Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique du 11 octobre 2013

Compte-rendu de la réunion du Conseil scientifique de l’association

« Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Boulogne-sur-mer

11 octobre 2013

Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique

Présents :

Claire Beugnet, directrice adjointe de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Jean-Paul Demoule, professeur des universités en archéologie Université Paris 1

Fleur Guy, doctorante en géographie Université Lyon 2

Philippe Hazelart, membre du conseil d’administration, vice-président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », président du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Julien Kleszczowski, doctorant en gestion Ecole Polytechnique

Eric Legros, directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale », secrétaire du Conseil scientifique de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Claire Oger, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13

Emmanuel Paris, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication Université Paris 13, coordinateur du Conseil scientifique « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Eric Parot, ingénieur physicien Schlumberger Ltd, coordinateur France Fondation SEED

Noël Quéré, président de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Francis Rembotte, membre du conseil d’administration de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »

Philippe Richard, artiste amateur

François Roy, metteur en scène

Gérard Tonnelet, artiste amateur

Excusés :

Denis Adam, conseiller éducation populaire Région Rhône-Alpes

Christophe de Ceunynck, directeur du Musée Schlumberger, château de Crèvecoeur-en-Auge

Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques Université du Havre

Olivier Martin, professeur des universités en sociologie Université Paris Descartes

Patrick Miquel, directeur du service « Enfance famille », Conseil général du Pas-de-Calais

Bernard Müller, anthropologue Université Paris VIII

Pièces jointes :

– bilan des activités scientifiques animées par Eric Parot années scolaires 2012-2013

– charte du Conseil scientifique

– convention d’atelier

– convention de résidence d’artiste

– enquête Citymix

– formation « Tous transmetteurs »

– bilan « Journées d’Enfance 2013 »

Ouverture de la deuxième séance du Conseil scientifique par son président.

  1. Signature de la charte du Conseil scientifique par ses membres :

Denis Adam et Bernard Müller ont informé Emmanuel Paris de leur difficulté à concilier leurs obligations professionnelles respectives avec une présence active dans le cadre du Conseil scientifique. Avec l’accord d’Eric Legros, Emmanuel Paris a demandé à Denis Adam et Bernard Müller de présenter leur démission de l’instance. Ces démissions prendront effet au terme de l’année civile 2013, comme mentionné dans l’article 5 de la charte du Conseil scientifique.

Les membres du Conseil scientifique se présentent.

Emmanuel Paris demande aux membres présents de signer la charte du Conseil scientifique (cf. document joint).

Les absents excusés lors de cette réunion du 11 octobre 2013, signeront cette charte lors de la prochaine réunion du Conseil scientifique.

A la demande de Noël Quéré, la charte fait apparaître dès les premières lignes l’enfant comme au cœur des raisons d’être, d’agir et de penser du Conseil scientifique. Le Conseil scientifique doit notamment aider l’association à inscrire sa pensée de l’enfant, de l’enfant dans la société, dans une temporalité spécifique, que l’on pourrait formuler « pensée de long terme ».

M. Noël Quéré demande qu’un membre du personnel de l’association, exerçant le métier d’éducateur spécialisé, puisse être membre de droit du Conseil scientifique.

  1. Informations sur la création du poste de directeur adjoint chargé des affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale :

Eric Legros informe le Conseil scientifique des termes présidant à la réflexion sur sa succession au poste de directeur de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale ». Parmi les éléments pris en considération, le programme éducatif et culturel et la politique de formation nécessitent qu’un nouveau poste soit créé.

Le programme mis en œuvre par l’association, par sa richesse (plus d’une quinzaine de pratiques culturelles proposées chaque année aux futurs adultes), sa diversité (culture artistique, culture patrimoniale, culture scientifique, culture sportive, culture technique, coexistent dans cette programmation), sa transversalité (le festival annuel « Journées d’Enfance » hybride les contenus culturels, par exemple lors du spectacle de fin d’année), sa volonté d’inscrire le futur adulte dans la vie de la Cité (le spectacle est par exemple organisé dans un établissement culturel hors-les-murs de l’association, et est ouvert à des publics toujours plus diversifiés), constitue aujourd’hui une activité qui définit en interne et en externe la qualité de l’association, son identité.

La politique de formation initiée durant la saison culturelle 2012-2013 (formation « tous transmetteurs » proposées par Vincent Laborey et Emmanuel Paris à l’ensemble des adultes et futurs adultes de la communauté éducative de novembre 2012 à mars 2013, cf. document joint), sera reconduite et amplifiée lors de cette saison culturelle 2013-2014 (cf. IV. Discussion sur la politique de formation organisée en interne). Cette politique de formation, qui explore avec les séminaristes les articulations possibles entre transmission et co-construction des savoirs, savoir faire et savoir être dans la relation éducative entre adultes et futurs adultes de l’association, qui expérimente avec les séminaristes aussi et par conséquent les effets positifs induits par la mise en synergie du soin, de l’éducation et de la pédagogie dans la relation éducative entre adultes et futurs adultes, se donne pour objectif de devenir une référence dans le champ professionnel de la protection de l’enfance.

Eric Legros informe les membres du Conseil scientifique sur le dépôt d’un document décrivant le programme éducatif et culturel de l’association, dans le cadre d’un appel à projets organisé cette année par la Fondation de France. Le programme de l’association est examiné, et le résultat de cette démarche pour obtenir une dotation permettant le développement des actions déjà en place, pourra être communiqué au Conseil scientifique lors de sa prochaine réunion, en janvier 2014.

Emmanuel Paris informe les membres du Conseil scientifique de trois créations permettant d’illustrer le développement des axes présentés par Eric Legros ; moments importants de la saison culturelle 2013-2014, tout comme le sont les Journées d’Enfance organisées depuis deux ans et qui seront à nouveau proposées début juillet 2014 (cf. V. Organisation d’un calendrier des travaux d’études et de recherches du Conseil scientifique pour la saison culturelle 2013-2014 de l’association).

Ces trois créations sont :

1. la production de documents contractuels formalisant la relation entre l’intervenant extérieur animant un atelier culturel et l’association. Le 5 septembre 2013, Claire Beugnet, directrice adjointe, Barbara Lefèvre, consultante en développement culturel territorial pour les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale, Emmanuel Paris, coordinateur du Conseil scientifique et François Roy, metteur en scène, organisant notamment au sein de l’association la conception et la réalisation du spectacle de fin d’année programmé lors des « Journées d’Enfance », ont finalisé avec des intervenants extérieurs la rédaction d’une convention pour les intervenants organisant des ateliers, ainsi que d’une convention pour les artistes en résidence (cf. documents joints). Ces documents seront complétés par une charte en cours de rédaction de la part d’un membre du conseil d’administration de l’association ;

2. l’organisation depuis ce mois de septembre 2013 d’un cycle de conférences mensuel tout au long de la saison culturelle de l’association. « Les conférences du jeudi » sont organisées chaque premier jeudi du mois au Café Théâtre Michel Laffont, sur le site de la Ferme de Bertinghen, de 11h à 12h15. Les conférenciers s’expriment devant les salarié-e-s de l’association à l’aune du thème de la saison annuelle ; cette année « La valeur ». Ces conférences sont ouvertes aux intervenants culturels extérieurs, l’objectif étant de renforcer toujours plus les liens de la communauté éducative de l’association. Des membres du Conseil scientifique interviendront régulièrement dans le cadre de ce cycle de conférences :

– Christophe de Ceunynck, directeur du Musée Schlumberger le 7 novembre 2013 (conférence sur le thème du rôle joué par deux adolescents lors de l’expérience déterminante menée par Conrad Schlumberger en 1912 dans le parc de la résidence familiale) ;

– Arnaud Le Marchand, maître de conférences en sciences économiques à l’Université du Havre le 5 décembre 2013 (conférence sur le thème des populations « invisibles » dans les zones portuaires et les dispositifs mis en place à travers le monde pour en ternir compte) ;

– Julien Kleszczowski, doctorant en gestion à l’Ecole Polytechnique le 6 février 2014 (conférence sur le thème de la nécessaire co-construction avec les éducateurs spécialisés des outils évaluatifs de leur métier).

Denis Adam a par ailleurs accepté de donner une conférence le jeudi 5 juin 2014 sur le thème de l’état de l’art en matière de données à propos des effets d’une programmation culturelle d’établissement de l’Education nationale sur les parcours scolaires ;

3. Le bâtiment du Café Théâtre Michel Laffont, sur le site de la Ferme de Bertinghen, va être profondément remanié à partir du printemps 2014 pour améliorer ses capacités d’accueil, accroître ses performances techniques. Cette refonte architecturale donne lieu à un chantier participatif permanent le temps de la conception du bâtiment, de sa réalisation, et dès son inauguration, de sa valorisation. Sous la férule du cabinet d’architectes « Citymix », choisi pour ses compétences en matière de politiques participative et contributive (http://www.citymix.eu/), les adultes et les futurs adultes de la communauté éducative se sont exprimés et s’expriment encore à titre personnel sur les usages, le design, la place dans l’espace, les compétences techniques dans le cadre d’une enquête menée par entretiens et questionnaire (cf. document ci-joint). Seront notamment mises en contexte lors du chantier réalisant le bâtiment renouvelé, jour après jour et selon les tâches techniques à effectuer, l’articulation de la transmission et la co-construction expérimentée en formations depuis l’année dernière (cf. supra).

Claire Oger propose un axe supplémentaire permettant de préciser le périmètre d’activités de ce poste en création ; le développement d’un fonds permanent d’archives de l’association disponible en permanence et consultable sur place. L’axe 2 du Conseil scientifique nécessite par exemple qu’un outil soit développé pour étudier sur la durée longue les parcours de vie des futurs adultes ayant vécu au sein de l’association. François Roy abonde dans le sens de cette proposition, parlant de la nécessaire capitalisation de la mémoire de l’institution. L’expressivité des futurs adultes, stimulée par la grande intensité de la programmation éducative et culturelle au cœur de la politique d’établissement, génère nombre de traces (objets, images, textes, etc.) qui doivent être patrimonialisées pour témoigner en permanence en interne et en externe de la vitalité qui s’exprime en l’association année après année.

Réfléchissant à cet axe, les membres du Conseil scientifiques évaluent d’ores et déjà l’impératif de confidentialité qui devra ordonner la conception des outils permettant d’accéder au fonds d’archives. Cette remarque rejoint celle formulée par Olivier Martin, membre du Conseil scientifique absent lors de cette réunion mais venu dès la veille pour commencer à réfléchir avec l’association à son travail d’études et de recherches au sein du Conseil scientifique. La question de la confidentialité des informations à propos des parcours de vie des futurs adultes de l’association sera un problème méthodologique récurrent dans toute action d’études, de recherches menée par le Conseil scientifique, et plus généralement toute action de valorisation des acquis permis par la politique d’établissement de l’association.

Noël Quéré propose que les « conférences du jeudi » soient publiques, c’est-à-dire ouvertes aux habitants du boulonnais, et au-delà toutes personnes qui, dans l’espace public, est intéressé aux thèmes travaillés par l’association et discutés par les orateurs et la communauté éducative lors de ces conférences.

Emmanuel Paris informe les membres du Conseil scientifique du travail actuellement en cours de développement auprès des opérateurs scientifiques et techniques, partenaires officiels de l’association (Fondation Musée Schlumberger, Fondation SEED, INRAP). A terme, il s’agit d’harmoniser les relations contractuelles liant les intervenants extérieurs artistiques et sportifs (cf. supra), et les intervenants scientifiques et techniques, au-delà de la diversité des formes administratives étayant ces relations.

Un premier jalon de cette harmonisation a été posé ces dernières semaines ; un cadre évaluatif des ateliers, menés conjointement par l’équipe éducative concernée par l’atelier, et l’intervenant extérieur qui organise son contenu, est formalisé à la suite de la réunion du 5 septembre 2013. Le même cadre évaluatif est en gestation à propos des ateliers relevant du partenariat avec la Fondation SEED (document rédigé par Yannick Coppin, chef de service de l’unité de vie « Le Centre de jour », concernée par ces ateliers, et par Nicolas Courquin, professeur des écoles détaché de l’Education Nationale donnant les cours aux futurs adultes dans cette unité de vie, cf. document joint). Ce travail évaluatif sera mené de même au mois de décembre 2013 (terme de la convention partenariale annualisée avec l’INRAP) avec Fabrice Brutus, archéologue INRAP animant des ateliers avec les adultes et futurs adultes de l’association.

  1. Evaluation des « Journées d’Enfance 2013 » :

Emmanuel Paris informe les membres du Conseil scientifique de la rédaction du document « Bilan des « Journées d’Enfance 2013 » », réalisée par Eric Legros, Sandra Jerusalmi, coordinatrice des activités culturelles de l’association entre février et juillet 2013, et Emmanuel Paris. Ce document a été mis en ligne sur le site Internet de l’association dès la fin du mois de juillet 2013, afin que les membres de la communauté éducative et toute personne intéressée à l’activité de l’association, puissent prendre connaissance d’une première réflexion sur les termes présidant à l’élaboration d’un tel festival, et sur les effets d’ores et déjà identifiables, générés par le protocole retenu.

Ce document est soumis à l’appréciation des membres du Conseil scientifique : le socle choisi pour synthétiser les critères évaluatifs de la relation éducative adulte / futur adulte au sein de l’association est-il satisfaisant et peut-il être reconduit dans des documents reliant les intervenants extérieurs à l’association, ou des production médiatiques valorisant l’activité éducative et culturelle de l’association ? Page 10 de ce bilan, ces critères sont spécifiés (cf. document joint : « Bilan des « Journées d’Enfance 2013 » ») :

« Par « éducation », nous entendons les phénomènes de transmission de savoirs, de savoir faire et de savoir être, phénomènes rendus possibles par la relation éducative au fondement des liens entre adultes et futurs adultes de l’association (ex : l’apprentissage des limites nécessaires au savoir-vivre en communauté au sein de l’association, l’apprentissage de la loi, nécessaire au savoir-vivre en société).

Par « soin », nous entendons les phénomènes qui permettent aux futurs adultes de retrouver l’estime de soi et la confiance en autrui, phénomènes rendus possibles par la vie en communauté éducative pensée par l’association comme politique d’établissement (ex : la relation instaurée avec les autres futurs adultes, avec les adultes, est fondée sur la reconnaissance de soi-même comme capable de dire, de penser, de faire par soi-même et avec les autres).

Par « acculturation », nous entendons les phénomènes d’échanges interculturels (niveau du groupe), de co-construction des expériences vécues (niveau de l’individu), phénomènes rendus possibles par le principe de rencontre placé au cœur du programme « L’aventure de la vie » (ex : l’échange et la co-construction des savoirs et connaissances rendue permise par la rencontre entre un futur adulte déscolarisé et un ancien directeur des expositions de la Cité des Sciences et de l’Industrie dans le cadre de la formation « Tous Transmetteurs » organisée cette année par l’association).

Par « apprésentation », nous entendons les phénomènes de conscientisation de soi comme autrui par le corps ; prise du conscience de son corps, prise de conscience de son corps comme porteur d’une conscience, prise de conscience du corps et de la conscience de l’autre comme semblables à soi-même phénomènes rendus possibles par le principe de rencontre placé au cœur du programme « L’aventure de la vie » (ex : les conscientisations par le corps de soi comme un autre rendus permises par les pratiques sportives (partenariat avec le BCK), par la vie quotidienne par plus de 40 degrés (séjours en itinérance au Burkina Faso et en Inde) ».

Pour étayer cette discussion, deux documents sur lesquels travaillent la direction et les éducateurs de l’association pour régulièrement évaluer l’efficacité des activités effectuées, sont distribués aux membres du Conseil scientifique. Ces documents sont intitulés « Le référentiel enfants + Le référentiel adolescents » et « L’évaluation interne». Le document « Le référentiel enfants + Le référentiel adolescents » a été rédigé voici 12, 13 ans sous l’égide du sociologue Bernard Dubreuil. Le document « L’évaluation interne» a été rédigé l’année dernière, et l’ensemble des éducateurs de l’association a contribué à sa formulation.

Les quatre critères proposés dans le document « Bilan des « Journées d’Enfance 2013 » » tentent de faire la synthèse de ces deux documents. L’objectif d’une telle synthétisation est, autrement dit, de permettre à la pluralité des acteurs de la communauté éducative de l’association – et au-delà, toute personne intéressée par la vie de l’association, de pouvoir s’approprier par ces quelques mots-clés les enjeux du travail éducatif réalisé avec le futur adulte.

Claire Oger signale le caractère problématique du terme « acculturation », dont l’acception première est la domination d’un groupe humain par un autre, au nom d’une prétendue supériorité de la culture d’appartenance du premier sur celle du second. Cette acception ne correspond pas à l’esprit du programme éducatif et culturel de l’association, notamment fondé sur les principes de rencontre, de partage, d’échange, de co-construction.

Fleur Guy observe que ces quatre critères, tels que présentés, ne mobilisent pas une évaluation du regard que la Cité peut exprimer à l’endroit de la communauté éducative de l’association quand celle-ci se donne pour objectif d’y reprendre toute sa place, notamment à l’occasion de son activité culturelle.

Jean-Paul Demoule demande quel critère permettrait d’évaluer les effets générés sur les parcours de vie des futurs adultes, examinés sur la durée longue des périodicités choisies pour organiser « Le petit déjeuner sous l’herbe ». Cette opération archéologique prend en effet toute sa place dans l’organisation des « Journées d’Enfance », correspondant à la date du 2 juillet, durant laquelle est recherché le retour des ancien-e-s sur le site physique de l’association pour pouvoir mieux s’enquérir de leur devenir, de leur vie vécue depuis la sortie de l’institution. Cette opération archéologique est par ailleurs organisée selon deux cycles temporels de 20 années (2 juillet 2010 : opération inaugurale / 2 juillet 2030, première phase – dés-ensevelissement d’une fraction des objets mémoriels personnels / 2 juillet 2050, seconde phase, dés-ensevelissement d’une autre fraction des objets mémoriels personnels). Comment formuler le critère permettant l’articulation de ces deux temporalités (le court terme du festival annuel / le long terme de l’opération archéologique) dans un même critère permettant le suivi longitudinal des parcours de vie ?

Francis Rembotte signale une confusion conceptuelle entre la rédaction d’un bilan (« bilan », mot utilisé pour titrer le document discuté) et l’activité évaluative. Cette dernière doit se fonder à partir d’objectifs définis au préalable de l’action : que veut-on faire ? Qu’est-ce qu’on cherche à créer ?, etc. L’évaluation a ensuite lieu, pour mesurer l’écart entre l’objectif, et le résultat constaté. Autrement dit, toute formulation d’objectif préalable doit intégrer un résultat qu’il sera possible d’objectiver ; s’il n’est pas possible de formuler ces formes objectives de résultats, alors les objectifs ne sont pas rationalisables, et l’évaluation ne peut par conséquent avoir lieu.

Si l’on devait penser l’articulation entre bilan et évaluation ; l’évaluation serait première, le bilan serait un exercice qui lui sera subordonné (le bilan inventorie des phénomènes observables, il constitue une liste de résultats potentiels qui sont jaugés selon les modalités choisies lors de la production du protocole évaluatif). A cette articulation évaluation-bilan doit s’ajouter un troisième exercice, lui aussi subordonné à l’activité évaluative. Il s’agit du suivi, autrement dit, des actions mises en œuvre pour faire réponse aux écarts mesurés entre objectifs et résultats codifiés par le protocole évaluatif.

Francis Rembotte conclue sur la nécessité vitale de la culture évaluative pour les institutions ; elle offre en effet un point d’appui permanent pour faire face au processus de dés-institutionnalisation qui caractère la société française (ex : la politique de soin envers les personnes âgées ; reflux du suivi en maison médicalisée, et montée en puissance des aides à domicile). Ce mouvement concerne aussi, bien évidemment, le champ de la protection de l’enfance, et il faut par conséquent s’équiper pour pouvoir argumenter systématiquement en faveur de la nécessité de la primauté institutionnelle dans la relation éducative avec le futur adulte. Francis Rembotte informe les membres du Conseil scientifique de l’organisation d’un colloque thématisant la désinstitutionnalisation à l’initiative de l’IFAR.

Pour contribuer à la réflexion lancée par Jean-Paul Demoule à propos d’un critère propre à l’association, permettant d’inscrire dans la durée longue l’évaluation du travail éducatif entre adulte et futur adulte, Claire Beugnet informe les membres du Conseil scientifique du lancement d’une enquête longitudinale menée prochainement dans plusieurs départements français au sujet des parcours de vie des personnes une fois sorties des établissements de protection de l’enfance. L’association a d’ores et déjà été contactée par les organisateurs de cette enquête, intitulée « ELAP » pour contribuer à son information. Plus d’informations sur cette enquête sont consultables sur le site Internet suivant : http://elap.site.ined.fr/

Julien Kleszczowski informe le Conseil scientifique qu’il a participé le jeudi 10 octobre 2013 à un colloque durant lequel cette enquête a été présentée par Isabelle Frechon (l’annonce de ce colloque est consultable à l’adresse suivante : http://www.afs-socio.fr/node/2492 ). L’enquête devrait démarrer dès les prochains jours. Julien Kleszczowski, tout comme Olivier Martin la veille de la réunion du Conseil scientifique, en réunion de travail avec Eric Legros, insistent sur la nécessité pour l’association de pouvoir faire entendre sa voix propre à l’occasion de cette enquête. Il s’agirait par exemple d’examiner les méthodologies choisies pour cette enquête, et proposer d’éventuelles adaptations ad hoc qui permettent de mieux tenir compte des parcours de vie des personnes ayant vécu ou vivant dans l’association et concernées par le thème de cette enquête. La temporalité choisie pour organiser « Le petit déjeuner sous l’herbe » excède par exemple celle choisie par cette enquête : une réflexion sur les effets induits par cet échelonnement temporel différencié pourrait instruire la communauté éducative de l’association, et toute personne intéressée à la question de savoir ce que deviennent les futurs adultes une fois sortis d’une institution de protection de l’enfance.

  1. Discussion sur la politique de formations organisée en interne :

A l’invitation d’Eric Legros et d’Emmanuel Paris, Philippe Richard, François Roy et Gérard Tonnelet, participent à la deuxième réunion du Conseil scientifique pour échanger avec les membres du conseil sur les formations que l’association met en place depuis l’année dernière, et dans un cadre pluriannuel. Ce cycle de formation a été inauguré durant la saison culturelle 2012-2013 par la formation proposée par Vincent Laborey et Emmanuel Paris, intitulée « Tous transmetteurs ».

Eric Legros présente les enjeux d’un tel cycle de formation : destiné à l’ensemble de la communauté éducative, adultes et futurs adultes, éducateurs spécialisés, personnels de vie et enfants, adolescents et jeunes adultes de l’association pensent et agissent ensemble au fil d’ateliers proposés par les formateurs et spécifiant les fondations du processus d’humanisation. Adultes et futurs adultes sont certes et bien évidemment reliés par une relation de transmission de celui qui sait à celui qui ne sait pas et est en situation d’apprendre, mais adultes et futurs adultes sont aussi partenaires dans l’aventure de la vie, la découverte en commun de phénomènes qui disent la place dans le monde et dans le temps. La saison culturelle 2013-2014, dont le thème est « La valeur », donnera lieu à une nouvelle formation proposée par Vincent Laborey et Emmanuel Paris, formation dont le contenu est en cours de finalisation. Afin de perpétuer les situations de réflexivité initiées par cette formation auprès des éducateurs et personnels de vie de l’association qui aura lieu de janvier à mars 2014, des formations nouvelles seront inaugurées durant le printemps 2014, organisées par Philippe Richard, François Roy et Gérard Tonnelet.

Gérard Tonnelet propose aux membres du Conseil scientifique quelques axes à partir desquels Philippe Richard et François Roy travailleront avec lui et les éducateurs et personnels de vie de l’association. Il s’agira par exemple de personnifier régulièrement une relation de compagnonnage, permettant à Gérard Tonnelet et Philippe Richard de faire profiter les jeunes générations d’éducateurs de leur expérience dans le travail éducatif avec notamment les enfants autistes, les personnes en traitement pour se sevrer de pratiques addictives, les enfants placés dans des institutions de protection de l’enfance. Dans cette relation de compagnonnage, il s’agira par exemple de réfléchir ensemble, et à partir de cas concrets vécus par les éducateurs dans l’exercice de leur métier, sur la notion d’« erreur ». Par la discussion et l’échange, cette notion sera questionnée, renversée ; il est possible, sinon souhaitable, d’envisager les effets positifs du « faire erreur » – l’important étant d’abord de faire, de tenter, d’expérimenter au fil de la relation éducative avec le futur adulte.

François Roy propose aux membres du Conseil scientifique quelques axes à partir desquels il travaillera avec Gérard Tonnelet et Philippe Richard. Ce travail sur la relation de compagnonnage aura aussi pour objectif d’apprendre avec les éducateurs et personnels de vie à se défaire de l’image de soi, ou tout du moins apprendre à la mettre à distance, de sorte qu’il soit en permanence possible pour les adultes d’apprendre des futurs adultes accueillis par l’association lorsqu’ils sont en interaction ou en interlocution avec eux.

Francis Rembotte recommande, parmi les activités du Conseil scientifique, d’intégrer une réflexion sur les formations reçues par les étudiants de la filière menant aux métiers de la protection de l’enfance.

Eric Legros informe le Conseil scientifique qu’un partenariat est en gestation avec l’IRTS Site côte d’Opale (http://formations.action-sociale.org/?ecole=irts-site-cote-d-opale)

  1. Organisation d’un calendrier des travaux d’études et de recherches du Conseil scientifique pour la saison culturelle 2013-2014 de l’association :

Emmanuel Paris rappelle les quatre axes de travail d’études et de recherches décidés par les membres du Conseil scientifique lors de sa première réunion, le 27 juin 2013 :

      1. La mise en visibilité des effets du programme culturel de l’établissement sur le parcours scolaire des futurs adultes ;

      1. Mise en place d’un protocole de suivi longitudinal des parcours de vie des futurs adultes, une fois sortis de l’institution ;

      1. Etude sur la sociabilité des futurs adultes ; les formats du vivre-ensemble entre futurs adultes, dans la relation avec les éducateurs, dans la vie de la Cité ;

      1. Activités de prospective et de conseil pour accompagner le développement de la politique d’établissement de l’association « Les Maisons des Enfants de la côte d’Opale » en matière de politique éducative et culturelle.

La réunion du 27 juin 2013 a aussi acté un calendrier de travail annuel, réparti en quatre réunions dont une, intitulée « réunion plénière », consacrée à la restitution des travaux réalisés par le conseil durant la saison culturelle écoulée à la communauté éducative de l’association.

Les conférences données par les membres du Conseil scientifique lors du cycle « Conférences du jeudi » sont une première matière nourrissant le travail effectué durant l’année (cf I. « Informations sur la création du poste de directeur adjoint chargé des affaires culturelles de l’association « Les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale »). D’autres travaux d’études et de recherches sont attendus, tenant compte des disponibilités respectives des membres en raison de leur emploi principal.

S’agissant de l’axe 1 : Philippe Hazelart et Emmanuel Paris proposent de travailler ensemble pour rencontrer les directeurs d’établissement de l’Education Nationale dans lesquels les futurs adultes de l’association suivent des enseignements. Ces rencontres pourraient avoir lieu au printemps 2014.

Emmanuel Paris propose de faire auprès des membres du Conseil scientifique, lors de la prochaine réunion, une lecture commentée du rapport « La mise en place des premiers internats d’excellence » de l’Inspection générale de l’éducation nationale et de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche datant de juin 2011.

S’agissant de l’axe 2 : Julien Kleszczowski et Olivier Martin proposent de travailler ensemble pour étudier l’enquête ELAP et penser le positionnement de l’association dans ce dispositif.

S’agissant de l’axe 3 : Fleur Guy et Emmanuel Paris proposent de travailler ensemble.

Fleur Guy, pour cette première année, envisage dans un premier temps de venir passer quelques jours aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale afin de mieux comprendre le projet d’établissement et sa mise en ouvre au quotidien. Des premiers entretiens avec les adolescents et/ou équipes pourraient être réalisés à cette occasion, ainsi qu’avec le cabinet d’architectes « Citymix », qui organise le processus de conception/réalisation/valorisation de la réactualisation du Café théâtre Michel Laffont sur le site de la Ferme de Bertinghen.

Fleur Guy pense ne pas pouvoir réaliser d’enquête approfondie cette année, mais pourra en revanche creuser les questions méthodologiques et présenter au Conseil scientifique des résultats et mises en perspective issus de son travail de thèse dans le département du Rhône.

S’agissant de l’axe 4 : Claire Oger propose d’étudier les programmes de formation de l’IRTS. Eric Parot propose de développer avec l’accord de la Fondation SEED l’étude de faisabilité pour la création d’un laboratoire permanent aux Maisons des Enfants de la Côte d’Opale. Ce laboratoire serait conçu sur le modèle du « Fab Lab », centré autour de la machine « imprimante 3 D ». Jean-Paul Demoule et Emmanuel Paris proposent de travailler ensemble à la réactualisation du partenariat avec l’INRAP, au terme de la convention annuelle signée (décembre 2013). Francis Rembotte et Emmanuel Paris proposent de travailler ensemble sur les protocoles évaluatifs du programme culturel de l’association.

Les membres du Conseil scientifique posent les dates des prochaines réunions :

        • Le 24 janvier 2014, de 10h15 à 13h, à Boulogne-sur-mer ;

M. Noël Quéré propose qu’à cette occasion, une visite des différentes maisons de culture soit organisée pour les membres du conseil d’administration et les membres du Conseil scientifique de l’association.

        • Le 11 avril 2014, de 10h15 à 13h, à Boulogne-sur-mer ;

        • La réunion plénière du Conseil scientifique, durant laquelle sera restitué le travail effectué par le conseil durant la saison culturelle écoulée, aura lieu lors des « Journées d’Enfance 2014 ». Les « Journées d’Enfance 2014 » auront lieu du 1 au 5 juillet 2014.

La date de cette réunion, ainsi que celle du colloque, sera communiquée prochainement.

M. Philippe Hazelart, président du Conseil scientifique, clôt cette deuxième réunion.