Lettre de Shila : “Chère Shila, nous t’écrivons cette lettre (ah l’écriture !!)”

Bonjour chère Shila, la plus sympa des éléphantes,

Nous nous connaissons depuis déjà de nombreuses années et nous avons le bonheur de nous retrouver chaque année à Kurichithanam où tu vis à un kilomètre de Kudakkachira où je passe mon séjour en famille.

J’ai eu l’honneur d’être ton porte-parole pour d’abord expliquer l’importance très grande des éléphants au Kerala et en Inde.

Mes débuts dans l’écriture étaient laborieux : comment expliquer aux enfants la vie des éléphants en Inde, comment décrire la nature et l’environnement qui les entourent, comment faire sentir l’ambiance de la vie au Kerala et en Inde ?

Pour cela, j’ai été aidé au départ, par Jis, chercheure en conservation de l’environnement et écologie. Elle m’a donnée des pistes importantes à approfondir sur la vie des éléphants :

« Hier, Jis Sebastian, la nièce charmante de mon voisin Henri, lui a écrit à propos des lettres que je vous envoie.

Jis Sebastian est scientifique et connaît bien nous autres, les éléphants. Henri m’a fait lire la lettre de Jis Sebastian… Houlala, good luck cher Henri :

“Cher Oncle, n’hésite pas à parler des caractéristiques biologiques, des habitudes dans les forêts, de l’importance de l’éléphant dans la forêt, des habitudes alimentaires dans les habitations humaines, des routines quotidiennes, de l’interaction avec les gens et les enfants, etc. Je peux faire des commentaires si vous envoyez le premier projet

Ensuite, vous pouvez raconter l’histoire de la vie et la biologie des éléphants. Par exemple, les différences entre les éléphants d’Afrique et d’Asie, des faits intéressants tels que les éléphants ne peuvent pas sauter, les bébés éléphants perdent leur première série de dents et de défenses tout comme les humains, l’espérance de vie de 70 ans, une longue grossesse de 22 mois, la sieste en position debout, la musth chez les mâles etc. »

Ainsi pour mieux te connaître, chère Shila, j’ai dû faire des recherches sur la grande famille des éléphants.

Puis sont venus les moments d’échange de courriers entre toi et les enfants qui te posaient des questions précises sur ta vie, ton alimentation et aussi sur ton langage et aussi sur ton environnement, écoles…

Cela m’a permis, en ma qualité de porte-parole d’ouvrir et de sortir de ton pré pour aller visiter l’école KR Narayanan à Kurichithanam puis de parler de ton voisin qui a donné son nom à l’école et qui fut le premier président de l’Inde issu des dalits

Emmanuel, porte-parole et en même temps cornac boulonnais, réussit à maintenir le cap, ce qui n’est pas toujours évident. Il soutient l’effort de l’écriture et apporte une grande contribution, ce qui me permet de continuer.

Le plus difficile reste à intéresser les enfants, tout en souhaitant apporter cette attention à la vie de ton pays, que tu nous permets de mieux connaître et de partager ta fierté et ton intérêt passionné pour l’Inde.

Voilà ce que je peux dire de l’écriture et du rôle de porte-parole de la plus gentille des éléphantes.

Bisous

Henri

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Bonjour chère Shila, la plus sympa des éléphantes,

Tout a commencé quand, un jour après une réunion de travail avec Henri pour le meilleur des enfants, Henri m’a montré des photos de toi. Je t’avoue que j’ai fait des sorties papiers, que j’ai mises au mur de mon bureau, pour que je puisse te regarder chaque jour.

Un jour, pendant le début du premier confinement au printemps dernier, un enfant qui était dans mon espace de travail a montré tes photos en demandant : « Qui c’est ? », et je lui ai raconté ta belle histoire, que m’avait narrée Henri.

Le soir même, j’ai écrit à notre cher Henri pour lui proposer que tu écrives aux enfants chaque jour. Ta première lettre a été publiée sur notre site le 21 mars 2021, soit quatre jours après le début de notre premier confinement, et tu nous as depuis chaque matin gratifié de ta plume, hors interruption des vacances scolaires. A ce jour, cela fait plus de deux cents vingt lettres.

Avec Henri, nous nous sommes amusés à un petit calcul.

Si l’on accepte de considérer l’article ““Lettre de Shila : “Les élections municipales au Kerala en décembre 2020, pour une gouvernance participative””, paru le 14 janvier 2021 comme base de référence moyenne (1510 mots écrits pour cette lettre), cela signifie que tu as écrit 335 220 mots depuis le 21 mars 2020, date de ta première lettre.

En prenant pour repère l’article ci-après qui conseille les apprentis écrivains pour la publication de leur premier roman, cela signifie que tu as virtuellement d’ores et déjà publié 2,68 romans de 500 pages chacun, qui est le format d’édition le plus élevé pour un premier roman (on pourrait décliner ce calcul selon des nombres de mots par roman moins élevés, mais plus normaux pour des premières publications) :

Pas mal chère Shila 😊

Il faut remercier Henri, Jis, Maki, Francis qui ont accepté d’intégrer ton équipe de porte-parole.

Pour ma part, te proposer des lettres fut comme une bouffée d’oxygène, car penser à toi, penser aux enfants, penser à toi qui pense aux enfants, penser aux enfants qui pensent à toi, c’est trouver les raisons de maintenir une curiosité, une ouverture sur le monde, forcément rétrécies en ces temps de confinements, de stress dû au Covid.

Et puis, t’écrire, c’est tellement joyeux.

Il faut te dire que dans mon métier, je suis amené à écrire depuis des années et des années. J’adore écrire, je trouve cela aussi chouette que dessiner, peindre ; c’est vraiment honorer ces drôles de choses qui pendouillent au bout des bras des humains, et que l’on appelle « les mains », « les doigts ». C’est sans doute pour toi une excentricité, puisque tu écris bien avec tes grosses pattes sans doigts. Mais sache que pour les humains ce n’est jamais évident d’écrire, de dessiner, de peindre. Cela peut parfois intimider même si l’on a très très envie de s’y essayer pourtant.

Alors chère Shila, je te dis un merci de tous les instants devant mon cahier d’écolier, à la recherche d’une lettre qui pourrait te plaire. Je te remercie aussi mille fois pour la recherche d’images associées à tes lettres, grâce à Internet, ce sont comme des fenêtres ouvertes sur le passé, le présent, le futur, les quatre coins du monde. J’ai beaucoup appris de la richesse de la vie grâce à ces lettres : apprendre sans cesse, voilà un grand privilège.

Henri et moi, pour t’exprimer notre affection, avons repensé à la divine Madame Anoushka Shankar dont tu nous a faite l’éloge à juste titre hier. Nous te proposons à notre tour deux artisans du son, natifs d’Outre-Atlantique et qui s’appellent Messieurs Daniel Lanois et Rocco DeLuca.

Disons que c’est un clin d’œil indéfectible de tes deux porte-plumes :

Bisous,

Emmanuel