Lettre de Shila : “Le matriarcat au Kerala”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour les enfants,

Je vous ai expliqué hier que nos groupes familiaux, chez les éléphants sont dirigés et guidés par les dames éléphantes.

Aujourd’hui je veux vous parler de l’importance du matriarcat chez mes amis les keralais.

Un grand économiste et philosophe indien, Amartya Sen, prix Nobel d’économie a écrit un très beau livre sur l’Inde : L’Inde, histoire culture et identité.
Il explique que c’est grâce à la tradition matriarcale des Nairs, que le droit des femmes est valorisé au Kerala, ce qui est exceptionnel par rapport aux autres états indiens.

La communauté Nair est très importante au Kerala depuis des centaines d’années. Elle est matrilinéaire, ce qui signifie que l’héritage passe par la mère :

“La famille matrilinéaire est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission, par héritage, du prestige et des biens matériels, des noms de famille et titres se succède suivant le lignage féminin.”

Les femmes dirigent le groupe familial et les biens, les pères ne vivaient pas dans la maison, appelée ” tharavad”, l’oncle maternel, sous contrôle de la matriarche, a plus d’autorité sur les enfants que le père.

Mon voisin Henri m’a recommandé un lien très utile pour illustrer de sujet, c’est ici.

Depuis 1975, une loi promulguée par l’état du Kerala a aboli le système d’héritage matrilinéaire, qui faisait partie du droit coutumier, loi sur “le système de la famille élargie”. Mais l’influence des femmes reste capitale, grâce à la tradition Nair :

“Bien que la maison matriarcale a maintenant disparu, remplacée désormais par la famille nucléaire, l’élévation de la féminité, le respect et la place primordiale accordée à la femme se maintiennent toujours.
Les Keralais, hommes et femmes, sont fiers de cela. À ce jour, ils étonnent les visiteurs provenant d’autres États à quel point les femmes du Kerala tiennent tête aussi bien à la maison comme au travail et qu’elles peuvent circuler pratiquement n’importe où sans crainte de harcèlement.”

Je vous joins la photo de nos voisines et amies Nair, Sarasudi avec sa fille, sa petite fille, Salini, qui est l’heureuse maman du bébé, 4 générations !!

Il m’a paru important de vous parler de cette tradition matriarcale. Pour les éléphants, c’est une vraie fierté de voir la place centrale accordée à la femme chez les humains, comme chez nous.

En Inde, vous avez plusieurs lieux où le matriarcat est encore présent :
“les Nairs du Kerala et les Bunts du Karnataka dans le sud de l’ Inde ; les Khasi , Jaintia et Garo de Meghalaya dans le nord-est de l’Inde”.

Chers enfants, j’ai encore été bavarde, mais je suis tellement heureuse de vous expliquer comment nous vivons ici et qui sont mes voisins. Dans mon prochain courrier, je vous parlerai des adivasi, qui vivent tout près de mes cousins, dans la montagne.

Gardez le moral et la pèche, je vous fais de gros gros bisous et surtout prenez bien soin de vous.

A demain,

Shila