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Lettre de Rémy : “Ces temps”

Rémy, qui si tout de passe bien d’ici là, continuera sa résidence jusqu’au mois de juin 2021 avec les enfants des Maisons, avec pour projet la constitution d’une “brigade poétique” – collectif d’enfants volontaires pour tchatcher dans les rues du Boulonnais avec les passants à propos du thème de notre saison.

Rémy nous envoie une nouvelle inspiration, intitulée “Ces temps”.

Merci cher Rémy, au grand plaisir de te retrouver 🙂

“Ces temps-ci, mon radio réveil est en mode radio, branché sur France Info, qui donc me réveille.

C’est à la fois du masochisme : on n’y parle que de virus, déprimant au lever ; mais aussi du pragmatisme : que va-t-il nous tomber dessus aujourd’hui ?

Bref,

Ce matin du samedi 23 janvier 2021,  au flash de 8h30 (on est en week-end, je fais grasse matinée), j’apprends, après la musique du flash tambour de garde champêtre

… Que l’académie de médecine préconisait (recommandait)… le silence et aucune communication téléphonique dans les transports en commun, bondés, pour aller et venir en travail, pour éviter propagation du virus.

Et là… je suis partagé :

Enfin une mesure sage, raisonnable, sérieuse. Oui, parler, se parler, échanger en transports, avant ou après une journée sous masque, à distance de ses collègues (je préfère ce mot à « collaborateurs », pour des raisons historiques 🙂 )… donc oui, échanger en transports en commun est très dangereux :

. D’un côté le virus pourrait se propager, par la bouche, jusqu’à celle d’un autre ou de ses vêtements, ses oreilles, son téléphone ;

. Et d’un autre côté, sans doute le plus dangereux : nous pourrions cultiver cette particularité qui nous appartient de Sapiens Sapiens : la confiance que nous nous accordons les uns  aux autres, et l’accès à l’imaginaire collectif qui est nôtre.

Comme chacun sait, l’homme de Neandertal était plus fort physiquement que nous, et disposait d’un cerveau plus gros. Mais, contrairement à nous, ses connexions cérébrales ne lui permettaient ni confiance en l’étranger, ni accès à l’imaginaire collectif.

Alors que nous, Sapiens Sapiens, passions notre temps à papoter, échanger, nous transmettre recettes, trucs, trocs et astuces, et à se forger des croyances communes (on se troquait et échangeait aussi les dieux, les visions du monde, les rêves, les croyances, au delà de coquillages en échange d’une cuisse de mammouth ou  d’une entrecôte d’ours).

Bref, avant de se méfier ou de se taper sur la gueule, nous Sapiens Sapiens, dans ce monde improbable et dangereux, cherchions à échanger, à nous associer.

C’est peut-être ce qui nous a sauvé et permis de nous développer…

Et les néandertaliens ? Plus forts et doués d’un cerveau plus gros ? Ben… méfiants et peu enclins au troc et à l’imaginaire collectif… chassaient à deux ou trois de la même tribu, et se méfiaient des tribus voisines.

Certes, ils pouvaient être plus forts et plus intelligents que nous… mais à échelle individuelle.

Et comme chacun sait aujourd’hui : cent personnes qui s’associent et font grève, construisent un pont, un bâtiment ou une démocratie (ou une dictature quand on perd des neurones) valent mieux qu’un individu qui tente de faire la même chose tout seul, même s’il est le plus fort des hommes.

Aussi, la mesure que préconise l’académie de médecine nous permet donc de nous remettre en contact avec l’homme de Neandertal, de nous méfier de l’autre, de ne plus avoir d’idéal commun. Et d’obéir aux ordres du chef de la tribu. Il nous permet donc de nous libérer de tous les ravages de ce que notre pauvre condition de Sapiens Sapiens a engendré sur notre grande et belle planète. Nous devenons enfin néandertaliens. Et qui sait, plus tard, plus forts, avec un cerveau plus gros, et enfin déconnectés de confiance en l’autre et d’accès à l’imaginaire, nous deviendrons moins nombreux, méfiants, et nous arrêterons les ravages que nous faisons sur notre pauvre planète.

Oui, l’académie de médecine a raison : elle prend en compte avant tout l’évolution de l’homme et la préservation de la planète.

Ses critères et considérations sont avant tout sociales et humaines.

Oui, l’homme Sapiens doit rester chez lui de 18 heures à 6 heures du matin.

Oui, il doit au maximum télé travailler.

Oui, même s’il s’est déplacé pour le job, en transports d’aller ou retour, il ne doit pas échanger.  

Les cinémas, théâtres, fermés depuis longtemps, aident déjà bien à cette formidable évolution. Casser l’imaginaire, la réflexion, l’évasion, l’esprit critique, le partage.

Oui, les églises, mosquées, temples, synagogues ouverts… permettent de nous relier à un des derniers vestiges de soumission à un idéal commun, si beau, si vrai :

Oui, nous sommes nés d’un dieu unique, qui a créé Adam, Eve, le paradis, l’enfer, les prières, l’absolution.

Et puis au fond, quo qu’on en dise, la Terre est peut-être plate et reste centre du monde.  

Donc, c’est une bonne mesure.

Cependant, je trouve qu’elle ne va pas assez loin.

On nous disait en mars dernier que le port du masque n’était pas nécessaire.

Puis en juin, qu’il devenait important, puis en octobre obligatoire, en tissus, ou quoi que ce soit.

Puis on nous a expliqué en janvier que le tissus (alors qu’il était distribué par millions aux enseignants et aux élèves depuis septembre) n’était pas bien, et qu’il fallait un FFP2, et que nous ayons tous des barbes bleues.  

Mais…

On parle de respiration par la bouche, et de dégagement par la bouche.

Or,

Jusqu’à ce jour…

Aucune étude n’a été réalisée sur les conséquences des flatulences de chacun (les pets).

Alors qu’il est possible que celles-ci propagent le virus, non plus de bouche à bouche, mais ce qui devient terrible… de fesses à fesses !

Or, celles-ci ne sont masquées que par (slip, caleçon, pantalon, jupe, kilt, …) … du tissus !

Qui ne filtre pas l’ensemble des particules !

Je serais donc heureux que l’académie de médecine préconise enfin le port du masque FFP2 aussi bien sur la bouche, que sur les fesses, avec un changement toutes les 4 heures, des deux, évidemment.  

Et que des vérifications soient faites, notamment dans les transports en commun. 

D’autre part, en environnement familial, pourquoi prendrait-on le risque de se parler, à table et qui plus est sans masque ?

Je serais donc heureux que l’académie préconise, aussi, en famille :

. Le port du masque FFP2 permanent et obligatoire, même en mangeant  (un trou, une paille et de la nourriture UNIQUEMENT liquide). Et un changement de masques (visage et fesses) dès la fin du repas, après application de gel hydro alcoolique sur les deux ;

. Une communication entre personnes UNIQUEMENT  par textos, sms, via téléphones ou tablettes PERSONNELLES… voire tableau et feutres personnels, si problèmes de connexion, ou moyens économiques limités.

Et j’ose espérer, ainsi, qu’enfin, nous nous rapprochions enfin  de la sagesse de Neandertal 🙂

AH ! Je ne sais pas pour vous… mais de mon côté, il me tarde enfin de retrouver un âge de pierre et d’inconscience. Avec de vrais chefs, des académies toujours fiables, une vraie vie, quoi 🙂

Rémy BOIRON”

Lettre de Rémy : “Enfin un peu de vérité”

Rémy, qui si tout de passe bien d’ici là, commencera ce mois de janvier une résidence jusqu’au mois de juin 2021 avec les enfants des Maisons, avec pour projet la constitution d’une “brigade poétique” – collectif d’enfants volontaires pour tchatcher dans les rues du Boulonnais avec les passants à propos du thème de notre saison.

Rémy nous envoie un avant-goût de ces inspirations, intitulé “Enfin un peu de vérité”.

Merci cher Rémy, au grand plaisir de te retrouver 🙂

Je viens de lire un article scientifique qui a enfin éclairci cette question qui me hantait depuis de longs jours : Pourquoi certains salons de toilettage pour chiens et chats sont-ils restés ouverts, alors que les salons de coiffure pour humains restaient fermés ? … Le secret tient au microscope : On peut y observer que le poil du canidé n’offre aucune adhérence aux ventouses du fameux virus, Alors que le cheveu humain, de par sa composition chimique dont je vous épargnerai la formule, y offre une inexplicable adhésion, forte de surcroît, capable de résister aux shampoings, produits de teinte, ciseaux, … Certes, on pourrait dire : il suffit que le coiffeur soit masqué. Et bien que nenni. Encore la science : Il a été prouvé et démontré que le virus pouvait se décrocher du cheveu du décérébré de poils … pour se glisser, sournois, dans les micros poils des oreilles du coupeur des dits. Et comme celui-ci ne dispose que d’un modeste masque de visage made in China (le petit pays qui nous a refilé la bestiole et qui fait du business avec aujourd’hui). Et comme il a été prouvé que 63,7824 % des contaminations passaient par les oreilles… Et sachant que chez un coiffeur, si on ne peut pas partager la crise économique, les misères du monde et surtout les potins locaux, … Avec un coiffeur sous casque, qui ne pourrait rien entendre ni comprendre, voire répondre n’importe quoi … Cela pourrait engendrer des malentendus graves, allant jusqu’au conflit, voire au pugilat, ou pire : au meurtre. Aussi, pour prendre soin de notre relation avec les coiffeurs, et prendre soin d’eux, l’Etat a choisi, avec un incommensurable courage de laisser des salons de toilettage animaliers ouverts, ainsi que des salons de coiffure.

Vive la science.

Rémy

P.S : et enfin un peu de vérité 🙂

Lettre de Rémy : “Premier jour de couvre-feu”

Rémy, qui si tout de passe bien d’ici là, commencera ce mois de janvier une résidence jusqu’au mois de juin 2021 avec les enfants des Maisons, avec pour projet la constitution d’une “brigade poétique” – collectif d’enfants volontaires pour tchatcher dans les rues du Boulonnais avec les passants à propos du thème de notre saison.

Rémy nous envoie un avant-goût de ces inspirations, intitulé “Premier jour de couvre-feu”.

Merci cher Rémy, au grand plaisir de te retrouver 🙂

Premier soir de couvre-feu, ce 15 décembre 2020, année bien vingt de vain, où on attend toujours le devin. Bref. Il est 20h30. Je suis à la fenêtre de ma cuisine, qui donne sur la rue. Je guette, je veille que chacun respecte bien ce fichu couvre-feu, que je ne sois pas le seul à m’ennuyer à m’enfermer chez moi. Bref, je m’occupe.

Tout est calme. Bon.

20h46 : je distingue un bruit de moteur au lointain. Le bruit se rapproche, et j’en aperçois la source : une voiture, avec trois individus à bord !

Ni une, ni deux, je sors et me précipite à sa rencontre. Me voici à trois mètres, en face du bolide.

« Halte ! ». La voiture s’arrête. Vitres fermées, moteur toujours allumé.

J’ose un : « Que faites-vous dehors à cette heure ? C’est interdit ! Il y a un couvre-feu ! 

  1. SIlugilindelie ! 
  2. Pardon ? Articulez !
  3. C’est la gendarmerie !
  4. … Dans une voiture banalisée ?
  5. Gli !
  6. Pardon ?
  7. Oui
  8. Mais vous n’avez rien à faire dehors à cette heure, c’est interdit !
  9. Oucoutoule
  10. Pardon ?
  11. On contrôle !
  12. Mais contrôle ou pas, vous êtes hors la loi !
  13. Ménisoumli foucpulic !
  14. Articulez !
  15. Mais nous sommes la force publique !
  16. Et alors ? Vous coupez le moteur, vous descendez lentement de la voiture, vous posez vos papiers sur le capot, et mains sur la nuque
  17. Mi ni, siniqui replisenta laoi !
  18. Coupez le moteur !
  19. (ils coupent le moteur) Mais non, c’est nous qui représentons la loi !
  20. Pardon ? Vous vous moquez de moi ? Vous êtes dehors, en plein couvre-feu, et vous représentez la loi ? Ben quel exemple…
  21. C’est notre travail.  Vos papiers !
  22. Ah pardon, vos papiers, je l’ai dit le premier. Et c’est à cause de gens comme vous que je suis dehors à cette heure.
  23. Ah non, monsieur ! Nous, c’est notre travail !
  24. Et on vous paie pour être hors la loi ? Avec nos impôts ? Eh bien, c’est du propre… vous avez une attestation professionnelle ?
  25. Oui
  26. Montrez –moi ça !
  27. Mais…
  28. Il n’y a pas de mais qui tienne. Allez hop, posez votre attestation sur le capot, et mains derrière la nuque.
  29. Mais vous êtes fou !
  30. Attention ! Pas d’insulte ! Outrage à citoyen ordinaire dans l’exercice de ses fonctions, cela peut vous coûter cher !
  31. Mais…
  32. Il n’y a pas de mais qui tienne !! Moi, je contrôle bénévolement, je me sacrifie, et vous me cherchez des noises ? Quelle honte, mais quelle honte !

Allez, reprenez vos papiers, et circulez, allez. Rentrez chez vous, je ne veux plus vous voir. Quelle honte… Des gendarmes, assermentés, représentants de la loi… hors la loi… Je ferai un rapport ! Allez, circulez !

Rémy BOIRON