Voici la lettre d’intention rédigée au terme d’une année de réunions tout au long de la saison 2017-2018 pour préciser la volonté de l’association d’accueillir la résidence art / science 2019, soutenue par le programme Les Nouveaux commanditaires de la Fondation de France, et par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France.
Cahier des charges de la résidence art / science 2019
Préambule :
L’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » est créée en juin 2011. Elle est habilitée par le Conseil départemental du Pas-de-Calais dans le cadre de la protection de l’enfance et est reconnue d’utilité publique. Elle accueille des enfants à la suite d’une décision des services sociaux ou judiciaires. Ces placements se font pour cause de carence éducative du milieu d’origine, allant de problèmes de comportements aux troubles de la personnalité.
L’association reçoit ou accompagne chaque année près de 130 enfants de 6 à 21 ans, originaires de toute la Côte d’Opale (de Berck-sur-Mer à Calais), et dans une moindre mesure du bassin lensois, de l’arrageois, et d’autres pays. 70 salariés et 30 bénévoles vivent, pensent et agissent avec ces enfants.
La décision de mise en œuvre d’une mesure éducative au sein de notre association s’exerce soit en internat, dans les Maisons des Enfants de la Culture, soit en externat (via le Centre de Jour, la Maison Vive, ou les séjours “Itinérance”), soit par des interventions à domicile au cœur de l’environnement familial du jeune (service DMAD DARF).
Un programme d’éducation et de soin fondé sur l’action culturelle est mise en œuvre à destination de ces enfants et de ces jeunes par une communauté éducative pluridisciplinaire ; ils pratiquent toute l’année en arts, en lettres, en sciences, en sports, découvrent les nouvelles technologies, peuvent aller à la rencontre d’autres contrées lointaines, assistent à des spectacles professionnels, et sont acteurs culturels par l’organisation de manifestations dans l’espace public durant lesquelles ils présentent les créations issues de cette formation.
Les commanditaires :
Emmanuelle Dehée, président de l’association « La Maison des Enfants de la Marine »
Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Joseph Bako, chef de service de la Maison de la Musique et du service « Itinérance » et des « Studios », association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » ;
Yannick Coppin, chef de service du Centre de Jour et de la Maison Vive, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Pierre-Yves Maquinghen, chef de service de la Maison du Cirque et de la Maison du Sport, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Sandrine Loggia, chef de service de la Maison de la Danse et du Service de maintien à domicile, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Un enfant représentant les enfants et les jeunes, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Le contexte de la commande :S’inscrire dans le long terme pour desserrer l’étau du court terme.
L’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » gère plusieurs sites de protection de l’enfance dans le boulonnais, accueillant en internat des enfants et jeunes adultes placés sur décision de justice ou venant dans les familles dans le cadre du maintien à domicile. Au-delà de la diversité des cas, un point commun caractérise les enfants ; une grande difficulté à se projeter dans une pensée de long terme, qu’il soit rétrospectif (se souvenir) ou prospectif (s’imaginer devenir autre).
Le temps moyen d’une mesure d’assistance éducative dans notre institution est de deux ans et demi. Cependant, près de la moitié des enfants arrivent au sein de nos Maisons avec des expériences traumatiques qui obèrent leurs visions de la vie à venir. Le travail des équipes éducatives est à ce moment-là de les aider à rouvrir le champ des possibles, de leur redonner confiance en eux et en les adultes, de reconstruire les schèmes du vivre et de l’agir ensemble dans les familles, dans le territoire.
L’enfant devenu adulte parvient ou ne parvient pas à devenir parent (ainsi du suicide de deux anciens quelques mois après la naissance de leur enfant) : le retour concret en famille n’est évidemment pas suffisant pour garantir à chacun sa place symbolique dans la filiation et les générations. Souvent bénéfique à court terme pour l’enfant, le jeune, cette intervention éducative ne porte cependant ses fruits (ou est tangible) que bien après le passage dans l’association, parfois vingt, trente ans plus tard, quand, devenu adulte, il parvient éventuellement à assumer sa biographie, et à enfanter ; éduquer son enfant, à son tour.
Agir au temps présent, en sachant que les résultats se révéleront dans un futur hors de portée pour les membres de l’association : cette interrogation sur ce que deviendra l’enfant devenu adulte, a inspiré un programme éducatif et culturel pluriannuel : L’aventure de la vie. Celui-ci est fondé sur le principe de rencontres avec des personnes issues des mondes des arts, d’autres pays, des lettres, de l’entreprise, des sciences, des sports et des techniques, considérant que ces moments partagés pour créer réaffirment à l’enfant son inscription dans le temps long de l’aventure humaine. Ce questionnement sur le devenir des êtres a aussi inspiré l’opération d’archéologie prospective intitulée Le petit déjeuner sous l’herbe.
Le 2 juillet 2010 a eu lieu au lieu-dit « La Ferme de Bertinghen », 264, rue du Four à Chaux 62 280 Saint-Martin-Boulogne « Le petit déjeuner sous l’herbe ». L’opération mobilisait les ressources de l’archéologie, en proposant aux enfants et adultes d’enfouir dans une fosse spécialement créée à cette occasion dans le jardin de l’internat, des objets personnels qu’ils confient aux scientifiques des décennies futures.
La démarche est double : mettre en scène une rencontre avec des chercheurs certes fictifs (ils n’étaient pas présents le 2 juillet 2010) mais dont on prépare, par la contractualisation avec des institutions de cette discipline, la venue vingt ans puis quarante ans plus tard sur le lieu du petit déjeuner (les fouilles archéologiques programmées les 2 juillet 2030 et 2050).
Descriptif de la commande :
Afin de maximiser les probabilités que les fouilles archéologiques aient effectivement lieu les 2 juillet 2030 puis 2 juillet 2050, nous demandons sur le site du « petit déjeuner sous l’herbe » la création d’une œuvre monumentale, verticale et faite de matériaux particulièrement pérennes (capables de résister à l’usure du temps et aux dégradations de la part des résidents de la ferme de Bertinghen et alentours). L’œuvre doit apparaître dans le paysage visuel du site, afin que le lieu archéologique ait son pendant hors-sol. Tenant compte des enfants habitant le site, et compte-tenu de nos responsabilités, l’œuvre doit être sans dangers (matières arrachées susceptibles d’être utilisées pour des actes inconvenants, escalades non-autorisées mettant en péril la santé de l’enfant, etc.)
L’œuvre doit être conçue de façon à durer jusqu’au 2 juillet 2050. Sur ce dernier point, et dans l’hypothèse où l’œuvre monumentale serait associée à un rite, nous pensons à une œuvre susceptible de reprendre et de s’approprier les principes du sanctuaire d’Ise au Japon – déconstruit/reconstruit à l’identique chaque vingt ans depuis près de 1200 ans. Cette seconde proposition suppose donc la formulation d’un rituel, permettant aux résidents de l’association de refaire régulièrement sur le site du « petit déjeuner sous l’herbe » et d’ici 2050 l’œuvre créée. L’œuvre serait donc aussi un cérémoniel, toujours rendant visible à travers les âges l’importance du site archéologique.
A ce sujet, un rassemblement est d’ores et déjà organisé chaque 2 juillet depuis l’année 2011, dédiée à fêter les retrouvailles avec les anciennes et les anciens de l’institution (certaines et certains âgés de cinquante, soixante ans).
Objectifs de la commande :
L’objectif, à court terme est de créer une œuvre, figure médiatrice entre la famille de l’enfant et la société (la justice qui a décidé du placement de l’enfant, l’association qui en conséquence accueille l’enfant, etc.). Il s’agit aussi de créer une figure médiatrice capable d’émanciper l’enfant de la relation qu’il s’interdisait jusque-là de dire quant au passé (voici ce que j’ai vécu) et au futur (voici ce à quoi j’aspire devenir).
Dans un moyen terme, l’opération vise quatre objectifs :
– tester la solidité des formes classiques de l’institutionnalisation (contractualiser aujourd’hui des actions à mener dans vingt et quarante ans avec des acteurs institutionnels dont on ne sait pas s’ils existeront encore à ces échéances, quelle sera leur identité, etc.) ;
– comparer l’efficacité des protocoles de développement éducatif et culturel (partenariats avec des acteurs et institutions hors de notre champ professionnel ; travail de communication d’année en année pour faire évoluer l’image de la protection de l’enfance auprès de l’opinion publique) ;
– analyser en 2030 puis 2050 l’usure du temps sur la mémoire des objets et des participants (de quoi les personnes se souviennent-elles, avec quel degré de précision ? À quel point le sol a-t-il détérioré les objets placés là ?) ;
– permettre de retrouver les enfants, devenus adultes en 2030 et 2050, savoir ce qu’ils sont devenus.
Les enjeux de la commande :
Trois cadrages théoriques fondent cette proposition d’élever à partir du sol une œuvre sur le site du « petit déjeuner sous l’herbe ».
Inspirée de « l’enterrement du tableau piège » de l’artiste Daniel Spoerri, en 1983 dans le parc du campus HEC de Jouy-en-Josas, l’expérience « Le Petit Déjeuner sous l’herbe » considère le temps passé non pas dans un sens cumulatif, historicisé (le temps passé serait perdu une fois qu’il a eu lieu, pour laisser sa place aux temps présent et futur ; le temps passé doit être passé sous silence), mais dans un sens itératif, qui est celui du temps de la remémoration, de la mise en partage (le temps passé – celui incorporé dans les objets placés dans la fosse, serait à venir : il sera défini lors de rencontres ultérieures (lors des fouilles archéologiques), et pour garantir qu’il soit correctement interprété, les enfants doivent expliciter ce passé, décrire à celui rencontré vingt et quarante ans après cet acte ce en quoi il fait sens).
C’est aussi une scénographie permettant de questionner la notion de « filiation », sa plasticité, laquelle est certes rompue ou abîmée par les traumas infligés aux enfants, mais peut être revitalisée y compris en de pareilles circonstances.
Le « Petit déjeuner sous l’herbe » tente de recomposer la chaîne filiale, en rendant à nouveau possible l’association entre temps passé (celui du vestige, de l’objet personnel déposé dans la fosse) et monde adulte, devenu bienveillant (monde adulte incarné par les archéologues, qui chercheront à savoir l’histoire de ces vestiges pour dire au mieux ce qu’ont vécu leurs propriétaires).
Troisième et dernier cadre théorique : les catégories de témoins matériels de cette opération et de son rapport au temps ; vestiges dans le sol, archives numériques et papiers, traces écrites et sculptées produites chaque année pour commémorer « Le petit déjeuner », explorent l’affirmation formulée par Sigmund Freud, selon laquelle, pour reprendre les termes de sa lettre écrite en 1896 à Wilhelm Fliess, les mécanismes psychiques se forment tels le processus de stratification du sol : la mémoire n’est pas présente à l’esprit une mais plusieurs fois, et elle est déposée en différentes espèces de signes, au fur et à mesure de rencontres.
Trois cadrages théoriques, mais une hypothèse générale ; l’émancipation des enfants de leurs expériences traumatiques originelles, la mise en mouvements de leur mémoire, peut trouver son ancrage dans la fosse du « Petit déjeuner », car l’opération établit une scène sur laquelle, de manière réactualisée du 2 juillet 2010 aux 2 juillet 2030 et 2050, ils peuvent répartir avec les personnes qu’ils rencontreront ce qu’ils veulent enfouir et ce qu’ils veulent préserver, ce qu’ils veulent oublier et ce qu’ils veulent reconnaître, ce dont ils veulent être conscients et ce qu’ils préfèrent laisser à l’état de non-dit.
Mots clés :
Verticalité de l’œuvre surface du sol – hors sol / Création hybridée (Art/Science/Technique) / Mémoires individuelles mises en mouvement / Histoire collective ritualisée / Transmission intergénérationnelle / Protection de l’enfance / Patrimoine matériel (idée du mémorial existant de manière permanente pendant 30 ans) vs. Patrimoine immatériel (idée des actes mémoriels reproduits chaque année pendant 30 ans).
Le 25 janvier, lors de la réunion trimestrielle du Conseil scientifique, Åbäke/Maki, lauréat de notre résidence art / science 2019, a présenté le projet final, adopté à l’unanimité lors de cette assemblée.
Le titre de ce projet : “Connaissez-vous la blague du petit déjeuner ? 2010-2019-2050”, inventé par Lilian (Maison du Cirque), a inspiré Luna :
2019, année durant laquelle nous nous projetons en 2050, fut choisie comme référence futuriste dans le film Blade Runner, lequel fut inspiré de la nouvelle de Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, qui imaginait à son époque un avenir lointain se réalisant en 1992.
Anthony (Maison des Découvreurs), David (Maison Vive), Julien (Maison de la Musique), Kilian (Maison du Cirque), Lukas (Maison du Sport), Steven (Maison de la Danse) ont candidaté pour des pérégrinations avec Åbäke (collectif artiste européen dont Maki, designer, est membre), lauréat de notre résidence art / science 2019, permettant de cheminer à travers le temps dans ce haut-lieu des traces, indices, objets de toutes époques et de toutes contrées.
Pour cette enquête dont la première étape commence ce 26 janvier et s’échelonne jusqu’au mois de juin, il s’agira d’examiner de séance en séance comment des civilisations ont créées des œuvres à l’attention des générations futures, et ce qu’elles ont bien voulu nous dire pour signifier l’essentiel.
L’aventure vécue par les enfants accompagne pas à pas le développement d’œuvres créées par Åbäke afin de ritualiser le rassemblement annuel du 2 juillet et le site archéologique du Petit déjeuner sous l’herbe.
Prochaine venue de nos chercheurs inter-temporels dans ce château construit à partir du XIIIème siècle ; 16 mars 2019.
Ce vendredi 25 janvier à l’occasion de la réunion trimestrielle du Conseil scientifique de notre institution, Åbäke (collectif artiste européen dont Maki, designer, est membre), lauréat de la résidence art / science 2019, a présenté le projet final.
Le Conseil scientifique a approuvé à l’unanimité cette proposition.
Avec cette présentation s’achève la première partie de la résidence, organisée grâce au soutien de la Fondation de France dans le cadre du programme Les Nouveaux commanditaires.
Les prochaines venues d’Åbäke durant ce premier semestre et jusqu’à l’inauguration le 2 juillet, seront désormais rendues possibles grâce au soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France.
Tout au long du premier semestre 2019 seront seront réalisés les différents décors, objets permettant de ritualiser le rassemblement annuel ainsi que le site du petit déjeuner sous l’herbe.
L’inauguration de ces créations aura lieu le 2 juillet.
Découvrez le texte et les images conçus par Åbäke pour présenter ce projet final. Lilian, enfant de la Maison du Cirque, a proposé comme titre :
Connaissez-vous la blague du petit déjeuner ? 2010-2019-2050
“Nous sommes le 2 juillet 2050 et j’arrive bientôt à Boulogne-sur-Mer, aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale dans ma voiture volante, la Citroën dont le design est inspiré du film Blade Runner, le premier, qui se déroule en 2019.
Cela fait maintenant 31 ans que j’y vais, toujours à la même date et je n’ai raté l’anniversaire que trois fois. La première fois en 2029, l’année de la fin de la viande. La tradition avait par conséquent été chamboulée et le méchoui remplacé par un superbe mezze.
Moi j’habitais Londres depuis longtemps, une ville très végétarienne et je pensais que jamais les français n’accepteraient de ne plus manger de viande, que ce serait la révolte, que les restaurants continueraient malgré la loi à servir des plats carnivoriens clandestinement. Il n’en a été rien, un peu comme l’interdiction de fumer dans les établissements publiques au début du siècle, les français avaient finalement accepté ça de suite.
J’arrive à la ferme et comme d’habitude les voitures remplissent l’allée. Ceux qui ont inventé les voitures volantes ont oublié de penser au parking. La carriole est aussi là, garée au milieu et comme chaque année, je la suspecte d’avoir bougée. Je crois qu’un plaisantin s’amuse à la changer de place tous les ans et les visiteurs posent des questions.
L’histoire change toujours un peu mais on en parle, et en parler c’est ce qui fait monument et cette roulotte n’amasse pas mousse donc.
Il y a beaucoup de gens, des visages familiers, d’autres nouveaux.
C’est vraiment l’occasion des retrouvailles.
Je me dirige vers des enfants en train d’empiler des gobelets en plastique sur un rocher comme une espèce de jenga, un vieux jeu d’équilibre. Cela fait déjà plus de deux mètres de haut. Cette colonne précaire se trouve sur une pierre dont deux faces seulement sont coupées droites et le reste laissé au naturel, mais c’est quand même du marbre.
Sur la pierre on lit : “Ce monument marque l’emplacement du petit déjeuner…” “Petit déjeuner” est à moitié dans la terre et on devine que le texte continue.
Quelqu’un à côté de moi ricane et dit : “ils n’avaient pas prévu que ça s’affaisserait et qu’on ne pourrait plus lire, vous savez ce que c’est ?“
Alors puisqu’il me le demande, je lui raconte qu’il y a 40 ans un petit déjeuner à été organisé ici-même et enseveli avec des objets de l’époque comme une capsule temporelle pour être déterré à moitié en 2030 et l’autre… cet après-midi. Il me dit : “ah je ne savais pas” et je lui réponds : “Je n’y étais pas mais on me l’a raconté”.
Il y a des tags ou des graffitis autour de l’inscription mais ils sont gravés aussi. Je me souviens que l’on avait un peu fait exprès qu’il serait difficile de discerner les différentes informations, un peu comme sur les murs de la crypte de la cathédrale de Boulogne-sur -mer, sur lesquels on peut voir les couches successives des occupants du lieu, les inscriptions des anglais de la seconde Guerre mondiale sur la signalétique des allemands par dessus les fresques du XIXe ou les peintures romanes dont on distingue l’original de la restauration un peu radicale et trop enthousiaste — “les calques aplatis Photoshop” comme on disait à l’époque en lieu de palimpseste, de repentirs d’auteurs successifs.
La face horizontale de la pierre est lisse, excepté un trou conique. C’est dans ce trou que les enfants jouent à accumuler des gobelets en plastique qui épousent parfaitement la forme. Ce morceau de marbre venait des carrières du Boulonnais et avait connu la gloire puis sa fin commerciale lorsque le marbre italien et chinois avaient mis fin à son exploitation dans la région.
Je me souviens encore d’un extrait du cahier des charges de la commande qui envisageait : “une œuvre monumentale, verticale et faite de matériaux particulièrement pérennes… [qui] doit apparaître dans le paysage visuel du site, être vue des habitants à 500 mètres autour du site, afin que le site archéologique ait son pendant hors-sol“.
Comment en était-on arrivé à ce petit morceau de socle avec un trou ? Alors oui, si les enfants arrivent à empiler tous les gobelets, ça peut concurrencer Napoléon sur sa tour pas loin d’ici.
Lors de mes séjours successifs aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, j’avais forcément la fraîcheur de ne rien connaître et je posais pas mal de question car il y avait beaucoup d’indices d’activités antérieures : une écurie, un ancien four à céramique, un poteau pour géant, des morceaux de ferraille sur les murs ou des photos d’enfants dans des villages, des céramiques ; tant d’objets qui sont témoins d’une activité foisonnante et dont il restait des traces photographiques, des œuvres aux murs intérieurs comme extérieurs mais aussi les ruines.
Ils suscitent des questions si l’on est curieux et une légère transformation ou addition peut les réactiver. J’avais donc juste continué de parsemer la ferme d’indices, de changements et additions qui n’effaçaient pas une histoire mais en rajoutaient d’autres.
Une des difficulté de signaler l’endroit du Petit déjeuner sous l’herbe de 2010 c’est que s’il apparaissait comme logique de faire le repas annuel à l’endroit même du site et le matin, ça avait naturellement bougé vers un repas du midi et situé à l’intérieur de l’enceinte de la ferme, plus pratique par sa proximité des cuisines et praticables.
Il y avait des décalages mais ce n’était pas grave, ces décalages pouvaient être un atout pour un rituel.
Par exemple, il y avait toujours un croissant dans les corbeilles de pain…
…. Pour rappeler que ce déjeuner existait aussi en commémoration d’un petit déjeuner. Ceux qui savaient le racontait aux nouveaux mais eux-mêmes l’avaient appris lorsqu’ils s’étaient étonnés la première fois de l’incongruité de la chose.
J’avais aussi pris comme exemple le Monument à Londres. Il avait été impossible de marquer l’endroit exact où avait commencé le Grand Incendie de Londres en 1666 car le propriétaire du lieu refusait que l’on érige une colonne sur son terrain. Qu’à cela ne tienne ; une colonne de 61 mètres avait été construite à 61 mètres de l’endroit. Pour le site du Petit déjeuner sous l’herbe, il s’agissait plus du paradoxe d’installer quelque chose sur ce qui devait être exhumé.
Alors en plus du petit rocher/socle, nous avions un pointeur, un poteau qui indiquait l’emplacement du lieu.
Pour cela, nous avions déplacé le poteau de 8 mètres surmonté d’un cadre métallique triangulaire qui se trouvait dans le fond du jardin à la distance de sa hauteur. C’était un pointeur de manière littérale car un enfant de la Maison avait dessiné une main qui pointe du doigt et on l’avait reproduit sur une plaque en émail installée en haut du poteau. Ce même poteau qui avait été utilisé pour bouger un géant et plus tard un panier-but pour jouer au polo lorsqu’il y avait des chevaux à la Maison, encore une succession d’histoires.
Une fois le lieu signalé, il convenait de dire quand.
Cet indice était le plus gros, à la vue de tous. Lors de mon arrivée en 2018, j’avais remarqué que les tuiles du toit étaient utilisées pour donner quelques informations, comme le dessin de l’ancre, rappelant que Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale avaient été notamment la Maison des Enfants de la Marine.
De l’autre côté un énorme “2000” avait été dessiné avec des tuiles plus foncées en contraste avec les tuiles rouges afin de se souvenir du futur. Ce même futur qui, comme certains films de science-fiction se retrouvent dans le passé à un moment donné (1984, 2001, l’Odyssée de l’Espace ou le 2015 de Retour vers le futur 2, etc.). Il n’avait pas été si compliqué de bouger quelques tuiles pour transformer le “2000” en “2050” tout en conservant les histoires.
Celle de la promesse de déterrer le site du Petit déjeuner sous l’herbe se rajoutait simplement aux autres, à la fois heureuses et tragiques, que l’on m’avait racontées au sujet du toit.
Je passe un peu sur tous les autres indices disséminés dont certains ont été oubliés jusqu’à leur réactivation par un esprit inquisiteur. Moi-même je ne me souviens pas de tout et je me dirige vers les tables pour aller me chercher un verre.
Il me semble qu’il y avait une porte brûlée du pigeonnier qui était devenu une table, d’une enclume miroir ou d’une chaise qui marche, des choses comme ça.
Comme chaque année Suzanne est là et elle a amené LE livre.
Elle a aujourd’hui un peu plus d’une cinquantaine d’années mais quand je l’ai rencontrée elle venait de sortir de l’école. Je déambulais dans Boulogne lorsque l’enseigne d’une boutique m’avait interpellée : “reliure”, une forme d’artisanat un peu désuet à l’époque déjà.
Curieux mais sans trop d’espoir j’étais rentré dans la boutique, peut-être pour voir si je pouvais racheter des outils obsolètes d’un propriétaire qui n’avait pas eu le temps de changer la devanture du magasin. À mon étonnement, Suzanne était là en train de relier un ouvrage et ma surprise fût renforcée par le fait qu’elle paraisse si jeune. Très vite j’apprenais qu’elle venait juste de rentrer de Paris après des études très spécifiques en reliure pour reprendre cet atelier.
Et moi qui croyais venir voir la fin d’un commerce d’antan, c’était l’opposé ; le début d’une aventure. Presque immédiatement, j’ai hâtivement demandé s’il était possible de faire un livre de 10000 pages, en calculant mentalement et grossièrement le nombre de jour jusqu’à 2050. Ma provocation s’est vue répondue d’un sourire et d’un “oui” enthousiaste : j’avais trouvé une collaboratrice pour le projet. Cet objet improbable qui sort une fois par an avait donc été créé et les gens étaient assez excités à y inscrire soit des souvenirs , soit des prédictions et il se remplissait petit à petit de belles confusions temporelles.
On y signait sa présence ou on y consignait des promesses, des présages ou des souvenirs du lieu, c’était selon.
Pendant le repas, il y avait toujours des gens pour être étonnés de voir qu’on servait le vin et les jus de fruits dans des gobelets en plastique, une matière que l’on n’utilisait plus depuis des années mais dont la longévité avait finalement été plus utile que problématique. Les plus jeunes étaient fascinés par cette matière d’un autre temps dont ils pouvaient voir des exemples au musée de Boulogne, sous vitrine.
C’est vrai que le plastique, c’est très spécifique au toucher et même au goût.
Le, la maîtresse de cérémonie signalait toujours le silence en tapotant une cuillère sur un verre en verre, avant de lever le gobelet en plastique. Les gens en faisait autant, ce gobelet étant en plastique argent. Puis certains nouveaux buvaient une gorgée avant de s’apercevoir que personne d’autres ne le faisait avant que le, la MC ne lit le verre en le tournant.
Il y avait un tout petit texte imprimé sur tous ces gobelets : “En 2050 les voitures volent“, “En 2050 les gens acceptent toutes les formes de corps“, “En 2050 le Président de la République est Pakistanais“, etc. Une suite d’affirmations, certaines évidentes et d’autres assez loufoques. Les nouveaux demandaient discrètement aux anciens : “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?” et se voyaient répondre que ça avait été écrit par les enfants des Maisons des Enfants de la Côte d’Opale en 2018-2019.
Comme les phrases étaient au présent il y avait un décalage, que tous les ans quelqu’un lisait. C’était pourtant la première fois que ce n’était pas dans le futur !
Je voyais bien que des gens gardaient le verre comme un souvenir mais, heureusement, on en avait produit un bon nombre à l’époque.
Les plus attentifs avaient remarqué ce qu’ils pensaient être une coquille : vers le milieu du texte le, la MC avait lu “En 2030, on déterre la moitié du site du petit déjeuner sous l’herbe“. En étant plus patient on pouvait entendre que le texte se terminait par : “En 2050 on déterre l’autre moitié du site du petit déjeuner sous l’herbe“.
Le, la MC nous invitait ensuite à la fameuse photo de groupe. Chaque année il y avait une surprise.
Beaucoup avait boudé la photo de 2024, tournant le dos à l’objectif pour éviter que son visage ne soit saisi et photostoppé.
Aujourd’hui, pourtant, c’est un peu différent des autres années car le bulldozer va atterrir d’un instant à l’autre et on redécouvrira les objets de la capsule temporelle.
Une jeune s’écrit : “Hé, mais… C’est dit que la moitié a été déjà creusée il y a vingt ans mais il n’y a pas de trou !“.
Elle a raison mais, déjà, deux de ses voisins de table lui racontent ce qui s’est passé en 2037 : un imprévu qui se rajoutait aux histoires.”
Åbäke, lauréat de la résidence “art / science” 2019
Elodie Condette, Fonds Régional d’Art Contemporain Grand Large – Hauts-de-France, chargée des expositions et de la programmation in situ
Sylvie Mestre, Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, professeur en arts plastiques du Centre de Jour et de la Maison Vive
Emmanuel Paris, Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, directeur adjoint aux affaires culturelles
Maria Rabbé, Fonds Régional d’Art Contemporain Nord Pas-de-Calais, chargée de diffusion
Absents excusés :
Rosemary Charton, Musée de Boulogne-sur-mer, médiatrice
Yannick Coppin, Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, chef de service du Centre de Jour et de la Maison Vive
Anick Traguardi-Menet, éducatrice, Maison du Cirque, Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale
I. Diffusion du spectacle “L’enfant Arc-en-ciel” (spectacle de la fin de saison 2017-2018) :
Emmanuel Paris accueille les participants et leur remet le DVD permettant de regarder la création proposée par les enfants au terme de la précédente saison culturelle.
Emmanuel Paris dit que ce DVD a été remis à chaque enfant et participant du programme culturel. Ce document audiovisuel est à la discrétion de son récipiendaire : chacun peut faire le choix soit de le garder, soit de le remettre à une personne qu’il estime (ami, membre de la famille, …).
II. Présentation par Åbäke, lauréat de la résidence “art / science” 2019, des axes de travail de la résidence art / science 2019 :
Emmanuel Paris informe les participants que, pour la première fois depuis l’organisation de résidences aux Maisons, la livrée 2019 a pu commencer dès cet automne 2018 grâce au soutien de la Fondation de France, par l’entremise du programme Les Nouveaux commanditaires.
Ainsi, Åbäke, lauréat de la résidence “art / science” 2019 a-t-il pu venir à trois reprises vivre parmi les enfants et les équipes dès le mois d’octobre et jusque ce mois de décembre, à raison d’une semaine de présence à chaque fois.
Emmanuel Paris dit combien l’association est heureuse de cette avancée, puisqu’elle permet ainsi au lauréat de contribuer à l’activité annuelle du programme culturel dès ses prémisses (septembre-octobre) et jusqu’à son terme (juillet).
La première partie, automnale, de cette résidence fut consacrée par Åbäke à l’évaluation de la faisabilité des œuvres qui seront réalisées lors de la seconde partie (premier semestre 2019). On trouvera le contenu des activités relevant de cette phase exploratoire sur notre site Internet, ici.
Emmanuel Paris informe les participants que la présentation officielle par Åbäke des œuvres à créer durant le premier semestre 2019 aura lieu le 25 janvier 2019, à l’occasion de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil scientifique de l’association. Emmanuel Paris explique le choix de cette date dans le calendrier institutionnel par la volonté de valoriser l’articulation des arts et des sciences dans la menée des résidences organisées par l’institution.
Åbäke explique que la particularité du cahier des charges de cette résidence consiste principalement dans la nécessité de se projeter sur des échelles de temps longs ; il s’agit pour les enfants et les équipes d’être en capacité de formuler avec l’artiste des objets, des situations qui ont eu lieu bien avant 2018-2019, et auront lieu bien après cette période.
Maki Suzuki décrit quelques manières de faire, réalisées pendant les ateliers à l’automne, permettant de placer les enfants et les équipes dans les meilleures conditions pour réaliser ces voyages à travers le temps.
S’agissant des périodes vécues par l’institution bien avant 2018-2019, Åbäke a exploré le site de la Ferme de Bertinghen, et repéré des objets issues d’activités jadis, menées par des générations ayant vécu là autrefois. Åbäke parle de “ruines qui racontent des histoires” ; il a identifié un corpus de vestiges qu’il sera possible de mobiliser pour façonner l’oeuvre créée à la verticale du site du petit déjeuner sous l’herbe.
A propos de la façon d’exploiter ces objets témoins d’un autre temps, Åbäke précise qu’il ne travaillera leur matière que partiellement ; il s’agira de les réhabiliter, d’opérer sur eux un travail de rénovation, mais de garder intactes aussi les dégradations générées par l’usure du temps qui passe. Åbäke cite en exemple une enclume rouillée, qu’il a polie avec des enfants du Centre de Jour, de façon à laisser apparentes les traces de rouilles ça et là.
Åbäke formule cette volonté de rendre visibles les différentes strates temporelles de l’objet comme un décor palimpseste ; ce mille-feuille permet d’initier pour toutes les générations des imaginaires, des récits nouveaux. Ce design permettra à l’oeuvre posée sur le petit déjeuner sous l’herbe d’être un vivier disponible en permanence pour que des discussions naissent et s’enrichissent – à l’image de ce suspens temporel créé par Le petit déjeuner sous l’herbe (qu’est-ce donc ? Pourquoi ont-ils enfoui des messages ? Que disent ces messages ? Est-ce que j’interprète correctement ce qu’ils expriment ?).
Autre outil créatif mobilisé par Åbäke durant cette première phase à l’automne, la programmation avec Alicia de séances du vidéo-club de l’association consacrée au visionnage de films mettant en scène des trajets dans le temps. Maison du Cirque, Maison Vive, Maison de la Danse, Maison de la Musique, après avoir regardé des films de science-fiction, des films d’anticipation, des comédies fantastiques, ont réfléchi à ce que pourrait être 2050 (soit la date de la seconde fouille programmée du site du petit déjeuner sous l’herbe).
De ces rencontres-débats sont nées des idées, des projections, qui nourriront le design du vaisselier utilisé chaque année le 2 juillet.
Åbäke dit à propos de ces brainstormings avec les enfants et les équipes, que le visionnage préalable des films a notamment permis de constater que l’on faisait souvent des erreurs à propos de la prédiction du futur, mais que cela n’était pas finalement vécu comme grave par ces personnes osant prendre la parole pour annoncer l’avenir. Åbäke note aussi que ces ateliers ont généré des discussions où les personnes ont su se décentrer d’elle-même, soit en s’imaginant autre que ce qu’elles sont au moment de l’atelier, soit en imaginant la collectivité vivant en 2050.
Emmanuel Paris remercie Åbäke pour cette analyse, et invite les participants à assister à la présentation finale du projet le 25 janvier 2019.
II. Point sur l’état d’avancement des projets expographiques :
II.A. FRAC Hauts-de-France :
Elodie Condette et Maria Rabbé confirment aux participants que les œuvres sélectionnées cette année à propos du thème « Y’a d’la joie » seront installées début février 2019 sur le site de la Ferme de Bertinghen, pour l’inauguration d’une exposition issue des inspirations des enfants en septembre 2019 sur le site du FRAC à Dunkerque. Ces œuvres seront présentes jusqu’au 4 mai 2019 permettant aux enfants des ateliers en arts plastiques de s’en imprégner au fil de séances co-animées avec Sylvie Mestre.
Les participants visitent la salle dédiée à l’accrochage des œuvres prêtées comme chaque année par le FRAC aux Maisons :
Une liste d’œuvres sera prochainement communiquée, tenant compte des capacités de cette pièce.
II. B. Musée de Boulogne-sur-mer :
Emmanuel Paris informe les participants que les discussions avec Elikya Kandot, conservatrice du Musée, Sabine Chaillet, responsable du service des publics, ont permis de préciser les deux actions culturelles réalisées cette saison :
pendant les vacances scolaires de février 2019, 4 enfants des Maisons participeront aux ateliers proposés par le Musée dans le cadre de sa programmation annuelle ;
pendant le premier semestre 2019, un collectif constitué d’enfants intéressés par la réflexion générée par la résidence art / science, viendra avec Maki plusieurs samedis après-midi regardé des oeuvres exposées au Musée, qui témoignent de la façon dont à travers le Monde et les siècles, les humains ont représenté l’au-delà, les valeurs sacrées et intemporelles.
Emmanuel Paris dit que le calendrier de ces venues doit prochainement être précisé avec Rosemary Charton, médiatrice du Musée.
II.C. Musée du Louvre-Lens :
Emmanuel Paris informe que la Maison du Cirque et le Centre de Jour sont venues au Musée Le Louvre-Lens la première semaine des vacances de la Toussaint. La Maison Vive visitera à son tour cet établissement au mois de mars 2019. Ces venues à la journée s’organisent de la façon suivante ; le matin : découverte d’œuvres recommandées par le service des publics du Musée, en relation avec le thème « Y’a d’la joie » et l’après-midi, atelier proposant aux enfants des actes créatifs.
Emmanuel Paris remercie les participants. La prochaine réunion du comité de pilotage « exposition » aura lieu le mercredi 15 mai 2019, de 10h30 à midi.
Maki a photographié ce 10 décembre l’atelier bi-hebdomadaire de la Maison du Cirque puis retravaillé cette image, en guise de cadeau pour les fêtes de fin d’année :
Ce mercredi 28 novembre, les enfants de la Maison du Cirque et de la Maison Vive visionnent le film Retour vers le futur 2 dans le cadre du Ciné club organisé par Alicia.
Comment les enfants et les adultes des générations futures vivront et feront vivre ces événements institutionnels, et leur donneront sens bien que n’ayant pas participé à leur fondation au tournant des années 2010 ?
Il s’agit, en regardant les deux versions successives du film (la semaine dernière, les deux Maisons ont visionné Retour vers le futur 1), de s’imaginer et d’imaginer jusqu’en 2050 au moins ; comme à chaque projection, un atelier de parole sera organisé au terme de cette diffusion pour recueillir les inspirations des enfants.
“Nous nous sommes retrouvés au hangar Fructose avec l’équipe de l’association En rue, nous avons visité leurs œuvres dans Dunkerque. L’association intervient dans les espaces publics au titre de la rénovation urbaine avec des matériaux de récupération. Nous nous sommes promenés dans la ville avec Maki et l’équipe d’En rue, puis nous avons terminé notre périple au FRAC“.
(Texte d’Olivia, membre de l’équipe éducative de la Maison Vive).
Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association
« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Boulogne-sur-mer
5 octobre 2018
Présents :
Claire Beugnet, directrice de l’association
Anthony, représentant des enfants et des jeunes de l’association
Eric Legros, président du Conseil scientifique de l’association
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes
Patrick Miquel, précédent directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais
Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, précédent coordinateur France Fondation SEED
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association
François Roy, artiste dramatique, metteur en scène
Anick Traguardi-Menet, représentante du personnel de l’association
Henri Villeneuve, membre du Conseil d’administration de l’association
Excusés :
Jean-Paul Demoule, professeur des universités émérite en archéologie, Université Paris 1
Jean-Louis Etienne, membre du Conseil d’administration de l’association
Fleur Guy, docteure en géographie
Pierre Lemarquis, neurologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde
Invité :
Maki Suzuki, artiste designer
Maki Suzuki a dessiné les participants pendant cette réunion ; découvrez ces croquis :
Ouverture de la dix-septième séance du Conseil scientifique par Eric Legros, président du Conseil.
En raison de la longueur conséquente de ce compte-rendu, nous proposons pour chaque partie de cliquer sur des fenêtres dynamiques permettant de faciliter le trajet de lecture.
I. Présentation des résultats statistiques du questionnaire proposé aux enfants et aux jeunes :
Emmanuel Paris présente les résultats du traitement statistique des réponses formulées par les enfants et les jeunes de l’association au questionnaire portant sur le programme culturel « L’aventure de la vie ».
Cliquez ici pour visualiser la discussion à propos du questionnaire
Emmanuel Paris précise que ce questionnaire, proposé aux enfants et aux jeunes sur le mode du volontariat, est mis à disposition des équipes pour la quatrième année consécutive au terme de la saison culturelle ; à la mi-juillet.
On trouvera le détail de ces résultats sur notre site Internet ici.
Emmanuel Paris souligne trois résultats marquant cette livrée 2018 :
– La persistance de forts taux de réponses positives quelles que soient les questions posées dans le thème 1, ce qui signale de la part des enfants une adhésion au programme culturel quant à son principe et à sa mise en œuvre ;
– Une variation tendancière à la baisse dans les réponses (positives) dans le thème 3, consacré à l’acceptation par les enfants d’autres enfants. Emmanuel Paris informe les participants que, sous réserve d’interprétation statistique plus poussée, une hypothèse interprétative privilégiée est que la promotion 2017-2018 était caractérisée par un fort taux de renouvellement des effectifs ;
– La persistance des taux de réponses positives pour le thème 4 ; Emmanuel Paris dit que malgré cette difficulté des enfants à accepter la venue de nouvelles et nouveaux dans leur lieu de vie, la force des actions culturelles programmées tout au long de la saison a permis de créer des dynamiques, des synergies appréciées de tous.
Francis Rembotte remarque la chute du taux de participation des enfants et des jeunes pour répondre à ce questionnaire, considérant le taux de participation l’année précédente.
Emmanuel Paris observe que cette chute (de 69.6 % la saison précédente à 54 % cette saison) est certes remarquable, mais dit que le taux de participation au-dessus de 50 % maintient l’exercice dans un étiage significatif pour l’interprétation des réponses.
Claire Beugnet explique cet écart négatif entre le taux de participation cette saison, et celui de la vague précédente, par des droits d’hébergement accordés à des enfants et des jeunes des maisons dès la fin de l’année scolaire, le 7 juillet 2018 (retour en famille, en famille d’accueil ou dans une autre Maison d’enfants si le répondant est externe au Centre de Jour ou à la Maison Vive et accueilli par une autre institution que la nôtre). Une fraction importante des répondants potentiels à ce questionnaire n’était, autrement dit, pas présente sur les lieux de vie de l’association pour éventuellement participer, selon leur bon vouloir, à cet exercice.
Francis Rembotte demande si, pour surmonter cet écueil, il serait possible de proposer le questionnaire durant le mois de juin précédant la fin de la saison culturelle.
Claire Beugnet et François Roy expliquent l’importance du spectacle organisé au terme du festival annuel « Les Journées d’Enfance » pour la pertinence des réponses formulées par les enfants et les jeunes aux questionnaires. Cette date du calendrier (chaque saison, le spectacle est programmé à la fin de la première semaine du mois de juillet) est en effet déterminante tant sur scène les enfants et les jeunes présentent une synthèse créative de l’ensemble des activités artistiques et culturelles réalisées durant la saison écoulée.
François Roy précise que ce moment privilégié est notamment caractérisé par une effervescence collective, et l’acceptation par les enfants et les jeunes d’intégrer dans leurs expressions créatives des influences issues d’autres contenus d’ateliers – soient autant d’items composant le questionnaire.
Claire Oger remarque l’ambivalence des formulations de questions proposées dans le thème 1 (« Renforcement de la capabilité / de la confiance en soi »). Les résultats tous positifs aux questions 1, 2, 4 sont en effet peu cohérentes si on les interprète d’un même tenant, avec en particulier la question 2 qui signale que l’intérêt pour l’existence institutionnel du programme culturel est relatif pour les enfants et les jeunes, alors même qu’ils reconnaissent ses effets positifs sur leur grandissement.
Claire Oger dit que les formulations de question seraient plus aisées pour les enfants et les jeunes si elles les questionnaient en tant qu’individus, pensant à titre personnel des situations vécues concrètes à partir desquelles ils peuvent se référer pour répondre.
Francis Rembotte relève une erreur dans le paragraphe commentant les résultats de la réponse 3 : « en se référant aux résultats de la précédente saison culturelle, le taux de réponses positives a baissé de près de 10 %, le taux de réponses intermédiaires a baissé de près de 2 %, le taux de réponses négatives a baissé de 11 %. ». Le fait que l’ensemble des taux baisse n’est pas possible.
Emmanuel Paris dit qu’il va reprendre les écrits de travail pour repérer et corriger l’erreur de commentaire. (NDLR : après vérification, la phrase de commentaire correcte est : « en se référant aux résultats de la précédente saison culturelle, le taux de réponses positives a baissé de près de 10 %, le taux de réponses intermédiaires a baissé de près de 2 %, le taux de réponses négatives a augmenté de 11 %. »).
II. Présentation de la saison culturelle 2018-2019 :
Les membres du Conseil analysent différentes actions culturelles programmées cette saison. On trouvera en particulier dans cette partie une présentation détaillée par Eric Legros d’une nouvelle exposition conçue à l’attention des enfants et des jeunes et portant sur l’apprentissage du droit.
Cliquez ici pour visualiser la discussion à propos de cette présentation, et notamment à propos de l'organisation du colloque 2019
Emmanuel Paris distribue aux participants la note de rentrée diffusée auprès des équipes et présentant au mois de septembre « Y’a d’la joie ! », thème de la nouvelle saison. On trouvera le contenu de cette note ici.
Olivier Martin demande si, comme le suggère ce texte, peu de parents sont venus lors du spectacle de fin de saison 2017-2018.
Claire Beugnet et Anick Traguardi-Menet confirment ce phénomène, sans doute dû à la date de la programmation du spectacle (un jeudi soir). Claire Beugnet et Anick Traguardi-Menet précisent que la salle était comble en raison de la présence de professionnels de l’Aide Sociale à l’Enfants, des établissements scolaires auxquels les enfants et les jeunes sont affiliés et aussi de membres des familles des personnels de l’association.
Anick Traguardi-Menet dit que les enfants et les jeunes intériorisent souvent la possibilité que leurs parents ne viennent pas, même s’ils ne se résolvent pas à cette perspective.
Francis Rembotte dit que cette expérience douloureuse leur apprend au moins qu’ils consentent tous ces efforts pour eux en premier lieu, ce qui est un élément important de l’effort éducatif.
Emmanuel Paris distribue aussi le programme mois après mois de cette saison 2018-2019. On trouvera le contenu de ce programme ici.
Parmi les actions culturelles organisant ce programme, Emmanuel Paris demande aux participants si le mode d’organisation du colloque, le 5 juillet 2019, sera reconduit. Emmanuel Paris signale que cette configuration a particulièrement été appréciée par les participants, orateurs et auditeurs.
Anick Traguardi-Menet et Claire Oger signalent que l’amphithéâtre numéro 1, salle qui a accueilli leur atelier lors de la précédente édition du colloque, le 6 juillet dernier, n’offre pas les mêmes qualités d’échanges avec l’auditoire que dans des salles de cours du site universitaire. Anick Traguardi-Menet et Claire Oger expliquent que l’amphithéâtre est trop grand pour installer une ambiance interactive er recommandent de privilégier l’organisation des trois ateliers de parole dans trois salles de cours du site universitaire.
Afin d’améliorer encore la fluidité des réflexions et interlocutions durant la journée de colloque, les membres du Conseil scientifique précisent le planning idéal :
9h : ouverture du colloque et discours de bienvenue ;
9h20-10h : projection du film de la discussion entre le parrain d’association et des enfants des Maisons autour du thème de la saison culturelle ;
10h-11h : deux interventions « généralistes » d’une demi-heure chacune autour du thème de la saison culturelle ;
11h-12h30 : trois ateliers co-animés chacun par un duo membre du conseil scientifique / membre du personnel de l’association, proposant aux auditeurs de discuter des acceptions du thème de la saison culturelle ;
12h30-13h30 : repas au CROUS du site universitaire ;
13h30-14h : les duos ayant animé les trois ateliers du matin réfléchissent à une synthèse des propos qui s’y sont dits ;
14h : reprise du colloque, 14h-15h : deux interventions « spécialisées » (ex : témoignages d’acteurs de la société civile) d’une demi-heure chacune autour du thème de la saison culturelle ;
15h-16h : restitution collective des ateliers du matin, appuyée par les dessins de Christian Antonelli réalisés durant la journée de colloque.
Emmanuel Paris remercie les membres du colloque et dit qu’il sollicitera le site universitaire de l’ULCO Boulogne-sur-mer, antenne Saint-Louis, pour bénéficier des trois salles de cours en sus de l’amphithéâtre 1 lors de la prochaine édition du colloque.
Cliquez ici pour visualiser la discussion à propos de l'exposition sur les droits
Emmanuel Paris présente les autres actions culturelles de la saison 2018-2019, qu’elles soient d’ores et déjà initiées, à venir, ou à confirmer.
Mercredi 29 août, Madame Dehée, avocate au barreau de Boulogne-sur-mer et présidente de l’association « Maison des Enfants de la Marine » co-fondatrice de notre association, a rencontré la Maison de la Danse et de la Maison de la Musique pour réfléchir ensemble à l’importance de la Loi et éveiller les enfants quant à leurs droits, repères essentiels aussi bien promus par notre République qu’au niveau mondial, par la convention de l’Organisation des Nations Unies dont la France est signataire.
On trouvera le compte-rendu de cette rencontre ici.
Dix panneaux conçus par Eric Legros, président de notre Conseil scientifique, et réalisés par l’agence Double-hélice en partenariat avec l’association dont Madame Dehée est la présidente, ont permis d’enrichir ces beaux échanges avec les enfants ; « D’où vient le droit ? », « Qui fait le droit ? », « Quels sont mes droits ? » furent quelques thèmes de discussion parmi bien d’autres.
On trouvera sur le site Internet de l’agence Double-hélice une page dédiée à cette exposition.
L’exposition commentée par Madame Dehée poursuivra ces prochains mois son périple, de Maison en Maison.
Eric Legros présente cette exposition :
« Cette exposition se veut un outil à disposition de tous les acteurs de terrain ou centres de formation, souhaitant développer la culture du droit auprès des travailleurs sociaux et des bénéficiaires.
L’institution de référence reste celle du Défenseur des Droits. Ses outils repris dans « Educadroit » sont accessibles à tous et en ligne ici.
Tout d’abord, cette exposition vise à faire entendre que le droit, « une fabrique » de notre humanité, se constitue au fil du temps et des expériences humaines, qu’il a vocation à être modifié, et que chacun peut être à même de l’interpeller, pour lui-même ou pour autrui. L’enfant et l’adolescent sont sujets de droit (et non plus objets de droit) depuis l’adoption par l’Organisation des Nations Unies le 20 novembre 1989 de La convention Internationale des Droits de l’Enfant, qui vise à être universelle. Elle est donc toute récente au regard de l’histoire de l’humanité ! Elle fait loi pour les 196 pays l’ayant ratifiée mais reste très inégalement effective.
Trop souvent le droit est perçu comme extérieur à soi.
Un deuxième objectif de cette exposition est donc de pouvoir faire comprendre et partager que le droit est constitutif de notre propre personne, en ce qu’il limite et lie chacun à la communauté humaine.
En se fondant sur les interdits fondamentaux de meurtre et d’inceste, la loi, le droit vise à nous contraindre dans nos pulsions. Ainsi il protège de la violence contre soi ou autrui, contient, et ouvre à la vie sociale, donne une place à chacun dans sa filiation et dans sa génération. Il est donc constitutif de notre subjectivité. Le droit protège et oblige. Il est au fondement de notre culture et du développement de la personne.
Le troisième objectif est de débattre de tous les thèmes qu’évoque cette exposition et en particulier de tenter de dépasser l’opposition entre droits et devoirs, les uns s’appuyant sur les premiers pour faire barrage aux seconds, et inversement. Dialogue de sourd.
L’éducation a pour mission le développement des compétences, l’autonomie de la personne, et les capacités de vivre et d’être utile en société, c’est-à-dire entrer dans le contrat social.
Comme nous l’avons dit plus haut, le droit protège et oblige. Or, c‘est en s’appropriant des limites qui lui sont transmises par les adultes tutélaires que l’enfant ou l’adolescent acquiert de nouvelles capacités et grandit en autonomie et en droit.
Trop souvent, les travailleurs sociaux opposent droits et devoirs, à l‘endroit même ou il est nécessaire de faire entendre cette dialogique inséparable, qui est à même de faire comprendre aux enfants et adolescents les bénéfices pour chacun à être « dans le droit ».
Il est vrai que lorsque le contrat social n’est pas respecté, soit par exemple, avoir un travail ou une utilité sociale donnant reconnaissance et autonomie financière, alors le contrat social devient inique et les efforts perçus tout au long de l’éducation inutiles. De même lorsque l’enfant ou l’adolescent n’est pas reconnu dans les capacités de son âge, il ne peut percevoir les bénéfices de ses efforts pour devenir autonome et respecter le droit. C’est pourquoi il doit être instruit de ses droits et ressentir la reconnaissance des adultes tutélaires dans ses efforts.
Ainsi, l’un des messages de l’exposition est de sensibiliser le jeune à un droit transversal à tous les autres et repris dans la C.I.D.E : le droit à être associé à toutes les décisions qui le concerne. Le monde éducatif doit donc pouvoir s’appuyer sur ce droit dans sa mission d’éducation. Ce faisant, l’enfant et l’adolescent, sont en mesure de mieux comprendre les décisions prises, les amender, les discuter, se les approprier. Il sera à même, et ce n’est pas le moindre de ses bénéfices de pouvoir le transmettre. Il peut ainsi se projeter dans cet avenir de citoyen qui est le sien, développer sa pensée et sa capacité critique, inventer son avenir.
Les illustrations permettent de réfléchir au quotidien proche de la vie actuelle de l’enfant ou de l’adolescent : le jeu, le harcèlement, le respect d’autrui et de sa différence, de sexe, de religion, de couleur. Mais aussi sur son droit à la protection quant aux traumas que certains enfants ou adolescents subissent dans la sphère familiale, ainsi qu’aux inégalités sociales ou situations dramatiques des enfants dans les pays en conflits
Nous connaissons les distorsions existantes entre ce que dit le droit et la réalité, ici en France ou dans les pays étrangers. Moins qu’elles ne disent l’impuissance du droit, leur évocation est une occasion de les reconnaître et de mobiliser les uns et les autres pour œuvrer vers plus de justice.
Cette exposition s’adresse donc aux enfants et adolescents. Elle tente de contribuer à la connaissance des droits et particulièrement la C.I.D.E dans leurs fonctions dynamiques et de débats, et pourrait servir d’appui et d’outil à des formations pour les intervenants en droit, pédagogie, psychologie, ou en soins. »
Eric Legros présente les visuels de chaque panneau d’exposition et lit aux membres du Conseil leur contenu détaillé.
« Panneau 1
Sur Terre, plus d’un être humain sur trois est un enfant.
Tu es l’un d’eux, une personne à part entière et tu contribues à l’aventure humaine…
Panneau 2 : Tu es unique
Tu fais partie de la longue histoire du cosmos et des êtres vivants sur terre : l’aventure de la vie !
Tu es relié à l’histoire de tous les hommes et femmes de ce monde par l’évolution biologique, mais aussi par ta culture, par ta langue, par l’histoire de ta famille, de ta communauté, de ton pays.
Ton identité permet de te distinguer parmi tous : ton nom, ta date et ton lieu de naissance, les noms de tes parents. Tout cela est inscrit dans des registres de l’état civil tenus par l’Etat.
Tu es unique et tu contribues à construire l’humanité ! Avec les autres enfants, tu feras le monde de demain…
Panneau 3 : Les droits dans le passé…
Autrefois, les enfants n’étaient pas reconnus comme des personnes et n’avaient aucun droit. Le mot enfant vient du latin infans qui signifie celui qui ne parle pas, en d’autres termes celui à qui on ne demande pas son avis.
L’école n’existait pas et, à part dans les familles riches, les enfants ne recevaient pas d’instruction et travaillaient très jeunes. Le père avait tous les droits sur ses enfants, c’est lui qui décidait de leur avenir.
Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que les philosophes ont fait progresser l’idée que l’enfant était une personne à part entière, qui avait besoin de soins, de protection, d’écoute et d’éducation. Durant cette période appelée « Les Lumières », on a pris conscience de la valeur de tout être humain, adulte ou enfant. On a compris que chacun pouvait s’épanouir par l’éducation et l’accès aux connaissances, avait son rôle à jouer dans l’histoire de l’humanité et devait être respecté et défendu par la loi.
Panneau 4 : Naissance du droit
Dans l’histoire des communautés humaines, petit à petit, sont nées des habitudes, des coutumes, des règles pour bien vivre ensemble. Ces règles définissent les obligations et les droits de chacun pour que la société puisse bien fonctionner. Pourrais-tu jouer au foot ou aux échecs sans respecter les règles du jeu ?
Les droits ne sont pas seulement des règles de vie sociale. Ce sont aussi des cadres qui permettent à chaque personne de vivre dans de bonnes conditions et de pouvoir s’épanouir. C’est ainsi que sont nés les Droits de l’Homme en 1789 à la fin du siècle des Lumières, puis 200 ans plus tard, les Droits de l’Enfant en 1989.
Parce que les enfants sont fragiles et en plein développement, leurs droits et leurs devoirs ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux des adultes.
Chaque pays a ses propres règles, mais peu à peu des droits universels fondamentaux ont été reconnus par tous et écrits dans des textes signés par tous les gouvernements. Ces droits internationaux font de nous des citoyens
Panneau 5 : Le droit se construit tous les jours.
Les droits ne sont pas toujours respectés. Il est souvent nécessaire de les défendre.
Ils évoluent au fil du temps et de l’acquisition des connaissances.
Tu sais qu’il y a dans le monde trop de régions où règne la famine et de pays ravagés par la guerre. Les enfants y sont les premières victimes de la faim et de la violence. Même près de chez toi, dans la rue, tu peux voir des familles et des enfants dont les droits les plus élémentaires sont bafoués. L’humanité a déjà énormément progressé mais il reste beaucoup à faire pour que chacun soit respecté, puisse vivre heureux et développer ses compétences !
Pour y contribuer, tu dois connaître et défendre les droits des enfants, pour toi-même et pour tous ceux qui t’entourent. C’est ainsi que les choses avancent, quand chacun sait ce qui doit être et met du sien pour le réaliser.
Panneau 6 : les droits des enfants en dix points
Voici en résumé ce que dit la Convention internationale des droits de l’enfant (en encart).
Ainsi, tu as non seulement le droit d’être nourri, soigné, protégé, mais aussi le droit de t’instruire et de jouer, pour te construire, développer tes capacités, tes talents et tes projets.
Les droits sont les mêmes pour tous, sans distinction de sexe, de couleur, de langue, de religion ou de communauté, de handicap… Même si cette convention n’a pas résolu tous les problèmes, elle ouvre la voie vers une société plus équitable.
Les panneaux suivants développent quelques-uns de ces droits fondamentaux.
Panneau 7 : Vivre sans violence
La violence n’est pas seulement physique (coups, bagarres), elle peut aussi être morale. Elle est faite de tout ce qui peut te troubler, t’humilier ou te peiner :
le harcèlement scolaire,
le racisme,
la publicité omniprésente,
les abus sexuels,
l’exploitation…
Les enfants ne doivent subir ni violences ni exploitation commerciale ou sexuelle.
Tes parents, éducateurs ou enseignants peuvent te protéger de ces violences et te conseiller.
A l’adolescence, les relations sexuelles sont possibles entre personnes mineures qui en ont le désir. Par contre, elles sont interdites entre un adulte et un mineur de moins de quinze ans : elles peuvent être considérées comme un viol et l’adulte impliqué peut être puni par la loi.
Pas plus que les adultes, les enfants n’ont le droit d’agir avec violence. Lorsqu’ils sont responsables de délits graves, ils peuvent être jugés par une justice spéciale pour les mineurs.
Panneau 8 : Apprendre et jouer
Apprendre est un droit fondamental.
L’éducation te permet de connaître l’histoire des hommes et celle de ton pays, de ta culture, de ta religion. Elle t’enseigne l’histoire de la planète, le respect des autres et de l’environnement, à comprendre que tu appartiens à la société humaine et au cycle de la vie.
Apprendre contribue à faire de toi un être humain épanoui, te permet de construire ta personnalité et déployer tes talents. Tu peux ainsi mieux mener ta vie, devenir un citoyen responsable dans la société humaine et sur la planète Terre.
Tu as aussi le droit de te reposer, de jouer, d’avoir du temps libre, de faire des choses non productives.
Le jeu est essentiel, il permet aux enfants d’apprécier leurs différences, d’expérimenter le monde par eux-mêmes, de créer leurs propres règles. Jouer apprend à maîtriser son énergie, à ressentir la limite entre soi et les autres et à développer ses émotions positives (enthousiasme, bienveillance, amitié, respect d’autrui).
Panneau 9 : S’exprimer librement
Tu as le droit de dire ce que tu penses et d’être entendu, être associé à toutes les décisions qui te concernent.
Tu as le droit de parler sans contrainte et sans être manipulé, le droit de recevoir toutes les informations nécessaires à ta compréhension pour te faire ton propre jugement.
Le droit aussi de ne rien dire si tu ne souhaites pas t’exprimer.
Enfant écouté par un adulte attentif.
Tu vois qu’à chacun de tes droits s’attache un devoir essentiel : celui de respecter les autres.
Panneau 10 : Des droits mais aussi des devoirs…
Dès que tu es en âge de comprendre, tu es responsable du tort que tu infliges à autrui. Ainsi, même si tu es un enfant ou un adolescent, tu peux être traduit en justice pour avoir volontairement blessé quelqu’un ou volé ses biens.
Tu as le devoir d’être respectueux et reconnaissant vis-à-vis des adultes, en particulier de tes parents, qui te nourrissent, te soignent et te protègent. Tu as le devoir d’agir poliment. Ne pas dire bonjour à quelqu’un qui te salue est une incivilité, une petite violence que tu fais à l’autre. Jeter tes déchets au sol, cracher sur les trottoirs est une incorrection irrespectueuse du bien commun.
Quand tu connais tes droits et que tu respectes ceux des autres, tu deviens plus autonome et capable de prendre des décisions et des responsabilités. Nos droits et nos devoirs nous permettent de construire ensemble une communauté humaine pacifique et épanouissante pour tous. »
Henri Villeneuve valorise la qualité de cet outil pédagogique et demande si l’exposition ne pourrait pas aussi être proposée aux établissements scolaires.
Eric Legros dit que l’exposition est mise à la disposition de l’ensemble des acteurs de la société française travaillant avec des enfants et des jeunes.
Claire Beugnet dit que M. Delattre, membre du Conseil d’administration de l’association et instituteur à Samer, commune proche de Boulogne-sur-mer, a manifesté son intérêt pour mobiliser l’exposition dans le cadre de l’activité scolaire de son établissement.
Claire Beugnet précise que l’exposition sera par ailleurs présentée aux spectateurs de la « Journée territoriale des droits de l’enfant » organisée le 21 novembre 2018 dans la salle de spectacle boulonnaise « La Faïencerie » ; cette action s’inscrira dans la participation des Maisons pour la septième édition consécutive à cette journée pédagogique et festive organisée par la MDS de Boulogne-sur-mer à l’attention de la population – et particulièrement des familles.
Claire Beugnet dit que, s’agissant de l’étape de l’exposition à la Maison de la Danse et à la Maison de la Musique, enfants et membres des équipes éducatives ont beaucoup interagi avec Madame Dehée ; la question de l’encadrement de la violence par la Loi fut l’un des thèmes les plus discutés.
Eric Legros dit que cette exposition aussi vocation à être utilisée par les acteurs des institutions de la santé ; Eric Legros cite par exemple les psychologues et pédopsychiatres agissant dans les pôles médicaux du territoire. Eric Legros dit que c’est là la réaffirmation de la qualité du droit en tant que façon pour tous de prendre soin de soi ; le droit est, autrement dit, constitutif de la personnalisation de l’être.
Francis Rembotte signale que l’IFAR, association proposant des formations, services de consultance et d’évaluation auprès des établissements des secteurs de la santé, du social, du médico-social et de l’animation, a fait l’acquisition de trois exemplaires de l’exposition. Francis Rembotte précise qu’un exemplaire est dédié à la formation des professionnels de l’action sociale, le deuxième à l’attention d’établissements scolaires et associations au Maroc, et le troisième pour le Congo et particulièrement les écoles de Kinshasa.
Eric Legros informe les participants que cette exposition est aussi utilisée dans le Sud de la France, par des acteurs de la société civile en lien avec l’agence « Double Hélice ». Eric Legros signale que ce contenu d’exposition va aussi être développé au format livre.
Claire Beugnet signale que M. Benslimane, Juge des Enfants au tribunal de Boulogne-sur-mer, souhaite créer en décembre 2018 un espace dédié à la lecture dans les locaux du tribunal pour enfants. Claire Beugnet dit qu’elle va proposer à M. Benslimane l’exposition, et l’informer de la production à terme d’un livre nourri de ces contenus.
François Roy dit que l’exposition est très belle et demande si elle pourrait être traduite en anglais pour faciliter sa circulation dans les pays anglo-saxons. François Roy propose que l’exposition soit installée dans les locaux de l’association afin que les visiteurs puissent, sur le modèle de l’exposition accrochée sur le site administratif du site d’Outreau, régulièrement découvrir ses contenus.
Francis Rembotte et Eric Legros disent que cette exposition a besoin de la présence humaine d’un médiateur formé aux questions du droit pour exprimer de manière optimale son potentiel pédagogique. Francis Rembotte précise que cette nécessité sera par exemple d’autant plus importante à Kinshasa, les enfants appelés à découvrir l’exposition étant bien loin de par leur vie vécue des considérations formulées dans les panneaux. Francis Rembotte cite comme exemples les enfants soldats, les enfants orphelins vivant dans les rues de cette capitale.
Cliquez ici pour visualiser la discussion au sujet de la nouvelle saison, et notamment à propos des activités sciences et technologies
Emmanuel Paris présente d’autres actions culturelles rythmant la nouvelle saison de l’association.
Emmanuel Paris cite la reconduction des partenariats muséaux (FRAC Grand large Hauts-de-France, Musée Le Louvre Lens), mais aussi les ateliers en physique chimie du Centre de Jour (partenariat Fondation SEED / Ecole Supérieure de Physique Chimie Industrielles de la ville de Paris). Emmanuel Paris informe les participants que l’exposition « Trait d’union » programmée au FRAC jusque le début de ce mois de septembre a généré 14 233 visiteurs.
Eric Parot, qui co-anime ces ateliers avec Sophie Goujon-Durand et Yoann Jaffre, précise qu’il envisage de proposer aux enfants et aux jeunes du Centre de Jour des ateliers axés sur l’analyse des qualités respectives des énergies renouvelables et non renouvelables. Eric Parot cite en exemples les propriétés énergétiques de l’uranium, la calorie comme valeur physique et chimique déterminant le vivant.
Autre action culturelle marquant la nouvelle saison, Emmanuel Paris annonce l’inauguration du FabLab des Maisons le premier semestre 2019. Emmanuel Paris précise que le FabLab, projet soutenu par la Fondation Sopra Steria sous l’égide de l’Institut de France et par la Fondation Auchan sous l’égide de la Fondation de France, sera équipé graduellement. Une première catégorie de machines dites « intelligentes » sera installée au premier semestre 2019 ; des « plotters de découpe ».
Eric Parot demande si le FabLab peut proposer rapidement aux enfants et aux jeunes de l’association la réalisation d’un démonstrateur, prototype qui serait présenté aux employés de l’entreprise Sopra Steria en guise de premier objet concret issu de ce projet pluriannuel.
Emmanuel Paris dit que cette question sera examinée avec Frédéric Renaux lors de la prochaine réunion du Conseil de la Culture d’entreprendre le 9 novembre.
Emmanuel Paris informe les participants que le partenariat avec l’INRAP et « Les Chalcophore » s’est achevé au mois de juillet ; l’atelier mensuel se poursuivra cependant, animé par deux éducateurs des Maisons. Il s’agira de poursuivre la fabrique à l’échelle 1 d’une charrette ayant circulé au XIXe siècle dans le cadre des négociations entre royaumes anglais et français.
S’agissant des activités sportives, Emmanuel Paris dit que la programmation de tournois inter-maisons sera encouragée tant les retours des enfants et des équipes éducatives sont positives.
Emmanuel Paris conclut ce passage en revue des actions culturelles 2018-2019 par deux informations ; la rencontre de représentants de l’établissement de diffusion de culture scientifique et technique « La Coupole », ainsi que d’un collectif artiste recommandé par le Conseil départemental afin d’évaluer avec eux et respectivement la faisabilité d’un partenariat pluriannuel et d’un atelier d’écritures au premier trimestre 2019.
III. Présentation de la résidence art / science 2019 :
Autre action culturelle programmée cette saison, la résidence art / science 2019 soutenue par le programme « Les nouveaux commanditaires » de la Fondation de France et par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France sera réalisée par Maki Suzuki.
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Maki Suzuki présente les problématiques de cette résidence ; le cahier des charges réalisés par les chefs de service, la direction et Madame Dehée, présidente de l’association propriétaire du site hébergeant « Le petit déjeuner sous l’herbe », insiste sur la nécessité pour lui de prendre le relais d’auteurs initiaux (les concepteurs qui, en 2010, ont créé le petit déjeuner sous l’herbe), et cette création de sa part devra à son tour être reprise par d’autres, qui vivront en 2050 pour fouiller le site archéologique.
Maki Suzuki dit que son rôle sera dès lors de « mettre en signes », de « signifier » ce lieu ainsi que le rituel du 2 juillet ; Maki Suzuki dit que cela pourrait passer par la re-transmission d’histoires par des objets interrogeant quiconque, de sorte qu’ils amènent à poser des questions d’enquêteurs et ainsi de rechercher celles et ceux capables de raconter les histoires du 2 juillet.
Parmi ces objets questionnants, Maki Suzuki cite la roulotte, laquelle pourrait être placée sur le parking de la ferme pour obliger les automobilistes à tenir compte de son existence pour se garer.
Eric Legros dit que « Le petit déjeuner sous l’herbe » fut une opération pour faire mémoires dans l’institution ; donner un lieu de mémoire pour l’enfant, pour l’éducateur, pour le lien enfant – éducateur.
Ce faisant, précise Eric Legros, il s’agissait de se créer un espace-temps disponible de manière permanente pour contrecarrer la pression de la pensée à court terme, format habituel de l’action éducative tant elle s’inscrit dans des variations à la journée des manières d’être, de faire et de dire des enfants et des adultes.
François Roy dit que cette opération initiale fut un moyen institutionnel pour permettre le retour du passé dans le présent, et aussi son ancrage dans un devenir. François Roy informe les participants qu’à Outreau se trouve une malle au-dedans de laquelle se trouvent des objets incongrus, issus de la collecte opérée par la roulotte dans le cadre de la campagne « Nos objets d’enfance ».
Maki Suzuki se dit impressionné par la coexistence permanente sur le site de la ferme de Bertinghen d’objets témoignant d’actions culturelles particulièrement ambitieuses, et de la discrétion des personnes ayant fait vivre ces actions. Maki Suzuki compare ce phénomène à des ruines, des vestiges archéologiques présents à la surface du sol, dit que c’est un espace recelant pléthore d’indices, de traces superposées dans le périmètre du champ de vision quotidien.
Emmanuel Paris cite un ouvrage réfléchissant aux phénomènes qui mettent en mouvement l’énergie d’enquêter sur le monde. Il s’agit de l’ouvrage de Carlo Ginzburg L’interprétation des indices.
Maki Suzuki dit que la question de la prise en compte de la dynamique temporelle passé – présent – futur lui paraît plus prégnante pour « le petit déjeuner sous l’herbe » que pour le rassemblement annuel du 2 juillet.
Francis Rembotte dit qu’à Kinshasa, des barres métalliques sortant régulièrement des façades sont autant d’indices visuels analogues à ceux qui sont discutés à l’occasion de cette présence de Maki Suzuki : ces barres sont des reliquats de construction inachevée, et annoncent de possibles développements ultérieures du bâti, par d’autres occupants que ceux ayant vécu ou vivant là.
Olivier Martin cite l’exemple du site d’enfouissement des déchets radioactifs de Bure, pour lequel les collectifs œuvrant à sa concrétisation réfléchissent à des moyens de communication permettant aux habitants, dans des centaines d’années, de savoir que ce site existe, qu’il faut en tenir compte, et des modalités pour pouvoir le gérer dans les meilleures conditions.
IV. Lecture commentée de l’article « Quand les liens familiaux s’appuient sur les médias socionumériques. Approche sociojuridique des relations familiales au sein de la protection de l’enfance » :
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« Les auteurs :
Émilie Potin : MCF en sociologie à Rennes 2, doctorat sur l’enfance protégée
Gaël Henaff : MCF en droit à Rennes 2
Hélène Trellu, IR à Rennes 2
Présentation générale de l’article :
L’article s’interroge sur les effets des correspondances numériques sur les liens familiaux et sur les principes/catégories de régulation du système de protection de l’enfance. Il s’agit d’une analyse sociologique et juridique sur le rôle, les effets des outils de communication (ordinateurs, tablettes mais surtout téléphones ; SMS, réseaux sociaux, voix, Skype…) dans les situations d’enfants placés.
Les auteurs ne s’intéressent qu’aux échanges entre les enfants et leurs parents (père, mère), et laissant les autres interactions (avec les pairs, avec les copains, les amis, les camarades). Donc, article centré sur la relation parent-enfant, et sa médiatisation par les techniques contemporaines de communication.
L’article croise/mêle donc deux approches (qui constituent les deux principales parties de l’article) :
Une analyse des pratiques de communications, des modalités d’interactions entre les parents et les enfants dans des situations où les enfants sont placés et protégés.
Cette analyse repose sur des enquêtes par entretiens auprès d’enfants placés ou d’adultes en contrat jeune-majeur (12-21 ans), de parents (au total 29 personnes)
2. L’analyse des principes juridiques mis en œuvre par les magistrats et des normes et des pratiques professionnelles des éducateurs dans de telles situations (75 professionnels, magistrats et éducateurs et assistants familiaux, ont été interrogés). L’analyse juridique repose sur l’analyse de décisions juridiques et sur des entretiens avec des magistrats.
Au total 15 situations ont été analysées de manière croisée, en interrogeant à la fois les protagonistes (enfants, parents) et les professionnels concernés. Pour ces 15 situations, les points de vue de chacune des parties ont été saisis.
L’enquête souligne qu’à la fois par « le caractère discrétionnaire des équipements numériques » et par « l’autonomie relationnelle » qui en découle, les « modalités du lien familial au sein du système de protection de l’enfance prennent une forme inédite qui interroge autant la structuration familiale que le cadre de la protection. » (p. 188).
Les principales conclusions, résumées à l’excès :
Primo, « les acteurs professionnels du placement se trouvent en difficulté pour réguler la correspondance familiale numérique » (p. 202).
Secundo, les auteurs se demandent si le cadre juridique n’est pas devenu obsolète, inadapté, dépassé. Les catégories par lesquels on pense et on agit sont-elles encore pertinentes ?
Quelques détails sur le propos :
La réglementation régit les Visites, les Hébergements et la Correspondance (VHC) : le droit de visite des parents et les modalités de la visite (présence d’un tiers ; programmation chronologique) ; les modalités d’hébergement des enfants ; les modalités de correspondance entre les parents et les enfants (et leur éventuel contrôle par un tiers).
L’arrivée puis la banalisation des outils de communication changent les choses.
Pour partie, la correspondance numérique échappe au regard des travailleurs sociaux (l’enquête montre l’existence d’un décalage entre ce que disent les éducateurs et ce que disent les enfants de leurs échanges avec leurs parents). Les travailleurs sociaux témoignent de la difficulté à articuler au quotidien leur mission d’accompagnement à l’autonomie avec leur mission de protection.
Les outils de communication contemporains offrent une « autonomie relationnelle » (Metton, 2010) aux enfants (et aux parents) alors que la relation parent-enfant est supposée être régulée par les dispositifs de l’ASE.
Ainsi, « si le placement cherche à déplacer le cadre de vie du mineur, d’un point de vue géographique, l’objectif semble rempli ; seulement d’un point de vue cognitif, les médias socionumériques paraissent limiter ce déplacement. » (p. 190).
Et, « dans la mesure où le cadre de l’échange est maîtrisé par le jeune, il va aussi pouvoir être détenteur du fil de l’information aux dépens des professionnels. Cet espace échappe au regard totalisant des professionnels qui encadrent le quotidien des jeunes placés, décident des orientations liées aux parcours juvéniles ou encore alimentent le contenu du dossier » (p. 191).
Pour les enfants, ces modalités de correspondance leur permettent justement de préserver une certaine forme d’intimité dans les échanges, de garder un contrôle sur leur vie, de maintenir une zone hors de contrôle des autorités et tutelles qui les entourent.
Elles leur permettent d’échapper à ce regard qu’ils estiment parfois totalisant.
Cette autonomie relationnelle dans les communications offre aux enfants la possibilité d’affirmer leur autonomie : elle contribue à asseoir leur volonté d’avoir une vie à eux, une vie qui échapperait aux adultes et à leur contrôle. Ils peuvent échapper aux regards que les services de l’ASE ont sur eux ; ils peuvent aussi réguler (ou espérer réguler) les relations avec leurs parents (perso)
En pratique comme en théorie, il revient aux équipes de travailleurs sociaux d’inventer des manières de gérer ces situations : en « l’absence de cadrage sur les équipements et les usages socionumériques, l’ajustement des pratiques se construit dans l’accueil et dans la relation éducative » (p. 193) mais les témoignages font état de difficultés à faire face à ces situations et à ces pratiques de communication qui leur échappent. Les auteurs parlent de « difficultés à s’approprier la configuration nouvelle qui déplace le rôle de tiers » (p. 194).
Les situations sont d’autant plus complexes que le payeur de l’abonnement téléphonique obtient, de facto, un droit ou un pouvoir de regard sur les usages du téléphone. Il peut par exemple se sentir autoriser à demander qu’on l’appelle ou que des échanges réguliers s’installent puisqu’il paye pour cela.
Dans la pratique des magistrats, les attitudes sont actuellement très variées :
– dans certains cas, on constate l’absence de toute mention des médias socionumériques dans les jugements de placement. Cette absence est parfois justifiée par « l’inclusion implicite de ces médias sous le vocable de correspondance. « Je pense que dans l’absolu, ça pourrait totalement être considéré pareil. » (Entretien individuel, juge des enfants, femme). (p. 198)
– dans d’autres cas, certaines décisions limitent les droits de correspondance en incluant explicitement l’usage des outils socionumériques.
– mais, il semble globalement que les magistrats sont peu enclins à interdire ou simplement restreindre l’usage des outils de communication : ils semblent souvent estimer que ce type de décision est inefficace, probablement vaine. Ils renvoient parfois à l’éducatif, aux équipes de travailleurs sociaux le soin de gérer les situations. Certains estiment même qu’il serait intéressant que les services s’emparent davantage de ces outils pour en faire un instrument du travail éducatif.
Pour les auteurs la présence et l’usage des techniques socionumériques a ou aura plusieurs conséquences :
« Compte tenu de la rapidité de l’évolution des technologies de communication, il ne fait pourtant aucun doute que la correspondance numérique s’invitera de plus en plus dans les réflexions pratiques et juridiques concernant les placements » (p. 200). C’est d’ailleurs déjà le cas dans le cadre des contentieux des séparations, des divorces, de couples avec enfant.
« La deuxième évolution possible pourrait consister en une remise en cause des catégories traditionnelles nommées dans la loi : visite, hébergement et correspondance. En effet, ces catégories ne sont-elles pas transcendées pour ne pas dire dépassées par l’usage des médias socionumériques ? » (p 201) Par exemple : la vidéo est une forme de co-présence donc de visite ; les SMS sont-ils de la correspondance ? les
Mise en cause de la hiérarchie dans le sens de la communication et de la dissymétrie parents-enfants : « les médias socionumériques interrogent le sens unique de l’octroi des droits de VHC (droits de visite, droits d’hébergement, droit de communication) des parents vers l’enfant. Si, pour établir ces droits, les acteurs de la décision (juge ou services compétents) sont amenés à définir l’intérêt de l’enfant et à recueillir son point de vue, il revient aux parents de faire valoir leur droit. S’ils n’appellent pas l’enfant, l’enfant n’est pas autorisé à le faire. Les médias socionumériques égalisent cet état de fait en partageant l’initiative de la communication et en égalisant le droit de le faire ou de ne pas le faire. » (p. 201) ».
Patrick Miquel, pensant au fait que chaque enfant ou presque possède désormais son smartphone, et intégrant aussi l’information dite par la note de rentrée de cette saison qui signale que des parents ne sont pas venus assister au spectacle, demande s’il ne serait pas possible de réaliser des vidéos ad hoc (personnalisées) du spectacle, lesquelles seraient proposées à chaque enfant, ce qui leur permettrait de les montrer à ses parents ou détenteurs légaux.
Lucie Legros et François Roy remarquent que cela risquerait de fortement contrevenir à l’un des axes majeurs de l’organisation du spectacle ; la force du collectif et l’harmonisation des prestations individuelles au service d’une œuvre commune.
Anick Traguardi-Menet confirme que, le jour même du spectacle, des enfants reçoivent de leurs parents un SMS lui annonçant leur présence lors du spectacle, et cependant le constat fait par l’enfant de l’absence de ses parents dans la salle.
Emmanuel Paris dit que cela relève de nombre d’actions de communication plus généralement, où l’important n’est pas tant le contenu du message envoyé, mais le fait qu’un message soit envoyé afin de réaffirmer l’existence d’un lien entre celui qui envoie et celui qui reçoit le message. Emmanuel Paris nomme ce phénomène ; la fonction « phatique », et dit qu’elle est souvent particulièrement aliénante.
Eric Parot demande des précisions sur la formulation du concept d’« autonomie relationnelle » ; est-ce une propriété de l’enfant ? Est-ce une qualité désignée par le sociologue observant l’enfant ?
Olivier Martin répond que l’article insiste régulièrement sur la capacité de l’enfant à réguler par lui-même ses relations en ligne – manifestant en cela une des acceptions du concept.
Olivier Martin et François observent que cette capabilité n’est pas le propre des enfants et des jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance, mais de l’ensemble de la population.
Eric Parot dit qu’il serait intéressant de programmer avec les enfants des journées sans portable et sans connexion sur Facebook, afin qu’ils évaluent par eux-mêmes ce que cela génère, aussi bien en terme de prise de liberté que de dégradation de la qualité de vie.
Olivier Martin dit que cette dimension pédagogique inspire l’interdiction des portables dans les établissements scolaires depuis la rentrée.
V. Lecture commentée de l’ouvrage « Le massacre des innocents. Les Oubliés de la République » :
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« Le titre de ce manifeste, le massacre des Innocents, nous renvoie, entre autres, à l’Ancien Testament (Evangile St Matthieu 2,16) et aux atrocités d’Hérode, roi des Juifs, qui ayant appris par les rois Mages la naissance à Bethléem de celui qui devrait devenir le roi des Juifs, décida de faire assassiner tous les enfants mâles de moins de deux ans afin de rester le seul roi des Juifs. D’autre part, le massacre c’est l’action de tuer en masse des personnes sans défense, ici des enfants, avec sauvagerie.
D’emblée les auteures entendent nous provoquer afin que nous prenions la mesure du problème. L’exagération est permanente, je cite (dernière de couverture et page 27) : « La France n’aime pas les enfants… La France est le paradis des pédophiles… La France maltraite les plus faibles », plus loin (page 57) : « Noa : l’insupportable angélisme des services sociaux ».
Cette provocation a aussi un but, celui d’amener le lecteur à soutenir leur manifeste adressé aux pouvoirs publics (cf. pages 3 & 170) : « Pour soutenir ce manifeste, ajoutez la phrase suivante, dans les commentaires sur le livre, sur amazon.fr – Je soutiens le manifeste en faveur des Oubliés de la République »
Qui sont les auteures ?
Françoise Laborde, juriste de formation, journaliste, ancien membre du CSA et Michèle Créoff, juriste de formation et spécialiste de la protection de l’enfance, est la vice–présidente du Conseil National de la Protection de l’Enfance (CNPE).
Le CNPE, placé auprès du Premier ministre, le conseil national de la protection de l’enfance (CNPE) est une instance instituée par la loi n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant (article L.112-3 du code de l’action sociale et des familles), il est présidé par la ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzin.
On trouvera ici le contenu de cette loi et de l’article en question.
Cette instance nationale a rendu onze avis concernant l’adoption, la prévention, l’adaptation des prises en charges aux besoins de l’enfant, la formation ainsi que la connaissance et l’évaluation de la politique de protection de l’enfance dans son premier rapport d’activité. On trouvera le contenu détaillé du rapport ici.
La création du Conseil national de la protection de l’enfance ne s’est pas faite dans l’unanimité parlementaire, le Sénat y voyait une reprise en main par l’Etat de la protection de l’enfance confiée aux départements par les lois de décentralisation, dont ce dernier ne faisait d’ailleurs pas mystère à l’époque. En est-il de même sous ce gouvernement ?
Pour des raisons de temps, j’ai suivi l’ordre des paragraphes pour vous parler de ce livre.
1° partie, L’indifférence générale
Dans les années 70, la France fait preuve de laxisme vis-à-vis des agresseurs d’enfants et en particulier à l’égard des pédophiles qui peuvent sans vergogne se déclarés comme tel sans être inquiétés par la Justice et sans majoritairement susciter d’indignation. Peu à peu la parole des femmes ayant été violées va se libérer et elles vont relater les dommages qu’elles ont subis. Elles situent la prise de conscience de l ‘opinion française en 1996 avec l’affaire Dutroux (loi de 1998 sur l’enregistrement des auditions de mineurs victimes).
L’idéologie de la famille met à mal la perception de la maltraitance, les services sociaux rechigneraient à intervenir – dans les familles pauvres pour ne pas les accabler et dans les familles riches pour ne pas ternir leur respectabilité. Un rapport de l’IGAS en 2000 démontre que le retrait d’enfants intervient dans les familles maltraitantes sans distinction de condition sociale contrairement à ce qu’affirmait à ‘époque le mouvement ATD Quart Monde.
Les auteures reviennent succinctement sur les évolutions législatives relatives à la protection de l’enfance, de la décentralisation à la loi du 14 mars 2016. Elles regrettent que la maltraitance n’ait pas été suffisamment nommée dans les textes, que la loi de 2007 a fait une part trop belle à la négociation avec les familles dans le cadre des interventions socio-éducatives et que la protection de l’enfance aurait dû échapper à la décentralisation. La loi du 14 mars 2016 paraît à leurs yeux celle qui va rétablir la possibilité d’une intervention plus rigoureuse et plus ferme dans les familles et en particulier l’instauration du conseil national de la protection de l’enfance permettra un pilotage national. Les deux auteures oublient toute la difficulté qu’il y a à piloter une politique dans un contexte fort de décentralisation, et si le CNPE est porteur de tous leurs espoirs pourquoi appeler, en soutenant leur manifeste, à mobiliser les pouvoirs publics.
Pour illustrer ce qu’elles appellent la frilosité des Juges et des Elus, elles reviennent longuement sur la loi du 3 août 2018 qui maintient un pouvoir d’appréciation aux Magistrats pour qualifier de viol (crime) un acte de pénétration sexuelle par un adulte sur un mineur de 15 ans et donc sans qualification de crime pas de renvoi aux Assises.
Elles passent sous silence nombre d’articles qui démontrent qu’un procès rapide (au TGI) peut être plus salutaire pour la victime que d’attendre de longues années un procès d’assises.
2° partie, Des faits divers très ordinaires
8 cas d’enfants martyrs sont relatés assortis de commentaires des auteures sur ce que les services (police, gendarmerie, éducation nationale, santé, ASE, procureur…) auraient dû faire afin qu’il n’y ait pas de fin tragique pour ces enfants.
Ensuite, à partir de trois récits de vie d’assistantes familiales qui se sont vues retirer la garde de l’enfant qui leur était confié elles émettent un jugement péremptoire et décrètent qu’au lieu de vouloir maintenir un lien avec une famille biologique au mieux indifférente au pire maltraitante il vaudrait mieux encourager les déclarations d’abandon…et les adoptions.
3° partie, Les chemins du possible
Elles évoquent le cas de Céline Raphaël, enfant maltraitée devenue médecin qui, confrontée dans son activité hospitalière à un cas de maltraitance, s’est vue refusée la possibilité de faire un signalement… c’est ce que j’appelle se tirer une balle dans le pied. Comment donner des leçons sur ce qu’il faut faire pour lutter contre la maltraitance faite aux enfants et accepter qu’un médecin, ancienne enfant maltraitée de surcroît, s’exprime de la sorte sans que lui soit rappelé l’obligation faite aux professionnels de santé de dénoncer les cas de maltraitance dont ils ont connaissance, de plus sans craindre les foudres du Conseil de l’Ordre due à la rupture du secret professionnel.
Après avoir longuement dénoncé, les auteures proposent des pistes d’amélioration auxquelles nous pouvons souscrire :
Améliorer le traitement des informations préoccupantes
Prendre en compte l’état de santé des enfants protégés
Développer un réseau de soins psychiques pour les enfants protégés
Rendre obligatoire l’enregistrement et le visionnage des auditions d’enfant victimes
Mettre à l’abri les enfants victimes le temps de l’enquête
Rendre obligatoire le conseil d’un avocat auprès de l’enfant dans toutes les procédures le concernant
Développer les services d’accompagnement auprès des assistantes familiales
Organiser un dispositif d’accueil spécifique pour les mineurs non accompagnés
Contrôler le retrait de l’enfant de sa famille d’accueil
L’Etat doit être garant du fonctionnement des commissions de vérification des statuts créés par la loi de 2016 sur la protection de l’enfance
Mettre en œuvre un dispositif d’inspection et d’analyse mobilisable en cas de décès pour cause de maltraitance d’un enfant dans sa famille ou de violences subies dans un établissement
Organiser l’accompagnement, pour ceux qui le souhaitent, des jeunes adultes entre 18 et 21 ans
4° partie, Les Oubliés de la République
Les auteures développent dix-neuf préconisations regroupées en six thématiques :
Diagnostiquer « vite et bien » la maltraitance familiale pour une intervention rapide
La lourdeur et la violence de la procédure pénale nécessite un accompagnement approprié des enfants
Il faut lutter contre les parcours chaotiques des enfants confiés
Il faut prodiguer des soins adaptés aux enfants confiés à l’ASE
L’indignité de l’accueil des mineurs non accompagnés doit cesser
Rendre obligatoire l’accompagnement des jeunes adultes
et elles terminent en appelant à la signature de leur manifeste afin que les enfants en danger ne soient pas les « Oubliés de la République ».
Conclusion :
La démonstration que les auteures entendent faire, celle de l’incurie des services institutionnels (tous confondus) face à la maltraitance et à la prise en charge des enfants en danger est marquée du sceau de l’exagération, du manque d’objectivité, de la généralisation et ne repose sur aucune étude exhaustive et à mon avis produit l’effet contraire à celui recherché.
Je pourrais les rejoindre si après avoir constaté la difficulté à instaurer une politique nationale d’amélioration continue de la protection de l’enfance dans un contexte décentralisé et d’autonomie des départements qui en ont la charge, elles faisaient des propositions raisonnables et acceptables en prenant en compte aussi les contraintes budgétaires de l’Etat et des départements. »
Claire Oger observe que ce livre et la pétition proposée à la fin de l’ouvrage circule beaucoup sur le réseau social Twitter, et dans les médias ayant une influence sur la composition de l’agenda politique.
Claire Oger propose que le Conseil scientifique, conscient de cette effervescence des prises de parole publique à propos de la protection de l’enfance, puisse à chaque séance nourrir une cartographie des acteurs qui s’expriment. Claire Oger précise que cela permettrait de mieux comprendre qui dit quoi, et quelle influence les analyses et propos mobilisés prennent dans le processus de décision de cette politique publique.
Les membres du Conseil agréent cette proposition.
VI. Questions annexes :
Francis Rembotte informe les participants que la Fondation de France développe un nouvel outil de soutien appelé « Bourse aux associations », dont on trouvera le contenu ici.
Emmanuel Paris informe les participants que, dans le cadre de l’anniversaire des cinquante ans de la Fondation de France, l’association accueillera en octobre 2019 un concert piano de musique classique.
Les prochaines réunions du Conseil scientifique auront lieu les vendredi 25 janvier et 5 avril 2019, de 10h à 13h. L’assemblée plénière des Conseils et comités de pilotage aura lieu le jeudi 4 juillet 2019, de 10h à 12h. Le colloque aura lieu le vendredi 5 juillet 2019, de 9h à 16h.
Eric Legros clôt la dix-septième séance du Conseil scientifique.
Ce jeudi 4 octobre, Åbäke (Maki Suzuki, artiste designer), lauréat de notre résidence art / science 2019, a présenté aux enfants et aux équipes son parcours créatif.