Lettre de Shila : “De surprenantes arborescences”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Comment vont vos escargots ? Mon cher voisin Henri me dit que par chez vous, la pluie tombe en abondance et que cela par certains aspects pourrait ressembler à la mousson que nous connaissons si bien par chez nous :

Emmanuel, qui téléphonait pour me passer le bonjour quotidien, me dit que c’est une saison pour vos chers escargots, que certains d’entre-vous aimez à rassembler devant vos maisonnées tant ils sont chers à votre cœur.

Chez moi aussi, au Kerala, les escargots sont légion, si bien qu’un poisson prospère dans les rivières dont celle de mon petit village ; le poisson-globe nain.

Parmi ses petits-déjeuners favoris, ce poisson raffole des escargots. C’est si vrai que ce poisson devient l’un de ceux les plus fréquents dans nos cours d’eau : beaucoup d’escargots = beaucoup de poissons globes.

Humm, je me dis que certaines espèces vivantes s’épanouissent à la condition que d’autres se répandent plus qu’à la normale. C’est comme si les unes avaient besoin des autres : il y a d’autant plus d’escargots dans mes forêts que les arbres peuvent profiter de la qualité de l’eau des rivières, notamment entretenues par le poisson-globe nain. Tout est dans tout, et inversement.

Je ruminais cette idée de l’harmonie, broutant mes chères pousses de bambou apportées par mon cher Kuttan devant le tronc d’arbre qui m’a occasionné quelques contusions à la patte l’autre jour :

Je n’y avais pas fait attention mais de minuscules choses ont poussé sur ce tronc depuis lundi. On dirait un pelage d’animal, mais façon végétale. C’est étrange ce champ de petites tiges qui poussent sur le bois de cet arbre appelé à être emmené par les humains à la scierie de mon petit village.

Mon cher Kuttan me dit que vous autres, les humains, appelez cela des moisissures, sortes de champignons dont on découvre qu’ils sont d’une extrême importance dans le cycle du vivant, puisqu’ils contribuent à enrichir le sol et aident les plantes à grandir :

Hummm, mes yeux ne portent pas assez pour voir dans le détail ces créatures, mais ma trompe qui passe dessus pour les caresser et mieux les ressentir m’indique qu’elles sont d’une extrême sophistication.

Décidément, chers enfants, la vie nous réserve chaque jour des surprises éblouissantes. Je me sens ce matin un peu comme mon cher Mister Darwin, s’émerveillant des inventions de la nature et essayant de comprendre combien la symbiose, ce mécanisme dont je vous parlais pousse le perfectionnement des espèces à son plus haut degré :

Emmanuel, qui finissait de sécher ses vêtements, me raconte qu’à des milliers de kilomètres de chez moi, dans un pays appelé l’Australie dont je vous parlais dans une précédente lettre… :

… Existe un animal parmi les plus étranges connus des humains ; l’échidné :

Il a comme moi, une sorte de trompe, est tout poilu, pond des œufs et ses petits des premiers jours vivent dans sa poche ventrale comme les kangourous.

Oulalala, alors là, en voici une créature étonnante ; mère Nature, vous êtes sacrément espiègle.

Ah mes chers enfants, que je suis heureuse de découvrir tant de ramifications du vivant ; plus existe la diversité, plus nous en sommes inspirés et motivés pour inventer l’inconcevable, trouver des solutions auxquelles on n’aurait pas pensé et qui solutionne des problèmes a priori inextricables :

Vive la fantaisie de la nature, vive l’imagination 😊

Je vous embrasse très fort,

A lundi,

Shila