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La maison des enfants de la musique

Note de rentrée saison culturelle 2021-2022

Le thème de la saison culturelle de cette année 2021-2022 est : « Arborescence ».

1913 : « Le berger qui ne fumait pas, alla chercher un petit sachet et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l’aider. Il me dit que c’était son affaire. En effet : voyant le soin qu’il mettait à ce travail, je n’insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s’arrêta et nous allâmes nous coucher. (…) Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis, je crois, assez d’insistance dans mes questions pour qu’il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille étaient sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser à cet endroit où il n’y avait rien auparavant.

Quarante ans plus tard : « Sur l’emplacement des ruines que j’avais vues en 1913, s’élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d’érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu. Une population venue des plaines où la terre se vend cher s’est fixée dans le pays, y apportant de la jeunesse, du mouvement, de l’esprit d’aventure. »

(Jean Giono (2014), L’Homme qui plantait des arbres [1954], Paris, Gallimard jeunesse, p. 1, p. 7, p.19).

Les enfants de notre association, souvent les plus jeunes, aiment ramener de retour de randonnée avec leurs éducatrices et éducateurs des trouvailles glanées chemin faisant. Branches, cailloux, coccinelles, fleurs, escargots, herbes folles ; ces collections sont pour les enfants comme le moyen de garder mémoire de ce qui a eu lieu lors de ces pérégrinations, de ce que fut le lieu de leurs explorations. De retour dans les Maisons, les enfants confient à l’adulte ces biens précieux, ou les posent à des endroits bien choisis pour mieux les retrouver, soit dans une volonté de les partager avec d’autres, soit pour tenter d’agrémenter leur chambre. Dans ces moments dignes du travail d’inventaire et de classement des muséums d’histoire naturelle, l’équipe éducative doit comme “Elzéard Bouffier”, berger de son état et personnage fictif inventé par Jean Giono, séparer le bon grain de l’ivraie ; ce qui peut entrer dans la Maison, ce qui ne le peut, ce qui peut prospérer, ce qui serait implanté en vain.

Cette activité d’agencement, de classification, de répartition de sa relation de soi au monde, est une première façon de comprendre le thème de notre saison.

L’enfant constitue année après année des arborescences émotionnelles : des trésors personnels, des façons singulières et réfléchies d’être en lien avec l’autre que soi, des manières d’affirmer ses goûts. Ces arborescences affectives, esthétiques, ces attachements le définissent à mesure de son grandissement, marchant ainsi dans les pas de l’humanité, marquée à toute époque et en toute région du monde par l’émotion ressentie devant le mystère de la nature et méditant les conditions pour aimer sa splendeur ou, a contrario, détester ses possibles dangers, quitte à la juguler, lutter contre elle (Alain Corbin (2020), La douceur de l’ombre. L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours, Paris, Flammarion, collection « Champs – Champs histoire »).

Ces associations privilégiées de choses et d’êtres, extraits par ses soins des espaces et des temps qu’il découvre et qu’il s’approprie, sont autant de points d’appui pour permettre à l’enfant de se dire qui il est et exprimer aux autres comment le comprendre. À nous de les repérer, et de l’instruire si la nature lui inspire la peur, l’indifférence. Nombreuses sont en effet les études nous rappelant que plus l’écosystème constitué par l’enfant, pour l’enfant, est riche de diversités, d’entités multiples associées à son initiative et avec la coopération de l’adulte bienveillant, plus sa conscience de l’altérité, plus son intelligence de ce qui fait collectivité, de ce qui construit et décuple les relations, croissent, se développent et lui annoncent une vie bonne en société.

Pour cette raison fondamentale, les métiers de l’éducation spécialisée sont des métiers jardiniers ; il s’agit de cultiver patiemment et continuellement avec l’enfant l’enfance de l’éveil. Comme le jardinier, nous travaillons chaque jour avec des êtres en devenir ; si nous réussissons, l’identité de l’enfant accueilli ne sera pas fixée par son histoire biographique, souvent traumatique, à tout le moins problématique, et raison de son placement le temps de pouvoir renaître à la vie. Le pari de notre intervention éducative est, autrement dit, de l’accompagner dans ses mouvements, son éclosion, sa dynamique d’existence.

De la sorte, et c’est là une deuxième façon de comprendre « Arborescence », nous nous inscrivons dans cette philosophie du mélange, devenue aujourd’hui dominante en science botanique (Emmanuel Coccia (2016), La Vie des plantes. Une métaphysique du mélange, Paris, Payot et Rivages).

Si la graine, la semence en bas de la plante, dans le sol, ont longtemps été considérées comme le ferment de l’intelligence, la feuille, le pétale de la fleur, sur la hauteur de ces êtres et hors du sol, sont désormais considérés par les scientifiques comme les endroits où se fabriquent la parenté, la généalogie, l’idée du familial : c’est là que s’hybrideraient les gênes. Certes les cellules de l’être végétal évoluent selon la direction du vent, la proximité avec d’autres espèces, l’arrosage des pluies, mais ces évolutions ne se font pas par la force, la prédation, comme on l’a longtemps pensé ; le végétal nous montre que la symbiose – cette façon harmonieuse et pacifique de recomposer le vivant, est première.

Les plantes ont ainsi cette particularité d’être inversées, et c’est un point commun avec les enfants de notre association. Comme les végétaux dont les feuilles, le pétale sont l’organe le plus important pour le devenir car ils grandissent en effet du haut par les rayons du Soleil, par le souffle du vent transportant matière à féconder, les enfants le font de même par l’appel d’air de l’ouverture au monde proposé par notre programme artistique et culturel intitulé « L’aventure de la vie ». Renforcés par l’assurance de constater qu’ils peuvent créer en arts, en lettres, sciences, en sports, en technique et en technologie, les enfants peuvent revisiter, reformuler leur parcours de vie, recombiner leurs rapports au monde, leurs racines familiales.

Ce n’est pas que le sol, les circonstances de la naissance, n’aient pas d’importance, bien au contraire : les études botaniques montrent combien les rencontres des racines avec des démultiplicateurs d’énergie tels les champignons sont déterminantes pour la vitalité des plantes, (Peter Wohlleben (2017), La vie secrète des arbres. Comment ils ressentent. Comment ils communiquent, Paris, Les arènes). Pas moins crucial non plus est le tronc, la tige, à mi-hauteur entre le sol et la cime : pour tenir droite malgré la rafale, pour harmoniser son expansion dessous et dessus, la plante a besoin de cet axe vertical, non pas rigide au risque de la casse, mais flexible, s’adaptant aux aléas de l’enracinement, de la feuillaison, de la floraison.

Comment ne pas voir dans ces démultiplicateurs d’énergie qu’ils soient en haut ou en bas, dans cet axe qui plie mais ne rompt pas, des figures de notre écosystème ? : juges des enfants, référentes et référents sociaux, professeures et professeurs de nos ateliers, intervenantes et intervenants de « L’aventure de la vie » sont autant de conditions fertiles de la résilience, terreau de l’arborescence.

Evaluation du parcours des enfants depuis novembre 2020

Ce mois de juin 2021, les équipes des Maisons ont travaillé comme chaque six mois à la rédaction d’un document clé de notre champ professionnel, appelé le “Document Individuel de Prise en Charge” (DIPC). Ce document permet de faire un point sur le parcours de l’enfant ou du jeune accueilli ; notre association a érigé pour règle d’associer celui-ci à ce bilan semestriel.

A cette occasion, et sur proposition du Conseil scientifique (voir sous-partie “II.B. Présentation des résultats statistiques du questionnaire proposé aux enfants et aux jeunes”), l’association a expérimenté pour la septième fois l’outil évaluatif développé en interne, permettant de comparer chaque six mois les parcours des enfants et des jeunes selon les grandes rubriques organisant notre travail éducatif.

Une fiche a été distribuée aux équipes  du Centre de Jour, de la Maison du Cirque, de la Maison de la Danse, de la Maison des Découvreurs, de la Maison du Sport et de la Maison Vive :

Cette fiche a été remplie pour chaque enfant et jeune des Maisons précitées.

Les résultats, pour cette vague de juin 2021, sont les suivants (69 fiches ont été traitées ; les enfants arrivés trop récemment dans nos effectifs, et les jeunes des studios et du service de maintien à domicile qui ne pratiquent pas systématiquement les activités culturelles de notre association, ne sont pas pris en compte).

I. Tendance générale ; les évaluations formulées par les équipes (en pourcentage) : 

(N.B : Nous surlignons le plus haut pourcentage obtenu).

“La situation s’est dégradée depuis 6 mois” : 18,4.

“La situation s’est améliorée depuis 6 mois, mais n’est pas encore satisfaisante” : 37.

“La situation s’est améliorée depuis 6 mois et donne satisfaction” : 27,5.

“La situation n’a pas évolué depuis 6 mois (satisfaisant)” : 19,9.

“La situation n’a pas évolué depuis 6 mois (insatisfaisant)” : 23,1.

II. Au cas par cas ; les thèmes, avec le plus haut pourcentage obtenu pour chacun d’eux  :

(N.B : Nous surlignons le plus haut pourcentage obtenu pour l’ensemble des thèmes).

“Le jeune et l’école” : La situation s’est améliorée depuis 6 mois et donne satisfaction (24,5).

“Le jeune et les liens familiaux” : La situation n’a pas évolué depuis 6 mois (insatisfaisant) (42).

“Le jeune et les soins” : La situation n’a pas évolué depuis 6 mois (satisfaisant) (27,5) et La situation s’est améliorée et donne satisfaction (27,5).

“Le jeune et l’éducation” : La situation s’est améliorée depuis 6 mois, mais n’est pas encore satisfaisante (24,6) et La situation n’a pas évolué depuis 6 mois (insatisfaisant) (24,6).

“Le jeune et l’activité culturelle” : La situation s’est améliorée depuis 6 mois et donne satisfaction (37,8).

Nous mobilisons cette fiche chaque six mois, à l’occasion des DIPC, afin d’être en mesure de dégager des tendances quant à la qualité des parcours des enfants et des jeunes de notre association, ainsi que des corrélations statistiques entre les différents thèmes de notre travail au quotidien avec eux : école, liens familiaux, soins, éducation (au sens de l’apprentissage du comportement en société), activité culturelle.

Lettre de Shila : “Bonne fête du yoga”

Chers enfants,

Comme je vous l’ai écrit dans ma dernière lettre, le 21 juin est un jour particulier dans l’année, puisque nous sommes au solstice d’été, dans l’hémisphère nord, avec le jour le plus long de l’année.

Mon cher Kuttan m’a expliqué que le 21 juin est, depuis 2015, la journée internationale du yoga.

L’assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution, le 10 décembre 2014, invitant à célébrer la journée du yoga et permettre ainsi à connaître les bienfaits de la pratique du yoga.

Le yoga est une discipline alliant le corps et l’esprit dans la recherche d’un mieux-être. L’idée de cette journée était présentée par le premier ministre de l’Inde, Mister Modi, à l’assemblée générale de l’ONU en 2014 :

Le yoga est un cadeau inestimable de l’ancienne tradition indienne. Il incarne l’unité de l’esprit et du corps ; pensée et action ; retenue et épanouissement ; harmonie entre l’homme et la nature ; une approche holistique de la santé et du bien-être. Il ne s’agit pas de faire de l’exercice mais de découvrir le sens de l’unité avec vous-même, le monde et la nature. En changeant notre mode de vie et en créant une conscience, cela peut aider au bien-être. Travaillons à l’adoption d’une Journée internationale du yoga.”

Kuttan voyant mon intérêt grandissant pour le yoga m’a conseillé de commencer à le pratiquer, d’autant plus qu’il me sent stressée depuis quelques jours, avec ce voyage en avion, avec le vol sur Air India de Trivandrum (Thiruvananthapuram) Airport à l’aéroport d’Alprech près de Boulogne sur mer, où je suis invitée à la fête de la mer.

Mon voisin Henri me dit que le yoga aide à mieux gérer le stress, renforce les muscles, aide à garder le moral, améliore la souplesse et l’équilibre et augmente les défenses immunitaires !!! Rien que ça !!

Emmanuel qui prenait de mes nouvelles au téléphone, m’a dit que vous avez la chance pour certains d’entre vous de le pratiquer chaque semaine, à la maison du Sport et du bien-être.

À la Maison Vive, vous avez eu la chance aussi de pratiquer le yoga avec une experte, la nièce d’Éric du conseil scientifique des maisons, qui est intervenue de nombreux mois pour vous guider dans cette discipline.

La fille de mon ami Francis, administrateur de vos Maisons, est une guide experte dans le Boulonnais, professeure de yoga. Je ne fais pas de pub mais vous pouvez voir son site très intéressant.

Une autre professeure de yoga, dont je vous ai déjà parlé, en tant que merveilleuse mamie, Nanammal, a enseigné cette discipline jusqu’à sa mort, à près de 100 ans :

Comme quoi le yoga est excellent pour la santé et la longévité.

Mon voisin Henri me dit qu’à Kudakkachira il a toujours su que ses beaux-frères pratiquaient le yoga tous les jours, mais il n’a pas pu les observer, car son beau-frère aîné fait son yoga à 4h le matin et le plus jeune à 5h. Des heures matinales où mon voisin dort profondément !!!

Il me dit aussi que dans l’école Lilloise où est scolarisée Lisa, sa petite fille, une maman est venue leur donner un petit cours de yoga le 21 juin !!

Si mon pays pratique le yoga depuis des milliers d’années, je ne peux m’empêcher de saluer Mister Patanjali, qui aurait vécu au 2ème ou 3ème siècle avant Jesus Christ, qui a été le premier à écrire sur le yoga et son enseignement, les Yogas Sûtras.

Une très bonne émission de radio explique qu’il est aussi utile pour se soigner, des infirmiers, médecins l’utilisent pour aider leurs patients.

J’avoue, chers enfants, que ma pratique du yoga me montre mon manque de souplesse, d’équilibre, mais je commence à faire quelques petits progrès et ça me donne confiance et courage. Peut-être pourrai-je prendre mon avion pour les fêtes de la mer.

Quoiqu’il en soit, n’hésitez pas à le pratiquer, votre bien-être sera amélioré.

Je vous souhaite de bonnes et merveilleuses vacances, et à très bientôt pour la fête de la mer.

Je vous fais de gros bisous.

Shila

Lettre de Shila : “Bonne fête du solstice d’été et feux de la Saint Jean”

Chers enfants,

Vous savez mon intérêt pour les chiffres, je vous en parlais avant-hier, “déchiffrer le monde”, nous permettait de voyager de mon pré de Kurichithanam jusqu’en Mésopotamie, avec leurs tables de calcul et jusqu’au Congo avec l’os d’Ishango, en remontant très loin dans le temps !!

Mon cher Kuttan m’a dit que nous venons de passer un moment particulier dans l’année, appelé solstice de juin ou solstice d’été, en Inde comme chez vous en France. Nos pays étant situés dans l’hémisphère Nord. Alors que nos amis qui se vivent dans l’hémisphère Sud, viennent de vivre, au même moment, le solstice d’hiver !!

Le solstice d’été correspond au moment de l’année où le Soleil monte au plus haut dans le ciel et éclaire pendant une durée maximale l’un des deux hémisphères : c’est donc le jour le plus le long de l’année. Dans l’hémisphère nord, il se produit le 21 ou le 22 juin ; dans l’hémisphère sud, le 21 ou le 22 décembre.”

À Kurichithanam, dans mon pré, je n’ai rien remarqué de différent, par rapport aux autres jours de l’année, dans la mesure où il y a très peu de différence entre le jour le plus long de l’année, au solstice d’été, le 21 juin, et le jour le plus court, au solstice d’hiver, le 21 décembre !! Ici la nuit et le jour sont quasiment égaux toute l’année, car le Kerala est proche de l’équateur, à 8 degrés et 4 minutes de latitude Nord (l’Inde est située au nord de l’équateur entre 8 degrés 4 minutes et 37 degrés 6 minutes de latitude nord et 68 degrés 7 minutes et 97 degrés 25 minutes de longitude est).

 Comme je vous l’ai dit, mon état adoré du Kerala est situé dans l’extrême Sud de l’Inde.

Mon voisin et ami Henri m’a raconté comment son épouse, lorsqu’elle a quitté l’Inde pour la France, n’en croyait pas ses yeux, en observant le début du jour (l’aube) à 04h55 et la fin du jour (crépuscule) à 22h56 !! Soit une durée du jour de 16 heures et demi !! Alors qu’au Kerala, la durée du jour est de 12 heures 42, le début du jour étant à 06h06 et la fin du jour à 18h48, en ce moment de l’été.

Une autre différence remarquable entre l’été en France et l’été au Kerala est que cette saison est très pluvieuse chez moi, c’est la mousson de Sud-ouest qui dure de juin à septembre. Il paraît que chez vous, c’est la saison bien ensoleillée, mais Emmanuel nous a fait remarquer que cette année, l’été commence avec la pluie. C’est un peu la mousson aussi chez vous !!!

Mon voisin Henri m’a dit que dans le Sud de la France et aussi en Espagne, la nuit la plus courte est fêtée le 24 juin, à la Saint Jean. Le 24 juin est férié en Espagne. À Perpignan, à Barcelone, et dans de nombreuses villes espagnoles, m’a-t-on dit, le festival de la Saint Jean se fête en allumant des feux, comme chez nous en Inde, à la fin de l’hiver, ou Diwali :

Chez moi, la mousson d’été battant son plein, ce n’est pas le meilleur moment pour faire la fête. Nous attendons quelques semaines pour Onam, la plus grande fête du Kerala, qui va avoir lieu en août.

Je sais que vous vous préparez à fêter sur le port de Boulogne-sur-mer, les fêtes de la mer, dans quelques jours. Je suis sûre que vous allez profiter de ces beaux moments avec les bateaux de pirates et mon amie Stacy la menace sera très occupée.

Je vous fais de gros bisous,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “A comme ami”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Je prépare mes valises pour vous rejoindre à la Fête de la mer la semaine prochaine, je suis ravie.

Comme je vous sais en vacances bien méritées mardi soir, je suis en train d’écrire mes dernières lettres pour cette saison 2020-2021 passée ensemble à disserter en vérités.

Aujourd’hui, je souhaite remercier toutes mes amies, tous mes amis, qui ont contribué à cette nouvelle année épistolaire.

Merci Jis, Francis, Henri, Emmanuel.

Merci bien évidemment mon cher Kuttan ; souvent nos conversations matinales ont inspiré les lettres.

Merci les enfants pour vos messages (je pense en particulier à ma chère Stacy).

Mais qu’est-ce que l’amitié ? Comment la reconnaît-on ? Et bien Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a signalé la proposition très charmante d’un Monsieur de votre pays, qui était philosophe, et qui me semble d’une sage vérité :

Je vous embrasse chers enfants,

A demain,

Shila

“En vérités” : Film de l’entretien réalisé par M. Patrick Bourdet, notre parrain, et les enfants pour y réfléchir.

Jeudi 6 mai 2021, M. Patrick Bourdet, parrain de notre association, a rencontré des enfants des Maisons pour réfléchir ensemble au thème de notre saison culturelle : En vérités.

Découvrez le film réalisé par Lucie Flouret et son équipe :

Lettre de Shila : “Déchiffrer le monde”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Au moment où je vous écris, il est seize heure dans mon petit pré d’un hectare deux cents mètres carrés. Etant levée depuis six heures ce matin, cela fait donc neuf heures que je suis éveillée ce jour, soit cinq cents quarante minutes, soit trente-deux mille quatre cents secondes. Sachant que notre chère planète, la Terre, se déplace de quatre cents soixante-cinq mètres par seconde autour de notre cher Soleil, cela veut dire que depuis mon réveil, et alors que j’étais dans mon petit pré, j’ai parcouru à bord de notre vaisseau mère plus de cent cinquante mille kilomètres  dans l’univers 😊.

Sachant que notre belle planète fait à peu près quarante mille kilomètres de tour de taille, cela veut dire qu’en restant dans mon petit pré depuis mon réveil, j’ai fait entre deux fois et trois fois le tour de la Terre rien que grâce au mouvement de notre planète sur elle-même.

La petite grenouille proche de mon petit pré que j’aime tant à contempler au bord du ruisseau mesurant à peu près deux centimètres de long :

Cela veut dire que mon petit pré d’un hectare deux cents mètres carrés fait la surface d’à peu près six cent millions de grenouilles côte à côte 😊.

Humm, chers enfants, j’adore déchiffrer notre monde en données, c’est tellement poétique, dépaysant.

Mon cher Kuttan me dit que vous autres, les humains, êtes aussi passionnés pour cette façon de mesurer ce que la vie nous propose.

Henri, qui revenait d’une réunion du Conseil scientifique de vos Maisons, m’a dit que Monsieur Olivier, qui réfléchit avec vous au monde tel qu’il va, a récemment publié un livre génial à propos des chiffres, parfois trop envahissants.

Mon cher Henri me raconte les premières pages, revenant sur l’histoire de ce désir humain de mettre en chiffre, en nombre, en quantité, en mesure, la vie.

Tout d’abord, si j’ai bien compris, fut l’os d’Ishango, voici très très très longtemps. Puis les archéologues qui travaillent avec Monsieur Jean-Paul, camarade de Monsieur Olivier dans votre Conseil scientifique, ont découvert des tables de calcul en Mésopotamie datant de temps très très anciens. Puis, me dit Henri, les arpenteurs romains d’un temps très loin furent un métier reconnu par les puissants pour contrôler l’économie impérial. Puis, me dit Henri, Bertrand Boysset, arpenteur de votre petit pays au Moyen-âge, fut une personne marquante pour signifier combien vos rois, vos reines, eurent le même souhait de comprendre comment tout le monde va :

Emmanuel, qui venait de mesurer la taille des plantes de son jardin depuis les dernières pluies, nous téléphonait pour prendre de nos nouvelles. Emmanuel nous a dit que mesurer tout et rien est devenu une obsession des humains, convaincus que s’ils peuvent mettre des chiffres sur tout, ils vivront de mieux en mieux, de manière efficace.

Ah, mes chers enfants, que la géométrie, l’arithmétique, la physique, ont des charmes que la raison adore. Si je suis ravie d’avoir parcouru près de trois fois le tour de notre belle Terre tout en restant immobile dans mon petit pré, si je suis enchantée de me dire qu’un si petit lieu peut accueillir six cents millions de grenouilles chères à mon cœur, je me dis que ce souhait de tout calculer doit s’accompagner de la spontanéité du ressenti, car c’est la marque de la confiance sans conditions.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Vers une entente cordiale entre les espèces animales, humaines et végétales, dans notre maison commune”

Chers enfants,

Comment allez-vous à quelques jours de vos vacances, bien méritées, après une année difficile, entre confinements et école à distance ?

Ici au Kerala, la vie reprend son cours, je vois les enfants, avec leur uniforme, se rendre à l’école de Kurichithanam.

Les vacances d’été sont terminées depuis le 7 juin !!

Kuttan est arrivé ce matin avec son journal, le deepika, très fier de me dire que des chercheurs se penchent sérieusement sur les moyens à mettre en place pour éviter les conflits entre les éléphants sauvages et leurs voisins agriculteurs ou familles vivant près de la forêt.

Normalement considérés comme de doux géants, les éléphants entrent de plus en plus en conflit avec les humains en Inde, où ils tuent environ 500 personnes chaque année…

Entre 80 et 100 éléphants sont tués chaque année par des activités humaines, ajoute-t-il, certains à la suite d’actes de représailles comme l’empoisonnement ou l’électrocution, d’autres d’être écrasés par des trains.”

Une scientifique indienne, Mme Krithi Karanth, chef du « Centre for Wildlife Studies » (CWS) à Bangalore, vient de recevoir le « Wild Innovator Award ». Elle est la première asiatique et la première indienne à être ainsi honorée, par ce prix, pour son travail de scientifique et l’aide proposée aux habitants des communautés rurales à faire face à l’impact que les éléphants peuvent avoir sur leur vie quotidienne

« Le Docteur Krithi K. Karanth, scientifique en chef de la conservation au « Center for Wildlife Studies » (CWS) de Bengaluru, a été choisie comme première femme indienne et asiatique pour le « WILD Innovator Award 2021 ». Ce prix décerné par la « Fondation WILD ELEMENTS » rassemble une coalition d’innovateurs, de défenseurs et de partenaires pour « perturber le statu quo et identifier des solutions pour la durabilité et la conservation mondiales ».

L’approche distinctive de la Fondation pour lutter contre le changement climatique est le « pouvoir des trois », reconnaissant l’interdépendance entre les espèces animales, humaines et végétales pour le futur bien-être planétaire de notre maison commune.”

Je suis très heureuse pour Misses Krithi Karanth, car Kuttan m’a expliqué que son prix est lié à la recherche pour améliorer les relations entre les éléphants et les humains.

Elle aide les gens à recevoir les indemnités lorsque leurs récoltes ont été saccagées.

Elle a développé un programme pour aider les communautés rurales à accéder à l’indemnisation. Ils peuvent appeler un numéro sans frais et son personnel évaluera les dommages et les aidera à soumettre les documents nécessaires pour faire une réclamation. Elle dit que le programme « Wild Seve » a aidé les familles à soumettre près de 18 000 demandes et à recevoir près de 800 000 dollars en compensation au cours des cinq dernières années et demie.”

Un autre chercheur indien, Mister Sandeep Tiwari, écologiste et conseiller en conservation pour la famille des éléphants, fait un travail important pour la sécurisation des couloirs des éléphants sur tout le territoire indien.

Ses domaines d’expertise comprennent les corridors pour la faune, en particulier les éléphants, l’atténuation des conflits homme-éléphant et la restauration de l’habitat.

À long terme, l’un des moyens les plus efficaces de réduire le conflit sera de restaurer et de protéger les zones forestières et les anciens “corridors” de migration que les éléphants traversent, dit Tiwari. Ces bandes de forêt relient les habitats naturels des éléphants, et les préserver signifie que les animaux ont moins de raisons de s’égarer sur les terres agricoles.”

Je vous ai déjà écrit plusieurs lettres sur ce conflit hommes-animaux sauvages :

Ce qui me réjouit, c’est que les scientifiques, comme Misses Krithi Karanth et Mister Sandeep Tiwari, et de nombreux autres, comme notre chère Jis, font un travail remarquable visant à nous faire vivre ensemble en bonne intelligence. Quel bonheur de voir ce jeune éléphant jouer avec l’eau giclant de terre, dans la montagne.

Je vous fais de gros bisous, et bonne dernière ligne droite avant de partir en vacances.

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Cartes postales vues du ciel”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Cette nuit pour m’endormir j’ai regardé comme vous le voute céleste. Vous et moi sommes si intrigués par ces points lumineux qui nous accompagnent au moment du coucher :

Hier soir, j’ai pu voir la lumière de la station spatiale internationale :

L’avez-vous vu ?

A bord, me dit mon cher Kuttan, se trouve Monsieur Thomas, capitaine de ce vaisseau spatial, natif de votre pays, et qui s’entraîne pour aller sur une planète très très lointaine que, si j’ai bien compris, vous appelez « Mars ».

Kuttan me dit que Monsieur Thomas est d’autant plus apprécié dans mon petit pays que son prénom est très répandu au Kerala depuis fort longtemps.

Mes chers enfants, que ce Monsieur Thomas m’impressionne et m’enthousiasme quand il flotte dans l’univers pour agrandir sa maison et la rendre encore plus chouette :

Mon cher voisin Henri, qui me retrouvait ce matin toute émerveillée, m’explique que Monsieur Thomas trouve le temps, parmi ses innombrables obligations à bord, de prendre en photos notre planète depuis sa maison qui vole :

Great Barrier Reef

Humm chers enfants, incroyable 😊 Monsieur Thomas a pris de très belles images de chez moi ; le fleuve Brahmapoutre, Bengalore.

Et de très belles images aussi de chez vous, chers enfants.

Emmanuel, qui téléphonait pour prendre des nouvelles, me dit que Monsieur Thomas est une personnalité aussi très appréciée par chez vous. Emmanuel me dit qu’il en est d’autant plus heureux, qu’en ce moment les humains sont en train de perdre leur appareil photographique de l’espace si important ces décennies précédentes.

Ne t’en fais pas Emmanuel : mes grandes oreilles me disent que bientôt un super appareil photo robot remplacera le valeureux Hubble. Son enfant s’appellera, si j’ai bien compris, James Webb :

Moi l’éléphante aventurière de la vie suis sûre que très bientôt d’autres images de qui nous sommes permettront à tout le monde de comprendre mieux encore ce à quoi nous le devons, ce pour quoi la vie est extraordinaire.

Chers enfants, chers Kuttan, Henri, Emmanuel, je vous envoie les photos de Monsieur Thomas, que j’aimerais un jour rencontrer avec vous.

Bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Les bateaux aériens”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Hier soir, pour m’aider à m’endormir, mon cher Kuttan m’a lu l’un des livres préférés, dont je vous avais parlé ; « La Maison à vapeur » de Monsieur Jules Verne :

Humm, que j’aime rêver à cette invention incroyable, permettant au prince de mon pays de naviguer dans les nuages à bord d’une maison volante. Bon, évidemment, tout cela, c’est de l’imagination, mais enfin, quelle belle histoire inventée par Monsieur Verne, l’un des plus grands romanciers de mon point de vue.

Mon cher Kuttan m’a raconté que si les humains n’avaient pas encore réussi à construire la maison qui vole, ils sont par contre fiers d’une incroyable prouesse technique appelée « hydroptère », permettant aux bateaux de s’élever au-dessus des flots.

Quoi ? Saperlipopette ! Des bateaux qui, pour avancer, ont la possibilité de se lever et de foncer par-dessus les vagues ?

Non non non, j’ai l’imagination très fertile, mais ça je ne peux y croire.

Et bien Kuttan m’a dit que je me trompais ; ces incroyables machines existent bel et bien, et naviguent aux quatre coins du monde.

Mon cher voisin Henri, qui passait me dire bonjour, a remarqué mon air éberlué. Henri s’est beaucoup amusé de me voir balancer ma trompe plus que de raison et m’a dit que je ressemble à un moulin à vent, ou à une hélice de bateau quand je fais ces grands moulinets – signe de mon excitation.

Henri et Kuttan m’ont raconté qu’il existe plusieurs types de bateaux volants ; des bateaux à voile, des bateaux à moteur (lesquels sont promis à partir prochainement de chez vous pour rallier l’Angleterre).

Wouaouuu, c’est extraordinaire.

Kuttan m’a aussi présenté le « Jaldost », bateau de mon pays qui certes ne vole pas mais a un énorme ventilateur lui permettant de surfer sur l’eau.

Kuttan me dit que les ingénieurs indiens papas du Jaldost pensent à l’utiliser pour nettoyer les nombreux canaux et lacs de mon petit pays, du côté des backwaters :

Génial chers enfants, que les humains peuvent trouver des solutions aux problèmes qu’ils se créent 😊

Emmanuel, qui téléphonait pour prendre des nouvelles d’Henri et Kuttan, me dit que par chez vous, pas loin de vos Maisons, existait jusque dans les années 1990 une sorte d’aéroport à bateaux, que vous appelez l’« Hoverport ».

Incroyable cette machine géante posée sur coussin d’air, il fallait y penser.

C’est charmant de voir toutes ces personnes, tous ces camions, ces voitures, entrer dans le ventre de cette baleine mécanique :

Emmanuel m’a expliqué qu’aujourd’hui, elle ne circule plus en raison de trop fortes consommations de carburant pour aller et venir en Angleterre à partir de Calais ou Le Portel ; ce n’était pas assez rentable, quand bien même les aller-retour étaient nombreux avec à bord plein de voyageurs enthousiastes – dont Henri.

Qu’à cela ne tienne chers enfants, je gage que les ingénieurs que vous serez trouveront bien le moyen de relancer les aéroglisseurs en inventant des moyens de locomotion moins onéreux et polluants.

Je vous embrasse très fort,

A lundi,

Shila