Lettre de Shila : “De qui sommes-nous ?”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour chers enfants,

Prêts pour la fête du 2 juillet, demain, dans vos Maisons ?

C’est une belle date, chaque année, car elle signifie, m’a expliqué mon cher voisin Henri, que tous : équipes, enfants, vous vous donnez-rendez-vous pour suivre le cours des vies de chacune, chacun, telles qu’elles vont et ce jusqu’au moins 2050 :

Cette fête m’inspire beaucoup, car elle pose la question de nos origines, et de nos devenirs. C’est une question, que moi l’éléphante philosophe, je me pose comme vous, puisque je ne connais pas trop mes parents, et que je ne sais pas de quoi demain sera fait (je pense que mon cornac a une idée plus précise à ce sujet).

Emmanuel, l’ami de mon voisin Henri, m’a signalé qu’il était possible de faire naître des éléphants sans qu’une maman et un papa ne se connaissent. Je ne sais pas si cela est bien ou si cela est mal, je me dis juste que l’important est que ce petit éléphanteau vive une belle vie. Je l’espère pour lui.

Chez vous, les humains, le premier bébé né selon les mêmes techniques que pour la naissance de l’éléphanteau fabriqué, a été conçu voici quarante ans. Elle s’appelle Miss Louise Brown et a un fils qui s’appelle Cameron.

En France, dans votre pays, le premier bébé fabriqué s’appelle Amandine, et a donné naissance à son tour son premier bébé en 2013.

Emmanuel m’a signalé cet article, très savant, qui compare les laboratoires en Inde, mon pays, et en France votre pays, destinés à fabriquer des êtres vivants sans que maman et papa ne se connaissent, ou ne se fassent des câlins pour enfanter.

Si j’ai un peu compris cet article, je crois que cela nous rappelle ce dont je vous parler à propos du singe et du caillou ; il faut en permanence s’assurer qu’une invention ne bascule pas dans le mal, et l’aider à rester dans le bien.

Plus important encore, c’est je pense de nous demander si animaux, humains, sommes aussi importants pour que tout le monde se dise que la vie est belle. Comme vous le savez, dans mon pays, il a été décidé il y a bien longtemps de mon caractère sacré, statut que je partage avec d’autres animaux.

Emmanuel m’a raconté qu’il y a bien longtemps chez vous, cela était aussi le cas. Les animaux étaient considérés comme des êtres capables de réfléchir, de ressentir, d’être responsables de soi, au point qu’ils avaient droit à des avocats quand des humains n’étaient pas contents contre eux au point de leur faire un procès.

Moi l’éléphante curieuse de tout, j’observe que chez vous les animaux sont de nouveau considérés par les juges quand il s’agit de défendre leurs droits à vivre, c’est une très bonne nouvelle.

Emmanuel m’a dit aussi que vous, petits d’hommes, étiez partis en 2017 en quête de Justinien, qui a beaucoup réfléchi à vos droits voici des siècles. Il avait alors décidé que tout enfant est digne d’être entendu pour changer le cours de sa vie – ce qui n’était pas évident à l’époque si j’ai bien compris.

J’en suis très heureuse, chers enfants, c’est la moindre des choses tant je vous sais réfléchir sur vous-mêmes jour après jour.

Voici ce que je me dis, et ces pensées je vous les envoie pour qu’elles arrivent demain, 2 juillet : plus on médite à propos de l’existence d’autres que soi, plus on peut s’y référer pour dire qui nous sommes, plus on se considère soi-même, et plus le cours de la vie s’annonce heureux.

Je vous souhaite un joyeux 2 juillet, chers enfants,

A demain,

Bisous,

Shila