Lettre de Shila : “La carte et le territoire (histoire de Christophe Colomb)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Vous y retrouvez-vous pour rallier en temps et en heure de votre chère maison votre établissement scolaire quand vous prenez le bus, le train ?

Emmanuel, l’ami de mon cher voisin Henri, me dit que pour certains d’entre-vous qui avez fait vœu de vous y rendre par ces moyens de transport, parfois vous vous y perdez entre ce que disent les transporteurs, et ce que vous constatez une fois en gare, ou dans l’abribus. J’ai cru comprendre qu’il en est de même des nombreux taxis qui vous conduisent ; de temps en temps, les voitures ne sont pas là, comme pourtant attendues.

Emmanuel me dit que dans ces situations épineuses, vos chères éducatrices, vos chers éducateurs, vous conduisent à bon port, arrangent le problème.

J’en suis heureuse chers enfants : qu’il peut être compliqué, incertain de s’en remettre à ce que des autorités dignes de foi peuvent affirmer quant aux horaires, aux disponibilités des véhicules qui nous permettent d’aller d’un point à un autre selon des plans présentés comme incontestables.

Moi aussi, quelque fois, je me retrouve à des endroits pour travailler qui n’ont rien à voir avec ce que Kuttan avait prévu. L’important est que Kuttan, mon cher cornac, soit toujours à mes côtés, y compris dans ces grands moments vacillants.

Cela me fait penser à un personnage qu’un jour, Henri, m’a raconté alors qu’il se régalait des épices composant son repas.

Henri m’a dit que vous autres, en Europe, avait depuis plusieurs centaines d’années cette passion pour les végétaux de mon petit pays, et aviez tenté de raccourcir le temps de trajet pour rallier votre pays au mien. Si j’ai bien compris, ce fut un mystère : comment aller en Inde par le plus rapide chemin, la mythique « route des Indes » ?

Devait-elle continuer à contourner l’immense continent appelé « Afrique », au risque d’affronter les tempêtes proches des icebergs, au large de son extrémité Sud ? :

Existait-il un tracé plus court ?

Henri m’a expliqué qu’un certain Christophe Colomb a convaincu son roi qu’il pourrait trouver la solution à ce problème gigantesque.

A bord de navires partant du Portugal, Christophe Colomb, persuadé d’aller en Inde, a finalement traversé ce que vous appelez l’« océan Atlantique », et découvre avec son équipage par erreur de compréhension de comment la Terre est faite les premières terres d’un continent inconnu des européens à l’époque ; ce que vous appelez depuis « les Amériques ».

Quinze mille kilomètres d’erreur entre ce que vous appelez aujourd’hui : la République Dominicaine, Haïti, pays de ses accostages et mon pays, l’Inde, pays qu’il recherchait !

Moi l’éléphante philosophe, me dit qu’une telle erreur peut impressionner, mais n’est pas si importante si elle peut être réparée.

Hélas, me disent Kuttan et Henri, plutôt que de repartir au pays pour raconter sa découverte, Christophe Colomb et ses équipages ont décidé de rester, d’aller plus encore dans l’exploration de ces nouvelles terres, pour les exploiter et prouver leur grandeur auprès du roi.

Henri me dit que Vasco de Gama, s’est lancé dans cette même aventure, peu de temps après Christophe Colomb :

Et qu’hélas ce fut aussi beaucoup de souffrances pour les humains qui ont vu arriver sur leur rivage cet explorateur. Très vite, le roi et ses représentants ont considéré que les humains découverts à l’occasion de cette erreur de navigation, n’étaient pas humains, et qu’il était par conséquent possible de les exploiter sans vergogne.

Mes chers enfants, si l‘émerveillement de découvrir de nouveaux mondes est un bien précieux, je me dis : l’aventure ne vaut la peine qu’à la condition du bien-être de tous.

Pauvres Amériques, pauvre Inde : que ces aventures maritimes si nobles sur le papier, furent finalement causes de tant de souffrances.

L’important n’est pas de partir pour posséder plus encore, mais d’aller pour rencontrer et partager.

Je vous envoie pour nous en souvenir ces images ; un peuple du temps de Christophe Colomb voit arriver des humains d’un autre monde : bonheur, malheur de la rencontre, rien n’est encore déterminé.

Je vous embrasse,

A demain,

Shila