Lettre de Shila : “Le kalaripayatt ou kalaripayattu”

Bonjour les enfants,

Je suppose que vous êtes très heureux de vos vacances et que vous reprenez ce jour vos activités sportives et culturelles remplis d’énergie.

De mon côté, tout va bien, je suis un peu triste de  ne pas encore voir les enfants autour de moi se rendre à l’école ou aux activités diverses qui leur sont proposées, en raison de ce satané virus.

Je sais que vous avez la chance d’avoir repris le cirque, la danse, le sport… dans vos différentes maisons.

Mon ami Henri, en début d’année 2020, a eu la chance de croiser deux filles très souriantes, armées de bâton en bambou. Elles ont expliqué qu’elles se rendaient comme chaque semaine à leur cours de kalaripayatt ou kalaripayattu.

C’est un sport de combat traditionnel au Kerala, il paraît même que c’est le plus ancien art martial du monde !!

En attendant leur maître de kalaripayatt, qu’elles nomment “Assan”, elles font des exercices d’assouplissement, de façon très structurée, avec leurs autres garçons et filles du cours. La salle est vraiment tout près de chez moi, à Kudakkachira, derrière le temple Sree Krishna.

Quand Assam arrive, un grand silence s’installe avec les salutations rituelles. Il faut savoir que régulièrement, avant ou après le cours, le maître de kalaripayatt reçoit plusieurs personnes qui l’attendent pour être soignées, car Assan est aussi un thérapeute spécialisé en médecine ayurvédique.

Henri m’a envoyé pour vous un article qui décrit bien tous les mouvements de ce sport ancestral :

“Le Kalarippayatt, ou Kalarippayattu, est un art martial millénaire originaire du sud de l’Inde (Kerala). Selon certaines légendes, il serait le plus ancien des arts martiaux et aurait inspiré le Kung-fu des moines Shaolin. Kalarippayattu signifie, en malayalam (langue dravidienne parlée au Kerala), « le lieu des exercices » (de kalari കളരി) ou encore arène, gymnase et ppayat പയററ് signifiant combattre, s’exercer, pratiquer.

Les gurû de kalarippayatt, appelés gurukkal, sont guerriers et médecins, car ils sont censés connaître les techniques qui tuent mais aussi celles qui soignent.

Le Kalarippayattu a été enseigné au Kerala pendant des siècles. Il est profondément enraciné dans la culture indienne et a une forte influence sur le plan social. Le Kalaripayattu est un art du mouvement, dans lequel sont mis au premier plan la dynamique, la flexibilité et un sentiment de mieux connaître vous-même et votre corps.

En plus d’entraîner la force, la flexibilité et l’endurance, l’augmentation de la conscience du corps, de la conscience de soi et de la concentration sont au centre des efforts. Le corps entier est sensibilisé et formé à la vigilance et l’attention. On dit que le corps est œil (le corps devient tous les yeux) pour l’unité du corps et de l’esprit.

Le Kalarippayattu est une méthode de santé intimement liée à l’Ayurveda (médecine préventive) et à ses massages. S’appuyant sur le comportement de 8 animaux (le lion, le serpent, l’éléphant, le cheval, le chat, le poisson, le sanglier, le coq).

Gajja Vadivu: Elephant posture

Ashwa Vadivu: Horse posture

Simha Vadivu: Lion posture

Varaha Vadivu: Wild boar posture

Kukuda Vadivu: Rooster posture

Sarpa Vadivu: Snake posture

Matsya Vadivu: Fish posture

Marjara Vadivu: Cat posture

Cette pratique développe des Maipayat harmonieux (suite de techniques) qui permettent une expression corporelle riche : souplesse, coordination, souffle et  sens de l’espace. Il comporte des exercices spécifiquement conçus pour une maîtrise complète du corps (équilibre, souplesse, réflexes, tonicité musculaire, santé générale…), des techniques de combat armé et à mains nues, ainsi que des massages thérapeutiques fondés sur la connaissance des points vitaux.

Le Kalaripayattu convient à tout le monde. Il peut-être particulièrement utile aux danseurs, athlètes, acteurs, praticiens de yoga et aux enfants. Grâce à une combinaison d’exercices physiques, et l’apprentissage de certaines positions, les étudiants obtiennent la flexibilité et la force nécessaire.

Le kalarippayatt se pratique généralement dans le kalari, une salle de 14 m sur 7, parfois sous terre. Il se caractérise par des positions très basses portant des noms d’animaux ainsi que par de nombreux sauts très hauts. Il y a deux styles différents de Kalarippayattu : le style du Nord, Vadakkan, et le style du sud, Thekkan. Un troisième style,  Madhya Keralam, est né plus récemment des deux premiers. Celui-ci est pratiqué principalement dans le Kerala central. Dans les deux premiers styles, une dizaine d’armes sont encore enseignées parmi les dix-huit armes qui étaient étudiées autrefois. Dans la tradition locale, il fallait plusieurs années pour maîtriser une seule arme.

Le kalaripayat est né il y a 3 000 ans, dans les jungles du Kerala, petit état situé à la pointe sud de l’Inde. Sans doute le plus vieil art martial au monde encore en pratique, le kalaripayat est unique parce qu’il regroupe en son sein toutes sortes de disciplines : les techniques offensives et défensives à mains nues, les épées, les bâtons, couteaux, lances, et d’autres armes inconnues en Occident, telle l’Urimi : une terrible épée flexible à double tranchant dont les guerriers keralais se servaient pour couper la tête de leurs adversaires, ou encore l’Otta, un morceau de bois dur en forme de défense d’éléphant qui servait à paralyser ou à tuer. Le kalaripayat est aussi une science médicale qui, il y a 2 500 ans, dans un traité inscrit sur des feuilles de palme, le Marama Sutra, décrivait les 108 points vitaux du corps. Le massage, avec les pieds, technique unique au monde, se retrouve également dans le kalari, ainsi que le pranayama, la science indienne de la respiration contrôlée.”

Comme pour vous, chers enfants, qui faites du cirque, de la musique, de la danse, du sport, les enfants qui font le kalaripayatt vont progresser au fil des jours et des années, ils débutent avec un grand bâton, se tapent sur les doigts et sur la tête, sans le vouloir, car ils ne maîtrisent pas cet art martial, mais avec le temps, ils utilisent un petit bâton puis passent ensuite aux armes plus sophistiquées. Sachant que ce sport est un apprentissage de la maîtrise de soi et de la non violence.

Je tenais, chers enfants, à vous dire toute la joie que manifestent ces enfants avec l’apprentissage et la pratique du kalaripayatt, et je suis sûre que vous aussi prenez du plaisir avec l’apprentissage dans vos différents ateliers.

Je vous fais de gros bisous , et prenez soin de vous.

A demain,

Shila