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Des gardiens d’enfance

Article de Florence PÉCRIAUX

Visualiser cette article sur : La semaine dans le Boulonnais

La danse, le cirque, le sport, la musique, les voyages, la culture pour panser l’enfance blessée : c’est la philosophie des maisons des enfants de la Côte d’Opale.

 

Au-delà de la prise en charge des enfants qui leur sont confiés par la justice, les maisons des enfants se veulent partie prenante de la société. Une série d’actions est organisée, dans le cadre des projets impliquant les enfants, comme la collecte des objets d’enfance.

Pas facile de laisser son premier nounours ou sa première poupée, de confier sa voiture miniature préférée. Mais c’est promis : l’objet d’enfance sera très soigneusement conservé. L’enfance comme un précieux patrimoine : c’est l’idée de cette étonnante proposition des maisons des enfants de la marine.

Une façon aussi d’ouvrir ces maisons, de rappeler que ceux qui y vivent font partie de la société, de la ville, de la communauté, de créer un pont entre eux et les Boulonnais. Il sera proposé aux propriétaires des objets d’enfance de venir voir comment leur ‘ don ‘ est gardé. « Rendez-vous dans 20 ans », lance Eric Legros, directeur des maisons des enfants.. « Ils seront soigneusement conservés dans des meubles prévus à cet effet », indique Sandra Jerusalmi, chargée de la coordination du projet des Journées d’Enfance.

Au-delà de la collecte en elle-même, il s’agit de mettre en avant « l’aventure de la vie », comme s’intitule le projet à long terme porté par les maisons. Laisser trace de son passage, c’est une notion forte pour les enfants de ces maisons comme pour le déjeuner sous l’herbe qui avait eu lieu en 2010.

L’idée : organiser un grand déjeuner dans un périmètre creusé y laisser tout ce qui aura participé au déjeuner et revenir 20 ans plus tard voir ce qui reste. De la même façon, « Les personnes qui donneront leur objet d’enfance seront invitées à donner un témoignage, à expliquer ce qu’il représente pour eux, une anecdote, un peu de leur histoire. » Rendez-vous est donc donné à tous ceux qui ont envie de s’impliquer à la roulotte reconstituée par l’équipe pédagogique des maisons.

 

Des artistes de renom

En parallèle, toujours dans le projet ‘l’aventure de la vie’, les enfants travaillent avec des artistes comme Arnold T pour la musique, Ulrike Müller pour la danse, Véronique Merlier et Béatrice Conet pour le cirque, Christophe Luyche pour le sport, sous la houlette du metteur en scène François Roy. La marraine artistique des maisons est Corine Marienneau, bassiste du groupe Téléphone. Elle vient régulièrement travailler avec les enfants. Des moments forts de rencontre et de partage. En ligne de mire, un spectacle sera présenté. « Le thème est celui des mythes : le spectacle portera sur celui d’Herakles, comme force de la nature. » Ce sera le 30 juin, au Carré Sam.

Autre projet autour du kayak, avec le BCK et Didier Hoyer. Le dépassement de soi, une valeur olympique que l’équipe des maisons veut transmettre aux jeunes de la maison des découvreurs. Les journées de l’enfance commenceront par une traversée en pirogue du grand site des deux caps. Les jeunes partiront de Sangatte pour arriver sur la plage de Boulogne. Ce sera le 28 juin.

Bien d’autres rendez-vous sont prévus, notamment un colloque sur la notion du temps, des projections de films.

 

Florence PÉCRIAUX

 

« L’enfance et les objets d’enfance représentent un précieux patrimoine »

Corinne, ex-Téléphone, répond toujours à l’appel des enfants

LE VISAGE DE L’ACTUALITÉ

 En toute discrétion et en toute simplicité, Corinne, bassiste du groupe Téléphone, vient de passer deux jours à Outreau, au sein de la Maison des Enfants de la Côte d’Opale. Elle a répondu à l’invitation de Joseph Bako, chef de service éducatif, chargé de la maison de la musique.

Pour les enfants qu’elle accompagne depuis deux jours dans cette maison des enfants de la Côte d’Opale, Corinne est juste une professionnelle de la musique. Sans doute importante, pensent-ils, parce que les « grands » ont l’air sur un petit nuage depuis son arrivée… La bassiste qui travaille avec eux sur un projet de composition musicale est pourtant une star, elle a même fait rêver tout une génération à l’époque où le rock français se résumait au répertoire efficace de Téléphone. « Je ne crois pas que les enfants me connaissent, en tout cas, il n’y font pas référence du tout » explique Corinne qui, de toute façon, n’est pas venue passer le week-end à Outreau pour jouer les stars. « Je suis ici dans une structure d’aide sociale à l’enfance. Aide et enfance sont deux mots essentiels pour moi. Le projet de Joseph m’a plu : utiliser la musique pour guider ces enfants vers quelquechose de meilleur, j’adhère totalement à cela. Ce sont des enfants qui ont souffert. La démarche d’utiliser la culture, et en l’occurrence la musique, pour leur trouver un autre chemin, c’est une belle idée. » La musique, comment Corinne la vit-elle maintenant au quotidien ? « Professionnellement, évidemment, c’est moins visible pour moi. Il y a des choses qui me manquent : travailler en groupe, être sur scène, partager le résultat d’un travail… ».

Malgré ce manque, Corinne n’a pas pris le chemin que d’autres anciens du groupe ont pu suivre, comme Louis Bertignac avec la nouvelle émission star de TF1, « The Voice ». « Chacun fait comme il veut, mais pour parler de manière déontologique, ce sont des projets basés sur la compétition, le jugement et l’élimination, trois concepts qui m’ont gâché la vie quand j’étais enfant, et même après. Ce sont des concepts toxiques pour l’avenir et l’évolution de l’humanité. »A mille lieues de ces autres mondes dont elle ne rêve pas, Corinne ne se contente pas de respecter des principes forts, elle se les applique aussi. Ainsi, pour ce week-end de travail avec les enfants, elle n’a pas demandé un euro à ceux qui l’ont sollicitée…

Avant de rejoindre son groupe de petits musiciens, elle répond, sans doute pour la 673e fois ( !) à la fameuse question sur la reformation du groupe Telephone. « Je suis pour une reformation et farouchement contre une déformation du groupe ». Pour elle, remonter sur scène serait « une bonne manière de mettre un point final et de dire au revoir, parce qu’on n’a pas dit au revoir ! Toutes les rumeurs que l’on a pu entendre sur le sujet n’étaient pas fondées. Certains journalistes ont été complices des fausses informations qui ont circulé à une époque. Je n’ai pas du tout envie de faire un nouvel album mais j’aimerais bien faire une tournée d’adieu pour dire «voilà ce qu’était Téléphone».

PAR PATRICIA NOËL

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Plus de photos sur : Le Blog de la maison de la Musique

 

L’avenir ne demande qu’à germer

Une opération originale à la maison des enfants de la Côte d’Opale

 L’ex foyer des enfants de la marine aujourd’hui devenu maison des enfants de la Côte d’Opale aide les enfants qui lui sont confiés à se saisir de leur avenir. Pour les aider, un voyage, une collecte de graines, la possibilité de se projeter dans le futur

 Comment une graine recueillie dans le désert marocain, sans eau, sans une terre fertile, peut donner une magnifique plante, comment un jeune qui a connu une enfance difficile peut lui aussi avoir un avenir florissant : c’est l’un des messages de l’opération “Les jardiniers du monde”.
Ils ont entre 6 et 18 voire 21 ans. Avec la maison des enfants de la Côte d’Opale, ils sont une soixantaine à vivre cette aventure. Par groupe, ils sont allés en Espagne, en Croatie, au Maroc, au Portugal. Leur mission, outre le voyage et la découverte : ramener des graines d’espèces végétales spécifiques à la région.

 Voyage formateur

Rendez-vous était donné vendredi dernier, pour une grande rencontre, une grande fête. Les coups de klaxon, les drapeaux brandis les cris de joie donnaient le ton de cette belle journée. Après la photo de groupe, était venu le temps de la collecte. De façon très sérieuse, chaque sorte de graine était collectée, placée soigneusement dans un petit sac de papier, étiqueté avec le nom de l’espèce, son origine, puis placé avec une certaine solennité dans un meuble, et pas n’importe quel meuble. Il est l’oeuvre de Manon et Edouard Vincent qui forment Emdesign. Le couple de designers connaît très bien la structure pour avoir accompagné les jeunes dans des camps et pour d’autres activités. « L’idée était de créer un meuble spécifique pour recueillir ces graines. La forme de l’hélice de l’ADN met en avant l’idée selon laquelle tout cela fait partie de la chaîne de la vie. » Le couple a travaillé bénévolement pendant deux ans pour le mettre au point et le réaliser. « La difficulté, c’est l’hygrométrie : il faut que les graines vieillissent sans moisir. » Pour les jeunes, le retour est un moment de fête. Steeve, 11 ans, est allé au Maroc. « C’était très beau, confie-t-il timidement. On a récolté les graines dans des jardins. Pour certaines sortes, on ne connaît que le mot berbère. Il faut chercher le nom français. » Florian, 9 ans, Quentin 12 ans et Steven 7 ans ont adoré l’Espagne. Ils n’oublieront jamais leur rencontre avec le cousin de Maradona, ni la nuit à la belle étoile ou encore la piscine, les soirées pizza, le feu d’artifice. Boris, 14 ans et Brian 17 ans étaient eux au Portugal. « Je me souviendrai des paysages. C’était vraiment beau », explique Boris. Ensemble, ils énumèrent : le cirque de Gavarny ou les cascades…

Des repères

Les jeunes reviennent des souvenirs plein la tête, mais aussi heureux de retrouver leurs repères. « Avec le meuble et les graines qui y seront conservées, ils peuvent revenir quand ils veulent. Une manière de créer un repère, de garder trace de ce qu’ils ont vécu, conclut Eric Legros, directeur du lieu. Les enfants comprendront peut-être un jour prochain ou bien plus tard tout ce que ce voyage et cette démarche leur aura apporté. C’est un travail de longue haleine. On sème pour récolter plus tard. »

 Florence PÉCRIAUX

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