Colloque “Utopia” (textes, vidéo et diaporamas)

Deuxième moment fort de notre festival annuel Les Journées d’Enfance 2024 ; le colloque “Utopia” organisé ce 1er juillet en partenariat avec l’ULCO, site de Boulogne-sur mer.

M. Philippe Richard, membre de notre conseil d’administration, a inauguré ce colloque :

Merci à Monsieur Jean-Claude Leroy, président du Conseil départemental du Pas-de-Calais sans qui cette manifestation n’aurait pas eu lieu.
Merci aussi aux maires des communes qui ont contribué aux “Journées de l’Enfance” et plus particulièrement à :
Monsieur Frédéric Cuvillier, ancien secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, maire de Boulogne-sur-Mer et président de la Communauté d’Agglomérations du Boulonnais pour l’aide qu’il nous apporte.
Monsieur Sébastien Chochois, maire d’Outreau qui héberge les enfants des maisons des découvreurs, de la musique et de la danse et qui nous a accordé cette année le plaisir d’organiser le 5 juillet le spectacle dans la très belle salle « Le Phenix ».
Monsieur Raphael Jules, maire de Saint-Martin-Boulogne, qui accueille les enfants de la maison du cirque et du théâtre, du centre de jour et de la maison vive au sein de sa commune.
Monsieur Antoine Logié, maire de Wimille, qui a accueille les enfants de la maison du sport et du bien-être.
Notre reconnaissance se porte vers nos partenaires qui, pendant toute l’année, ont travaillé pour et auprès des enfants.
La Fondation de France, la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation Marc Rohrbach sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation Sopra Steria – Institut de France, l’entreprise Inelys, les Jeunesses Musicales de France dont l’implication financière et les conseils avisés permettent de voir aboutir bien des projets.
Messieurs Rubio Gullon et le Bras, respectivement Président du Tribunal de Boulogne-sur-mer et procureur de la République pour avoir permis avec Messieurs Valnet, Bourgeois et Gonnet, magistrats du Tribunal Pour Enfants, pour cette convention permettant d’installer dans les locaux du Tribunal Pour Enfants les œuvres crées par les enfants du Centre de jour et de la Maison Vive lors de leurs ateliers en arts plastiques.
Monsieur Rémy Boiron, écrivain et acteur de théâtre, créant avec les enfants un film pour illustrer le thème de notre saison : « Utopia ».
Madame Viliina Koivisto et Monsieur Mark Nixon, artiste et architecte, pour la réalisation de la « Maison qui frissonne » que nous inaugurerons demain site Splingard.
Monsieur Bernard Schneider, président de l’orchestre philarmonique « Opale Sinfonietta » pour la présentation aux enfants du Centre de jour du travail réalisé à l’occasion des répétitions de « L’île de Tulipatan » d’Offenbach.
Madame Hélène Hanon, chargée de relations publiques du Château d’Hardelot, pour la participation des enfants du Centre de jour à la résidence de la compagnie Irina Brook faisant découvrir « Le roi Lear » de William Shakespeare.
Monsieur Thierry Rigaux, directeur du site universitaire de l’ULCO Boulogne-sur-mer, Mesdames Odile Gadbled et Virginie Lohezic, qui ont magnifiquement coordonné notre accueil dans ces beaux locaux de l’Université Littoral Côte d’Opale.
Le BCK (Boulogne Canoë Kayak) est particulièrement remercié pour avoir initié à la joute nautique avec une mention particulière à Elisabeth Poly, qui nous soutient pas à pas.
Merci aussi à Romuald Pierru, metteur en scène du spectacle que vous verrez vendredi.
Ceci me permet de saluer aussi les professeurs des ateliers culturels et artistiques de nos Maisons : Sylvie Mestre pour les arts plastiques du Centre de jour et de la Maison Vive, Carine Pochet pour le yoga à la Maison du Sport, Marine Vigneron pour la danse à la Maison de la Danse, Nicolas Berthélémy pour l’activité sportive de la Maison Vive, Manuel Pacques pour le théâtre au Centre de Jour, Romuald Pierru pour les arts du cirque à la Maison du Cirque, Yann Pochet pour la savate française des Découvreurs, Christophe Henon pour la musique à la Maison de la Musique.
Ces remerciements seraient incomplets si j’omettais de présenter les conférenciers qui sont l’armature de ce colloque. Par ordre de prise de parole cette journée je citerai :
Patrick Bourdet, parrain de notre association qui, avec des enfants de nos Maisons, a réfléchi au thème de notre saison culturelle.
Maki Suzuki, artiste à propos de ses créations en Europe permettant la réalisation de lieux utopiques.
Christian Antonelli, dessinateur de presse, à propos de son travail pour proposer aux lecteurs un regard décalé sur l’actualité.
Marie-Pierre Bouchaudy, membre de notre Conseil scientifique, à propos de ses études sur les nouveaux territoires de l’art.
Pascale Cornuel, historienne, à propos de sa recherche sur Sœur Anne-Marie Javouhey et de la création dans les années 183 du village de Mana en Guyane.
Lumina Henon, Yannick Coppin, Bruno Defachelle et Christophe Lefevre, vos collègues, qui co-animeront les ateliers avec Marie-Pierre Bouchaudy, Maki Suzuki, Philippe Richard.
Christian Antonelli nous croquera avec la malice et le talent que nous lui connaissons tout au long de cette journée.
Un grand merci au Conseil scientifique de notre association, représenté aujourd’hui par Marie-Pierre Bouchaudy et Patrick Girard, pour avoir accompagnée la réalisation de ce colloque
.”

En ouverture de ce colloque fut diffusé dans l’amphithéâtre le film de l’entretien de M. Patrick Bourdet, parrain de notre association, avec des enfants des Maisons :

Découvrez ci-après les illustrations diffusées ensuite à l’écran dans l’amphithéâtre (présentation par ordre de passage) :

Exposé de M. Maki Suzuki :

Exposé de Madame Marie-Pierre Bouchaudy :

Quelques repères

La réappropriation par des groupes d’artistes ou des porteurs de projets culturels de bâtiments industriels délaissés, souvent situés en périphérie de centres urbains, est un phénomène initialement apparu dans les années 1970 dans le Nord de l’Europe, pour concerner la France surtout depuis le milieu des années 1980. Le terme générique le plus usité alors est « friche culturelle » renvoyant à la nature des espaces investis.

Dans les pays du Nord de l’Europe et toujours en lien avec le passé des espaces reconvertis, on trouve plutôt le terme de « fabrique » (factory, Fabrik) associé à art ou culture.

« Héritières des formes de contestation sociale et politique de ces années 1970 et influencées par les mouvements de contre-culture qui leur sont associés, les premières friches culturelles sont en tout cas exemplaires d’une volonté de se distinguer de la conception des pratiques artistiques qui domine à l’époque dans les équipements artistiques et les mondes institués de l’art. À une très forte centration sur l’originalité de l’œuvre d’art et l’autonomie de l’artiste professionnel, s’oppose ainsi une volonté de circulation plus affirmée et réciproque entre processus artistiques et autres dimensions de la vie sociale. » (Philippe Henry, 2010).

Rendu public, le 19 juin 2001, le rapport intitulé “Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires…Une nouvelle époque de l’action culturelle”, rédigé par Fabrice Lextrait, ancien administrateur de la friche marseillaise “La Belle de Mai”, suite à la commande de Michel Duffour, secrétaire d’Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle, pointe les fondements communs d’un échantillon de plus d’une trentaine d’espaces artistiques et culturels en France.

Le terme d’espace ou lieu intermédiaire y sera utilisé en référence à Peter Handke dans le sens d’espaces intersticiels dans lesquels l’expérimentation et l’inventivité sont possibles.

Ce rapport et les rencontres qui l’accompagneront marquent un tournant dans la manière d’envisager ces initiatives de la part des collectivités territoriales, des propriétaires fonciers et surtout de l’Etat. Une rencontre internationale, organisée par les ministères de la Culture, de la Ville et des affaires étrangères aura lieu en février 2002 à la Friche Belle de mai et réunira 1500 personnes. Le titre de ce colloque « Les nouveaux territoires de l’art » sera repris comme une facilité de nommer ensuite ces espaces culturels.

Il faudra attendre « Les Assises de la jeune création » en juin 2015 pour réaffirmer l’intérêt du ministère de la Culture pour ces espaces. Le terme de tiers-lieu apparaît alors dans la dixième mesure issue des assises qui entend « soutenir les tiers lieux et les lieux intermédiaires ».

Le tiers lieu ou troisième lieu, traduit de l’anglais the third place, est une notion forgée par Ray Oldenburg, professeur de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride (The great good place, 1989). C’est un espace dédié à la vie sociale, distinct du premier lieu, la maison, et du deuxième, l’espace professionnel, où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de manière informelle.

Cette notion a été reprise par les bibliothèques troisième lieu qui proposent des espaces et des activités conviviales et rompent avec une vision légitimiste de la culture.Le tiers lieu est aussi très souvent un lieu souple de travail collaboratif, le co-working. Les Fablabs (laboratoires de fabrication) sont des lieux ouverts de création et de prototypage d’objets s’adressant à des larges publics qui proposent à leurs adhérents des machines à commande numérique. Ils peuvent être plutôt orientés informatique et technologie (les Hakerspaces), fabrication (les Makerspaces), réparation (les Repair Cafés). Cette typologie des tiers lieux n’est pas exhaustive et les notions de tiers lieux et d’espaces intermédiaires peuvent se recouvrir en totalité ou en partie dans certains projets.

Des fondements communs

Les fondements les plus importants de ces aventures reposent sur la volonté et le besoin de disposer d’espaces et de temporalités de travail non contraints (taille, horaires d’ouverture, réversibilité) et de pouvoir maîtriser l’ensemble de la chaîne de production des œuvres et des processus artistiques depuis leur conception jusqu’à leur rencontre avec des publics. L’artiste se retrouve alors au centre du processus avec une visibilité sociale renforcée.

C’est ainsi que ces équipes et projets tentent d’occuper autrement des espaces qui deviennent à la fois des espaces de travail, de production, de monstration et de relation renouvelée avec les habitants des territoires qu’ils habitent.

Ils interrogent à la fois les modes de production, les formes esthétiques de monstration et expérimentent des relations nouvelles entre l’artiste et la Cité en sortant des institutions ou des lieux de présentation marchande. C’est le statut de l’œuvre d’art et son « autonomie » qui sont remis en question.

L’inventivité se développe aussi au niveau des modes de gouvernance, collectifs et délibératifs, cherchant à renouveler des processus démocratiques aussi bien dans l’organisation interne que dans les relations avec les publics et les populations. Enfin, sont développées des approches pluri et transdisciplinaires dans une volonté de croiser disciplines, techniques et savoir-faire, experts artistiques et experts du quotidien, professionnels et amateurs, salariés et bénévoles, cette hybridation les transformant en espaces d’expérimentation sociale et de fabrication du commun.

L’inscription dans des réseaux internationaux est aussi à souligner et demanderait à elle seule une analyse plus précise. Dès 1983, les premières initiatives européennes se sont regroupées au sein du réseau et de la plate-forme Transeuropehalles qui regroupe aujourd’hui 90 lieux indépendants.

Un abécédaire en 2023 ?

Vingt ans après les Rencontres des nouveaux territoires de l’art à La Friche La Belle de Mai, les initiatives se sont multipliées et les formes sont toujours plus diverses. Si, dans les années 70 et 80, les friches industrielles étaient majoritairement utilisées, depuis, les bâtiments agricoles, gares, friches commerciales, bâtiments publics ont été investis. De nombreux appels d’offres lancés par des entreprises, des aménageurs, des promoteurs, des collectivités locales ont permis des expérimentations de durées variables, obligeant à des regroupements d’acteurs d’univers éloignés, regroupements qui se sont révélés très productifs.

Le mouvement ne s’est donc pas essoufflé, malgré sa précarité persistante. Au contraire, il s’est diversifié en mobilisant de nouveaux acteurs culturels s’inscrivant davantage dans les champs sociaux, éducatifs, alimentaires, économiques, écologiques. Il s’est ainsi enrichi des approches de nouvelles générations.

Devant une telle diversité d’acteurs et face à des confusions multiples entre enjeux économiques, politiques, culturels, sociaux ou artistiques, il est nécessaire de revenir visiter cette histoire des trente dernières années. Pas de manière linéaire mais à travers les concepts, notions, constats, vocabulaire, récits… qui sont nés de cette histoire.

Exposé de Madame Pascale Cornuel :

Exposé de M. Christian Antonelli :

Dessins réalisés par M. Christian Antonelli durant cette journée :

Découvrez les dessins réalisés par Maki Suzuki durant cette journée :