Chers enfants,
Je suis très intéressée de savoir que vous allez bientôt avoir votre petite forêt à la ferme de Bertinghen et je voudrais tant vous aider comme je eu la chance de le faire pour Mister Abdul Kareem dans sa forêt de Kasaragod, à 400 kilomètres de chez moi. Je vous en parlais dans ma lettre hier.
Bien sûr, Kasaragod est un peu loin, il faut compter une très longue journée avec mon camion taxi, mais c’est réalisable, alors que pour les 8000 kms qui nous séparent, Kuttan ne l’imagine pas.
Depuis ma visite de la forêt de Mister Abdul Kareem, je ne cesse de me poser des questions sur les arbres qui m’entourent et qui en plus de faire mon bonheur me font aussi travailler tous les jours.
Ma chère voisine Jis, lorsque qu’elle était enfant, se posait la question sur le fait que, dans le village de Kudakkachira, à un kilomètre de chez moi, on enlevait des arbres :
“J’appartiens à un village appelé Kudakkachira, dans le district de Kottayam au Kerala. J’ai grandi dans les rizières et lors de mes promenades nocturnes quotidiennes, j’ai développé un attachement aux arbres, aux champs et aux ruisseaux. Au cours d’une de ces promenades, la jeune Jis a remarqué que certains arbres disparaissaient. « J’avais l’habitude de m’inquiéter et de demander à mes parents – pourquoi est-ce qu’ils enlèvent ces arbres ? Cela ne nous sert à rien ?”
Suite à ce questionnement, Jis est devenue experte en écologie et travaille pour l’environnement.
Ses longues années de formation et de recherche l’ont conduite de son école prestigieuse de Deradun, dans le nord de l’Inde à la frontière entre l’Inde et la Chine, dans le nord-est du pays indien, puis à nouveau au Kerala.
“Dans l’ensemble, Jis est optimiste quant au sort des forêts indiennes. « Lorsque j’ai visité la Chine en 2014, j’ai remarqué que les gens là-bas ne se soucient pas de leurs forêts. L’Inde est définitivement dans un meilleur endroit. Nous avons un très bon groupe de scientifiques, d’écologistes, de bonnes ressources et de bonnes politiques. Nous devrons peut-être resserrer les échappatoires, mais nous pouvons certainement nous améliorer. Il s’agit d’impliquer la communauté et de contrôler la population.
Je me suis séparé de Jis en me sentant exalté que si sa passion et son sérieux sont quelque chose à faire, l’écologie indienne est entre de bonnes mains.”
Vous connaissez, chers enfants, ma capacité d’observer et d’écouter. J’adore voir mon cher voisin Henri balayer devant sa maison à Kudakkachira et amasser un grand nombre de feuilles mortes, chaque mois de janvier. Sa maison est entourée d’arbres dont certains à feuilles caduques, un teck et un acajou. Les feuilles tombent en deux semaines et au cours des deux semaines suivantes, les nouvelles feuilles sont déjà présentes. Henri me dit que chez vous en France, la chute des feuilles et la pousse des nouvelles feuilles durent plusieurs mois, de novembre à avril !! C’est incroyable !!
Les autres arbres qui bordent la maison d’Henri sont un superbe jacquier, des caféiers qui fleurissent fin janvier début février et qui embaument l’atmosphère d’un parfum sublime. Le tout est complété par des muscadiers, cocotiers, goyaviers, manguiers et un pouteria campechania qui donne des fruits œufs (egg-fruit) ou canistel, le fruit a vraiment le goût et la consistante du jaune d’œuf !!
Il a une petite heure de travail chaque matin, ça le met en forme pour la journée.
Bien sûr, ces arbres ont de multiples fonctions, certains donnent des fruits d’autres, comme le teck et l’acajou sont cultivés par Joy, le beau-frère d’Henri, pour être vendus pour faire des meubles.
Ces arbres donnent cette ombre précieuse dans ce lieu tropical, ils servent de climatisation !!
La gestion des arbres au Kerala est faite par les agriculteurs, dont les plantations leur permettent d’en vivre. Dès qu’un arbre est abattu, un autre est planté.
Je vous ai déjà parlé des arbres à caoutchouc, les hévéas, qui ont permis à plusieurs générations d’agriculteurs de vivre mieux.
Il en est de même pour le jacquier, ce fameux arbre qui donne les plus gros fruits du monde, qui est devenu la nouvelle star, grâce à la valorisation du jaque, passé du mépris à la célébrité.
Voilà, chers enfants, mon ruminement sur les arbres qui m’entourent et qui nous permettent de vivre, grâce à tout ce qu’ils nous apportent.
Comme Jis, je me sens vraiment attachée à tous ces arbres, ces champs, ces ruisseaux qui m’entourent.
Jis nous invite à la suivre à Chinnar, à 160 kms de chez moi et d’admirer ce site exceptionnel avec sa cascade. Elle nous envoie une vidéo très sympa.
Chers enfants, je vous invite à partager notre passion des arbres, des champs et des ruisseaux, des cascades et tout simplement de la vie.
Je vous fais de gros bisous,
A lundi,
Shila