Lettre de Shila : “La cité idéale”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Je suis heureuse chaque jour de retrouver Kuttan, je sais par mon cher voisin Henri que vous l’êtes tout autant chaque semaine avec Carine, Marine, Sylvie, Romuald, Manuel, Matthieu, Nicolas, Yann ; vos professeurs qui vous retrouvent dans vos ateliers hebdomadaires qui en Yoga, qui en Hip-hop, qui en Arts plastiques, qui en Cirque, qui en Théâtre, qui en Musique, qui en Savate française.

Henri me dit aussi que Christophe est là chaque mois pour construire avec vous la reproduction à l’identique d’une charrette ayant circulé voici bien bien longtemps dans votre petit pays :

Et puis, me dit Henri, vous allez construire un jardin dialoguant avec un site archéologique que vous avez déjà créé avec Monsieur Jean-Paul et Monsieur Maki :

Et puis, me dit Henri, vous parcourez les profondeurs sous-marines en quête de la couleur de l’eau avec Nicolas et les scientifiques de Wimereux :

Et puis, me dit Henri, vous allez jouer avec les mots avec Rémy :

Et puis, me dit Henri, créer avec Quentin au Fablab des œuvres après d’autres œuvres déjà réalisées par vos soins et qui sont exposées au Musée jusqu’à la mi-décembre :

Humm, c’est chouette d’accueillir à chaque instant dans son lieu de vie des personnes qui vous apprennent, jouent avec vous, vous emmènent vers des gestes dont vous ne pensiez pas être capables et qui valorisent le meilleur de vous-mêmes.

Henri m’explique que cela est possible car vous avez dans vos petites maisons les espaces de création juste aux côtés de vos chambres, de votre cuisine, de votre salle de bain. Hummm, mais oui, quelle belle idée ; faire rentrer l’envie de créer dans son petit chez soi.

Mais d’où vient cette idée folle un jour d’inventer une maison avec un atelier ?

Vous savez ma curiosité à ce sujet, je reste intriguée par la petite maison qu’Henri a construit à côté de sa petite maison, dans mon petit pré :

Jis, qui revenait de ses randonnées exploratrices à la recherche de la symbiose dans les forêts et montagnes de chez moi, m’a raconté que dans mon petit pays, le Kerala, avait été créé à Cochin un lieu où les filles et garçons vivaient aussi avec la possibilité de passer la porte de leur chambre, pour apprendre en arts, en lettres, en sciences.

Humm, quelle belle idée chers enfants, cela ressemble à la cité idéale.

Je me rappelle vous avoir envoyé une lettre ces dernier temps, où j’ai écrit le mot « utopie » pour essayer de comprendre ces humains fous qui dessinent devant moi les arbres en face de mon petit pré, et ne font rien qu’à choisir des lignes et des couleurs qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils voient :

Mais d’où vient cette idée d’installer dans nos lieux de vie des espaces de création pour que tout le monde puisse exprimer le meilleur de soi-même ?

Emmanuel, qui téléphonait comme chaque matin à mon cher Henri pour prendre de mes nouvelles ainsi que de mon petit village, nous a raconté l’histoire d’un petit lieu non loin de chez vous, à Guise, où Monsieur Godin, si j’ai bien compris grand inventeur des machines à se sentir bien chez soi, a pensé aussi qu’il était nécessaire aux humains construisant ces machines à chauffer les demeures, d’aller conduire chaque matin leurs enfants à l’Ecole, d’aller chaque semaine au théâtre, de pouvoir soigner leurs os douloureux par tant d’efforts à construire les machines, en piscine, en sauna, et avoir chez eux toutes commodités pour vivre une vie bonne.

Hummm, chers enfants, que ce soit en Inde, mon pays, ou par chez vous, je comprends que des humains ont pensé la nécessité de vivre bien chaque jour passant, quel que soit l’emploi du temps.

J’en suis ravie : le soin des idées est une si belle invention.

Je vous embrasse très fort, et suis impatiente de découvrir à nouveau vos créations issues la veille avec toutes les énergies qui convergent au nom du plaisir de vivre, façon symbiose :

Bisous,

Shila