Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association
« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Boulogne-sur-mer
19 janvier 2018
Présents :
Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Fleur Guy, docteure en géographie, chercheuse associée à l’UMR 5600 Environnement Ville et Société
Philippe Hazelart, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Pierre Lemarquis, neurologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes
Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, précédent coordinateur France Fondation SEED
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
François Roy, artiste dramatique, metteur en scène
Anick Traguardi-Menet, représentante du personnel de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Excusés :
Jean-Paul Demoule, professeur des universités émérite en archéologie, Université Paris 1
Eric Legros, président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Patrick Miquel, précédent directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais
Invités :
Vincent Lascour, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, archéologue, responsable d’opération, président de l’association « Les Chalcophore »
Aurélie Legras, responsable de la valorisation, association « Les Chalcophore »
Bernard Sultan, écrivain
Ouverture de la seizième séance du Conseil scientifique par Claire Beugnet, directrice de l’association.
I. Présentation des participants à cette réunion :
Claire Beugnet remercie Vincent Lascour, Aurélie Legras et Bernard Sultan de leur présence en tant qu’invités du Conseil scientifique et propose que chaque participant à cette réunion se présente.
Claire Beugnet est directrice de l’association, membre du Conseil scientifique depuis sa création.
Bernard Sultan est écrivain, acteur et metteur en scène. Bernard Sultan informe les participants qu’il a animé un cycle d’ateliers d’écriture à l’attention d’enfants de l’association durant l’automne 2017. Bernard Sultan informe les participants qu’il transmet à présent ce corpus de textes à François Roy, dans l’éventualité où ces écrits pourraient inspirer le synopsis du spectacle clôturant le festival de l’association, début juillet 2018. On trouvera le détail du travail réalisé sur notre site Internet, ici.
Eric Parot est ingénieur physicien au sein de l’entreprise Schlumberger Ltd. Eric Parot informe les participants qu’il anime aux cotés de Sophie Goujon-Durand, chercheuse et professeur à l’Ecole Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de la ville de Paris et de Yoann Jaffre, coordinateur France de la Fondation SEED et ingénieur électronique au sein de l’entreprise Schlumberger Ltd, un cycle d’ateliers en physique chimie à l’attention des enfants du Centre de Jour. On trouvera le contenu de la précédente séance de ce cycle d’ateliers sur notre site Internet, ici.
Claire Oger est professeur des universités en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris Est Créteil. Claire Oger informe les participants qu’elle réalise avec Fleur Guy une étude pluriannuelle avec des enfants et des jeunes de l’association au moyen d’entretiens itinérants leur permettant de préciser les lieux de leurs attachements. On trouvera la présentation de la sixième phase de cette étude sur notre site Internet, ici.
Fleur Guy est géographe. Fleur Guy informe les participants qu’elle réalise avec Claire Oger l’étude qui vient d’être décrite.
Vincent Lascour est archéologue. Vincent Lascour informe les participants qu’il anime les ateliers archéologiques mensuels à l’attention des enfants et des équipes des Maisons ; Vincent Lascour dit qu’il est parallèlement lauréat de la deuxième édition de la résidence art / science organisée par l’association. On trouvera le contenu de la précédente séance mensuelle d’archéologie sur notre site Internet, ici.
On trouvera la page dédiée à la résidence art / science 2018 sur notre site Internet, ici.
Aurélie Legras est photographe et valorise les actions réalisées par l’association « Les Chalcophore ». Aurélie Legras informe les participants qu’elle photographiera les moments vécus durant la résidence art / science 2018 pour des communications à venir à son sujet.
François Roy est artiste dramatique, metteur en scène du spectacle proposé par l’association pour la septième année consécutive. François Roy informe les participants que les Maisons se sont réunies la veille pour poser les premières bases du spectacle qui sera cette année proposée sur scène le vendredi 6 juillet 2018. On trouvera le détail du travail réalisé par François Roy avec les enfants et les équipes de l’association sur notre site Internet, dans le chapitre « I. Renouvellement du collège extérieur du Conseil scientifique », ici.
Anick Traguardi-Menet est éducatrice à la Maison du Cirque. Anick Traguardi-Menet est membre du Conseil scientifique depuis sa création et représente les personnels éducatifs de l’institution, co-animant par exemple un des ateliers du colloque organisé dans le cadre du festival de l’association.
Olivier Martin est professeur des universités en sociologie à l’Université Paris Descartes. Olivier Martin informe les participants qu’il réalise avec Elsa Ramos, maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Descartes, une étude pluriannuelle avec les anciennes et les anciens de l’institution, permettant de préciser notamment avec eux ce qui fait et signifie autonomie, indépendance. On trouvera la présentation de la précédente phase de cette étude sur notre site Internet, ici.
Pierre Lemarquis est neurologue. Pierre Lemarquis informe les participants qu’il anime le vendredi 19 janvier après-midi la première séance d’un séminaire organisé à l’attention des équipes éducatives de l’association, présentant des savoirs issus des recherches en neurosciences.
Francis Rembotte est administrateur de l’association, membre du Conseil scientifique depuis sa création.
Emmanuel Paris est directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association et chef de service de la Maison des Découvreurs, membre du Conseil scientifique depuis sa création.
Emmanuel Paris informe les participants qu’à titre exceptionnel, un enfant représentant les enfants et les jeunes de l’association ne pourra participer à cette réunion ; Emmanuel Paris précise que cette absence est due à l’organisation, au même moment, d’un atelier FabLab sur le site de la ferme de Bertinghen. On trouvera le contenu de la précédente séance du programme FabLab sur notre site Internet, ici.
Emmanuel Paris informe les participants que Jean-Paul Demoule, professeur des universités émérite en archéologie à l’Université Paris 1, ne pouvait être présent ce jour en raison de sa venue l’avant-veille de cette réunion pour participer au suivi du projet « Nouveaux commanditaires – Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » soutenu par la Fondation de France et consistant à la création en 2019 d’un ensemble d’actions artistiques valorisant le site archéologique du « petit déjeuner sous l’herbe ». On trouvera une présentation du petit déjeuner sous l’herbe sur notre site Internet, ici.
II. Présentation du bilan final de la saison 2016-2017 et de l’expérimentation d’un nouvel outil personnalisant l’évaluation des effets du programme culturel sur le parcours des enfants de l’association :
Emmanuel Paris distribue aux participants des sorties papier de la synthèse du référentiel évaluatif de la saison 2017-2018 dont on trouvera le détail sur notre site Internet, ici.
Emmanuel Paris précise que le nombre de personnes ayant découvert les créations issues du programme culturel de l’association durant cette saison (estimé à près de 320 000 personnes) s’explique notamment par la participation au rassemblement de vieux gréements, organisés chaque deux ans par la mairie de Boulogne-sur-mer, le Conseil départemental du Pas-de-Calais et la Communauté d’Agglomérations du Boulonnais, mais aussi par la volonté du FRAC Grand Large Hauts-de-France de doubler le temps de programmation de l’exposition créée par les enfants des ateliers arts plastiques du Centre de Jour et de la Maison Vive.
Emmanuel Paris dit aussi à propos de cette synthèse du référentiel que la promotion 2016-2017, comparée à la promotion 2015-2016, se caractérisait par une proportion à peu près égale de néophytes par rapport au nombre total d’enfants participant aux ateliers bi-hebdomadaires, et par une population féminine plus élevée.
Emmanuel Paris distribue ensuite aux participants une sortie papier de deux documents forgeant le nouvel outil personnalisant l’évaluation des effets du programme culturel sur le parcours des enfants de l’association. Le premier document est la fiche diffusée auprès des équipes des Maisons à l’occasion en prévision de l’organisation par chacune des DIPC (« Document Individuel de Prise en Charge » (DIPC). Le second document est le traitement statistique de ces fiches. On trouvera le détail de ces documents sur notre site Internet, ici.
Emmanuel Paris informe les participants que des résultats significatifs ne seront envisageables qu’après plusieurs années d’utilisation de cette fiche, chaque six mois, lors des DIPC. Emmanuel Paris précise que le protocole d’administration de cette fiche, pour sa première utilisation en novembre 2017, a donné lieu à un biais qui sera rectifié lors de la prochaine livrée ; certaines Maisons ont rempli la fiche collectivement, d’autres Maisons ont organisé le remplissage de la fiche en demandant à l’éducatrice ou l’éducateur référent de l’enfant concerné de s’en occuper. Emmanuel Paris conclut sur le fait que le remplissage collectif de la fiche sera systématiquement demandé aux Maisons pour le prochain DIPC, en mai 2018.
Claire Beugnet dit que ce nouvel outil présente d’ores et déjà l’avantage de mobiliser les équipes sur la notion de parcours de l’enfant.
Francis Rembotte demande si les équipes s’appuient sur des outils détaillant les critères d’évaluation pour chaque item du DIPC (« Le jeune et l’école » ; « le jeune et les liens familiaux », « le jeune et les soins » ; « le jeune et l’éducation » ; « le jeune et l’activité culturelle »).
Anick Traguardi-Menet répond que ces référentiels existent effectivement, et sont utilisés systématiquement par les équipes pour formuler dans chaque item les parcours des enfants sur les six derniers mois écoulés.
Claire Beugnet propose que ces référentiels soient présentés lors de la prochaine réunion du Conseil scientifique.
Les membres du Conseil agréent cette proposition.
Bernard Sultan relève une ambiguïté terminologique dans la formulation de l’item « Le jeune et l’éducation » ; s’il s’agit d’objectiver le niveau d’apprentissage du comportement en société, dit Bernard Sultan, « le jeune et la vie sociale » conviendrait mieux.
Emmanuel Paris observe que le Décret n° 2016-1283 du 28 septembre 2016 relatif au référentiel fixant le contenu du projet pour l’enfant prévu à l’article L. 223-1-1 du code de l’action sociale et des familles , promulgué pour décrire la structuration du « Projet Pour l’Enfant » (PPE), lequel est appelé à remplacer à terme les DIPC, opte en effet pour d’autres formulations dans son article D. 223-15 : « 1° Le développement, la santé physique et psychique de l’enfant ; 2° Les relations avec la famille et les tiers ; 3° La scolarité et la vie sociale de l’enfant. »
On trouvera le détail de ce texte, ici.
Emmanuel Paris conclut sur le fait que cette réflexion terminologique est aussi à l’œuvre dans la thèse de doctorat mise à l’ordre du jour de cette réunion, et propose d’y revenir par conséquent dans quelques instants.
III. Préparation du colloque 2018 :
Emmanuel Paris présente les dates du calendrier qui, cette année, composera le festival « Les Journées d’Enfance ». Le 2 juillet est un lundi ; le vendredi est le 6 juillet (les enfants sont officiellement en vacances scolaires estivales le samedi 7 juillet).
Reprenant le calendrier des éditions précédentes du festival, les activités concernant le Conseil scientifique sont le jeudi 5 juillet 2018, de 10h à midi (assemblée plénière des trois conseils et des comités de pilotage) et le vendredi 6 juillet, de 9h à 16h (colloque). Le spectacle clôturant le festival sera organisé le vendredi 6 juillet, à 20h.
Les membres du Conseil agréent cette proposition.
Se référant à l’organisation du colloque 2017, qui a été appréciée par les équipes des Maisons, Emmanuel Paris propose de reconduire le planning composé le matin de prises de parole d’orateurs dans le grand amphithéâtre de l’Université Littoral Côte d’Opale, et l’après-midi de trois ateliers co-animés par une ou un membre des Maisons, et une ou un membre du Conseil scientifique.
Les membres du Conseil agréent cette proposition.
Emmanuel Paris présente l’état d’avancement de l’organisation du colloque pour les interventions de la matinée. Emmanuel Paris précise que ces interventions ont pour point commun de thématiser les rites de passage :
8h30-9h : accueil
9h-9h20 : discours de bienvenue
9h20-9h50 : diffusion dans l’amphithéâtre du film relatant la réflexion du parrain d’association avec des enfants des Maisons, à propos du thème de la saison ;
9h50-10h20 : Présentation par Karine Massonie, ethno-reporter, de séjours en immersion réalisés de sa part depuis vingt-cinq ans parmi des peuples dits « premiers » ; Amérindiens du Nord et du Sud, Bushmen du Bostwana, Khalkas de Mongolie, Sââmes de Laponie, Aborigènes d’Australie. Le thème du “Je/Nous/Eux”, incluant la relation aux non-humains (la faune, la flore), ou aux non-vivants (ex : les ancêtres) organisera cette présentation.
10h20-10h30 : pause
10h30-12h :
Présentation par Jean-Paul Demoule, à partir de son ouvrage paru récemment et intitulé « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’Histoire : quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs », des formats de la structure familiale au néolithique ; la façon dont père, mère, enfants étaient institués ; la façon dont le jeune était reconnu comme devenu adulte par la communauté.
Présentation par Elsa Ramos et Olivier Martin, à partir de l’étude pluriannuelle du Conseil scientifique sur les sentiments et les conditions pratiques de l’autonomie et de l’indépendance, réalisée à partir d’entretiens avec les anciennes et les anciens de l’institution, des premiers enseignements issus de cette enquête.
12h-13h30 : pause repas.
Emmanuel Paris précise qu’une prise de parole n’est pas encore pourvue à ce jour pour la tranche horaire 10h30-12h. Emmanuel Paris informe les participants qu’il a essayé, après concertation avec Eric Legros et Claire Beugnet, de contacter à ce sujet Mathias Gardet, aujourd’hui professeur des universités en Sciences de l’Education à l’Université Paris 8, auteur notamment avec Françoise Têtard de l’ouvrage « Les droits de la mer », écrit à l’occasion du centenaire de la Maison des Enfants de la Marine pour retracer l’histoire de cette institution. Mathias Gardet, dit Emmanuel Paris, a par ailleurs et depuis mené de très intéressants travaux en tant qu’historien sur les « communautés d’enfants », dont on peut trouver par exemple une restitution ici.
Pour l’instant, dit Emmanuel Paris, Monsieur Gardet n’a pas répondu ; faut-il continuer auprès de lui cette démarche d’invitation ?
Claire Oger recommande de poursuivre cette démarche, tant le travail de Mathias Gardet peut instruire sur ces expériences qui, en Suisse, en France, ont exploré la faisabilité de lieux de vie dans lesquels la prise de décision par l’enfant joue un rôle premier.
François Roy dit qu’il serait très intéressant de savoir ce que ces communautés d’enfants ont pu réaliser lorsque les enfants étaient en situation institutionnelle de penser pour soi-même et par soi-même.
Bernard Sultan signale le travail des institutions qui, durant et après la seconde Guerre Mondiale, ont accueilli les enfants rescapés de la Shoah. On trouvera ici un écrit réalisé à ce sujet par l’historienne Tara Zahra.
Claire Oger informe les participants d’une autre possibilité d’intervention dans l’hypothèse où Mathias Gardet ne serait pas disponible. Claire Oger signale les travaux de recherches menés par Chloé Colpé, qui réalise une thèse à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve sur les ateliers organisés de 2011 à 2015 par l’homme de théâtre Wajdi Mouawad avec des jeunes. Claire Oger dit que son travail présente bien des intérêts : étude des effets de ces ateliers sur les trajectoires des jeunes, suivi longitudinal de leur parcours, et, dernièrement, l’organisant d’un festival dédié à l’écriture intime. On trouvera des informations sur le travail de Chloé Coplé ici.
François Roy dit que cette intervention serait en effet très intéressante à de nombreux titres, Wajdi Mouawad étant l’un des auteurs contemporains les plus importants.
François Roy signale par ailleurs que la venue éventuelle de Mathias Gardet pourrait s’articuler avec une prise de parole de Gérard-Henri Durand, puisqu’il a traduit pour les Editions du Seuil l’ouvrage d’Ivan Illich : « Une société sans école », dans lequel est notamment repensée la place de l’enfant dans la capacité à désigner les savoirs, savoir-faire et savoir-être à apprendre pour le meilleur de sa vie et de son existence avec les autres.
Emmanuel Paris propose aux membres du Conseil de solliciter d’ici la prochaine réunion Mathias Gardet et Chloé Colpé ; la personne qui lui donnera la première son accord pour prendre la parole lors du colloque sera retenue, et le planning de cette matinée sera ainsi finalisée.
Les membres du Conseil agréent cette proposition.
Emmanuel Paris présente l’organisation des ateliers de l’après-midi : trois ateliers, organisés dans trois salles du site universitaire de 13h30 à 14h45. De 14h45 à 15h, les animateurs des ateliers rédigent une synthèse des discussions de leur séance, de 15h à 16h, l’ensemble des participants au colloque découvrent les trois synthèses, accompagnées des dessins que Christian Antonelli réalisera durant cette journée.
Emmanuel Paris rappelle aux participants que ces trois ateliers doivent être avoir pour thème des acceptions du « Trait d’union ».
Claire Oger et Anick Traguiardi-Menet aimeraient proposer un atelier durant lequel est demandé de qui l’éducateur porte-t-il la parole lorsqu’il prend la parole à l’attention de l’enfant ? Lui porte-t-il la parole de l’institution, porte-t-il a contrario la parole de l’enfant vers l’institution ?
François Roy dit que dans les grands textes de la tragédie, la figure du « messager » est porte-parole du drame. Pourrait-on dire de la sorte que l’enfant est le messager de sa tragédie ?
Claire Oger dit qu’en effet, la figure du messager pourrait être un thème travaillé dans cet atelier ; l’éducateur, l’enfant sont-ils des messagers selon cette définition, et si tel était le cas, quelle est la parole portée, et à qui est-elle adressée ?
Emmanuel Paris propose à Olivier Martin la possibilité de co-animer un atelier dédié aux usages par les enfants des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, tels les réseaux sociaux numérisés. Emmanuel Paris dit que cela serait une opportunité intéressante pour accompagner l’éventuel lancement d’une enquête universitaire qu’Olivier Martin a présentée par mail début septembre 2017 (cf. partie IV « Questions annexes » du présent document).
Olivier Martin accepte le principe de co-animer ce deuxième atelier.
Francis Rembotte dit qu’un troisième atelier pourrait proposer une réflexion pour déconstruire la formule « vivre ensemble », devenue antienne dans l’espace public pour signifier la nécessité du lien collectif, mais qui présente des limites particulièrement problématiques. Francis Rembotte précise qu’il ne suffit pas de créer les conditions pratiques pour que les personnes vivent ensemble, il faut aussi qu’elles pensent, agissent, créent du sens commun.
Bernard Sultan agrée et insiste sur la nécessité de savoir basculer du « vivre ensemble » au « faire ensemble ».
Eric Parot dit que le programme culturel de l’association rend possible cette articulation.
Francis Rembotte dit que le programme culturel a aussi cette capacité de lier et de faire agir ensemble les anciennes et nouvelles générations. Francis Rembotte propose de thématiser dans ce troisième atelier les situations qui dynamisent le lien collectif.
Francis Rembotte accepte le principe de co-animer ce troisième atelier.
Emmanuel Paris remercie les membres du Conseil scientifique pour leur engagement dans l’animation de ces trois ateliers. Emmanuel Paris demande que d’ici la mi-février lui soit transmis pour chaque atelier un texte de quelques lignes qui sera diffusé auprès des Maisons, afin que des membres des équipes éducatives puissent candidater à leur co-animation, et aussi intégrer le document de communication qui présentera le colloque.
IV. Lecture commentée de la thèse de doctorat : « Etude comparative de l’accrochage scolaire des enfants placés en France et en Angleterre. La suppléance familiale à l’épreuve de la question scolaire » :
Conformément à la proposition agréée lors de la précédente réunion du Conseil scientifique (cf. “Questions annexes”), la lecture de la thèse de doctorat soutenue en 2013 par Benjamin Denecheau et intitulée « Étude comparative de l’accrochage scolaire des enfants placés en France et en Angleterre. La suppléance familiale à l’épreuve de la question scolaire » a été recommandée aux membres du Conseil pour la préparation de cette réunion du 19 janvier.
On trouvera le texte de cette thèse ici.
Emmanuel Paris signale qu’un autre texte, co-écrit par Benjamin Denecheau et publié une année après la soutenance de cette thèse, est consultable en ligne ici.
Emmanuel Paris précise que cet article reprend et synthétise les études et analyses explicitées dans la thèse, ce qui peut faciliter par conséquent la compréhension du travail réalisé par Benjamin Denecheau, aujourd’hui maître de conférences en Sciences de l’éducation à l’Université Paris Est Créteil.
Emmanuel Paris relève que l’auteur a du régulièrement composé avec une asymétrie des informations officielles disponibles en France et en Angleterre, ainsi par exemple page 165, où l’auteur constate que l’absentéisme des enfants n’est pas comptabilisé de la même manière par les établissements scolaires, ce qui ne permet pas en France d’évaluer précisément l’absentéisme des enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance dans ces espaces de l’Education nationale.
D’autres différences sont décrites par l’auteur, que ce soit à propos de la politique de protection de l’enfance (plus interventionniste en France), du profil des enfants confiés aux institutions (en Angleterre, les décisions de placement concernent des enfants dans une situation de délaissement plus grande), des politiques d’accueil des établissements étudiés (en Angleterre, l’auteur a étudié des établissements composant des groupes d’enfants au nombre nettement moindre qu’en France), les budgets à la disposition des établissements (plus élevés proportionnellement au nombre d’enfants accueillis en Angleterre).
Page 284, l’auteur relève aussi des différences terminologiques importantes entre France et Angleterre pour qualifier ce que recouvrent « scolarité » et « éducation » (« education » en anglais) : « L’education « implique l’enseignement de sujets variés à des individus, souvent à l’école ou à l’université ». L’education peut être particulière lorsqu’elle a pour but de transmettre des connaissances au public sur un sujet particulier (sur la santé par exemple). Le terme schooling s’applique à cet enseignement lorsqu’il est prodigué à des enfants à l’école, il n’est pourtant pas employé par les éducateurs, ni dans l’ensemble des textes étudiés. Il n’y pas de terme général, qui inclurait également les divers moyens propres à assurer le développement d’un être humain en dehors de l’école. Dans le cadre familial, c’est le parenting qui est l’activité d’élever (bringing up) et de s’occuper (to look after) de son enfant. Ainsi le terme education fait référence à ce qui a trait à la scolarité et au care. L’ensemble des documents ministériels faisant référence à l’education des enfants placés abordent ce terme pour parler de la scolarité de ces enfants, de leurs résultats et de leur formation. Cependant, lorsque nous abordons la question de l’education des enfants placés en Angleterre, des jeunes en réussite ou en échec et des actions entreprises par les éducateurs, deux conceptions différentes de l’education apparaissent dans les discours et portent à confusion. Ces différences se retrouvent dans les discours des éducateurs : il y a une confusion entre scolarité et éducation et la dissociation des deux se fait au détriment du suivi scolaire – car exclu de cette définition – pourtant dévolue aux parents ou à leurs « suppléants ». À l’inverse, en France, il n’y a pas d’ambiguïté sur la scolarité, cette mise à l’écart de la scolarité peut apparaître dans les discours en dissociant éducation et instruction. » Ces différences terminologiques, observent l’auteur, peuvent expliquer des différences de suivi des parcours scolaires dans les établissements français et anglais composant son terrain d’enquête.
L’auteur s’est attaché à étudié les phénomènes « d’accrochage scolaire » ; il s’agit des parcours d’enfants placés en institution présentant un niveau scolaire supérieur à ce que les études peuvent dire à ce sujet, et même un niveau scolaire au-delà de ce qu’escomptent les équipes éducatives suivant l’enfant.
Pages 391 et suivantes, l’auteur présente les facteurs dont il estime qu’ils concourent à la facilitation de ces phénomènes d’accrochage scolaire : la composition du groupe dans lequel vit l’enfant en institution (relations de pairs à pairs) ; l’implication des éducateurs dans la question scolaire ; l’engagement de la direction de l’institution sur cette question et son importance dans le projet d’établissement ; la capacité des éducateurs à s’adapter lors des séances de devoirs scolaires en inventant des méthodes didactiques spécifiques pour chaque matière suivie par l’enfant ; un travail soutenu des équipes éducatives pour partager avec la famille de l’enfant toutes informations sur sa scolarité permettant de parler à l’enfant d’une seule voix ; la configuration de locaux de la Maison d’enfants et l’instauration d’une salle spécifiquement dédiée à la réalisation des devoirs scolaires.
Claire Beugnet dit que le thème de la relation avec les familles retient particulièrement son attention ; c’est un travail très important qui cependant est compliqué.
Anick Traguardi-Menet observe qu’effectivement la relation de l’enfant avec sa famille peut être problématique, au point de préférer au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant une fréquence d’échanges a minima.
Bernard Sultan dit que protéger une personne, c’est parfois maintenir le lien avec son entourage, parfois l’éviter.
Francis Rembotte observe que les systèmes français et anglais en matière de protection de l’enfance sont très différents ; la possibilité d’une politique punitive en direction des parents est plus grande. Francis Rembotte dit qu’il parait dès lors délicat de tenter la comparaison entre ces deux pays.
Anick Traguardi-Menet dit qu’un facteur concourant à la réussite des parcours scolaires des enfants accueillis en Maison d’enfants est aussi que celles-ci ouvrent régulièrement leur porte aux équipes des établissements scolaires, par exemple en invitant leurs représentants aux réunions de concertation.
Claire Beugnet agrée mais observe que cela ne peut avoir lieu qu’à la condition que l’établissement scolaire soit lui-même convaincu d’une telle alliance.
Philippe Hazelart dit que, durant sa carrière professionnelle, il a pris soin d’organiser des réunions de synthèse permettant à ses équipes de rencontrer celles des Maisons d’enfants accueillant tel ou tel élève.
Francis Rembotte dit que la première activité des équipes éducatives des Maisons d’enfants est très souvent d’opérer un travail avec l’enfant pour qu’une stabilité émotionnelle suffisante permette d’en venir dans les meilleures conditions aux apprentissages.
Anick Traguardi-Menet dit que cela signifie l’importance d’un service tel le Centre de Jour, qui, précisément, travaille avec les enfants leur donner ou redonner le goût d’apprendre.
François Roy observe que Patrick Bourdet, parrain de notre association, écrit dans son ouvrage « Rien n’est joué d’avance » combien l’espace de l’école fut aussi pour lui un espace de sauvegarde, permettant de s’aventurer toujours plus et mieux dans les apprentissages.
François Roy dit qu’il est très important pour l’association de bénéficier d’une convention avec l’Education nationale pour certifier le Centre de Jour ; ceci, précise François Roy, permet à l’institution de se considérer aussi à juste titre en tant qu’établissement scolaire.
Anick Traguardi-Menet conclut sur le fait qu’il est important pour les équipes de faire confiance aux professeurs des établissements scolaires au sein desquels les enfants suivent leur scolarité. Anick Traguardi-Menet dit que l’essence de cette relation est la complémentarité, non la divergence.
V. Questions annexes :
Emmanuel Paris propose à Olivier Martin de présenter le projet d’enquête à propos de l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) par les enfants des Maisons.
Olivier Martin précise que cette étude, si elle devait se réaliser, l’associerait à des chercheurs de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP). L’association, sur le principe, a donné son accord pour y participer (d’autres institutions sont pressenties) ; il s’agirait de s’entretenir avec des jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance à propos de leurs usages des Technologies de l’Information et de la Communication, notamment pour maintenir des liens avec leurs connaissances/proches hors des Maisons. Pour le dire autrement, formule Olivier Martin, dans quelle mesure et selon quelles modalités l’extérieur pénètre-t-il dans les “maisons” et, inversement, qu’est-ce qui sort des “maisons” vers l’extérieur ? Comment ces outils numériques construisent ou déconstruisent les distances, affermissent ou au contraire dégradent le lien ?
Emmanuel Paris dit qu’il existe souvent en réunion d’équipes hebdomadaires des moments durant lesquels est discuté le rôle joué par Facebook contribue à l’évolution du comportement de l’enfant.
Claire Beugnet observe que parfois des échanges sur facebook avec l’entourage portent atteinte à l’intégrité psychique de l’enfant.
Eric Parot dit que les technologies de l’information et de la communication constituent de merveilleux outils collaboratifs, et qu’il ne faut pas négativer d’emblée leur apport.
Francis Rembotte agrée mais observe cependant que l’usage de ces technologies peut conduire l’enfant à s’isoler, à rompre avec un entourage pour lequel il entretenait pourtant de bons liens.
François Roy observe que la prise électrique permettant de recharger la batterie de téléphone est ’une des premières installations techniques mises en place dans les campements de migrants, et dit que cela signifie combien est devenu vital le lien numérisé.
Anick Traguardi-Menet dit que le jeune mineur isolé étranger accueilli à la Maison du Cirque peut, grâce à Facebook, maintenir un lien riche et épanouissant avec sa famille restée au Pakistan.
Claire Oger dit que des études montrent régulièrement l’intelligence des enfants pour gérer leur sociabilité en ligne.
François Roy observe que la place jouée par les images dans l’application « Whatsapp » modifie et enrichit notre pensée visuelle et par conséquent notre rapport au monde.
La prochaine réunion du Conseil scientifique aura lieu le vendredi 6 avril 2018, de 10h à 13h.
Claire Beugnet clôt la seizième séance du Conseil scientifique.