Archives de catégorie : Le service d’intervention pour le maintien a domicile et de retour progressif en famille

Le service d’intervention pour le maintien a domicile
et de retour progressif en famille

Lettre de Shila : “Le mot le plus long”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Vos vacances furent-elles bonnes ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a dit que dans vos Maisons, vous avez fêté une drôle de date, qui, si j’ai bien compris, vous permet de manger des bonbons encore plus de que de raison :

Humm, curieuse fête durant laquelle vous célébrez des créatures bizarres telles que les « sorcières »…

Mon cher voisin Henri m’a expliqué que les sorcières étaient des personnages réels et fictifs racontés voici très très longtemps, et ayant des pouvoirs mystérieux et surnaturels.

Ah, mais ça m’intéresse ; vous connaissez ma passion pour cette question :

OK, donc si je comprends bien, ce sont des sortes de magiciennes ?

Henri me dit que j’avais presque raison, que ces dames et demoiselles avaient des manières de cuisiner de drôles de mixtures en parlant des phrases interminables que personne ne comprend, et qui déclenchaient des pouvoirs extraordinaires.

Mais, que disaient-elles quand elles cuisinaient leur chaudron, faisaient chauffer leur alambic, et que tout à coup, une fois ces potions bues par des humains crédules, arrivaient des aventures pas piquées des hannetons  ?

Et bien, me dit Henri, ce sont des mots tellement bizarres que des humains se sont empressés d’essayer de les écrire pour essayer de s’en souvenir, de crainte de les entendre à nouveau.

Mon cher Kuttan, qui était aux côtés d’Henri, lut une des formules de sorcières qu’Henri avait ramenée de sa bibliothèque : « Sose benrenki, sose bluotrenki, sose lidirenki : ben zi bena, bluot zi bluoda, lid zi geliden, sose gelimida sin. » Et hop ! : écoutant ces mots incompréhensibles, tout d’un coup ma cheville douloureuse, depuis ce satané incident de ma buttée contre le tronc d’arbre… :

… fut comme guérie : plus de bobos, j’ai gambadé comme une jeune éléphante des premiers jours.

Ça alors !

Hummm, c’est au moins aussi efficace que notre médecine ayurvédique mais, bon sang ! : que ces incantations sont interminables et imprononçables.

Mon cher Kuttan me dit que dans mon pays, l’Inde, nous sommes réputés pour avoir l’un des plus longs mots du monde. Kuttan me le dit…

Ouille ouille ouille. Moi l’éléphante très intelligente et férue de calculs sans queue ni tête suis pourtant dépassée par tant de lettres dans un seul mot.

Vous êtes prêts les enfants ? Alors ce mot est… :

« निरन्तरान्धकारित–दिगन्तर–कन्दलदमन्द–सुधारस–बिन्दु–सान्द्रतर–घनाघन–वृन्द–सन्देहकर–स्यन्दमान–मकरन्द–बिन्दु–बन्धुरतर–माकन्द–तरु–कुल–तल्प–कल्प–मृदुल–सिकता–जाल–जटिल–मूल–तल–मरुवक–मिलदलघु–लघु–लय–कलित–रमणीय–पानीय–शालिका–बालिका–करार–विन्द–गलन्तिका–गलदेला–लवङ्ग–पाटल–घनसार–कस्तूरिकातिसौरभ–मेदुर–लघुतर–मधुर–शीतलतर–सलिलधारा–निराकरिष्णु–तदीय–विमल–विलोचन–मयूख–रेखापसारित–पिपासायास–पथिक–लोकान्  »

… Et dirait, d’après ce que l’on en sait :

Ici, la détresse causée par la soif aux voyageurs a été atténuée par les rayons des yeux brillants des jeunes filles, des rayons faisant honte aux courants de lumière, d’eau chaude et froide chargés de la forte odeur de cardamome, du clou de girofle, de safran, de camphre et musc et sortant des pichets (tenus dans) les mains semblables à des fleurs de lotus des vierges (assises) près des belles criques, faites de grosses racines de vétiver mélangées à la marjolaine, leurs pieds couverts de sable mou comme des coussins, et un groupe de nouveaux manguiers en germination, qui ne cesse d’obscurcir l’espace, ce qui avait d’autant plus de charme à cause des gouttes ruisselantes de jus floral, causant ainsi l’illusion d’une rangée de gros nuages de pluie, densément remplis de nectar abondant.”

Il est très ancien d’après Kuttan.

Et vous, chers enfants, est-ce que dans votre petit pays vous avez des noms, des mots, des phrases interminables pour dire à tout le monde des messages très importants ?

Emmanuel me dit qu’en ce moment existe en effet le problème des noms de villages pas loin de chez vous, tellement longs qu’ils ne rentrent pas dans les cartes d’identités de leurs habitants. Ce problème lexical, me dit Emmanuel, fait causer dans les chaumières.

Ah mes chers enfants, que la civilisation peut être surprenante : même les mots sont des arborescences invraisemblables et espiègles 😊

Tout cela me ravit et me fait sourire, vive la vie et ses entourloupes :

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Face au changement climatique, le rôle des gouvernements, des citoyens et aussi des chercheurs”

Chers enfants,

Samedi dernier, le 16 octobre, le Kerala vivait un vrai cauchemar, avec un déluge s’abattant sur nos têtes, et plus particulièrement dans mon district de Kottayam où se situe mon petit village de Kurichithanam. Il s’abattait aussi sur le district voisin d’Idikki, plus à l’est dans la montagne des Ghats occidentaux.

Ce cauchemar revient trois ans après les pires inondations que le Kerala a subies en un siècle.

Bien sûr, c’est moins grave qu’en 2018, où les inondations avaient fait plusieurs centaines de victimes et plus d’un million de personnes déplacées.

Avec ses 44 rivières et ses 81 barrages, le Kerala est un des États les plus vulnérables aux inondations en Inde :

Il n’est pas rare que de fortes précipitations provoquent des inondations et des glissements de terrain au Kerala, où les zones humides et les lacs qui servaient autrefois de protections naturelles contre les inondations ont disparu en raison de l’urbanisation et de la construction croissantes…

De nombreux facteurs contribuent aux inondations, mais le réchauffement de l’atmosphère causé par le changement climatique rend les précipitations extrêmes plus probables.

Le monde s’est déjà réchauffé d’environ 1,2 °C depuis le début de l’ère industrielle et les températures continueront d’augmenter à moins que les gouvernements du monde entier ne réduisent considérablement les émissions.”

Il est sûr que chaque citoyen peut agir, regardez notre ami Plavu Jayan, qui a planté plus de 20000 arbres, l’importance des arbres est connue pour la lutte contre le réchauffement climatique.

La gestion, à un niveau plus large, des 16 parcs nationaux, au Kerala, contribue à la conservation de cette belle nature et de notre environnement.

Pour aider à la gestion de la nature, nous avons aussi des écologues comme ma voisine Jis, qui vient d’être honorée, en recevant un premier prix attribué aux jeunes chercheurs travaillant dans le domaine de la conservation de la nature ; le prix attribué par la WCB (Wildlife and Conservation Biology) Research Foundation.

Toutes nos félicitations à Jis, qui a été ma porte-parole et mon porte-plume pendant le premier et long confinement. Elle porte un intérêt sans faille à vous chers enfants, même si elle est actuellement très prise par ses travaux :

Elle vient me saluer dans mon petit pré, à chaque fois qu’elle redescend de la montagne d’Idikki.

Emmanuel et Henri m’ont dit que vous êtes en vacances ce soir, aussi je vous souhaite de très bonnes vacances et vous fais de gros bisous.

On se retrouve le 8 novembre.

Shila

Lettre de Shila : “Meenakshi Amma, une grand-mère qui enseigne le Kalaripayattu”

Chers enfants,

Comme vous le savez, j’adore les grands-mères. Dans ma famille pachydermique, c’est la grand-mère qui dirige, c’est le matriarcat :

J’adore les grands-mères qui perpétuent leur art, leur savoir-faire. Je m’étais fait un plaisir de vous raconter les histoires de Nanammal, cette grand-mère qui enseignait le yoga jusqu’à ses 100 ans, et de Papammal qui perpétue l’agriculture biologique à 106 ans !!!

Aujourd’hui, c’est une autre grand-mère qui m’inspire. Elle habite, comme Nanammal et Papammal, à un peu plus de deux cents kilomètres de chez moi, dans le district de kozhikode ou Calicut, dans la partie nord du Kerala.

Meenakshi Amma enseigne le Kalaripayattu, le plus ancien art martial de l’Inde :

“Meenakshi Amma dément ses 78 ans avec ses prouesses au kalari, considéré comme le plus ancien art martial de l’Inde (3000 ans) !!

L’arrière-grand-mère du Kerala, dans le sud de l’Inde, a joué un rôle moteur dans le renouveau du kalaripayattu, comme l’on appelle également cette pratique ancienne, et en encourageant les filles à l’adopter. « J’ai commencé le kalari à l’âge de sept ans. J’ai 78 ans maintenant. Je continue de pratiquer, d’apprendre et d’enseigner », a déclaré à l’AFP la matriarche de l’école Kadathanad Kalari Sangham, fondée par son défunt mari en 1949. »

Meenakshi Amma est sans doute la plus âgée des femmes pratiquant le Kalaripayattu.

Elle dirige une école de kalaripayattu à Kozhikode où elle forme environ 150 élèves, filles et garçons.

Dommage que le Kerala soit si loin de Boulogne, avec ses 8000 kilomètres, sinon je suis sûre que vous aimeriez apprendre et pratiquer cet art martial du Kerala.

Je vois chaque semaine, les enfants se rendre à leur cours de kalaripayattu à Kudakkachira, tout près de chez moi. Je vous ai déjà fait une lettre sur les cours donnés par Assan, le professeur qui est maître de son art et médecin ayurvédique en même temps :

Il est vrai, comme le dit Meenakshi Amma, les filles et les femmes, qui pratiquent cet art martial, n’ont absolument pas peur de personne : “« Quand les femmes apprennent cet art martial, elles se sentent physiquement et mentalement fortes et cela les rend confiantes de travailler et de voyager seules. »

Meenakshi Amma, comme les mamies de Coimbatore, Nanammal et Papammal, s’est vue honorée par l’Inde pour son enseignement, en recevant le Padma Shri en 2017.

Il me faut dire que cet art martial du Kerala avait été interdit par les dirigeants coloniaux britanniques de l’Inde, en 1804.

Heureusement, cet art est aujourd’hui enseigné dans la plupart des villages du Kerala et dans toute l’Inde.

Voilà, chers enfants, une belle histoire de grand-mère que je tenais à vous conter.

Emmanuel et Henri m’ont dit que vous avez des ateliers passionnants en vos maisons, allant du cirque au théâtre et à la musique, en passant par le yoga : j’ai une grande admiration pour votre ténacité à apprendre.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

Images de la première séance mensuelle au FabLab des Maisons

Ce 20 octobre, Quentin, Fabmanager du Fablab des Maisons, a accueilli les enfants de la Maison de la Danse et de la Maison des Découvreurs pour la première séance de la saison.

Au programme de ce jour : initiation au stylo 3 D.

Découvrez les images transmises par Quentin :

Lettre de Shila : “Le chat léopard (des apparentements et de leurs surprises)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous vu ce matin encore le chat gris tourner autour de vos Maisons, site Splingard ? Emmanuel, qui me téléphonait pour me faire un bisou, me dit que ce chat est devenu comme un nouveau résident tant chaque jour il tourne, il tourne autour de vos Maisons, pas gêné pour un sou, s’asseyant devant vous comme s’il habitait là depuis un temps fou.

Mon cher voisin Henri me dit aussi que du côté de votre autre Maison, à Wimille, une chatte est comme chez elle chez vous, si bien qu’elle a eu des chatons.

Humm, les chats, ce sont quand même de sacrées créatures.

L’autre jour, alors que j’essayais de calculer le nombre d’êtres vivants sur Terre… :

… Une nouvelle fois, le chat qui se dort la pilule sur le toit du patio d’Henri est venu marcher sur les touches de ma calculette (enfin celle d’Henri, mais chuuut) : j’ai dû tout refaire alors que ces calculs étaient archi compliqués.

Grrr, que ce chat m’agace… Il est de couleur rousse, a les pattes blanches et une queue plutôt épaisse.

J’en ai parlé à Kuttan ; lui aussi a vu ce chat squatter mon petit pré. Kuttan m’a dit qu’il ne fallait pas que je prenne ombrage de cette créature, car elle serait sans doute un spécimen très peu connu des humains, assez mystérieuse.

Quoi ? un chat ? Mystérieux ? Hummm, mais moi aussi je suis mystérieuse, désirable dans le regard de vous-autres les humains. La preuve ; vous me mettez souvent en scène au cinéma :

Kuttan a senti que j’étais vexée, et comme il sait le faire si bien, il m’a raconté avec sa douce voix combien ce chat pouvait intriguer, combien la quête de son origine était importante pour comprendre comment la vie s’épanouit.

Bon ok, alors Kuttan ? Quelle est donc cette intrigue que porterait en lui le chat qui ne fait rien qu’à m’embêter dès que je sors ma calculette (enfin celle d’Henri, mais chuuuut) ?

Kuttan m’explique que ce chat pourrait être un descendant du léopard.

Heuuuuu, quoi ? Une si petite bestiole, descendante d’une si grande bestiole ? Non non non, j’en ai entendu des balivernes, mais alors là, c’est inconcevable.

Kuttan me dit que des recherches très sérieuses de vous-autres, les humains, ont repéré dans le corps du chat rubigineux des traces du léopard.

Vous appelez ces traces, des traces génétiques : des minuscules, minuscules, minuscules petites choses que l’on trouve dans les cellules des êtres vivants ; animaux, humains, plantes.

Ah oui, OK, l’ADN :

Kuttan me raconte aussi que ces recherches d’ADN indiquent que mes cousins d’Afrique ne formeraient pas une grande et même famille, mais deux familles distinctes, l’une vivant dans la savane, l’autre vivant en forêt.

Hummmm, très intéressant.

Chers enfants, je comprends qu’à mesure que nous vivons des rencontres se tissent de nouvelles arborescences de nous.

Emmanuel me dit que le mouvement peut être inverse ; la variété des cousines et cousins d’un être vivant peut se rétrécir par l’action des humains, de la Nature. Ainsi, m’explique Emmanuel, au Moyen-âge les humains ont failli faire disparaître les chats au profit d’un autre animal ; la genette.

Hummm, aurais-je préféré être importunée par une genette plutôt que par ce chat ? That is the question…

Moi l’éléphante philosophe me dit qu’à tout prendre, je serais heureuse de composer avec cette multitude : un chat, un éléphant de la savane, un éléphant de la forêt, une genette, un léopard, et tout ce que Mère Nature aura enfanté.

A la santé de la vitalité de notre vie ; c’est un souhait que je formule avec vous en regardant mes chères étoiles au-dessus de mon petit pré ce soir :

Je vous embrasse les enfants,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Le sel c’est la vie (une seconde histoire de la cité idéale)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Etes-vous allés en promenade sur les plages de votre joli petit pays avec vos éducatrices et éducateurs, profitant du beau Soleil d’Automne dont mon cher voisin Henri me dit qu’en ce moment par chez-vous, il offre de somptueux atterrissages sur la mer à la fin de la journée ?

Est-ce que, tout comme moi, vous avez constaté une drôle d’impression sur vos lèvres et dans vos narines au terme de ces randonnées maritimes ?

Hier encore, quand mon cher Kuttan m’a promené sur la plage proche de mon petit village, je ressentais une sensation piquante au retour dans mon petit pré.

Kuttan m’a dit que lui aussi ressentait cet agacement nasal, et puis mon cher cornac m’a aspergé d’eau, et s’en est aspergé sur lui aussi ; une bonne douche et, hop ! : on se sentait à nouveau libéré tous les deux de ce goût bizarre.

Kuttan m’a expliqué que ce désagrément à chaque fois que nous allons sur la plage est bien connu des humains. Si j’ai bien compris, il y a cette sorte de poussière venue des mers, que vous appelez « le sel marin », qui poussée par le vent sur la plage s’insinue dans nos voies respiratoires. Kuttan me dit qu’il ne faut pas s’en effrayer ; le sel, c’est la vie 😊.

Ah d’accord, le sel serait une ressource inépuisable de notre Terre, et qui a aidé les humains à vivre mieux depuis des millénaires. Mon cher Henri, qui me voyait toute heureuse de cette douche salvatrice après mon retour de la plage, me dit que vous autres, les enfants, aviez adoré fabriquer du sel avec des archéologues selon les méthodes des gaulois, voici très très longtemps.

Hummm, que cette aventure devait être passionnante. Bravo chers enfants.

Joy, dont la ferme est juste à côté de mon petit pré, me dit que pour l’Inde aussi, l’histoire du sel se mêle avec de grandes conquêtes des humains pour mieux vivre.

Emmanuel, qui téléphonait pour me passer le bonjour quotidien, m’a raconté que par chez-vous, en France, une cité idéale fut construite à partir de ce travail du sel.

Si j’ai bien compris, cette ville sortie de l’imagination d’un ingénieur du siècle des Lumières… :

… peut être encore visitée aujourd’hui, à l’image du Palais dont je vous parlais dans une lettre précédente :

Ce Monsieur, Claude-Nicolas Ledoux, avait eu l’idée, comme Monsieur Godin deux siècles plus tard, de créer pour les humains travaillant chaque jour le sel (avec ses inconvénients manifestes – ma trompe toute piquante s’en souvient encore), des maisons de culture dans leur lieu de vie, permettant de découvrir le théâtre, la peinture, la beauté.

Henri me dit que pour vous, ce lieu et ses idées représentent l’endroit où, peut-être, tout ce que vous vivez à votre tour dans vos Maisons chaque semaine avec vos professeurs d’atelier en Arts, en Lettres, en Sciences, en Technologies, trouve ses racines. Si j’ai bien compris, cette saline est considérée comme très importante par les humains pour vérifier les conditions d’une vie bonne, heureuse.

Hummm, d’accord chers enfants, le sel c’est non seulement la vie mais aussi une petite chose qui fait naître de grandes idées. J’en suis ravie chers enfants : vive l’imagination au service du plus grand nombre.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila

Lettre de Shila : “Plavu Jayan, l’homme qui a planté 20000 arbres fruitiers, des jacquiers, dans l’espace public”

Chers enfants,

Je sais que vous vous préparez à planter une petite forêt à la ferme de Bertinghen, auprès de vos maisons. Je suis très fière de vous.

Mon cher Kuttan m’a expliqué que Mister Plavu Jayan, un écologiste dont la passion est de planter différents cultivars ou variétés de jacquiers, a reçu un prix (Plant Genome Saviour Community Award) du gouvernement du Kerala pour son œuvre de conservation de la biodiversité. C’était en lien avec la déclaration du jaque, jackfruit en anglais, chaka en malayalam, comme fruit officiel du Kerala, en 2018.

C’était une belle récompense et reconnaissance pour Mister Jayan, qui explique que le jaque, chaka, fruit du jacquier, lui a permis de survivre, lui et sa famille pauvre et sans terre, lorsqu’il n’avait rien à manger :

« Enfant, j’ai vu une pauvreté écrasante dans mon village. Ma famille n’a survécu que grâce au kathal ou chaka (fruit du jacquier) et n’avait rien d’autre », dit-il. C’est la raison pour laquelle il s’est présenté à l’école avec un jacquier comme projet scolaire. Se moquant de lui, ses pairs l’appelaient « Plavu Jayan », car plavu signifie jacquier dans sa langue, le malayalam.”

Quelle belle histoire que celle de Mister Plavu Jayan, qui a planté tout seul plus de 20000 arbres et qui a réussi à collecter et conserver 44 variétés de jacquiers.

Comme sa famille n’avait pas de terre, il a planté les jacquiers dans l’espace public, le long de la route de son village d’Irinjalakuda, à moins de cent kilomètres de chez moi. Puis il en a planté dans des espaces publics, comme à l’université de Thrissur :

Bientôt, Plavu Jayan développait des villages entiers de jacquier, qu’il appelait « Plavu Grams ». Environ 500 à 1 000 arbres fruitiers ont été plantés dans ou autour d’institutions telles que le Government College of Chittoor, le Thrissur Government Medical College et la gare de Shoranur. « Il y a environ 10 ans, j’ai créé un programme près de la rivière dans le village de Shoranur dans le district de Palakkad. Aujourd’hui, il porte ses fruits », dit-il.”

À ses débuts, les gens le prenaient pour un fou :

Lorsque KR Jayan faisait le tour d’Irinjalakuda, sa ville natale dans le district de Thrissur au Kerala, plantant des graines de jacquier sur des parcelles vides le long de la route, les habitants pensaient qu’il était juste un peu fou.

« Mais quand ils m’ont vu arroser aussi les graines et les jeunes plantes qui en sortaient, je suis devenu un fou confirmé. Je n’étais qu’un jeune homme qui expérimentait différentes variétés de jacquier et regardait des graines devenir des arbres.

Je vous ai déjà parlé du jaque, ce fruit le plus gros du monde, Mister Plavu Jayan en a récolté un de 55 kilos, incroyable les enfants !!

Mister Plavu Jayan tout en développant sa passion, conservant et faisant pousser des variétés de jacquiers, donne des plants à ceux qui le souhaitent.

Dommage que vous soyez si loin, il se ferait un plaisir de vous donner des plants de jacquiers sélectionnées, pour les planter dans votre forêt de Bertinghen. Cependant, Kuttan le déconseille, car le climat tempéré de Boulogne est trop froid !!

Notre ami, Mister Jayan, a écrit deux livres, permettant de transmettre son expérience :

« Laissez votre travail parler pour vous » est un conseil courant que beaucoup d’entre nous reçoivent, mais peu d’entre nous en donnent l’exemple. Plavu Jayan l’a clairement fait. Il est l’auteur de deux livres sur la passion de sa vie, intitulés ‘ Plavu ‘ et ‘ Plavu Aur Main ‘. Ses livres sont actuellement utilisés dans les écoles locales pour enseigner aux enfants l’importance du jacquier. “

Je suis très fière, chers enfants, de vous raconter cette belle histoire, avant de vous lancer dans votre projet de plantation d’arbres à côté de vos Maisons, à la ferme de Bertinghen.

Vous me direz quelles variétés d’arbres vous allez choisir. Les oiseaux seront heureux d’y faire bientôt leurs nids.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila

En avant-première : le premier album des anciennes et anciens de la Maison de la Musique bientôt dans les bac

Matthieu, professeur d’atelier de la Maison de la Musique, vient de recevoir les exemplaires CD du premier album des “Dream blowers“, collectif artiste constitué d’Anaïs, Marine et Corentin, anciennes et ancien de la Maison de la Musique.

Les disques seront prochainement dans les bac des espaces culturels ds magasins du Boulonnais.

Merci à la Fondation Crédit Mutuel Nord Europe, et particulièrement à Laurence, qui ont soutenu ce projet dédié à proposer aux jeunes ayant quitté notre institution, de poursuivre l’exercice de leur passion découverte à l’occasion de leur présence dans nos Maisons.

Découvrez en avant-première la pochette du disque “Pieces of Memory” (photo Matthieu) :

Lettre de Shila : “Le mystère de l’augmentation des infections au Covid-19 dans le Kerala”

Chers enfants,

Je vous donnais l’an dernier des nouvelles de mon petit état du Kerala, concernant le succès incroyable du combat mené par nos autorités politiques et sanitaires face à ce satané virus, Covid-19.

J’étais bien sûr très fière, moi l’éléphante un peu chauvine. Ma copine Jis m’expliquait qu’à la fin du mois de mai 2020, trois personnes étaient décédées du virus.

Hélas depuis ce temps, les choses ont changé.

À la fin du mois de juillet 2020, la courbe des contaminations, bien plate jusqu’à présent, grimpe à pic, avec 12000 cas signalés et 43 décès.

C’est la fin de la success story du Kerala.

Mais les épidémiologistes restent positifs :

La plupart des épidémiologistes pensent que le Kerala a fait du bon travail dans l’ensemble. Le taux de létalité – la proportion de personnes décédées parmi celles qui ont été testées positives pour la maladie – est l’un des plus bas d’Inde. Les hôpitaux ne sont pas encore submergés par un afflux de patients. L’État possède le système de santé publique le plus robuste de l’Inde. Le gouvernement a commencé à déployer des centres de traitement Covid-19 de première ligne avec des lits équipés d’oxygène dans des centaines de villages.”

Depuis mai cette année, le Kerala est devenu l’état de l’Inde où les contaminations au Covid-19 sont de loin les plus importantes.

Peuplé de 34 millions d’habitants, à peine 3% de la population indienne, le Kerala représente actuellement plus de la moitié des nouveaux cas en Inde !!

Il est difficile de savoir les raisons d’une telle augmentation des infections.

Le retour des kéralais travaillant dans le Golfe Persique et dans d’autres régions du monde, cinq à six cents mille personnes ??

Le relâchement des gestes barrières ??

Le nombre de tests effectués plus importants que dans les autres états ??

Tout cela n’est pas bien défini, mais le résultat est là :

Le pourcentage de personnes testées positives pour le virus parmi le nombre total de personnes testées a oscillé au-dessus de 10 % pendant un mois. Le Kerala a enregistré jusqu’à présent 3,4 millions d’infections et 16 837 décès dus au Covid-19.

Mais ces chiffres inquiétants ne vous disent pas toute l’histoire, disent les épidémiologistes.

Le Kerala, disent-ils, teste beaucoup plus de personnes – plus du double du nombre de personnes par million par rapport au reste du pays. Il a maintenu les niveaux d’infection sous contrôle

Beaucoup disent que le Kerala doit être plus sage et plus énergique tout en appliquant des blocages continus – l’État a autorisé les festivals à se dérouler, entraînant des rassemblements de masse et des risques d’infections accrues. Les virologues disent que le Kerala a également besoin de données plus granulaires sur les tests ciblés et d’un séquençage accru du génome pour savoir où les infections augmentent le plus et pour suivre les nouvelles variantes.

S’il y a une chose que nous devrions avoir appris de la pandémie de l’Inde à ce jour, c’est de traiter les récits d’exceptionnalisme avec prudence”, déclare le Dr Murad Banaji, mathématicien à l’Université Middlesex de Londres, qui a suivi de près la pandémie. De toute évidence, le Kerala pourrait ne pas être une exception.”

Il est vrai que, malgré ces nouvelles alarmantes, au cours des derniers mois, je reste optimiste sur la qualité de nos autorités politiques et sanitaires.

Malgré le pic énorme de contaminations, jusqu’à 35000 par jour au Kerala, les hôpitaux n’ont pas été débordés.

Bien sûr pour l’Inde le taux de vaccination reste faible, un peu moins de 20%, bien que nous ayons la plus grande fabrique de vaccin au monde :

Je passais devant la maison de mon voisin Joy, et j’ai vu que les infirmiers étaient chez lui pour le vacciner. Les services médicaux se rendent chez les habitants. J’ai demandé à mon cher Kuttan quand est ce que je serais vaccinée ? Mais je reçois toujours la même réponse, que le vaccin pour les éléphants n’est pas encore sorti ! Je crois que les chercheurs nous oublient…

Kuttan me dit que toutes les écoles du Kerala vont rouvrir en novembre, alors qu’elles devraient être ouvertes depuis le mois de juin.

Même si ma fierté en a pris un coup, je me dis que mon petit état va se relever, peut-être avec la “gueule de bois”.

Comme Emmanuel me le rappelait, “rien n’est joué d’avance”.

Cette pandémie nous a appris à rester prudents, continuez à prendre bien soin de vous.

Je vous fais de gros bisous,

A lundi,

Shila

Lettre de Shila : “L’arche de Noé”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Petite devinette : savez-vous combien d’êtres vivants sont en ce moment sur notre Terre ? Je parle des animaux, des humains, des végétaux…

Et bien, pour y répondre, il faut prendre sa petite calculette :

Attention, vous êtes prêts ?

Alors, du côté des animaux, mais c’est une estimation, il y aurait huit millions sept cent mille espèces.

Une espèce, c’est une famille d’animaux dont la caractéristique est de partager des liens de parenté génétique.

Autrement dit, il faut multiplier par des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, de centaines de milliers, le nombre d’espèces par le nombre d’individus par espèce. Hummm hummmm, ouille ouille c’est déjà compliqué. Bon disons que je décide qu’il y aurait en moyenne dix milles spécimens par espèces d’animaux. Ça fait donc quatre-vingt-sept billions (un billion, c’est un millier de milliards).

Ok, alors pour les humains, on estime qu’ils seraient en ce moment au nombre de près de huit milliards d’individus.

Quatre-vingt-sept billions plus huit milliards égalent quatre-vingt-sept billions huit milliards.

OK, alors pour les végétaux, on estime qu’il y aurait trois cent mille espèces.

Disons qu’il y a dix mille spécimens par espèce végétale, ça donnerait trois milliards d’individus sur Terre.

Bon, j’ajoute mes estimations de végétaux à celles d’animaux et d’humains. D’après mes calculs savants mais néanmoins approximatifs tant des espèces peuvent avoir beaucoup plus ou beaucoup moins de spécimens que ce que j’ai décidé, ça donnerait quatre-vingt-sept billions onze milliards d’êtres vivants sur notre planète !

Wouaouuuu, extraordinaire n’est-ce pas chers enfants ?

Mais qui a pu enfanter autant de monde ? C’est considérable… Pauvre mère Nature, pauvre père Nature, que vous devez être fatigués quand vous organisez le rassemblement de famille annuel.

Mon cher Kuttan, qui me voyait tripoter la calculatrice que j’ai subtilisée à Henri, me dit que vous autres, les humains, avez de nombreuses légendes à propos des origines de la création du vivant. L’une d’elle, me dit Kuttan, s’appelle « l’arche de Noé », qui, dans la bible des chrétiens affirme qu’un immense bateau a été construit voici très très longtemps non loin du Mont Ararat, en Arménie, pour sauver les espèces d’un déluge de pluie ressemblant à la fin du monde.

Kuttan m’explique que cette légende, comme mes calculs, présente beaucoup d’approximations, car on ne sait par comment Noé, cet humain, aurait pu mettre à bord du bateau toutes les espèces vivantes de son époque.

Mon cher Henri, qui fumait sa bidî sous le patio de sa petite maison, a entendu notre conversation. Passionné d’archéologie, Henri me dit que nombreuses sont les fouilles passées et présentes pour essayer de localiser sur le Mont Ararat les éventuels vestiges de l’arche de Monsieur Noé.

Emmanuel, qui téléphonait pour me passer le bonjour quotidien, me dit que de nouveau, comme je vous l’écrivais à propos des légendes… :

… Nombreuses sont les fausses informations qui circulent à propos de découvertes archéologiques de l’arche, qui n’en sont finalement pas :

Emmanuel me dit aussi qu’un mouvement de protection de la Nature a construit à petite échelle une maquette de cette arche pour sensibiliser tout le monde à la fragilité du vivant et aux responsabilités des humains pour en prendre soin.

Chers enfants, que cela est étourdissant, passionnant : mes calculs extravagants, la légende de l’arche de Noé. Je dois vous avouer qu’à mon goût, peu importe les imprécisions, la quête du dénombrement des espèces vivantes vaut autant sinon plus que des résultats précis.

Vive la vie chers enfants,

A demain,

Bisous,

Shila