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Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 9 janvier 2015

Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique de l’association
« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Boulogne-sur-mer
9 janvier 2015

Emmanuel Paris

Présents :

Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Marie-Laure Camus, représentante des enfants et des jeunes de l’association
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1
Philippe Hazelart, président de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Eric Legros, directeur de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale», secrétaire du Conseil scientifique
Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre
Danielle Maerten, membre du Conseil scientifique de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes
Patrick Miquel, directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil Général du Pas-de-Calais
Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale», coordinateur du Conseil scientifique
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED
Noël Quéré, membre du Conseil d’administration de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale», président du Conseil scientifique de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Annick Traguardi, représentante du personnel de l’association

Excusés :

Christine Brognart, membre du Conseil d’administration de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2
Philippe Sénéchal, membre du Conseil d’administration de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»
Bernard Waclawski, membre du Conseil d’administration de l’association «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale»

Invité :

Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental

Ouverture de la cinquième séance du conseil scientifique par son président, M. Noel Quéré.

Julien Kleszczowski, doctorant en gestion, Ecole Polytechnique, a informé Emmanuel Paris de sa difficulté à concilier ses obligations professionnelles respectives avec une présence active dans le cadre du Conseil scientifique. En accord avec la charte du Conseil scientifique, M. Julien Kleszczowski présente sa démission de l’instance, et propose de recommander une ou un chercheur pour le remplacer, travaillant sur les mêmes thèmes d’études et de recherches.

I. Inauguration de la séance par M. Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental :

Les membres du Conseil scientifique se présentent auprès de M. Delevoye, invité de cette séance.

M. Delevoye remercie M. Quéré, président du Conseil scientifique, pour cette invitation à participer aux travaux de l’instance et explique à ses membres les raisons de sa venue. Les travaux du Conseil scientifique revêtent un haut intérêt pour l’institution qui l’accueille ce jour, mais plus encore pour la collectivité nationale en ce qu’il place l’enfant au cœur d’études et de recherches pluridisciplinaires. Jean-Paul Delevoye cite en exemple et à ce propos l’émergence d’études neuroscientifiques sur les enfants âgés de 0 à 3 ans, montrant combien la sécurisation de l’environnement familial configure durablement les capacités cognitives de l’enfant dès son plus jeune âge, et participe de son épanouissement dans la société durant le cours de sa vie.

M. Delevoye précise que cet épanouissement ne dépendra évidemment pas des seules dispositions cognitives du cerveau de l’enfant, vivant ses premières années dans un cadre familial particulièrement sécurisant, mais aussi de la capacité de la société à lui proposer régulièrement et systématiquement des dispositifs d’éveil au monde. Jean-Paul Delevoye voit dans cette articulation profonde entre recherches scientifiques pluridisciplinaires et politiques institutionnelles l’une des conditions d’efficacité des actions menées en faveur de l’enfant dans notre société.
M. Delevoye précise que l’un des enjeux de développement est, à cet égard, une plus grande intégration par l’Education nationale des dispositifs innovants issus des études et recherches scientifiques.

M. Eric Legros informe les membres du Conseil scientifique et M. Delevoye que le colloque organisé chaque année par l’institution dans le cadre de son festival «Les Journées d’Enfance» accueillera le 3 juillet 2015 le neurologue Pierre Lemarquis, auteur de l’ouvrage Portrait du cerveau en artiste, tant son travail permet d’éclairer les effets sur le cerveau d’une stimulation par les activités artistiques et culturelles, soit la politique privilégiée par Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale à l’attention des enfants et les jeunes.

II. Présentation rétrospective de la saison culturelle 2014-2015 :

M. Emmanuel Paris informe les membres du Conseil scientifique des premiers mois de la saison culturelle.

Trois castings de cinéma ont permis aux enfants de présenter aux professionnels de l’image leur expressivité et leur charisme dans le cadre de projets filmiques, et un séminaire d’écriture et de tournage audiovisuel a d’ores et déjà eu lieu avec des cinéastes. Les enfants du «Centre de jour» expérimentent un nouvel apprentissage mensuel en partenariat avec la radio locale Transat FM ; la conception et la réalisation de contenus radiophoniques pour diffusion sur notre Webradio : Happy culture.

Inaugurée comme chaque année à la mi-septembre, cette saison a, dès le 15 octobre 2014, accueilli un concert exceptionnel au Café théâtre Michel Lafond, espace culturel de l’institution, et retransmis par Radio classique : un récital piano/violoncelle proposé aux enfants et aux adultes par Marc Coppey et Aurélien Pontier. Le même jour commençait l’atelier archéologique mensuel organisé en partenariat avec l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), durant lequel les enfants et les jeunes construisent avec les archéologues des coracles, identifiés par les scientifiques comme parmi les plus anciens navires de l’humanité.

Chaque semaine ces derniers mois, une maîtresse de maison nouvellement retraitée, et une jeune d’une Maison de culture, ont inventorié des archives photographiques d’une des deux associations fondatrices : «Le Refuge Sainte-Anne», devenu par suite «Le Foyer Educatif de la Côte d’Opale». Cette relation de travail régulière entre deux personnes aux âges éloignés autour d’une même activité patrimoniale a été proposée par Claire Beugnet, dans la suite d’une expérimentation observée par M. Legros en Arménie au début des années 1990, et qui avait notamment inspiré le programme éducatif et culturel L’aventure de la vie, matrice de notre politique d’établissement. La volonté est, cette année, d’éprouver plus encore le lien intergénérationnel dans l’acte de création culturelle (la Maison vive inaugure des visites en atelier dans des maisons de retraite du territoire, la résidence d’artiste co-produite avec la DRAC Nord Pas-de-Calais vient de commencer, avec un artiste sexagénaire), tant il permet à l’enfant à la fois de se décentrer de son ego, et de découvrir en la personne d’un autre âge des catégories d’émotions qu’il ne connaît pas et qui lui apprennent du monde dans lequel il vit.

Le 30 octobre 2014, les enfants du «Centre de jour» ont proposé au public de la salle de spectacle boulonnaise «La Faïencerie» une représentation théâtrale d’une œuvre écrite avec leurs éducateurs et leur professeur d’atelier théâtre : La valeur des mots, dans le cadre d’une journée organisée par le Conseil Général du Pas-de-Calais pour honorer la journée internationale des droits de l’enfant.

Le 20 novembre 2014, les Maisons de culture de l’institution ont animé tout au long de la journée le Musée de Boulogne-sur-mer, dans le cadre d’une convention annuelle de partenariat exclusive signée avec cette institution muséale et la mairie. Ces animations (exposition arts plastiques, chorégraphies, concerts, démonstrations d’archéologie expérimentale et activité sportive) ont été spécialement conçues et réalisées, en à peine deux mois, par les enfants avec leur professeur d’atelier, et au sujet d’un thème demandé par le Musée : un dialogue avec les masques Sugpiak d’Alaska exposés en son sein. Cette réactivité a notamment été rendue possible par la création au sein de l’institution de comités de pilotage thématiques, composés de représentants des enfants, des personnels de l’institution et des institutions culturelles partenaires. La participation obligatoire des enfants et des jeunes aux ateliers artistiques et culturels bi-hebdomadaires de leur Maison de culture a sans aucun doute joué aussi un rôle facilitant une telle entreprise.

M. Eric Legros insiste sur l’efficacité des outils mis en place, permettant désormais d’instituer les enfants et les jeunes acteurs culturels du territoire, et ce y compris dans des projets aux contraintes élevées (en l’espèce s’agissant des masques d’Alaska : temps restreint, découverte et apprentissage d’un thème exotique).
M. Legros propose un second exemple de cette imprégnation de la culture comme levier éducatif dans le corps institutionnel des Maisons des Enfants de la Côte d’Opale. Un jeune, arrivant à l’âge de sa majorité et peinant à formuler son désir de métier, offre à un archéologue animateur de l’atelier «coracles» dont M. Emmanuel Paris vient de parler, des fossiles qu’il a trouvés lors de ses promenades aux pieds des falaises du boulonnais. Le soir même, cet archéologue raconte cette offrande à M. Legros, qui lui explique la perplexité du jeune à envisager une activité professionnelle dans les prochaines années. L’archéologue explique connaître au Maroc un paléontologue réputé, fouillant dans les déserts sahariens en recherche de squelettes d’animaux ancestraux. Le lien entre le jeune et ce paléontologue se crée rapidement par l’entremise de M. Legros et de l’archéologue ; le jeune effectue depuis plusieurs semaines au stage dans le laboratoire marocain du paléontologue, et participe aux fouilles.

III. Retour sur les débats parlementaires en cours à propos de la loi de 2007, portant réforme à propos de la protection de l’enfance :

M. Eric Legros, dans la prolongation de la lettre du directeur dont il est auteur et qui vient d’être publiée, présente aux membres du Conseil scientifique quelques réflexions sur les débats parlementaires actuellement en cours au sujet de la réforme de la loi de 2007 portant réforme à propos de la protection de l’enfance. Parmi les points en discussion au Sénat, M. Legros relève la nécessité d’inventer de nouvelles façons de se lier aux parents des enfants placés en institution, avec pour finalité un travail collaboratif qui sache offrir à l’enfant un cadre affectif sécurisé. M. Legros cite pour illustrer ce thème de la nouvelle alliance entre parents, enfant et institution le cas récent d’une rencontre réalisée aux côtés de Madame Beugnet, avec la mère d’un enfant placé dans l’institution.

Madame, depuis quelques temps, téléphonait régulièrement à la Maison de culture dans laquelle vit l’enfant, pour dire, à tort, qu’elle venait de bénéficier d’un droit de rencontre régulier avec son fils accordé par le juge, et réclamait par conséquence de le voir dans les plus brefs délais. Une tension commençait à se faire naître, et Eric Legros et Claire Beugnet ont estimé qu’il était temps d’organiser une réunion avec Madame. Dès les débuts de la réunion, il a été expliqué à Madame que sa place de mère était respectée à tout instant de la vie vécu par l’enfant dans l’institution, et lui était régulièrement exprimée. Cette introduction sur l’organisation des places éducatives, avec une prééminence symbolique réservée à Madame, mais qui est nécessairement subordonnée à une absence du lieu de vie de l’enfant, a facilité les échanges lors de cette réunion. Il n’y a pas eu de rupture entre Madame et l’institution, et les voies du dialogue ont pu être trouvées rapidement par la mobilisation de la symbolique des places dans la filiation.
M. Legros souligne à la suite de cet exemple que la montée en puissance de nouveaux dispositifs pour accompagner les enfants et les jeunes en placement doivent nécessairement équilibrer dans une perspective de long terme l’articulation entre famille et institution, afin d’offrir à l’enfant la stabilité nécessaire pour grandir.

M. Patrick Miquel approuve l’analyse de M. Legros et signale que le département du Pas-de-Calais lance l’expérimentation de nouveaux dispositifs. M. Miquel cite des outils notamment à l’attention des familles ayant des enfants âgés de 0 à 3 ans (les schémas territoriaux des services aux familles), ou le renforcement de la coordination du travail avec le rectorat de l’Education nationale (projets en parentalité, groupes d’échanges entre enseignants, personnels de la CAF, et autres parties prenantes de l’accompagnement de vie de l’enfant).

M. Jean-Paul Delevoye met en perspective ce renforcement des organisations ad hoc pour garantir la qualité du suivi personnalisé des parcours de vie des enfants. En Finlande, explique M. Delevoye, il existe par exemple des structures ouvertes 24 heures sur 24 pour accueillir les enfants et proposer des ateliers éducatifs.

M. Noel Quéré pose la question de savoir si, en France, la ressource financière est suffisante pour de tels dispositifs.

M. Jean-Paul Delevoye explique que la condition réside dans la capacité à faire muter les modèles économiques classiques de la politique de l’enfance afin de libérer de nouvelles marges de manœuvres pour financer ces dispositifs innovants.

Madame Danielle Maerten dit qu’en la matière, le volontarisme est premier.

Madame Anick Traguiardi souligne que cela pose aussi la nécessité de faire évoluer les représentations professionnelles du métier d’éducateur, et de valoriser dans la relation éducative avec l’enfant le «savoir aimer».

Monsieur Jean-Paul Delevoye dit que l’apprentissage de l’altérité, cette capacité à reconnaître en soi ce qui, dans la relation avec l’autre, a changé et fait évoluer la relation d’échange, est l’une des conditions de la réussite en matière éducative.

IV. Présentation d’actions/recherches organisées cette saison culturelle en nos Maisons :

M. Emmanuel Paris annonce le lancement de deux enquêtes scientifiques proposées d’une part par Fleur Guy et Claire Oger, et, d’autre part, par Olivier Martin et Elsa Ramos. M. Paris remercie les membres du Conseil scientifique pour ces initiatives, ainsi que les présidents de l’institution et du Conseil scientifique pour la bienveillance avec laquelle ils ont considéré le temps long de préparation inhérent à de telles activités de recherches.
M. Paris souligne qu’en l’espèce, les deux premières années d’activité du Conseil scientifique ont été nécessaires pour consolider les relations de travail et de réflexion entre enfants et jeunes de l’institution, chercheurs du Conseil, et les personnels. C’est tout à l’honneur de l’institution, dit M. Paris, que d’avoir accepté ce temps de latence incontournable pour toutes actions / recherches visant pertinence et opérationnalité.

Madame Claire Oger présente l’enquête conçue avec Fleur Guy au sujet des espaces appropriés, nommés et décrits par les enfants et les jeunes de l’institution dans leur représentation du territoire vécu.
La question fondamentale motivant cette enquête, formule Madame Oger, pourrait être dite ainsi : «Qu’est-ce qu’«habiter» les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale du point de vue des enfants et des jeunes de cette institution ?». C’est donc, et par exemple, une étude focalisant sur les lieux inspirant aux enfants et jeunes un sentiment d’appartenance ou de rejet. Ce thème s’inscrit dans la prolongation des travaux d’études et de recherches menés par Madame Fleur Guy et Madame Oger.
La méthodologie déployée lors de cette enquête, explique Madame Oger, reposerait aussi bien sur des entretiens d’une à deux heures, que sur des entretiens itinérants, lors de déplacements dans le territoire avec l’enfant et son éducateur référent.

Madame Anick Traguiardi agrée la pertinence d’une telle étude, et se demande si celle-ci devrait, pour être appropriée par les enfants et les jeunes, être basée sur le volontariat ou la participation à caractère obligatoire.

M. Arnaud Le Marchand approuve le principe d’une telle action / recherche, et propose que l’observation et l’analyse des parcours dans le territoire ne se limite pas aux déplacements dits «routiniers», mais essaye aussi d’étudier les trajets «exploratoires».

M. Jean-Paul Delevoye approuve cet intérêt pour une telle dichotomie et relève qu’une analyse symétrique des lieux conçus par les enfants et les jeunes comme relevant de l’enfermement ou de la libération serait judicieuse.

Madame Claire Oger propose que ces dialectiques «routine» / «exploration», «enfermement» / «libération» soient pensées à l’aune de la notion unificatrice de «socialisation institutionnelle».

Mademoiselle Marie-Laure Camus se dit très intéressée par cette action / recherche et signale qu’elle envisageait, en collaboration avec Madame Traguiardi, de lancer une étude ayant pour thème «se sentir bien dans son environnement social». Mademoiselle Camus demande la possibilité de participer avec Madame Traguiardi à la menée des études et recherches de Madame Fleur Guy et de Madame Claire Oger.
Mademoiselle Camus demande à Madame Oger s’il est envisagé dans cette enquête l’articulation entre carte collective et carte individuelle des lieux vécus par l’enfant.

Madame Oger répond positivement à la proposition de Mademoiselle Camus de travailler ensemble ainsi qu’avec Madame Traguiardi, et confirme la possibilité de générer des représentations spatiales et émotionnelles des lieux vécus aussi bien à titre individuel que collectif. Madame Oger cite en exemple les travaux menés par le laboratoire CRESSON, à Grenoble, portant sur la cartographie des ambiances ressenties dans la ville par ses habitants.

M. Emmanuel Paris reprend la question d’ordre méthodologique formulée par Madame Anick Traguiardi. Un refus de collaborer à cette enquête existe en effet dans l’hypothèse où la proposition faite aux enfants et les jeunes de l’institution est basée sur le seul volontariat.

M. Eric Legros reprend et approuve l’intérêt des thèmes de l’articulation entre «lieu d’enfermement» et «lieu de libération» proposée par M. Delevoye, et entre «déplacement routinier» et «déplacement exploratoire» proposé par M. Le Marchand.
M. Legros propose pour penser ces articulations l’hypothèse de l’identité clivée pour penser le rapport de l’enfant au territoire. M. Legros cite, pour illustrer cette notion, un enfant qui, récemment, manifestait un comportement signifiant son incapacité à accepter les règles de vie instaurées au sein de notre institution. L’alliance nouée de longue date par l’institution avec la famille d’accueil de cet enfant a permis de penser à bon escient pour lui ce moment charnière. C’est avec l’accord de cette famille d’accueil, au terme d’une séquence de discussions régulières, qu’un scénario éducatif a été reformulé, aux fins de pérenniser son bonheur de vivre et son grandissement en société. L’enfant, vivant de longue date dans l’institution, est dorénavant dans cette famille d’accueil, apaisé et disposé à reprendre ses études, et c’est tout à l’honneur de la famille d’accueil, de l’enfant et de l’institution, d’avoir su trouver en ces moments mouvementés les modalités pratiques du nouveau sentiment d’appartenance que l’enfant exprimait par ses actes.

M. Noel Quéré demande à Madame Oger si la méthodologie qu’elle a mise en œuvre lors des entretiens itinérants pratiqués avec les élèves féminines Saint-Cyriennes faisant leur cursus à l’école militaire de Coëtquidan, peut être administrée de façon indifférenciée, aux filles et aux garçons.
M. Noel Quéré demande à Madame Oger si cette étude avec Madame Fleur Guy pourrait faire aussi un focus sur les enfants et les jeunes de l’institution qui restent en son sein, ou qui en partent.

Madame Oger explique les spécificités de son travail auprès des élèves Saint-Cyriennes. Madame Oger précise que les méthodologies d’enquête en Sciences Humaines et Sociales peuvent être réactualisées à mesure que les enquêtées et enquêtés expriment leurs représentations du monde lors des premiers entretiens. L’enquête de terrain, autrement dit, précise Madame Oger, peut intégrer de nouveaux thèmes à étudier en fonction de ce que le terrain donne à l’enquêtrice.

M. Francis Rembotte souligne l’utilité d’une telle action / recherche pour les personnels de l’institution, à propos de l’idée d’«habiter un lieu», qui est une problématique forte de la vie vécue en placement pour un enfant. La collaboration avec les équipes, la restitution des résultats d’un tel travail au long cours seront sans aucun doute, dit M. Rembotte, un facteur fondamental de la réussite cette enquête scientifique.

Madame Oger dit que ce travail en bonne entente et dans une volonté de co-construction avec la communauté éducative de l’institution est une des raisons profondes pour lesquelles les chercheurs du Conseil scientifique ont accepté au-delà des obligations de leurs obligations professionnelles respectives et à titre bénévole, d’agir au sein du Conseil scientifique.

M. Olivier Martin présente à son tour le thème et le protocole d’enquête qu’il propose de mener au sein de l’institution dans les prochains mois, avec sa collègue Elsa Ramos. Olivier Martin et Elsa Ramos sont collègues du laboratoire CERLIS .

M. Martin et Madame Ramos enquêteront auprès d’adultes, anciennement enfants placés au sein de l’institution, sur les conditions de vie, les représentations qu’invoquent ces adultes, pour dire et décrire les conditions pratiques de leur sentiment d’autonomisation.
M. Martin propose aux membres du Conseil scientifique de spécifier cette notion d’autonomie, qui relève du gouvernement de soi-même, par soi-même. M. Martin précise que selon cette acception, l’autonomie n’équivaut pas à l’indépendance. Il est en effet possible d’être indépendant financièrement (en disposant d’un logement, d’un salaire, des moyens matériels de vivre de façon indépendante) tout en ayant du mal à être autonome pour la conduite de sa situation financière (éprouver des difficultés à gérer son budget, à prendre des décisions, à faire des choix). L’autonomie n’est pas, autrement dit, synonyme d’indépendance et la conquête de l’indépendance n’est pas une condition suffisante à l’acquisition de l’autonomie (sur ce point, voir l’article de Madame Elsa Ramos).

Madame Anick Traguiardi confirme la pertinence de cette distinction conceptuelle entre autonomie et indépendance, et explique que le métier d’éducateur consiste notamment à penser l’enfant avec lequel il travaille en terme de culpabilité persistante, c’est-à-dire l’incapacité pour l’enfant de se défaire de l’histoire qu’il a vécue malgré les phases d’autonomisation qu’il réussit avec l’aide de l’éducateur.

M. Jean-Paul Delevoye propose d’inclure parmi les paramètres de cette action / recherche une étude spécifique sur le profil de la personne qualifiée d’«inspirante» par l’enquêté ou l’enquêtée, à savoir cette personnalité dont il est dit qu’elle a profondément modifier le cours de la vie pour l’adulte anciennement enfant placé en institution.
M. Delevoye valorise l’intérêt de savoir si, sur ce thème de la personne inspirante, la plupart des profils invoqués par les enquêtées et enquêtés s’inscrivent dans la séquence de leur vie correspondant au temps de leur placement. Est-ce une éducatrice ou un éducateur ? Est-ce un professeur d’atelier artistique et culturel de l’institution ?

M. Patrick Miquel approuve cette focalisation sur l’appartenance institutionnelle de la personne inspirante et signale aux membres du Conseil scientifique la menée d’une étude nationale actuellement en cours, et dont le département du Pas-de-Calais est notamment partie prenante : l’enquête ELAP (sur ce sujet, voir le compte-rendu de notre réunion du Conseil scientifique, le 11 octobre 2013).

Madame Claire Beugnet confirme l’intérêt d’ELAP et informe les membres du Conseil scientifique que des jeunes adultes, anciennement placés dans l’institution, participent à cette enquête.

M. Olivier Martin explicite les différences méthodologiques entre l’action / recherche menée avec Elsa Ramos au sein de notre institution, et l’enquête ELAP. Les enquêtés de cette étude scientifique seront sans aucun doute plus âgés que celles et ceux de l’échantillon travaillé par l’enquête ELAP, ce qui permettra de compléter ses enseignements quant à la fabrication de l’autonomisation, voire du sentiment d’indépendance, et ceci sur une durée plus longue.

M. Noel Quéré valorise l’intérêt d’une telle étude pour l’institution, et demande à M. Martin ce qui est envisagé pour que l’échantillon d’enquêtés puisse revêtir scientifiquement une valeur de représentativité.

M. Martin informe les membres du Conseil scientifique que cette étude se donne pour objectif d’atteindre la vingtaine d’enquêtés, ainsi que la volonté de symétriser les adultes anciennement enfants placés dans une situation de réussite sociale au moment de cette enquête, avec les adultes anciennement enfants placés dans une situation de difficulté.

Messieurs Francis Rembotte et Eric Legros proposent de participer à cette action / recherche, en permettant notamment à Madame Ramos et M. Martin de rencontrer des adultes ayant vécu bien plus jeunes en institution.

Madame Danielle Maerten approuve l’intérêt de s’intéresser à cette catégorie d’âges des quinquagénaires, ou des sexagénaires, qui ont vécu leur enfance dans les institutions ayant par suite fondé «Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale». Cela permettrait, dit Madame Maerten, de voir par exemple les effets de l’évolution d’une politique d’établissement sur le parcours des individus.

V. Questions ouvertes (points que les membres du Conseil scientifique voudraient discuter à l’occasion de cette réunion) :

M. Eric Parot informe les membres du Conseil scientifique des contenus mis en place les prochaines semaines dans le cadre du partenariat avec la Fondation SEED.
Les ateliers mensuels avec «Le Centre de Jour», précise M. Parot, verront dans les prochains mois un physicien, un chimiste et un électronicien de l’entreprise Schlumberger Ltd travailler en séance avec les enfants les jeunes le thème de la «gravité», c’est-à-dire l’une des acceptions du thème de la saison culturelle : «Ce qui nous tient».
Une restitution des apprentissages co-construits au Centre de Jour à l’occasion de ces ateliers SEED aura lieu au printemps 2015 devant les ingénieurs et les scientifiques de l’entreprise Schlumberger Ltd, dans son centre d’études et de recherches de Clamart, dans les Hauts-de-Seine.
M. Parot informe les membres du Conseil scientifique que le projet de créer un «Fab Lab Maisons des Enfants de la Côte d’Opale» en collaboration avec l’entreprise Schlumberger Ltd suit son cours, avec l’objectif d’y développer avec les enfants et les jeunes le robot miniature «cafard», avec l’autorisation de ses deux conceptrices : deux élèves du Lycée Louis-le-Grand à Paris, lauréates 2014 du concours «C’est génial».

M. Emmanuel Paris informe les membres du Conseil scientifique de la parution du nouvel ouvrage de M. Jean-Paul Demoule, qui par bien des aspects, permet de continuer de réfléchir au thème «Ce qui nous tient».
M. Demoule décrit les hypothèses et présupposés travaillés dans ce livre : la fabrication au fil des siècles d’une origine fantasmée de l’espace culturel qui serait le nôtre aujourd’hui, et que l’on a appelé par convention celui des «Indo-Européens».

M. Eric Legros informe les membres du Conseil scientifique que le repas organisé après cette réunion, au restaurant d’application de l’institution, accueille à la table les chefs de service des Maisons de culture, ainsi que les trois formateurs avec lesquels les chefs inaugurent le cycle 2015 de formations organisées en interne : messieurs François Roy, metteur en scène et acteur, Philippe Richard et Gérard Tonnelet, artistes amateurs et anciennement directeurs d’établissement spécialisé dans le champ de la protection de l’enfance.

Emmanuel Paris présente la date de la prochaine réunion du Conseil scientifique : le 24 avril 2015, de 10h à 13h.

M. Noel Quéré, président du Conseil scientifique, clôt cette quatrième réunion.

Conseil scientifique, réunion du 9 janvier 2015 avec comme invité exceptionnel Monsieur Jean-Paul Delevoye

Le conseil scientifique s’est réuni jeudi 9 janvier 2015 avec pour invité exceptionnel Monsieur Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique Social et Environnemental.

Cette réunion a officialisé le lancement de deux enquêtes scientifiques réalisées à partir du premier semestre 2015 par des chercheurs de notre conseil ainsi que la représentante des enfants et des jeunes de l’association. Ces enquêtes porteront pour l’une sur les espaces d’attachement des enfants et des jeunes dans le territoire de notre institution et pour l’autre sur les conditions d’émancipation de ses anciens enfants, devenus aujourd’hui adultes.

On trouvera le détail de cette réunion dans un compte-rendu prochainement mis en ligne sur notre site internet.

Veuillez découvrir quelques images prises dans notre restaurant d’application lors du repas après cette réunion :

Compte-rendu de la réunion du Conseil Scientifique du 2 juillet 2014

Compte-rendu de la réunion plénière du conseil scientifique de l’association

« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Boulogne-sur-mer

2 juillet 2014

Emmanuel Paris

Présents :

Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Marie-Laure Camus, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », représentante des enfants et des jeunes de l’association
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Emmanuelle Dehee, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », présidente de l’association la « Maison des Enfants de la Marine », membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Philippe Hazelart, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », membre du Conseil d’administration de l’association le « Foyer Educatif de la Côte d’Opale », membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », , membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », secrétaire du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Claire Oger, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », coordinateur du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Noël Quéré, président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »,
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Annick Traguardi, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », représentante des éducateurs et éducatrices de l’association

Excusés :

Fabrice Brutus, archéologue, responsable d’opération, Institut National de Recherches en Archéologie Préventive
Julien Kleszczowski, doctorant en gestion Ecole Polytechnique, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Patrick Miquel, directeur du service « Enfance famille », Conseil général du Pas-de-Calais, membre du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Etablissements culturels invités :

Institut National de Recherches en Archéologie Préventive :
Elisabeth Justome, chargée du développement culturel et communication région Nord Pas-de-Calais Picardie
Vincent Lascour, archéologue, responsable d’opération
Marion Lemaître, stagiaire auprès de la chargée du développement culturel et communication région Nord Pas-de-Calais Picardie

Fonds Régional d’Art Contemporain Nord Pas-de-Calais :
Elodie Condette, chargée des expositions et de la programmation in situ
Marion Monteuuis, chargée de médiation in situ
Matthieu Perret, assistant en coordination de projets

Musée de Boulogne-sur-Mer :
Céline Ramio, directrice
Sabine Chaillet, responsable du service des publics

Parc Naturel des Caps et Marais d’Opale :
Justin Savani, stagiaire, représentant Madame Delphine Panossian, chargée de mission valorisation des patrimoines

Invitée :

Dragana Jovanovic, stagiaire auprès de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Ouverture de la quatrième séance du conseil scientifique par son président. Cette réunion est une réunion plénière, c’est-à-dire qu’elle se déroule en présence de toutes personnes de la communauté éducative de l’association intéressées par les activités du conseil. Des enfants, des jeunes et des éducateurs assistent à cette séance.

I. Nomination de M. Noel Quéré, président du Conseil scientifique :

Sur proposition de M. Philippe Hazelart, nouvellement élu président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », M. Noel Quéré accepte de devenir président du Conseil scientifique de l’association.

II. Invitations du Conseil Scientifique pour cette séance du 2 juillet 2014 :

M. Quéré remercie les établissements culturels invités de leur présence.

M. Emmanuel Paris présente l’ordre du jour de cette réunion, dont la composition est très liée à la présence de ces institutions invitées. Il s’agit autrement dit, lors de cette réunion plénière, d’informer de la vitalité des liens que les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale entretiennent avec leur territoire culturel, avec le support du Conseil scientifique.

III. Présentation de la composition du Conseil Scientifique et des axes d’études et de recherches organisant son activité :

Emmanuel Paris propose aux membres du Conseil scientifique et aux invités de se présenter. Emmanuel Paris rappelle les axes établis lors de la première réunion du Conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du 27 juin 2013 », p. 3) et organisant ses activités d’études et de recherches :

La mise en visibilité des effets du programme culturel de l’établissement sur le parcours scolaire des futurs adultes ;
Mise en place d’un protocole de suivi longitudinal des parcours de vie des futurs adultes, une fois sortis de l’institution ;
Etude sur la sociabilité des futurs adultes ; les formats du vivre-ensemble entre futurs adultes, dans la relation avec les éducateurs, dans la vie de la Cité ;
Activités de prospective et de conseil pour accompagner le développement de la politique d’établissement de l’association « Les Maisons des Enfants de la côte d’Opale » en matière de politique éducative et culturelle.

C’est autour de ce quatrième axe que la réunion plénière est organisée ce 2 juillet ; il s’agit de dialoguer en présence de la communauté éducative de l’association, avec des établissements culturels qui désirent reconduire ou vont établir avec elle un partenariat dans le cadre de son programme culturel.

IV. Recherches / actions sur lesquelles le Conseil scientifique a travaillées depuis un an :

IV.A. L’enfant, acteur de la création culturelle (en présence du Fonds Régional d’Art Contemporain de la région Nord Pas-de-Calais et du Musée de Boulogne-sur-mer) :

Emmanuel Paris demande à Claire Oger et Eric Parot, membres du Conseil scientifique, de présenter les travaux en cours pour développer au sein du programme culturel un axe consacré à l’exposition.

Claire Oger et Eric Parot décrivent cette politique culturelle en direction du média exposition en insistant sur la notion de long terme. Les contenus et activités sont pensés pour s’inscrire dans un calendrier pluriannuel, avec pour chaque année des objectifs et des échéances bien identifiés.

Deux scénarii se dégagent, l’un portant sur l’exposition dont l’enfant est le commissaire (projet porté en partenariat avec le FRAC Nord-Pas de Calais), l’autre portant sur l’exposition auquel l’enfant contribue par sa propre production artistique (projet porté en partenariat avec le Musée de Boulogne-sur-mer).

Sabine Chaillet relève que les compétences attendues ne sont pas les mêmes selon ces scenarii ; le futur adulte doit par exemple, en tant que commissaire d’exposition réfléchir au choix des œuvres exposées, au budget assurances afférant, à la question des transports des œuvres pour rallier le site d’exposition. L’enfant créateur d’œuvres propose quant à lui des productions artistiques réalisées en ateliers, et qui intègrent le parcours d’exposition du Musée où se trouvent d’autres œuvres, réalisées par des adultes.

Sabine Chaillet observe par ailleurs que le rapprochement avec le FRAC à l’occasion de cette réflexion organisée par l’association incite aussi à réfléchir à la faisabilité d’articuler l’art premier (par exemple ; les masques du musée) et l’art contemporain (œuvres composant le fonds du FRAC), ce qui n’est pas aisé a priori.

La décision est prise par l’association et les partenaires de dissocier les deux activités expographiques cette année. Rendez-vous est pris dans les deux cas en septembre 2014, afin de préparer l’animation du musée le 20 novembre 2014 dans le cadre de la journée internationale des droits de l’enfant, et à moyen terme, des expositions développées respectivement dans le cadre de chaque partenariat au début de l’Eté 2015.
Le FRAC est prêt à accueillir en 2015 dans ses locaux de Dunkerque une exposition des enfants et des jeunes de l’institution, le Musée proposant d’organiser dans ses locaux une exposition à partir des masques de sa collection ethnographique et de ceux créés par les enfants et les jeunes de l’association.

Noel Quéré propose que soit envisagée en 2016 une exposition dans une des salles de l’hôtel de ville de Boulogne-sur-Mer, par exemple le salon d’honneur, ou au château (la salle comtale).

IV.B. L’enfant, acteur de l’apprentissage et de la circulation des savoirs (en présence de l’Institut National de Recherches en Archéologie Préventive) :

Emmanuel Paris demande à Jean-Paul Demoule, membre du Conseil scientifique, de présenter l’institution qu’il a contribué à créer : l’INRAP, et le rôle qu’elle joue dans l’activité scientifique du programme culturel de l’association.

L’archéologie est une métaphore de l’histoire individuelle de chaque être humain ; elle permet de renouer régulièrement avec son passé, avec la vie vécue par des personnes avant soi dont on découvre la proximité ou l’étrangeté. L’archéologie travaille des thèmes tels la mémoire, les traces de soi ; c’est une science qui prend toute sa place dans le travail éducatif mené chaque jour au sein de l’association, lequel questionne régulièrement avec l’enfant le thème de la filiation.

Elisabeth Justome décrit les ateliers réalisés par Fabrice Brutus depuis deux ans avec les enfants et les jeunes de l’institution :
Méthodologie du travail de l’archéologue (relevé topographique du site du « petit déjeuner sous l’herbe ») ;
Présentation de l’archéologie et de ses disciplines,
L’objet dans le sol et ce qu’il manifeste de l’environnement dans lequel nous vivons ;
L’archéologie expérimentale comme forme pédagogique ludo-éducative (fabrique de facs similés d’armes de jet préhistoriques et apprentissage de l’art de les manier lors de compétitions internationales organisées en différents endroits de l’hexagone).

Elisabeth Justome explicite les axes de travail sur lesquels l’INRAP oriente désormais son activité de médiation culturelle : ateliers en milieu scolaire, périscolaire et hors scolaire. L’activité de médiation se focalise donc particulièrement sur la figure de l’enfant, avec une prédilection pour des territoires ruraux et périurbains qui peuvent être éloignés des établissements muséaux.

Une nouvelle convention annuelle avec l’INRAP va être signée, doublant le volume horaire annualisé des ateliers archéologiques organisés au sein de l’association durant sa saison culturelle. Un second intervenant, Vincent Lascour, va animer ces ateliers aux côtés de Fabrice Brutus.

Claire Beugnet rappelle une proposition de Fabrice Brutus pour redémarrer une nouvelle saison d’interventions de l’INRAP au sein de l’institution : donner une conférence sur l’archéologie lors du mois de septembre 2014, dans le cadre des « Conférences du jeudi ».

IV. C. L’enfant, acteur de mémoire vivante (en présence du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale) :

Emmanuel Paris demande à Justin Savani de présenter l’activité du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale à propos du patrimoine immatériel du territoire.

Justin Savani décrit le programme « collecteur de mémoires », piloté depuis trois ans par le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale. Des formations à la collecte de témoignages ainsi qu’à leur valorisation auprès du grand public ont été organisées auprès de membres d’association, de retraités, et de toutes personnes désireuses de participer à la valorisation des traditions et des paysages du territoire allant du début des Flandres jusqu’au boulonnais. Ces formations ont été assurées par un ethnologue de l’équipe du Musée d’Ethnologie Régionale de Béthune et les résultats de ces enquêtes mémorielles commencent à être médiatisés, comme par exemple ici :

http://pci.hypotheses.org/1218

Emmanuel Paris présente un travail de recherche et développement en cours, portant sur la numérisation et la mise en visibilité des archives des trois associations (Le « Foyer Educatif de la Côte d’Opale », la « Maison des Enfants de la Marine », « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ») sur le site internet de l’institution :

http://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/histoire-de-notre-institution/

et

http://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/notre-association/a-notre-association/

Cette préfiguration d’un travail mémoriel organisé dans le cadre du programme culturel de l’institution intègre le programme « collecteur de mémoires ». Des formations seront organisées auprès des personnels et des enfants et jeunes de l’association pour mettre en patrimoine l’enfance dans le boulonnais, et l’histoire des gens de mer de ce territoire via l’histoire longue des associations « Foyer Educatif de la Côte d’Opale » et « Maison des Enfants de la Marine ».

V. Préparation de la saison culturelle 2014-2015 :

V.a. Réflexions et analyses sur le thème de la saison à venir : « Ce qui nous tient debout » :

Eric Legros présente les réflexions ayant mené à proposer ce thème, en mettant notamment l’insistance sur la notion de filiation.
La formulation du thème est pensée de manière à ce que les membres de la communauté éducative de l’institution puissent se l’approprier et proposer, au fil de leurs activités culturelles, des acceptions. Toutes les propositions pour agrémenter ce thème sont, autrement dit, bienvenues.

Noel Quéré recommande que de nouveaux outils soient créés pour améliorer la symbiose entre le Conseil d’administration et le Conseil scientifique. Un texte d’une page maximum informant de l’état d’avancement des travaux du Conseil scientifique, diffusé après chaque réunion auprès du Conseil d’administration, serait l’un de ces outils.

Philippe Hazelart recommande qu’une réunion réunissant le Conseil scientifique et le Conseil d’administration soit prochainement organisée.

Claire Oger propose que des petits textes de cinq lignes maximum soient rédigés pour chacun des axes de partenariats culturels présentés aujourd’hui.

Eric Legros recommande que des comités de pilotage correspondant à chacun de ces axes, dirigés par les chefs de service de l’association intéressés par leurs contenus culturels et les expérimentations pédagogiques en relevant, soient créés rapidement au sein de l’association.

Fleur Guy propose que, sur le modèle des compte-rendu ethnographiques, des petits textes décrivant des scènes de la vie quotidienne dans les maisons de culture circulent dans l’espace associatif.

V.b. Information sur la participation de M. Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental à une réunion du Conseil scientifique durant la saison culturelle 2014-2015 :

Emmanuel Paris présente la date de la prochaine réunion du Conseil scientifique : le 10 octobre 2014, de 10h à 13h.

Emmanuel Paris informe par ailleurs le conseil scientifique de la venue du président du Conseil Economique, Social et Environnemental, M. Jean-Paul Delevoye.

Initialement prévue le 10 octobre, la venue de M. Delevoye aura lieu lors de la réunion de l’instance programmée le 9 janvier 2015 ou le 24 avril 2015 (la date sera confirmée à la fin de l’année civile par le cabinet de M. Delevoye).

Pour mémoire, M. Delevoye a accepté de parrainer depuis sa création en 2012 les « Journées d’Enfance », festival de plusieurs jours organisé dans la Cité par l’institution. Un entretien filmé entre M. Legros et M. Delevoye est par exemple réalisé chaque année pour composer le programme du colloque, l’une des animations du festival :

http://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/trame-dentretien-jean-paul-delevoye-eric-legros-bapaume-5-mai-2014/

 

M. Noel Quéré, président du Conseil scientifique, clôt cette quatrième réunion.

 

 

Film de l’entretien de Messieurs Delevoye et Legros sur le thème de la valeur, 5 mai 2014.

Nous mettons en ligne la vidéo qui résulte de l’entretien que monsieur Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental, a accordé à monsieur Legros, directeur de l’association, dans le cadre de la préparation des Journées d’Enfance 2014.
Cette vidéo a été diffusée en ouverture du Colloque “Reconnaissances” le 3 juillet 2014.

Compte-rendu de la réunion du Conseil Scientifique du 11 avril 2014

Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique de l’association
« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Boulogne-sur-mer
11 avril 2014

Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique

Présents :

Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Marie-Laure Camus, représentante des enfants et des jeunes de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Jean Deblock, président de l’association « Le Regain »
Dominique Demory, directeur général de l’association « Accueil et Relais »
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1
Philippe Hazelart, membre du conseil d’administration, vice-président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Patrick Legrand, chef de service de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », secrétaire du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre (participation à la réunion via liaison Skype)
Patrick Miquel, directeur du service « Enfance famille », Conseil général du Pas-de-Calais
Claire Oger, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED
Noël Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Francis Rembotte, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Thierry Smague, directeur de l’association « Le Regain »
Annick Traguardi, représentante des éducateurs et éducatrices de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Excusés :

Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2
Julien Kleszczowski, doctorant en gestion Ecole Polytechnique
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes

Pièces jointes :
« Echec et retard scolaire des enfants hébergés par l’aide sociale à l’enfance »
« Enquête donne moi de tes nouvelles… Annick Traguardi »
« Réflexions autour du service Donne moi de tes nouvelles Julien Kleszczowski »

Ouverture de la troisième séance du conseil scientifique par son président.

I. Démission de Christophe de Ceunynck :

Christophe de Ceunynck a informé Emmanuel Paris de sa difficulté à concilier ses obligations professionnelles respectives avec une présence active dans le cadre du Conseil scientifique. Avec l’accord d’Eric Legros, Emmanuel Paris a demandé à Christophe de Ceunynck de présenter sa démission de l’instance.

II. Invitations du Conseil Scientifique pour cette séance du 11 avril 2014 :

Suivant les recommandations de Monsieur Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » lors de la réunion du Conseil d’administration du 18 mars 2014, et en présence de Monsieur Hazelart, président du Conseil scientifique, Monsieur Legros a invité Marie-Laure Camus, jeune de l’association, à devenir membre du Conseil scientifique pour l’année civile 2014.

Suivant les recommandations de Monsieur Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » lors de la réunion du Conseil d’Administration du 18 mars 2014, et en présence de Monsieur Hazelart, président du Conseil scientifique, Monsieur Legros a répondu favorablement à deux associations membres du réseau « Assises 62 » regroupant des acteurs de la protection de l’enfance dans le département du Pas-de-Calais, ouverts à l’expérimentation de nouvelles approches en matière éducative, pour à assister à cette réunion du Conseil scientifique. Monsieur Dominique Demory est directeur général de l’association « Accueil et Relais » : http://www.asso-accueil-relais.fr/. Messieurs Jean Deblock et Thierry Smague sont président et directeur de l’association « Le Regain » : http://meleregain.fr.

Après cette réunion, Madame Elodie Condette, médiatrice culturelle au Fonds Régional d’Art Contemporain Nord Pas-de-Calais rejoindra lors du repas les membres du Conseil scientifique. Cette venue est initiée dans le cadre d’une réflexion menée par deux de ses membres : Claire Oger et Eric Parot, à propos de l’espace associatif comme possible lieu d’expositions d’œuvres choisies et mises en valeur par les enfants et les jeunes, les équipes des maisons de culture et les intervenants culturels de l’institution.

I. Point sur l’étude des parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association :

Suite à la précédente réunion du Conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014, p. 6), Claire Beugnet et Eric Legros présentent les résultats de la consultation des dossiers papiers existants au sein de l’association, pour repérer les modalités d’amélioration du système de recueil et de traitement centralisé des résultats scolaires des enfants et des jeunes de l’association.

Eric Legros signale la difficulté à mutualiser les documents scolaires au niveau des services de la direction. Les bulletins sont par exemple collectés de manière très inégale selon les Maisons de culture et les services de l’association. Eric Legros et Claire Beugnet informent le Conseil scientifique qu’un tableau de bord sera désormais en fonction pour pointer systématiquement les pièces administratives détaillant le parcours scolaires des enfants et des jeunes.

En se référant à un texte présentant en juillet 2013 les résultats d’une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sous l’égide du Ministère de l’Économie et des Finances, du Ministère des Affaires sociales et de la Santé et du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social (cf pièce jointe : « Echec et retard scolaire des enfants hébergés par l’aide sociale à l’enfance »), Eric Legros met en avant plusieurs enseignements :
– dès avant le début de la mesure de placement, les enfants présentent déjà des difficultés scolaires ;
– la durée de placement a des effets bénéfiques sur la scolarité ;
– il existe une surreprésentation des jeunes en placement âgés de plus de seize ans dans les filières techniques courtes si l’on compare avec la tranche d’âge de la population française prise sans distinction ;
– les jeunes majeurs en mesure de placement bénéficiant du contrat « jeune majeur » ont de meilleurs résultats scolaires si l’on compare avec la tranche d’âge de la population française prise sans distinction.

Eric Legros réitère auprès du conseil scientifique l’objectif que se donne l’institution dans le cadre de l’axe 1 de son activité d’études et recherches (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014 »). Il s’agit de développer de nouveaux outils permettant de mesurer les effets du programme éducatif et culturel de l’association sur les résultats scolaires des enfants et des jeunes.

Claire Oger signale que les établissements de l’Education nationale utilisent de moins en moins exclusivement les bulletins scolaires papier, et communiquent de plus en plus systématiquement aux élèves et aux parents d’élèves les résultats obtenus dans les matières suivis en mobilisant les « Environnements Numériques de Travail » (ENT). Claire Oger recommande de demander à chaque équipe de l’association de demander aux enfants et aux jeunes de leur unité de vie les codes et identifiants permettant de suivre en ligne avec eux le cours de leur parcours scolaire.

Dominique Demory constate que les établissements de la protection de l’enfance acceptent trop facilement au sujet des enfants et jeunes qu’ils accueillent les décisions prises par leurs établissements scolaires en réaction à des problèmes constatés de discipline en classe. Les effets de ces décisions peuvent ne pas être suffisamment mesurés par les équipes pédagogiques, générant des processus de déscolarisation que les établissements de la protection de l’enfance doivent ensuite assumer, avec les difficultés que cet état d’urgence suppose.

Eric Legros explique que ce sont précisément ces raisons qui ont présidées à la création du « Centre de jour » au sein de l’association. Pour faire réponse à ces problèmes lourds de déscolarisation, l’association a développé en interne et avec l’accord du Conseil Général et de l’Education nationale une unité de vie permettant de faire la classe en journée et dans l’espace associatif, le temps de la re-scolarisation des enfants et des jeunes concernés.

Thierry Smague observe qu’en milieu rural, la prise en charge des retards scolaires des enfants et des jeunes en placement est rendue plus aisée par la proximité des écoles et collèges entourant les sites de l’établissement de protection de l’enfance, dans les villages avoisinants.
Thierry Smague relève la nécessité de devoir régulièrement redire aux établissements de l’Education nationale le caractère confidentiel des données caractérisant les enfants et les jeunes en mesure de placement.

Patrick Miquel signale la spécificité de la politique optée par l’Education nationale dans le département du Pas-de-Calais, en accordant par exemple à l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » un poste en détachement pour le professeur des Ecoles agissant au sein du « Centre de Jour ».
Patrick Miquel observe à ce propos que l’Education nationale réduit en ce moment le quota des postes accordés en détachement.
Patrick Miquel informe le Conseil scientifique que le Conseil Général du Pas-de-Calais a mis en place un calendrier de réunions avec le Recteur de l’académie pour repenser ensemble les actions menées en direction du secteur de la protection de l’enfance.
Patrick Miquel commente l’étude publiée par la DREES en juillet 2013 et citée par M. Legros (cf. supra) : ces travaux interrogent en effet la durée de placement et son impact sur le parcours scolaire de l’enfant ou du jeune. Patrick Miquel observe que cette information peut être interprétée de manière réversible : les établissements de protection de l’enfance ne garderaient-ils pas dans une durée longue les enfants et les jeunes obtenant les meilleurs résultats scolaires ?
Patrick Miquel prend en considération un second enseignement explicité par M. Legros à propos de l’étude de la DREES. Le contrat « mesures du pacte jeunesse» s’inscrit dans le cadre du droit commun ; tous les jeunes majeurs du département peuvent, autrement dit, bénéficier de ce contrat. Or les statistiques montrent que 90 % des bénéficiaires de ce contrat dans le Pas-de-Calais sont des jeunes obtenant par ailleurs des aides de la protection sociale. Patrick Miquel pose l’hypothèse qu’un tel différentiel s’explique par une communication déficiente menée envers l’ensemble de la population concernée par ce contrat. Patrick Miquel rappelle en effet la nature du problème constitué par cette information statistique : une mesure de droit commun doit d’appliquer d’abord à tous, et seulement par suite en tant que mesure subsidiaire – à destination, en l’occurrence, des jeunes de la protection de l’enfance.

Annick Traguardi observe un renforcement du partenariat avec les collèges dans lesquels les jeunes de l’association sont inscrits. Quand le comportement en classe de l’un d’eux est tel qu’il amène à l’organisation d’un conseil de discipline par l’établissement scolaire, l’association en est informée suffisamment tôt pour pouvoir y participer et accompagner le jeune durant cette séquence.

Patrick Legrand observe que le conseil de discipline décide très régulièrement de l’exclusion définitive du jeune concerné, là où il serait possible d’ajuster la mesure pour éviter tous risques de processus de déscolarisation.

Eric Legros relève que les ressources familiales sont bien souvent sous-exploitées lors ces décisions disciplinaires décidées par les établissements scolaires.
Eric Legros analyse le dispositif choisi par l’association dès sa création – une structuration en Maisons de culture du territoire. Il faut y voir la volonté d’inscrire l’enfant, le jeune, dans le droit commun et ceci dès son entrée dans l’espace associatif. La politique de l’association est, autrement dit, de ne pas considérer, à aucun moment et d’une quelconque façon, l’enfant, le jeune, comme porteur d’une spécificité administrative, mais comme une personne membre de la collectivité, avec les mêmes droits, les mêmes devoirs, les mêmes potentiels à développer et à valoriser que tout à chacun.

Eric Parot demande la nature du travail statistique réalisée à partir du tableau de bord décrit par Claire Beugnet (cf. supra).

Claire Beugnet précise que le tableau de bord est encore en voie de constitution ; il faut travailler sur cette base de données pour qu’elle puisse incorporer la grande diversité des données d’entrée. La phase de recueil des informations sur la nature de ces documents n’est pas encore close.

Francis Rembotte dit qu’il est très important pour l’institution de bénéficier d’outils permettant de mesurer les effets de son programme éducatif et culturel sur les parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association.
Francis Rembotte observe que la fraternité, valeur de la République, se comprend notamment comme l’obligation d’organiser des dispositifs permettant de donner plus à ce qui ont moins, et que ce principe prend toute sa signification à propos de l’obtention du contrat « jeune majeur ». Francis Rembotte observe à ce propos que le dispositif prévu pour le contrat « jeune majeur » présuppose que le jeune, candidat à son obtention, soit porteur d’un projet à réaliser dans le temps imparti par cette allocation. Ceci restreint pour les jeunes en mesure de placement  le cadrage pourtant défini comme relevant du droit commun. Ces jeunes, bien souvent, ont en effet de grandes difficultés à formuler et être porteurs d’un projet présenté comme condition incontournable d’éligibilité par les textes.
Francis Rembotte commente à son tour le phénomène de déscolarisation discuté par les membres du conseil ; ce phénomène n’est pas spécifique à la protection de l’enfance, et peut caractériser plus largement les enfants et les jeunes suivant une scolarité sur le territoire national.

Claire Oger précise que le traitement statistique mené à partir du tableau de bord développé par l’association ne devra pas se cantonner à des données quantitatives, mais prendre en compte aussi des informations issues de méthodes qualitatives (par exemple par la restitution de biographies).

Marie-Laure Camus observe que les niveaux scolaires des enfants et des jeunes dépendent bien souvent de la composition de leurs réseaux de sociabilité, autre paramètre qualitatif pouvant intégrer ce travail qualitatif.

II. Point sur le développement d’un nouveau service « Donne moi de tes nouvelles » (plateforme de ressources + suivi longitudinal des enfants et des jeunes après leur sortie de l’institution) :

Emmanuel Paris rappelle au conseil le dispositif d’enquête et d’analyse décidé après la précédente réunion du conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014 », pp. 2-6). Un groupe est composé de membres du conseil scientifique et travaille autour de trois axes :
un service d’accompagnement de la sortie (« le jour de ton anniversaire, donne nous de tes nouvelles »). Ce service serait mis en place pendant un, deux ans au sein de l’association et serait évalué au terme de cette période test ;
un dispositif visant au recueil d’informations sur le devenir des anciennes et des anciens des associations fondatrices et de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » depuis sa création ;
un dispositif permettant d’établir un suivi longitudinal des enfants et des jeunes qui sortiront de l’association.

Ce groupe est composé de Fleur Guy, Julien Kleszczowski, Olivier Martin, Claire Oger, Annick Traguardi, avec l’aide des chefs de service de l’association.

Une réunion préparatoire a eu lieu le 4 avril afin de présenter aujourd’hui les résultats d’une première phase d’enquête menée en interne auprès des personnels de l’association. Il s’agit d’évaluer l’état de l’existant sur la manière de dire à l’enfant, au jeune, la possibilité de garder lien y compris bien après la mesure de placement.

Deux textes ont été rédigés, d’abord par Annick Traguardi puis par Julien Kleszczowski (voir en pièces jointes : « Enquête donne moi de tes nouvelles… Annick Traguardi » et « Réflexions autour du service Donne moi de tes nouvelles Julien Kleszczowski »).

Emmanuel Paris lit à voix haute auprès des membres du Conseil scientifique le texte de Julien Kleszczowski, absent excusé.

Annick Traguardi commente l’analyse développée dans le texte qu’elle a rédigé, et mentionne particulièrement deux pratiques d’ores et déjà à l’œuvre dans l’institution ; l’organisation d’un pot de départ, la veille de la fin de placement d’un enfant ou d’un jeune de l’unité de vie, et la date du 2 juillet, qui devient une référence signalée systématiquement pour dire le principe d’hospitalité de l’association, désireuse de retrouver les personnes après la fin de leur placement pour apprendre de leur vie vécue depuis.

Claire Oger recommande qu’une étude soit aussi faite sous forme de verbatim quant aux formulations de phrases dites par les personnels pour dire la perspective de la vie d’après le placement, et celle à propos du lien qui peut continuer entre l’institution et la personne.

Eric Legros décrit la politique de l’institution, inscrivant systématiquement l’enfant, le jeune, dans le territoire. L’approche de l’association est de dire que la Cité vit au cœur même des Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ; la sociabilité qui s’y développe au fil des activités culturelles rayonne au-delà de l’espace associatif (exemple de l’inscription d’un jeune dans une association sportive en relation avec la pratique exercée chaque semaine au sein de sa maison de culture).
Eric Legros recommande que l’effet calendaire du 2 juillet soit encore plus ritualisé et que le droit de l’enfant, du jeune, à ne pas maintenir le lien après la mesure de placement soit aussi préservé.
Eric Legros relève une information donnée par Julien Kleszczowski et qui concerne le taux moyen de retrouvaille avec l’institution après la mesure de placement. La Fondation d’Auteuil, qui a institutionnalisé un service permanent dédié à l’éventualité d’une retrouvaille de la part d’un ancien, en systématisant une organisation de travail spécifique à cette fin (un éducateur de la Fondation mobilisé à quart ou mi-temps dans chaque région où agit l’institution), atteint en la matière 8 à 10 % de personnes donnant de leurs nouvelles après placement. Ce taux correspond à l’estimation faite par Annick Traguardi à propos de l’association, ainsi que des deux associations fondatrices, plus que centenaires. Eric Legros observe que le degré d’institutionnalisation de ce service n’augmente pas nécessairement l’efficacité du dispositif, et recommande par conséquent de travailler à une manière d’être et de faire mobilisée par tous les personnels de l’association, sans en recourir par une spécialisation sur un poste dédié.

Patrick Miquel signale que l’enquête sur le devenir des jeunes, menée par l’INED, et dont le Conseil scientifique a discutée lors de son lancement (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 11 octobre 2013 », p. 7), présentera ses premiers résultats début 2015.
Patrick Miquel relève la tension qui peut exister entre l’approche gestionnaire de l’évaluation de l’après placement (mesurer combien les investissements consentis à l’endroit d’un enfant, d’un jeune, lors de la mesure de placement, peuvent être rentables en termes d’intégration dans la société), et le travail quotidien des éducateurs pour préparer la possibilité d’un lien avec les enfants et les jeunes dans leur vie d’après le placement.

Claire Oger relaie l’analyse de Fleur Guy, absente excusée : l’évaluation de l’après-placement ne doit pas empiéter sur l’analyse du présent du placement.

Noël Quéré recommande la mise en place de dispositifs permettant d’évaluer dans quelle mesure les enfants et les jeunes sont préparés à la vie professionnelle au moment de leur sortie de l’institution. Noël Quéré recommande aussi la possibilité d’un dialogue intergénérationnel systématisé entre les enfants et les jeunes du présent de l’activité associative, et les anciens.

Jean Deblock questionne les modalités à mettre en œuvre pour augmenter le taux moyen de retrouvailles : faut-il en passer par une injonction, un dispositif qui y oblige ?

Claire Beugnet signale la possibilité d’une horizontalité dans la façon de renouer lien : des anciens se manifestent auprès d’autres anciens, en employant des réseaux sociaux numérisés tels « Copains d’avant ».

Eric Legros observe qu’un dispositif obligeant une personne à donner de ses nouvelles à celui qui l’a éduqué ne pourrait pas satisfaire au principe moral constitutif des filiations. Si les enfants ne doivent pas se sentir en dette vis-à-vis de leurs parents qui leur ont donnés la vie, ces enfants devenus adultes ont par contre le devoir moral de dire à leurs enfants ce que c’est que d’être parents.

Annick Traguardi relève que les anciens de l’association ayant fait le programme « Itinérances » sont particulièrement en volonté de revenir échanger et donner de leurs nouvelles.

Francis Rembotte observe que, par sa réflexion et sa volonté de développer de nouveaux dispositifs, l’association expérimente les modalités pratiques pour mettre en application un service de droit commun, ouvert à la population locale et faisant réponse à des préoccupations partagées globalement, tel l’aide à la parentalité.

III. Charte éthique pour l’accès et la diffusion de l’information de l’association via des outils médiatiques (ex : site Internet) :

Emmanuel Paris présente les raisons pour lesquelles ce point a été proposé à l’ordre du jour de la réunion. La politique communicationnelle de l’association travaille particulièrement deux axes de développement : la transversalité, et l’expressivité.
Emmanuel Paris explique que le premier axe fait réponse à l’organisation décentralisée de l’association, répartie en différentes Maisons de culture, implantées sur différentes communes du Boulonnais et de l’arrière-pays. Il faut dès lors développer des outils communicationnels permettant d’entretenir le lien entre les groupes humains vivant dans ces différents lieux : fanzine, webradio, site Internet, roulotte sont autant de moyens d’y parvenir.
Emmanuel Paris détaille le second axe et mobilisant les mêmes outils médiatiques : il s’agit pour les enfants, les jeunes, non seulement de s’ouvrir au monde par l’intensité du programme culturel de l’association, mais de savoir relater ces expériences, ces découvertes, ces apprentissages. Les personnels de l’association accompagnent les enfants et les jeunes dans cette activité expressive, laquelle en retour nourrit positivement l’ego de ces communicants en herbe, et ainsi soigne leur souffrance d’être soi.
Enfin et par ailleurs, Emmanuel Paris rappelle une demande faite par des membres du Conseil scientifique, qui par leur activité scientifique, peuvent être amenés à demander la possibilité de consulter des documents internes pour accompagner au mieux le développement de l’association.

Eric Legros informe les membres du Conseil scientifique que l’accès aux dossiers des enfants et des jeunes de l’association n’est pas possible pour des personnes extérieures. Ceci s’applique par conséquent aux scientifiques du Conseil.

Marie-Laure Camus demande si les enfants et les jeunes peuvent consulter les écrits administratifs qui les concernent.

Eric Legros répond positivement, pour les écrits administratifs concernant le temps de la mesure de placement au sein de l’association. Les écrits antérieurs à ce placement ne sont pas accessibles à l’enfant, au jeune à moins d’une délégation d’autorité parentale.

Claire Beugnet observe que ce moment de présentation à l’enfant, au jeune, des écrits administratifs qui le concernent et qui correspondent au temps de la mesure de placement au sein de l’association, doit être préparé en amont par les éducateurs concernés, afin que le lecteur ait toutes les possibilités de comprendre les termes et les raisonnements qui y sont mentionnés.

Emmanuel Paris demande conseil aux membres du conseil scientifique quant à la possibilité de montrer par l’image sur le site Internet de l’association l’effervescence créative du programme éducatif et culturel de l’institution. Parfois, des enfants et des jeunes participant aux ateliers ne bénéficient pas d’une autorisation d’apparaître sur les images. Comment faut-il faire, dès lors, pour ne pas créer d’iniquités dans la restitution médiatisée de ces apprentissages et découvertes du monde ?

Claire Oger recommande d’examiner les textes législatifs et réglementaires en vigueur dans le détail. A propos de l’écrit par exemple, si l’enfant, le jeune en est l’auteur, il peut être dommage d’anonymer le texte qu’il confie à l’association pour médiatisation.

Patrick Miquel recommande de bien s’assurer de l’avis des parents des enfants et des jeunes, qui peuvent ne pas souhaiter que ceux-ci apparaissent à l’image après cependant en avoir signé l’autorisation voici quelques temps.

IV. Questions annexes :

Fab Lab :

Eric Parot informe de l’état d’avancement du projet « Fab Lab Maison des Enfants de la Côte d’Opale ». Celui-ci a fait l’objet d’une première présentation de la part d’Eric Parot, lors de la précédente réunion du Conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique du 24 janvier 2014 », p. 9).

Les créatrices de l’ « hexarobot », lycéennes au Lycée Louis-le-Grand de Paris, candidatrices avec ce projet en 2012 au concours « C Génial » (voir leur vidéo de présentation : http://www.dailymotion.com/video/xpg6ll_hexarobot-concours-c-genial-2012-video-de-presentation-du-projet_tech), ont donné à Eric Parot l’autorisation de développer au sin de l’association ce robot reproduisant mécaniquement un cafard.

Eric Parot informe le Conseil scientifique que les trois prochains mois seront consacrés à la finalisation de la rédaction du projet, avec pour objectif de démarrer le Fab Lab début 2015.

Exposition dont les enfants et les jeunes de l’association seraient les commissaires :

Claire Oger et Eric Parot expliquent au Conseil scientifique que la venue d’Elodie Condette, peu après la réunion, permettra une première fois d’évaluer avec le FRAC Nord Pas-de-Calais la faisabilité d’une exposition dont les enfants et les jeunes de l’association seraient commissaires d’exposition. Le FRAC confierait à l’association une ou des œuvres de son fonds, issue de son fonds et retenue par les enfants et les jeunes, et les accompagnerait dans la conception et la réalisation d’une exposition qui puisse circuler dans le territoire, avec notamment une activité rédactionnelle de mise en discours des œuvres exposées.

Claire Oger et Eric Parot proposent au Conseil scientifique une démarche en plusieurs temps, avec à terme la possibilité de développer de manière régulière des expositions co-produites avec des établissements culturels du territoire tels le Musée de Boulogne-sur-Mer, par exemple autour du masque.

Claire Oger et Eric Parot demandent à l’association la possibilité d’impliquer systématiquement un ou plusieurs représentants du personnel sur ces projets d’exposition.

V. Calendrier des prochaines échéances du conseil scientifique :

Les membres du conseil scientifique posent les dates des prochaines réunions :

La réunion plénière du Conseil scientifique, durant laquelle sera restitué auprès de la communauté éducative de l’association le travail effectué par le Conseil durant la saison culturelle écoulée, aura lieu le mercredi 2 juillet 2014 de 9h à midi.

Le colloque organisé par l’association dans le cadre de son festival annuel : « Les Journées d’Enfance », aura lieu le jeudi 3 juillet 2014 de 9h à 16h dans le grand amphithéâtre de l’antenne Saint-Louis de l’Université du Littoral Côte d’Opale, site de Boulogne-sur-mer.

M. Philippe Hazelart, président du Conseil scientifique, clôt cette troisième réunion.

Programme du colloque annuel organisé par l’association dans le cadre des Journées d’Enfance 2014.

Le 3 Juillet 2014 de 9h à 16h, dans le grand amphithéâtre de l’ULCO antenne Saint Martin à Boulogne sur mer des orateurs dont on trouvera la description ci-dessous, prendront la parole à propos du thème de la valeur.

Téléchargez le programme du colloque “Reconnaissances”.

Colloque « Reconnaissances »
3 juillet 2014, Université du Littoral Côte d’Opale,
antenne Saint-Louis, Boulogne-sur-Mer
(Ce programme peut être amené à évoluer)

9h : Accueil

9h-9h10 : Discours inaugural par M. le président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

9h10-9h30 : Entretien filmé avec M. Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental et parrain des « Journées d’Enfance 2014 »

9h30-11h00 : Plénière : « La valeur en filiation » :

▪ Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », ancien membre du Collège Défense et promotion des droits de l’enfant près du Défenseur des droits : « Une analyse des perspectives offertes par l’œuvre de Pierre Legendre »

▪ Jean-Paul Demoule, archéologue, membre de l’Institut Universitaire de France : « Sur la durabilité des institutions »

▪ James Jaboureck, directeur des études et recherches du Centre International Joseph Wresinski, ATD Quart-Monde : « La valeur du peuple de la misère »

11h-11h15 : Discussion avec la salle

11h15-12h15 : Atelier 1 : « La valeur en droits » :

▪ Stéphane Osstyn, Militant, mandataire du Conseil d’Administration de la Mutuelle d’Assurances des Instituteurs de France (MAIF) : « L’arbre des valeurs mutualistes »

▪ Claire Oger, maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Paris 13 : « Ce qui fait autorité, ce qui injurie »

12h15-12h30 : Discussion avec la salle

12h30-13h30 : Repas

13h30-14h30 : Atelier 2 : « La valeur en chiffres »

▪ Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED : « La valeur du temps et de l’espace »

▪ Olivier Martin, sociologue, Université Paris Descartes : « La valeur selon les indicateurs de l’économie sociale »

14h30-14h45 : Discussion avec la salle

14h45-15h45 : Atelier 3 « La valeur en mots »

▪ Eric Chanet, Conseiller d’Orientation Psychologue au Centre d’Information et d’Orientation de Boulogne-sur-Mer : « Les compétences comme valeurs dans le monde du travail »

▪ Gérard Henri Durand, écrivain, traducteur, comédien : « La valeur selon les indiens d’Amérique »

15h45-16h : Discussion avec la salle

Tout au long de cette journée : Valorisation des orateurs par Eric Antonelli, dessinateur.

Trame d’entretien Jean-Paul Delevoye – Eric Legros, Bapaume, 5 mai 2014

Nous mettons en ligne la trame qui a servi pour structurer l’entretien que monsieur Delevoye, Président du Conseil Economique, Social et Environnemental, a accordé à monsieur Legros dans le cadre de la préparation des “Journées d’Enfance 2014”.
Monsieur Delevoye parraine cette année encore le festival. L’entretien a été filmé et comme chaque année, il sera diffusé dans l’amphithéâtre du colloque qui se tiendra le 3 juillet (voir programme JDE).

Introduction :

Avec l’accord de M. Delevoye, l’entretien se déroulera pendant une heure.

Cet échange avec Eric Legros sera filmé, pour que le document audiovisuel puisse être diffusé lors du colloque « Reconnaissances », le 3 juillet 2014 à Boulogne-sur-Mer.

Dans ce document, chaque thème initié par M. Legros (« Ouverture ») donnera lieu à un développement spécifique et leur questionnement afférent, dont on trouvera les contenus page après page (« Discussions).

Pour conclure et comme à l’accoutumée, il sera demandé à M. Delevoye un message qu’il voudra bien adresser aux participants des « Journées d’Enfance 2014 », organisées sous son haut patronage.

Ouverture :

Présentation par M. Legros des avancées du programme éducatif et culturel de l’institution « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » depuis le précédent entretien avec M. Delevoye (15 avril 2013).

Trois thèmes :

1. L’association se donne pour objectif d’être reconnue institution de référence dans le champ de l’aide sociale à l’enfance. Pour ce faire, elle développe particulièrement deux axes complémentaires.
En interne, l’institution essaie de construire différents espaces, dans lesquels la relation individuelle pourra se déployer autour de figures parentales nouvelles pour les enfants, les jeunes, avec les éducateurs, pris toujours ici au sens large, de tous ceux qui partagent leur vie quotidienne. Ces nouvelles figures parentales ne viennent pas se substituer aux parents ou tuteurs. Elles viennent s’y adjoindre, autour d’un pacte d’alliance à la famille d’origine ou au tuteur, ce qui sera toujours recherché. Cette approche spécifique du travail éducatif se fait au quotidien et bénéficie à présent d’un espace réflexif permanent : un conseil scientifique composé des membres du conseil d’administration, des usagers (représentant des enfants et des jeunes de l’association), des personnels de l’association (représentant des éducateurs) et de chercheurs et d’ingénieurs en sciences dures et en sciences humaines et sociales, et de professionnels de l’aide sociale à l’enfance, a été créé. La même détermination d’articuler systématiquement le travail éducatif au quotidien, avec des instances qui permettent de prendre le temps d’y réfléchir et de dialoguer ensemble, façonne le « conseil de la vie sociale », qui sera installé lors du premier jour des « Journées d’Enfance 2014 ». Cette nouvelle instance intégrera notamment la notion d’usagers, avec des représentants élus des parents et tuteurs des enfants et des jeunes de l’association.
En externe, l’essor de partenariats culturels avec la Fondation de France, la DRAC Nord Pas-de-Calais, l’Institut National de Recherches en Archéologie Préventive, la Fondation SEED (Schlumberger Excellence in Educational Development), nourrit aussi cette volonté de l’association d’être reconnue comme établissement éducatif et culturel d’excellence ;

2. La pensée de long terme qui oriente la politique de notre institution se manifeste aussi par la volonté de créer un nouveau dispositif en son sein, dédié à la disponibilité permanente de tous pour accueillir, conseiller et aider les enfants et les jeunes devenus adultes, y compris bien après leur passage dans l’institution. Cette initiative en croise une autre, que nous pensons d’une nature bien différente, et qui porte sur la mise en place d’outils gestionnaires permettant d’étudier sur la durée longue des existences les parcours de vie ;

3. La saison culturelle n’est pas encore terminée (« Journées d’Enfance 2014 » du 28 juin au 3 juillet), que s’annonce déjà la prochaine, à partir de septembre, et qui sera caractérisée par une plus grande ouverture à l’international et une réflexion encore plus soutenue sur le thème la filiation, les relations d’obligation des uns envers les autres dans le temps intergénérationnel et l’espace républicain (le thème annuel sera « Ce qui nous tient debout »).

Discussions :

1. Les enjeux de la Reconnaissance :

Lors de l’entretien accordé voici un an, dans le cadre d’une saison annuelle thématisant « la mesure », M. Delevoye avait déjà posé les bases de la réflexion menée cette année sur la valeur, liant très fortement la capacité de la société à être à la mesure de ses citoyens, à la mise en place de dispositifs, d’organisations, de manière d’être et de faire permettant la reconnaissance et l’épanouissement des talents.

Dans son ouvrage « La lutte pour la reconnaissance », réédité en 2013 aux Editions Folio/Essais, le philosophe allemand Axel Honneth relie indéfectiblement l’amour, le droit et la solidarité comme registres qui, séparément et ensemble, sont à même d’offrir aux individus des reconnaissances intersubjectives. D’abord, la reconnaissance est affective et restreinte au cercle familial : l’individu, par l’amour qu’il reçoit, voit ses besoins concrets reconnus (on parle de confiance en soi). Ensuite, la reconnaissance est juridique : la personne se voit dotée de droits et se trouve ainsi reconnue par la société civile (il faut dire dès lors la notion de respect de soi). Enfin, l’Etat reconnaît la personne et celle-ci prend place dans les liens de solidarité qui constituent la vie éthique (il s’agit d’estime de soi). L’amour, le droit et la solidarisation dessinent, autrement dit et selon ce philosophe, les étapes par lesquelles chacun se trouve reconnu comme une personne autonome et singulière.

M. Legros dit à ce propos : « de droit et de reconnaissance sociale nous nous occupons, de l’amour filial nous côtoyons. Mais, au final, l’amour d’éducation doit se savoir substitutif  et c’est essentiel dans notre domaine. Cet amour là doit se savoir limité car il vise le développement de la capacité de vivre ensemble, avec d’autres. Je pense donc que la sphère de l’intime doit échapper aux intentions des uns et des autres, le plus possible ».

Ce cadrage théorique pose avec acuité la question de savoir équilibrer les espaces de la relation éducative dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance. Il souligne aussi les enjeux fondamentaux portés par le futur « conseil de la vie sociale » de l’institution.

Questions à M. Delevoye :

Diriez-vous que la question de l’intime – que nous venons de mobiliser en reprenant la grille de lecture d’Axel Honneth à propos des problématiques de reconnaissance, est une question socialement vive ?

L’Etat, la société civile, les individus peuvent-ils, souhaitent-ils parvenir à une position consensuelle à ce sujet ?

2. Les enjeux de la Raison :

Dans son ouvrage « L’imagination sociologique », publié en 2006 aux Editions de La Découverte pour sa traduction française, le chercheur américain Charles Wright Mills écrivait dès 1959, fort de nombreuses enquêtes de terrain dans son pays (p. 173) :

« Un niveau élevé de technologie et de rationalisme bureaucratique ne va pas forcément de pair avec un niveau équivalent d’intelligence individuelle ou d’intelligence sociale. Le second ne s’ensuit pas logiquement du premier. Le rationalisme social, technologique ou bureaucratique ne décuple pas chez l’individu la volonté ni la faculté de raisonner. Au contraire, il semble qu’il les ébranle. Ils apparaissent bien souvent comme un instrument de tyrannie et de manipulation, comme un moyen de saboter les chances de la raison et la faculté même d’agir en homme libre. La rationalisation toujours accrue de la société, la contraction entre rationalité et raison, la fin de la coïncidence qu’on prêtait au couple raison-liberté, voilà ce qui se cache derrière l’apparition de cet homme rationnel sans raison, toujours plus auto rationalisé et toujours plus inquiet. »

Si, selon les estimations de l’OCDE, les frais d’éducation consentis par la société pour tout français, dans sa tranche d’âge allant de 3 à 18 ans, est de 200 000 euros, « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » mobilisent en moyenne cette somme en moins de quatre ans pour chaque enfant, chaque jeune accueilli. Il y a, autrement dit et effectivement en terme budgétaire, un effort républicain supérieur à leur endroit. De fait, dans le cadre des réorganisations budgétaires, la demande devient de plus en plus insistante de la part des tutelles pour objectiver les parcours de vie des adultes anciennement enfants et jeunes ayant vécu en placement, et ainsi d’évaluer toujours mieux l’efficacité de l’investissement consenti par la société à leur endroit.
Ces adultes ayant vécu autrefois une mesure de placement sont-ils par conséquent plus que tout autre particulièrement redevables des « sur-investissements » que la société a consentis à leur sujet ? Ces adultes ayant vécu autrefois une mesure de placement ne sont-ils pas plutôt, et en premier lieu, redevables vis-à-vis de leurs enfants – c’est-à-dire dans leur capacité à devenir à leur tour parents ?
M. Legros écrit à ce propos : « Je pense que la notion “redevables” pose problème. En effet, comme tout un chacun, je suis redevable de ce que j’ai reçu, et ce rapport à la dette n’est pas culpabilisant si nous inscrivons cette dette dans la capacité à donner à la génération future. En fait ce que je dois, je le dois non pas à ceux qui me l’ont transmis, je le dois à mes enfants. »

Cette citation de Wright Mills, et les données que nous venons d’expliciter, posent avec acuité la question de savoir comment administrer de la manière la plus juste et efficace les parcours de vie des enfants et des jeunes, y compris bien après leur mesure de placement.

Question à M. Delevoye :

Cette injonction à augmenter les outils de rationalisation budgétaire en matière d’aide sociale à l’enfance peut-elle éviter l’écueil décrit plus généralement par Wright Mills ? Autrement dit, la rationalité technologique ou bureaucratique pensée pour accompagner la fabrique de l’humain (notamment via l’éducation spécialisée) ne fragilise-t-elle finalement pas ce qui le fonde ?

3. Les enjeux de la Filiation :

Dans une invitation faite à M. Alain Supiot, professeur au Collège de France (« Chaire Etat social et mondialisation : analyse juridique des solidarités »), pour intervenir dans le cadre du colloque, M. Legros écrit :

« Le champ de la protection de l’enfance est sans cesse traversé par les questions de filiation. Il n’est pas une situation qui ne nous convoque à les penser : le lien au père, à la mère, aux frères et sœurs, d’origine ou d’éducation, plus largement à la famille d’origine ou d’adoption, à son appartenance, du temps de son vivant, et aussi son rapport à la lignée, au trans-générationnel. Toutes ces questions sont toujours posées lors de l’entrée dans le dispositif. Elles le sont pour tous les humains, certes, mais sous la forme aigue pour les jeunes devant bénéficier de ce dispositif.
Il en est ainsi au niveau social et législatif : modifications des lois sur l’adoption (simple ou plénière) à l’interne ou sur le plan international, avec des variations selon les pays, les conditions de l’accès aux origines, le maintien de la possibilité d’accouchement sous le secret, tout cela sur fond de l’intérêt supérieur de l’enfant, les différentes formes de procréation et de constitution de la filiation. »

Cette citation pose avec acuité la question de savoir comment appréhender la place du patronymique dans une société qui paraît privilégier désormais le lien électif et bien moins la relation d’obligation.

Questions à M. Delevoye :

Cette libéralisation du principe de lignée annonce-t-elle un développement de société où les relations seront horizontales et de pairs à pairs, sanctionnant par là et de manière définitive le reflux de la notion juridique de « bonus pater familias » ?

La notion de valeur, travaillée par les problématiques concourant à la Reconnaissance (thème 1), formalisée par celles relevant de la Raison (thème 2), devra-t-elle radicalement être repensée à l’aune de ces redéfinitions contemporaines de l’idée de Filiation ?

Conclusion :

Pendant plusieurs jours, du 28 juin au 3 juillet 2014, Boulogne-sur-Mer va actualiser sa conscience de l’être valeureux au fil d’épopées vécues par les habitants et par les enfants et les jeunes des « Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ». Pendant plusieurs jours d’animations en public et sous votre patronage M. Delevoye, les enfants et les jeunes, aidés par des éducateurs, des sportifs, des philosophes, des psychanalystes, des danseurs, des acteurs de théâtre, des acrobates, des archéologues, des ingénieurs physiciens, des universitaires, des cinéastes, des spécialistes de la mise en patrimoine, ainsi que par une roulotte du début du XXe siècle, vont réengendrer l’espace et le temps de leur existence.

Quel message voulez-vous leur adresser ?

Pour visionner l’entretien filmé cliquez ici.

Compte-rendu de la réunion du Conseil Scientifique du 24 janvier 2014

Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique de l’association

« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Boulogne-sur-mer

24 janvier 2014

Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique

Présents :

Joseph Bako, chef de service de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Yannick Coppin, chef de service de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Emmanuelle Dehée, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1

Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2

Philippe Hazelart, membre du conseil d’administration, vice-président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Julien Kleszczowski, doctorant en gestion Ecole Polytechnique

Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », secrétaire du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Danielle Maerten, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes

Patrick Miquel, directeur du service « Enfance famille », Conseil général du Pas-de-Calais

Claire Oger, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13

Emmanuel Paris, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13, coordinateur du Conseil scientifique « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED

Noël Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Francis Rembotte, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Annick Traguardi, éducatrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Excusés :

Christophe de Ceunynck, directeur du Musée Schlumberger, château de Crèvecoeur-en-Auge

Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre

Pièce jointe :

Document « Chemin de fer de la 1ère formation V Laborey E Paris 2014 »

Ouverture de la troisième séance du conseil scientifique par son président.

  1. Conception d’un dispositif de recueil d’informations permettant le suivi longitudinal des enfants et des jeunes de l’association après leur départ :

M. Eric Legros, directeur de l’association, présente aux membres du conseil scientifique les termes du raisonnement amenant à proposer à l’instance de réfléchir au développement d’un nouveau service, dédié au maintien d’un lien avec l’enfant, le jeune une fois sorti de l’association et sur la durée longue de son existence.

Quatre éléments sont à prendre en considération :

  • Eric Legros constate un manque de diagnostics suffisants sur les effets des pratiques éducatives et culturelles de l’association sur les devenirs de ces futurs adultes ;

  • Ceux-ci, devenus adultes, peuvent par ailleurs prendre contact avec des alter ego pour donner de leurs nouvelles. Cette même démarche informative a parfois lieu auprès d’éducateurs de l’association, avec lesquels ils ont vécu autrefois le temps de leur placement ;

  • Le moment de l’accession à la parentalité peut être crucial pour certains, certaines de ces personnes ; Eric Legros mentionne le souvenir douloureux du suicide d’anciens jeunes de l’association alors qu’ils devenaient père ;

  • Des enfants, jeunes, actuellement vivant au sein de l’association, peuvent être enfants de parents eux-mêmes ayant été placés autrefois dans le cadre d’une mesure d’aide sociale à l’enfance.

Quelle réponse institutionnelle l’association peut-elle proposer pour tenir compte de la récurrence des ces phénomènes ? Ce dispositif ne viserait pas un travail évaluatif (l’association n’en a pas les moyens), mais l’établissement d’un lien associatif de long terme, sur le même modèle systématisé que celui initié par le rendez-vous permanent adressé aux anciennes et anciens des associations fondatrices « Les enfants de la Marine » et le « Foyer Educatif de la Côte d’Opale » chaque 2 juillet, sur l’un des sites de l’association

Quels problèmes juridiques pourraient éventuellement se déclarer dans l’hypothèse d’une nouvelle prestation de service développée par l’association, visant à la mise en place d’une ressource systématique d’écoute, d’aide et de soutien aux adultes qui y furent anciennement placés, et au-delà à leur famille ?

Francis Rembotte ne voit pas de problèmes juridiques possibles à l’établissement d’un tel service, dans la mesure où celui-ci s’adresse à des personnes devenues majeures. Par contre, observe Francis Remotte, la nature de ce service prête en l’état à confusion. Vise-t-il – comme le point I à l’ordre du jour de cette réunion l’indique – la mise en place d’un « dispositif de recueil d’informations permettant le suivi longitudinal des enfants et des jeunes de l’association après leur départ » ? Ou s’agit-il de réfléchir – après la présentation proposée par Eric Legros en introduction de cette discussion – au développement d’un nouveau service visant à l’établissement d’un lien institutionnalisé d’aide, d’écoute et de soutien aux enfants et aux jeunes une fois sortis de l’association ? Ces deux options, dit Francis Rembotte, ne se recouvrent pas nécessairement, notamment dans la façon dont les outils et les savoir faire mis en œuvre par l’association sont pensés et formalisés.

Emmanuel Paris restitue le périmètre de cette discussion, et explique qu’entre le moment de l’envoi de l’ordre du jour de cette réunion du conseil scientifique et la tenue de celle-ci, la direction de l’association en a reprécisé les termes. La précédente réunion du conseil scientifique datée du 11 octobre 2013 avait notamment débattu du lancement de l’enquête « ELAP » (enquête longitudinale menée dans plusieurs départements français au sujet des parcours de vie des personnes une fois sorties des établissements de protection de l’enfance), pour laquelle Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association avait été contactée. Eric Legros, tout comme Julien Kleszczowski et Olivier Martin avaient, lors de cette réunion, insisté sur la nécessité pour l’association de pouvoir faire entendre sa voix propre à l’occasion de cette enquête (cf. compte-rendu de la réunion du conseil scientifique du 11 octobre 2013, page 7). L’intitulé de l’ordre du jour envoyé aux membres du conseil scientifique pour informer des contenus de la réunion du 24 janvier 2014 est imprégné de cette discussion originelle à propos d’ELAP, mais dans l’idée d’y affirmer l’approche particulière que l’association désire initier, il s’agit bien de réfléchir à la conception et à la réalisation d’un nouveau service, dédié à la mise en place d’une ressource permanente pour prendre des nouvelles et accompagner les futurs adultes et leur famille dans leur vie, une fois sortis de l’association.

M. Noël Quéré souligne l’intérêt de la création d’un tel service : il explicite à l’enfant, le jeune en placement le lien indéfectible qu’éprouve l’association à son endroit.

Annick Traguardi constate que des enfants, des jeunes ayant effectué le programme « Itinérances » proposé par l’association ne donnent pas de nouvelles, alors que c’est un dispositif qui, précisément, concentre tous ses efforts sur le thème du changement de vie.

Olivier Martin souligne que ces enfants, ces jeunes, entretiendront à l’âge adulte avec l’association un lien électif et non pas une relation d’obligation. Il faut, autrement dit, concevoir ce nouveau service comme apte à intégrer le droit fondamental du futur adulte à être libre de son choix de revenir éventuellement vers l’association, une fois devenu adulte. Il faut aussi, et cela ne peut être dissocié de cette première caractéristique, que ce nouveau service soit organisé de telle sorte qu’il puisse permettre à la personne de choisir dans l’association le correspondant avec qui il désire reprendre contact pour donner de ses nouvelles.

Cela amène à réfléchir en des termes éminemment singularisants, puisque ce sera toujours l’histoire de duos particuliers (l’identité du correspondant de l’association est à la discrétion de l’adulte, anciennement enfant ou jeune de l’association), et cette spécificité est particulièrement difficile à régler d’un point de vue institutionnel.

Yannick Coppin remarque que des outils tels le réseau social numérisé « Facebook » sont utilisés par des anciens à partir de leur page personnelle pour retrouver d’autres anciens et rester en lien ; ces outils ne passent donc pas nécessairement par l’association. L’institutionnalisation du lien après la sortie de l’association peut éventuellement rebuter les personnes à reprendre contact avec elle.

Eric Legros observe que l’ambiance festive et conviviale, mode d’organisation choisi par l’association pour penser la date calendaire dédiée aux retrouvailles ; chaque 2 juillet, sur le site du « Petit déjeuner sous l’herbe » (dans les jardins de la Ferme de Bertinghen), contourne efficacement le problème du lien institutionnalisé qui dissuaderait les anciens de donner de leurs nouvelles.

Julien Kleszczowski pense que les deux options (établissement d’un lien d’individu à individu : entre l’ancien et le référent élu par lui et qui agit dans l’association / établissement d’un lien d’individu à institution) sont articulables et compatibles. L’important, dit Julien Kleszczowski, est que la personne qui agit dans et pour l’association et qui se retrouve, par choix de l’ancien, référente dans le cadre d’un échange informatif, ne soit pas démunie face à la sollicitation spontanée de renouer, ou de demande d’aide. L’institution doit, dans ce cadre, développer des supports, des ressources permanentes, permettant à la personne agissant dans et pour l’association, de répondre dans les meilleures conditions à la reprise de contact initiée par l’ancien.

Francis Rembotte ajoute qu’un second élément peut concourir à la mise en compatibilité de ces liens entre individus et d’individu à institution ; ces retrouvailles, ces nouvelles données des années après la sortie de l’association permettent à celle-ci de bénéficier d’un éclairage rétrospectif sur l’action menée à mesure que le temps passe. Ces retours des anciens permettent, autrement dit, d’offrir d’intéressants points d’appui pour améliorer les pratiques du quotidien de l’association.

Frédérique Déhée demande ce qui, actuellement, est dit ou proposé à celui, celle qui sort de l’association. Une plaquette lui est-elle remise, document détaillant des modalités précises pour donner régulièrement de ses nouvelles ?

Annick Traguardi, Yannick Coppin et Joseph Bako répondent que les approches sont différenciées selon chaque personne agissant au sein de l’association. Annick Traguardi choisit, par exemple, de parler systématiquement des perspectives initiées par la sortie à un enfant ou un jeune qui vient depuis peu d’intégrer l’association au sein de la Maison dans laquelle elle travaille.

Eric Legros insiste sur un phénomène qui modifie désormais la relation à l’association pour ceux et celles qui y vivent et qui la font vivre ; « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » deviennent identifiées comme acteur culturel du territoire. Cette nouvelle qualité – complémentaire à son identité profonde : la protection de l’enfance –, travaille notamment au sentiment de fierté que peut retirer l’ancien à avoir fait un parcours au sein de l’association, et par conséquent à la facilitation de la démarche de se retrouver des années plus tard.

Patrick Miquel observe que longtemps les institutions de l’Aide Sociale à l’Enfance ne se sont pas vraiment souciées de la question de la place dans la société de leurs anciens et anciennes. Ce regard a changé ; ainsi la « Fédération Nationale des Associations Départementales d’Entraide entre les Pupilles et Anciens Pupilles de l’Etat » (FNADEPAPE : http://www.fnadepape.org/) institutionnalise ce lien de durée longue. Cependant la difficulté persiste de donner consistances à cette mission ; dans ces nouvelles structures institutionnelles, la discussion reste ouverte sur le cap à suivre pour mettre concrètement en pratique la volonté de garder contact tout au long de la vie.

Tout l’effort consiste à savoir inverser la perception des anciens, des anciennes, d’évoluer d’une honte d’avoir subi une mesure de placement, vers la fierté entretenue par le sentiment d’appartenance à un groupe exemplaire. Patrick Miquel observe qu’en France, parmi l’existant en la matière, « SOS villages d’enfants » et « Apprentis d’Auteuil » travaillent conjointement pour développer le principe du « reviens quand tu veux ».

Claire Oger demande s’il serait possible de systématiser l’invitation, adressée aux enfants qui quittent l’association, de donner de leurs nouvelles régulièrement (par exemple lors de leurs anniversaire) et non de les inciter à le faire « en cas de problème ».

Claire Oger décrit le système mis en place à l’Université pour s’enquérir de l’insertion professionnelle des étudiantes et étudiants après l’obtention du diplôme. Ce dispositif repose sur des enquêtes menées chaque année par un service de l’Université (« L’observatoire de la vie étudiante »), mais elles recueillent souvent un nombre peu significatif de réponses de la part des anciennes et anciens. Une autre source d’information relève des relations d’individu à individu, à la discrétion des anciens et anciennes : ils peuvent écrire de leur propre initiative au formateur pour lui donner des nouvelles sur son parcours depuis l’obtention du diplôme.

Eric Legros recommande de travailler plus régulièrement à la mutualisation des informations données aux personnels de l’association par des anciens, des anciennes. Ces informations doivent systématiquement remonter jusqu’à la direction de l’association.

Yannick Coppin remarque que dans les années 1980, quatre, six enfants, jeunes de l’association « Les Enfants de la Marine » participaient systématiquement et par ailleurs à la vie d’associations locales ; il était dès lors facile de retrouver ces personnes, une fois sorties de l’association, pour s’enquérir de leur devenir. La spécialisation du travail d’éducateur semble, depuis, avoir quelque peu affaibli ce lien avec le territoire associatif ; les pratiques amateurs entretenues par les enfants, les jeunes dans des clubs, des associations culturelles du territoire parallèlement à leur vie en placement, sont peu considérées comme point d’appui intéressant dans un parcours de vie sur la durée longue des existences.

Claire Beugnet nuance cette observation : cette considération pour les pratiques culturelles des enfants, des jeunes en parallèle de leur vie au sein de l’association existe bel et bien et de manière institutionnalisée aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale. Claire Beugnet cite par exemple le lien fort qui existe entre la « Maison des découvreurs » et le « Boulogne Canoë Kayak » ; les activités de l’association sont précisément pensées pour s’articuler avec des pratiques culturelles développées par les associations du territoire.

Fleur Guy propose qu’un travail d’enquête soit mené auprès des personnels de l’association, afin d’avoir une vue d’ensemble de l’existant en matière de préparation à la vie d’après celle vécue au sein de l’association par les enfants, les jeunes. A ce jour, il serait question de savoir précisément :

  • Quelle ancienne, quel ancien a contacté quelle personne de l’association ;

  • Comment ce contact a eu lieu (par quels moyens) ;

  • Quelle est la forme de cette reprise de contact (quelles informations ont été échangées).

Danielle Maerten demande s’il est possible d’établir une proportion précise de la part d’anciennes qui donnent de leurs nouvelles par rapport aux anciens.

Annick Traguardi observe que cette question ne peut pas encore être étudiée tant, pour les éducateurs de l’association issue de l’association « Les Enfants de la Marine », la présence de filles est nouvelle, tant il en est de même pour les éducateurs du « Foyer Educatif de la Côte d’Opale » à propos des garçons.

Julien Kleszczowski cite l’article 1 de la charte des « Apprentis d’Auteuil » : « Maintenir avec les anciens un lien de confiante amitié » (http://www.apprentis-auteuil.org/nos-actions/anciens/le-reseau-des-anciens.html). La Fondation organise un système combinant l’institutionnalisation du lien et un travail d’enquête menée tous les ans auprès des « sortants », et ce pendant trois ans sur la même cohorte. Cette enquête est menée par téléphone.

Noël Quéré propose en conséquence que plusieurs axes soient travaillés : le protocole d’enquête, le développement d’un nouveau service au sein de l’association, la culture du sentiment de fierté d’avoir fait les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale. Sur ce dernier point, le message doit porté jusqu’aux familles des enfants et des jeunes de l’association, et au-delà, à la Cité.

Philippe Hazelart dit qu’un travail est enclenché depuis la fondation des Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, visant à la reconnaissance de l’association comme actrice culturelle du territoire.

Eric Legros propose que d’ici le 11 avril 2014, date de la prochaine réunion du conseil scientifique, une réunion de travail soit organisée sur Paris avec un groupe composé de membres du conseil scientifique et d’éducateurs de l’association, pour développer trois axes :

  • un service d’accompagnement de la sortie (« le jour de ton anniversaire, donne nous de tes nouvelles »). Ce service serait mis en place pendant un, deux ans au sein de l’association et serait évalué au terme de cette période test ;

  • un dispositif visant au recueil d’informations sur le devenir des anciennes et des anciens des associations fondatrices et de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » depuis sa création ;

  • un dispositif permettant d’établir un suivi longitudinal des enfants et des jeunes qui sortiront de l’association.

  1. Point sur la collecte d’informations portant sur les parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association :

Eric Legros pointe la difficulté de recueillir les bulletins scolaires des enfants, des jeunes de l’association malgré les courriers envoyés aux Etablissements scolaires depuis 3 ans pour faciliter cette collecte, ainsi que les lettres de service régulièrement adressées aux personnels de l’association pour alerter sur la très importante nécessité de cette mutualisation des informations par la direction.

Dans les faits, soit les établissements scolaires donnent le bulletin scolaire directement à l’enfant, au jeune, ou à sa famille, et ce document ne parvient pas à l’association, soit le bulletin est envoyé à l’éducateur référent ou à l’adresse de la maison de l’association concernée, mais le document ne remonte pas jusqu’au service central dédié à la mutualisation de ces ressources.

Il existe par conséquent une grande difficulté à organiser la traçabilité du bulletin, malgré la volonté de le faire.

Claire Beugnet annonce qu’un travail va commencer par consultation systématique des dossiers papiers existants au sein de l’association, pour repérer les modalités d’amélioration du système de recueil et de traitement centralisé des résultats scolaires des enfants et des jeunes de l’association. Tous les établissements scolaires de l’agglomération boulonnaise accueille au moins un enfant, un jeune de l’association, c’est-à-dire huit à dix établissements, mais qui n’ont pas les mêmes pratiques de circulation des informations à l’externe.

Philippe Hazelart recommande de travailler en priorité avec les Conseillers Principaux d’Education pour fluidifier ces échanges administratifs.

Noël Quéré recommande qu’une fois par an, chaque fin d’année scolaire, soient demandés à chaque établissement les bulletins des enfants et des jeunes de l’association.

Eric Legros annonce qu’une présentation d’un premier tableau sur les parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association aura lieu lors de la prochaine réunion du conseil scientifique, le 11 avril 2014.

Philippe Hazelart dit tout l’intérêt des chefs des établissements scolaires pour un dialogue systématisé avec l’association au sujet du travail éducatif et culturel qu’elle mène auprès des enfants et des jeunes.

Eric Legros constate en effet que les relations sont de bonne qualité, notamment grâce à l’existence du service « Centre de jour », qui depuis plusieurs années intègre au sein de l’association l’activité en détachement de Nicolas Courquin, détaché de l’Education Nationale pour enseigner aux enfants et aux jeunes momentanément déscolarisés.

  1. Point sur la programmation pluriannuelle de formations organisées en interne :

Eric Legros propose de faire un point sur l’état d’avancement des formations proposées aux personnels et aux enfants et aux jeunes en cette saison culturelle 2013-2014 thématisant au sein de l’association : « La valeur ».

Philippe Richard, François Roy et Gérard Tonnelet, présents lors de la précédente réunion du conseil scientifique pour présenter les cadres de leur intervention auprès des chefs de service (cf. compte-rendu de la réunion du conseil scientifique du 11 octobre 2013, p. 8), ont commencé les séances. L’insistance est mise sur l’établissement d’un compagnonnage au long cours ; un dialogue sur les pratiques de travail, les situations de dialogue, de partage ou de conflit. Il s’agit d’explorer les potentialités offertes par la relation dite de « co-construction », expérimentée lors de la saison culturelle 2012-2013 de l’association à l’occasion de la formation proposée à l’époque par Vincent Laborey et Emmanuel Paris (cf. pièce jointe du compte-rendu de la réunion du conseil scientifique du 11 octobre 2013, document intitulé « Formation « Tous transmetteurs » »).

Emmanuel Paris propose au conseil scientifique quelques considérations sur les articulations travaillées en formation avec les adultes et les futurs adultes de l’association. La co-construction est une façon d’être les uns aux autres dans une relation d’apprentissage des savoirs, savoir faire et savoir être. Elle peut être aussi appelée relation de « coopération ».

Au côté de l’approche éducative traditionnelle, basée sur la notion de « transmission » (scénario de l’échange d’une personne qui sait à une personne qui ne sait pas), s’agrège la relation coopérative, de co-construction : le scénario cette fois-ci considère deux personnes qui savent quelque chose d’eux-mêmes et qui trouvent les moyens de se les partager pour développer un projet commun.

Cette double approche transmission / co-construction est déclinée en différents ateliers lors de la formation « Connais ta valeur… pour la faire grandir et reconnaître » proposée en janvier et février 2014 par Vincent Laborey et Emmanuel Paris.

Emmanuel Paris présente les contenus de la première partie de cette formation : « Connais ta valeur humaine » (cf. document joint à ce compte-rendu intitulé « Chemin de fer de la 1ère formation V Laborey E Paris 2014»). La seconde partie intitulée « Faire grandir et reconnaître » travaille notamment avec les adultes et les futurs adultes de l’association des développements de projets MECOP qu’il est possible de commercialiser pour dire la richesse du programme éducatif et culturel de l’association.

Annick Traguardi observe que les futurs adultes ayant suivi la première partie de cette formation, en janvier 2014, demandent aux adultes de pouvoir la refaire avec eux, le soir venu ou les jours après la fin de ces ateliers organisés au Café-théâtre Michel Laffont de l’association.

Des futurs adultes ont accroché dans leur chambre l’un des objets totem développés durant cette première partie. Il s’agit de « l’avion qui sait atterrir », maquette réalisée en hommage de Louis Blériot, aviateur des temps jadis qui a su traverser la Manche à bord d’un des premiers avions de l’Histoire de l’aéronautique. C’est aussi une maquette insistant sur la capacité à savoir se poser dans la vie, pour mieux ensuite re-décoller, autrement dit une problématique forte du placement vécu par ces enfants et ces jeunes.

Fleur Guy, qui a visité la « Maison du sport et du bien être » à Wimille avec Claire Beugnet la veille de cette réunion, dit aussi avoir remarqué ces contenus de la formation ornés des chambres d’enfants et de jeunes.

Joseph Bako observe que cette année les futurs adultes sont, forts de l’expérience vécue l’année dernière lors de la formation « Tous transmetteurs », très en attente des ateliers proposés par les intervenants.

  1. Point sur le projet de création d’un « Fab Lab MECOP » et l’organisation des « Conférences du jeudi » :

Eric Parot présente le projet en cours d’élaboration dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation SEED, l’entreprise Schlumberger Ltd et l’association. Il s’agit de développer autour de l’existant – les ateliers techniques qui sont d’ores et déjà sur les sites d’Outreau (atelier menuiserie) et de Saint-Martin les Boulogne (atelier vélos) – un nouvel outil de valorisation et d’appropriation de la culture technique pour les enfants et les jeunes de l’association.

Ce nouvel outil s’appelle le « Fab Lab », c’est un ensemble d’espaces de vie : l’unité de production, où sont les machines outils, co-existent avec des espaces adjacents. Cette pluralité d’espaces, de lieux bâtis, est consubstantielle du principe de création manufacturée. Un espace permettant la consultation d’ouvrages, de connexion à l’Internet, un espace de rencontre et de dialogue avec des personnes qui, dans le territoire, peuvent échanger des savoirs, des savoir faire et des savoir être reliés au projet que le futur adulte ou l’adulte désire développer, un espace détente, propice aux rêveries, aux médiations sont quelques exemples de salles entourant celle de l’unité de production.

Le budget demandé pour cette subvention Schlumberger dans sa première phase de développement, d’après Eric Parot, doit être dans une fourchette de 13 000 à 15 000 euros, somme correspondant à l’achat de machines essentielles au fonctionnement de l’unité de production : imprimante 3 D, découpe laser, etc. Un exemple de machines utilisées dans un Fab Lab à Lannion, en Bretagne, est consultable ici : http://fablab-lannion.org/le-projet/un-atelier-proposant-des-outils-incroyables/

Dans le document demandant cette subvention à l’entreprise Schlumberger pour la création d’un Fab Lab à Outreau, il faudra associer un projet spécifique à l’usage de ces machines outils.

Il y a deux grandes familles de machines outils composant un Fab Lab : les machines outils qui créent des objets en trois dimensions, en volume, en relief (ex : « imprimante 3D ») et les machines outils qui créent des objets en deux dimensions, à plat (ex : « plotter de découpe »).

Quel projet spécifique associer à ces deux catégories de machines ?

Eric Parot propose que, pour la famille « trois dimensions », l’association propose par exemple qu’un robot biomécanique, un « robot cafard » soit développé sur trois années. Les intérêts pour les enfants et les jeunes de l’association seraient :

  • d’acquérir des savoir faire d’un bon niveau de qualification et ainsi de travailler à leur insertion professionnelle ;

  • de pouvoir cultiver l’art d’observer la nature (possibilité d’organiser des séances d’observation et de dessin d’insectes avec un chercheur du Muséum National d’Histoire Naturelle) et ainsi de mieux se penser dans le temps et dans l’espace ;

  • de pouvoir décliner en sous-parties le programme global (par exemple l’enfant en placement ne serait-ce que 6 semaines au sein de l’association pourrait néanmoins développer une des pattes du robot) ;

  • de participer à un projet les valorisant et valorisant l’association : ce robot pourrait servir par exemple aux sauveteurs qui interviennent sur les décombres d’un tremblement de terre pour retrouver des survivants.

Pour la famille « deux dimensions », il serait par exemple intéressant de faire réfléchir les futurs adultes et adultes à un revêtement de la roulotte, qui scande graphiquement les valeurs de l’association, et améliore son impact promotionnel lors de ses déplacements dans le territoire en quête des objets mémoriels personnels des habitants thématisant l’enfance (programme « Nous sommes les gardiens de votre enfance »). De manière plus générale, les objets créés par les outils « deux dimensions » du Fab Lab (toiles plastiques personnalisées, stickers personnalisés, vêtements personnalisés, sont parmi les vecteurs contemporains des « arts de la rue », la rue étant l’espace public premier de la vie de la Cité).

Dans le document demandant cette subvention à l’entreprise Schlumberger pour la création d’un Fab Lab à Outreau, il faudra signaler la coopération d’experts en informatique industrielle, pour aider les adultes et futurs adultes de l’association à développer les programmes permettant aux machines outils de matérialiser leur projet.

Sur le plan local (territoire physique immédiat de l’association), l’ULCO propose, parmi ses formations, un master qui pourrait être contacté par l’association pour participer au développement de ce Fab Lab :

http://formations.univ-littoral.fr/cdm/ws?_cmd=getFormation&_oid=FR_RNE_0596464M_PR_ST50100350&_redirect=voir_fiche_program&_lang=fr-FR

Sur le plan international, Simone Amber, fondatrice et présidente de la Fondation SEED, vice-présidente de l’entreprise Schlumberger, est par ailleurs membre du conseil d’administration de la « Fabfoundation » :

http://www.fabfoundation.org/about-us/

Ce réseau hébergé par le MIT (Massassuchetts Institute of Technology, Université de Cambridge, Etats-Unis), facilite notamment la mise en relation et la coopération entre Fab Lab du monde entier :

http://fab.cba.mit.edu/about/labs/

Il serait possible à terme de demander auprès du MIT la reconnaissance et le parrainage du Fab Lab MECOP.

Emmanuel Paris fait un point sur l’organisation des « Conférences du jeudi », chaque premier jeudi du mois, conférences données devant les personnels de l’association au Café-théâtre Michel Laffont et ouvertes à la population du territoire. Depuis la précédente réunion du conseil scientifique, le 13 octobre 2013, les conférences du jeudi ont permis d’écouter et de dialoguer avec deux membres du conseil scientifique :

  • Claire Beugnet, qui est intervenue à propos du statut juridique des enfants ;

  • Arnaud Le Marchand, qui a présenté ses travaux sur les caractéristiques de l’économie des populations migrantes particulièrement présentes dans les territoires portuaires.

Julien Kleszczowski intervient le 6 février 2014 à propos des formes d’évaluation du travail d’éducateur intégrant une dimension plurielle (idée de la co-construction des indicateurs évaluant le travail mené par l’éducateur avec lui, et non pas en son absence).

  1. Calendrier des prochaines échéances du conseil scientifique :

Les membres du conseil scientifique posent les dates des prochaines réunions :

        • Le 11 avril 2014, de 10h15 à 13h, à Boulogne-sur-mer ;

        • Le colloque organisé lors des « Journées d’Enfance 2014 » aura lieu le mardi 1er juillet 2014.

        • La réunion plénière du conseil scientifique, durant laquelle sera restitué le travail effectué par le conseil durant la saison culturelle écoulée, aura lieu le mercredi 2 juillet 2014 de 9h à midi.

A la demande de M. Noël Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », une réunion du conseil d’administration est programmée le mardi 18 mars 2014 à 18h30. M. Quéré demande à Emmanuel Paris de présenter à cette occasion aux administrateurs de l’association l’activité menée au sein du conseil scientifique.

M. Philippe Hazelart, président du conseil scientifique, clôt cette deuxième réunion.