De la part de Remy : “Quatre chiots”

Rémy, artiste régulièrement apprécié des enfants et des équipes pour ses belles envolées dans le cadre de notre programmation annuelle au Café-théâtre Michel Lafont, nous envoie ce texte, écrit hier.

QUATRE CHIOTS

Un agriculteur avait une chienne, une belle chienne : Dolly, une chienne de race, un berger d’Ecosse à poil long, une belle bête. Et Dolly a eu des petits chiots. L’agriculteur ne pouvait pas les garder. Alors il a décidé de les vendre, pour se faire un peu d’argent.

Il peint un panneau annonçant : « 4 chiots à vendre » et le cloue à un poteau sur le côté de sa cour, grillagée, pour que les chiens ne s’échappent pas. Bon.

Il s’essuie le front, et recule, pour voir si on voit bien ce qui est écrit.
Et là… il sent une main tirer sur sa salopette. Il se retourne lentement et tombe sur les yeux d’un petit garçon, plein d’aplomb, qui lui dit : “Monsieur, je veux acheter un de vos chiots. ”
«Bien, » dit l’homme amusé, en frottant la sueur de son front,
“Ces chiots sont de race rare et coûtent très cher. »

Le garçon baisse la tête un moment.

Il se ressaisit, fouille dans ses poches et en sort toute sa fortune, qu’il tendà l’agriculteur.
«J’ai trente-neuf centimes. Est-ce que c’est suffisant pour en acheter un ? ”

Il y eut quelques secondes de silence. Puis…
«Bien sûr» dit l’homme, amusé ……. Et il se mit à siffler.

Alors, venant de la niche et descendant les escaliers, Dolly – la mère – court vers lui, suivie par quatre petites boules vives de fourrure.

Le petit garçon presse son visage contre le grillage. Ses yeux dansent de joie, sa gorge claque d’étonnement : « Oooohh ! »

Puis, alors que les chiens s’approchent de la clôture : « Oh ! » le petit garçon remarque quelque chose. Ça remuait encore à l’intérieur de la niche.

Il attend. Et lentement, une autre petite boule apparaît, beaucoup plus petite. A l’approche de l’escalier, elle hésite… puis plonge, et brinquebale en fatras les marches.
A l’atterrissage, clopin-clopant, boitant, le petit chiot vient lentement rejoindre ses frères.

Le petit garçon s’écria : «Je veux celui-là ! ” en pointant le maladroit.

Alors l’homme s’essuya à nouveau le front, se mit à hauteur d’yeux du petit garçon. Accroupit, il lui dit :
«Fils, ne prends pas ce chiot. Tu es un petit garçon plein d’énergie bouillonnante. Lui, il ne sera jamais capable de courir et de jouer avec toi. Vous allez vous faire souffrir, et finir frustrés. Ce n’est pas bon. Prends en un autre. “

Le petit garçon recula de la clôture, se baissa et commença à rouler une jambière de son pantalon.
Ce faisant, il révéla une attelle en acier des deux côtés de la jambe, fixée sur une chaussure spécialement conçue …..
En regardant en l’air vers l’agriculteur, il dit :
«C’est bête, hein ? »

L’homme essuya à nouveau son front, en laissant discrètement le pouce traîner sous ses yeux embués.
Puis il prit délicatement en main le petit chiot et le tendit au petit garçon.

Le petit bonhomme lui tendit ses pièces.
” Non” dit le grand. « Garde ta fortune »
« Pourquoi ? » « Parce qu’Il n’y a pas de prix pour l’amour, petit. Pas de prix. Allez en paix, et amusez-vous bien. »

Alors le petit bonhomme fit un signe de l’index au grand, qui se mit à genou devant lui.
Et le petit lui fit un gros bisou, et le chiot une grosse léchouille.

Le grand dit alors : « Allez… Partez maintenant», en essuyant son front, avec le pouce.