A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.
Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les dires élogieux d’Henri.
Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?
Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole. Shila vous répondra sans fautes.
Bonjour les enfants,
Je vous espère en forme en ce mois de juin où la vie reprend son cours, tout en restant attentif à vous protéger du virus appelé COVID-19.
Ici, tout va bien, les pluies de mousson me rafraîchissent et j’aime sentir l’eau ruisseler sur mon dos !!
Je vous ai parlé de Veerappan, ce criminel qui a tué de nombreux éléphants pour vendre les défenses, et qui a sévi dans la montagne pendant 35 années faisant de nombreuses victimes chez les éléphants et les humains.
Je vous ai aussi parlé des relations parfois difficiles entre mes cousins et leurs voisins, surtout avant la saison des pluies où l’eau et la nourriture peuvent manquer. Ce qui entraîne que les éléphants quittent leur territoire, ce qui entraîne des conséquences parfois catastrophiques.
C’est ce qui vient d’arriver au Kerala, à 150 kilomètres au Nord de ma demeure.
Une jeune éléphante enceinte, a été victime de la cruauté et de la bêtise humaines : elle a mangé un ananas piégé, comme une grenade, qui l’a tuée !
C’était le 27 mai dernier.
Cet événement a soulevé l’indignation en Inde et dans le monde entier.
Je pleure, rien que de penser à cette pauvre cousine et je suis révoltée face à une telle cruauté. Je pleure, cela fait encore un drame.
Nous autres les éléphants avons dû souvent faire avec la méchanceté. Je me rappelle d’un arrière arrière arrière grand-oncle, nommé Fritz, qui a vécu une histoire comme mon ami Ramachandran la vit ces derniers temps.
La vie n’est pas rose, pour nous autres, les éléphants.
J’ai cru comprendre que pour vous, les humains, il en est de même.
Vous aussi subissez des cruautés parce que ce qui n’est pas normal est vécu comme un danger. L’homme éléphant n’a pas eu une belle vie, alors qu’il la méritait, comme tout le monde.
Je n’aime pas vous donner des nouvelles aussi abominables, surtout que ma cousine est morte dans un état, le Kerala, où il fait si bon vivre. Mais, malheureusement, des criminels sévissent ici comme partout dans le monde. Je sais que tout est mis en œuvre pour qu’ils répondent de leurs actes devant la justice, un des trois suspects a été arrêté. Aux dernières nouvelles, ces personnes voulaient protéger leur exploitation des sangliers, il reste que c’est un crime odieux.
Je vous ai parlé hier des éléphants, en lien avec le pouvoir ; je pourrais vous parler des éléphants en lien avec la politique, car depuis ce meurtre, nous sommes utilisés par les politiques pour une bataille politicienne qui nous dépasse largement. Les humains s’entre-déchirent sur les supposées raisons qui amènent à faire preuve d’aussi grande cruauté, certains disant même que c’est à cause de la religion.
Je ne voudrais pas vous attrister, mais j’ai besoin de vous confier ma peine, sachant, chers enfants, que c’est toujours auprès de ses amis que l’on trouve le réconfort.
Lundi, je vous racontais les contes de Mister Kipling, qui nous disent combien l’acceptation de la différence est importante pour vivre bien. Je pense que c’est ce qui doit nous guider.
Je vous embrasse fort et surtout prenez bien soin de vous.
A demain,
Shila