Lettre de Shila : “Des samouraïs pas comme les autres (récits d’une mondialisation finalement heureuse)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous profité du bel ensoleillement dont mon cher voisin Henri me dit qu’il est arrivé sur vos rivages pour aller avec vos chères éducatrices, éducateurs vers des lieux qui n’étaient pas accessibles pendant ces longs mois de confinement ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que ces derniers temps vous retrouvez le goût de la liberté de se déplacer, et c’est comme découvrir de nouveau combien le monde peut proposer des aventures dont on aime à se souvenir :

Dans mon petit pays aussi, les voyageurs au long cours commencent à revenir tout doucement pour apprécier les beautés du coin, le bonheur de rencontrer les habitants. J’ai l’impression que la planète, un peu sonnée par le satané virus, renaît à la vie. J’aime bien ce mot : « renaissance », il me fait penser à cet autre mot dont je vous parlais et qui disait « ré-enchantement » :

Je vous ai beaucoup parlé du sentiment d’émerveillement, de rêverie qu’inspire l’Inde, continent au croisement de l’Europe et de l’Asie :

Mon cher Kuttan m’a expliqué que les compatriotes de Vasco de Gama ne se sont pas arrêtés chez moi à Goa, mais ont continué vers l’Est pour essayer de trouver une route maritime permettant de rallier « Cipango », île mythique dont parlait plusieurs siècles plus tôt Marco Polo.

Si j’ai bien compris Kuttan, « Cipango » s’appelle aujourd’hui « le Japon », et vous autres les humains aimez à la surnommer « Pays du Soleil-Levant », car ce serait pour votre Europe la terre la plus éloignée à l’Est.

De l’Inde, les portugais ont donc navigué vers Cipango et ont fini par y parvenir. A bord de leurs navires, ils amenaient des personnes rendues esclaves et kidnappées en Afrique, là où mes cousines et cousins éléphants vivent.

C’est une histoire très triste ; on n’a pas le droit de faire commerce des êtres vivants. Je voudrais cependant vous raconter l’extraordinaire histoire de Yasuke.

Ce qui me passionne, c’est non seulement le fait qu’esclave, il devienne « samouraï » (« seigneur » en japonais), mais aussi que le japonais très puissant qui l’a émancipé et élevé à un rang si important fût celui qui tenta pour la première fois d’unifier son pays, alors profondément divisé, avec des guerres incessantes.

Mon cher Henri me dit que vous autres les humains, aimez souvent dire : « L’union fait la force » pour valoriser la paix, la nécessité de savoir vivre ensemble ; je comprends avec Yasuke que ces relations de fraternité sont toutes aussi importantes entre habitants de pays si éloignés les uns des autres.

Mais, est-ce que nous, en Inde, avons connu des samouraïs venus du pays du soleil levant ? Kuttan et Henri me disent que c’est peu probable, même si parfois des publicités passent à la télé pour faire croire du contraire :

Il reste que, me dit Emmanuel, un samouraï est venu dans votre pays voici des centaines d’années, en mission pour rencontrer les puissants d’Europe :

Hummm, chers enfants, que d’histoires extraordinaires qui racontent combien notre planète se lie, se délie, se relie depuis fort longtemps. Je lève ma trompe pour saluer les échanges pacifiques, les intégrations réussies d’étranges étrangers pour le bonheur de tous et de chacun.

Je vous embrasse très fort,

A demain,

Shila