Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique de l’association
« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Boulogne-sur-mer
11 avril 2014
Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique
Présents :
Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Marie-Laure Camus, représentante des enfants et des jeunes de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Jean Deblock, président de l’association « Le Regain »
Dominique Demory, directeur général de l’association « Accueil et Relais »
Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1
Philippe Hazelart, membre du conseil d’administration, vice-président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Patrick Legrand, chef de service de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », secrétaire du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre (participation à la réunion via liaison Skype)
Patrick Miquel, directeur du service « Enfance famille », Conseil général du Pas-de-Calais
Claire Oger, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13
Emmanuel Paris, directeur adjoint aux affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED
Noël Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Francis Rembotte, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Thierry Smague, directeur de l’association « Le Regain »
Annick Traguardi, représentante des éducateurs et éducatrices de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »
Excusés :
Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2
Julien Kleszczowski, doctorant en gestion Ecole Polytechnique
Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes
Pièces jointes :
« Echec et retard scolaire des enfants hébergés par l’aide sociale à l’enfance »
« Enquête donne moi de tes nouvelles… Annick Traguardi »
« Réflexions autour du service Donne moi de tes nouvelles Julien Kleszczowski »
Ouverture de la troisième séance du conseil scientifique par son président.
I. Démission de Christophe de Ceunynck :
Christophe de Ceunynck a informé Emmanuel Paris de sa difficulté à concilier ses obligations professionnelles respectives avec une présence active dans le cadre du Conseil scientifique. Avec l’accord d’Eric Legros, Emmanuel Paris a demandé à Christophe de Ceunynck de présenter sa démission de l’instance.
II. Invitations du Conseil Scientifique pour cette séance du 11 avril 2014 :
Suivant les recommandations de Monsieur Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » lors de la réunion du Conseil d’administration du 18 mars 2014, et en présence de Monsieur Hazelart, président du Conseil scientifique, Monsieur Legros a invité Marie-Laure Camus, jeune de l’association, à devenir membre du Conseil scientifique pour l’année civile 2014.
Suivant les recommandations de Monsieur Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » lors de la réunion du Conseil d’Administration du 18 mars 2014, et en présence de Monsieur Hazelart, président du Conseil scientifique, Monsieur Legros a répondu favorablement à deux associations membres du réseau « Assises 62 » regroupant des acteurs de la protection de l’enfance dans le département du Pas-de-Calais, ouverts à l’expérimentation de nouvelles approches en matière éducative, pour à assister à cette réunion du Conseil scientifique. Monsieur Dominique Demory est directeur général de l’association « Accueil et Relais » : http://www.asso-accueil-relais.fr/. Messieurs Jean Deblock et Thierry Smague sont président et directeur de l’association « Le Regain » : http://meleregain.fr.
Après cette réunion, Madame Elodie Condette, médiatrice culturelle au Fonds Régional d’Art Contemporain Nord Pas-de-Calais rejoindra lors du repas les membres du Conseil scientifique. Cette venue est initiée dans le cadre d’une réflexion menée par deux de ses membres : Claire Oger et Eric Parot, à propos de l’espace associatif comme possible lieu d’expositions d’œuvres choisies et mises en valeur par les enfants et les jeunes, les équipes des maisons de culture et les intervenants culturels de l’institution.
I. Point sur l’étude des parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association :
Suite à la précédente réunion du Conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014, p. 6), Claire Beugnet et Eric Legros présentent les résultats de la consultation des dossiers papiers existants au sein de l’association, pour repérer les modalités d’amélioration du système de recueil et de traitement centralisé des résultats scolaires des enfants et des jeunes de l’association.
Eric Legros signale la difficulté à mutualiser les documents scolaires au niveau des services de la direction. Les bulletins sont par exemple collectés de manière très inégale selon les Maisons de culture et les services de l’association. Eric Legros et Claire Beugnet informent le Conseil scientifique qu’un tableau de bord sera désormais en fonction pour pointer systématiquement les pièces administratives détaillant le parcours scolaires des enfants et des jeunes.
En se référant à un texte présentant en juillet 2013 les résultats d’une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sous l’égide du Ministère de l’Économie et des Finances, du Ministère des Affaires sociales et de la Santé et du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social (cf pièce jointe : « Echec et retard scolaire des enfants hébergés par l’aide sociale à l’enfance »), Eric Legros met en avant plusieurs enseignements :
– dès avant le début de la mesure de placement, les enfants présentent déjà des difficultés scolaires ;
– la durée de placement a des effets bénéfiques sur la scolarité ;
– il existe une surreprésentation des jeunes en placement âgés de plus de seize ans dans les filières techniques courtes si l’on compare avec la tranche d’âge de la population française prise sans distinction ;
– les jeunes majeurs en mesure de placement bénéficiant du contrat « jeune majeur » ont de meilleurs résultats scolaires si l’on compare avec la tranche d’âge de la population française prise sans distinction.
Eric Legros réitère auprès du conseil scientifique l’objectif que se donne l’institution dans le cadre de l’axe 1 de son activité d’études et recherches (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014 »). Il s’agit de développer de nouveaux outils permettant de mesurer les effets du programme éducatif et culturel de l’association sur les résultats scolaires des enfants et des jeunes.
Claire Oger signale que les établissements de l’Education nationale utilisent de moins en moins exclusivement les bulletins scolaires papier, et communiquent de plus en plus systématiquement aux élèves et aux parents d’élèves les résultats obtenus dans les matières suivis en mobilisant les « Environnements Numériques de Travail » (ENT). Claire Oger recommande de demander à chaque équipe de l’association de demander aux enfants et aux jeunes de leur unité de vie les codes et identifiants permettant de suivre en ligne avec eux le cours de leur parcours scolaire.
Dominique Demory constate que les établissements de la protection de l’enfance acceptent trop facilement au sujet des enfants et jeunes qu’ils accueillent les décisions prises par leurs établissements scolaires en réaction à des problèmes constatés de discipline en classe. Les effets de ces décisions peuvent ne pas être suffisamment mesurés par les équipes pédagogiques, générant des processus de déscolarisation que les établissements de la protection de l’enfance doivent ensuite assumer, avec les difficultés que cet état d’urgence suppose.
Eric Legros explique que ce sont précisément ces raisons qui ont présidées à la création du « Centre de jour » au sein de l’association. Pour faire réponse à ces problèmes lourds de déscolarisation, l’association a développé en interne et avec l’accord du Conseil Général et de l’Education nationale une unité de vie permettant de faire la classe en journée et dans l’espace associatif, le temps de la re-scolarisation des enfants et des jeunes concernés.
Thierry Smague observe qu’en milieu rural, la prise en charge des retards scolaires des enfants et des jeunes en placement est rendue plus aisée par la proximité des écoles et collèges entourant les sites de l’établissement de protection de l’enfance, dans les villages avoisinants.
Thierry Smague relève la nécessité de devoir régulièrement redire aux établissements de l’Education nationale le caractère confidentiel des données caractérisant les enfants et les jeunes en mesure de placement.
Patrick Miquel signale la spécificité de la politique optée par l’Education nationale dans le département du Pas-de-Calais, en accordant par exemple à l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » un poste en détachement pour le professeur des Ecoles agissant au sein du « Centre de Jour ».
Patrick Miquel observe à ce propos que l’Education nationale réduit en ce moment le quota des postes accordés en détachement.
Patrick Miquel informe le Conseil scientifique que le Conseil Général du Pas-de-Calais a mis en place un calendrier de réunions avec le Recteur de l’académie pour repenser ensemble les actions menées en direction du secteur de la protection de l’enfance.
Patrick Miquel commente l’étude publiée par la DREES en juillet 2013 et citée par M. Legros (cf. supra) : ces travaux interrogent en effet la durée de placement et son impact sur le parcours scolaire de l’enfant ou du jeune. Patrick Miquel observe que cette information peut être interprétée de manière réversible : les établissements de protection de l’enfance ne garderaient-ils pas dans une durée longue les enfants et les jeunes obtenant les meilleurs résultats scolaires ?
Patrick Miquel prend en considération un second enseignement explicité par M. Legros à propos de l’étude de la DREES. Le contrat « mesures du pacte jeunesse» s’inscrit dans le cadre du droit commun ; tous les jeunes majeurs du département peuvent, autrement dit, bénéficier de ce contrat. Or les statistiques montrent que 90 % des bénéficiaires de ce contrat dans le Pas-de-Calais sont des jeunes obtenant par ailleurs des aides de la protection sociale. Patrick Miquel pose l’hypothèse qu’un tel différentiel s’explique par une communication déficiente menée envers l’ensemble de la population concernée par ce contrat. Patrick Miquel rappelle en effet la nature du problème constitué par cette information statistique : une mesure de droit commun doit d’appliquer d’abord à tous, et seulement par suite en tant que mesure subsidiaire – à destination, en l’occurrence, des jeunes de la protection de l’enfance.
Annick Traguardi observe un renforcement du partenariat avec les collèges dans lesquels les jeunes de l’association sont inscrits. Quand le comportement en classe de l’un d’eux est tel qu’il amène à l’organisation d’un conseil de discipline par l’établissement scolaire, l’association en est informée suffisamment tôt pour pouvoir y participer et accompagner le jeune durant cette séquence.
Patrick Legrand observe que le conseil de discipline décide très régulièrement de l’exclusion définitive du jeune concerné, là où il serait possible d’ajuster la mesure pour éviter tous risques de processus de déscolarisation.
Eric Legros relève que les ressources familiales sont bien souvent sous-exploitées lors ces décisions disciplinaires décidées par les établissements scolaires.
Eric Legros analyse le dispositif choisi par l’association dès sa création – une structuration en Maisons de culture du territoire. Il faut y voir la volonté d’inscrire l’enfant, le jeune, dans le droit commun et ceci dès son entrée dans l’espace associatif. La politique de l’association est, autrement dit, de ne pas considérer, à aucun moment et d’une quelconque façon, l’enfant, le jeune, comme porteur d’une spécificité administrative, mais comme une personne membre de la collectivité, avec les mêmes droits, les mêmes devoirs, les mêmes potentiels à développer et à valoriser que tout à chacun.
Eric Parot demande la nature du travail statistique réalisée à partir du tableau de bord décrit par Claire Beugnet (cf. supra).
Claire Beugnet précise que le tableau de bord est encore en voie de constitution ; il faut travailler sur cette base de données pour qu’elle puisse incorporer la grande diversité des données d’entrée. La phase de recueil des informations sur la nature de ces documents n’est pas encore close.
Francis Rembotte dit qu’il est très important pour l’institution de bénéficier d’outils permettant de mesurer les effets de son programme éducatif et culturel sur les parcours scolaires des enfants et des jeunes de l’association.
Francis Rembotte observe que la fraternité, valeur de la République, se comprend notamment comme l’obligation d’organiser des dispositifs permettant de donner plus à ce qui ont moins, et que ce principe prend toute sa signification à propos de l’obtention du contrat « jeune majeur ». Francis Rembotte observe à ce propos que le dispositif prévu pour le contrat « jeune majeur » présuppose que le jeune, candidat à son obtention, soit porteur d’un projet à réaliser dans le temps imparti par cette allocation. Ceci restreint pour les jeunes en mesure de placement le cadrage pourtant défini comme relevant du droit commun. Ces jeunes, bien souvent, ont en effet de grandes difficultés à formuler et être porteurs d’un projet présenté comme condition incontournable d’éligibilité par les textes.
Francis Rembotte commente à son tour le phénomène de déscolarisation discuté par les membres du conseil ; ce phénomène n’est pas spécifique à la protection de l’enfance, et peut caractériser plus largement les enfants et les jeunes suivant une scolarité sur le territoire national.
Claire Oger précise que le traitement statistique mené à partir du tableau de bord développé par l’association ne devra pas se cantonner à des données quantitatives, mais prendre en compte aussi des informations issues de méthodes qualitatives (par exemple par la restitution de biographies).
Marie-Laure Camus observe que les niveaux scolaires des enfants et des jeunes dépendent bien souvent de la composition de leurs réseaux de sociabilité, autre paramètre qualitatif pouvant intégrer ce travail qualitatif.
II. Point sur le développement d’un nouveau service « Donne moi de tes nouvelles » (plateforme de ressources + suivi longitudinal des enfants et des jeunes après leur sortie de l’institution) :
Emmanuel Paris rappelle au conseil le dispositif d’enquête et d’analyse décidé après la précédente réunion du conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique 24 janvier 2014 », pp. 2-6). Un groupe est composé de membres du conseil scientifique et travaille autour de trois axes :
un service d’accompagnement de la sortie (« le jour de ton anniversaire, donne nous de tes nouvelles »). Ce service serait mis en place pendant un, deux ans au sein de l’association et serait évalué au terme de cette période test ;
un dispositif visant au recueil d’informations sur le devenir des anciennes et des anciens des associations fondatrices et de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale » depuis sa création ;
un dispositif permettant d’établir un suivi longitudinal des enfants et des jeunes qui sortiront de l’association.
Ce groupe est composé de Fleur Guy, Julien Kleszczowski, Olivier Martin, Claire Oger, Annick Traguardi, avec l’aide des chefs de service de l’association.
Une réunion préparatoire a eu lieu le 4 avril afin de présenter aujourd’hui les résultats d’une première phase d’enquête menée en interne auprès des personnels de l’association. Il s’agit d’évaluer l’état de l’existant sur la manière de dire à l’enfant, au jeune, la possibilité de garder lien y compris bien après la mesure de placement.
Deux textes ont été rédigés, d’abord par Annick Traguardi puis par Julien Kleszczowski (voir en pièces jointes : « Enquête donne moi de tes nouvelles… Annick Traguardi » et « Réflexions autour du service Donne moi de tes nouvelles Julien Kleszczowski »).
Emmanuel Paris lit à voix haute auprès des membres du Conseil scientifique le texte de Julien Kleszczowski, absent excusé.
Annick Traguardi commente l’analyse développée dans le texte qu’elle a rédigé, et mentionne particulièrement deux pratiques d’ores et déjà à l’œuvre dans l’institution ; l’organisation d’un pot de départ, la veille de la fin de placement d’un enfant ou d’un jeune de l’unité de vie, et la date du 2 juillet, qui devient une référence signalée systématiquement pour dire le principe d’hospitalité de l’association, désireuse de retrouver les personnes après la fin de leur placement pour apprendre de leur vie vécue depuis.
Claire Oger recommande qu’une étude soit aussi faite sous forme de verbatim quant aux formulations de phrases dites par les personnels pour dire la perspective de la vie d’après le placement, et celle à propos du lien qui peut continuer entre l’institution et la personne.
Eric Legros décrit la politique de l’institution, inscrivant systématiquement l’enfant, le jeune, dans le territoire. L’approche de l’association est de dire que la Cité vit au cœur même des Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ; la sociabilité qui s’y développe au fil des activités culturelles rayonne au-delà de l’espace associatif (exemple de l’inscription d’un jeune dans une association sportive en relation avec la pratique exercée chaque semaine au sein de sa maison de culture).
Eric Legros recommande que l’effet calendaire du 2 juillet soit encore plus ritualisé et que le droit de l’enfant, du jeune, à ne pas maintenir le lien après la mesure de placement soit aussi préservé.
Eric Legros relève une information donnée par Julien Kleszczowski et qui concerne le taux moyen de retrouvaille avec l’institution après la mesure de placement. La Fondation d’Auteuil, qui a institutionnalisé un service permanent dédié à l’éventualité d’une retrouvaille de la part d’un ancien, en systématisant une organisation de travail spécifique à cette fin (un éducateur de la Fondation mobilisé à quart ou mi-temps dans chaque région où agit l’institution), atteint en la matière 8 à 10 % de personnes donnant de leurs nouvelles après placement. Ce taux correspond à l’estimation faite par Annick Traguardi à propos de l’association, ainsi que des deux associations fondatrices, plus que centenaires. Eric Legros observe que le degré d’institutionnalisation de ce service n’augmente pas nécessairement l’efficacité du dispositif, et recommande par conséquent de travailler à une manière d’être et de faire mobilisée par tous les personnels de l’association, sans en recourir par une spécialisation sur un poste dédié.
Patrick Miquel signale que l’enquête sur le devenir des jeunes, menée par l’INED, et dont le Conseil scientifique a discutée lors de son lancement (cf. « Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 11 octobre 2013 », p. 7), présentera ses premiers résultats début 2015.
Patrick Miquel relève la tension qui peut exister entre l’approche gestionnaire de l’évaluation de l’après placement (mesurer combien les investissements consentis à l’endroit d’un enfant, d’un jeune, lors de la mesure de placement, peuvent être rentables en termes d’intégration dans la société), et le travail quotidien des éducateurs pour préparer la possibilité d’un lien avec les enfants et les jeunes dans leur vie d’après le placement.
Claire Oger relaie l’analyse de Fleur Guy, absente excusée : l’évaluation de l’après-placement ne doit pas empiéter sur l’analyse du présent du placement.
Noël Quéré recommande la mise en place de dispositifs permettant d’évaluer dans quelle mesure les enfants et les jeunes sont préparés à la vie professionnelle au moment de leur sortie de l’institution. Noël Quéré recommande aussi la possibilité d’un dialogue intergénérationnel systématisé entre les enfants et les jeunes du présent de l’activité associative, et les anciens.
Jean Deblock questionne les modalités à mettre en œuvre pour augmenter le taux moyen de retrouvailles : faut-il en passer par une injonction, un dispositif qui y oblige ?
Claire Beugnet signale la possibilité d’une horizontalité dans la façon de renouer lien : des anciens se manifestent auprès d’autres anciens, en employant des réseaux sociaux numérisés tels « Copains d’avant ».
Eric Legros observe qu’un dispositif obligeant une personne à donner de ses nouvelles à celui qui l’a éduqué ne pourrait pas satisfaire au principe moral constitutif des filiations. Si les enfants ne doivent pas se sentir en dette vis-à-vis de leurs parents qui leur ont donnés la vie, ces enfants devenus adultes ont par contre le devoir moral de dire à leurs enfants ce que c’est que d’être parents.
Annick Traguardi relève que les anciens de l’association ayant fait le programme « Itinérances » sont particulièrement en volonté de revenir échanger et donner de leurs nouvelles.
Francis Rembotte observe que, par sa réflexion et sa volonté de développer de nouveaux dispositifs, l’association expérimente les modalités pratiques pour mettre en application un service de droit commun, ouvert à la population locale et faisant réponse à des préoccupations partagées globalement, tel l’aide à la parentalité.
III. Charte éthique pour l’accès et la diffusion de l’information de l’association via des outils médiatiques (ex : site Internet) :
Emmanuel Paris présente les raisons pour lesquelles ce point a été proposé à l’ordre du jour de la réunion. La politique communicationnelle de l’association travaille particulièrement deux axes de développement : la transversalité, et l’expressivité.
Emmanuel Paris explique que le premier axe fait réponse à l’organisation décentralisée de l’association, répartie en différentes Maisons de culture, implantées sur différentes communes du Boulonnais et de l’arrière-pays. Il faut dès lors développer des outils communicationnels permettant d’entretenir le lien entre les groupes humains vivant dans ces différents lieux : fanzine, webradio, site Internet, roulotte sont autant de moyens d’y parvenir.
Emmanuel Paris détaille le second axe et mobilisant les mêmes outils médiatiques : il s’agit pour les enfants, les jeunes, non seulement de s’ouvrir au monde par l’intensité du programme culturel de l’association, mais de savoir relater ces expériences, ces découvertes, ces apprentissages. Les personnels de l’association accompagnent les enfants et les jeunes dans cette activité expressive, laquelle en retour nourrit positivement l’ego de ces communicants en herbe, et ainsi soigne leur souffrance d’être soi.
Enfin et par ailleurs, Emmanuel Paris rappelle une demande faite par des membres du Conseil scientifique, qui par leur activité scientifique, peuvent être amenés à demander la possibilité de consulter des documents internes pour accompagner au mieux le développement de l’association.
Eric Legros informe les membres du Conseil scientifique que l’accès aux dossiers des enfants et des jeunes de l’association n’est pas possible pour des personnes extérieures. Ceci s’applique par conséquent aux scientifiques du Conseil.
Marie-Laure Camus demande si les enfants et les jeunes peuvent consulter les écrits administratifs qui les concernent.
Eric Legros répond positivement, pour les écrits administratifs concernant le temps de la mesure de placement au sein de l’association. Les écrits antérieurs à ce placement ne sont pas accessibles à l’enfant, au jeune à moins d’une délégation d’autorité parentale.
Claire Beugnet observe que ce moment de présentation à l’enfant, au jeune, des écrits administratifs qui le concernent et qui correspondent au temps de la mesure de placement au sein de l’association, doit être préparé en amont par les éducateurs concernés, afin que le lecteur ait toutes les possibilités de comprendre les termes et les raisonnements qui y sont mentionnés.
Emmanuel Paris demande conseil aux membres du conseil scientifique quant à la possibilité de montrer par l’image sur le site Internet de l’association l’effervescence créative du programme éducatif et culturel de l’institution. Parfois, des enfants et des jeunes participant aux ateliers ne bénéficient pas d’une autorisation d’apparaître sur les images. Comment faut-il faire, dès lors, pour ne pas créer d’iniquités dans la restitution médiatisée de ces apprentissages et découvertes du monde ?
Claire Oger recommande d’examiner les textes législatifs et réglementaires en vigueur dans le détail. A propos de l’écrit par exemple, si l’enfant, le jeune en est l’auteur, il peut être dommage d’anonymer le texte qu’il confie à l’association pour médiatisation.
Patrick Miquel recommande de bien s’assurer de l’avis des parents des enfants et des jeunes, qui peuvent ne pas souhaiter que ceux-ci apparaissent à l’image après cependant en avoir signé l’autorisation voici quelques temps.
IV. Questions annexes :
Fab Lab :
Eric Parot informe de l’état d’avancement du projet « Fab Lab Maison des Enfants de la Côte d’Opale ». Celui-ci a fait l’objet d’une première présentation de la part d’Eric Parot, lors de la précédente réunion du Conseil scientifique (cf. « Compte-rendu de la réunion du conseil scientifique du 24 janvier 2014 », p. 9).
Les créatrices de l’ « hexarobot », lycéennes au Lycée Louis-le-Grand de Paris, candidatrices avec ce projet en 2012 au concours « C Génial » (voir leur vidéo de présentation : http://www.dailymotion.com/video/xpg6ll_hexarobot-concours-c-genial-2012-video-de-presentation-du-projet_tech), ont donné à Eric Parot l’autorisation de développer au sin de l’association ce robot reproduisant mécaniquement un cafard.
Eric Parot informe le Conseil scientifique que les trois prochains mois seront consacrés à la finalisation de la rédaction du projet, avec pour objectif de démarrer le Fab Lab début 2015.
Exposition dont les enfants et les jeunes de l’association seraient les commissaires :
Claire Oger et Eric Parot expliquent au Conseil scientifique que la venue d’Elodie Condette, peu après la réunion, permettra une première fois d’évaluer avec le FRAC Nord Pas-de-Calais la faisabilité d’une exposition dont les enfants et les jeunes de l’association seraient commissaires d’exposition. Le FRAC confierait à l’association une ou des œuvres de son fonds, issue de son fonds et retenue par les enfants et les jeunes, et les accompagnerait dans la conception et la réalisation d’une exposition qui puisse circuler dans le territoire, avec notamment une activité rédactionnelle de mise en discours des œuvres exposées.
Claire Oger et Eric Parot proposent au Conseil scientifique une démarche en plusieurs temps, avec à terme la possibilité de développer de manière régulière des expositions co-produites avec des établissements culturels du territoire tels le Musée de Boulogne-sur-Mer, par exemple autour du masque.
Claire Oger et Eric Parot demandent à l’association la possibilité d’impliquer systématiquement un ou plusieurs représentants du personnel sur ces projets d’exposition.
V. Calendrier des prochaines échéances du conseil scientifique :
Les membres du conseil scientifique posent les dates des prochaines réunions :
La réunion plénière du Conseil scientifique, durant laquelle sera restitué auprès de la communauté éducative de l’association le travail effectué par le Conseil durant la saison culturelle écoulée, aura lieu le mercredi 2 juillet 2014 de 9h à midi.
Le colloque organisé par l’association dans le cadre de son festival annuel : « Les Journées d’Enfance », aura lieu le jeudi 3 juillet 2014 de 9h à 16h dans le grand amphithéâtre de l’antenne Saint-Louis de l’Université du Littoral Côte d’Opale, site de Boulogne-sur-mer.
M. Philippe Hazelart, président du Conseil scientifique, clôt cette troisième réunion.