Lettre de Shila : “En route pour Rishikesh, sur les pas des Beatles”

Chers enfants,

Je ne sais pas si l’auto-stop marche bien en France, mais je suis très fière de Vishaal Henry, mon voisin de Kochi, qui a réalisé le tour de l’inde en 93 jours, faisant du stop avec tout ce qui peut rouler, du vélo au tracteur, sans oublier les camions Tata ou Ashok Leyland si joliment et artistiquement peints !!

Aujourd’hui je me suis intéressé à Rishikesh, ville située à près de 3000 kilomètres de chez moi. J’ai su que les Beatles, ces musiciens d’exception, ont séjourné dans cette ville qui se situe au pied de l’Himalaya.

Cette ville semble être un lieu très attrayant pour les yogis, on y vient du monde entier. L’éléphante que je suis, malgré ma corpulence et mes trois tonnes, est d’une grande souplesse et vous étonnerait du nombre de postures ou asanas que je suis en capacité de pratiquer.

Cependant mon cornac ne m’autorisera pas de lever la trompe pour faire du stop jusqu’à Rishikesh ; j’ai su qu’en voiture, il faut 51 heures, si tout va bien !! À pieds : 532 heures. J’ai donc renoncé.

J’ai su que Francis, l’un des membres du Conseil d’administration de vos Maisons, est allé en Inde en 1968, il en a gardé un souvenir enchanté.

Début 1968, les Beatles sont partis en Inde, à Rishikesh. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article racontant la venue de ces superstars dans mon pays.

En 1968, les Beatles se rendent en Inde pour un drôle de pèlerinage à l’ashram du Maharishi Mahesh Yogi avec leurs épouses et une vingtaine d’amis, dont Mia Farrow, Mike Love des Beach Boys, le flûtiste Paul Horn et Donovan Leitch, qui y compose Hurdy Gurdy Man. Un peu plus de cinquante ans plus tard, Rishikesh se souvient…

Afin de s’initier à la méditation transcendantale, les Anglais ont séjourné en 1968 dans un ashram de l’Himalaya. Ce fut le moment le plus créatif de leur histoire, avec la composition de 48 titres.

On se souvient du séjour prétendument mystique des quatre garçons en Inde, on comprend l’importance qu’a quand même eue ce périple dans leur musique, particulièrement dans la création du fabuleux Album blanc. Selon John Lennon, Paul McCartney et lui ont écrit une trentaine de chansons durant leur séjour de sept semaines. Plus une douzaine en solo pour Paul et six pour George Harrison, donc 48 au total. Il s’est agi de leur période créative la plus prolifique.

Cette expérience a mis l’Inde au goût du jour et toute la jeunesse rêvait de s’y rendre en chantant Hare Krishna comme George. Le monde s’est mis à porter des chemises aux couleurs exubérantes, à méditer les doigts joints et à sniffer de l’encens en écoutant Ravi Shankar. Une vraie révolution !

On m’a expliqué que George Harrison avait rencontré Ravi Shankar, un grand musicien indien, et qu’il a essayé d’apprendre à jouer de la sitar, ce merveilleux instrument de musique indien. Il a appris la musique orientale auprès de Ravi Shankar. Sous son impulsion, le groupe a décidé de se rendre en Inde.

Loin de la furie des fans et du bruit du monde, les Beatles partent se ressourcer à Rishikesh en février 1968, à une époque où l’Occident cherche son salut dans des messages de peace and love. Après le décès de leur manager Brian Epstein, ils décident de suivre les cours de méditation transcendantale de Maharishi Mahesh Yogi, un célèbre maître spirituel qui promet le bien-être et qui les invite dans son ashram. Quelques mois plus tôt, les Beatles avaient été initiés à ses pratiques en Angleterre, sous l’impulsion de George Harrison. Leur chanson Across the Universe scandait déjà Jai Guru Deva Om, un mantra de Maharishi. Ils sont cette fois prêts pour l’expérience indienne, qui aura un profond impact sur leur vie et leur musique. Ce sera la période la plus féconde de leur carrière, d’où naîtra un de leurs chefs-d’œuvre, le « White Album ».”

L’article suivant explique bien le trip indien des Beatles, très prolifique mais se terminant de façon abrupte, John Lennon n’appréciant pas le comportement du gourou Maharishi.

Il reste que le métissage de la musique indienne et la musique pop trouve ses racines dans cette démarche des Beatles.

“Love you too” en est un formidable exemple :

« Let it be » est un autre titre décrit comme prophétique, car 52 ans après leur séjour, la nature a pris le dessus :

« Let it be. » Prophétiques, les mots de Paul McCartney sont peints sur le mur d’une salle de méditation envahie par la végétation et les rayons du soleil. Avec le temps, les vitres des fenêtres ont volé en éclats, le toit a disparu et les peintures se sont écaillées. La nature a repris ses droits et des artistes graffeurs ont orné les crépis écaillés de graffitis et de peintures murales en hommage aux Beatles. Une beauté paisible et poétique enveloppe cet ermitage abandonné, qui s’étend sur 7,5 hectares et surplombe le Gange et la ville sainte de Rishikesh, sur les contreforts de l’Himalaya...”

Voilà, chers enfants, une très belle histoire qui a fait rencontrer des artistes, musiciens et chanteurs entre des cultures si différentes.

Beaucoup de jeunes et moins jeunes vont, à l’exemple des Beatles, prendre la route de l’Inde.

C’est un peu le voyage que nous faisons ensemble.

Je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila