Lettre de Shila : “La Niña, El Niño (d’où vient le vent)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Mon cher voisin Henri me dit que par chez vous, le vent est enfin retombé ; vous retrouvez des jours moins agités après quelques jours pas très chouettes durant lesquels les vagues, poussées par la houle, tapaient fort contre la digue Carnot :

Chez moi aussi, le vent est retombé ; les cocotiers des plages de mon petit pays sont enfin préservés des tempêtes auxquelles nous sommes accoutumés, mais qui nous pèsent à chaque fois :

Si j’ai bien compris les raisons de la pluie… :

… Je reste encore perplexe sur les causes du vent.

Est-ce que le vent vient de l’univers ? Est-ce que le vent est créé par les humains, les animaux, les plantes, le sol ?

Humm, comme je mesure trois mètres de hauteur, j’aimerais bien savoir : quand il y a des rafales, elles me poussent et parfois je vacille. C’est embêtant de devoir lutter contre des choses qui vous font bien respirer, mais vous tourneboulent.

Mon cher Kuttan, qui m’apportait mon petit déjeuner, m’a expliqué que vous autres aussi, les humains, vous demandez aussi d’où vient le vent.

Kuttan m’a expliqué que par chez moi, au Kerala, c’est souvent un souffle constant venu de la mer, de l’océan indien, tant et si bien que cela est devenu une ressource importante pour le développement économique de mon petit pays.

J’en suis ravie ; si le vent peut aider les familles à vivre mieux, c’est chouette. Mais tout cela ne répond pas encore à la question : d’où vient le vent ?

Mon cher Henri, qui essayait de se recoiffer dans le patio proche de mon petit pré, me dit que pour comprendre, le mieux est d’aller du côté de l’Amérique du Sud, dont je vous parlais cette semaine.

Un immense océan, plus grand que le mien appelé « l’océan indien », borde le continent des Quipus ; il s’appelle l’océan pacifique.

C’est l’océan le plus vaste de notre planète, me dit Henri. Sa vie influence le cours des vents très importants, que vous autres les humains, appelez les Alizés.

Si j’ai bien compris Henri, la température de l’eau de l’océan pacifique change régulièrement, et cela crée des vents, des températures, des pluies qui bénéficient à bien des sols sur notre planète. Henri m’explique qu’il existe cependant des changements de température de l’eau très importants. Pas toutes les années, mais régulières, qui sont telles que cela génère beaucoup plus de vent, beaucoup moins de vent, beaucoup plus de pluie, beaucoup moins de pluie, beaucoup plus de sécheresses, beaucoup moins de sécheresses, beaucoup plus de moussons, beaucoup moins de moussons.

Au Pérou, les paysans ont observé depuis très très longtemps ces changements, et ont aussi remarqué qu’ils avaient lieu chaque six, sept ans.

Emmanuel, l’ami de mon cher Henri, m’explique que les fermiers du coin ont tellement dû vivre avec ces changements terribles pour leurs bêtes, leurs plantes, leur famille, qu’ils ont essayé avec l’accord des puissances politiques, administratives et religieuses depuis des millénaires de les prévoir en implorant les dieux pour que cela cesse.

Mais ces catastrophes météorologiques ont continué malgré les prières, les sacrifices.

Devinez quoi ?

Pour qualifier ces phénomènes entre spiritualité et savoirs, les chercheurs emploient aujourd’hui des surnoms d’enfant en espagnol, la langue de Christophe Colomb : “La Niña, El Niño”, qui veulent dire “la petite fille, le petit garçon”. Humm, ces chercheurs aussi intelligents soient-ils devraient s’interroger sur de tels surnoms. C’est vrai quoi ? Si je comprends ces climatologues dans leurs analyses, je ne suis par contre pas d’accord du tout avec leur façon d’en parler : les enfants ne sont en rien créateurs des vents de notre Terre, responsables de tempêtes, de sécheresses, de moussons.

Mouais, bon. Chers enfants, passons. Je suppose que cela montre la grande confusion qui existe depuis bien longtemps entre ce que les humains vivent jour après jour et les raisons profondes pour l’expliquer :

C’est d’autant plus agaçant que depuis, m’expliquent Kuttan, Henri, Emmanuel, les scientifiques ont compris que le vent qui poussent les nuages trop chargés en eaux, qui assèchent les sols quand il ne pleut pas, n’étaient pas fabriqués par les dieux, mais par l’empreinte du Soleil sur la mer, de la vitesse de rotation de notre planète, de son inclinaison, des variations des masses d’air chaud et d’air froid venant des pôles nord et sud vers la ligne d’Equateur, de la remontée des eaux froides des profondeurs de l’océan vers la surface.

Henri me dit que par chez vous, “La Niña, El Niño” n’ont pas beaucoup d’effets sur le temps qu’il fait ; c’est surtout les Amériques et l’Océanie qui en pâtissent. Par contre, vous vivez au rythme des soubresauts d’ONA, qui veut dire “Oscillation Nord-Atlantique“.

Moi, l’éléphante philosophe et curieuse de tout, me dit que l’essentiel est que le vent puisse exister tant il est important pour l’aventure de la vie, tant il témoigne combien notre planète est vivante avec ses sautes d’humeur, ses moments d’accalmie :

Bon vent chers enfants,

je vous embrasse,

à lundi,

Shila