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La maison des enfants du sport et du bien être

Lettre de Shila : “Les bateaux aériens”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Hier soir, pour m’aider à m’endormir, mon cher Kuttan m’a lu l’un des livres préférés, dont je vous avais parlé ; « La Maison à vapeur » de Monsieur Jules Verne :

Humm, que j’aime rêver à cette invention incroyable, permettant au prince de mon pays de naviguer dans les nuages à bord d’une maison volante. Bon, évidemment, tout cela, c’est de l’imagination, mais enfin, quelle belle histoire inventée par Monsieur Verne, l’un des plus grands romanciers de mon point de vue.

Mon cher Kuttan m’a raconté que si les humains n’avaient pas encore réussi à construire la maison qui vole, ils sont par contre fiers d’une incroyable prouesse technique appelée « hydroptère », permettant aux bateaux de s’élever au-dessus des flots.

Quoi ? Saperlipopette ! Des bateaux qui, pour avancer, ont la possibilité de se lever et de foncer par-dessus les vagues ?

Non non non, j’ai l’imagination très fertile, mais ça je ne peux y croire.

Et bien Kuttan m’a dit que je me trompais ; ces incroyables machines existent bel et bien, et naviguent aux quatre coins du monde.

Mon cher voisin Henri, qui passait me dire bonjour, a remarqué mon air éberlué. Henri s’est beaucoup amusé de me voir balancer ma trompe plus que de raison et m’a dit que je ressemble à un moulin à vent, ou à une hélice de bateau quand je fais ces grands moulinets – signe de mon excitation.

Henri et Kuttan m’ont raconté qu’il existe plusieurs types de bateaux volants ; des bateaux à voile, des bateaux à moteur (lesquels sont promis à partir prochainement de chez vous pour rallier l’Angleterre).

Wouaouuu, c’est extraordinaire.

Kuttan m’a aussi présenté le « Jaldost », bateau de mon pays qui certes ne vole pas mais a un énorme ventilateur lui permettant de surfer sur l’eau.

Kuttan me dit que les ingénieurs indiens papas du Jaldost pensent à l’utiliser pour nettoyer les nombreux canaux et lacs de mon petit pays, du côté des backwaters :

Génial chers enfants, que les humains peuvent trouver des solutions aux problèmes qu’ils se créent 😊

Emmanuel, qui téléphonait pour prendre des nouvelles d’Henri et Kuttan, me dit que par chez vous, pas loin de vos Maisons, existait jusque dans les années 1990 une sorte d’aéroport à bateaux, que vous appelez l’« Hoverport ».

Incroyable cette machine géante posée sur coussin d’air, il fallait y penser.

C’est charmant de voir toutes ces personnes, tous ces camions, ces voitures, entrer dans le ventre de cette baleine mécanique :

Emmanuel m’a expliqué qu’aujourd’hui, elle ne circule plus en raison de trop fortes consommations de carburant pour aller et venir en Angleterre à partir de Calais ou Le Portel ; ce n’était pas assez rentable, quand bien même les aller-retour étaient nombreux avec à bord plein de voyageurs enthousiastes – dont Henri.

Qu’à cela ne tienne chers enfants, je gage que les ingénieurs que vous serez trouveront bien le moyen de relancer les aéroglisseurs en inventant des moyens de locomotion moins onéreux et polluants.

Je vous embrasse très fort,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “La courbe de l’éléphant”

Chers enfants,

Voilà que mon cher Kuttan est venu ce matin avec son journal, le Deepika, et m’a montré un dessin, appelé “courbe de l’éléphant” !!

Bien sûr, j’ai tout de suite pensé à la jolie courbe qu’est la mienne, surtout quand je lève ma trompe et je rejette l’eau sur mon dos, à ce moment préféré du bain !!

J’ai pensé aussi que l’éléphante que je suis, malgré mon poids (près de trois mille kilos), reste d’une élégance inégalée ; j’observe avec plaisir que je suis toujours admirée !!

Mais Kuttan m’a expliqué que cette courbe de l’éléphant n’a rien à voir avec un concours de beauté, et qu’il s’agit d’un graphique de deux économistes, Misters Milanovic et Lakner. Cette courbe raconte la mutation économique de l’humanité depuis un demi-siècle, l’essor de pays, comme la Chine et l’Inde, le recul de la pauvreté dans les pays du Sud et l’explosion d’une classe de super riches dans le monde. Les 1% les plus riches sont devenus encore plus riches et les plus pauvres ont vu aussi leur revenu augmenter !!

Oh la la !!! Que cela me paraît compliqué !! Lire une courbe avec ses abscisses et ses ordonnées, mon voisin Henri commence à baisser les bras !! Mais notre ami Emmanuel dit que ce n’est pas si difficile à comprendre :

La courbe de l’éléphant nous montre clairement que la croissance des revenus a été plus forte pour les plus pauvres du monde d’un côté, (c’est la partie arrière de l’éléphant), et également de l’autre côté, pour les plus riches du monde, (la trompe levée de l’éléphant). Par contre la croissance des revenus n’a pas augmenté pour les classes moyennes des pays riches.

Cela me fait penser aux lettres que je vous ai envoyées sur l’importance des chiffres et des mathématiques. Les chiffres peuvent nous aider à mieux comprendre la réalité du monde.

Tout cela est intéressant, mais il reste à savoir comment armer les enfants, dès l’école maternelle pour apprendre les mathématiques.

Une chercheure française dont j’ai déjà parlé avec vous, Mme Esther Duflo, prix Nobel d’économie, fait un travail en Inde, dans des écoles à Dehli, avec une collègue chercheure psychologue, Madame Elizabeth Spelke.

Elle pense que tous les enfants ont une connaissance intuitive des mathématiques, mais que certains d’entre eux n’arrivent plus à suivre ensuite dans l’école primaire !!

Pour pallier à ce problème, après une première expérience infructueuse, elle propose trois groupes de classes maternelles : un groupe auquel sont proposés des jeux purement symboliques, un groupe avec des jeux purement intuitifs et un troisième groupe mêlant des jeux intuitifs et symboliques.

Il en résulte que le groupe qui a joué en mêlant jeux intuitifs et jeux symboliques est complètement armé pour bien apprendre les mathématiques.

Dommage que mes amis Henri et Emmanuel, qui ne sont pas fans de maths, n’aient pas bénéficié d’un tel programme, mais je crois que maintenant, c’est un peu tard pour eux.

Si vous avez le temps d’écouter Madame Esther Duflo, dans la vidéo, elle, l’économiste de renommée mondiale, explique très simplement ses recherches et ses expériences auprès des écoles en Inde. Elle explique aussi, tout à la fin de son entretien, ce que nous raconte la courbe de l’éléphant.

Au fond, cette “courbe éléphant” nous montre que même si les inégalités s’accroissent dans les pays, l’extrême pauvreté diminue.

C’est le message de Madame Duflo.

Très impliquée dans la recherche et le développement pour lutter contre la pauvreté, elle nous donne une leçon d’optimisme en affirmant qu’hier est mieux qu’avant hier et qu’aujourd’hui est mieux qu’hier. Dans les pays les plus pauvres, la pauvreté a été divisée par deux, la mortalité des enfants a été aussi divisée par deux et les enfants allant à l’école primaire est à peu près de 100%, citant les chiffres de la banque mondiale.

Chers enfants, je vous souhaite une belle fin d’année scolaire en vous donnant ces belles notes pleines d’optimisme, ce qui nous fait beaucoup de bien dans cette période de pandémie. Et surtout ne baissez pas les bras devant la courbe de l’éléphant, c’est un bel exercice pour comprendre notre monde.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Surfer la plus haute vague du monde”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Ce matin, mon cher Kuttan m’a emmené sur le bord de la plage. Il y avait des humains sur des drôles de planche qui virevoltaient sur les vagues :

Humm, je vous avoue que ces prouesses m’ont donné envie de m’y mettre à mon tour, mais je ne sais pas si la planche peut me porter. Kuttan m’a encouragé, affirmant qu’il avait vu un éléphant s’amuser des vagues :

Oui, bon, j’aimerais un moniteur ; je ne sais pas si je puis encore surfer avec autant d’aisance.

Mon cher voisin Henri, à qui je racontais mon désir naissant au retour de la plage, et mes appréhensions, me dit que par chez vous, les vagues sont toutes aussi petites que par chez moi, mais que vous aviez inventé une chouette façon de vous éclater, en mettant une voile en plus de la planche :

Wouaouuuuu, que cela doit être top de s’envoler en prenant pour tremplin la vague, je vous envie chers enfants.

Mais… Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer le surf ?

C’est vrai quoi, il faut être un peu bizarre pour avoir l’idée de filer le plus possible avant que la mer vous avale.

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, qui nous téléphonait pour prendre des nouvelles d’Henri et de ses coups de soleil, m’a raconté que les humains ont inventé voici très très longtemps cette machine à rester debout sur et dans la vague.

Ah d’accord, j’ai compris, il faut être né dans le Pacifique pour avoir de telles inspirations. Ouais ! C’est sans doute parce que leur océan est le plus grand du Monde.

Henri m’a dit que je me trompais : la plus haute vague surfée, d’après les humains, fut au large du Portugal, pays de Vasco de Gama dont je vous parlais dans une précédente lettre :

Mais alors, les plus hautes vagues de notre planète sont-elles devant le Portugal, créées par l’océan atlantique ?

Henri, Kuttan et Emmanuel m’ont dit que c’est une question difficile, a priori, la plus haute vague jamais observée par les humains fut en Alaska, le pays des terres froides dont je vous parlais :

Chers enfants, notre terre nous réserve plein de malices enthousiasmantes ; je suis heureuse de partager avec vous la fantaisie de pouvoir les chevaucher. Allez hop ! On y va :

A demain,

Bisous,

Shila

Lettre de Shila : “A partir et au-dedans du Pacifique”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Mon cher voisin Henri me dit que samedi, vous avez eues des grosses pluies d’orage. J’espère que ce temps colérique s’est calmé, et que vous avez pu marcher sur les plages comme la semaine dernière :

Aimez-vous observer la nature comme ma copine Jis ? :

Moi, j’aime bien aussi gambader, contempler :

Et puis, il faut vous dire : j’ai une passion soudaine pour l’océan pacifique dont je vous ai parlé la semaine dernière :

Je me dis que cet endroit est très important pour que le vivant puisse s’épanouir.

Mon cher Henri, qui connaît ma passion pour les étoiles, me dit que sur les rives de cet océan et en son milieu prospèrent vos plus grands observatoires galactiques basés à terre :

Emmanuel me dit que là-bas, les humains vont aussi construire des lieux pour regarder le fonds des mers.

Si j’ai bien compris, la terre et la mer dans cet endroit sont de très grande importance pour tout le monde, que nous soyons plantes, animaux, animaux, cailloux.

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que l’océan pacifique est au cœur des préoccupations de vous autres, les humains ; il faut le préserver pour que la planète puisse nous faire exister.

Mon cher Kuttan, qui est tombé sur des coquillages en marchant au bord de ma plage, me dit que c’est dans le Pacifique que naissent les plus importantes montagnes de vies sous mer.

Ah, mes chers enfants, que je suis heureuse de découvrir tant de merveilles. Je lève ma trompe pour honorer le Pacifique ; ses étoiles, ses profondeurs.

A demain,

Bisous,

Shila

Lettre de Shila : “Histoires de discriminations et de suprémacisme !!!”

Chers enfants,

Depuis quelques temps, je m’inquiète de ces histoires de discriminations ou de suprémacisme qui me donnent mal à l’estomac, tout en ayant toujours la meilleure alimentation préparée avec amour par mon cher Kuttan : des pousses de bambou fraîches, des fruits, ananas et bananes bio et des branches de palmier de qualité.
Kuttan m’a expliqué que le suprémacisme laisse croire que certains êtres sont supérieurs aux autres et qu’ils peuvent ainsi les dominer en raison de leur couleur, de leur sexe, de leur classe, civilisation, culture, langue, religion etc.

Il m’a parlé d’histoires incroyables dans un pays, les États-Unis, à 15000 kms de chez moi, où les gens se croient supérieurs aux autres parce que leur peau est de couleur blanche !!


Le suprémacisme blanc est une idéologie raciste, fondée sur l’idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est perçue comme blanche par les autres ou par eux-mêmes par rapport aux autres humains“.

 Cette idéologie suprémaciste, raciste et haineuse d’extrémistes blancs, violents, n’est malheureusement pas limitée au continent américain, on la retrouve en Europe, en Nouvelle Zélande, en Australie. 

Kuttan m’a expliqué que chez les éléphants, nous avions aussi des différences de couleurs, les éléphants d’Afrique et de l’Inde sont de couleur grise ou brunâtre et en fonction du sol, rougeâtre ou brun, ils changent un peu de couleur, aimant se couvrir de poussière !! 
Les éléphants de Thaïlande sont plus bruns clairs et sont souvent appelés éléphants blancs. Lorsqu’ils sont mouillés, ils ont une couleur rosâtre. La Thaïlande a aussi des éléphants albinos, qui sont de couleur rosâtre ou brun très clair. Mais c’est une maladie génétique.
Si j’ai bien compris, j’ai des cousins, éléphants blancs, qui sont très rares et considérés comme des joyaux !!


L’éléphant blanc est un éléphant albinos. Extrêmement rares, les éléphants blancs sont considérés en Asie comme des joyaux inestimables. Leur particularité est perçue comme une manifestation visible de leur origine divine ; en conséquence de quoi, on croit depuis toujours qu’ils sont dotés de pouvoirs magiques.”

Bien sûr, en raison de sa rareté, l’éléphant blanc a quelques privilèges : il n’a pas besoin de travailler et est très choyé et protégé, mais en aucun cas, il se considère comme supérieur à ses cousines et cousins de couleur, dont je fais partie. 
Je vous ai d’ailleurs parlé de l’un d’entre eux, Hanno, dont le sort n’était pas aussi heureux que le mien, puisqu’il a été donné en cadeau au Vatican !! : “À l’époque historique, deux éléphants blancs ont été offerts à des souverains européens : Abul-Abbas († 810) à Charlemagne et Hanno († 1516) au pape Léon X.” 

J’ai été rassuré sur le fait qu’il n’y ait pas de suprématie entre nous les éléphants, mais je ne suis pas sûre que la domination entre les animaux n’existe pas !!?? 
Kuttan m’a expliqué que chez les humains, certains cherchent à dominer d’autres, ils se pensent supérieurs pour différentes raisons, leur couleur de peau, leur lieu de naissance, leur groupe familial, religieux ou autre… Je ne comprends pas très bien pourquoi !! Dans mon pays, l’Inde, nous avons une société qui repose traditionnellement sur un système de castes, remis en cause lors de l’indépendance, il y a 74 ans déjà. 
Nous avions  la chance d’avoir alors de grands juristes qui ont ont écrit notre constitution. Le docteur Ambedkar était le juriste en chef chargé de l’écriture de ce qui fonde l’Inde actuelle. 

La constitution de l’Inde, en 1950, interdit les discriminations fondées sur la caste, le sexe, la religion…


Tous les Indiens sont égaux devant la loi en vertu de l’article 15 de la constitution indienne qui interdit toute discrimination basée sur la caste, le sexe, le lieu de naissance ou la religion ; et de l’article 16 qui abolit l’intouchabilité. Le père de cette constitution, Bhimrao Ramji Ambedkar, était lui-même dalit.”

Malheureusement malgré cette belle constitution, la situation aujourd’hui reste encore difficile pour de nombreuses composantes de la société dans mon pays. Il suffit d’observer et d’écouter, pour comprendre qu’une forme de suprémacisme et de domination est trop importante dans notre société. 
De nombreuses voix se font entendre partout dans le monde pour combattre ces discriminations. Ce sont des intellectuels, comme Mister Suraj Yengde, chercheur à Harvard, avec son livre Caste Matters. Ce sont aussi des artistes, comme ce jeune chanteur écossais, d’origine indienne, Kapil Seshasayee, qui dénonce les atrocités dues au système des castes dans le pays de ses parents. Son engagement et sa musique ont interpellé un artiste hip-hop américain, Lil B
Ces deux artistes ont décidé de collaborer, conscients d’avoir un message important transmettre, protestant contre les discriminations liées à la caste et à la couleur de la peau :

« Hill Station Reprise » rime même « brahmane » avec « ramen », ce que Seshasayee dit être une réplique que seul un rappeur chevronné comme Lil B peut réussir. Fait intéressant, la production tourbillonnante à base de synthé et les raps de Lil B sur la paix et l’amour contrastent avec la musique généralement acerbe et angoissante de Seshasayee, mieux entendue sur son album 2018 A Sacred Bore . Avec ce détour momentané du son, l’artiste pense que Lil B peut amener beaucoup plus d’auditeurs à connaître le système des castes en Inde.”
Le journal britannique, The Guardian, explique l’engagement de Mister Kapil Seshasayee, en tant que musicien et en tant que jeune homme affecté 
“Seshasayee se décrit comme un musicien de protestation et parle sur Zoom d’un ton mesuré mais passionné sur le système des castes et d’autres formes de discrimination
.”

J’ai le sentiment, chers enfants, de vous embarquer dans une histoire un peu compliquée pour vous, mais, pour moi, l’éléphante philosophe, je ne comprends pas pourquoi les humains recherchent à dominer leurs semblables, tout en mettant en avant la fraternité et l’égalité !!! 
Je me réjouis toujours en observant que des jeunes, comme Kapil Seshasayee, et moins jeunes comme Gowri Amma, notre grand mère du Kerala, mettent toute leur passion pour bouger les lignes. Je souhaite du succès pour Kapil Seshasayee et  Lil B. :

Chers enfants je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “La théorie des anciens astronautes”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous vu cette nuit de drôles de lumières dans le ciel, qui se déplaçaient à la queue-leu-leu comme un collier de perles interminable ? J’en ai vu un hier vers vingt-trois heures alors que je contemplais les étoiles. C’était à la fois magnifique et effrayant ; magnifique parce que féérique, effrayant parce que le mouvement n’avait rien de naturel et j’ai pensé que nous étions sur le point d’être envahis par des créatures venues de l’Espace.

Mon cher Kuttan, remarquant ce matin mes yeux un peu vitreux (je vous avoue que j’ai eu du mal à m’endormir), m’a expliqué qu’il ne fallait pas que je m’affole, que j’avais sans doute vu ce que vous, les humains, appelez « constellation de satellites », création de votre part lancée par les fusées chères à mon cœur pour faciliter les échanges sur Terre :

Kuttan a bien rigolé que je puisse être si convaincue d’avoir vu des objets volants non identifiés à mon tour ; un peu moqueur, Kuttan m’a expliqué que ces derniers temps chez les humains, y compris pas loin de chez vous, les vaisseaux extraterrestres reviennent à la mode, au risque d’être déçus d’apprendre que ce n’était pas grand chose.

Mon cher voisin Henri, qui venait de discuter avec Monsieur Jean-Paul, membre de votre conseil scientifique lui aussi très intéressé par ces croyances d’un autre monde arrivé sur Terre et dont je vous avais parlées… :

… Me raconte pour me réconforter qu’au palmarès des bobards qui furent parmi les plus longues fausses vérités, la « Théorie des anciens astronautes » est l’un des plus illustres.

Si j’ai bien compris, personne ne comprenait comment des terriens avaient pu élever les majestueuses statues de l’Ile de Pâques et ce n’est que récemment qu’une piste sérieuse a pu être formulée. Personne ne comprenait et ne comprends toujours pas comment des terriens ont pu dessiner si exactement les immenses motifs de Nazca.

Ah, je vois, c’est un peu comme la légende de l’entrée en Inde pour aller au centre de la Terre dont je vous avais parlée :

Et bien chers enfants, certes il est nécessaire de se méfier des racontars séduisants car c’est au risque de se faire avoir par des affirmations pas moins erronées, mais plus meurtrières :

Autant s’entraîner tous les jours à convenir ensemble de ce qui est vrai, de ce qui est faux.

Mais enfin, chers enfants, si j’ai mal dormi, je suis heureuse ce matin de me dire qu’il y a comme un fil invisible entre l’île presqu’au milieu de l’océan pacifique, les grandes montagnes d’Amérique du Sud, votre petit pays, le mien.

On ne sait toujours pas comment les humains ont pu dresser de si grandes statues, créer de si grands dessins, et pour qui ces messages gigantesques étaient destinés. Gageons que c’est comme souhaiter la bienvenue qui que l’on soit, ce qui est chouette :

Bisous,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “Si j’avais une cousine en mer (ce que je sais de la baleine)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a dit que dimanche vous étiez à la plage et avez pris vos premiers bains estivaux. C’est chouette d’habiter au bord de la mer ; moi aussi j’ai barboté sur la plage de mon petit pays, vous savez que j’adore cela. Oh, je me suis contentée de tremper mes pattes, car comme je vous l’expliquais ma peau n’aime pas trop l’eau salée :

Quoi qu’il en soit, merci Kuttan, mon cornac maître-nageur préféré 😊 Je me suis bien amusée. J’en ai barris de plaisir. Kuttan m’a dit que mon son lui a fait un peu penser à celui de ma cousine des mers, le plus grand animal des profondeurs tout comme je puis être le plus imposant sur terre ; la baleine :

Henri, qui nous accueillait au retour de la plage, nous a raconté que la coexistence entre éléphants et baleines était une très très longue histoire.

Ainsi, voici plus de deux mille ans, un grand observateur de la Nature – sans doute l’un des premiers auteurs d’une encyclopédie du vivant : Pline l’Ancien, signalait l’abondance des baleines dans les eaux bordant mon pays.

Et puis, me disent Henri et Kuttan, il existe depuis un temps fou des histoires que se racontent les marins sur des humains en train de pêcher, et avalés par inadvertance par des baleines pour être ensuite recrachés sain et sauf.

Les humains ont récemment compris d’où viennent les baleines.

Devinez quoi ? Il y a des millions d’années, les ancêtres des baleines vivaient… sur Terre ! Incroyable n’est-ce pas ? Il faut y voir je pense une nouvelle illustration des recherches de mon cher Mister Darwin.

La baleine, tout comme l’éléphant, sont des animaux considérés par les humains comme ayant des pouvoirs surnaturels. Je vous parlais de l’éléphant et de la baleine de couleur blanche :

Et bien il s’avère que la baleine est une source de richesse très convoitée par les humains. Hélas, baleines, éléphants, nous fûmes et sommes encore pourchassés au risque de disparaître ; la graisse, l’ambre pour ma cousine des mers, l’ivoire de nos défenses pour ma famille :

Chers enfants, je compte sur vous pour nous protéger, d’autant que – et c’est un autre point commun que nous partageons la baleine et moi, nous sommes les animaux qui mettons le plus de temps à fabriquer nos bébés.

Et, est-ce que vous, là où vous habitez, vous pouvez voir des baleines ?

Henri me raconte qu’autrefois, Christophe et des enfants ont navigué avec une association alors appelée “Jonas”, aujourd’hui devenue “Cité mer“, et qu’ils avaient pêché par inadvertance un requin pèlerin pour leur première sortie pêche en 1988 ; le pauvre requin pèlerin s’était pris dans le filet trémail, posé près du Fort de l’Heurt. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous une photo de ce pauvre requin pèlerin, qui pesait trois cents kilos, et mesurait trois mètres de long.

Un requin pèlerin adulte, me dit Kuttan, peut mesurer de douze à quinze mètres de long. Je pleure en pensant à ce pauvre petit pris dans le filet.

Emmanuel me dit que certes, tout comme les dauphins, des baleines et des requins peuvent passer au large, mais que l’océan pacifique dont je vous parlais ces dernières lettres reste et de loin le lieu sur notre planète où vous aurez bien souvent la chance d’admirer leurs si belles silhouettes.

Ah mes chers enfants, que suis heureuse de vous présenter ma cousine des mers, la baleine. J’espère que vous pourrez un jour voir son panache d’eau en signe de salutations. Je t’embrasse très fort ma cousine des mers, au plaisir de te retrouver.

Bisous les enfants,

A demain,

Shila

Images de la dernière séance pour cette saison 2020-2021 (atelier patrimonial)

Ce 16 juin a eu lieu la dernière séance de l’atelier mensuel pour cette saison, atelier consacré à la fabrique à l’échelle 1 d’une charrette ayant circulé au XIVe siècle sur des routes non loin des Maisons, et permettant aux plénipotentiaires du Royaume de France de rallier le lieu de négociation avec les envoyés du Royaume anglais pour convenir d’un traité de paix durable.

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Cet atelier est animé par Christophe, chef de service de la Maison du Cirque et de la Maison du sport. Au programme de cette séance : peignage des pièces métalliques et poursuite de la restauration de la roue de la roulotte. Rendez-vous en octobre pour mettre la demoiselle sur ses quatre roues : bravo les enfants, bravo Christophe.

Découvrez les images prises lors du passage des enfants de la Maison du Sport :

Lettre de Shila : “Des samouraïs pas comme les autres (récits d’une mondialisation finalement heureuse)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous profité du bel ensoleillement dont mon cher voisin Henri me dit qu’il est arrivé sur vos rivages pour aller avec vos chères éducatrices, éducateurs vers des lieux qui n’étaient pas accessibles pendant ces longs mois de confinement ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que ces derniers temps vous retrouvez le goût de la liberté de se déplacer, et c’est comme découvrir de nouveau combien le monde peut proposer des aventures dont on aime à se souvenir :

Dans mon petit pays aussi, les voyageurs au long cours commencent à revenir tout doucement pour apprécier les beautés du coin, le bonheur de rencontrer les habitants. J’ai l’impression que la planète, un peu sonnée par le satané virus, renaît à la vie. J’aime bien ce mot : « renaissance », il me fait penser à cet autre mot dont je vous parlais et qui disait « ré-enchantement » :

Je vous ai beaucoup parlé du sentiment d’émerveillement, de rêverie qu’inspire l’Inde, continent au croisement de l’Europe et de l’Asie :

Mon cher Kuttan m’a expliqué que les compatriotes de Vasco de Gama ne se sont pas arrêtés chez moi à Goa, mais ont continué vers l’Est pour essayer de trouver une route maritime permettant de rallier « Cipango », île mythique dont parlait plusieurs siècles plus tôt Marco Polo.

Si j’ai bien compris Kuttan, « Cipango » s’appelle aujourd’hui « le Japon », et vous autres les humains aimez à la surnommer « Pays du Soleil-Levant », car ce serait pour votre Europe la terre la plus éloignée à l’Est.

De l’Inde, les portugais ont donc navigué vers Cipango et ont fini par y parvenir. A bord de leurs navires, ils amenaient des personnes rendues esclaves et kidnappées en Afrique, là où mes cousines et cousins éléphants vivent.

C’est une histoire très triste ; on n’a pas le droit de faire commerce des êtres vivants. Je voudrais cependant vous raconter l’extraordinaire histoire de Yasuke.

Ce qui me passionne, c’est non seulement le fait qu’esclave, il devienne « samouraï » (« seigneur » en japonais), mais aussi que le japonais très puissant qui l’a émancipé et élevé à un rang si important fût celui qui tenta pour la première fois d’unifier son pays, alors profondément divisé, avec des guerres incessantes.

Mon cher Henri me dit que vous autres les humains, aimez souvent dire : « L’union fait la force » pour valoriser la paix, la nécessité de savoir vivre ensemble ; je comprends avec Yasuke que ces relations de fraternité sont toutes aussi importantes entre habitants de pays si éloignés les uns des autres.

Mais, est-ce que nous, en Inde, avons connu des samouraïs venus du pays du soleil levant ? Kuttan et Henri me disent que c’est peu probable, même si parfois des publicités passent à la télé pour faire croire du contraire :

Il reste que, me dit Emmanuel, un samouraï est venu dans votre pays voici des centaines d’années, en mission pour rencontrer les puissants d’Europe :

Hummm, chers enfants, que d’histoires extraordinaires qui racontent combien notre planète se lie, se délie, se relie depuis fort longtemps. Je lève ma trompe pour saluer les échanges pacifiques, les intégrations réussies d’étranges étrangers pour le bonheur de tous et de chacun.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Raksha bandhan ou Rakhi fête de la fraternité”

Chers enfants,

Je vous contais l’histoire de notre mamie révolutionnaire Gowri Amma, qui vient de nous quitter à près de 102 ans et qui a marqué l’histoire de mon cher Kerala.

Amma signifie maman dans ma langue, le Malayalam.

Les liens familiaux sont très importants chez nous et la fraternité est fêtée chaque année, au mois d’août, lors de la fête appelée Raksha bandhan ou Rakhi.

Mon cher voisin Henri se souvient, alors qu’il attendait son bus, que des jeunes femmes sont venus proposer d’attacher un petit cordon en coton coloré au poignée des voyageurs qui étaient à l’arrêt de bus.

Il pensait à une opération publicitaire ou commerciale, mais ces dames ont expliqué que ce cordon aux couleurs vives était gratuit et symbole de fraternité. Il découvrait ainsi cette belle fête de la fraternité en acceptant le Rakhi, nom de ce petit cordon.

En observant depuis ce jour les gens qu’il rencontre, il remarque le nombre incroyable de personnes portant le Rakhi, ce beau symbole de la fraternité.

Raksha Bandhan ou Rakhi est l’un des festivals les plus populaires en Inde. Bien que l’origine de la fête varie, elle signifie aujourd’hui un lien de protection entre frère et sœur. Les sœurs nouent un fil autour du poignet droit de leurs frères, priant pour leur longue vie tandis que les frères font vœu de protéger leurs sœurs. Ces derniers jours, Rakhi en est venu à signifier un lien d’amitié et de bonne volonté envers tous.”

Cette belle fête hindoue s’est étendue à la société indienne qui célèbre la fraternité. L’origine remonte loin, dans la mythologie et dans l’histoire, comme l’explique brièvement l’article suivant que m’a envoyé pour vous mon cher voisin Henri :

Le Rakhi est utilisé en Inde depuis les temps historiques pour signifier l’amitié et la fraternité. Les reines Rajput envoyaient des rakhi aux rois voisins en signe d’amitié. Le poète lauréat du prix Nobel Rabindranath Tagore a utilisé Raksha Bandhan comme symbole d’unité face à la stratégie britannique visant à diviser le Bengale.”

Je sais qu’en France vous avez la chance d’avoir la fraternité comme une des trois grandes valeurs, avec la liberté et l’égalité, qui fondent votre vie en société :” liberté, égalité, fraternité ” sont inscrits dans la pierre dans chacune de vos villes et de vos communes. Je vous envie et je lève ma trompe pour que ces valeurs soient partagées dans tous les continents.

La fraternité, ici en Inde, nous l’exprimons dans la vie de tous les jours. Quand, au Kerala, on s’adresse à une fille plus âgée on l’appelle ” Chachi”, ce qui signifie “grande sœur”, et si c’est un garçon plus âgé, on dit “Chetan” (grand frère).

Si c’est dans le Nord de l’Inde, la grande sœur est “Didi” et le frère “Baia”, c’est comme cela que l’on s’adresse non seulement dans la famille mais aussi dans les relations avec les autres.

Pour moi l’éléphante si attentive à tous, on m’appelle “ana”, que je sois plus jeune ou plus âgée que mes interlocuteurs, mais je sais que c’est toujours très respectueux.

Je sais, chers enfants, que pendant les mois de juillet et août vous êtes en vacances, mais je tenais à vous souhaiter une bonne fête de la fraternité, qui aura lieu en août, comme chaque année. Et si vous rencontrez des gens portant des rakhis, ces petits bracelets en coton, en soie ou en en perles, vous penserez à ce si beau symbole de la fraternité.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila