Bonjour chers enfants, comment allez-vous ?
Ce matin mon cher Kuttan m’a promenée sur la plage. J’ai vu le phare que vous autres les humains avez construit non loin de chez moi.
C’est impressionnant cette tour qui va haute dans le ciel.
Mon cher voisin Henri m’a dit qu’à Boulogne, par chez vous, a existé le second plus grand phare de l’ère romaine, voici près de deux mille ans.
Ouillie ouille ouille, ce n’est pas croyable de si grandes constructions d’humains depuis tant d’années. Mais pourquoi tant d’efforts ? Cela ne sert à rien. Moi, l’éléphante, n’ai aucune barrière autour de mon petit pré pour dire qui peut entrer, qui peut sortir.
Henri et Emmanuel m’ont raconté qu’effectivement, vous autres, les enfants, n’êtes comme moi pas sûrs d’une si grande tour construite il y a très longtemps pour gardienner les bateaux et leur permettre d’aller et venir au large de votre contrée.
Henri m’a expliquée que cela est d’autant plus difficile à croire que cette tour aurait été construite sous les ordres d’un fou, nommé Caligula.
Humm, l’éléphante philosophe que je suis me dis qu’un fou ne peut construire un tel point de repère, visible à des kilomètres, pour aider les humains à ne pas faire n’importe quoi.
Voyant ma confusion, Henri m’a dit que si, effectivement, Caligula a été connu comme fou, il a pu quand même de temps en temps avoir un soupçon de raison, très important pour l’histoire des humains.
Si j’ai bien compris, Caligula était le chef d’un peuple et sa décision de construire un immense phare par chez vous a été essentielle, tant elle permet de surveiller que tout se passe bien en mer.
Depuis deux mille ans, me dit Henri, vous veillez comme Caligula à ce que tous les bateaux puissent aller à bon port.
Ah d’accord, donc il suffit de construire un phare pour que tout aille bien. J’en suis très heureuse, chers enfants, moi qui ne connaît l’eau de mer qu’en me promenant sur la plage avec Kuttan.
Emmanuel m’a dit que je n’avais pas tout à fait raison.
Malgré les phares pour les guider à bon port, de nombreux bateaux ont hélas coulé. Ainsi, me dit Emmanuel, des magnifiques bateaux ont coulé sous les yeux du Roi à peine sur les flots.
Henri m’a raconté aussi l’histoire d’un bateau réputé pour ne jamais couler, qui a coulé cependant. Ce fut pour les humains une catastrophe qui reste dans leur mémoire.
Humm, moi l’éléphante philosophe, me dit qu’il ne suffit pas d’avoir un point d’ancrage, aussi grand et majestueux soit-il, pour être sûr de rejoindre sain et sauf les êtres aimés.
Je me dis, chers enfants, que l’important n’est pas tant de savoir partir, mais d’en savoir revenir, l’important n’est pas de savoir revenir, mais d’en savoir partir. Ruminant ces pensées au long cours, j’ai pensé pour vous à ce Monsieur qui ne voit pas mais chante si bien le pays de son cœur :
Bisous,
A demain,
Shila