Lettre de Shila : “L’éléphant volant”

A l’attention des enfants et des équipes de la part de M. Henri Villeneuve, membre de notre Conseil d’administration.

Henri voisine d’année en année non loin de chez Shila et lui a parlé de vous : Shila est très intéressée et souhaite converser avec vous, malgré sa timidité, tant elle vous apprécie d’ores et déjà selon les  dires élogieux d’Henri.

Etes-vous d’accord pour dialoguer avec cette créature de plusieurs tonnes ?

Henri et Emmanuel, directeur adjoint aux affaires culturelles de notre association, seront vos porte-parole.  Shila vous répondra sans fautes.

Bonjour les enfants,

Comment allez-vous depuis hier ? Je sais que certaines et certains d’entre vous ont pu rencontrer leurs parents, ça fait plaisir.

Quant à moi, j’ai pu profiter d’une belle nuit étoilée pour contempler les étoiles, c’était magnifique.

Vous croyez qu’une éléphante ne s’intéresse pas à ce qu’il se passe dans le ciel ? Et bien détrompez-vous. J’ai la chance d’habiter un pays où on aime tellement les éléphants, qu’on les fait voler !

Si si, c’est vrai, et même que les indiens font aussi voler d’autres animaux qui ne sont pas supposés être là-haut : poisson, dodo. Et pour nous faire voler, vous savez ce que les indiens utilisent ?

Une alouette.

Heuuu, une alouette ? Oui oui c’est bien ça : une alouette, l’oiseau qui habite chez vous et qui gazouille dans votre jardin chaque matin.

C’est bien mystérieux n’est-ce pas ? Alors je vous explique.

Pour des fêtes nationales organisées il y a cinquante ans, l’armée de l’air indienne a eu cette chouette idée de proposer lors du défilé des animaux – hélicoptères : un hélicoptère éléphant, un hélicoptère poisson, un hélicoptère Dodo (vous savez, la drôle de bête qu’on voit dans le film « L’âge de glace »).

Emmanuel, l’ami de mon voisin Henri, m’a envoyées pour vous des vieilles images de cette incroyable mise en scène. Comme j’avais quand même du mal à le croire (c’est vrai quoi, comment faire voler une éléphante de près de 3000 kilos ?), Emmanuel m’a transmis pour vous l’article qui a été écrit par le journal The Times of India au sujet de ces drôles de photos :

« Il y a une quarantaine d’années, un “jumbo volant” en tenue royale régalait avec ses pitreries habiles les spectateurs réunis dans l’imposant stade Rajpath de New Delhi .

Mais ce jumbo caparaçonné n’était pas un pachyderme ordinaire. C’était un petit hélicoptère, modifié pour ressembler à un “éléphant dansant” et a survolé le Rajpath pendant le défilé du jour de la République.

Inutile de dire que ses performances ont été la pièce de résistance du défilé présenté par l’Indian Air Force (IAF) le jour de la République. La manœuvre de l’hélicoptère n’était pas une mince affaire. Cela exigeait non seulement une pratique approfondie et des compétences élevées de la part du pilote, mais également un haut niveau d’expertise technique, car des attachements externes étaient installés sur la machine volante et tout laxisme signifiait un désastre.

La tâche a été assumée par la 116 Helicopter Unit (HU), qui pilotait alors l’Alouette française, rebaptisée “Chetak” en Inde.

Fait intéressant, l’hélicoptère modifié était l’œuvre d’un tailleur de New Delhi, arrivé sur la base des forces aériennes un mois à peine avant l’événement.

Le corps de l’éléphant, y compris le tronc et les pattes, étaient faits de différents panneaux de tissu coloré qui ont été soigneusement cousus ensemble sur une période de deux ou trois semaines. La bulle ou le corps de l’hélicoptère était recouvert de panneaux, la seule partie qui restait exposée était la poutre de queue.

Le pilote d’hélicoptère de l’IAF, le capitaine de groupe Birji Mohan Datta, était le chef de 116 pilotes en tant que commandant d’escadre, et fut le premier à piloter l’hélicoptère modifié au début des années 1970.

Rappelant l’expérience, Ravi Datta, épouse de feu BM Datta, a déclaré par téléphone: “À l’approche de Rajpath, l’hélicoptère descendrait à une altitude d’environ 910 pieds devant l’estrade, captivant le public pendant environ 5-7 quelques minutes avec son petit gabarit, et gagnait de la hauteur pour franchir la porte de l’Inde et retourner à la station de Palam air force”.

L’hélicoptère ne volait pas à plus de 60 nœuds, généralement à environ 40 à 45 nœuds, pour s’assurer que les panneaux ne s’envolent pas ou ne s’emmêlaient pas dans le rotor de queue.

L’éléphant volant est malheureusement du passé, mais Madame Dutta pense qu’un tel morceau d’histoire glorieuse devrait être rappelé avec fierté ».

L’hélicoptère utilisé est français, très apprécié par les indiens et d’autres pays du monde car c’est le premier hélicoptère à utiliser un moteur révolutionnaire, très puissant bien qu’économe en kérosène, permettant de se poser jusque sur les montagnes les plus hautes de mon pays, en Himalaya. Cet hélicoptère, les français l’ont appelé… Alouette !

Sans doute un hommage à cet oiseau tellement important par chez vous, qu’on en parle dans des textes aussi célèbres que Roméo et Juliette.

L’alouette est parmi les oiseaux les meilleurs chanteurs de tous les oiseaux, écoutez comme c’est ravissant les enfants.

Ah, que je suis fière d’habiter un pays qui fabriquent des machines me permettant d’aller dans les nuages. Comme je sais que vous aimez écouter de la musique, j’ai choisi pour vous des morceaux qui vous permettent de rêver dans les airs avec moi.

Je commence par Roméo et Juliette car je suis une grande romantique.

Et puis ensuite, j’ai pensé qu’une partie de pêche pourrait vous donner la pêche.

Et pour finir, une chanson qui permet d’aller au-delà de l’arc-en-ciel. Vous y reconnaîtrez les petits tambours de mon pays, que l’on appelle les tablas.

Beaux voyages les enfants, je vous fais de gros bisous,

A demain,

Shila