Chers enfants,
Je vous donnais l’an dernier des nouvelles de mon petit état du Kerala, concernant le succès incroyable du combat mené par nos autorités politiques et sanitaires face à ce satané virus, Covid-19.
J’étais bien sûr très fière, moi l’éléphante un peu chauvine. Ma copine Jis m’expliquait qu’à la fin du mois de mai 2020, trois personnes étaient décédées du virus.
Hélas depuis ce temps, les choses ont changé.
À la fin du mois de juillet 2020, la courbe des contaminations, bien plate jusqu’à présent, grimpe à pic, avec 12000 cas signalés et 43 décès.
C’est la fin de la success story du Kerala.
Mais les épidémiologistes restent positifs :
“La plupart des épidémiologistes pensent que le Kerala a fait du bon travail dans l’ensemble. Le taux de létalité – la proportion de personnes décédées parmi celles qui ont été testées positives pour la maladie – est l’un des plus bas d’Inde. Les hôpitaux ne sont pas encore submergés par un afflux de patients. L’État possède le système de santé publique le plus robuste de l’Inde. Le gouvernement a commencé à déployer des centres de traitement Covid-19 de première ligne avec des lits équipés d’oxygène dans des centaines de villages.”
Depuis mai cette année, le Kerala est devenu l’état de l’Inde où les contaminations au Covid-19 sont de loin les plus importantes.
Peuplé de 34 millions d’habitants, à peine 3% de la population indienne, le Kerala représente actuellement plus de la moitié des nouveaux cas en Inde !!
Il est difficile de savoir les raisons d’une telle augmentation des infections.
Le retour des kéralais travaillant dans le Golfe Persique et dans d’autres régions du monde, cinq à six cents mille personnes ??
Le relâchement des gestes barrières ??
Le nombre de tests effectués plus importants que dans les autres états ??
Tout cela n’est pas bien défini, mais le résultat est là :
“Le pourcentage de personnes testées positives pour le virus parmi le nombre total de personnes testées a oscillé au-dessus de 10 % pendant un mois. Le Kerala a enregistré jusqu’à présent 3,4 millions d’infections et 16 837 décès dus au Covid-19.
Mais ces chiffres inquiétants ne vous disent pas toute l’histoire, disent les épidémiologistes.
Le Kerala, disent-ils, teste beaucoup plus de personnes – plus du double du nombre de personnes par million par rapport au reste du pays. Il a maintenu les niveaux d’infection sous contrôle…
Beaucoup disent que le Kerala doit être plus sage et plus énergique tout en appliquant des blocages continus – l’État a autorisé les festivals à se dérouler, entraînant des rassemblements de masse et des risques d’infections accrues. Les virologues disent que le Kerala a également besoin de données plus granulaires sur les tests ciblés et d’un séquençage accru du génome pour savoir où les infections augmentent le plus et pour suivre les nouvelles variantes.
S’il y a une chose que nous devrions avoir appris de la pandémie de l’Inde à ce jour, c’est de traiter les récits d’exceptionnalisme avec prudence”, déclare le Dr Murad Banaji, mathématicien à l’Université Middlesex de Londres, qui a suivi de près la pandémie. De toute évidence, le Kerala pourrait ne pas être une exception.”
Il est vrai que, malgré ces nouvelles alarmantes, au cours des derniers mois, je reste optimiste sur la qualité de nos autorités politiques et sanitaires.
Malgré le pic énorme de contaminations, jusqu’à 35000 par jour au Kerala, les hôpitaux n’ont pas été débordés.
Bien sûr pour l’Inde le taux de vaccination reste faible, un peu moins de 20%, bien que nous ayons la plus grande fabrique de vaccin au monde :
Je passais devant la maison de mon voisin Joy, et j’ai vu que les infirmiers étaient chez lui pour le vacciner. Les services médicaux se rendent chez les habitants. J’ai demandé à mon cher Kuttan quand est ce que je serais vaccinée ? Mais je reçois toujours la même réponse, que le vaccin pour les éléphants n’est pas encore sorti ! Je crois que les chercheurs nous oublient…
Kuttan me dit que toutes les écoles du Kerala vont rouvrir en novembre, alors qu’elles devraient être ouvertes depuis le mois de juin.
Même si ma fierté en a pris un coup, je me dis que mon petit état va se relever, peut-être avec la “gueule de bois”.
Comme Emmanuel me le rappelait, “rien n’est joué d’avance”.
Cette pandémie nous a appris à rester prudents, continuez à prendre bien soin de vous.
Je vous fais de gros bisous,
A lundi,
Shila