douce voix, mon cher cornac m’a expliqué que si je ne ressortais pas de l’atelier, il ne pourrait pas m’expliquer que les souris ne sont pas du tout les ennemis des éléphants.

Bon, j’ai entrouvert l’atelier d’Henri avec ma trompe, et j’ai regardé par l’embrasure de la porte. Kuttan m’a démontré qu’effectivement, dans l’esprit des humains, les souris font pis que pendre aux éléphants :

Kuttan m’a dit cependant que dans la vie des éléphants, la rencontre avec des souris n’est pas invraisemblable et est heureuse.

Les humains de mon pays l’ont bien compris, mais il semblerait que vous autres les humains de France et d’autres pays dans votre coin, sont encore marqués par une légende, racontée par Monsieur de la Fontaine, dont je vous ai parlée avec curiosité et attendrissement :

Ce Monsieur, il y a bien longtemps, sans doute inspiré de la vie des éléphants, celle aussi de la vie des souris, a raconté une très belle fable :

Mon cher Henri, informé par Kuttan du bazar que j’avais mis dans son atelier, m’a expliqué au téléphone que cette fable n’était qu’une manière de raconter la relativité de la puissance, et faire l’éloge du plus petit que soi.

Ah, d’accord, je suis d’accord avec cette idée.

Nous autres, les animaux, n’avons que faire finalement de la grandeur ; nous coopérons les uns les autres pour avancer dans la vie.

Et d’ailleurs, Henri me dit qu’il existerait, selon vos scientifiques petits enfants, petits arrières-enfants, petits arrières-arrières enfants, petits arrières-arrières-arrières enfants de Monsieur Darwin une souris-éléphant :

Ah, mes chers enfants, que j’étais stressée ce matin mais que je suis heureuse de retrouver paisiblement mon petit pré après ces explications.

Je me dis que l’on a toujours besoin d’un plus petit que soi pour aimer la vie, et si la souris se repointe demain matin, je lui ferai un gros câlin avec ma trompe.

Vivent les petites choses qui tourneboulent :

A demain,

Bisous.

Lettre de Shila : “Merci Stacy la pirate”

Chère Stacy la pirate et chers enfants,

Quelle joie de recevoir ta lettre, signée Stacy la menace, et ton invitation pour me rendre à Boulogne aux fêtes de la mer. Depuis que j’ai reçu ton superbe message avec dessins et ta photo de pirate, je n’arrête pas d’agiter ma trompe, mes oreilles et ma queue, c’est ma façon à moi de manifester ma joie.

Je te remercie, Stacy, de ta lettre, car ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas reçu de lettres des enfants, je me demandais si vous pensiez encore à moi, et je commençais à m’ennuyer.

Ton invitation aux fêtes de la mer à Boulogne me plaît beaucoup, mais je me demande comment je pourrai faire les 8000 kilomètres du Kerala à Boulogne sur mer !! Je n’ai jamais quitté l’Inde, et mes voyages se font soit à pied soit en camion.

Je n’ai jamais pris l’avion, et je me demande si je n’ai pas le mal de l’air.

J’ai cru comprendre qu’un billet a été réservé sur Air India, à partir de l’aéroport de Thiruvananthapuram (Tivandrum) à destination de l’aéroport d’Alprech, près de Boulogne, mais j’avoue que commence à me faire des soucis, car je n’ai pas trop confiance : comment peut on me faire entrer dans un avion, vus mon poids et ma corpulence ??!!

Je me pose aussi la question sur l’aéroport d’Alprech, est-il équipé pour accueillir un avion transportant un éléphant ??!!

J’ai vu que tu es une pirate féroce, peut être je ferais mieux de partir sur ton bateau de pirates, mais on m’a dit que les pirates sont très surveillés le long des côtes indiennes.

Il y a quelques années, cinquante pirates ont été arrêtés par la marine et les gardes côtes indiens, au large du Kerala, alors qu’ils avaient pris en otage des marins d’un navire battant pavillon grec.

Ils ont très vite compris qu’ils devaient se rendre en hissant le pavillon blanc, après des échanges de tirs brefs et décisifs.

Je pense donc que l’idée de ton  bateau pirate est à exclure, je ne voudrais pas être la cause de difficultés avec la marine et les gardes côtes indiens !!

Ta très belle lettre, Stacy, sous forme de parchemin et le superbe document, avec tes dessins et ta photo de fille pirate m’ont étonnée, car je croyais que les pirates étaient uniquement des garçons et des hommes.

C’est à partir de ma question que j’ai apprise par mon cher voisin Henri qu’il y a eu, de tout temps, des femmes pirates ou flibustières, célibataire ou mariées à des forbans. Certaines d’entre elles sont restées dans l’histoire, comme les françaises, Jeanne de Clisson, appelée la lionne de Bretagne, qui vivait au 14ème siècle, et Anne Dieu-le-veut, au 17ème siècle.

L’histoire de la piraterie est très ancienne, quand l’océan indien et la mer d’Arabie s’appelaient la mer Érythrée :

A partir du IIe siècle av. J.-C., des bateaux chargés de pierres précieuses, d’ivoire et d’aromates commencent à voguer de la côte de Malabar vers la mer Rouge en passant par le golfe d’Aden, suscitant la convoitise des populations locales. Une nouvelle activité se développe dans la région : la piraterie.”

Alexandre le grand qui a étendu son empire jusqu’en Inde, au quatrième siècle avant Jésus-Christ, avait sa flotte confiée à son compagnon Néarque, qui a exploré la Mer d’Arabie jusqu’à l‘Indus.

Une historienne indienne, Lakshmi Subrahmanyam raconte l’histoire de la piraterie dans l’océan indien de façon passionnante :

Quand j’ai commencé à penser à raconter une histoire de piraterie, deux images me sont presque immédiatement venues à l’esprit. La première est la célèbre histoire d’Alexandre le Grand qui aurait demandé une fois à un pirate qu’il avait fait prisonnier pourquoi il revendiquait la possession de la mer par des moyens hostiles. La réponse a été concise : “Qu’entendez-vous par saisir la terre entière? Parce que je le fais avec un petit navire, je suis appelé un voleur, tandis que vous qui le faites avec une grande flotte, vous êtes appelé empereur.” La deuxième image, un thème récurrent dans la bande dessinée “Astérix” illustrée par Albert Uderzo, est plus comique. Pensez à l’équipage hétéroclite d’hommes modestes qui dirigent un petit bateau pirate et essayent de saisir tout ce qu’ils rencontrent – mais ils s’en sortent généralement plus mal dans leurs combats. Ces deux images sont typiquement européennes, la Méditerranée et l’Atlantique émergeant comme le théâtre normal des actions de piraterie.”

C’est vrai que le pirate, prisonnier d’Alexandre, lui avait bien répondu, entre les pirates artisans et les empereurs envahissant terres et mers, où est la différence ??

Quant à Astérix et Obélix, pirates, cette histoire que je ne connaissais pas me fascine, je les adore :

Je te remercie mille fois, Stacy, pour ton invitation aux fêtes de la mer à Boulogne, on m’a dit qu’il y aura des bateaux pirates et également des pirates, j’ai hâte de te rencontrer, et je sais que même si tu es une fille pirate et parfois menaçante, je serai bienvenue et bien reçue.

Si la logistique ne le permet pas, ou si en raison de la pandémie je suis empêchée, je peux t’assurer que je suivrai avec le plus grand intérêt les journées de la mer, dont le programme est alléchant. Je sais aussi que la plupart des enfants de la Maison du Cirque, le Centre de jour, la Maison du Sport, la Maison de la Musique, la Maison de la Danse et la Maison des Découvreurs vont y participer, tout cela me fait un immense plaisir.

En l’honneur des filles et des femmes pirates, Stacy la menace, Jeanne de Clisson, la lionne de Bretagne, une jolie chanson bretonne va nous donner le ton en attendant les fêtes de la mer.

Chère Stacy, chers enfants, je vous fais de gros gros bisous,

A demain,

Shila

“Mon Monde” (texte de Steven)

Steven, enfant de la Maison de la Danse, a composé un texte que nous publions avec son aimable autorisation.

Merci cher Steven.

C’est difficile d’aimer,

à force je deviens démoniaque.

Il y a des personnes qui m’ont brisé,

maintenant j’ai la niaque.

J’ai peur de vous décevoir,

mes sentiments sont comme dans une armoire.

Je voudrais vous dire je vous aime,

mais j’ai bien trop de peine.

Il y a une éducatrice qui s’appelle Marion,

mon cœur et mon esprit nous l’aimons.

La prochaine se nomme Aurore,

c’est une femme en or.

Il y a une chose à dire sur Jérôme,

si tu as un problème va voir cet homme.

Depuis que je connais Emy,

mon cœur revit.

Il y a aussi ma référente Céline,

je n’aime pas quand elle a une petite mine.

Je n’oublierais jamais David et Vincent,

qui m’ont connu enfant.

Même la richesse d’une citadelle,

ne fait pas le poids contre Christelle.

N’essaie jamais de faire le gadjo,

surtout avec Marie Jo.

N’embête pas Alicia,

sinon tu auras à faire à moi.

Puis ma petite Anne Françoise,

A qui je dirai je t’aime sur une ardoise.

Sachez tous que si vous avez un problème

 Pour vous défendre je n’aurai pas la flemme.

Car grâce à vous,

 je n’ai plus peur de dire je t’aime.”

“Qui est l’exemple ?” : chorégraphies créées par la Maison de la Danse

Aurore, membre de l’équipe éducative de la Maison de la Danse, nous transmet les images réalisées lors de l’atelier des enfants avec leur professeure Marine.

Cette création originale, intitulée “Qui est l’exemple ?” a été travaillée lors des séances de ces mois de janvier et février. Pour donner le meilleur d’eux-mêmes, le groupe Danse est réparti en deux sous-groupes lors de chaque séance.

Découvrez la prestation du “groupe 1” :

Découvrez la prestation du “groupe 2” :

Lettre de Shila : “Un avenir en moyennes”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Mardi je vous parlais des informations alarmantes selon lesquelles mes cousines et cousins en Afrique sont en train de disparaître à vitesse accélérée. Le braconnage, la déforestation, sont des mauvais gestes des humains qui, s’ils y trouvent un intérêt pour eux-mêmes, ont de graves conséquences pour nous autres les animaux, et mes amis, les arbres et les plantes à leur pied, les sols qui nous font pousser :

Ma copine Jis parcourt les forêts, les montagnes de mon petit pays, pour surveiller tous ces dégâts et lancer l’alerte :

Mister Binu Kottayam essaye de soigner les arbres malades :

Moi, l’éléphante capable de compter, me demande comment font les humains pour dire 1+1+1+1+1+1=1+1+1+1+1+1, … éléphants disparus en raison du mauvais agissement des humains. Ou comment font les humains pour dire 1+1+1+1+1+1=1+1+1+1+1+1, … arbres disparus en raison du mauvais agissement des humains.

C’est vrai quoi, c’est un nombre immense. Comment le calculer pour dire à tout le monde avec beaucoup d’aplomb : « Stop ! Arrêtez de faire n’importe quoi sinon il n’y aura plus d’arbres, plus d’éléphants » ?

Mon cher Kuttan, voyant mes tourments, a appelé Henri et Emmanuel. La liaison téléphonique n’était pas top, mais grâce à mes grandes oreilles, je crois que j’ai bien compris l’histoire de Monsieur Adolphe Quetelet.

Si j’ai bien compris, Monsieur Quetelet fut pour les humains très important, comme Monsieur Darwin, mais du côté des mathématiques :

Monsieur Quetelet, natif d’un pays non loin de chez vous voici près d’un siècle et demi, a essayé de dire en calculant ce qui est normal, ce qui est anormal, où que nous vivions.

Henri m’a dit que le travail de Monsieur Quetelet a été très important pour prendre des décisions qui concernent des millions d’êtres vivants (animaux, humains, plantes), et qu’en Inde, mon pays peuplé de si grandes diversités, très tôt des chercheurs avaient repris le flambeau pour que tout le monde puisse s’y retrouver.

Emmanuel m’a dit que vous autres, les humains, avaient depuis très très très longtemps le désir de maîtriser l’avenir en fabriquant des machines qui calculent ce qui est normal, ce qui est anormal.

Ah, mes chers enfants, moi l’éléphante philosophe me dis que les mathématiques nous aident à saisir ce qui est vrai, ce qui est faux.

Une fois dit cela, je suppose qu’il est bel et bon de regarder tous ces calculs annonçant le cours de nos vies avec certes bienveillance, mais sans oublier curiosité, étonnement.

Les additions, les soustractions, les divisions, la volonté de maîtriser tout ce qu’il pourrait se passer, sont comme des continents mystérieux à découvrir ou redécouvrir chaque jour, y compris en reconnaissant qu’aussi importantes soient les mathématiques, elles peuvent nous tromper si l’on n’y prend pas garde.

Cela me fait penser à ce cuisinier rigolo, qui se trompe sur les temps de cuisson pourtant affirmés par son carnet de recettes :

Je vous embrasse et vous souhaite de belles vacances,

Au 26 avril,

Shila

Lettre de Shila : “Bestiaire fantastique”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin grâce à Henri, j’ai découvert les dessins des enfants de la classe non loin de chez moi, qu’ils ont inventés avec leur institutrice :

Hummm, que j’aime bien ces dessins. On y voit tous les animaux de la ferme, de la forêt, des brousses, et ça fait rêver.

Merci les enfants ; j’aime bien votre interprétation des vaches, des tortues, des oies, des dauphins, des girafes, des singes :

Mister Kuttan, mon cher cornac, m’a raconté que les indiens avaient eux-aussi beaucoup dessiné des créatures fantastiques.

Mon cher voisin Henri m’a dit que, par chez vous, des dessins racontaient aussi des bestioles d’un autre monde.

Ah, mes chers enfants, que je constate que l’âge de nos premiers moments a ses instants de fantaisie, quelles que soient les époques de l’histoire de l’humanité.

J’en suis heureuse, c’est si chouette de dessiner ce qui questionne, étonne, inspire.

Je crois savoir que vous vous intéressez ces derniers temps aux méduses, aux pies :

N’hésitez pas à me dessiner, telle que vous m’imaginez. Je pourrai poser sur le port de Boulogne-sur-mer devant vous en juillet :

Des crayons, des craies, des pulvérisateurs de couleurs, tout me va :

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila