Chers enfants,
Voilà que mon cher Kuttan est venu ce matin avec son journal, le Deepika, et m’a montré un dessin, appelé “courbe de l’éléphant” !!
Bien sûr, j’ai tout de suite pensé à la jolie courbe qu’est la mienne, surtout quand je lève ma trompe et je rejette l’eau sur mon dos, à ce moment préféré du bain !!
J’ai pensé aussi que l’éléphante que je suis, malgré mon poids (près de trois mille kilos), reste d’une élégance inégalée ; j’observe avec plaisir que je suis toujours admirée !!
Mais Kuttan m’a expliqué que cette courbe de l’éléphant n’a rien à voir avec un concours de beauté, et qu’il s’agit d’un graphique de deux économistes, Misters Milanovic et Lakner. Cette courbe raconte la mutation économique de l’humanité depuis un demi-siècle, l’essor de pays, comme la Chine et l’Inde, le recul de la pauvreté dans les pays du Sud et l’explosion d’une classe de super riches dans le monde. Les 1% les plus riches sont devenus encore plus riches et les plus pauvres ont vu aussi leur revenu augmenter !!
Oh la la !!! Que cela me paraît compliqué !! Lire une courbe avec ses abscisses et ses ordonnées, mon voisin Henri commence à baisser les bras !! Mais notre ami Emmanuel dit que ce n’est pas si difficile à comprendre :
La courbe de l’éléphant nous montre clairement que la croissance des revenus a été plus forte pour les plus pauvres du monde d’un côté, (c’est la partie arrière de l’éléphant), et également de l’autre côté, pour les plus riches du monde, (la trompe levée de l’éléphant). Par contre la croissance des revenus n’a pas augmenté pour les classes moyennes des pays riches.
Cela me fait penser aux lettres que je vous ai envoyées sur l’importance des chiffres et des mathématiques. Les chiffres peuvent nous aider à mieux comprendre la réalité du monde.
Tout cela est intéressant, mais il reste à savoir comment armer les enfants, dès l’école maternelle pour apprendre les mathématiques.
Une chercheure française dont j’ai déjà parlé avec vous, Mme Esther Duflo, prix Nobel d’économie, fait un travail en Inde, dans des écoles à Dehli, avec une collègue chercheure psychologue, Madame Elizabeth Spelke.
Elle pense que tous les enfants ont une connaissance intuitive des mathématiques, mais que certains d’entre eux n’arrivent plus à suivre ensuite dans l’école primaire !!
Pour pallier à ce problème, après une première expérience infructueuse, elle propose trois groupes de classes maternelles : un groupe auquel sont proposés des jeux purement symboliques, un groupe avec des jeux purement intuitifs et un troisième groupe mêlant des jeux intuitifs et symboliques.
Il en résulte que le groupe qui a joué en mêlant jeux intuitifs et jeux symboliques est complètement armé pour bien apprendre les mathématiques.
Dommage que mes amis Henri et Emmanuel, qui ne sont pas fans de maths, n’aient pas bénéficié d’un tel programme, mais je crois que maintenant, c’est un peu tard pour eux.
Si vous avez le temps d’écouter Madame Esther Duflo, dans la vidéo, elle, l’économiste de renommée mondiale, explique très simplement ses recherches et ses expériences auprès des écoles en Inde. Elle explique aussi, tout à la fin de son entretien, ce que nous raconte la courbe de l’éléphant.
Au fond, cette “courbe éléphant” nous montre que même si les inégalités s’accroissent dans les pays, l’extrême pauvreté diminue.
C’est le message de Madame Duflo.
Très impliquée dans la recherche et le développement pour lutter contre la pauvreté, elle nous donne une leçon d’optimisme en affirmant qu’hier est mieux qu’avant hier et qu’aujourd’hui est mieux qu’hier. Dans les pays les plus pauvres, la pauvreté a été divisée par deux, la mortalité des enfants a été aussi divisée par deux et les enfants allant à l’école primaire est à peu près de 100%, citant les chiffres de la banque mondiale.
Chers enfants, je vous souhaite une belle fin d’année scolaire en vous donnant ces belles notes pleines d’optimisme, ce qui nous fait beaucoup de bien dans cette période de pandémie. Et surtout ne baissez pas les bras devant la courbe de l’éléphant, c’est un bel exercice pour comprendre notre monde.
Je vous fais de gros bisous,
A demain,
Shila