Compte-rendu de la réunion du 8 novembre 2019

Compte-rendu de la réunion du Conseil de la Culture d’entreprendre
8 novembre 2019

Présents :

Joseph Bako, chef de service des studios
Claire Beugnet, directrice de l’association
Patrick Bourdet, président du Conseil et parrain de l’association
Jérôme Carion, chef d’agences, entreprise « Point P », Fondation Saint-Gobain
Nicolas Courquin, professeur des écoles, Centre de Jour
Claude Jaouen, président du cabinet « Consulting4TOP »
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association
Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association
Henri Villeneuve, membre du Conseil d’administration de l’association

Excusés :

David Duwat, responsable foncier, Carrières du Boulonnais
Frédéric Renaux, manager Sopra Steria, Fondation Sopra Steria sous l’égide de l’Institut de France
Julien Valance, directeur des Ressources Humaines, Centre commercial Auchan Saint-Martin Boulogne, Fondation Auchan sous l’égide de la Fondation de France

Invitée :

Laurence Lenfroit, psychologue clinicienne, psychologue de la santé et psychothérapeute

Ouverture de la huitième réunion du Conseil trimestrielle par son président, Patrick Bourdet.

I. Intégration de nouveaux membres :

Emmanuel Paris remercie Laurence Lenfroit pour sa venue. Emmanuel Paris propose à Laurence Lenfroit d’intégrer à partir de ce jour le Conseil en tant que membre statutaire ; Laurence Lenfroit accepte cette proposition et en remercie l’association.

Emmanuel Paris informe les participants de l’intégration de trois nouveaux membres supplémentaires ; David Duwat et l’entreprise « Carrières du Boulonnais » ont accepté de participer à l’activité du Conseil et de l’association en direction des jeunes sur la voie de l’insertion professionnelle. De même Julien Valance, directeur des ressources humaines du site commercial Auchan de Saint-Martin Boulogne. Emmanuel Paris lit aux membres un message écrit par Julien Valance à leur attention :

« Par ces quelques mots, je veux réinsister sur mon engagement personnel et celui de l’entreprise au sein du conseil de la culture d’entreprendre et plus largement de vos actions et activités en faveur de l’inclusion professionnelle des jeunes adultes dont vous avez la charge. »

Emmanuel Paris remercie Jérôme Carion de sa venue ; Jérôme Carion a accepté de parrainer l’association au nom de la Fondation Saint-Gobain, avec laquelle l’association est en pourparlers dans le cadre d’une candidature visant à la restauration de trois lieux de vie. Jérôme Carion sera le parrain « local » de la Fondation, laquelle a aussi officialisé un parrainage « national » en la personne de Vincent Bastide, Group Head of Digital & e-Reputation au département « Communication » de l’entreprise.

II. Présentation des résultats statistiques du questionnaire proposé aux enfants et aux jeunes, ainsi que du bilan final de la saison 2018-2019 :

Emmanuel Paris distribue aux participants des sorties papier de deux documents, l’un présentant les résultats au questionnaire, l’autre celui du bilan final de la saison passée.

Emmanuel Paris présente d’abord les résultats du traitement statistique des réponses formulées par les enfants et les jeunes de l’association au questionnaire portant sur le programme culturel « L’aventure de la vie ».

On trouvera le détail de ces résultats ici.

Emmanuel Paris souligne deux résultats marquant cette livrée 2019 :
– La baisse du taux de participation des enfants et des jeunes pour répondre à ce questionnaire, considérant le taux de participation l’année précédente – lequel était déjà moindre que celui de la saison précédente. Emmanuel Paris observe que cette chute (de 54 % la saison précédente à 50.7 % cette saison) est certes remarquable, mais dit que le taux de participation au-dessus de 50 % maintient l’exercice dans un étiage significatif pour l’interprétation des réponses. Emmanuel Paris explique cet écart négatif entre le taux de participation cette saison, et celui de la vague précédente, par des droits d’hébergement accordés à des enfants et des jeunes des maisons dès la fin de l’année scolaire, le 5 juillet 2019 (retour en famille, en famille d’accueil ou dans une autre Maison d’enfants si le répondant est externe au Centre de Jour ou à la Maison Vive et accueilli par une autre institution que la nôtre). Une fraction importante des répondants potentiels à ce questionnaire n’était, autrement dit, pas présente sur les lieux de vie de l’association pour éventuellement participer, selon leur bon vouloir, à cet exercice ;
– Pour la première année depuis la mise en place de cet outil évaluatif (proposé aux enfants et aux jeunes depuis cinq ans), toutes les rubriques du questionnaire génère des appréciations positives de la part des répondants.

Emmanuel Paris, se référant à l’étude statistique réalisée pour le bilan final de la saison, indique par ailleurs le problème du grand renouvellement des effectifs, constatés depuis plusieurs années.

On trouvera le détail de ce bilan final de la saison culturelle 2018-2019 ici.

Emmanuel Paris précise que chaque début de saison culturelle, au moins de septembre, près de 30 % des enfants et des jeunes découvrent le contenu des ateliers proposés par leur Maison. Emmanuel Paris dit que ce phénomène oblige par conséquent à ne pas modifier la périodicité jusque-là choisie pour proposer aux enfants les questionnaires ; au terme de la saison culturelle (jours suivant la fin du Festival annuel, chaque année première semaine de juillet) et jusqu’au départ en camps estivaux des enfants de l’association (troisième semaine de juillet).

Francis Rembotte demande s’il serait possible d’étudier en particulier le phénomène d’abstention ; enfants et jeunes présents dans les Maisons au moment de la diffusion du questionnaire, mais qui se refusent à le remplir.

Emmanuel Paris répond qu’il fera au Conseil scientifique le 10 janvier 2020 une proposition d’addendum lors de la prochaine réunion, permettant d’objectiver ce phénomène et sera par conséquent en mesure de présenter au Conseil de la Culture d’entreprendre ce dispositif ad hoc lors de sa prochaine réunion trimestrielle.

Patrick Bourdet recommande que le programme culturel reformule le chapitrage de ses saisons annuelles : à la formule actuelle en cours (ex : « saison 2019-2020 ») serait privilégiée la nouvelle énonciation : « septième saison ». Patrick Bourdet explique que cette façon de dire le caractère pluriannuel du programme présente l’avantage d’insister sur une action de long terme, typique de la politique d’établissement de l’association.

Les membres du Conseil agréent cette proposition.

III. Présentation de la saison culturelle 2019-2020 :

Emmanuel Paris distribue aux participants la note de rentrée de la saison 2019-2020. On trouvera le détail de ce document ici.

S’agissant de la note de rentrée, Emmanuel Paris précise que ce document n’a pas vocation à diriger les acteurs du programme culturel dans la manière de s’approprier le thème de la saison, mais de proposer quelques inspirations susceptibles de mettre en mouvement les dynamiques créatives de la communauté.

Emmanuel Paris précise que cette note repose sur trois idées-clé : l’intranquillité, le discernement, la créativité.

Patrick Bourdet observe que la formule « Rien n’est joué d’avance » porte en elle l’idée d’une dynamique existentielle, et par son emploi du verbe être à l’indicatif, insiste sur l’historicité des parcours de vie à mesure qu’ils se déploient. Laurence Lenfroit et Patrick Bourdet recommandent les travaux de Willy Lahaye, Huguette Desmet et Jean-Pierre Pourtois sur le thème de la transmission intergénérationnelle, dont les analyses peuvent éclairer les biographies de personnes ayant traversé des épreuves existentielles et renforcer leur capacité à vivre.

Patrick Bourdet demande à quel point les thèmes des saisons inspirent les créations des Maisons.

Nicolas Courquin dit que les trois idées-clé : l’intranquillité, le discernement, la créativité, expriment ce que vivent les enfants et les équipes dans le quotidien des Maisons. Nicolas Courquin informe les participants que l’atelier « théâtre » du Centre de Jour s’approprie d’ores et déjà le thème à l’occasion de la réalisation d’un projet pour l’association socio-éducative du Tribunal Pour Enfants de Boulogne-sur-mer.

Emmanuel Paris précise que ce projet porte sur la réalisation de saynètes thématisant – sur proposition de l’association socio-éducative du Tribunal Pour Enfants, les addictions. Ces saynètes, ajoute Emmanuel Paris, seront écrites et joués par les enfants du Centre de Jour sous la férule de leur professeur d’atelier et de l’équipe ; les créations seront filmées pour être transmises à l’association du Tribunal en janvier 2020, et participer à l’animation d’une journée entièrement organisée par les institutions du territoire en matière d’Aide Sociale à l’Enfance en juin dans la salle de spectacle de Boulogne-sur-mer : « Le Faïencerie ».

Joseph Bako dit que des chansons originales sont d’ores et déjà en cours d’écriture par les enfants de la Maison de la Musique, inspirées du thème de la nouvelle saison. Ces créations musicales, précise Joseph Bako, seront présentées sur scène lors du spectacle de fin de saison (le 5 juillet 2020 dans la salle « Le Phenix » d’Outreau).

Emmanuel Paris présente le programme de la saison, telle qu’il s’annonce au moment de l’organisation de la présente réunion du Conseil. Emmanuel Paris insiste sur le fait que des actions artistiques et culturelles pourront probablement se manifester après l’édition de ce document, diffusé comme chaque année au mois de septembre.

A ce jour, explique Emmanuel Paris, plusieurs établissements culturels et Fondations proposent le développement de projets en cette saison 2019-2020 :

– La Fondation Sopra Steria sous l’égide de l’Institut de France doit examiner le second versement de la dotation, permettant de compléter en 2020 l’équipement du FabLab des Maisons. On trouvera l’article le plus récent chroniquant le programme d’activités du FabLab ici ;
– La Fondation Crédit Mutuel Nord Europe finance pour une première année la réalisation d’ateliers à la Maison de la Musique destinés aux anciennes et aux anciens de l’institution. La première séance d’atelier a eu lieu au studio de la Maison de la Musique le 21 septembre, il y aura tout au long de l’année une séance chaque deux semaines. L’objectif du collectif artiste (trois anciennes/anciens et le professeur de musique de la Maison de la Musique) est de produire un disque qui sera commercialisé en juin 2020 dans les espaces culturels des Centres commerciaux de Boulogne-sur-mer ;
– Le Château d’Hardelot propose à l’association une action artistique avec « Le Concert d’Astrée », orchestre de musiques baroques. Les enfants et les jeunes des Maisons participeront à partir de janvier 2020 au cycle consacré à la découverte et à la création à partir de l’œuvre « Les quatre saisons » de Vivaldi, ateliers avec nos professeurs et le collectif « Le Concert d’Astrée ». Ce projet déclinera de nombreuses thématiques autour des saisons. Chacune d’entre elles sera le prétexte à des ateliers créatifs avec les enfants et les jeunes : les transformations du vivant, le dérèglement climatique, le passage du temps, les saisons de la vie…. Il y aura aussi des ateliers temps musical en structure sur la thématique que les enfants auront retenue, assurés par les musiciens et l’équipe du Concert d’Astrée ; temps d’échange avec les enfants autour de leur expérience d’ateliers et leur thématique. Une restitution des ateliers et une représentation des Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi par le Concert d’Astrée seront programmées au théâtre Elisabéthain du Château d’Hardelot en juin 2020 ;
– Le FRAC Grand Large Hauts-de-France, le Musée de Boulogne-sur-mer, notre association, portent un projet d’exposition créant pour la première fois la venue d’œuvres en art contemporain prêtées au Musée par le FRAC, et permettant aux enfants des ateliers arts plastiques du Centre de Jour et de la Maison Vive de présenter des modélisations de ces œuvres à l’issue de leur travail au FabLab des Maisons. Le vernissage de cette exposition, intitulée « Rien n’est joué d’avance », aura lieu au Musée de Boulogne-sur-mer le 18 septembre 2020 ;
– La Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France a agréé le projet « La couleur de l’eau » porté par le Cabinet de médiation en art contemporain Artconnexion et pour lequel les enfants des ateliers en arts plastiques du Centre de Jour et de la Maison Vive sont invités à réaliser avec Nicolas Floc’h, artiste plasticien, et Hubert Loisel, océanographe, des représentations de la couleur de l’eau marine au fil des saisons et des lieux. Les ateliers seront organisés par Sylvie Mestre, professeur en arts plastiques, durant le premier semestre 2020. Cette action s’étalera sur deux années. Par ailleurs, la Fondation Daniel et Nina Carasso souhaite soutenir l’association pour le développement de son programme culturel dans les trois prochaines années. Graziella Niang, chargée de mission, a rencontré les acteurs et partenaires du programme ; le dossier rédigé par ses soins sera présenté au jury de la Fondation à la mi-novembre ;
– La Fondation SEED (« Schlumberger Excellence in Educational Development ») propose à l’association de créer un « conservatoire botanique » sur le site de la Ferme de Bertinghen.
Patrick Bourdet demande quels sont les attendus de ce projet. Emmanuel Paris lit à voix haute le texte envoyé à l’association par les deux porteurs de projet, agissant au sein de l’entreprise Schlumberger.

Emmanuel Paris informe les participants d’un dernier projet en cours de développement ; Marie-Christine Briatte et Emmanuel Paris ont travaillé au sein du comité de pilotage préparant la journée territoriale des droits de l’enfant. A cette occasion, et pour honorer la trentième année d’existence cette année de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la Mairie de Boulogne-sur-mer organise une semaine dédiée à la parentalité, durant laquelle s’inclut la journée territoriale le 20 novembre 2019, ainsi qu’une manifestation le 23 novembre au Palais des Sports de Boulogne-sur-mer pour laquelle les Maisons présenteront sur scène des créations issues de leurs ateliers.

Des conversations avec Marie-Christine Briatte ont permis d’identifier des approches communes quant à l’action culturelle dans le territoire. Marie-Christine Briatte a intégré en qualité de membre statutaire le Conseil scientifique de l’association lors de sa réunion de rentrée, début octobre. Marie-Christine Briatte dirige le « Pôle d’Action Municipale Solidarités et Réussites Educatives » pour la municipalité de Boulogne-sur-mer ; ce pôle est chargé de mettre en œuvre de nouvelles politiques de développement à la croisée entre action éducative, action sociale et solidaire, action culturelle. Cette innovation territoriale est soutenue par l’Etat, lequel a labellisé cet Eté Boulogne-sur-mer « Cité éducative », bénéficiant d’une aide ad hoc afin de permettre de nouveaux dispositifs d’accompagnement des enfants, des jeunes adultes et des familles rencontrant des difficultés économiques, éducatives et sociales. Le programme d’actions sur lequel Marie-Christine Briatte et son équipe travaillent mobilisera des acteurs de la société civile du territoire (associations, établissements culturels, établissements scolaires) pour développer ensemble des projets communs permettant aux enfants et aux familles de bénéficier de nouveaux accès aux espaces artistiques, éducatifs et culturels de l’agglomération.

On trouvera une présentation du label national « Les Cités éducatives » ici.

Emmanuel Paris informe les participants que l’association a souhaité participer à ce programme pluriannuel, considérant l’homonymie de cette initiative avec les axes de développement du programme culturel des Maisons (développement des capabilités des enfants et des jeunes accueillis, reconnaissance des enfants et des jeunes en tant qu’acteurs culturels du territoire, centralité du thème de l’Enfance dans la vie de la Cité).
Deux actions de l’association ont été versées au pot commun des actions que la Mairie de Boulogne-sur-mer va présenter à l’Etat pour validation : le FabLab, et le Conservatoire botanique. Emmanuel Paris explique que si ces deux actions sont reconnues par l’Etat comme participant de la labellisation « Cités éducatives », une dotation budgétaire spécifique permettra de financer la participation des établissements scolaires du territoire à l’activité de ces deux espaces éducatifs.

Patrick Bourdet demande, parmi les établissements scolaires, les institutions particulièrement remarquables par la qualité des relations avec l’association.

Nicolas Courquin et Joseph Bako citent le Collège Angellier de Boulogne-sur-mer.

Henri Villeneuve dit que ce Collège fut le premier, de longue date, à créer une filière d’apprentissage du français pour les Jeunes Mineurs Isolés Etrangers.

Emmanuel Paris demande à Nicolas Courquin les résultats du travail du Centre de Jour pour la promotion 2018-2019 en termes de réinsertion scolaire.

Nicolas Courquin dit que ce fut une bonne livrée, estimant à 30 % des effectifs les enfants ayant réintégré l’établissement scolaire après un passage de plusieurs semaines au Centre de Jour.

IV. Point sur la mise en œuvre du réseau de parrainage des Maisons :

Emmanuel Paris informe les participants que les entreprises « Auchan » Saint-Martin Boulogne, « Carrières du Boulonnais » (Marquise), le site « Sopra Steria » de Boulogne-sur-mer ont donné leur accord pour une présentation aux salariés du dispositif associatif de parrainage.

Claude Jaouen dit qu’il va relancer la direction du site EDG de Gravelines à ce sujet.

Les membres du Conseil expliquent à Laurence Lenfroit et Jérôme Carion les attendus de ce dispositif, dont on trouvera une présentation détaillée ici (cf. Chapitre « I. Présentation des documents formalisant la politique de parrainage des Maisons ») :  et, sous une forme simplifiée, ici.

Emmanuel Paris demande à Jérôme Carion s’il serait d’accord pour qu’une présentation soit faite aux salariés de « Point P ». Jérôme Carion dit qu’il va en référer auprès de Madame la Directrice des Ressources Humaines, et reviendra vers Emmanuel Paris dès que possible. Jérôme Carion précise qu’il y a 73 agences pour la région des Hauts-de-France.

Patrick Bourdet et Claude Jaouen disent qu’il faudrait dans l’idéal constituer un vivier de marraines / parrains au nombre double de celui du nombre de filleul-e-s enfants de l’association. L’estimation réalisée est que, potentiellement, 38 enfants âgés de 15 et plus pourraient être intéressés. Claire Beugnet dit que 10 enfants seront vraisemblablement aptes à assumer de tels engagements.

Francis Rembotte demande si Rotary club Rotary club et Lions club ont été contactés. Emmanuel Paris répond qu’il n’a pu encore s’en occuper.

V. Propositions pour le développement d’outils évaluatifs du parcours des jeunes résidant dans les studios de notre association :

Joseph Bako présente à Laurence Lenfroit et Jérôme Carion les raisons d’être et d’agir des studios de l’association, leur nombre, configuration. Ces lieux de vie individualisés sont parties intégrantes de l’Institution, dédiés aux jeunes de l’association à partir de 17 ans les préparant à la vie quotidienne en autonomie une fois la mesure éducative achevée (en France et selon la loi, les mesures d’Aide Sociale à l’Enfance s’achèvent au plus tard pour les 21 ans de la personne concernée).

Claire Beugnet dit que le passage des jeunes en studio correspond souvent à une rupture de parcours dans leur trajectoire d’insertion. Claire Beugnet ajoute que la tranche d’âge 17-21 ans présente particulièrement des difficultés dans le travail éducatif. Claire Beugnet cite pour exemple un jeune actuellement au studio, nouvellement diplômé d’un Bac S dans un très bon lycée de Boulogne-sur-mer, mais qui depuis la rentrée ne va pas à ses cours universitaires malgré ses engagements répétés auprès de l’éducateur, du chef de service, de la direction.

Joseph Bako et Emmanuel Paris observent que ce jeune, les années précédentes lors de ses placements dans l’une des Maisons d’enfants de l’association, rompait déjà avec ses engagements, scolaires ou sportifs – sur ce dernier point, ce jeune présentait pourtant de très belles et prometteuses dispositions.

Emmanuel Paris lit aux participants un passage du texte de Pascale Dietrich-Ragon : « Quitter l’Aide Sociale à l’Enfance. De l’hébergement institutionnel aux premiers pas sur le marché résidentiel », dont on trouvera le contenu ici. S’agissant d’expliquer l’apathie observé chez les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance vers 17, 18 ans, l’auteur écrit page 6 : « Comme on pouvait s’y attendre, ces mesures visant à préparer à la sortie sont fréquemment mal vécues par les enquêtés qui y voient une pression au départ et une source de stress. Par exemple, alors que l’objectif affiché à travers la « décohabitation dans le placement » est que le « lâchage » ne soit pas trop brutal (Frechon, Marquet, 2018), les jeunes considèrent souvent que ces structures ont pour fonction d’accélérer leur sortie autant que de la préparer. Un sentiment partagé est que l’action des travailleurs sociaux est entièrement guidée par la nécessité du départ. Selon Séverine : « Pour eux, il faut être autonome, il faut gagner de l’argent, il faut partir. » En outre, les enquêtés reprochent aux éducateurs de contribuer à leur angoisse face à l’avenir. Jason estime qu’on inculque très tôt la peur de la précarité aux jeunes de l’ASE : « On avait peur de ça. […] On sent la pression tout de suite. Depuis tout jeune, on sent », commente-t-il. Coralie a beaucoup souffert du stress provoqué par cette incertitude et se plaint du fait que les travailleurs sociaux entretiennent l’angoisse chez ceux qu’ils accompagnent : « Moi, je suis pas quelqu’un qui stresse et qui a peur, mais les gens ils font en sorte que vous ayez peur. Les travailleurs sociaux, parfois, ils vous stressent à vous dire : « C’est pas un logement définitif ». » Si l’action des éducateurs de l’ASE vise à doter les jeunes des moyens de s’assumer, elle a donc pour corolaire de susciter chez eux une forte angoisse résidentielle. Surtout, plus ces derniers avancent en âge, plus la pression s’intensifie. ».

Dans le même article scientifique que lit aux participants Emmanuel Paris, cet auteur écrit aussi à propos de la fin du statut protecteur du « Contrat Jeune Majeur » (CJM) p. 7 : « Le passage à la majorité marque une rupture dans la prise en charge puisque, dans le cadre du contrat jeune majeur, celle-ci cesse d’être un droit et devient « contractuelle »16. Les jeunes qui bénéficient de cette mesure perdent une protection statutaire et éprouvent un sentiment d’illégitimité à subsister dans les structures de l’ASE. Cette perception de soi comme étant « indésirable » au sein de l’institution est accrue par le contexte de restriction budgétaire qui fait que la durée des CJM tend à se raccourcir et que certains professionnels se servent de cet outil pour cadencer le rythme des objectifs à atteindre en vue de la sortie (Frechon et al. 2017 ; Jung, 2011). Marzio regrette cette pression : « Parce que à 18 ans, ils vous disent déjà de réfléchir à quitter en quelque sorte. […] Puis à chaque rendez-vous que j’avais pour renouveler le Contrat Jeune Majeur, c’était toujours la même question qui revenait sur les épaules, et comment dire, la même pression. » Séverine partage cette perception : « La deuxième année [du CJM], c’est là qu’on commence à dire : “Il y aura peut-être une signature, peut-être pas”. Et là, on commence à dire : “Mais quels sont tes projets professionnels pour gagner de l’argent ?” […] Quand on sait que le contrat jeune majeur peut s’arrêter, là, soit on retourne chez sa famille, soit on s’assume tout seul, soit on n’a rien. » Lucie témoigne de la violence du tournant qu’implique le passage à la majorité : « Quand tu deviens majeur, couteau dans le dos. C’est tout. Quand t’es mineur c’est joli, et quand tu deviens majeur tout est moche. Mineur c’est beau et majeur c’est la catastrophe. Il y a plus d’obligation. Ils te le disent hein ! “18 ans, t’as plus d’obligation, on n’est pas obligé de te garder, on peut te mettre à la rue. T’es considéré comme majeur en France”. Ah, ils te le disent : “T’es considéré comme majeur, t’es dehors”. ».

Joseph Bako remarque que bien des jeunes autrefois ayant résidé aux studios, devenus adultes et sortis depuis des effectifs de l’association, lui ont dit tout au contraire du premier passage cité qu’ils n’étaient pas à assez préparés à la fin de la mesure éducative, et le regrettaient.

Patrick Bourdet demande s’il existe d’ores et déjà des statistiques disponibles au sujet du parcours des jeunes de l’association.

Claire Beugnet dit que ces statistiques existent, et sont réactualisées chaque année pour être publiées dans le rapport d’activités.

Patrick Bourdet recommande qu’un étudiant en statistique soit recruté pour brasser ce corpus, permettant au Conseil et à l’association de pouvoir repérer des tendances et des corrélations permettant d’asseoir une amélioration régulière des offres d’accompagnement et de service pour cette tranche d’âge.

Les membres du Conseil agréent cette proposition.

Emmanuel Paris distribue aux participants les sorties papier du fichier envoyé quelques jours avant cette réunion aux membres du Conseil afin qu’ils puissent dire leur avis.

Francis Rembotte a apporté quelques propositions de modifications.

On trouvera le référentiel statistique étudié par le Conseil ce 8 novembre ici.

Patrick Bourdet propose d’enrichir le tableau identifiant les représentations que se font les personnes de l’accession à l’autonomie et à l’indépendance, d’abord en recomposant les catégories de savoirs mentionnés ; ceux-ci seraient répartis selon trois catégories de savoirs ; « savoir être », « savoir faire » et « savoir avoir » – c’est-à-dire la capacité par les enfants et les jeunes de notre association d’être davantage encore conscients de ce qui est acquis et ainsi d’enrichir et développer des compétences pour bâtir leurs parcours professionnel. Au-dedans de ces trois catégories, dit Patrick Bourdet, la capacité à à vivre et agir à l’ère numérique est par ailleurs devenue une dimension essentielle, que le tableau doit préciser.

Emmanuel Paris répond qu’il va intégrer ces dimensions dans le tableau, et proposera au Conseil une version définitive lors de sa prochaine réunion.

Commentant la conclusion de ce prospect, les membres du Conseil reconnaissent la grande nécessité d’établir un échantillon statistique stable pour cette étude longitudinale et reconnaissent la difficulté d’y parvenir. Les membres du Conseil de la Culture d’entreprendre ne recommandent pas une relation contractualisée avec les jeunes des studios pour étayer ce dispositif statistique, mais prônent plutôt une invitation à participer à des rassemblements organisés par le programme culturel de l’association ; invitations au spectacle de fin d’année, place gratuite pour un spectacle organisé chaque mois au café-théâtre (espace scénique associatif).

Francis Rembotte dit que sont rares de telles initiatives tentant d’objectiver, de rationaliser les phénomènes d’insertion ou de non-insertion des jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance. Francis Rembotte ajoute que ces outils seront d’autant plus performatifs qu’ils créeront des effets sur les manières d’accompagner les enfants sans attendre leur accession aux studios.

Nicolas Courquin propose d’utiliser ces outils, ces tableaux, lorsque des anciennes et anciens de l’association, passées en leur temps aux studios, rencontrent des membres des équipes.

Patrick Bourdet recommande que ces outils, ces tableaux, soient numérisés par Sopra Steria sur un site dédié, permettant aux anciennes et anciens de se connecter de régulièrement renseigner les items. Nicolas Courquin et Joseph Bako observent que ces personnes sont connectées au réseau Facebook, ce qui pourrait permettre de faciliter la mise en lien avec ce site Internet ad hoc.

VI. Contribution du Conseil à l’écriture du document “Projet d’établissement 2019-2024” :

Emmanuel Paris distribue aux participants l’extrait du document mis en ligne par la Haute Autorité de Santé pour aider à la rédaction du document « Projet d’établissement ». On trouvera le contenu des recommandations concernant le chapitre VII. ici.

Emmanuel Paris informe les participants que le Conseil de Vie Sociale et le Conseil scientifique ont consacré leur réunion de rentrée respective, à l’enrichissement de ce chapitre.

Emmanuel Paris précise que, parmi les propositions des enfants et jeunes représentants élus par leurs pairs au Conseil, l’augmentation de manifestations artistiques et culturelles inter-Maisons est récurrente. On trouvera le contenu de cette réunion ici.

Le Conseil scientifique, quant à lui, a prôné la poursuite et le développement d’actions d’études et de recherches avec l’enseignement supérieur et la recherche publique et privée, ainsi qu’un accroissement des rencontres avec les établissements scolaires auxquels sont affiliés les enfants et les jeunes de l’association afin de permettre une amélioration de la coordination. On trouvera le contenu de cette réunion ici.

Claude Jaouen recommande que l’association développe la numérisation des contenus produits au quotidien dans le travail éducatif avec les enfants et les jeunes par les équipes des Maisons, tant la culture numérique devient l’espace de sociabilisation clé.

Francis Rembotte dit qu’il est très difficile de se positionner tant que le document « Projet d’établissement 2019-2024 » n’est pas consultable dans sa version finale.

Les membres du Conseil de la Culture d’entreprendre décident de consacrer un point de l’ordre du jour de sa prochaine réunion pour formuler les recommandations permettant d’enrichir le document.

La prochaine réunion du Conseil de la Culture d’entreprendre sera organisée le vendredi 31 janvier 2020, de 10h à 13h.

Patrick Bourdet clôt la huitième réunion du Conseil.