Bonjour chers enfants,
Comment allez-vous ?
Envie de grands larges, d’horizons infinis pour vous aérer ?
Moi aussi, j’aspire à des territoires inconnus pour me changer les idées. Mâchouillant mes chères pousses de bambou, je me suis rappelée de l’épopée de l’incroyable aventure maritime des explorateurs et navigateurs de la Route des Indes :
Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit qu’au large, très loin au Sud de mon pays, sont en train de naviguer d’extraordinaires compétiteurs, bravant les vagues immenses de ce qui est appelé, par vous les humains : l’océan Indien.
Si je comprends bien, la mer devant chez moi et sur des milliers de kilomètres, va jusqu’à des endroits très dangereux car peuplé d’immenses glaçons appelés par vous : “icebergs“.
Ouille ouille ouille, j’ai l’impression que ces montagnes de glace flottant sur le chemin des bateaux piquent autant que le caillou qui m’a embêté la patte l’autre jour :
Emmanuel me dit qu’en effet, les humains à bord de leur bateau et essayant de gagner le record de la traversée la plus rapide possible au fil des Océans de la planète appréhendent le passage dans mon océan. Emmanuel me dit aussi que vous avez rencontré le capitaine du Port de Boulogne-sur-mer, qui raconte combien toute équipée au large dès le sortir de l’avant-port est une aventure incertaine :
Pour écouter Monsieur Jérôme Latron, capitaine du Port de Boulogne-sur-mer, cliquer sur “Happy culture”, notre webradio sur la page d’accueil de notre site Internet, puis choisir “saison culturelle 2015-2016”, rubrique “Conférences du jeudi”.
Ah, chers humains sur vos frêles esquifs, je suis admirative devant tant de courage. Puissiez-vous réussir le défi que vous vous êtes donné à accomplir.
Chers enfants, je vous sais aimer composer de belles chansons, et vous avez bien raison.
J’envoie de votre part “L’Horizon” à tous les marins, fiers découvreurs de cette ligne de crête émotionnelle que vous connaissez :
« Nous n’irons pas plus loin », te dit le capitaine
Trop d’obstacles aujourd’hui pour gagner l’horizon
Des baleines épuisées gémissent sur la grève
Leur sang couvre des bouches comme autant d’hameçons
Comme autant de collines occultant l’horizon
De crêtes insensibles à l’adagio des plaines
« Je suis vraiment navré », te dit le capitaine
Et tu sens qu’il dit vrai et qu’il a le cœur bon
Dès lors la bouche vermeille d’une femme au harpon
Qui entre dans tes murs et saigne les baleines
Te fait des mois durant dédaigner l’horizon
Et lorsque tu le croises snober le capitaine
Quand tu rentres chez toi, tu te dis qu’il fait bon
Le mensonge est partout infiltré dans tes veines
Tant tu aimes goûter au sang de la baleine
Qui déborde des lèvres de la femme au harpon
Mais un jour sur ta manche tire le capitaine
Les yeux exorbités, il te dit : « Repartons »
Il est temps de sortir du sommeil des reines
Car nul ne vous attend autant que l’horizon
C’est Lob Nor qui t’espère, l’Inlandsis qui t’appelle
La Sierra Nevada qui la nuit crie ton nom
Et c’est la Grande Bleue qui rehausse le ciel
Chacun d’eux te réclame et t’offre l’horizon
Mais celui-ci t’échappe, stoppé dans son élan
Par des sommets hargneux, des vallées encaissées
Des villes au cœur de pierre aux formes insensées
Vois, la barbe te pousse et ton pas se fait lent
Et tu entends au loin les plaintes des baleines
Qui avant de finir sur la grève ont sans doute
Connu cet horizon dont seul le capitaine
Espère encore pour deux que tu croises la route
Mais un jour au silence qui monte aux alentours
Comme tes yeux se décollent, tu sais qu’on t’a laissé
Seul avec ton vieux rêve dont l’ombre est un vautour
Qui dessous tes haillons sent la chair s’assécher
Et comme en de lents cercles, il va pour t’entreprendre
Le décor s’aplanit, les courbes se défont
Tout se dégage, oui, sans doute las de t’attendre
C’est lui qui vient à toi ; il est là : l’horizon ».
Je vous embrasse chers navigateurs, chers enfants,
Bon vent !
A demain,
Bisous,
Shila