Bernard Sultan a animé aux mois d’octobre et de novembre 2017 des ateliers d’écriture créative pour les enfants des Maisons, en quête d’une histoire à raconter sur scène le 6 juillet 2018 à propos du thème de notre saison : Trait d’union.
Bernard nous propose ce conte, nourri des contributions des enfants ; l’histoire sera débattue jeudi 18 janvier lors de la deuxième réunion trimestrielle avec François Roy, metteur en scène du spectacle, les professeurs des ateliers éducatifs et artistiques bi-hebdomadaires de notre association, les chefs de service et la direction.
Cliquez sur la fenêtre ci-dessous pour découvrir le conte inventé par Bernard Sultan :
“On dirait un “T”.
Fantaisie librement inspirée des ateliers d’écriture avec les Maisons des Enfants de la Côte d’Opale.”
Histoire d’Alan et Marion.
Ce sont deux jumeaux, un frère et une sœur, Alan et Marion. Ils ont toujours tout fait ensemble, vivant une enfance plutôt heureuse, malgré des parents souvent absents, le père voyageant beaucoup pour son travail, et la mère travaillant de nuit dans un hôpital.
Alan et Marion sont des enfants rêveurs, s’inventant des mondes et aimant à s’y perdre.
Ils sont tellement proches l’un de l’autre qu’ils sont capables de se comprendre sans parler. Ils ont développé entre eux une sorte de communication télépathique.
Il y a dans leur jardin une balançoire où, depuis tout petits, ils aiment venir s’amuser, se poussant tantôt l’un tantôt l’autre.
Ils aiment jouer au jeu de « A quoi ressemble le monde ? » : les yeux bandés, se balançant, ils inventent à voix haute la forme du mondes, ses couleurs, ses voyages, ses nuages…
Ils ont deux tourterelles en cage. Un jour, petits, ils ont ouvert la cage et lâché les tourterelles vers le vaste ciel. Tristes et joyeux d’avoir donné la liberté à leurs oiseaux. Mais, au bout de quelques jours, les tourterelles sont revenues d’elles-mêmes, et depuis, la cage est restée ouverte et les tourterelles vont et viennent à leur guise.
Quand ils se chamaillent, ce qui arrive souvent, car ils sont comme chien et chat, Marion dit à Alan : « N’oublie pas que je suis l’ainée. Je suis née une heure avant toi ! », et Alan fait semblant d’accepter, ravi de voir combien sa sœur est sage et vive, et belle, et drôle.
Ils s’aiment tellement tous les deux qu’ils voudraient ne jamais se quitter. (A huit ans, ils s’en sont fait le serment solennel).
Un jour, leurs parents ne sont pas revenus.
Ils les ont attendus plusieurs jours, un peu inquiets tout de même. On le serait à moins. Mais quelques temps plus tard, ils ont reçu une carte postale d’un pays lointain et ensoleillé :
« Chers enfants.
Nous sommes partis sur un coup de tête, fatigués de ces vies stupides, usées à travailler, à ne pas se voir, à ne plus s’aimer.
De toute façon nous étions déjà tellement absents que vous avez appris à vous débrouiller tout seuls.
Ici, la vie est très belle, et nous sommes à nouveau très amoureux. Nous avons monté un numéro de clowns qui marche très bien et que nous jouons dans les villages, les écoles, les hôpitaux.
Passez nous voir à l’occasion, et surtout, inventez vos vies, avec passion, avec plaisir, avec envie !
Vous serez toujours nos enfants chéris, signé :
Maman et papa »
Des vraies tourterelles, ces deux-là ! se dirent Marion et Alan, mi- tristes, mi- gais.
Et ils méditèrent cette phrase : « Vivre avec envie… en- vie… envie… »
Un soir de balançoire, ils arrivaient vers leurs quinze ans, ils virent bien que quelque chose les tarabustait.
« Qu’est-ce qui te tarabuste ? », se dirent-ils par télépathie.
« Eh bien, c’est cette histoire de pacte, que nous avons passé il y a longtemps, de ne jamais nous séparer… »
« C’était un peu bête… »
« Nous étions petits… »
« Nous pensions qu’il suffisait d’imaginer le monde pour qu’il nous appartienne. »
« Mais le monde est bien plus vaste, et bien plus étonnant »
« Et bien plus beau… »
« Non, pas forcément. Le monde n’est pas toujours très beau. »
« Mais on peut toujours inventer de nouveaux chemins pour le parcourir… »
« Pour en retrouver la beauté cachée. »
« Gâchée ? »
« Cachée ! »
« Ce n’est qu’une question d’en- vie. »
Et ils décidèrent de partir, chacun de son côté, pour mieux se retrouver.
« Toi, par-là, moi, par-là (ou le contraire). De toute façon la terre est ronde, on se retrouvera. Et puis on reste ensemble par la pensée. C’est comme le mot “REVER”, on peut le lire dans un sens ou dans l’autre… »
Alors, prenant chacun un sac à dos, les deux ados, dos à dos, partirent chacun de son côté, solennels, comme pour un duel.
Histoire de Lana et Romain.
Ce sont deux jumeaux, eux aussi, frère et sœur. Leur mère a accouché sous X et ils ont été placés à la naissance dans deux familles différentes.
L’enfance de Romain a été chaotique, car il ne se sentait pas aimé par ses parents d’adoption. Dans la ferme où il a grandi, et où on l’a très jeune employé aux plus durs travaux, il avait une seule amie, Mila, l’amie Mila, une grosse chienne affectueuse. Ils ne se quittaient jamais et allaient courir dans tous les sens les chemins de la campagne.
« Moi aussi, un jour, on m’a mis là, Mila, sans me demander mon avis… »
Romain est devenu un petit sauvageon, un gamin un peu triste, ne vivant pas le monde comme un endroit bienveillant. Il s’était mis à faire des bêtises. Une graine de vaurien, disait-on, et lui aussi répétait : « Vaut-rien, vaut-rien, je ne vaux rien »
Quand l’amie Mila mourut de vieillesse, Romain, qui avait quinze ans, fugua de la ferme, et dès lors il dormit dehors, comme un précaire, et vécut d’expédients. Un jour, il trouva une guitare, cadeau du sort ou d’un vieux clochard, et se mis à en jouer.
Et il gardait sur lui un vrai trésor : un petit carnet et un bout de crayon, car bien qu’il n’ait jamais accroché à l’école, il adorait écrire et dessiner, des petits bouts de chansons et des croquis. Quand quelque chose lui tapait dans l’œil, il le dessinait aussi vite, clic-clac, qu’on appuie sur le bouton d’un appareil photo, ou il le décrivait en trois phrases saisissantes. Il appelait ça : son instinct de l’instant.
Lana eut plus de chance. Elle atterrit chez des parents aimants et attentifs qui l’élevèrent comme leur propre fille. Elle devint une jeune fille sage et un peu lisse, adorant le cheval, la danse et le piano.
Après le collège, elle partit en internat pour poursuivre ses études dans la grande ville. Dans sa vie bien rangée, elle qui ne manquait de rien, il lui manquait quelque chose, peut-être un petit grain de sable, un petit brin de folie, qui la ferait dérailler. Sans le savoir, elle était mûre pour accueillir le parfum de l’aventure.
Ah, j’oubliais ! A leur naissance, avant de les abandonner, leur mère biologique leur avait cousu un petit ruban brodé, ou plutôt deux demi-rubans, comme les deux pièces d’un puzzle, les deux morceaux d’un même ADN :
« Quand la vie vous réunira
La vie qui va cahin-caha
Les rubans se rajusteront
Frère et sœur se retrouveront ! »
Et Lana et Romain gardaient toujours sur eux ce petit ruban, comme un talisman, un porte-(trait d’union)-bonheur.
Le tour du monde, on ne le fait pas en ligne droite, mais en zigzaguant et en tournicotant, et au bout de quelques jours Marion et Alan se mirent à errer à l’aventure.
Car il leur fallait se débrouiller pour gagner leurs vies, trouver où dormir, et puis ils faisaient des rencontres, se faisaient des amis, si bien qu’ils n’allèrent pas très loin. Ils se retrouvèrent même plusieurs fois dans les mêmes villes, mais le hasard fit qu’ils ne se rencontrèrent jamais, à une rue près, ou à un métro près, à un cheveu, quoi !
L’enfant du vent.
Croyez-y ou pas, c’est là qu’intervient un esprit malin, un esprit farceur, espiègle, qui s’est mis à veiller sur la destinée de nos quatre héros. Nous l’appellerons l’Enfant du Vent, ou simplement Le Joyeux Courant d’Air.
Vous l’avez sûrement rencontré plus d’une fois, protégé par son invisibilité, son imprévisibilité. C’est lui qui vous fait trébucher quand vous avez des paquets plein les bras, qui emporte votre chapeau tout neuf, ou encore fait claquer la fenêtre pour entendre le fracas d’une vitre qui se brise.
Eh bien c’est lui, l’Enfant du Vent, qui entre en scène ici, déguisé en jongleur, en ballon de baudruche, ou simplement en brise légère.
Et voilà qu’il souffle à Lana, la fille sage, d’aller se promener en ville, pour profiter des premiers rayons du printemps.
Robe légère et bonnet fleuri, un beau sourire aux lèvres, elle est jolie, Lana. Jolie comme un cœur.
Et voilà qu’un coup de (l’Enfant du) vent fait s’envoler son bonnet.
Qui le ramasse ?
Marion !
« Mademoiselle, ton bonnet ! »
« Merci ! Zut, il est tombé dans l’eau ! »
« C’est drôle, j’ai l’impression de te connaitre. »
« Moi aussi, et depuis toujours… »
« Faisons quelques pas »
« Tu ressembles à la sœur que je n’ai pas. Comme deux gouttes d’eau »
« C’est vrai. Et toi, tu ressembles à mon reflet. Trait pour trait. »
« Que fais-tu dans la vie ? »
« J’étudie. Et toi ? »
« Je cours le monde. Un pari… »
« Je t’offre un petit crème ? »
Ça y est, se dit l’Enfant du Vent. Elles ont fait connaissance. Et elles ont l’air de bien s’entendre. Voilà une bonne chose de faite. Passons aux deux autres.
Au voleur ! On m’a chipé mon portable (un coup de l’Enfant du Vent…) C’est lui ! C’est ce vaurien !
Et voilà, erreur judiciaire, Romain qui est conduit au poste.
Nom. Prénom
Romain
Romain comment ?
Romain sans toit… Romain des bois…
Tu te fiches de moi ?
Oui. Appelez-moi Romain Romano, ou Romain Romarin, ou Romain le Vaurien…
Monsieur est poète ?
Oui. En tout cas, je n’ai pas volé ce portable. Pas mon genre. Je dérobe parfois une pomme ou un croissant, seulement quand j’ai faim.
C’est bon pour cette fois. Passe ton chemin. Je ne veux plus te voir dans le coin.
Merci. Tenez, je vous rends votre montre. Je suis un peu prestidigitateur…
Fiche le camp !!
C’est en sortant du commissariat que Romain tomba sur Alan.
Il crut se voir dans une glace.
Tiens ! Je suis décoiffé, pensèrent-ils. Et ils passèrent leurs mains dans leurs tignasses.
Et qu’est-ce que c’est que ce blouson/manteau que j’ai sur le dos ? Pas à moi, ça ! Et ils se tournèrent pour se regarder dans leur reflet.
Et cette chemise moche/ce sweet-shirt trop classe ! (même jeu)
J’ai jamais eu de sac à dos/J’ai jamais joué de guitare (même jeu)
Usurpateur !
Faux-frère !
Ils en viennent aux mains.
Puis reprennent leurs esprits…
« Oh pardon ! Je t’avais pris pour moi ! »
« Moi aussi, c’est crétin ! »
« Je ne t’ai pas fait mal, au moins ? »
« Si »
« Moi pareil. Enchanté. Romain. »
« Alan. On fait un bout de chemin ? »
« J’ai un copain qui m’a invité à son cours de cannes françaises. Tu m’accompagnes ? »
Et voilà le travail, se dit l’Enfant du Vent en se frottant les mains et en gonflant de plaisir ses joues invisibles.
Communication télépathique entre Marion et Alan :
« Frérot, j’ai une copine ! »
« Frangine, j’ai un poteau ! »
« Où en es-tu de ton tour du monde ? »
« Quelque part entre Istanbul et Los Angeles. Et toi ? »
« Oh moi, à peu près entre Tokyo et Ouagadougou… »
« Super. Bonne chance ! »
Si je calcule bien, se dit l’Enfant du Vent, ils doivent être du côté de Boulogne sur mer… Organisons la suite des événements.
Lana et Marion se revirent souvent. Marion accompagnait Lana à ses cours de danse après le lycée. Marion s’imaginait faisant du trapèze volant, sorte de balançoire en grand.
Romain chantait dans la rue et faisait la manche, et Alan et lui faisaient des tours de jonglerie.
« Tu as de la chance d’avoir un frère, disait Lana à Marion. Moi je n’en ai pas… Enfin je crois. Pourtant parfois je rêve qu’il y a quelqu’un sur la terre qui pourrait être mon frère… »
« Tu veux dire, un amoureux ? »
« Non, c’est pas ça. C’est plus flou que ça. Comme si je voyais double, trouble. J’ai l’image d’un jeune homme qui est à la fois un frère et un amour. On ne peut pas être amoureux d’un frère, n’est-ce pas ? »
« Je ne crois pas. Mais on peut s’aimer très fort »
« La question ne se pose pas. Je suis fille unique. Mais je ressens un manque si fort ! Et qui me semble si près ! »
« C’est quoi, ce ruban que tu portes au cou ? »
« Ça ? Je le porte depuis toujours. Je suis née avec, je crois. »
« Allons voir une voyante ! »
« J’y crois pas, à ces conneries »
« Moi non plus. C’est juste pour rigoler. »
« J’ai rêvé, dit Romain. J’étais sur une île déserte, avec une jeune fille, deux naufragés seuls au monde.
Une fois, je pars faire le tour de l’île à la recherche de fruits et de coquillages, et quand je reviens, à la tombée de la nuit, je la vois : Elle a préparé une belle table, avec des bougies, de la belle vaisselle. Elle m’offre de colliers de nacre.
« Bon anniversaire, petit frère ! »
« Tu es ma sœur !? »
« Oui. Et c’est mon anniversaire aussi. »
« D’où sors-tu tout ça ? Tu as trouvé un trésor ? »
« Juste de mon imagination, mon trésor ! Bijoux, bougies et vaisselle d’or ! »
« C’est trop beau pour être faux ! Et tu ne peux pas être ma sœur. Tu es trop belle… »
« Merci du compliment, frérot idiot ! »
« J’ai fait un rêve, dit Marion. Nous nous promenions, mon frère et moi dans la forêt, ou nous étions peut-être perdus. On trouve une maison. Je la reconnais. C’est la maison de nos parents. Dans le jardin il y a une balançoire qui se balance toute seule. (Pas toute seule, sourit l’Enfant du Vent…) Mes parents ne sont pas là. Mais il y a un beau jeune homme, habillé en magicien. Il sort une tourterelle de sa poche. Puis il m’invite à danser. La musique est très belle.
Comme une idiote je dis : « Il n’y a qu’une tourterelle ? Je croyais qu’il y en avait deux. »
A ce moment-là, mon frère disparait en disant : « Je vous laisse. Je continue de mon côté »
Je suis un peu triste un peu gaie, et j’ai le vertige à force de danser. Et la musique dit :
« Regardez les deux amants
L’amour leur donne des ailes
Ils tournent éperdument
Tout seuls au milieu du ciel.
On dirait deux tourterelles
Dansant dans le firmament.
Qu’il est beau, qu’elle est belle !
Regardez les deux amants… »
Marion et Lana.
Qu’a dit la voyante, déjà ?
Elle a dit « On dirait un T »
Un T ?
Oui, la lettre T
Ça ne veut rien dire
Elle a dit : « Le T va remplacer le X »
Ça ne veut rien dire. C’est du pipeau.
Elle a dit : « Change l’ordre des cartes et tu trouveras les traces »
N’importe quoi ! Je suis vénère !
Qu’est-ce que tu as dit ?
J’ai dit : « N’importe quoi ! »
Et après ?
« Je suis VENERE ! » Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi !
Attends ! Change l’ordre des cartes ! C’est ça ! Change l’ordre des lettres : CARTES – TRACES ! … VENERE – ENERVE !
Et alors ?
« ON DIRAIT UN T », c’est ça la clé de l’énigme !
Cherchons…
L’Enfant du Vent sait changer l’ordre des lettres rien qu’en soufflant dessus. Bien sûr, c’était lui, la voyante !
Il sait aussi, au moyen de quelques tornades et crocs en jambes, jeter les gens dans les bras les uns des autres.
Et le voici à la Fête de la Gainée, où nos quatre jeunes gens se sont rendus
« GRAND BAL MASQUE DE LA GAINEE », proclame une banderole-farandole.
« Marion ? »
« Alan ? » (Dans les bras l’un de l’autre)
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas à l’Ile de Pâques ? »
« Il faut que je t’avoue… Mon tour du monde s’est arrêté ici… »
« Moi aussi ! »
« Viens que je te présente mon ami Romain. Il chante des chansons à lui »
« Il y a tout un attroupement. Il a du succès, ton ami ! »
« Oui, ça commence à bien marcher. »
« Alan ! »
« Quoi ? »
« Le ruban ! Il a un ruban à son cou ! »
« Eh ben quoi ? Il a le droit. »
« Vite ! Il faut que je retrouve Lana ! »
« Qui est Lana ? »
« C’est mon amie »
« Au milieu de cette foule, on va avoir du mal… »
« Je l’ai laissée près du chamboule-tout. Dis à Romain de venir avec nous »
« Il se passe un truc, là… »
« Oui ! Il se passe un truc ! »
Lana joue au chamboule-tout. Le stand s’appelle « ARMONI ». Sur chaque boîte de conserve il y a une lettre, et l’assistante les remet en place au hasard. Les boîtes empilées en ce moment forment le prénom « MARION ».
« Tiens ! C’est rigolo ! », pense Lana. Et elle relance la boule.
« Et maintenant, ça fait « ROMAIN », tiens, tiens ! »
« Oui, c’est moi. Qui m’appelle ? », dit Romain arrivant avec Alan et Marion
« Comme cette fille te ressemble ! dit Alan, c’est troublant… »
« Et regarde : le ruban ! Ils ont le même tous les deux ! »
Et c’est ainsi que les jumeaux se sont retrouvés. Ils vont avoir beaucoup de choses à se raconter…
Pas si vite, rigole l’Enfant du Vent. Je n’ai pas fini mon boulot. Et il suggère à l’orchestre de jouer un air endiablé. Les quatre jeunes gens, masqués, dansent un rigodon. Alan s’arrête. Il tient Lana dans ses bras. « Regardez ! ». Marion et Romain s’arrêtent à leur tour, enlacés. « Regardez là-haut ! Les deux avions qui se sont croisés : leurs traces dans le ciel, on dirait un T »
« Qu’est-ce que tu as dit, blêmissent Lana et Marion ? »
« Ah oui. On dirait un T. S’ils s’étaient croisés plus tôt, ça aurait fait un X », ajoute Romain
« Quoi !? hurlent Marion et Lana »
« Ben rien, y a pas de quoi en faire toute une histoire »
« Si !!! »
A ce moment entre une troupe de majorettes. Sur leurs tuniques sont écrites de grandes lettres qui forment la phrase : « ON DIRAIT UN T ».
Les serveurs des maisons, en tabliers rouges, distribuent chichis et boissons.
« On va boire un coup à une grande tablée ? dit un des quatre jeunes gens tendrement enlacés ? »
Ils ne voient pas que dans leur dos les majorettes ont changé de place et « ON DIRAIT UN T » est devenu « TRAIT D’UNION ».
Sur un petit nuage, l’Enfant du Vent écrit en lettres invisibles :
« ALAN aime LANA – MARION aime ROMAIN »
Ils vécurent heureux, etc. et leurs enfants s’appelèrent peut-être Irma et Rami, et Ismaël et Maëlis …
FIN