Compte-rendu de la réunion du 13 mars 2020

Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Présents :

Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, précédent coordinateur France Fondation SEED
François Roy, comédien, metteur en scène
Philippe Richard, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Anick Traguardi-Menet, représentante du personnel de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Excusés :

Marie-Christine Briatte, directrice du Pôle d’Action Municipale Solidarités et Réussites Educatives à la Mairie de Boulogne-sur-mer
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie, Université Paris 1
Fleur Guy, docteure en géographie, chercheuse associée à l’UMR 5600 Environnement Ville et Société
Pierre Lemarquis, neurologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes
Patrick Miquel, précédemment directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais
Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Henri Villeneuve, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Invitées :

Alicia Gignet, psychologue de l’association “Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale”,
Caroline Mercier, éducatrice du service DMAD / DARF de l’association “Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale”
Elodie Molaro, éducatrice de la Maison du Cirque, association “Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale”

Ouverture de la vingtième séance du Conseil scientifique par Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique.

I. Nomination pour le renouvellement de la présidence du Conseil :

Emmanuel Paris informe les participants que, conformément aux délibérations du Conseil scientifique lors de sa réunion organisée le 4 octobre 2019, le Conseil d’administration de l’association a approuvé la proposition de la direction ; proposer à Claire Oger la présidence du Conseil scientifique pour succéder à Eric Legros, qui a souhaité mettre fin à ce mandat.
Claire Oger a accepté cette nomination.

Les participants à la réunion du Conseil scientifique ce 13 mars 2020 approuvent à l’unanimité la nomination de Claire Oger ; Claire Oger est présidente du Conseil scientifique à compter de ce jour.

Emmanuel Paris remercie l’association au nom de Claire Oger. Claire Oger présentera au Conseil scientifique des axes de travail lors de la réunion de rentrée du Conseil, pour la saison 2020-2021.

II. Préparation du Colloque « Rien n’est joué d’avance », vendredi 3 juillet 2020 :

Emmanuel Paris remercie Alicia Gignet, Caroline Mercier, Elodie Molaro d’avoir accepté de participer à cette réunion en leur qualité de co-animatrices des ateliers programmés lors du Colloque « Rien n’est joué d’avance », le 3 juillet 2020.

Emmanuel Paris informe les participants que, conformément aux modalités organisationnelles adoptées voici trois ans, ces ateliers sont co-animés par une ou un membre du Conseil scientifique, et une ou un membre des équipes éducatives des Maisons. Chaque atelier propose aux auditrices et auditeurs du colloque, un espace de parole d’une heure trente pour penser et discuter quelques acceptions du thème de notre saison culturelle.

Emmanuel Paris précise la composition des trois ateliers : Claire Oger a accepté de co-animer l’atelier avec Alicia Gignet, Pierre Lemarquis a accepté de co-animer l’atelier avec Caroline Mercier, Eric Parot a accepté de co-animer l’atelier avec Elodie Molaro.

Caroline Mercier présente quelques idées qu’elle souhaite présenter aux participants de l’atelier 1 :
– le rôle joué par la consommation d’écrans (TV, ordinateurs, smartphones) dans la capacité des enfants à prêter attention à une information au point d’accepter d’y réfléchir et d’en parler avec l’adulte ;
– le rôle joué par les émotions ressenties dans la capacité des enfants et des adultes à penser de manière irrationnelle ou rationnelle les informations qui leur parviennent ;
– le rôle joué par les conditions socio-économiques sur le parcours de vie des personnes.

Caroline Mercier explique qu’elle constate dans le quotidien du travail éducatif le rôle perturbateur des écrans, repérant que leur surconsommation distrait les enfants de l’attention qu’ils sont pourtant en droit de porter sur le monde, afin de repérer et de comprendre ce qui est important de ce qui l’est moins. Caroline Mercier observe que ceci est un phénomène de société, et aimerait y réfléchir avec Pierre Lemarquis et les participants de l’atelier.

Caroline Mercier dit par ailleurs avoir apprécié la conférence de Pierre Lemarquis, organisée par notre association le 19 janvier 2018 au Café-théâtre Michel Lafont de notre association. Pierre Lemarquis avait notamment montré le rôle important joué par les émotions dans l’atrophie ou au contraire le grandissement des capacités cognitives. Caroline Mercier observe que des enfants peuvent en effet montrer dans la durée de la mesure éducative des régressions, ou au contraire des épanouissements, qui ne sont pas nécessairement linéaires, continuellement progressifs. Caroline Mercier aimerait y réfléchir avec Pierre Lemarquis et les participants de l’atelier.

Caroline Mercier conclut sur cette présentation d’idées pour l’atelier 1 par l’intérêt porté au récit biographique de notre parrain d’association : Patrick Bourdet, dans son ouvrage « Rien n’est joué d’avance », lequel a notamment inspiré le thème de cette nouvelle saison culturelle de l’association. Le parcours de vie de Patrick Bourdet, observe Caroline Mercier, indique qu’il est possible de s’émanciper de ses origines socio-économiques. Caroline Mercier dit que c’est là une question de société, et aimerait y réfléchir avec Pierre Lemarquis et les participants de l’atelier.

Les membres du Conseil scientifique approuvent et valorisent ces thèmes.

François Roy informe les participants de la qualité des travaux de Pierre Lemarquis à propos des facteurs physiologiques concourant au ressenti émotionnel, à l’épanouissement des personnes.

François Roy cite les travaux réalisés par Pierre Lemarquis dans des orphelinats en Roumanie, sous Nicolae Ceausescu. Les enfants de ces orphelinats, bien qu’ayant fortement souffert de désocialisation le temps de leur enfermement dans ces structures – au point de ne plus grandir, de ne plus parler, de présenter des signes alarmants de développement physiologique, ont pour la plupart récupéré rapidement une courbe de croissance normale, dès qu’ils ont été de nouveau entourés d’affections par une communauté redevenue bienveillante. François Roy cite quelques exemples de ces enfants, qui, devenus adultes, sont devenus intellectuels, artistes reconnus.

Philippe Richard et François Roy recommandent le film réalisé à l’occasion de la formation proposée au premier trimestre 2016 aux équipes éducatives de l’association ; Pierre Lemarquis s’y exprime notamment sur l’état des connaissances neuroscientifiques à propos des capacités à ressentir, à penser. On trouvera ce film ici.

Alicia Gignet observe qu’un état d’excitation émotionnelle empêche souvent la personne ; enfant, adulte, d’être réceptif à l’écoute de soi et des autres. Alicia Gignet précise qu’y compris l’angoisse du vide, la peur de s’ennuyer – autrement dit, l’absence de stimuli extérieurs perturbant la compréhension de soi et l’attention aux autres, participent dans le quotidien des Maisons à l’effort des équipes pour que l’éveil, la socialisation, soient au cœur des moments vécus par les enfants.

Alicia Gignet présente quelques idées qu’elle souhaite présenter aux participants de l’atelier 2.
Le thème de l’année est « Rien n’est joué d’avance ». A la première lecture, cette phrase, explique Alicia Gignet, lui a semblé pouvoir résonner au travers de la sphère scolaire. En effet, nous sommes de plus en plus fréquemment, si ce n’est quotidiennement, confrontés à des jeunes qui ne parviennent pas/plus à donner du sens au système scolaire actuel, à y trouver une accroche ou ne serait-ce qu’à y trouver une place. Ces jeunes peuvent poursuivre leur scolarité de manière linéaire, accumulant les exclusions et les mauvaises notes relatives à leurs difficultés d’apprentissage ou de compréhension, sans pour autant redoubler ou bénéficier d’une prise en charge scolaire adaptée. D’autres poursuivent leurs études sans grande difficulté notable mais ne parviennent pas à y accorder du sens pour leur avenir. D’autres encore s’inscrivent dans un décrochage scolaire, lent ou immédiat, et qu’ils soient âgés de plus ou moins de 16 ans ne fait aucune différence dans le fait qu’ils passent leurs journées dans le « Rien ».

Des journées dénuées de sens, où le temps s’écoule sans qu’aucun acte ne vienne lui donner consistance. Des jeunes qui, à l’heure actuelle, appréhendent l’école comme une sanction, le diplôme comme un prérequis immuable afin de trouver un travail, le travail comme une corvée dont chacun doit se saisir afin de pouvoir survivre une fois adulte.

Il s’agit aujourd’hui d’aller à l’école, d’avoir un diplôme et de trouver un travail dont la rémunération permettra d’avoir un endroit où vivre et un réfrigérateur alimenté. La sphère scolaire en tant qu’instance d’apprentissage, de socialisation, de construction et d’éducation apparaît peu à peu comme une légende autrefois contée autour du feu. Quid de ce lieu d’exploration des capacités et des affinités de chacun permettant à l’individu de s’épanouir au sein d’un domaine qui le passionne, le rend utile (dans le sens où il apporte quelque chose de soi à l’extérieur) et lui permet de trouver une place au sein de la société, un sens à son existence et un projet pour son avenir ?

Alicia Gignet dit qu’elle n’envisage pas de débattre autour de : est-ce un refus de l’école par les jeunes ou un refus des jeunes par l’école ? Ou bien même : sont-ce les jeunes qui ne cherchent plus à s’adapter à l’école ou est-ce une défaillance du système scolaire qui ne s’adapte pas assez aux singularités ?

L’avenir scolaire ou professionnel ne dépend pas exclusivement du système scolaire ou des professeurs. Le fait d’échouer ou de rater un examen n’a jamais constitué une finalité en soit. Alors au-delà du fait d’être « fait » ou non pour l’école, de parvenir à s’inscrire dans une scolarité classique ou d’obtenir un diplôme, qu’en est-il ?

Alicia Gignet dit qu’elle envisage ce débat à la lumière du questionnement de savoir ce que les membres des équipes gravitant quotidiennement autour du jeune peuvent penser pour lui permettre d’apporter du sens et de la création dans son avenir. Comment amener le jeune à identifier ses capacités et potentiels ? Comment lui permettre de les exploiter ? Comment l’amener à donner du sens, une place et à se projeter vers un avenir ? Comment accompagner et porter les passions d’un jeune ?

L’importance de la transmission des passions de chacun, de ce qui anime l’individu et lui permet d’investir la collectivité. L’envie de transmettre ses motivations et passions afin de faire naître chez l’autre l’envie de trouver les siennes. L’importance de l’échange dans la relation avec le jeune : l’éducateur a autant à apprendre de l’enfant, de ses capacités, envies et talents que l’enfant de l’éducateur. Comment amener, accompagner et porter l’enfant à travers sa quête de construction et de création ? Qu’en est-il du domaine de prédilection propre à chacun, du domaine d’excellence, du dada qui anime ?

Les membres du Conseil scientifique approuvent et valorisent ces thèmes.

Alicia Gignet dit que la question problématique des situations stigmatisantes vécues parfois par les enfants de l’association dans l’espace scolaire – des enfants pouvant être rejetés par leurs pairs car différents, vivant en « foyer », amène aussi à réfléchir aux solutions que les équipes et les enfants peuvent s’autoriser à expérimenter pour la surmonter.

Anick Traguardi-Menet dit que ces problèmes sont souvent fonction de la qualité des relations entretenues par les équipes avec les établissements scolaires des enfants concernés par ces stigmatisations.

Emmanuel Paris agrée cette observation et informe les participants que le comité de direction travaille, pour ces raisons, à la mise en place de calendrier de réunions bimensuels avec les directions d’établissement scolaire. Emmanuel Paris précise qu’à ce jour l’Ecole Jean Macé (Outreau), le Collège Albert Camus (Outreau), le Lycée professionnel Cazin (Boulogne-sur-mer) ont accepté ces organisations partenariales.

Emmanuel Paris dit que l’association porte par ailleurs deux actions culturelles en développement, l’une depuis septembre 2019 et l’autre à venir, pour surmonter ces problèmes d’éveil aux apprentissages ainsi que de stigmatisation possible dans l’espace scolaire.
Emmanuel Paris précise que ces deux actions participent à l’action entreprise par les collectivités territoriales de Boulogne-sur-mer et de Saint-Martin Boulogne, dans le cadre de l’obtention du label « Les Cités éducatives » pour ces territoires. On trouvera ici plus d’informations sur cet engagement (compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 4 octobre 2019, en introduction).
Ces deux actions sont, pour l’une, le développement du FabLab des Maisons avec le soutien de la Fondation Sopra Steria sous l’égide de l’Institut de France (action en cours), et pour l’autre, la création d’un conservatoire botanique des Maisons sur le site de la Ferme de Bertinghen, avec le soutien de la Fondation SEED (Fondation « Schlumberger Excellence in Educational Development », Fondation de l’entreprise Schlumberger Ltd.).

Dans les deux cas, l’idée est d’ouvrir ces espaces artistiques, culturels et éducatifs aux publics scolaires et aux familles résidant dans le Boulonnais afin que nos raisons d’être et d’agir, enfants et équipes de notre association, puissent partager avec la collectivité le goût pour apprendre, créer, inventer.

Eric Parot dit qu’il sera très important que les nouveaux publics de ces espaces de notre association puissent comprendre l’identité de ces lieux, ce en quoi et pourquoi ils ont été créés, ce au nom de quoi ils existent et se développent.

Emmanuel Paris dit que, sur le modèle des livrets pédagogiques proposés par les Musées avant la venue des groupes scolaires et des visiteurs par ces institutions aux journalistes, familles, instituteurs, professeurs, l’association pourra développer des documents de communication ad hoc.

Elodie Molaro présente quelques idées qu’elle souhaite présenter aux participants de l’atelier 3, en co-animation avec Eric Parot.
L’atelier aura pour sujet de penser toutes pédagogies alternatives permettant aux enfants des Maisons de surmonter l’écueil des inégalités créées par les manières d’enseigner dans les établissements scolaires. Elodie Molaro explique que les méthodologies mobilisées par les instituteurs, les professeurs, pour faire cours à leur classe, peuvent en effet discriminer d’emblée les élèves qui ont les capacités de les comprendre, de les maîtriser, et ceux qui ne le peuvent.

Elodie Molaro dit que, de manière générale, placer l’enfant dans la conception de ces façons d’apprendre pourrait résoudre bien des problèmes d’acquisition des connaissances, mais constate que ce vœu se confronte à une rigidité forte des programmateurs définissant les contenus de l’Education nationale.

Emmanuel Paris demande à Eric Parot de revenir sur l’histoire de la création de la Fondation SEED.

Eric Parot explique que cette Fondation a été créée en 2005, pour faire réponse au fort sentiment d’exclusion exprimé par les habitants des banlieues. Des émeutes avaient alors sévèrement bouleversé le pays, et l’un des points que des employés de l’entreprise Schlumberger Ltd. Avaient identifiées parmi les raisons de cette crise, étant l’impossibilité pour beaucoup de jeunes vivant dans ces territoires de la République, d’accéder à des enseignements scientifiques et techniques, vecteurs possibles d’insertion professionnelle. Des bénévoles de la Fondation étaient alors intervenus dans les collèges et lycées classés en ZEP (« Zone d’Education Prioritaire »).

Eric Parot revient aussi sur le partenariat pluriannuel avec le Centre de Jour de notre association (septième année d’activités). La réussite de cette action, dit Eric Parot, fut notamment de bénéficier d’une haute coordination entre membres de l’équipe éducative, et intervenants de la Fondation.

Emmanuel Paris dit que la nouvelle sociologie des sciences et des techniques a ces dernières années insistées sur les distinctions nécessaires à formuler entre savoirs, connaissances et expériences vécues, entre culture dite ordinaire et culture dite savante. Jusque-là, observe Emmanuel Paris, les conceptions étaient peu démocratiques, privilégiant les savoirs et les connaissances, faisant l’impasse sur les expériences vécues comme corpus tout aussi intéressant pour comprendre et se représenter le monde.

Emmanuel Paris propose une classification de ces trois catégories :
– le savoir est ce qu’il est bon, du point de vue du développement de société, d’être su pour penser, agir sur le monde ;
– la connaissance est ce qu’il est bon, du point de vue d’un groupe social, d’être su pour penser, agir sur le monde ;
– l’expérience vécue est ce qu’il est bon, du point de vue de l’individu, d’être su pour penser, agir sur le monde.
Emmanuel Paris conclut sur le fait que, si l’on tient ces trois catégories ensemble, alors les façons de les partager donnent lieu elles-mêmes à des manières de se lier spécifiques :
– circulation : savoir, connaissance, expérience vécue, s’auto-entretiennent par des interlocutions entretenues sans cesse par la collectivité et les citoyens ;
– diffusion : une autorité dit à la collectivité ce qu’il faut comprendre du monde en termes de savoirs, de connaissances par l’émission de messages envoyés à grande échelle ;
– médiation : un citoyen, une autorité dit à un autre citoyen, une autre autorité son expérience vécue, les deux interlocuteurs réfléchissant aux concordances ou aux discordances entre leurs deux rapports au monde ;
– transmission : une autorité dit à la collectivité ce qu’il faut comprendre du monde en termes de savoirs, de connaissances par l’émission de messages personnalisés ;
– vulgarisation : une autorité dit à la collectivité, au citoyen, ce qu’il faut comprendre du monde en termes de savoirs, de connaissances, l’autorité recherchant la simplification des messages pour qu’ils concordent avec l’expérience vécue du citoyen.

Ce qui pose problème, dit Emmanuel Paris, c’est bien la méconnaissance des intérêts respectifs des trois types d’énoncés sur le monde, et des techniques communicationnelles particulières requises par les cinq registres précités. Emmanuel Paris insiste sur la question de l’appropriabilité des savoirs, des connaissances, des expériences vécues comme critère premier de la vie en démocratie.

François Roy observe combien la relation avec l’enfant fait appel à la remémoration : il s’agit pour l’adulte d’apprendre de l’enfant, en lui demandant de se rappeler ce qu’il sait déjà du monde. Dès lors, dit François Roy, un dialogue peut naître, l’adulte pouvant à partir de ces savoirs et connaissances déjà là, dites par l’enfant, d’enrichir avec lui les énoncés sur le monde. François Roy nomme cette interaction « la resouvenance de ce que l’on sait déjà ».

Philippe Richard dit que le sel du métier d’éducateur est d’être non pas spécialisé, mais généraliste : est professionnel celle ou celui qui comprend l’entièreté de la vie des personnes pour lesquelles le travail est réalisé.

Emmanuel Paris remercie les participants pour la richesse de ces échanges. Emmanuel Paris demande aux animateurs d’atelier de lui envoyer d’ici la fin du mois de mai par mail quatre à cinq lignes permettant aux auditrices et auditeurs du colloque de choisir son groupe de parole.

Emmanuel Paris présente les autres orateurs du colloque :

– entretien filmé Patrick Bourdet / Enfants des Maisons à propos du thème de la saison, et de celui de la prochaine saison ;
– intervention de Marie-Christine Briatte, membre de notre Conseil scientifique, sur les nouvelles politiques portées par le label « Les Cités éducatives » ;
– intervention de Jean-Marcel Kipfer, vice-président de l’association « Conservatoires de France » sur les nouvelles politiques portées par les conservatoires nationaux ;
– intervention de Cédric Routier, sociologue, sur les nouveaux outils collaboratifs avec les usagers des institutions du Handicap et de la Santé ;
– intervention de Pierre Lemarquis, membre de notre Conseil scientifique, sur les phénomènes physiologiques concourant à l’intégration ou à l’exclusion d’un individu par un groupe.

III. Lecture commentées :

Emmanuel Paris distribue aux participants les textes recommandés par Claire Oger et Francis Rembotte : Claire Oger et Francis Rembotte s’excusent de ne pouvoir participer à la réunion et proposent de faire une lecture commentée lors de la réunion de rentrée du Conseil.

On trouvera, recommandé par Claire Oger, le texte “Psychiatrie : gestion de la violence ou violence gestionnaire” de Yannis Gansel publié le 27 janvier 2020 ici.

Les textes recommandés par Francis Rembotte sont :
• Sophie Rahal (2019) (Mécénat : à qui profite la prime ? », Télérama, 3642, 30 octobre 2019, pp. 20-26 ;
• Francis Charhon (2016), Vive la philanthropie, Paris, Editions du Cherche Midi.

IV. Formalisation d’un questionnaire de satisfaction à l’attention des enfants et des jeunes dont la mesure éducative se termine aux Maisons :

Emmanuel Paris distribue aux participants un document de travail transmis à Claire Beugnet Par Madame Nathalie Leprêtre, directrice de la Maison d’enfants de Guizelin. Madame Leprête a accepté de partager ce document de travail, car notre association comme la Maison d’enfants de Guizelin souhaitent proposer systématiquement à la fin de leur mesure éducative aux enfants et aux jeunes des deux institutions respectives un questionnaire de satisfaction.

Les participants recommandent de cantonner ce questionnaire aux seules questions portant sur la qualité matérielle de l’accueil.

Alicia Gignet propose quelques formulations de phrases : « Est-ce que tu te souviens de ton arrivée chez nous ? » ; « Par qui as-tu été accueilli ? » ; « Qu’as-tu pensé en découvrant ta chambre ? » ; « Est-ce qu’il y a des améliorations possibles ? » ; « As-tu apprécié d’avoir une chambre individuelle ? ».

Claire Beugnet formule une question supplémentaire, permettant d’enrichir la réflexion nourrie par l’enfant et son éducateur référent lors de la rédaction des réponses au questionnaire : « Est-ce que tu penses que ta présence chez nous t’aide à préparer l’après ? ».

Eric Parot, Claire Beugnet, Emmanuel Paris recommandent de ne pas réserver le questionnaire au moment de la sortie de l’enfant, du jeune, des effectifs de notre association. Un meilleur emploi de ce document serait de la proposer plutôt chaque six mois, à l’occasion des DIPC. On trouvera sur notre site Internet un second outil évaluatif développé par le Conseil scientifique, et employé dans les Maisons depuis trois ans.

V. Questions annexes :

V.1. Présentation du thème de la saison culturelle prochaine ainsi que du programme du festival « Les journées d’enfance 2020 » :

La proposition du thème inspirant la prochaine saison du programme culturel de notre association est : « En vérités ».
Emmanuel Paris dit que, comme chaque année, le thème est inspiré se scènes du quotidien vécues avec les enfants des Maisons. Les enfants et les équipes ont très régulièrement à penser et décider en fonction d’une multitude d’énoncés, lesquels aussi différents soient-ils ont une influence certaine sur le cours de la vie. Paroles des parents, parole de la justice, parole de l’Education nationale, parole de l’Education spécialisée, parole des intervenants de notre programme artistique et culturel : à qui se vouer ?

Pour penser cette parole chorale au-delà des singularités des interprétants, le thème propose de réfléchir à ce qui fabrique le vrai, le véridique, le vraisemblable.

Emmanuel Paris cite plusieurs penseurs permettant, comme chaque saison, d’articuler le thème aux questions travaillées par l’humanité, en tout temps, en tout lieux.
Un texte sera proposé début septembre afin de présenter au mieux ce thème de la saison 2020-2021.

V.2. Présentation du Festival « Les Journées d’Enfance 2020 » :

A ce jour, et sous réserve de confirmation, le festival annuel de l’association se présente jour après jour de la façon suivante :

Le 26 juin 2020 de 18h à 20h, les enfants régateront sur la Liane dans le cadre de notre partenariat pluriannuel avec le BCK de Boulogne-sur-mer.

Le 28 juin 2020 de 10h30 à 12h, au café-théâtre Michel Lafont, espace scénique associatif, les enfants et les équipes visionneront les chroniques de la saison 2019-2020.

Le 1er juillet 2020, de 10h à 12h au café-théâtre de la Ferme de Bertinghen seront réunis le Conseil de la Culture d’entreprendre, le Conseil de la Vie Sociale, le Conseil scientifique et les comités de pilotages thématique du programme culturel.

Le 2 juillet 2019 de 12h à 15h, rassemblement annuel avec les anciennes et les anciens sur le site de la Ferme de Bertinghen,

Le 3 juillet 2020, colloque sur le site de l’Ulco Boulogne-sur-mer de 9h à 16h, puis spectacle à partir de 20h en salle « Le Phenix » d’Outreau.

Nous sommes bien évidemment dépendant des décisions prises en raison des mesures sanitaires, et ne pourrons confirmer cette manifestation dans cette présentation jour après jour d’ici la fin du mois de mai.

Emmanuel Paris remercie les participants et clôt la vingtième séance du Conseil scientifique.