Compte-rendu de la réunion du 8 octobre 2021

Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association

« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

8 octobre 2021

Présents :

Joseph Bako, chef de service de la Maison de la Musique et des studios, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Claire Beugnet, directrice de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Marie-Pierre Bouchaudy, précédemment cheffe de l’inspection de la création artistique à la direction générale de la création artistique, Ministère de la Culture

Fleur Guy, responsable de formations supérieures et chargée de recherches Institut Ocellia site de Lyon, géographe

Christophe Lefèvre, chef de service de la Maison du Cirque et de la Maison du Sport, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Legros, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Pierre Lemarquis, neurologue, éthologue, attaché d’enseignement d’éthologie à l’université de Toulon-La Garde

Olivier Martin, professeur des universités en sociologie, Université Paris Descartes

Claire Oger, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil, présidente du Conseil scientifique

Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Parot, ingénieur physicien retraité Schlumberger Ltd, précédent coordinateur France Fondation SEED

Excusés :

Marie-Christine Briatte, directrice du Pôle d’Action Municipale Solidarités et Réussites Educatives à la Mairie de Boulogne-sur-mer

Bruno Defachelle, chef de service de la Maison de la Danse et du DMAD DARF, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Jean-Paul Demoule, professeur des universités émérite en archéologie, Université Paris 1

Patrick Girard, éducateur du service DMAD DARF, représentant du personnel, association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Patrick Miquel, précédemment directeur de l’Enfance et de la Famille, Conseil départemental du Pas-de-Calais

Francis Rembotte, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Philippe Richard, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Anick Traguardi-Menet, membre du Conseil d’administration de l’association “La Maison des Enfants de la Marine”

Henri Villeneuve, membre du Conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Ouverture de la vingt-troisième séance du Conseil scientifique par Madame la présidente.

I. Présentation du thème de la saison 2021-2022 et point sur le programme culturel :

Emmanuel Paris présente le thème de la saison, inaugurée à la mi-septembre avec la reprise des ateliers hebdomadaires dans les Maisons. Ce thème est : « Arborescence ». On trouvera ci-après la note de rentrée proposant quelques acceptions à son sujet :

Emmanuel Paris dit que trois idées clé organisent ce texte ; la « catégorisation », « l’hybridation », la « résilience ».

S’agissant de la première idée, Emmanuel Paris dit que les équipes éducatives observent une grande activité d’agencement des objets et des choses glanés par les enfants au fil des randonnées pédestres avec leurs éducatrices et éducateurs. Emmanuel Paris propose l’analyse selon laquelle l’enfant, pour grandir, exprimer aux autres et à lui-même qui il est à mesure de son grandissement, recompose à l’image des conservateurs des muséums, ses collections d’affinités personnelles et les expose.

S’agissant de l’idée d’hybridation, Emmanuel Paris recommande la lecture de récents ouvrages d’histoire et de philosophie en sciences botaniques affirmant l’avènement d’un nouveau paradigme ; ces sciences du végétal s’intéresseraient en priorité aux processus d’hybridation du vivant, quand, par le passé et pendant longtemps, les scientifiques considéraient les espèces en tant qu’entités immuables. Emmanuel Paris dit que la note de rentrée reprend cette idée pour réfléchir à la question de la parenté, oh combien importante pour les enfants de l’association. Emmanuel Paris ajoute que le programme artistique et culturel « L’aventure de la vie », par métaphore, escompte les mêmes effets sur l’ouverture au monde des enfants que ceux observés sur les plantes au contact du vent, de la pluie, de la proximité avec d’autres essences, par le butinement des insectes.

Dernière idée clé structurant cette note de rentrée présentant le thème « Arborescence », le champ de la protection de l’enfance, des tribunaux pour enfants aux assistantes familiales en passant par les équipes des Maisons des Solidarités, des Maisons de notre association constituent un écosystème, organisation sociale propice à l’épanouissement des enfants, à l’image du terreau permettant aux plantes en difficultés de reprendre leur croissance, à l’image aussi des champignons dont on sait aujourd’hui qu’ils sont des démultiplicateurs d’énergie pour l’extension des racines végétales.

II. Point sur l’état d’avancement du programme artistique et culturel :

Emmanuel Paris distribue aux participants le calendrier de la saison 2021-2022 dont on trouvera le contenu ici.

Emmanuel Paris informe les participants que des actions artistiques et culturelles vont être réalisées d’ici juillet 2022 mais n’apparaissent pas encore dans le calendrier, car en attente de finalisation.

Emmanuel Paris présente les actions en cours ou à venir :

  1. Le 17 septembre a été inaugurée au Musée de Boulogne-sur-mer l’exposition « Rien n’est joué d’avance », qui y sera programmée jusqu’au 14 décembre. Pour la première fois dans leur histoire institutionnelle respective, FRAC Grand Large – Hauts-de-France et Musée de Boulogne-sur-mer, nos partenaires muséaux depuis sept ans, ont décidé de partager leurs fonds d’exposition afin de créer avec les enfants une exposition produite conjointement. La prochaine édition, en 2022, reconduira ce partenariat tripartite, avec une exposition finale des enfants au FRAC. Les ressources numériques du Fablab associatif, soutenu par la Fondation Sopra Steria – Institut de France, ont été mobilisées par les enfants pour créer « Rien n’est joué d’avance ». On trouvera plus d’informations sur cette exposition ici : https://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/exposition-rien-nest-joue-davance/ ;
  2. Le 7 octobre au Café-théâtre de l’association, les enfants et les éducatrices et éducateurs de service ont pu visionner en avant-première le film réalisé première semaine de juillet 2021 en la salle « Le Phenix » d’Outreau. Les contraintes sanitaires n’ont pas permis de réaliser un spectacle avec présence du public dans la salle, mais l’institution a voulu cependant honorer les enfants et leur travail réalisé tout au long de l’année au fil de leurs ateliers ; une équipe de tournage a capté leur prestation sur scène. Ce film sera prochainement visionnable en ligne sur notre site internet ;
  3. Le jury, constitué du comité de direction, a sélectionné Juliette Dusange et Marion Ponsard, artistes paysagistes, et Benoît Destiné, botaniste pépiniériste, pour créer avec les enfants des Maisons un jardin sis sur le site de la Ferme de Bertinghen. Ce projet est trisannuel (2021-2023), soutenu par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France et la Fondation Marc Rohrbach sous l’égide de la Fondation de France, et développé dans le cadre du label d’Etat « Cités éducatives » (classes SVT, de français, d’arts plastiques des collèges du territoire collaborant à la conception / réalisation) ;
  4. Le Centre de Jour accueille cet Automne des artistes recommandés par les « Jeunesses Musicales de France » ; trois interventions sont programmées, permettant d’expérimenter l’action musicale comme nouveau vecteur d’apprentissage aux côtés du théâtre et des arts plastiques déjà présents. Ce partenariat avec les « Jeunesses Musicales de France » bénéficie d’une aide du Fonds de cet opérateur national et international : l’objectif est de reconduire et d’amplifier la programmation de ces ateliers dans les années à venir ;
  5. La résidence art / science « La couleur de l’eau », réalisée par Nicolas Floc’h, artiste, le cabinet de médiation en art contemporain « Artconnexion » et le Laboratoire « Océanographie et Géosciences » CNRS, site de Wimereux, reconduit les ateliers avec les enfants du Centre de jour et de la Maison Vive cet Automne. Cette résidence est financée par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France. On trouvera plus d’informations sur cette résidence ici : https://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/la-couleur-de-leau/ ;
  6. L’écrivain, homme de théâtre Rémy Boiron, poursuivra sa résidence d’écriture créative avec les enfants afin de fonder une « brigade poétique » au premier semestre 2022. Cette résidence est financée par la Fondation Daniel et Nina Carasso sous l’égide de la Fondation de France. On trouvera plus d’informations sur cette résidence ici : https://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/residence-art-science-2021/ ;
  7. Le collectif artiste constitué d’anciennes et d’anciens de la Maison de la Musique publie prochainement son premier disque, qui sera commercialisé dans les espaces culturels du territoire. Cette action est soutenue par la Fondation Crédit Mutuel Nord Europe. On trouvera plus d’informations sur ce soutien à la création ici : https://www.lesmaisonsdesenfantsdelacotedopale.com/en-avant-premiere-creations-du-conservatoire-des-maisons/.

III. Préparation du colloque « Arborescence », 4 juillet 2022 :

Emmanuel Paris demande aux participants si le prochain colloque, organisé dans le cadre du festival annuel « Journées d’Enfance » qui cette année sera programmé du 1er au 7 juillet 2022, reconduit la programmation des deux précédentes éditions, annulées en raison des contraintes sanitaires.

Les participants proposent de concevoir une nouvelle programmation.

Emmanuel Paris propose de consacrer la prochaine réunion du Conseil scientifique, le 7 janvier 2022 à la finalisation de cette programmation, et demandent aux participants de solliciter tous intervenants qu’ils pensent d’intérêt pour parler du thème « Arborescence » et ses possibles acceptions.

Les participants agréent cette proposition.

Claire Oger recommande de s’intéresser au collectif citoyen qui, en France, plante des arbres fruitiers, répondant de la sorte à l’appel lancé par le navigateur Bernard Moitessier voici quarante ans.

Claire Oger dit qu’il serait aussi intéressant de se rapprocher de l’équipe du CIRAD qui développe des logiciels simulant la croissance des espèces végétales.

Marie-Pierre Bouchaudy recommande d’inviter les acteurs du centre de création des arts et des cultures numériques fondé en 1998 à la Friche “Belle de Mai” à Marseille :

Emmanuel Paris remercie les membres du Conseil pour ces recommandations et les invite à prendre contact avec les institutions précitées pour leur proposer d’intervenir au colloque « Arborescence ».

A noter : depuis la réunion du Conseil donnant lieu à la rédaction du présent compte-rendu, le sociologue Arthur Vuattoux a accepté d’intervenir au Colloque pour présenter son ouvrage : « Adolescences sous contrôle. Genre, race, classe et âge au tribunal pour enfants ». Une invitation est aussi lancée à un Juge des Enfants pour qu’un dialogue puisse avoir lieu durant le colloque au sujet des analyses formulées dans cet ouvrage.

IV. Lecture commentée par Fleur Guy du livre d’Arthur Vuattoux (2021), « Adolescences sous contrôle. Genre, race, classe et âge au tribunal pour enfants », Paris, Les presses de Science Po :

On trouvera ici une présentation de l’ouvrage par son éditeur.

Fleur Guy fait une lecture commentée de l’ouvrage d’Arthur Vuattoux.

Les membres du Conseil remercient Fleur Guy pour cette présentation.

Eric Parot demande quelle fut la réaction des Juges des enfants, des acteurs de la protection judiciaire de la jeunesse, aux thèses de ce livre.

Fleur Guy répond que l’auteur a souhaité dès la parution de son ouvrage rencontrer les acteurs du champ pour en débattre.

Olivier Martin observe que l’institution judiciaire est une institution relativement « réflexive », citant par exemple l’activité de la mission études et recherches du Ministère de la Justice.

Claire Oger dit que l’Ecole Nationale de la Magistrature intègre dans son offre de formation des cours de Sciences Humaines et Sociales.

Eric Parot demande si la judiciarisation du parcours de l’enfant est constatée au fur et à mesure des années, après sa majorité.

Fleur Guy observe que l’ouvrage d’Arthur Vuattoux ne s’intéresse pas tant à cette question de l’âge alors qu’annoncé parmi les sous-titres de l’opus.

Christophe Lefèvre dit que ce sujet est intéressant, mais mériterait d’être approfondi tant les analyses de l’auteur ne se retrouvent pas, ou peu avec les enfants accueillis par notre association.

Claire Beugnet et Joseph Bako approuvent l’observation de Christophe Lefèvre ; la différence de traitement judiciaire selon que l’enfant est garçon, fille, français ou mineurs isolés étrangers, n’apparait pas aussi clairement que dans les études de cas traitées par Arthur Vuattoux.

Christophe Lefèvre pose l’hypothèse que le terrain d’enquête de l’auteur (la région Ile-de-France) présente des singularités que l’on ne retrouve pas dans le territoire judiciaire du Boulonnais.

Claire Oger, Emmanuel Paris proposent qu’Arthur Vuattoux soit invité à prendre la parole au colloque « Arborescence » pour dialoguer avec un Juge des enfants.

Les membres du Conseil agréent cette proposition.

A noter : Depuis la rédaction du présent compte-rendu, Arthur Vuattoux, a accepté d’intervenir lors du colloque.

V. Lecture commentée par Olivier Martin de son ouvrage paru chez Armand Colin en 2020 : « L’empire des chiffres. Une sociologie de la quantification » :

On trouvera ici une présentation de l’ouvrage par son éditeur.

Olivier Martin fait une lecture commentée de son ouvrage.

Les membres du Conseil remercient Olivier Martin pour cette présentation.

Claire Beugnet dit que le mode de gouvernance des Maisons d’enfants n’échappe pas aux descriptions faites par Olivier Martin à propos du pilotage par indicateurs. Claire Beugnet cite par exemples le taux d’activité, le taux d’occupation des lits.

Eric Parot dit que les sciences physiques ont de plus en plus de difficultés à préciser la notion de « temps », et voit là un paradoxe où cette notion est devenue aussi organisatrice de nos sociétés.

Claire Oger propose que les enfants réfléchissent à leur tour à la formulation d’indicateurs de qualité de vie, d’indicateurs de satisfaction qui pourraient enrichir la panoplie des indicateurs d’ores et déjà utilisés. Olivier Martin se dit intéressé pour suivre ce travail avec les enfants.

A noter : Depuis la rédaction du présent compte-rendu, Rémy Boiron, écrivain en résidence aux Maisons ce premier semestre 2022, a confirmé son accord pour travailler avec les enfants et Olivier Martin sur la formulation d’indicateurs de qualité de vie de notre association. Rémy Boiron participera à la réunion du 7 janvier.

Marie-Pierre Bouchaudy dit que le champ de l’action artistique et culturelle peine à dégager des indicateurs quantitatifs valorisant la qualité des actions entreprises, tant les effets à mesurer sont difficiles à formuler. Marie-Pierre Bouchaudy explique que le nombre d’entrées d’un film de cinéma, d’une pièce de théâtre, d’un concert, n’est pas corrélé avec la satisfaction qu’en retire le public.

Pierre Lemarquis observe que des outils recourant à l’évaluation quantitative en neurosciences, tels l’échelle de Hamilton, biaisent les résultats (cet outil peut créer les effets qu’il souhaite mesurer).

Fleur Guy constate que la dimension quantitative des évaluations est questionnée par les équipes des établissements sociaux et médicaux-sociaux et qu’une réflexion sur la production des indicateurs chiffrés est à ce titre essentielle.

Olivier Martin observe qu’historiquement, l’opposition à cette inflation est vaine. Olivier Martin précise que des mouvements de résistance optant plutôt pour le conseil en développement d’autres manières d’évaluer, d’analyser les statistiques, ont eu plus de succès.

Eric Legros observe que l’emploi du temps est devenu tel pour les enfants accueillis en Maison d’enfants (multiples rendez-vous médicaux, emploi du temps scolaire, rencontres avec la famille médiatisées par les MDS) qu’il pèse sur leur équilibre psychique.

VI. Présentation de la recherche réalisée avec le soutien de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance : « Le territoire est-il un vecteur de construction de lien ? Une approche sociogéographique des liens en protection de l’enfance » :

Emmanuel Paris informe les participants que le Conseil scientifique de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance a retenu le projet dont on trouvera ci-après une première présentation :

Emmanuel Paris propose aux membres de consacrer une partie de la prochaine réunion du Conseil scientifique à cette étude longitudinale. Les membres agréent cette proposition.

A noter : depuis la rédaction du présent compte-rendu, Chloé Colpé, partie prenante de la réalisation de cette recherche, a accepté l’invitation de participer à la réunion du Conseil du 7 janvier. On trouvera ici plus d’informations sur les recherches de Chloé Colpé.

La prochaine réunion du Conseil scientifique aura lieu le vendredi 7 janvier 2022, de 10h à 13h.

A l’ordre du jour notamment, la présentation par Pierre Lemarquis de son nouvel ouvrage.

Madame la présidente du Conseil scientifique clôt la réunion.