Lettre de Shila : “Aviatrice”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Je suis heureuse de vous rejoindre en juillet pour voir avec vous les loopings de la patrouille de France au-dessus de Boulogne-sur-mer.

Mon cher voisin Henri m’a dit que vous aviez concocté des avions en papier pour convaincre les pilotes de survoler à la verticale votre Maison.

Il me faut vous dire que de de temps en temps je peux admirer comme vous les loopings des avions et hélicoptères de la patrouille de mon pays :

Vous connaissez ma passion pour ces si belles prouesses aériennes :

Je dois vous raconter que cette même admiration me porte à contempler les bateaux, dont mon cher voisin Henri m’a racontée qu’ils finissent désosser sur la plage, dans des conditions que je ne peux accepter :

C’est d’autant plus déchirant qu’un vieux bateau transportant autrefois des avions est lui aussi appelé à finir sur un de ces chantiers qui me font froncer les yeux.

Ce grand navire partant à la casse mérite d’être raconté ; il y a bien longtemps, il était d’un autre pays que le mien : anglais.

Des dizaines d’années en dizaines d’années sur les mers du monde entier, et puis il a été considéré trop vieux pour pouvoir continuer à porter des avions sur lui.

Voyez-vous chers enfants, ces bateaux immenses qui portent des choses montant au ciel me font penser à nous autres, les pachydermes. Très gros, très imposants, mais avec en permanence cette farouche volonté fantasque de rêver, de philosopher, de regarder au-delà de l’horizon.

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, m’a dit que les humains avaient aussi souvent pensé que ces immenses coques sur la mer devaient parler de nous autres, les éléphants.

Emmanuel me dit aussi que lorsqu’il y a des rassemblements exceptionnels d’avions pour décoller, les aviateurs appellent cela « la marche de l’éléphant ».

Et bien chers enfants, tout ceci me renforce dans l’envie d’être à la fois les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages. Je compte sur vous pour partir en vrille à mes côtés, mais toujours tout bien pesé, et vous propose cette chanson pour fêter ensemble le charme de l’invraisemblable :

Moi
Je n’ai pas d’amour pour
Les hommes lourds
Aux piétons je dis non
Mon coeur reste sourd sans passion
Aux sans avion
Aon aon, aon aon
Les avions

Je veux un amour qui vole
Quitter la terre qui me désole
Me désespère
Moi je suis faite
Pour l’azur et ces conquêtes
Pour le cuir des flying jackets
En coucou, en piper
Un aviateur

Moi
Les amours terre à terre
Rien à faire
Les folies qu’on peut faire
A bord d’un Fouga-Magister
Les vibrations
Aon aon, aon aon

Vole
Ah, qu’il vienne
M’emmène par dessus les antennes
De nos villes si quotidiennes
Aon aon, aon aon
Un aviateur qui me vole
“.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila