Bonjour les enfants,
Je sais que vous êtes très attentifs aux précautions à prendre pour vous protéger du virus, le virus est très actif, chez vous à Boulogne-sur-mer, comme chez moi au Kerala. Je sais que vous faites très attention à vous protéger en respectant les consignes.
Je me dis qu’en ces circonstances difficiles, ce que nous enseigne le temps long de l’Histoire peut nous aider à comprendre ce que nous visons aujourd’hui, tous les jours.
C’est pourquoi j’aimerais ce matin vous transporter il y a plus de 2200 ans. Quel voyage après les rencontres des Sherpas et aussi de l’abominable homme des neiges, dans le toit du monde qu’est l’Hymalaya.
Peut-être vous direz-vous que des voyages si loin dans le temps, et si loin de là où vous vivez, a d’étranges résonnances avec votre actualité ?
Alors voilà : l’Inde, mon pays, a un superbe emblème, les dessins sur son drapeau : il est composé de trois lions sur un chapiteau orné d’une roue au centre, d’un buffle à droite et d’un cheval galopant à gauche.
Cet emblème est aussi appelé symbole d’Ashoka.
Symbole de l’unité nationale, la roue, qui est sur le chapiteau au lion, figure au centre du drapeau indien.
Ashoka est un grand empereur indien du troisième siècle avant le début de votre calendrier, qui commence il y a 2020 ans. Ce qui fait que nous parlons d’une histoire de 2520 ans, enseignée à tous les enfants indiens à l’école. aujourd’hui.
Akosha avait un immense empire comprenant la majeure partie du sous continent indien et comprenait l’actuelle Afghanistan.
L’histoire de cet empereur est incroyable. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article à propos de la vie d’Ashoka :
“Ashoka, l’empereur indien passé de la conquête à la non-violence.
Troublé par la violence de ses conquêtes où les morts se comptaient par centaines de milliers, le roi indien Ashoka décida de se faire bouddhiste et de traiter ses sujets avec humanité.
C’est à l’empereur Ashoka l’on doit la transformation de la dynastie des Maurya qui, après une longue histoire de violence, a évolué vers une société prônant la tolérance et la non-violence, fondée sur les principes du bouddhisme.
Petit-fils de Chandragupta Maurya, Ashoka (Aśoka) (~304-233 avant notre ère) a repoussé les frontières de l’empire Maurya plus loin que tout autre empereur, c’est également sous son règne que cette dynastie fut la plus puissante. La transformation de son royaume, Ashoka a su la réaliser sans recourir à l’extrême violence qui avait caractérisé le début de son règne. Elle fut au contraire le fruit des messages de tolérance et de non-violence qu’il diffusait à travers son empire tentaculaire après s’être converti au bouddhisme.
Huit ans après s’être emparé du pouvoir vers 270 avant notre ère, Ashoka était à la tête d’une campagne militaire avec l’objectif de conquérir Kalinga, un royaume côtier du centre-est de l’Inde. Sa victoire lui conféra un territoire plus grand qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait réussi à obtenir. Des récits font état de 100 000 à 300 000 vies perdues pendant la bataille.
Ashoka fut bouleversé par la masse de vies humains arrachées par ses armées. D’après ses écrits, il était « profondément affecté par le meurtre, la mort et l’expatriation engendrés par la conquête d’un pays souverain. » Plus tard, Ashoka renonça aux démonstrations de force militaires et aux autres formes de violences, notamment la cruauté envers les animaux. Il se fit alors le défenseur du bouddhisme et usa de son influence pour favoriser le développement de cette philosophie sur l’ensemble du territoire indien. Selon certaines sources, il envoya des émissaires dans plusieurs pays, dont la Syrie et la Grèce, et fit de ses propres enfants des missionnaires au Sri Lanka.
L’empereur partageait sa nouvelle vision de la vie à travers des édits gravés dans la pierre et sur des piliers répartis à différents endroits du royaume, sur des sites de pèlerinage et le long des routes commerciales très fréquentées. Ces édits sont considérés comme les premiers exemples d’écriture de l’histoire indienne. Ils n’étaient pas gravés dans la langue officielle du pays, le sanskrit, mais dans des dialectes locaux afin que les messages puissent être compris de tous. Par exemple, un édit installé près de la ville actuelle de Kandahar en Afghanistan, qui fut pendant un temps sous le contrôle d’Alexandre le Grand, fut écrit en grec et en araméen.
Ce temple bouddhiste fut construit par l’empereur Ashoka au troisième siècle avant notre ère à Sanchi dans l’état de Madhya Pradesh en Inde.
Un peu à la manière de Cyrus avec l’empire Perse, Ashoka adoptait et prônait une politique fondée sur le respect et la tolérance des autres confessions. On pouvait lire sur l’un des édits : « Tous les Hommes sont mes enfants. À mes enfants, je souhaite prospérité et bonheur dans ce monde et dans le prochain, mes souhaits sont les mêmes pour tous les Hommes. »
Je sais que vous avez un bloc de marbre à la ferme, chez vous, où sont gravés des messages pour une période allant jusqu’en 2050 au moins :
Cette technique de transmission de messages gravés dans la pierre a été très utilisée par Ashoka qui a fait graver sur des rochers les messages de non violence et de respect de la vie des animaux et des humains, à plusieurs points de son empire. Ces messages sont encore visibles 23 siècles après !!
“Le règne d’Ashoka voit l’apparition de l’épigraphie et d’une sculpture sur pierre de grande qualité influencée par l’art grec et perse. Elle se caractérise par sa sobriété, des motifs animaliers et des chapiteaux en corolle de lotus renversée comme en témoignent les colonnes aux chapiteaux aux lions retrouvées à Sarnath et Vaishali. “
Voilà, chers enfants, évoquée avec vous une belle page d’histoire de mon pays. Ashoka avait instauré aussi des règles de discussions publiques, demandant qu’elles soient dépourvues d’animosité et de violence, que la discussion soit vive ou non. Quelle belle leçon d’exercice de la raison pour construire des sociétés plus harmonieuse, en vérités.
Un autre empereur a marqué l’Inde, près de 2000 ans plus tard, c’est l’empereur moghol Akbar, j’aurai l’occasion de vous en parler, car même nous les éléphants avons bénéficié des décisions de ces dirigeants qui nous protégeaient en construisant notre société apaisée.
Je vous fais de gros bisous,
A demain,
Shila