Rémy, artiste régulièrement apprécié des enfants et des équipes pour ses belles envolées dans le cadre de notre programmation annuelle au Café-théâtre Michel Lafont, nous envoie ce texte, écrit samedi dernier.

Il faisait bien beau, cet après-midi de vendredi.
Je me suis, vagabond de pensées, souvenu de ce si joli poème de Jacques Prévert :
« Le temps perdu »
Et là, je me suis dit : une virée à la plage, un vendredi, ça me dit.
Ni une, ni deux, un râteau, deux pelles et trois seaux, histoire de ne pas l’être, sot.
C’est qu’en châteaux de sables, ces temps-ci… il y en a des séquences à inventer, en désert de disette de sables mouvants.
Les grains s’ennuient, autant en avoir un.
C’est quand les vacances ?
Je dis c’est aujourd’hui, c’est vendredi.
La mer creux dit 🙂

En voiture Simone,
Oui, ma voiture s’appelle Simone, parce que Renault, Citroën, Honda, Ferrari…
C’est déjà pris.
À mi parcours, je croise la maréchaussée,
Amarrée d’obsession d’attestation.
Je leur présente « Quartier libre », du même Prévert, un oiseau sur la tête.
Ils sourient, se marrent, et nous voici marioles :
Ils m’offrent escorte jusqu’au sésame, qui se présente à marée basse, immense et limpide et surtout taquin de caresses.
Et là, ils tergiversent, marauds et marris. Ils marmonnent et murmurent entre eux,
Face cette immensité jaune et bleue.
Puis l’un des deux,
Peut-être le plus malheureux,
Suggère :
« Jaune et bleu… à défaut de château, nous pourrions dessiner sur le sable ce si paisible tableau… »
Ni une, ni deux, à trois sots,
En deux temps, trois mouvements,
Nous avons gravé dans le sable…
« Le repos », de Van Gogh.
La marée va bientôt l’effacer.
Précipitez-vous.

Rémy Boiron