Lettre de Shila : “La côte Malabar, côte des épices”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour les enfants,

Aujourd’hui je vais vous parler de la côte de Malabar, qui est le nom de la côte sud ouest de l’Inde, comprenant les 600 kilomètres de côtes du Kerala mais allant jusqu’à Goa et comprenant la côte du Karnataka, au Nord du Kerala.

“La côte est baignée par la mer des Laquedives, ou mer d’Arabie. L’intérieur des terres est formée d’une plaine côtière allongée entre la mer et les Ghâts occidentaux. Dans le Sud du Kerala, un ensemble de lagunes, les Backwaters, s’étendent en arrière de la côte de Malabar.
La côte de Malabar, et particulièrement le versant occidental des Ghâts, qui font obstacle à la mousson, est la région la plus humide de l’Inde du Sud.”

La mousson, qui nous arrose actuellement, depuis le premier juin, est très propice aux cultures, notamment aux épices.

Depuis l’antiquité, les épices de la côte Malabar parfument le monde ; chez nous, par exemple, nous avons le meilleur poivre du monde. Mais nous avons aussi une grande variété d’épices.

“Une épice est une matière organique d’origine végétale odorante ou piquante, que l’on utilise pour assaisonner les plats. Les épices peuvent être issues d’écorces (cannelle), de fleurs (safran, clou de girofle), de feuilles (thé, Thym), de fruits (poivre, aneth, moutarde), de bulbes (ail, oignon, gingembre) ou de graines (fenouil, coriandre).”

À cette définition des épices, je peux rajouter le curcuma, qui est très utilisé par mes voisins, ainsi que de nombreuses feuilles de curry qui parfument les plats, la cardamome etc.

“Nous trouvons la cardamome, bien sûr, mais également la muscade, la cannelle, le gingembre, le clou de girofle, le cumin, le safran, le poivre et la vanille.”

Les épices voyagent depuis longtemps :

“Les épices, grandes voyageuses

Outre le goût lui-même, les épices portent en elles des histoires, des clichés romantiques sur l’ailleurs, les voyages en mer et les vagues qui mènent à l’Orient lointain. L’histoire de la route des épices, à l’instar des routes de la soie ou du thé, pourrait se conter en parallèle de celle de la construction des empires ou des grandes civilisations.

Les épices ont voyagé par la voie terrestre, dans les caravanes de dromadaires ou de chevaux, empruntant la mythique passe de Khyber qui mène en Afghanistan ; par la voie maritime, en bateau, depuis la côte Malabar du Kerala indien. Elles ont obligé ses amateurs à comprendre les vents de la mousson, afin d’atteindre l’Inde plus facilement et d’en repartir vivant. Elles ont côtoyé les cultures, les langues et les religions qui prenaient la route avec elles. Elles ont croisé la reine de Saba, les maharadjas, Sindbad le Marin et tous ceux qu’on nommait les chasseurs d’épices. Quand elles atterrissent dans notre assiette ou dans notre chai, ce sont toutes ces histoires qu’elles racontent.”

Dans les temps très anciens, le commerce des épices se faisait par caravanes, par voie terrestre, comme exposé plus haut, puis par voie maritime par les marins du Golfe Persique.

C’est en 1498, que Vasco de Gama, le grand navigateur portugais accoste au Kerala à Calicut, après avoir été le premier à découvrir la route de l’Inde, par voie maritime, en contournant l’Afrique.

Cette découverte de Vasco de Gama a été importante pour le commerce des épices et a engendré des luttes entre les États occidentaux, le Portugal, la France, les Pays-Bas et l’Angleterre, entre autres !!

Quant à nous les Indiens, nous avons été les grands perdants, devant subir plus de trois siècles de colonisation !!

Je sais, chers enfants, que vous connaissez le terme “malabar”, on m’a dit que ça signifie “costaud, fort, robuste”. C’est aussi une marque de chewing-gum !! J’ai su que c’était bien en lien avec notre côte et à ses travailleurs, qui sont partis travailler dans les îles de la Réunion et de Maurice, mais aussi les Antilles.

Aux Antilles, ils nous appelaient les “malabarais” et à la Réunion les “malbars”.

Bien évidemment les éléphants sont aussi des vrais malabars !!

Vous en savez plus sur la côte de Malabar, lundi, je vous parlerai des épices qui font notre bonheur et notre richesse.

J’adore humer le parfum qui vient de la cuisine de mes voisins, ça fait partie de ma vie, mais je préfère encore les fruits et le sucre de canne non raffiné.

Je vous fais de gros bisous et surtout faites bien attention à vous.

A lundi,

Shila