Chers enfants,
Je vous écris parfois des lettres plutôt tristes, décrivant la dure réalité de ce que nous vivons et parfois subissons pendant cette période de pandémie.
Aujourd’hui j’ai le cœur gai, car notre amie Jis, ma voisine et porte-parole préférée pour ce qui concerne la montagne et la vie sauvage, a soutenu avec un grand succès sa thèse de doctorat sur les orchidées.
Quel long chemin parsemé d’embûches, Covid-19 compris, pour en arriver à ce 3 février 2021, jour de la soutenance, à l’université de Madurai, dans le sud de l’Inde :
“Dear Uncle,
It is my great pleasure to invite you to my PhD public Viva-voce that is to be held at the Research Centre in Botany, Saraswathi Narayanan College, Madurai- 22 on 03.02.2021 (Wednesday) at 11:00 am through online platform (Zoom).
Title of the Thesis: INFLUENCE OF PHOROPHYTE, HABITAT, AND CLIMATE ON THE DIVERSITY, SPATIAL DISTRIBUTION AND COMMUNITY STRUCTURE OF EPIPHYTIC ORCHIDS IN THE SOUTHERN WESTERN GHATS“
Bien sûr, mon ami Henri et son épouse ont suivi, avec stress et puis bonheur, la brillante prestation de leur nièce.
Je suis très fière de Jis et j’agite mes oreilles et je lève ma trompe pour l'”applaudir”, me joignant à tous ses amis.
Jis m’avait déjà donnée un petit aperçu sur l’importance des orchidées, lors d’un précédent courrier :
Jis nous dit que les orchidées nous éclairent sur l’état de notre environnement :
“Qui d’autre pourrait mieux expliquer ce lien surprenant que Jis Sebastian , qui s’est donné pour mission d’étudier la riche diversité des orchidées épiphytes dans les Ghâts occidentaux. Jis est une écologiste forestière et fait des recherches sur les espèces d’orchidées en voie de disparition. Elle sensibilise également à la conservation de la forêt et de ces espèces végétales dans les écoles.”
Voilà ce qu’elle nous dit depuis :
“Les orchidées sont l’une des plantes à fleurs les plus prospères au monde. Des études scientifiques ont suggéré que toutes les orchidées, qui existent aujourd’hui, sont la progéniture d’orchidées qui ont survécu à la période d’extinction des dinosaures. Dans ce cas, même au milieu de la destruction des écosystèmes, les orchidées ont évolué et se sont diversifiées et se sont rapidement adaptées aux nouveaux écosystèmes, qui ont prospéré après cette période.
Les orchidées ont donc cette incroyable capacité à s’adapter à de nouvelles conditions et à de nouveaux écosystèmes que les autres plantes ne peuvent pas survivre. Par conséquent, cela en fait l’une des familles de plantes les plus prospères. Pendant ce temps, cela garantit leur croissance et leur survie, les chances de diversification ou de formation de nouvelles espèces sont également élevées. En d’autres termes, les orchidées sont très sensibles aux changements du climat et des écosystèmes.
Pour les scientifiques, cela donne l’occasion d’utiliser les orchidées comme un outil pour étudier les changements dans les écosystèmes, l’environnement et le climat.”
La recherche passionnante de Jis sur les orchidées nous invite, chers enfants, à observer également ces fleurs magnifiques qui sont dans la nature tout autour de chez vous, je sais qu’il en pousse à l’état sauvage sur la côte d’Opale et dans votre beau pays boulonnais, essayez de les voir, sans les cueillir, car ces magnifiques fleurs sont protégées.
Jis est une scientifique dans la lignée d’un très grand scientifique dont je vous ai parlé, Mister Darwin, qui fait l’objet de mon admiration, à qui j’ai adressée une lettre :
Savez-vous, chers enfants, que Mister Darwin a beaucoup observé les orchidées. Une orchidée porte son nom, l’orchidée de Darwin, c’est un bel hommage à ce grand botaniste.
“Après la parution de son livre majeur, L’origine des espèces, en 1859, et dès 1860, il se consacre avant tout aux plantes et dédie le reste de sa vie à leur étude. Jusqu’à sa mort, en 1882, il publie six livres et soixante-dix articles de botanique.
Il s’intéresse avant tout aux orchidées, que ce soit des climats tempérés ou tropicaux : « elles offrent l’illustration la plus magnifique de sa théorie sur le rôle de la sexualité dans l’évolution ».
Les orchidées sont considérées comme un stade ultime de l’évolution des plantes. Il en existe près de vingt milles espèces, qui ont conquis toutes les régions du globe, des tropiques jusqu’aux pelouses alpines, l’Alaska et le Groenland.”
L’orchidée était vraiment la fleur favorite de Darwin et je suis fière que Jis nous partage cette même passion.
Moi l’éléphante philosophe et très observatrice, je souhaite que mon cher Kuttan, guidé par Jis, m’emmène faire un tour à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, dans la montagne des ghats pour admirer nos merveilleuses orchidées.
Chers enfants, je vous fais de gros bisous,
A demain,
Shila