Chers enfants,
Comment allez-vous pendant cette période où vous êtes à nouveau confinés le week-end ??
Pour moi, c’est encore très strict, nous sommes toujours touchés en Inde, par ce satané virus qui nous empoisonne la vie.
Je dois cependant vous dire que, comme pour ma famille pachyderme, qui s’est agrandie, cette époque nous apporte quelques points positifs, comme on dit chez vous : “A toute chose malheur est bon” !!
À un peu plus de 3000 kilomètres de chez moi, dans le nord de l’Inde, dans l’état du Punjab, il est possible de voir, pour la première fois depuis très longtemps, les montagnes de l’Himalaya, situées à 200 kilomètres de là, avec les sommets enneigés.
“Les étoiles sont aussi visibles la nuit, je n’ai rien vu de tel ces derniers temps“, explique Mister Seechewal qui œuvre depuis plus de trente ans à la sensibilisation à la pollution de l’environnement.
Je sais qu’après la pandémie, l’activité humaine reprendra son rythme effréné, mais pour moi, l’éléphante écologiste et optimiste, je suis sûre que de nouvelles pratiques vont être développées, telles que l’agriculture bio, la plantation importante d’arbres, une meilleure gestion de l’eau, le développement des énergies renouvelables…
La société civile indienne a plus de trois millions d’ONG, un record mondial, qui œuvrent pour améliorer la qualité de la vie.
Il me faut, chers enfants, vous raconter l’histoire des Bishnoïs, cette communauté d’un million de villageois vivant près de Jodhpur au Rajasthan, pacifistes et écologistes depuis plus de cinq cents ans. Le fondateur de leur communauté est Djambo ou Jambho, un Indien du Rajasthan qui inventa l’écologie moderne au 15ème siècle.
Les Bishnoïs ont une tradition fondée autour de 29 principes écologiques autour de l’idée principale que toute vie sur terre est sacrée : humains, animaux et plantes ont la même valeur à leurs yeux.
“29” en hindi se dit “Bishnoï”, autant dire l’importance de cette communauté en Inde !!
Le 11 septembre 1730, à Khejarli, il y a eu un massacre de 363 femmes, hommes et enfants Bishnoïs qui, un par un, à la suite d’une femme, Amrita Devi, se sont opposés aux hommes du Maharadja, venus abattre les arbres kherji. Mon cher voisin Henri m’a envoyé pour vous un article qui raconte cette triste histoire :
“Le 11 septembre marque un jalon très important dans l’histoire du mouvement environnemental indien. On dit que ce jour-là, en 1730, dans un petit village désertique près de Jodhpur, 363 Bishnoï dirigés par une femme courageuse ont résisté à l’abattage des arbres khejri, entre autres, par les hommes du roi, préférant plutôt donner leur vie. Plutôt que de permettre la profanation de leur environnement. En 2013, le ministère de l’Environnement et des Forêts a déclaré le 11 septembre Journée nationale des martyrs forestiers. Cette saga de sacrifice suprême a eu un effet en cascade en termes de mouvements environnementaux plus récents à travers l’Inde, notamment le Chipko Andolan.”
Les Bishnoïs continuent aujourd’hui leur action en faveur de notre planète en protégeant les animaux, en plantant des milliers d’arbres dans le désert du Thar qui borde leurs villages, comme Rana Ram. Ce sont de véritables guerriers de l’environnement qui sont prêts à tout pour sensibiliser leurs concitoyens.
Autant vous dire, chers enfants, que j’adore les Bishnoïs.
Je pourrais vous donner, heureusement, de nombreux autres exemples de militants pour l’environnement dans mon pays, qui donnent une autre image que celle de la pollution dans les grandes villes comme Dehli ou des tonnes de plastiques qui ne sont pas recyclées…
Le mouvement Chipko ou Chipko Andolan est un mouvement extraordinaire aussi qui s’inspire de la tradition non violente des Bishnoïs et qui œuvre pour la conservation des forêts en Inde.
Un autre exemple concerne la gestion de l’eau, qui est si importante pour la vie et pour notre agriculture. Je vous avais déjà parlé de l’état d’Andhra Pradesh, qui soutient l’agriculture bio à zéro budget et qui a associé tous les agriculteurs à la gestion de l’eau, en les formant, visant ainsi à réduire les cultures trop gourmandes en eau. Ils ont ainsi fait plus de trente pour cent d’économie d’eau.
Le dernier exemple est au niveau du droit : le droit peut-il sauver la planète ??
Le Gange et l’un de ses affluents la rivière Yamuna, tous deux sacrés, sont devenus, en 2017, des sujets de droit. Ce statut permet de mieux combattre la pollution provoquée par les rejets industriels et les égouts.
Bien sûr, et cela me réconforte, il existe une prise de conscience mondiale, avec des mouvements de jeunes qui manifestent pour sauver notre planète, je lève ma trompe tous les jours en leur honneur. C’est de notre survie qu’il s’agit.
Chers enfants, je sais que vous aussi, allez avoir à planter des arbres autour de la ferme de Bertinghen, avec l’aide de spécialistes, je me réjouis de cette bonne nouvelle et je suis fière de vous. Mes amis les arbres m’ont dit cette belle nouvelle, et combien ils s’en réjouissent.
J’ai pensé à cette chanson pour nous confirmer dans notre volonté de nous battre pour que notre chère planète puisse continuer à être l’espace de nos rêveries, de la douceur d’y vivre :
Je vous fais de gros bisous,
A demain,
Shila