Lettre de Shila : “Le chat léopard (des apparentements et de leurs surprises)”

Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?

Avez-vous vu ce matin encore le chat gris tourner autour de vos Maisons, site Splingard ? Emmanuel, qui me téléphonait pour me faire un bisou, me dit que ce chat est devenu comme un nouveau résident tant chaque jour il tourne, il tourne autour de vos Maisons, pas gêné pour un sou, s’asseyant devant vous comme s’il habitait là depuis un temps fou.

Mon cher voisin Henri me dit aussi que du côté de votre autre Maison, à Wimille, une chatte est comme chez elle chez vous, si bien qu’elle a eu des chatons.

Humm, les chats, ce sont quand même de sacrées créatures.

L’autre jour, alors que j’essayais de calculer le nombre d’êtres vivants sur Terre… :

… Une nouvelle fois, le chat qui se dort la pilule sur le toit du patio d’Henri est venu marcher sur les touches de ma calculette (enfin celle d’Henri, mais chuuut) : j’ai dû tout refaire alors que ces calculs étaient archi compliqués.

Grrr, que ce chat m’agace… Il est de couleur rousse, a les pattes blanches et une queue plutôt épaisse.

J’en ai parlé à Kuttan ; lui aussi a vu ce chat squatter mon petit pré. Kuttan m’a dit qu’il ne fallait pas que je prenne ombrage de cette créature, car elle serait sans doute un spécimen très peu connu des humains, assez mystérieuse.

Quoi ? un chat ? Mystérieux ? Hummm, mais moi aussi je suis mystérieuse, désirable dans le regard de vous-autres les humains. La preuve ; vous me mettez souvent en scène au cinéma :

Kuttan a senti que j’étais vexée, et comme il sait le faire si bien, il m’a raconté avec sa douce voix combien ce chat pouvait intriguer, combien la quête de son origine était importante pour comprendre comment la vie s’épanouit.

Bon ok, alors Kuttan ? Quelle est donc cette intrigue que porterait en lui le chat qui ne fait rien qu’à m’embêter dès que je sors ma calculette (enfin celle d’Henri, mais chuuuut) ?

Kuttan m’explique que ce chat pourrait être un descendant du léopard.

Heuuuuu, quoi ? Une si petite bestiole, descendante d’une si grande bestiole ? Non non non, j’en ai entendu des balivernes, mais alors là, c’est inconcevable.

Kuttan me dit que des recherches très sérieuses de vous-autres, les humains, ont repéré dans le corps du chat rubigineux des traces du léopard.

Vous appelez ces traces, des traces génétiques : des minuscules, minuscules, minuscules petites choses que l’on trouve dans les cellules des êtres vivants ; animaux, humains, plantes.

Ah oui, OK, l’ADN :

Kuttan me raconte aussi que ces recherches d’ADN indiquent que mes cousins d’Afrique ne formeraient pas une grande et même famille, mais deux familles distinctes, l’une vivant dans la savane, l’autre vivant en forêt.

Hummmm, très intéressant.

Chers enfants, je comprends qu’à mesure que nous vivons des rencontres se tissent de nouvelles arborescences de nous.

Emmanuel me dit que le mouvement peut être inverse ; la variété des cousines et cousins d’un être vivant peut se rétrécir par l’action des humains, de la Nature. Ainsi, m’explique Emmanuel, au Moyen-âge les humains ont failli faire disparaître les chats au profit d’un autre animal ; la genette.

Hummm, aurais-je préféré être importunée par une genette plutôt que par ce chat ? That is the question…

Moi l’éléphante philosophe me dit qu’à tout prendre, je serais heureuse de composer avec cette multitude : un chat, un éléphant de la savane, un éléphant de la forêt, une genette, un léopard, et tout ce que Mère Nature aura enfanté.

A la santé de la vitalité de notre vie ; c’est un souhait que je formule avec vous en regardant mes chères étoiles au-dessus de mon petit pré ce soir :

Je vous embrasse les enfants,

A demain,

Shila