Chers enfants,
Comment allez-vous depuis notre dernier échange du 21 février cette année, où je vous envoyais de gros câlins de mon petit village de Kurichithanam au Kerala ?
Je sais que vous êtes actuellement en train de terminer vos vacances tant méritées après une année merveilleuse que vous avez terminée par un spectacle grandiose, où chacune et chacun de vous a pu exprimer ses talents, en musique, en danse, en yoga, en cirque et autres arts martiaux que vous pratiquez si bien.
Si j’ai bien compris le message sur l’utopie, thème de votre année, c’est tout le contraire du chacun pour soi… c’est ensemble que vous pouvez créer un monde enchanté.
Ma lettre aujourd’hui concerne la maison qui frissonne, cette structure artistique, que vous avez réalisée avec Viliina Koivisto et Mark Nixon dans le jardin de votre maison au 130, boulevard Raymond Splingard, à Outreau.
Emmanuel m’a gentiment invitée à l’inauguration et je me suis sentie très honorée, d’autant que j’ai l’habitude d’officier dans les temples avec mes parures en or.
Kuttan, mon cornac de rêve était prêt à faire le grand voyage par avion jusqu’à l’aérodrome d’Alprech, au Portel… mais Sassi et Apu mes cornacs très terre à terre m’ont dit que là c’était vraiment utopique !!
Votre maison qui frissonne me fait penser aux temples de mon pays adoré, le Kerala. À Kurichithanam, petit village où j’ai mon petit pré, nous avons deux très jolis temples, avec des fêtes magnifiques chaque année.
Nous avons de grands temples, comme celui de Thrissur ou celui de Thiruvananthapuram, dont je vous ai déjà parlé, mais nous avons aussi des milliers de petits temples, de la taille de votre jolie maison qui frissonne.
J’ai aussi un petit temple à quelques mètres de mon pré, dédié au dieu serpent : c’est le Sarpa Kavu (qui signifie Demeure du Dieu Serpent), avec une petite forêt traditionnelle attenante.
Cette petite forêt intacte abrite généralement des idoles de Naga Devatas et de Naga Devas (dieux serpents) et les gens les adorent. Cela faisait partie du Nagaaradhana (culte du serpent) qui est toujours répandu parmi les Kéralais. Nous n’entrons pas dans ces petites forêts afin de laisser en paix nos amis les serpents que nous respectons, ils font partie intégrante de notre environnement.
Aussi la maison qui frissonne attire le regard des gens qui passent à côté. Des questions se posent :
Qu’est-ce que c’est…. Quelle est l’utilité d’une telle réalisation ???
Pour moi, l’éléphante philosophe de Kurichithanam, la question ne se pose absolument pas : je suis très fière de vous, car, en plus d’être une œuvre artistique, la maison qui frissonne est un hommage au vent qui, m’a-t-on dit, fait partie de votre environnement, dans votre joli pays du Boulonnais, c’est un formidable hommage à Éole, le dieu du vent.
Chez nous, Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, est honoré avec beaucoup de ferveur, comme je vous l’ai déjà dit dans une ancienne lettre :
J’ai une joie immense de m’associer à vous, chers enfants pour honorer Éole, aussi je lève ma trompe en son honneur, et vous félicite pour votre très beau temple dédié au vent, cette belle maison qui frissonne.
À quelques jours de la rentrée, j’en profite pour vous souhaiter une bonne fin de vacances et une bonne rentrée, et comme on dit dans le milieu marin : “BON VENT”…
Je vous fais de gros bisous.
Shila