Bonjour chers enfants, comment allez-vous ? Pas eu trop de mal à vous endormir hier soir ? Vos éducatrices et éducateurs si bienveillants ont-ils réussi à faire revenir au calme votre maisonnée, si bien que vous ayez pu vous assoupir dans un silence de rêve ?
Dans les grandes villes de mon pays, ce n’est pas très calme, c’est même très bruyant. Je suis heureuse d’être une éléphante campagnarde, car moi qui ait de si grandes oreilles, je suis sûre que je deviendrais rapidement folle avec tant de sons :
J’admire mes cousines et cousins citadins, je ne sais comment ils parviennent à rester tranquilles. Et je ne vous parle pas de Pooram à Thrissur pas loin de chez moi. Les humains sont déchaînés ! :
Mon cher voisin Henri me dit que le Kerala est aussi prisé pour la qualité de son silence, permettant à vous, les humains, d’organiser ce que vous appelez des « retraites de méditation ». Si j’ai bien compris, c’est essayer de ne pas bouger, d’être le plus calme possible, pour tenter d’écouter la sagesse qui serait en chacun de nous.
Hummm, très intéressant. Il faut je pense être très concentrée pour parvenir à un tel degré de paix intérieure.
Emmanuel m’a expliqué un phénomène incroyable, que je ne savais pas. Les humains ont découvert que le silence absolu, si l’on n’y prend pas garde, peut rendre fou tout être vivant au bout d’à peine quarante-cinq minutes.
Si j’ai bien compris, des scientifiques et des ingénieurs recherchent à travers le Monde le « silence absolu » afin de voir si cela peut servir le bien-être de toutes et tous :
Une de ces recherches a montré que le « silence absolu » ne pourrait exister même si tout autour de nous, il n’y avait aucun son.
Ah bon ?
Bah oui : Emmanuel m’a expliqué que le son du battement de notre cœur, ou de celui de notre respiration, seraient même dans ces circonstances absolument désagréable.
Moi l’éléphante philosophe, je me demande bien comment nous pourrions dès lors définir le silence. Il ne semble pas vraiment pouvoir exister. Henri et Emmanuel me disent que c’est, effectivement, un casse-tête, et que beaucoup d’humains se penchent sur cette question épineuse depuis des centaines et des centaines d’année. Toute la difficulté, si j’ai bien compris, est de savoir faire la différence entre « le silence », « le néant », « le rien », « le vide ».
Ouille ouille ouille, j’en ai mal à la tête rien que d’y penser.
Je préférerais aller dans l’espace à bord d’une des fusées de mon pays : au-moins là-haut, il n’y’a rien et ce serait plus aisé de vivre dans le silence.
Emmanuel me dit que je me trompe ; les humains ont découvert que l’univers est aussi très bavard.
Ah, mes chers enfants, je comprends que même si parfois c’est pénible (ça fait mal aux oreilles, on en a la tête farcie), le bruit, c’est la vie.
Je vous propose cette solution, trouvée notamment par des moines habitant dans les immenses montagnes au Nord de mon pays ; puisque nous avons besoin de bruit pour vivre, autant l’organiser en jolis sons pour trouver les voies de la sérénité :
Je vous embrasse très fort,
A demain,
Shila